lun 07 avril 2025 - 21:04
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Carte postale

Je n’étais pas en Loge hier soir, mais en vacances. J’ai quitté quelques jours ma grande métropole pour me mettre au vert dans ma maison de campagne. Encore un privilégié, me direz-vous. Défions-nous de nos passions et jugements trop hâtifs, vous comprendrez.

La région où se situe cette maison de campagne est sur cet axe symbolique, la « Diagonale du Vide » qui s’étend entre le Sud-Ouest et le Nord-Est de notre beau pays. La densité de population est faible. En fait, il y a moins d’habitants dans ce département que dans un grand arrondissement de Paris. La région est surtout agricole, orientée vers le bio et le raisonné, suite à une série de catastrophes écologiques il y a quelques années. La terre a en effet été ravagée par l’emploi de pesticides divers, rendant l’avenir des cultures très incertains. Les fermiers et paysans ont donc choisi de se tourner vers le bio pour sauver ce qui pouvait l’être. En quelques années, la situation semble s’être normalisée. D’ailleurs, en rentrant d’une fête en pleine nuit, j’ai eu la joie d’entendre des grillons chanter, ce que je n’avais plus entendu depuis fort longtemps, au point que j’en croyais l’espèce éteinte. Et ce ciel étoilé, tellement beau !

Ces petites vacances ont été aussi l’occasion de visiter les Loges du secteur. J’en garde un très bon souvenir : un accueil simple et chaleureux, des échanges joyeux et des agapes plutôt festives. Heureusement que je rentrais à pied, le vin amené par le Frère vigneron était plutôt corsé !

Je me suis aussi amusé à tester le principe physique du ruissellement, qui sert de modèle à nos politiques économiques (enrichir les plus riches pour que les plus pauvres puissent en profiter). Le phénomène de remplissage des verres de la base par débordement du premier ne fonctionne tout simplement pas, à moins de disposer d’une quantité infinie de liquide et d’un temps infiniment long et d’admettre un volume très grand de pertes. Or l’argent n’est pas infini, le temps non plus.
Il est dommage que nos gestionnaires se basent sur un modèle aussi absurde pour élaborer ou justifier des politiques…

A part cette expérience de physique amusante, j’ai redécouvert des choses simples : aller faire le marché, discuter avec les commerçants, et surtout prendre mon temps. Les mauvaises langues diraient qu’il n’y a forcément que ça à faire. Ce qui est faux : il y a toujours une fête, un petit festival, une manifestation quelque part, sans compter les soirées avec les amis. D’ailleurs, en discutant avec les commerçants, j’ai eu la joie de voir qu’il existait tout un réseau d’AMAP, de circuits courts et d’autres initiatives éloignées de la grande distribution. D’autres se battent pour maintenir ouverts des lieux de vie, d’échanges ou de culture, lieux toujours menacés d’extinction au nom des économies.

J’ai aussi redécouvert la joie de prendre une voiture ou un vélo. C’est un peu le revers de la médaille : il n’y a pas forcément (voire pas du tout) de transports. Le département n’étant pas très peuplé, on considère que chacun doit avoir une voiture et se débrouiller par lui-même. Mais il paraît que ça fait faire des économies.

Je voulais acheter des timbres et adresser un recommandé, mais j’ai dû attendre le jour de l’ouverture de l’agence postale, la Poste ayant été fermée quelques années auparavant. Gênant pour l’usager, mais il paraît que ça fait faire des économies.

Un jour, j’ai eu un souci de santé, et j’ai voulu consulter un médecin. Tudieu, quelle épopée ! Car il est très compliqué d’avoir un rendez-vous avec un médecin. Et je n’ose pas imaginer la situation pour les femmes enceintes, quand les maternités ferment suite à une décision administrative. Il est vrai que la vie d’une femme et d’un nouveau-né coûtent cher pour nos élites. Mais il paraît que ça fait faire des économies.

On pourrait continuer longtemps avec ce refrain : fermeture des lignes de bus. Mais il paraît que ça fait faire des économies. Fermeture des tribunaux de proximité (premiers juges européens, rappelons-le) ? Mais il paraît que ça fait faire des économies. Fermeture arbitraire d’usines pourtant rentables dévastant un territoire entier, le condamnant à la pauvreté ? Mais il paraît que ça fait faire des économies et en plus, ça pollue moins (et tant pis pour les polluants déjà entreposés, hein ?). Aménagement douteux du territoire, asphyxiant le cœur des villes au profit de ces hangars de périphérie ? Il paraît que ça fait faire des économies, mais c’est une autre histoire. Sinon, la liberté, l’égalité, la fraternité ? Quelqu’un y a pensé ? Et surtout, à qui profitent ces fameuses économies dont les effets à long terme coûteront sûrement très cher à la communauté, si celle-ci n’est pas dissoute d’ici là ?

En introduction, j’avais évoqué mon privilège. Mais ce privilège est né d’une contrainte très forte. Ma compagne est fonctionnaire d’Etat et a été mutée dans ce département sans qu’il n’ait été tenu compte de notre situation familiale. Pas assez de points, paraît-il. Et impossible de faire jouer les rapprochements de conjoint. Donc depuis 2 ans, elle comme moi nous rendons visite à chaque week-end, comme le Bouvier et la Princesse des légendes asiatiques, séparés par la Voie Lactée. Depuis 2 ans donc, nous voyageons par les Intercités et TER pour protéger notre vie de couple, quand la SNCF nous en laisse le loisir. A ce propos, notre maison est proche de la gare TER du coin (5 minutes en voiture). Il est dommage que la gare soit désormais fermée le week-end, et que les TER circulent de manière très aléatoire. Depuis un an, j’ai dû avoir 30% de trajets TER sans problème… Il est dommage de devoir faire une heure de route pour prendre un train, quand on a une gare à côté de chez soi. Comment justifier de fermer des lignes de train à une époque où l’essence devient hors de prix (sans compter les conséquences environnementales), non à cause des taxes mais à cause d’intérêts politiques ?

Au fond, quand on voit comment l’Etat traite ses propres agents, pour ne pas dire ses serviteurs, je ne suis pas étonné de la destruction en cours du tissu social ni des structures territoriales. Comme l’expliquent Noam Chomsky et Christopher Lasch, les élites n’aiment pas la démocratie. Et comme l’a très bien noté Riss, nos dirigeants n’aiment pas leur peuple.

En tant que Franc-maçon, très attaché aux valeurs de solidarisme, d’égalité et de fraternité, qui sont des fondements de la République, je vois nos dernier lieux d’égalité républicaine être sciemment détruits et advenir le règne d’un chacun pour soi très malsain. Au nom de quoi ? Au nom d’une vision comptable étriquée, qui masque des pulsions et des jouissances sadiques non avouées, quand ce n’est pas une inconscience criminelle ou une légèreté blâmable. Pour nous, les valeurs n’ont tout simplement pas de prix. Ceux qui nous dirigent ne devraient pas l’oublier.

J’ai dit.

In varietate concordia

J’étais en Loge hier soir, et avec un Frère, nous avons parlé d’Europe. Non pas la nymphe de la Théogonie d’Hésiode, mais du continent. Et ça tombe bien, puisque nous sommes le 9 mai, le fameux jour de l’Europe, qui commémore la signature du traité fondateur de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier. Date intéressante, puisqu’elle nous invite à célébrer dans la paix, l’amour et la joie l’union des peuples de l’Europe autrefois ennemis, désormais unis sous le drapeau à douze étoiles dans un même élan commun !

Vous l’aurez compris, il y avait une antiphrase dans les lignes précédentes. J’avais parlé de symboles dans un billet précédent, je vous propose de continuer dans ce billet spécial Europe.

Nous célébrons le 9 mai l’anniversaire de la signature des traités mettant en commun les ressources stratégiques nécessaires à la guerre: le  charbon, l’acier, mais aussi l’uranium. On l’oublie (ou on le sait peu), mais parmi les traités signés le 9 mai 1950, il y a le traité Euratom, qui met en commun les ressources nécessaires à la production d’énergie nucléaire, ainsi que l’effort de recherche dans le domaine. Certains me rétorqueront que le partage des ressources stratégiques était nécessaire pour éviter un nouveau conflit entre la France et l’Allemagne et jeter les bases d’une paix durable. Mais peut-on construire la paix et la concorde sur de vulgaires échanges commerciaux ? Je ne le crois pas.

Nous sautons comme des cabris à l’évocation de l’Europe, l’Europe, l’Europe, mais de quelle Europe s’agit-il ? Une véritable concorde ou un vulgaire marché ? Au-delà des échanges commerciaux et administratifs, quel est le lien qui nous unit ? Au final, pas grand-chose. Quels sont nos symboles ? Nous n’en avons pas, à part un hymne allemand et la monnaie unique, qui a pris son nom actuel à cause des allemandsi. La date de la fondation, le 9 mai, n’est même pas un jour férié à l’échelle de l’Europe. Tout un symbole !
Je ne reviendrai pas sur les instances politiques, notamment la très décriée Commission Européenne, gardienne des traités, et prisonnière des lobbies divers. On pourra lire l’excellent (et révoltant) Lobbytomie de la journaliste Stéphane Horel (éditions la Découverte) qui relate les liens tendancieux entre l’eurocratie et les intérêts industriels. Je ne crois pas utile de revenir sur les règlements et directives qui vont contre l’intérêt des citoyens, comme le maintien de l’utilisation de substances dangereuses dans l’agriculture industrielle (oh, le beau syntagme oxymorique) ou la privatisation de services publics. Nul besoin de revenir sur l’obsession des normes industrielles appliquées à tout et n’importe quoi avec les directives diverses du droit dérivé. Les humoristes en parleront bien mieux que moi.

