mar 10 décembre 2024 - 08:12

La Franc-maçonnerie [unie-vers-sel] : la promesse de l’aube

Dans l’univers de la pensée fast-food pré-mâchée, dans un marché perpétuel de l’attention à la mécanique algorithmique où « tout est à vendre »1 selon Charlélie Couture, une chose symbolique n’a généralement que peu de valeur matérielle tangible. Autrement dit, dans notre univers occidentalo-centré, le logo a phagocyté le Logos. La valeur de l’apparence des choses et des actes est la marque d’une appartenance à un statut social. Selon le chanteur et poète Tom Novembre : « tout ce qui est rare est cher » 2, tel est le dogme actuellement dominant… Cependant les profanes désirant se relever sont rares et c’est aussi ce qui les rend précieux !

« Ici, tout est symbole ! »

En théorie, en Franc-maçonnerie nous revendiquons et affirmons un autre référentiel commun. Lorsque nous disons [qu’] ici tout est symbole nous exprimons que tout compte et fait sens dans notre univers imaginaire nommé “l’Ici”. Si toutes les formes présentées nous paraissent nues et vides au départ, c’est au fur et à mesure du Chemin que nous remplissons ces malles magiques que sont nos signifiés avec nos trésors que sont  nos signifiants. Ces “artefacts symboliques” deviennent peu à peu des coffres aux trésors que nous ouvrons et partageons dans la chaleur numineuse de nos Chaînes d’Union. Si elle sont affirmées dénuées de tout jugement de valeur, nos assemblées n’en demeurent pas moins emplies d’une humanité parfois affirmée, animée et vivifiante !

C’est ainsi qu’à force de régularité et d’engagement “l’Ici” devient [licite], que [l’intime] révèle son [extime] drapé de pudeur et qu’en dehors du Temps l’esprit se juche sur la pointe de l’âme dans le creuset du corps. Cependant, selon nos points de vue et points de mire respectifs, peut-on mettre tout et n’importe quoi dans un symbole afin de lui donner sens ? 

[Ça-sert-d-os]
Le [Ça-sert-d-os] – Photographie – “Les hasards objectifs” – ©Stefan von Nemau

L’oxymore du Chemin commun à tous et unique à chacun 

Prenons un exemple : si j’écris “le delta”, certains penseront à la lettre grecque, au delta du comptable, du géographe, du géomètre; ou bien encore à celui du poète niché au creux de sa muse. Certains penseront au triangle : celui du musicien, celui du maître des banquets affichant le prix des agapes.

Maintenant, si je précise “Delta rayonnant”, là notre pensée se meut dans cet autre référentiel appartenant à ceux qui ont accepté de courber l’échine pour revenir à l’humilité de l’humus en franchissant Le Seuil de notre univers symbolique perçu du point de vue renversant du Pendu… de l’arcane du tarot à l’arcanne du charpentier, dans sa Verticalité recouvrée l’Œuvrier construit son [toit] à la craie rouge dans la marche de son réel, sur le Chemin tracée au Compas par l’Architecte.

Ainsi, en nommant le Delta rayonnant certains penseront à cet objet accroché verticalement au mur de la loge, entre la Lune et le Soleil, au mur certes mais pourtant inatteignable dans son axe Occident-Orient. D’autres penseront à celui, horizontal, tracé sur le Tapis de Loge, comme en [lévitation] dans une verticalité allant du Nadir au Zénith, au centre de la Loge. Se présente ici un premier choix de point de vue instinctif, personnel, inconscient; un première orthogonalité de départ au sein d’une même assemblée.

Des formes émerge le fond

L’Apprenti, qui ne peut en général voyager, va s’imprégner de la forme de ces Deltas. Ils vont devenir son universel. Cependant s’il est dans une Loge qui occupe un Temple d’une autre obédience, peut-être s’interrogera t-il sur les dissonances cognitivo-géométriques parfois rencontrées entre le mur et le sol : un triangle isocèle autour de lettres hébraïques est-il formellement et sensiblement la même chose qu’un triangle équilatéral avec un œil en son centre? Que peuvent signifier ces différences? Peu importe les réponses, [l’essence-ciel] est dans la question, elle révèle ainsi un cheminement nous incitant à passer du signifié au signifiant, du Corps à l’Esprit par le souffle de l’Âme.

C’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche

Pierre Soulage

Franchir le Styx : l’au delà de la haine comme cap, le symbole comme barque, la pensée comme nautonier et l’action comme élan

Cela amène peut-être d’autres questions : quelle est l’importance cruciale d’un symbole? Que révèle-il de lui-même, de nous, de nos choix, de nos croix? Si sens et forme du symbole varient au fur et à mesure du cheminement est-ce parce qu’un symbole n’est que l’expression de notre perception de son essence, de sa vibration; l’expression une pulsion de vie faisant succéder au Pendu l’arcane de [l’âme hors] dans l’espoir d’un retour au centre de sa forme première oubliée? Le symbole serait-il alors le miroir reflétant la pulsion de vie de celui qui en cherche le secret? Un symbole est-il comme la lumière : onde ET matière et par déduction et malgré tout le vertige que cette seule analogie présuppose : le symbole serait-il un objet quantique?

