ven 22 novembre 2024 - 16:11

Connaissez-vous réellement le symbolisme des fleurs ?

De notre confrère actu.fr – Par Lila Bruandet

Avant de vous détailler de symbolisme en question, parlons de l’exposition actuelle à Nice :

Venez découvrir leurs symboliques au musée des Beaux-Arts de Nice. Dans le cadre de la Biennale 2022 sur le thème des fleurs, le musée des Beaux-Arts de Nice propose son “Fleurs d’artifice” au public et retrace l’histoire de l’art fleurit.

L'exposition
L’exposition « Fleurs d’artifice est à retrouver jusqu’au 30 octobre au musée des Beaux-Arts de Nice. (©LB/Actu Nice)

 La fleur sous toutes ses formes au musée des Beaux-Arts de Nice. L’exposition « Fleurs d’artifice » retrace l’histoire de l’art, du 17ème au 20ème siècle, à travers les différents motifs fleuris et leurs symboliques au cours du temps. Une collaboration avec l’artiste niçoise Charlotte Colt apporte une touche contemporaine au lieu. 

L'artiste niçoise Charlotte Colt habille les façades du musées des Beaux-Arts avec ses fleurs contemporaines.
L’artiste niçoise Charlotte Colt habille les façades du musées des Beaux-Arts avec ses fleurs contemporaines. (©LB/Actu Nice)

Visible jusqu’au 30 octobre, cette exposition a été conçue pour être l’introduction de l’édition 2022 de la Biennale de Nice, sur le thème des fleurs. 10 autres expositions sont à retrouver à travers les différents musées de la ville.

Une centaine d’œuvres sont à retrouver au cœur de ce musée historique, dans le quartier Gambetta. Cette exposition a permis également la restauration de nombreux tableaux, et la découverte de trésor encore jamais présenté au public. 

L’histoire de l’art à travers les fleurs 

Tout commence avec des bouquets. La visite nous transporte pour commencer au 17e siècle, lorsque la fleur n’est plus un détail, mais le personnage principal de la toile. Elle est représentée pour elle-même, avec de nombreuses symboliques au centre de ces bouquets. 

Un bouquet de fleur du 17e siècle, celui-ci symbolisant la richesse de son propriétaire avec la présence de tulipes au coeur du tableau.
Un bouquet de fleur du 17e siècle, celui-ci symbolisant la richesse de son propriétaire avec la présence de tulipes au coeur du tableau. (©LB/Actu Nice)

Ces tableaux étaient, pour leur propriétaire, un moyen de montrer leur richesse, selon les fleurs sélectionnées, mais également de méditer sur la vanité des plaisirs terrestres et la fragilité de la vie humaine (avec la représentation de fleurs fanées par exemple). Chaque bouquet avait un sens, une signification particulière. 

Différentes représentations de bouquets.
Différentes représentations de bouquets. (©LB/Actu Nice)

Quelques salles plus loin, nous sommes plongés au 19e siècle, où fleurs sauvages et exotiques font leur apparition. Les croquis scientifiques altèrent avec les représentations artistiques présentées depuis le début de l’exposition. Vidéos : en ce moment sur Actu

Quelques croquis exposés représentant des cactus, plantes encore inconnues au 19e siècle.
Quelques croquis exposés représentant des cactus, plantes encore inconnues au 19e siècle. (©LB/Actu Nice)

Enfin, plongez dans l’univers de Picasso et de Raoul Dufy. Un tremplin vers l’abstrait, avec une recherche d’esthétique. On simplifie la fleur, elle devient un élément décoratif sur plusieurs supports (tissu, vase, céramique…). 