Par contre, je vais partager avec vous mes expériences d’expatrié. Quand j’étais étudiant, comme beaucoup je suis parti à l’étranger. Il y a une chose que l’Europe a apportée et qui fonctionne, c’est Erasmus. Etrangement, le Convent de la Grande Loge de France avait appelé à la création d’un tel programme, en avril 1914. On connaît la suite. Si la découverte d’un autre pays était une expérience fascinante, j’ai connu quelques déboires administratifs en changeant de pays. Et quand je suis parti à l’étranger non en tant qu’étudiant mais en tant que salarié, quel enfer ! Alors que d’un pays à l’autre, nous disposons de services avec les mêmes noms commerciaux, j’ai dû tout fermer en France et tout rouvrir dans ma terre d’exil, notamment l’énergie, le téléphone et l’internet. Pour la sécurité et les assurances sociales, quelle angoisse également ! J’ai alors rêvé. J’ai rêvé d’un véritable service public à l’échelle non d’un état mais à celle de tout le continent européen. Un service public européen d’assurance santé, de sécurité sociale, de fourniture d’énergie, de fournitures de service internet, un service public de fiscalité européenne, un service public de transport européen, un service public de banque européen, une justice réellement européenne. Bref, j’ai rêvé d’un monde où 300 millions de personnes seraient unies et égales et disposeraient d’instances publiques garantes de cette égalité entre citoyens. Malheureusement, je me suis réveillé brutalement. L’Acte Unique signé par les pays de la Communauté Economique Européenne en 1986 a certes instauré la libre circulation des personnes et des capitaux. Malheureusement, il a eu un effet pervers. Au nom de l’ordolibéralisme, cette doctrine qui prône la concurrence libre et non faussée, ce traité force les états à anéantir leurs propres services publics à l’exception des fonctions régaliennes (et encore) au nom de ce principe de libre concurrence, au risque de détruire toute cohésion sociale.
Par ailleurs, comment créer les conditions de l’égalité entre des pays à haut niveau de vie comme l’Allemagne ou la France (malgré les efforts de nos dirigeants) et les pays à faible niveau de vie comme la Roumanie, Chypre ou la Bulgarie ? Pour la justice, le grand principe est que le juge de proximité est le premier juge européen. Très important. Il est regrettable que dans notre beau pays, les différentes réformes entamées par plusieurs gardes des sceaux aient eu pour effet de fermer les tribunaux de proximité et d’éloigner davantage les citoyens du droit. En fin de compte, on le sentiment que le pouvoir est localisé dans les couloirs du Berlaymont à Bruxelles, sans lien aucun avec les citoyens ordinaires, que les décisions sont prises en faveur des intérêts des lobbies au détriment des droits élémentaires, et que la citoyenneté, la fraternité entre les peuples doit se résumer à de simples échanges monétaires ou marchands. En tant que citoyen, je n’ai pas l’impression que cette Europe n’ait de véritable projet de construction ni d’idéal à bâtir. Plus grave encore, je vois le ressentiment des peuples contre la technocratie bruxelloise, qui choisissent le repli sur soi et l’obscurantisme.

Il y a toujours un moment où l’esprit finit par dominer la matière. Plus que jamais, il est temps d’ouvrir un chantier de construction d’un véritable esprit européen, et de nous ouvrir davantage : accueillir comme des êtres humains ceux qui fuient leurs pays que nos alliés ou l’effet de nos politiques dévastent, créer un vrai service public de proximité ayant une autre finalité que le profit de patrons véreux, soigner les inégalités inacceptables, garantir aux femmes les droits les plus élémentaires dont l’IVG (en constante menace).

En fait, je ne rêve non d’une technocratie inaccessible à la botte de l’industrie et de la finance mais bien d’un véritable Etat européen, qui travaillerait pour l’intérêt général.
Malheureusement, mon rêve s’effiloche : la Cour de Justice a récemment validé la compatibilité de tribunaux d’arbitrage avec le droit européen pour le traité CETA. Autrement dit, une multinationale pourra attaquer un Etat si celui-ci impose une législation contraignante sur les produits importés par cette multinationale. Encore un symbole qui tombe, mais surtout, encore un peu de souveraineté des états perdue face à la voracité de multinationales et leur armée de technocrates sans scrupule.

Et surtout, le 26 mai, n’oubliez pas de voter, tant que nous le pouvons encore…

J’ai dit.

i La monnaie unique devait s’appeler ECU, pour European Currency Unit. L’écu était une monnaie médiévale et ce nom avait un sens. Le hic, c’est que l’homophone allemand de l’écu, die Kühe désigne une vache. Les allemands ont demandé à changer le nom, d’où le terme Euro.

Du bon usage du symbole

J’étais en Loge hier soir et comme à l’accoutumée, nous avons travaillé sur le sens du symbole. Un bien grand mot, me direz-vous. Une parole prononcée par un Frère a résonné en moi et a provoqué une épiphanie : en réalité, tout est symbole. Avant de vous faire partager le fruit de mes réflexions, je crois important de définir ce qu’est un symbole. Le mot symbole dérive du grec Symbolein, qui désigne un objet fragmenté en plusieurs morceaux, partagé entre plusieurs destinataires. Il y a donc derrière ce terme une idée de rassemblement d’éléments épars.
Pour les linguistes, un symbole est la réunion d’un signe, d’un signifiant et d’un signifié, pour lequel le signifié n’est pas donné arbitrairement mais sujet à l’interprétation ou encore pour lequel le signifiant et le signifié ne sont pas liés. Si l’on s’intéresse à la psychanalyse, on ne pourra pas éviter de travailler avec Iung, dont on connaît le travail sur le symbole. Chez Iung, la rencontre avec le symbole ou l’Autre implique une forme de reconnaissance car chacun porte une partie de ce qui a été brisé. Il est important de noter que pour Iung, la rencontre symbolique nécessite une forme de synchronisation. Autrement dit, il faut que les parties soient prêtes à se rencontrer. On retrouve ici la notion de Kairos, le temps opportun des grecs.

Pourquoi évoquer tout cela, me demanderez-vous. Parce que tout est symbole, et nous vivons une époque où des symboles prennent forme ou s’incarnent et que la portée symbolique de certains actes dépasse l’intention de ceux qui les ont commis. Le symbole peut s’avérer être une arme redoutable, et à double tranchant. Il s’avère également un redoutable outil d’analyse et peut aider à apporter un éclairage sur le monde qui nous entoure. Les communicants et publicitaires, enfants illégitimes des théories de Freudi et des propagandistes nazisii le savent et n’hésitent pas à l’utiliser pour que leurs clients nous vendent à peu près tout et n’importe quoi. Il peut arriver aussi qu’ils jouent avec le feu et ne déclenchent un incendie, surtout à l’époque où la communication devient plus volatile, donc plus inflammable.

Prenons, tout à fait au hasard, l’exemple de nos politiques. Rentrée 2018 : le même jour sont annoncées deux mesures, une par le gouvernement, l’autre par le chef de l’Etat : diminution symbolique des aides prioritaires au logement (5 Euros, tout un symbole, n’est-ce-pas ?) et suppression de l’impôt de solidarité sur les fortunes. La somme de 5 Euros, un petit billet est symbolique, dans le sens où elle n’est pas censée constituer une grosse somme. Mais dans le cas d’un petit budget, 5 Euros peuvent représenter beaucoup : les courses hebdomadaires pour une personne seule, par exemple… Et annoncer en même temps la suppression de l’impôt de solidarité sur les fortunes revient à annoncer symboliquement une double peine : raboter une aide sociale d’une part et renoncer à financer les aides sociales. Car, oui, les aides sociales étaient financées par l’impôt de solidarité sur les fortunes. Nous avons ici représenté tout un symbole : la caste dirigeante qui décide de contribuer à réduire le niveau de vie des plus humbles et d’augmenter le niveau de vie des plus riches.

Pris ainsi, un tel symbole face aux masses peut amorcer un processus de colère, ou plus simplement n’être juste qu’une briqueiii dans la construction d’un édifice de haine collective.

Ce phénomène s’est déclenché lors des émeutes de mars, quand une frange de gilets jaune/casseurs/black blocs s’en sont pris au Fouquet’s, établissement devenu bien malgré lui symbole d’une classe politique arrogante, matérialiste, vulgaire, bref, bling-bling. Il fallait pour la masse détruire ce symbole. Attention, je ne cautionne en aucun cas les dégradations, destructions et tentatives d’incendie de ces manifestants. La violence réelle n’est jamais la bonne solution, surtout dans un affrontement symbolique.

A ce propos, j’ai lu la 4e de couverture d’ouvrages consacrés aux mouvement black bloc, expliquant que ces gens étaient des braves militants luttant contre les symboles du capitalisme outrancier. Et puis, j’ai vu les dégâts occasionnés sur différentes enseignes de banques ou d’assurance. Je ne suis pas sûr qu’attaquer des locaux de franchisés, dans lesquels travaillent des gens salariés de la classe moyenne (qui pour certains souffrent autant que les Gilets Jaunes) ne soit un moyen intelligent d’affirmer sa colère.