Du deuil de Thanatos à la pulsion de l’Eros : les sens en éveil

Le Symbole est vivant de la pluralité de nos regards. A force d’ascèse et de respects de nos engagements nous lui donnons vie.  Enfin, qu’il soit vertical ou horizontal que reste t-il du Symbole une fois la Lumière cachée dans cet endroit sûr et sacré et les lumières éteintes si ce n’est sa mise en action dans la “vraie Vie”, la seule, sacrée. Un Delta, aussi rayonnant soit-il, fait-il du bruit si il tombe du mur de ce qui est redevenu un simple local une fois la Loge repartie?

Le guide du Voyageur
Le guide du Voyageur – Photographie – “Les hasards objectifs” – ©Stefan von Nemau

Un chantier archéologique numineux

Le symbole est le chantier archéologique du Franc-maçon. Ils sont en relation et ne peuvent aller l’un sans l’autre. Par son Travail l’initié va creuser les différentes strates de son expérience en en percevant les différents sens qui jamais ne s’offrent mais toujours se révèlent. 

Tout d’abord avec la pioche de sa volonté il va creuser avec Force sa tourbe et dégager le grossier. Avec le tamis de sa réflexion il prendra soin de séparer le Numineux du lumineux dégageant la Beauté de la gangue de l’esthétique. Puis, à la délicatesse du pinceau, il dégagera précieusement la Sagesse des nuances de ses découvertes. De son ascèse naîtra la friction, de la friction naîtra l’ignition, de l’ignition naîtra la Lumière, de la Lumière naîtra la Connaissance et dans la Transmission s’épanouira l’Initiéignitié“.

Chacun a sa blessure et son trésor au même endroit

Christian Bobin

Du Delta rayonnant au triangle corps-âme-esprit: un [étant d’art] imaginaire rassembleur

Pour habiter et faire Œuvre dans nos deltas fertiles notre imaginaire se rêve chevalier, bâtisseur, alchimiste, mage égyptien, philosophe, savant, politicien, anarchiste ou même révolutionnaire. Ce que nous avons tous en commun c’est la montagne de notre Idéal. Selon une opinion souvent partagée, symboliquement c’est la même pour tous. Cependant nous avons notre histoire personnelle unique, et donc tous un point de vue différent ET vrai de cette même montagne. De ce fait, nous empruntons tous un chemin unique pour cette ascension existentielle. C’est la volonté de l’ascension qui nous uni, nos espérances qui nous réunissent et notre Idéal qui nous transcende. Pour transmuter l’Unheimlich de cette vallée de l’étrange j’ai besoin d’un “autre” pour sa traversé, pas d’un “même”.

Tu es différent de moi, loin de me léser tu m’enrichis

Antoine de Saint Exupéry

La tentation de l’anathème précurseur du dogme et de la désunion

Dans les salons du livre maçonnique où les obédiences “recrutent”, certains Frères ou certaines Sœurs font le choix de présenter leur obédience, leur rite ou même leur propre croyances comme seule voie d’accès à une pseudo-universalité révélée, héritée des Lumières, érigée en dogme d’une pensée monochrome. Cette façon de présenter sa propre voiX comme étant la seule voiE possible va à l’encontre de la pensée Initiatique en franchissant le Rubicon de la pensée dogmatique. En représentation publique, penser sa Voie ce n’est pas la panser. On panse une blessure ou un cheval ce me semble. Si le creuset de la Loge peut-être un lieu d’expression d’une pensée pansante, les salons du livre, les tenues blanches ouvertes, ne sont pas des lieux de “pansée”. 

Lorsque l’on échange avec un profane des questions sont à se poser : sommes-nous dans un dialogue? Sommes-nous vraiment dans l’écoute ou cherchons-nous à le/nous convaincre? Sommes-nous dans la bienveillance? Cherche t-on à recruter un adepte ou bien à transmettre cette Lumière si particulière et précieuse, celle qui réveillera [l’en Vie]? Quel intérêt avons-nous à promouvoir notre pratique en dénigrant l’intuition, les choix ou la volonté de l’autre? A nos corps défendant, lui seul sait ce qui lui convient. Quel intérêt y-a-t-il a initier un Profane dont nous savons pertinemment que l’imaginaire que nous avons à lui proposer et sur lequel reposera sa démarche puis sa marche ne lui conviendra pas? Quel impact dans l’équilibre fragile d’une Loge aura sa déception, sa démission? De quoi l’abreuverons-nous lorsqu’il il n’aura plus soif?