La représentation florale par Raoul Duffit.
La représentation florale par Raoul Dufy. (©Ville de Nice)

Des symboliques expliquées 

Cette exposition propose à ses visiteurs une dimension pédagogique. Tout au long de la visite, on découvre les symboliques à travers chacune des fleurs présentées. 5 fleurs particulièrement significatives sont mises en avant : 

  • La tulipe, symbole de la richesse.
  • Le lys, symbole de la pureté et de la royauté.
  • La rose, symbole de la chasteté, mais également de la passion amoureuse et de la beauté.
  • Le pavot, ou coquelicot, symbole de maléfice, notamment des femmes sur les hommes, et de la mort.
  • Le chrysanthème, symbole en Europe de l’au-delà.

Pour découvrir cette exposition, rendez-vous au musée des Beaux-Arts de Nice du mardi au dimanche, de 11h à 18h, pour un tarif unique de 10 euros par personne (gratuit pour les moins de 18 ans, étudiants et demandeurs d’emploi). 

Complément sur le Symbolisme des fleurs

Les fleurs dans la mythologie

Les fleurs sont l’attribut de Flore et parfois de l’Aurore ainsi que les figures allégoriques du Printemps, de la Logique, de l’Espérance et de l’odorat. La Logique, un des sept arts libéraux, porte parfois un bouquet de fleurs. L’Espérance détient aussi cet attribut car la fleur annonce la future naissance du fruit. Au niveau mythique, Zéphyr, le vent de l’ouest, s’étant épris de Flore, l’enlève et s’unit à elle en mariage : en gage de son amour, il lui offre de régner sur les champs et jardins cultivés.

Nous retrouvons dans certaines représentations, Aurore sur son char répandant des fleurs, qui annonce la lumière nouvelle du jour. Dans l’iconographie des quatre saisons, le Printemps est figuré sous les traits d’une jeune femme qui porte des fleurs ou les parsème sur les prairies.

L’iconographie des cinq sens représente l’odorat sous la forme de compositions florales, ou sous l’aspect d’une figure qui tient à la main un bouquet de fleurs ou en hume les parfums.

Depuis l’antiquité, l’image de la fleur est associée à l’idée de la brièveté de la vie, de la beauté et des Vertus.

Fleurs emblématiques

Le bleuet. Appartient à la famille des centaurées, du latin centaurea. Ce terme renvoie à la figure mythologique du centaure Chiron, l’éducateur d’Hercule. Celui-ci blesse involontairement le centaure à une patte avec une de ses flèches trempées dans le sang empoisonné de l’Hydre de Lerne. Chiron soigne sa blessure avec un remède à base de bleuets. Depuis, le bleuet est tenu pour excellent antidote contre les morsures de serpents. Comme dans la culture chrétienne, le serpent est symbole du mal luciférien, le bleuet qui guérit de la morsure venimeuse du serpent est associé au Christ victorieux sur les démons. Le bleuet peut aussi symboliser le Paradis à cause de sa couleur qui rappelle celle du ciel.

Le cyclamen. Cette fleur tire son nom du grec kuklos, qui signifie « cercle » en raison du mouvement particulier de sa tige. Au Japon, le cyclamen est la fleur sacrée de l’amour. Pline l’ancien raconte selon une ancienne croyance que les lieux où pousse le cyclamen sont protégés contre les maléfices ou philtres néfastes. C’est pour cette raison qu’elle est aussi appelée « amulette » et qu’on lui attribue la propriété de guérir des morsures de serpents. Le philosophe Théophraste soutient que le cyclamen peut être aussi utilisé pour stimuler la libido et favoriser la conception. Sa conviction se fonde à partir de la forme de la fleur, qui ressemble à celle de l’utérus.

La jacinthe. Elle est l’attribut de la figure allégorique de la « Splendeur du nom » et de la Vertu de l’Endurance. Selon Ovide, la jacinthe nait du sang d’Ajax fils de Télamon, qui se tue parce qu’il n’a pas obtenu les armes d’Achille disputées à Ulysse et finalement attribuées à celui-ci. Ovide raconte encore que Hyacinthe est le nom du jeune garçon très beau dont Apollon s’est épris. Un jour, le dieu et l’enfant décident de jouer au lancer de disque, mais Apollon jette le disque avec une telle force qu’il rebondit par terre et atteint Hyacinthe mortellement. Désespéré, Apollon métamorphose le sang de la blessure en une fleur portant le nom de son jeune ami. Enfin, Cesare Ripa décrit la figure allégorique de la « Splendeur du nom », ou « éclat de la vaine gloire », comme un homme d’une grande beauté qui porte une couronne de jacinthes rouges.