Dans le même temps, la boutique où je me procure mes costumes a été dégradée elle aussi. On se souviendra de cette parole malheureuse : « la meilleure façon de se payer un costard, c’est de travailler »… Le costard est devenu le symbole de l’élite privilégiée à abattre, l’affreux col blanc riche et vicieux, opposé au col bleu pauvre et vertueux.
Bon, cette distinction fait fi des corps de métiers mal payés pour lesquels le costume constitue le bleu de travail (au hasard, les vigiles), mais il semblerait que la nuance ne soit pas un mode d’expression des casseurs. Or, utiliser ou communiquer avec des symboles implique nécessairement une certaine nuance ou tempérance dans l’interprétation et dans l’action.

On peut aussi détruire un symbole pour soi-même symboliser autre chose. Prenons l’exemple de l’ENA. L’énarchie, de même que les grands corps d’état, symbolise l’élite arrogante et déconnectée du réel, au service du plus offrantiv. Le chef de l’État, lui-même issu de l’énarchie, lui-même ancien pantoufleur au service d’intérêts financiers revenu dans le secteur public a supprimé cette école. Comme s’il cherchait à effacer le symbole de l’élite honnie pour redorer son blason. Chercherait-il ainsi à symboliser l’homme en quête de rédemption (et reprendre des points dans les sondages) ? Evidemment, cette communication par les symboles risque d’avoir un prix, comme la destruction de l’État, mais c’est une autre histoire.

Ainsi, tout est symbole. En fait, nous n’avons pas d’autre manière de communiquer que le symbole. On n’en oublie qu’à notre époque de communication sans contenu, jouer avec les symboles n’est jamais sans conséquence. Le symbole implique de savoir interpréter son contenu, mais en sommes-nous toujours capables ?

J’ai dit.

i Edward Bernays, neveu de Freud a utilisé les outils créés par son oncle pour les mettre au service des représentants de l’industrie, qui désiraient faire avaler n’importe quoi au grand public.

ii Les nazis avaient bien compris comment s’adresser à la masse qu’ils avaient créé, avec le principe suivant : « plus c’est gros, plus ça passe ». Le média de masse trouve ainsi son origine dans la méthode de propagande initié par Goebbels et ses séides.

iii Toute référence à un groupe britannique connu pour son amour des constructions et des outils, de la maçonnerie et des flamands roses serait purement fortuite…

iv Un haut fonctionnaire doit 10 ans de service dans un grand corps. Au bout de cette période, libre à lui d’aller dans le privé. Il peut également partir plus tôt, sous réserve de « rembourser la pantoufle », c’est-à-dire les années d’étude dans les écoles de service public.

Transformer son regard sur la mort par la mort symbolique

Ce texte fut initialement rédigé quelques jours avant les terribles événements du 13 novembre 2015 à Paris et à Saint-Denis. Face au choc émotionnel que chacun de nous avait ressenti, il m’avait semblé utile à l’époque de le relire et de l’éclairer d’un complément.

Apprendre à mourir est un long processus

Notre société occidentale, totalement aveuglée par le consumérisme, se trouve soudainement dépourvue, lorsqu’elle se trouve confrontée à des drames d’envergure, comme ceux que nous vivons actuellement. Cette mort physique, caractérisée par l’absence des êtres chers, aujourd’hui disparus, vient réveiller chez nous les aspects de notre culture qui occultent peu à peu les principes initiatiques de la mort symbolique, celle qui nous sert de chemin sur la voie de la sagesse.

Si la mort n’existait pas, il faudrait l’inventer ! Cette accroche volontairement provocatrice est pourtant bien réelle. Car, imaginez un seul instant, comme le proposent actuellement les dirigeants de Google qui travaillent à la vie éternelle des êtres humains[1], que nous devenions des immortels. La vie deviendrait rapidement un enfer sur terre. Cela correspondrait en quelque sorte à affirmer que la nuit devient inutile, que l’hiver ne sert plus à rien et que nous devons tous devenir des intersexués. Comme le disait le philosophe Vladimir Jankélévitch   : « Si tout est rose rien n’est rose ». Comment le côté pile d’une pièce pourrait-il exister, sans le côté face ? Les deux faces semblent opposées, pourtant elles sont bien complémentaires, car chacune s’appuie irrémédiablement sur l’autre. Le froid n’existe que par opposition au chaud, le masculin au féminin, la droite à la gauche et la vie uniquement par rapport à la mort.

Qu’est-ce-que la mort symbolise dans notre société ?

Si votre conception de la mort se limite à l’énoncé suivant : « la vie commence le jour de la naissance et la mort débute le jour de la fin de la vie », je vous invite alors à élargir votre champ de vision pour envisager d’autres points de vue. Tout d’abord, une question importante : « Votre vie a-t-elle commencé lorsque vos parents on envisagé votre création, ou était-ce le jour où ils vous ont conçu, ou alors peut-être le jour où vous êtes apparu à la maternité ? » Cette question n’est pas banale, car elle entraine une autre interrogation : « C’est quoi la vie ? ». De toutes évidence, la vie de chacun de nous à débuté lorsque nous sommes devenus des désirs (même inconscients) chez nos géniteurs. Cela peut donc remonter à quelques années avant notre premier cri sur terre. Question suivante : « Quand mourrons-nous ? ». Certains vous diront : « Lors de notre dernier souffle ». Pour ma part, j’ai envie de vous répondre : « Lorsque nous n’existons plus ! ». Or tout le monde sait que vivre est une fonction biologique, alors qu’exister est une caractéristique sociale. On peut donc affirmer que certains êtres de cette terre sont bien vivants, mais n’ont aucune existence. Ils n’ont aucune relation avec l’extérieur. D’autres individus, pour leur part, ne vivent plus sur terre depuis très longtemps et pourtant, ils sont encore bien existants. Prenez le Christ par exemple, cela fait vingt siècles que sa vie a cessé, pourtant il continue d’exister au travers des mémoires et des rites qui entourent son passage sur terre. Il en est de même pour tous les grands personnages de l’histoire. Je vais aller un peu plus loin… il en est de même pour tous les gens que vous avez aimé, et qui malgré leur absence continuent de vivre dans votre cœur. On pourrait même ajouter, dans votre sang, pour ce qui concerne vos ancêtres. Les adeptes du Transgénérationnel savent bien que nos ancêtres vivent en nous[2].

On peut donc considérer qu’au-delà des fonctions homéostatiques, la vie ou la mort d’un être est entièrement dépendante de la représentation que les autres s’en font. Le rapport social définit donc la vie et la mort. Pour le Christ, il existait déjà longtemps avant son avènement, puisqu’il semblerait que le messie était attendu depuis de longues années. Quand à son départ de la terre, cela ne l’a pas tué puisqu’il continue à vivre dans les consciences sous une autre forme. Tel que l’enseigne le moine bouddhiste vietnamien Thich Nhat Hanh, l’eau contenue dans sa tasse de thé existait la veille sous une forme de nuage ou de ruisseau. Le lendemain, elle sera encore vivante sous la forme d’une peinture ou d’un poème, ce qui peut la faire exister encore longtemps. Cette notion de vie ou de mort définit autrement notre conception très occidentale du sujet.

Lever le voile sur la mort ne doit pas être un tabou en franc-maçonnerie

L’impermanence de la vie terrestre

Abordons maintenant, une autre facette. Parlons de la mort permanente, celle qui se produit à chaque instant en nous-même. Peu d’individus ont conscience de mourir à chaque seconde de leur vie. Pourtant, nos 100 000 milliards de cellules réparties en 250 types cellulaires différents, naissent, mutent et meurent en permanence. Toutes les secondes, chacune des 20 millions de cellules se divisent en deux cellules filles. Ce qui signifie qu’elles se multiplient. Les cellules ne se reproduisent pas toutes au même rythme, car leur durée de vie est différente. La cellule de peau vit 3 à 4 semaines. Le globule rouge vit environ 120 jours. La cellule de la rétine ne dure qu’une dizaine de jours. Celle du foie ou de poumon vit de 400 à 500 jours… Ainsi, tout cet ensemble se renouvelle au rythme désynchronisé qui est le sien. Votre corps est totalement régénéré tous les 10 ans. Vous aurez donc subit tout au long de votre vie un cycle incessant de palingénésique, qu’on nomme plus communément : Vie/ Mort / Renaissance.

Si l’on considère avec attention cette mort permanente, on peut affirmer que la seconde précédente, mon corps était habité par des cellules maintenant mortes, mais aussi par le potentiel des cellules qui devaient naître dans la seconde suivante. La notion de vie dans le présent prend alors tout son sens. Le cycle de palingénésie prend une dimension différente. Il ne s’inscrit plus nécessairement dans une logique religieuse de la vie après la vie, mais bien dans une logique existentielle de la vie pendant la vie. Il s’agit de l’intensité absolue de notre présence à chaque instant. En effet, on peut constater que notre société judéo-chrétienne, est fortement imprégnée par la préparation de la mort physique durant le passage sur terre et se soucie assez peu de cette mort régénératrice.