L’ouverture d’esprit n’est pas une fracture du crâne

Pierre Desproges
La pantoufle de [vert]
La pantoufle de [vert] – Photographie – “Les hasards objectifs” – ©Stefan von Nemau

De l’importance d’être chaudement de vair chaussé ou comment briser le [plat-fond] de verre…

Nous avons en France, la chance d’avoir une multitude d’approches incarnées par autant de rites et rituels. C’est loin d’être le cas partout ailleurs sur la planète. L’homo-franc-maçonnicus se doit d’agir en être éveillé, il en a contracté l’engagement. Cette ouverture d’esprit n’est pas un choix, c’est un Devoir. Ce Devoir s’exprime d’abord par le respect de notre devise républicaine “liberté, égalité, fraternité”.

Lors de l’excellent salon du livre maçonnique de Lyon, du stand d’une obédience, une Sœur œuvrant dans une Obédience strictement féminine a pu entendre un Frère travaillant en mixité pourfendre la non-mixité comme étant “inutile” et qui “ne devrait pas exister”(SIC). Il argumentait cela auprès d’un profane en quête de renseignements. 

A ce jour, de midi à minuit j’officie à la Grande Loge De France, obédience non mixte. L’hiver dernier, en visite à la Grande Loge Mixte de France, aux agapes, alors que nous échangions paisiblement sur le sujet de la mixité une Sœur et moi, un Frère d’une obédience sociétale et mixte n’arrêtait pas de lui couper la parole afin d’argumenter à sa place illustrant parfaitement la définition de “mansplanning” et d’après son langage corporel je reste convaincu qu’il ne s’en rendait même pas compte. 

Dans ces cas, la mixité devient-elle synonyme de progrès social et d’enrichissements mutuels ou reste t-elle un énième outil de domination? Comment ensuite affirmer une Franc-maçonnerie universelle, adogmatique et fraternelle? Nier ainsi la place de l’autre n’est-ce pas renier nos valeurs, notre espérance commune? Peut-on juger du Chemin de l’autre si l’on a pas porté sa croix?

Du logo au Logos: le Chemin du doute fécond

Chaque Frère ou Sœur se doit d’être constamment en position d’éveilleur, en capacité de transmettre LA Lumière et non SA lumière car c’est ainsi qu’il ou elle sera reconnu[e] comme tel[le] par ses pairs. Dans ce qui est une ascèse choisie et revendiquée nous nous devons de nous interroger sur notre liberté de penser, sur la liberté de notre parole, sur nos paradoxes, nos oxymores. Nous nous devons de faire se rencontrer nos paroles et nos actes afin de rajouter le S du Serpent au Logo de nos illusions rassurantes afin que rayonne à nouveau le Logos que nous avons perdu.

La Franc-maçonnerie, par son savant [je] de miroir invite à d’incessants allers-retours entre l’individu et le groupe [qui le] constitue. Qui est le reflet symbolique de l’autre? Qui parle? De qui, de quoi sommes-nous le miroir, l’oxymore, la métaphore, l’analogie ou l’anathème?

Ma Franc-maçonnerie” est une ascèse du doute fécond. Fécond car d’une question naît d’autres questions. C’est de cette friction que naît l’ignition de la Lumière éclairant les Ténèbres de l’incertitude au cœur de mes nuits diaphanes. Croire les réponses en vivant sans question c’est donner raison aux détracteurs de notre démarche initiatique, ceux-là même qui lui confèrent le qualificatif de “démarche sectaire”.

Tout est signifié

Dans le Rituel d’ouverture du Rite Écossais Ancien et Accepté de la Grande Loge de France, après l’exclamation “A la Gloire du Grand Architecte de l’Univers”, le Vénérable Maître scande “au nom de la Franc-maçonnerie universelle”. C’est encore après seulement que viennent les auspices de l’Obédience et les Pouvoirs conférés au Vénérable Maître symbolisant les Francs-maçons de sa Loge. Une nouvelle fois la précision et l’ordonnancement des choses est signifiant. “Tout est dans le Rituel” comme nous l’affirmons souvent lorsque nous le réalisons après l’avoir expérimenté. C’est donc bien LA Franc-maçonnerie qui se veut universelle et c’est le souffle de notre “anima” qui donne son universalité à nos Rituels en leur prêtant Vie. Autrement dit : “ici tout est signifié”. Il serait peut-être temps, en cette ère troublée et troublante d’incarner cette “part des anges” de notre démarche initiatique conformément aux Serments contractés.