Le jasmin. C’est la fleur de prédilection de nombreuses civilisations orientales pour sa délicatesse et son parfum. Elle représente l’amour divin et est considérée comme une fleur du Paradis. En occident, la variété la plus connue et le plus souvent représentée par les peintres est le jasminum officinale, originaire des Indes et connu depuis l’Antiquité. Le jasmin est relié à la Vierge Marie car il fleurit en mai, mois consacré à celle-ci. La couleur blanche de la fleur évoque la pureté immaculée. On attribue à cette fleur les qualités de grâce, d’élégance et d’amour divin. C’est pour ces raisons que l’on peut voir des fleurs de jasmin en bouquet dans les mains de l’enfant Jésus, ou en couronne sur la tête des anges et des saints. Lorsqu’il est associé à la rose, il peut être symbole de foi.

Le lotus sacré est un symbole divin dans la tradition hindouiste. Il est associé par les hindous au mythe de la création, aux dieux Vishnou et Brahmā, et aux déesses Lakshmi et Sarasvati. Le déploiement des pétales du lotus suggère l’épanouissement de l’âme. Dans l’iconographie hindoue, les divinités sont souvent représentées assises sur une fleur de lotus ou avec une fleur de lotus à la main. Selon le Harivaṃśa, le lotus est la première des manifestations de Vishnu.

Le lys. Il signifie la pureté, la chasteté, l’Annonciation, l’Immaculée Conception. Il est l’attribut de la Vierge Marie, de l’archange Gabriel et des allégories de la Beauté et de la Pudeur. Il est aussi le symbole héraldique de la ville de Florence et des rois de France. Dans la Rome antique, le lys est surnommé la « rose de Junon ». Selon une légende hellénique, le lys naît du lait que Junon laisse tomber de son sein jusqu’à terre lorsqu’elle allaite Hercule tout enfant. Ainsi il conserve l’ancien symbolisme de fécondité féminine. Dans les temps anciens, le lys est l’attribut des grandes Mères mythiques en raison de son extraordinaire capacité à se reproduire. La figure allégorique de la Pureté a la tête ceinte d’une couronne de lys ou tient une fleur à la main, et la figure allégorique de la Pudeur, vêtue de blanc, la tête couverte d’un voile, tient un lys à la main droite.

Le muguet de mai. Le muguet est l’une des premières fleurs à pousser. Ainsi elle annonce l’arrivée du printemps. L’appellation botanique est convallaria maia. Le premier mot vient de l’ancien nom latin lilium convallium, c’est-à-dire « le lys des vallées », et le deuxième mot signifie littéralement « du mois de mai ». Cette fleur est liée à la Vertu de l’Humilité car sa corolle est tournée vers le bas. Les fleurs qui présentent cette caractéristique sont souvent liées à cette Vertu. Le muguet est aussi associé à Marie, à sa pureté, à cause de sa blancheur et de la douceur de son parfum. Les spécialistes fondent ce symbolisme sur un passage du Cantique des cantiques : « Je suis le narcisse de Saron, le lys des vallées ».

Le narcisse. Le nom du narcisse provient de celui du très beau jeune homme qui s’éprend de son image reflétée dans l’eau et se consume d’amour jusqu’à en mourir. Ainsi le narcisse devient symbole d’égoïsme. L’hymne homérique consacré à Déméter raconte que Narcisse nait de la terre par la volonté de Jupiter afin de complaire au dieu qui accueille maint et maint homme, c’est-à-dire Pluton, dieu des enfers. Le nom grec narkissos a d’ailleurs la même racine que le mot « engourdir », d’où la signification funèbre du narcisse. C’est avec un narcisse qu’Éros attire la fille de Déméter, Koré ou Perséphone, dans l’antre du dieu des enfers, Hadès (Pluton).