La mort symbolique

Pour envisager ce nouveau paradigme, il convient d’exploiter avantageusement les rites de passage qui servent de transition entre les différentes phases. Notre société de plus en plus obsédée par le consumérisme fait tout son possible pour dissimuler ou carrément faire disparaitre toute trace de la mort. La science, la médecine, la chimie et même les religions dominantes, tout le monde est à l’œuvre pour nous faire oublier que nous ne sommes pas immortels. L’obsession générale est de nous faire croire que nous serons éternellement jeunes. Lorsque les médicaments et les maquillages n’y suffisent plus, chacun des anciens consommateurs va se réfugier dans des maisons de retraite dans l’attente de l’échéance finale. Le mot même de retraite, définit l’échec à vaincre ce graal de l’immortalité. On visualiserait presque Napoléon dans le froid, pendant la « retraite » de Russie de 1812, ce froid qui est un avant goût de l’au-delà très certainement ? Toute cette organisation marchande, est destinée à nous faire oublier la finitude de notre vie et peut-être même l’oubli de notre manque de vie. Ce que les illusionnistes du marketing ont oublié, c’est que la nature a une sainte horreur du vide. Plus la mort tend à disparaître, plus l’intensité de la vie subit le même sort. C’est précisément pour cette raison que les sociétés tribales se sont pourvues de rites d’accompagnement pour la vie et pour la mort. Les deux sont fêtées de manière semblable.

Les rituels maçonniques sont destinés à ancrer le maçon dans le cycle de la palingénésie. L’initiation est une façon de mourir à la vie profane et de renaître à la vie spirituelle. Chaque grade de la Franc-maçonnerie est une manière de se reconnecter à l’intensité de cette dimension initiatique. Si le symbole de l’Apprenti est le fil à plomb, ce n’est certainement pas un hasard. Car il rappelle la loi de la gravité, il ramène le pratiquant au principe de la rectitude et indique clairement que la Vérité se trouve au fond du puits, à l’intérieur ou au centre si vous préférez, mais certainement pas en périphérie. Si certains se laissent guider par l’orgueil qui les pousse à s’élever jusqu’au clocher, afin d’être mieux vus, les sages cheminent paisiblement vers la crypte, afin de décrypter ou plutôt dévoiler devrais-je dire, afin de révéler leur vérité. Ce terme de vérité dans son origine du grec ancien se traduit par alètheia qui signifie : « Lever le voile sur ce qu’on a oublié ». Nous sommes bien dans une logique de recentrage et d’intériorisation. Le temps n’a plus de prise puisqu’il ne peut exister que dans une dynamique de mouvement circulaire. Or dans les cérémonies rituelles, le présent devient eternel car hors du temps profane. Demandez à n’importe quel amoureux comment il a perçu cette petite seconde d’éternité en compagnie de son âme sœur. Albert Einstein s’est clairement exprimé sur ce sujet : « Placez votre main sur un poêle une minute et ça vous semble durer une heure. Asseyez-vous auprès d’une jolie fille une heure et ça vous semble durer une minute. C’est ça la relativité ».

Comme le dit le proverbe italien : « La vie est trop courte pour être petite ». Voila pourquoi, il me semble qu’occuper ce temps sur terre à consommer, sans se rencontrer soi-même, sans rencontrer les autres êtres humains que nous croisons, est une futilité qui n’a d’égal que l’inutilité de notre vie. Nous pourrons ainsi devenir des tricentenaires que rien n’y fera à l’affaire. Il devient donc urgent de se réapproprier sa mort, la mort au sens général du terme. Nous ne le savons pas encore, mais plus nous nous engagerons dans cette voie, plus nous donnerons de l’intensité à la vie.

Avant de nous dire adieu, permettez-moi une histoire qui illustre bien le propos de cet article.

Un patient arrive chez son médecin

« Bonjour Docteur. Voila, je veux vivre jusqu’à 110 ans, que dois-je faire ? »

Le docteur réfléchit un instant et répond

« Cessez de boire et de fumer, ne mangez plus de viande, ne faites plus l’amour, couchez-vous à 19h30 tous les soirs, faites deux heures d’exercice quotidien…. »

Le patient est totalement décomposé par tout ce programme de privation. Il reprend aussitôt

« Mais docteur, vous êtes absolument certain que je vais vivre jusqu’à 110 ans avec tout cela ? »

Le docteur enchaine aussitôt

« Ah non pas du tout, mais une chose est certaine, la vie va sembler très très très longue ! »

Pour conclure, comme le disait l’écrivain Elbert Hubbard : « Ne prenez pas la vie trop sérieusement. Vous n’en sortirez jamais vivant. »

Longue vie à vous.

Franck Fouqueray

[1] http://tinyurl.com/vieternelleGoogle

[2] Lire à ce sujet les écrits d’Anne Ancelin Schützenberger sur la psychogénéalogie

Liberté, Egalité, SE-CU-RI-TE

J’étais en Loge hier soir, et à la lecture du courrier, une note transmise par l’Obédience m’a quelque peu agacé (litote). L’Obédience nous informait que suite aux menaces et dégradations subies par les locaux lors des débordements des manifestations de gilets jaunes/black blocs/casseurs, il avait été décidé d’embaucher des sociétés de sécurité pour protéger les locaux et pour ce faire, de demander une augmentation de capitation (cotisation payée par la Loge à l’Obédience).

La sécurité des travaux constitue une part importante du rituel. En effet, en dehors du Vénérable, deux Officiers portent une épée pour protéger le Temple et la Loge: le Couvreur, qui est un portier et l’Expert, gardien du rituel. Dans les rituels, il est écrit que les premiers devoirs des Surveillants sont de s’assurer de la sécurité extérieure du Temple, mais aussi de la sécurité intérieure. L’Expert doit procéder au tuilage des Frères, en leur demandant les mots de passe, signes et attouchement de reconnaissance.

Ces bizarreries de rituel peuvent paraître anodines, mais elles sont l’héritage des siècles passés, quand la Franc-maçonnerie était interdite, voire pourchassée. J’ai participé un soir à une Tenue en dehors d’un temple, dans la cave d’un musée (avec l’autorisation du conservateur, membre de la Loge…), et ce soir-là, les éléments de rituel sur la sécurité, le devoir de veiller sur la porte, de s’assurer que les travaux sont bien à couvert… bref, tout a pris sens.
A ce propos, j’ai dans les archives de ma famille des courriers du sinistre Service des Sociétés Secrètes adressés à mon arrière-grand-père… Ca fait froid dans le dos ! Mais c’est une autre histoire.

En fait, depuis les attentats du métro Saint-Michel, en 1995, nous vivons en état d’alerte permanent : contrôle des sacs à l’entrée de bâtiments publics ou non, fouilles au corps, surveillance accrue. Tout ça ne s’est pas arrangé avec les attentats de 2015. Pire, au nom de la sécurité, nous avons accepté des pertes dans nos libertés fondamentales et individuelles, avec une prééminence de l’exécutif sur le judiciaire. C’est pour notre bien, notre SE-CU-RI-TE, nous martèle-t-on.

Une manifestation lointaine qui risque de dégénérer ? Vite, fermons parcs, jardins et équipements municipaux et tant pis pour les usagers. Un peu de vent, quelques flocons de neige ? Ah Seigneur, mon Dieu ! Vite, fermons les transports métropolitains ! Et tant pis pour les usagers. Un risque de terrorisme ? Et pas assez de policiers ? Embauchons des vigiles privés et accordons-leur des compétences de police tant qu’on y est. Et mieux, armons-les, comme aux States ! Et tant pis pour les usagers. En fait, c’est pour notre bien, pour notre SE-CU-RI-TE.

Bon, concernant les vigiles, je suis très circonspect sur l’utilité de leur poste. Si j’en reviens au Bataclan, comme dans tout concert, il devait y avoir une équipe qui a fouillé les sacs et pratiqué la fouille au corps du public. Equipe qui n’a rien pu faire face au commando. À se demander à quoi peuvent servir ces très désagréables contrôles et palpations.
Dans un registre moins grave, ma collègue de bureau me racontait comment elle s’était fait voler portefeuille et téléphone à la caisse de son supermarché, sous le nez d’un vigile, qui n’a rien fait. Heureusement qu’on nous explique que c’est pour notre SE-CU-RI-TE, sinon, j’aurais de sérieux doutes.

En gros, on doit dans bien des circonstances présenter le contenu de son sac et accepter de se faire fouiller au corps par des individus n’ayant pas la compétence légale de police, ni même la compétence de sécurité… Mais c’est au nom de la SE-CU-RI-TE. Bon, les vigiles commettent un certain nombre d’erreurs de placement qu’une personne malveillante et pratiquant une technique de combat quelconque pourrait exploiter… Mais il paraît que leur présence et leur cinéma qui transforme l’entrée de lieux prestigieux en annexe de boites de nuit méditerranéennes, c’est pour notre SE-CU-RI-TE. Et bien sûr, tant pis pour l’intimité de nos affaires et le droit à la discrétion. Notre SE-CU-RI-TE, me rappelle-t-on. Hum, la méthode Coué ?

Ce qui est amusant, c’est qu’un article publié en 2018 dans le Canard Enchaîné épinglait les dérives, bizarreries et autres manquements de sociétés de sécurité : anciens délinquants qui se sont rachetés une conduite, comportement mafieux, abus de pouvoir, voies de fait etc. Qu’importe si l’on confie des missions de confiance à des individus pas toujours recommandables ni forcément compétents, c’est pour notre SE-CU-RI-TE ! C’est mieux que de ne rien faire, non ? Hum, étrangement, je ne me sens pas vraiment assuré avec ce genre d’arguments…

J’ai parfois l’impression d’observer un comportement religieux envers une idée, une sorte de « religion du risque zéro ». En gros, toute activité humaine doit être sûre, et sécurisée. Pardon, SE-CU-RI-SEE. Ainsi, en raison du risque d’allergie aux œufs, on ne doit plus enseigner la cuisine aux enfants, au nom de leur SE-CU-RI-TE. De même, en raison du risque d’attentat, on crée des attroupements dans des petites rues avec des personnes sur la chaussée pendant la rituelle fouille des sacs, mais on ne doit pas râler ni se sentir offusqué d’être traité au mieux comme du bétail, au pire comme un terroriste potentiel, car c’est pour notre SE-CU-RI-TE.