Pas d’autre alternative : l’obligation de moyen, pas de résultat

Le Coq

Je repense au discours inspiré à Car Sagan par la photo de la Terre prise à 6 milliards de kilomètres et à 61000 km/h par la sonde Voyager 1 et je me dis que la Franc-maçonnerie, dans l’expression de sa Fraternité si particulière, doit rester le lieu de la possible rencontre, un refuge, une grotte où à la Lumière de nos Etoiles nous traçons sur les murs nos chemins de carbone. De cette cavité gardée par un Coq vient l’appel de la Lumière. Si il y est réceptif alors le profane, guidé par l’Ibis [vert], décidera de revêtir sa majuscule et en Profane frappera à la porte de la Loge… ou pas! Son choix est dans [l’Un-pulsion] du premier pas.

Notre responsabilité d’êtres “en [voie / voix] d’initiation perpétuelle” n’est pas de recruter de simples adhérents oou adeptes mais de transmettre la Lumière par l’exemplarité de nos comportements. C’est ainsi que par-delà sa forme le Symbole délivre son essence, distille son énergie, dans le cœur battant de la Chaîne d’Union. Cette Fraternité est mise en action autour d’une quête personnelle à l’espérance universelle. De la Voie Initiatique “L’homo-erectus-franc-maçonnicus” n’est que le messager, un porteur de Lumière. En humble Étoile du Matin, à sa juste place, il a obligation de moyen. Le résultat lui dépend de la Vie. Et c’est en revendiquant ses limites qu’à la Lumière du Delta “Il” rayonne.

Dans la Grotte
Dans la Grotte – Photographie – “Les hasards objectifs” – ©Stefan von Nemau
  1. Ecouter “Tout est à vendre” de Charlélie Couture ↩︎
  2. Ecouter “Tout ce qui est rare est cher” et “Le palais mascotte” de Tom Novembre ↩︎

1 COMMENTAIRE

  1. Comme toujours de la part de Stéphane Chauvet voici une offrande qu’il nous fait, à lire et à relire.
    Je me pose la question dans la formule : Ici tout est symbole. SYMBOLE est au singulier ! S’il ce mot était au pluriel, cela voudrait dire qu’en ce lieu, il y a des symboles à découvrir, un par un, comme s’ils étaient de objets/sujets, ayant chacun un signifié et tant de signifiants à perce-voir avec son être.
    Or c’est le singulier singulier qui nous interroge. Le tout de serait donc qu’un seul symbole, polymorphe certes. Il y a là un indicible et INDIVISIBLE signifié dans “le jeu des redondances mythiques, rituelles, iconographiques, gestuelles, décors, … qui le complètent inépuisablement. Dire en Franc-maçonnerie qu’ici tout est symbole c’est comprendre l’holarchie de l’ensemble des degrés d’un Rite, voire de tous les rites, la «surclef» [néologisme personnel], même si «les éléments individuels proclament leur identité en se maintenant clairement séparés les uns des autres». C’est ce que Panovky appelle le «principe d’inférabilité mutuelle» à propos du gothique (paragraphe 12 : journals.openedition.org/appareil/1136).
    Si un symbole n’est que les vêtements qui habillent les énergies qu’il représente, alors on pourrait dire que c’est cette énergie particulière d’une Loge au travail qui est le signifié de “ici tout est symbole”, locution elle-même devenant par la-même aussi symbole.
    Mais surtout, en disant qu’ “ICI, TOUT est symbole”, c’est annoncer que tous les frères et sœurs sont aussi des holons ! (“Un holon est un système (ou phénomène) dissipatif, évoluant et autopoïétique, composé d’autres holons, dont la structure existe à un point d’équilibre entre ordre et chaos. Il est entretenu par le débit de matière-énergie et d’information-entropie aux autres holons. Un holon est à la fois un ensemble lui-même et est en même temps inclus dans un autre holon dont il est un constituant. Il est donc une part de quelque chose plus grand que lui-même” pour comprendre les lois de l’holarchie voir l’article : axeintegral.be/fr/pages/92-holon-holarchie/)
    Je ne peux que vous encourager à dépasser la pensée, la réflexion, la logique, la raison pour atteindre la contemplation, l’instase, en passant par la méditation sur CE symbole ‘Ici tout est symbole” et ce qu’il peut devenir ailleurs.

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Stéphane Chauvet
Stéphane Chauvethttps://lesyeuxducyclope.fr/
« Ma quête artistique est une pratique spirituelle et une spiritualité en pratique. Le Symbole est son langage. » C'est ainsi que Stéphane Chauvet définit en deux phrases son travail initiatique et artistique. Il métabolise et fixe sa pensée par le tracé et l'image, son « labor », avant de lui souffler vie dans « l'oratoire ». Il est titulaire d'un Master 2 de photographie plasticienne délivré par l'Ecole Nationale Supérieure de la Photographie d'Arles. Il signe ses œuvres graphiques du nom de son alter-égo rencontré sur le Chemin : Stefan von Nemau. Son travail artistique est présenté sur son site internet www.lesyeuxducyclope.fr

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