La rose. Symbole d’amour, la rose est consacrée à Vénus. Un récit mythologique rapporte que dans l’écume de la mer, dont a jailli la déesse, pousse un buisson épineux qui, arrosé par le nectar des dieux, se couvre de roses blanches. Dans le Cantique des Cantiques, la rose symbolise Israël et dans le livre des Pârsîs, la rose naît sans épines et n’en est armée qu’après l’apparition du génie du mal sur terre. Le rosier blanc (rosa ×alba) est l’emblème de la Vierge Marie, d’où la dévotion catholique du rosaire et la dénomination de rosières, pour les jeunes filles vertueuses et pures.

Le tournesol. Cette fleur a la caractéristique de toujours se tourner vers le soleil. Elle symbolise la Vertu de l’Espérance. Le tournesol est la fleur en laquelle Clytia est métamorphosée. Clytia ou Clytie est une des jeunes filles aimées du dieu du soleil, Apollon, mais celui-ci finit par aimer Leucothoé, fille du roi babylonien Ochamos. Blessée dans son amour propre, Clytia dénonce à Ochamos la liaison de sa fille. Saisi de fureur, le roi fait ensevelir sa fille vivante. Apollon essaie de la secourir mais en vain. De son côté, Clytia désespérée passe ses jours à suivre du regard la course du char de son dieu bien-aimé, jusqu’au jour où consumée par la douleur, elle est transformée en une fleur qui a la propriété de se tourner toujours vers le soleil. Le tournesol était inconnu dans l’Antiquité, puisqu’il a été rapporté des Amériques au v. Ce sont les peintres baroques qui ont illustré ce mythe en faisant de la fleur d’Ovide un tournesol, qui est ainsi symbole de dévouement inconditionnel.

La violette. La violette et la pensée appartiennent à l’espèce de la Viola. Elles ont à peu près la même signification symbolique dans l’iconographie : modestie et humilité. La naissance de cette fleur, connue dès l’antiquité, est lié au mythe du dieu phygien Attis : la déesse Agdistis ou Cybèle, éperdument éprise d’Attis, cherche à empêcher son mariage avec Atta, fille du roi Pessinonte, et le fait succomber à la folie.

L’œillet. Le nom latin de l’œillet, dianthus, d’origine grecque, signifie fleur de Dieu.

Le pavot. Les propriétés somnifères du pavot sont connues depuis l’Antiquité. Dans la grèce ancienne, on représente le dieu du sommeil, Hypnos, avec une couronne de fleurs de pavot sur la tête. Ovide décrit la demeure du Sommeil comme une profonde caverne devant laquelle fleurissent d’innombrables plantes et des pavots. Les divinités liées au sommeil ou aux rêves comme la Nuit ou Morphée ont pour attribut un pavot.

L’anémone. Fleur fragile et peu durable son nom vient du grec anémos qui veut dire “vent”. La vie de l’anémone étant brève, elle a une signification funèbre : les Étrusques ont l’habitude de les cultiver autour des tombes. Selon Ovide, l’anémone est née des larmes versées par Vénus à la mort de son bien-aimé Adonis. Une légende célèbre rapportée par Ovide raconte l’amour éprouvé par Vénus pour Adonis après qu’Éros sans le vouloir eut frôlé son sein par la pointe d’une flèche. Parti à la chasse le jeune homme est mortellement blessé par un sanglier furieux. De son sang naît l’anémone.

L’iris. Iris en grec veut dire arc-en-ciel. En effet cette fleur porte une grande variété de couleurs. Iris est aussi le nom de la servante de Junon et la messagère des dieux entre le ciel et la terre. L’iris commun s’appelle en allemand « lys en épée » à cause de la forme pointue de ses longues feuilles.

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