La moindre manifestation, le moindre événement doit faire l’objet d’un dossier complexe, au nom d’un idéal de SE-CU-RI-TE. Et gare à qui néglige cette question. J’ai ainsi vu un festival de bande dessinée annulé pour une obscure histoire de sécurité et de parking. Bon esprit, on annule une manifestation vieille de 30 ans au nom de la SE-CU-RI-TE, ce qui en dit long sur l’état d’esprit de nos dirigeants. Tant pis pour les retombées touristiques sur ce petit village, tant pis pour l’intérêt culturel et la grande fête annuelle. C’est pour notre SE-CU-RI-TE.
Paradoxalement, les Frères un peu plus âgés encouragent les jeunes à prendre des risques et à ne pas chercher de SE-CU-RI-TE. Donc, risque zéro pour les uns, et risque total pour les plus jeunes ? J’y réfléchirai et commettrai un autre billet avec ma mauvaise foi coutumière.

Par contre, la SE-CU-RI-TE quand on traverse une rue, c’est une autre histoire, visiblement.
En fait, je préférerais qu’on emploie ces vigiles à réguler la circulation, aider les piétons les plus fragiles à traverser et calmer les ardeurs des automobilistes, motocyclistes et cyclistes considérant la route comme leur territoire de jeu et le piéton comme rien. Ce serait plus valorisant pour eux, et pour le coup, une vraie mesure de sécurité, pardon de SE-CU-RI-TE. Ah, on me dit que ça s’appelle la police et que c’est une compétence qui lui est propre. On me dit aussi que comme partout, on manque de personnel pour assurer les vraies missions de sécurité. Ah, flûte alors. Et maintenant ? Faisons comme les Shadoks ! Inventons des machines de pompe et procédures pour protéger notre SE-CU-RI-TE, car « mieux vaut qu’il n’arrive rien en pompant que risquer qu’il n’arrive quelque chose de pire en ne pompant pas » et ainsi faire croire qu’on agit pour la SE-CU-RI-TE.

En fait, j’ai compris quelque chose! Pour être responsable de la sécurité, il faut être timoré ou pusillanime. La femme de lettres Cynthia Fleury dénonçait la fin du courage dans son ouvrage éponyme. Je constate avec peine qu’elle avait bien raison, même si, comme l’écrivait notre Frère Hugo Pratt, « il faut plus de courage pour vivre que pour mourir en héros ». Et avec des dirigeants pétochard, là, je ne me sens pas vraiment en SE-CU-RI-TE.

J’ai dit.

PS : j’espère que le Convent de mon Obédience calmera les plus ultras de la sécurité. Faire ressembler une Obédience à une boite de nuit de Madère, imposer des contrôles désagréables à l’entrée par des individus dont on n’est pas sûr et instaurer un climat de défiance et de ressentiment ? Non merci, même au nom de la SE-CU-RI-TE.

Le sens des symboles dans le monde d’aujourd’hui

Il existe une confusion courante entre le symbole et le signe. Pour certains, il s’agirait même d’un synonyme. Il n’en est rien du tout, car les deux ont des fonctions différentes et parfois complémentaires. Commençons par le signe, qui sert avant tout d’indicateur. Son objectif est de nous guider sur la voie de l’information, grâce à un interprétant visuel, auditif, kinesthésique ou olfactif. Dans son origine étymologique on retrouve des traces indo-européennes qui conduisent au verbe « suivre ». Pour résumer, disons que les chiffres, les lettres, les panneaux de circulation, les devises… sont des signes.

Même s’ils nous indiquent parfois la direction d’un lieu sacré, ils restent malgré tout dans le domaine profane. Prenons quelques exemples : les mots de passe en maçonnerie, le signe de croix effectué par les chrétiens, le serment au tribunal « Je le jure », etc. sont des preuves du caractère sacré de certains signes. Pourtant, même si certains signes sont porteur d’une forte « signification », ils ne recèlent en eux-mêmes aucune essence, ils remplacent simplement les mots pour le dire.

Parlons maintenant du sujet qui nous intéresse : le symbole. Dans toutes les Loges maçonniques, on retrouve entre autres, une équerre et un compas. Même s’il en existe des dizaines d’autres, ce sont des symboles par excellence. Parmi les plus familiers, au quotidien, on peut aussi citer la croix du Christ, l’étoile de David, le logo de Nike ou celui de Mc Donald. Même s’il est vrai, je vous l’accorde, que les deux derniers occupent la fonction de symbole lorsqu’ils sont porteurs des valeurs de la marque  et de signe lorsqu’ils sont placés sur le bord de la route pour indiquer le prochain magasin. Quant au compas symbole du ciel, de la spiritualité ou de l’infini chez le maçon, ce compas n’invite pas à action extérieure, mais plutôt à un mouvement intérieur : une introspection.

Pour mieux comprendre, retournons à la source du mot « symbole ». Il est issu du grec ancien « sumbolon » qui signifie « mettre ensemble », « joindre », « comparer ». Dans la Grèce ancienne, le sumbolon était le nom donné au morceau de poterie volontairement cassé, que deux contractants utilisaient pour servir de preuve de leur entente. Lorsque les deux personnages se retrouvaient un peu plus tard pour liquider la dette, chacun fournissait son morceau de poterie, qui devait parfaitement s’emboiter dans celui de son partenaire. C’était la reconnaissance d’une volonté commune, d’une projection de la conscience de deux êtres. Il pouvait aussi s’agir de mot de passe pour prouver son identité.

A la lumière de son histoire, nous comprenons aisément que le symbole prend toute sa valeur par le rapport social qui lui donne naissance. Prenons un exemple que tout le monde connait : « le Svastikas ». Il existait déjà en Ukraine il y a douze siècles. Ce symbole utilisé par de très nombreuses civilisations, y compris les chrétiens, signifie « ce qui porte chance ». Même si Adolphe Hitler a profané ce symbole, il reste malgré tout synonyme d’Harmonie dans certaines cultures extrême-orientales. Nous comprenons que le symbole est intrinsèquement porteur d’une énergie fragile qui doit être nourrie et protégée. Il s’agit d’une essence produite par la conscience des êtres humains qui lui portent intérêt.

Le langage des symboles opère de manière quasi magique, par un effet conjugué de transcendance et d’immanence. Les rituels sont la parfaite occasion de créer des liens intégrateurs avec les symboles. Le pratiquant peut ainsi s’imprégner du contenu symbolique et nourrir sa conscience, afin de cheminer sur la voie de la sagesse.

Quel est donc ce mécanisme étrange et invérifiable ? Imaginons, mille personnes qui choisissent de vénérer un nouveau culte et choisissent comme symbole de ralliement un ovale vert. On peut déjà observer que la forme sera un signe d’appartenance pour tous les témoins extérieurs de cette nouvelle pratique. Les non croyants resteront totalement hermétiques et impassibles en présence du « signe ». En revanche, pour tous les croyants de ce nouveau culte, cette figure géométrique aura une double action. Tout d’abord, elle se chargera chaque jour un peu plus d’une énergie catalysante des autres esprits humains impliqués. Elle sera en quelque sorte, porteuse des projections de chaque pratiquant.  Ensuite, chacun bénéficiera en retour du catalyseur, afin de révéler les potentiels spirituels et parfois même physiques pour certains croyants. Certains se demanderont : « ce que le physique vient faire là dedans ? » Pensons simplement à Lourdes. Depuis 1858, pas moins de 7 000 personnes déclarent avoir été guéris dans leur corps par le « symbole » Marie, mère du Christ pour les chrétiens. L’Eglise quant à elle n’en reconnait qu’un cas sur cent. Il reste quand même, que depuis un siècle et demi, 70 personnes ont officiellement été soignés par une grotte symbolique.

On peut noter que le symbole est parfois associé au fétiche. Le « feitiço » pour les portugais signifie « artificiel ». Il trouve ses racines dans le mot latin « facticius », qui veut dire destin. On comprend mieux ainsi le caractère presque superstitieux du fétiche. Le symbole pour sa part, s’appuie sur la conscience, je dirais même la foi intériorisée de ceux qui pratiquent. Pour faire simple, le fétiche est à la spiritualité ce que le Canada Dry est à l’alcool !

En résumé, les symboles qui nous entourent, diffusent en nous, tel des sachets de thé, des messages collectifs, qui sont les miroirs de notre conscience. C’est pourquoi, chaque chemin initiatique se dote d’un arsenal de symboles appropriés. Regardez bien, soyez attentifs, je suis certains que vous avez, vous aussi, des symboles familiers auxquels vous êtes attachés. Ça y est… le travail commence. Bonne route !

Igne Natura Renovatur Integra

J’étais en Loge hier soir, quand mes Frères et moi avons appris le drame de l’incendie de Notre-Dame de Paris. Comme beaucoup, j’étais sidéré, mais aussi fasciné par la soirée d’apocalypse que nous avons vécue. Mais malgré la sidération, nous avons travaillé. Certes, le cœur n’y était pas, loin de là. Nous avons tenu le coup, même si nous n’étions pas très chauds. La vraie force de la Maçonnerie, c’est de continuer le travail, quelles que soient les circonstances. Le secret des Loges et l’application du rituel nous permettent de nous protéger de l’agitation du monde profane, du moins en principe. Nous pouvons alors nous ressourcer et appréhender le monde de manière plus sereine, en contenant le bouillonnement de nos passions. Ca n’empêche pas d’être choqué, mais le choc passe plus vite.

On dit que Notre-Dame de Paris a en elle des secrets alchimiques. Cela me rappelle cette maxime alchimique, I.N.R.I, qui n’est pas le Titulus Cruci dont le sens est Ieschoua Nazaretum Rex Iudeorum (le parchemin sur la croix de Christ), mais bien Igne Natura Renovatur Integra, qu’on traduit ainsi « Par le feu, la nature se renouvelle entièrement ».
J’ai déjà vu (de loin) des feux de forêt dans le sud de la France. Des hectares de forêts de résineux réduites à l’état de cendres. Et pourtant, quelques années plus tard, ces forêts se sont relevées, plus radieuses que jamais, telles le Phénix renaissant de ses cendres. Tiens, encore un symbole alchimique !

Oui, la cathédrale a été dévastée. Oui, la toiture s’est effondrée. Oui, des œuvres d’art ont été irrémédiablement perdues. Oui, la flèche érigée par Viollet-Leduc s’est effondrée. Oui, la reconstruction sera difficile. Oui, la structure en pierre a souffert d’un chaud beffroi1. Oui, on peut (et c’est normal) pleurer la perte de ce monument. Mais on doit pouvoir se relever et se mettre au travail pour reconstruire ce qui a été détruit. La tâche sera ardue, car les techniques ont changé, les matériaux aussi.

Mais la France a toujours été un peuple d’ingénieurs et de techniciens. Nul doute que la cathédrale sera reconstruite, certes différente de celle qu’on a connue, mais reconstruite. Ce sera peut-être le chantier symbolique de notre génération : l’érection de la 3e flèche de Notre-Dame de Paris.

Il reste à espérer que la reconstruction sera dirigée par un architecte compétent, un nouveau Le Vau ou un nouveau Viollet-Leduc mais surtout pas un Jacques Pollaert 2. La complexité du monde, la création de normes parfois absurdes a engendré des experts dans des domaines variés : réseaux électriques, mécanique des solides, réseaux gaz, isolation, etc. La complexité juridique a engendré tout un secteur de bureaux d’études d’assistances divers, structures qui ont une forme parasitaire3, dont les avis souvent discordants ralentissent la bonne marche des travaux pour les maîtres d’ouvrage et les maîtres d’oeuvre, chacun prêchant pour sa paroisse. Les responsabilités sont tellement diluées qu’en chantier, il devient très difficile d’avoir une décision claire et lisible. Les choses se passaient-elles mieux au Moyen-Âge ? À l’époque des maçons opératifs, le Vénérable Maître dirigeait les travaux, les Surveillants surveillaient les Apprentis et Compagnons, et les secrets de métier se transmettaient dans le secret des loges et des cayennes. Et les bâtiments de pierre taillée sont toujours debout à travers les siècles, comme Notre-Dame de Paris. Pourra-t-on en dire autant des immeubles de bureaux qu’on élève un peu partout ?
Actuellement, les secrets de métier sont plus ou moins bien gardés, la Révolution française puis l’industrialisation du XXe siècle ayant enclenché un processus de normalisation, qui a contribué à sonner le glas des corporations et communautés de métiers. Certaines techniques, certains savoir-faire, comme l’établissement d’une charpente complexe peuvent avoir été perdus, mais peut-être qu’un ouvrage oublié dans une obscure bibliothèque contient des fragments de ces secrets perdus…

Ce que nous enseigne la destruction de Notre-Dame, c’est que rien n’est immuable. Absolument rien. Nous nous croyons immortels, nous pensons que notre œuvre nous survivra. Freud avait déjà relevé cette tension, entre la croyance entre notre immortalité et la conscience refoulée de notre mortalité. Cet incendie nous a rappelé que nous étions mortels, que notre œuvre sera un jour réduite en cendres ou en poussière. Cette idée nous est certes insupportable. Néanmoins, en tant qu’Initiés, nous savons et comprenons que nous sommes mortels. « Philosopher, c’est apprendre à mourir », nous dit Montaigne. L’Initiation étant une forme de philosophie, elle nous enseigne, par les mystères mais aussi les mistères4, que la vie a un commencement et une fin parfois brutale. Nous ne sommes que des hommes, donc limités. La vraie sagesse, c’est l’acceptation de ces limites, les nôtres et celles de nos œuvres.

Paradoxalement, la catastrophe du 15 avril constitue un « merveilleux malheur », pour reprendre l’expression du neuro-psychiatre Boris Cyrulnik. Nous avons perdu un joyau du passé. On peut se lamenter sur la perte subie, qui n’est que matérielle, puisqu’il n’y a eu, ô miracle, aucune victime. Mais on peut aussi se relever les manches et commencer à construire un joyau pour le futur. En psychiatrie, on parle de résilience. A nous d’être résilients et d’aider le Phénix à renaître de ses cendres.

Igne Natura Renovatur Integra.

J’ai dit.

1 Mauvais jeu de mot parfaitement assumé. Redde Caesari quae sunt Caesari, il s’agit aussi du titre d’une aventure de Léo Loden, écrite par Christophe Arleston.

2 Jacques Pollaert était l’architecte du Palais de Justice de Bruxelles. Les travaux qu’il a entrepris au XIXe siècle pour ériger cet édifice ont dévasté la commune de Marolles. Le ressentiment de la population fut tel qu’en patois bruxellois, le mot « architecte » est devenu une insulte, désignant une personne particulièrement incompétente, fate et arrogante.

3 Au sens étymologique du terme, para situm, qui se traduit par « manger à côté ». Il s’agit de structures qui profitent de marchés pour assister la maîtrise d’ouvrage, légalement considérée comme incompétente et non sachante.

4 Non, ce n’est pas une coquille ! Le mistère est un genre théâtral de l’époque médiévale.

De la loyauté

J’étais en Loge hier soir, et à l’occasion d’une cérémonie importante pour la vie de mon atelier, nous avons porté des santés. Dans notre jargon très imagé, nous parlons de «tirer une salve», avec la «poudre» (autrement dit le vin). En toute modération, bien évidemment. Déjà que notre démarche maçonnique nous rend sceptiques, il ne faudrait pas non plus développer des crises de foi!

Parmi les santés rituelles que nous tirons, il y en a une très importante, celle à la République Française. Et oui. Nous sommes loyaux envers la République, en dépit des bêtises diverses colportées par les complotistes obtus. Je parle bien de République, pas forcément du pouvoir.

En fait, la réalité historique est un peu plus subtile et plus complexe, car elle dépend du Rite pratiqué. Je vous invite à lire les travaux de l’historien et essayiste André Combes, qui apportent un éclairage sur ces liens. Si je devais résumer très vite ce que j’ai pu lire et observer, je dirais que les Maçons de Rite Français ont tendance à être proches du pouvoir, alors que les Maçons de Rite Ecossais Ancien et Accepté ont plutôt tendance à s’éloigner du pouvoir, voire à être opposés au pouvoir, quel qu’il soit. Travailler au Rite Français rendrait procyclique, alors que travailler au Rite Ecossais Ancien et Accepté rendrait contracylique.

Bien entendu, il faut bien distinguer fidélité aux institutions et rapport au pouvoir. Nous pouvons être employés par une institution ou une collectivité (ce qui est mon cas, en tant que fonctionnaire territorial), mais en aucun cas nous n’en sommes dirigeants par principe. Ni influenceurs. L’influence des grandes obédiences se limite à des conférences publiques, des communiqués de presse, et rien d’autre. On pense que les Francs-maçons ont encore un poids politique ou institutionnel. Si cela était vrai sous la IIIe République, il n’en est plus rien actuellement.

Quel que soit le Rite pratiqué, le rituel nous engage à adopter un comportement civil et loyal envers la République. Les serments que nous prononçons sont très explicites.

Mais quand nous voyons ce que nos dirigeants actuels font des institutions de notre pays, il y a de quoi s’alarmer, et s’interroger sur la portée de notre serment.

Ainsi, en écoutant les informations, j’ai entendu parler comme tout le monde de la privatisation des autoroutes et des scandales associés. J’ai aussi entendu parler de la future privatisation des barrages hydro-électriques 1. Des représentants de l’Etat bradent le patrimoine de notre pays à des entreprises déjà puissantes. Pire, les mêmes représentants offrent des installations stratégiques à ces mêmes entreprises. Sans compter la privatisation future de biens publics tels que l’école. Au nom de la dette, me dit-on d’un côté, et me dit-on de l’autre, au nom de l’Acte Unique Européen, signé en 1986, acte fondateur du marché unique et établissant entre autres le principe de concurrence libre et non faussée.

Concernant la dette publique, on écrit un certain volume d’idioties. Je vous invite à lire le Traité d’Economie hérétique de Thomas Porcher, qui permet de remettre les pendules à l’heure sur cette question. Je vous recommande également la Fête de la Dette, spectacle et barbecue annuels, animés par l’humoriste Christophe Alévèque à Paris, pendant lequel ce dernier explique à sa manière les tenants et aboutissants de l’économie. Au fil de ces lectures, vous comprendrez, je l’espère, que le principe de concurrence libre et non faussée ne peut pas fonctionner, et qu’utiliser des éléments de microéconomie dans un problème de macroéconomie relève d’une erreur très grave de raisonnement. Le problème est que cette erreur de raisonnement et l’idéologie associée (le néo-libéralisme et le national-libéralisme) sont les théories les plus enseignées dans les écoles, les lycées, les universitaires, les instituts politiques ou les écoles d’administration et par conséquent les plus répandues, ce qui en fait une doxa. Doxa impliquant des décisions au détriment des citoyens. Car ces choix techniques ont un impact majeur et réel sur le monde.

Soit les choix d’économie et de société sont fait dans l’ignorance crasse des réalités du monde (privatisation des autoroutes, destruction progressive des trains régionaux, abandon des services publics), soit ils sont faits au contraire en toute connaissance de cause… Quoi qu’il en soit, dans tous les cas, ce sont les citoyens qui trinquent en assistant impuissants à la dégradation organisée des services publics. Au nom de quoi ? On l’ignore…

Petit exemple : il devient impossible de faire la moindre démarche ferroviaire, comme renouveler un abonnement, changer ou acheter un billet de train dans les petites gares de campagne, les guichets étant fermés le week-end, et ouverts en semaine aux heures de bureau (et encore…). Sans compter l’état des trains ou des voies.

Or, et on tend à l’oublier, les services publics sont en France les institutions garantes de l’égalité citoyenne sur tout le territoire: accès aux soins pour tous, droit à la mobilité pour tous, égalité de traitement, etc.
L’universitaire Christopher Lasch écrivait dans son ultime opus, la Révolte des Elites, que la principale menace envers la démocratie était «le déclin ou l’abandon des institutions publiques dans lesquelles les citoyens se rencontrent en égaux». Je pense que les cris d’alarme lancés par les différents corps de fonctionnaires en souffrance ou les actualités récentes (fermetures de maternités, de tribunaux, de centres des impôts etc.) devraient nous avertir de ce qui gronde, peut-être plus que les cris de colère des Gilets Jaunes.

En fin de compte, nos dirigeants et représentants élus, avec parfois la complicité de leur administration, donnent l’impression d’utiliser leurs postes pour brader le patrimoine commun et démanteler les services publics dans le but de servir des intérêts particuliers ou de classe, au détriment de l’intérêt général (en dépit du fait qu’ils ont été élus pour ça).

Et si j’en reviens à ma réflexion sur la loyauté, s’il devait s’avérer que les dirigeants de la haute administration bradaient le patrimoine stratégique national à des intérêts privés en remerciement de cadeaux (ce qu’un juge pourrait qualifier de haute trahison) ou dévoyaient leurs mandats pour servir leurs intérêts propres et non l’intérêt général, mon serment de loyauté prendrait alors un goût bien amer…

Je pleure, mais j’ai dit.

Les Évangiles et leur horreur reniée par la Voie maçonnique

J’entends d’ici les hurlements : « Ce titre est provocateur, sans aucun fondement, contraire à la Tradition » Et j’entends aussi tous les maçons qui dévorent les livres érudits sur les origines de la Franc-maçonnerie crier : « À l’imposteur ! depuis longtemps les historiens ont minutieusement détaillé toutes les origines bibliques qui, prouvent, sans discussion, que la Maçonnerie est bien fille de la culture judéo-chrétienne inscrite dans ces livres sacrés ». J’ai bien entendu et je parie, mon Frère, ma Sœur que tu es probablement un de ces croyants. Même si notre Frère à la pensée si profonde Jean Mourgues a déclaré : « La Franc-maçonnerie n’a pas d’histoire puisqu’elle est universelle ».

J’ajouterai, que dans sa lignée libérative, celle de demain,la Voie maçonnique s’est échappée des emprises culturelles vieillottes des livres dits « saints » Lesquelles ont eu et ont toujours des conséquences effrayantes sur nos croyances . Certaines d’entre elles ne sont toujours pas mises en examen, depuis la naissance de cette religion. Pas meilleures que dans d autres religions, parfois pires cependant. Des croyances, des a priori, des préjugés mais si arrangeants pour la nébuleuse doctrinaire et autoritaire des masses. Et si déculpabilisants !
Il est temps que je m’explique sur mon blasphème. Et pour cela je vais recourir à deux de mes concepts-clés 1) la nature-culture et )2 l’amourhaine. (J. Lacan avait formulé le mot hainamour bien avant que je ne le réinvente). Et, à chaque fois, bien sûr, je me resserrerai sur notre Voie Maçonnique. Je dégagerai ainsi ses gènes libertaires qui devraient – c’est mon avis- nous inspirer.

  • La nature et la culture.Les hominidés, par prétention, entre mille autres, biblique, se croient le centre du monde et se nomment l’ « humanité » . De ce fait ils confondent depuis toujours ce qui chez eux, ressortit à la nature et ce qui dépend de la culture qui habille cette nature. Quelques philosophes depuis l’Antiquité avaient pressenti cette confusion. Elle devint une croyance centrale à l’époque classique et particulièrement au siècle des Lumières : Une bonne éducation, de la conscience, de la raison, de la bonne volonté…bref de la vertu et le tour est joué pensait-on alors. Les Francs-Maçons en particulier qui n’ont guère suivi l’évolution culturelle de l’humain s’accrochent toujours à cette conception qu’ils considèrent comme une évidence., la fameuse Tradition. En outre, ils repoussent (je me rappelle les réactions outrées quand, dans les conférences, j’évoquais Freud et ses successeurs !) la puissance considérable de l’inconscient. Résultat : des valeurs et des principes dépassés et des interrogations, enfin, sur l’évolution de l’Ordre.

Cette confusion entre ce qui ressortit à la nature et ce qui tient à la culture nous a fait croire et écrire des bêtises, à mon sens. C’est ainsi que le support de notre voie initiatique est d’abord la Bible, livre sacré de beaucoup d’entre nous. Des historiens se sont échinés à interpréter et à réinterpréter les moindres détails qui trouveraient leur origine dans ces pages qui, à d’autres titres, sont effectivement un beau témoignage dépassé d’une période  de l’humanité..

Mais, en complément d’autres articles que j’écrirai sur les relations entre la chrétienté et la franc-maçonnerie, je vais centrer le propos sur un des problèmes majeurs, sinon  LE problème des hominidés : l’agressivité logée dans le complexe « amourhaine », une de nos spécificités animales. Il n’est pas une voie, religieuse, initiatique, occulte…qui ne propose, mezzo voce, sa vision de la chose innommable souvent, nécessaire pourtant. Je vais me limiter à la comparaison entre les Évangiles et la Voie maçonnique. Comment chacune d’entre elles, traite-t-elle, dans sa culture, cet « amour-haine » naturel ?Et je montrerai que dans cette comparaisons, à mon avis, les deux chemins religieux et initiatique sont radicalement différents. Quoiqu’en pensent les historiens patentés, aveuglés par leur propre culture chrétienne, même s’ils se déclarent athées. La cruauté chrétienne est annoncée dès les premières pages de la Bible quand Abraham, le père, s’apprête à sacrifier son fils Isaac. Blanc-seing pour les Évangiles comme nous allons l’examiner maintenant, en comparaison avec la doxa maçonnqie.

  • L’« amour-haine » selon les deux chemins

Commençons par la Voie maçonnique. La haine se déploie dans le meurtre perpétré par les trois « mauvais » compagnons . A priori ils vénèrent, s’ils n’aiment, Hiram Abi, Hiram le père que l’hagiographie maçonnique ne cesse de nous présenter comme un surhomme, modèle de vertu. Voilà pour l’amour. Mais ils sont dévorés comme beaucoup de mâles humains par ce que Daniel Béresniak appelait « la cratophilie », l’amour du pouvoir. Plus précisément le désir d’avoir plus que le voisin, à savoir les autres compagnons.  Les expériences, depuis 20 ans, montrent bien que l’humain est, en partie, mu par le désir d’avoir plus que son voisin qu’il estime comparable. La jalousie a désormais des preuves scientifiques mais je n’entre pas dans les détails sauf à préciser que, bien entendu, beaucoup prétendent qu’ils ne sont en aucune façon jaloux. Ce que démentent les actes des trois compagnons qui ont pour vocation, puisque nous sommes dans un mythe, d’être généralisables. En bref, ils tuent donc, non pas parce qu’ils détestent Hiram Abi, mais pour lui arracher un mot qui leur permettra d’avoir plus que les autres. Pas de ressort meurtrier au premier plan. C’est, je crois clair et simple.

C’est une toute autre histoire avec les Évangiles qui recèlent une des pires horreurs de l’histoire des hominidés. Le mélange amourhaine est d’une hypocrisie monstrueuse. En effet, après la description de la vie de Jésus, surtout dévolue au bien ; à l’amour donc, à l’exception près des marchands du temple, arrive la fin de l’Homme juste : Un florilège de tortures : le jugement, la flagellation, la couronne d’épines, la montée au calvaire et, l’abominable à hurler, la crucifixion de cet homme vivant. Raffinement des raffinements dans la cruauté : le sadisme à faire souffrir lentement, en déchirant les chairs.

Les plus curieux est que, dans notre société chrétienne, personne, à ma connaissance, ne semble s’être ému de cette abomination. Comme si cela, au fond, arrangeait et déculpabilisait chacun de la haine qu’il porte. Et personne ne dénonce l’entourloupe : si Jésus souffre atrocement dans ses chaires pantelantes et ruisselantes c’es par amour pour nous. En bref, allons-y, au nom de l’amour hypocrite, soyons cruels. On sait ce les conséquences d’une telle position  où l’amour est un vêtement de soie artificielle posée sur le désir noir de la cruauté. Tuer abominablement l’autre pour préserver la « pureté » de ses blanches intentions. Blanc-seing au racisme.  Le XXème siècle fut un chef d’œuvre des fresques abominables de la geste humaine. Il ne s’agit pas simplement de se débarrasser de son voisin, de son esclave, d’un peuple, d’une ethnie par convoitise mais du désir de faire souffrir.
Il est incroyable que cette évidence de la  jouissance sadique soit acceptée par les plus bigots et, généralement, par le peuple des bien-pensants, quasiment nous tous, et nos philosophes les plus incroyants, les premiers. Y trouvent-ils également leur jouissance intérieure ? Je le crois volontiers. Les Francs-maçons ne sont pas les derniers , en prêchant la tolérance des religions mais en occultant soigneusement l’horreur de la chair déchirée, au nom de l’amour, de Jésus.

Cette combinaisons amour-haine atteint, avec le christianisme,  une ampleur moins hurlante dans maintes autres religions. C’est le cœur en paix, que nous condamnons ceux qui, aujourd’hui, ne font que reprendre, dans leur idéologie, la cruauté de la torture. Quelles que soient les arguties des bien-pensants du genre : ‘il faut lire la crucifixion différemment ; c’est une autre époque ; c’est par amour pour le père… » Bonjour la mise en acte du complexe d’Œdipe !

Quelle morale personnelle ? une des plus grandes forfaitures humaines est passée sous silence car elle assouvit nos désirs les plus noirs et naturels. Les victimes mêmes (je songe aux juifs) n’y font guère allusion. La Voie maçonnique propose une autre lecture de l’amourhaine : Nous sommes tous capables de tuer pour avoir plu et nous l’admettons souvent en tenue. C’est paradoxalement un progrès sur l’ignorance, l’hypocrisie et le fanatisme. Mais, si je me rappelle bien le 9èmedegré du REAA ne préconise-t-il pas de chatouiller un peu les trois mauvais compagnons en leur coupant la tête et en l’exposant aux coins de la ville ?

La nature c’est l’amour-haine. La culture, c’est la cruauté ;Sauvons la Franc-maçonnerie ! Revenons aux fondamentaux naturels et abandonnons notre morne complaisance à la très pieuse crucifixion..

L’humour fait la gueule

Depuis quelques temps, nous observons que les standards de tolérance dans le domaine de l’humour sont en cours de révision à la baisse !

Comme il m’arrive souvent d’utiliser cet outil, j’en profite pour poser mes propres bases et définir mes propres règles. Cela me donnera une antériorité lorsque des esprits taquins viendront me chercher des noises pour quelques grivoiseries écrites ou quelques autres calembours douteux.

D’abord, définissons ce qu’on entend par humour. Selon le dictionnaire Larousse il est dit qu’il s’agit d’une « Forme d’esprit qui s’attache à souligner le caractère comique, ridicule, absurde ou insolite de certains aspects de la réalité ; marque de cet esprit dans un discours, un texte, un dessin, etc. »

En résumé, c’est faire le pas de côté, prendre du recul et créer ainsi un espace entre l’émotion d’une situation et la narration plus ou moins habile du conteur, de l’auteur ou du mime, enfin de l’artiste en somme.

Depuis toujours, nous nous esclaffions de rire aux blagues des Coluche, Desproges, Bedos, Devos, Robin, Bigard… et plus récemment de Benoist, Commandeur ou Tagbo. Tout était sujet, très librement, à un exercice d’étirement des zygomatiques. Même en Loge ou sur les parvis, on pouvait s’autoriser à un petit morceau de rigolade ou de transgression humoristique.

Mais voila, depuis quelques temps, les blagues, comme le beurre et le camembert sont frappés d’une date de péremption. Ce qui faisait rire depuis 30 ans, devient proscrit car provocateur. L’autocensure s’en mêle et le rire devient une activité fortement réglementée, nécessitant l’assistance permanente d’un avocat. Il m’a donc semblé utile de faire un constat et un point sur cet état de fait. Je propose d’ouvrir le débat afin qu’une résistance active s’organise pour ne pas laisser les adeptes de la vraie rigolade sombrer dans les abîmes du conformisme de l’Anglosphere et du politiquement correct, celui issu de la culture sans saveur et sans racine de l’Oncle Sam.

Lorsque Coluche nous dit à propos du viol de Monique : « Je l’ai pas violée. Pas plus que les autres. Et puis, violer c’est quand on veut pas. Moi, je voulais… », n’est-ce pas une provocation qui ressemble à une apologie du viol ? Cette provocation aurait conduit en 2019 le Sieur Colucci devant les tribunaux. C’est une blague du même style qui a valu à Bigard le 11 février dernier la vindicte de 1500 justiciers auprès du CSA. Voila qu’une blague vieille de 30 ans devient insupportable. La date de péremption des blagues non autorisées va bientôt devoir être apposée sur les génériques et autres pochettes. Par solidarité pour son « non ami de 30 ans », Muriel Robin enfonce le clou, elle explique : « être très engagée auprès des femmes battues et violées » elle dit que : « vis-à-vis de ces victimes, son devoir était de signer une pétition qui dit qu’on ne peut pas rire du viol ». C’est original comme démarche intellectuelle de la part d’une humoriste de profession. A quand un collectif de sénégalais qui attaque en justice Muriel Robin pour son célèbre sketch qui dit : « …Tous ces noirs d’un coup, d’un seul, t’as pas peur que ça fasse un peu deuil pour un mariage… ». Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais il serait peut-être possible d’envisager que l’esclavage et le racisme anti-africains aient fait quelques victimes aussi, non ?

Par ailleurs, le côté récupération est à l’œuvre dans toute sa splendeur, car c’est occulter que la violence sexuelle n’est pas une exclusivité féminine, puisque les chiffres nous disent qu’en 2016, rien qu’en France, 580 000 femmes et 197 000 hommes de 20 à 69 ans ont été victimes de violences sexuelles[1]. Il serait donc utile d’éviter la désinformation et de parler de « victimes » au sens large, plutôt que de « femmes » pour présenter une fois de plus la femme comme un être sans défense qu’il conviendrait de sauvegarder avant sa disparition de la surface du globe.

Revenons aux blagues. Si les histoires juives deviennent une exclusivité juive, idem pour toutes les blagues communautaires ou encore celles considérées comme sexistes, de quoi allons-nous rire ? Si l’humour doit passer systématiquement par le préservatif du politiquement correct, que va t’il rester de la spontanéité qui en constitue l’essence ?

A force de polariser sur tous ces dangereux arabes et autres noirs qui « viennent manger le pain des français »[2], on a tout simplement oublié de verrouiller la porte de l’Ouest. On a ainsi laissé entrer par tous les trous et tous les canaux la culture américaine (quoi que ce mot de culture n’est peut-être pas très approprié). Comme le disait très justement Albert Einstein : « Les Etats-Unis d’Amérique forment un pays qui est passé directement de la barbarie à la décadence, sans jamais avoir connu la civilisation. » Nous craignions l’envahisseur Allemand, puis le Bolchévique, maintenant nous redoutons ceux du sud, mais personne ne voit venir celui qui vient de l’Ouest. Notre culture est désormais totalement colonisée. Nos standards musicaux, cinématographique, culinaires, vestimentaires, linguistiques… tout y passe. Sans y prendre garde, nous devenons les esclaves d’une pensée qui ne nourrit pas la notre.

Lorsque les critères de vie en société mutent peu à peu pour s’adapter à ceux de l’oncle Sam, il y a lieu de s’inquiéter fortement. Prendre des boucs émissaires pour des blagues qui ont pourtant fait rire nos grands parents et nos parents est une alerte qu’il faut entendre. Le danger de vient pas de la blague, mais bien de ce qui la rend désormais insupportable.

En résumé, certains se plaisent à citer Pierre Desproges lorsqu’il disait qu’ « on peut rire de tout mais pas avec n’importe qui ». Selon moi, c’est totalement faux. Cela voudrait dire qu’avant de faire une blague, nous devrions nous enquérir de ceux qui l’écoutent ? Devrions-nous bientôt écrire des livres IKEA avec des pans entiers amovibles qu’on pourra supprimer ou rajouter si les idées ne sont pas supportables par tel ou tel lecteur suivant sa culture ou son histoire ? Tout cela est une folie qui va tous nous conduire tout droit à notre propre perte. L’humain se nourrit de ses différences et vouloir l’uniformiser, c’est le rendre vulnérable et promis à une disparition prochaine.

L’humour plus que tout autre art, doit pouvoir s’exercer auprès de tous les publics et toutes les communautés. Je ne revendique pas le droit à imposer des blagues douteuses à un public sensible durant des heures de grande écoute. Il suffit pour le programmeur de la chaîne de sélectionner l’humoriste suivant le profil de son public. Je revendique le droit à l’art, le droit à l’expression, le droit à la différence et surtout, le droit à la complémentarité humaine !

J’ai volontairement gardé pour la fin la recette magique qui permet de mettre tout le monde d’accord. La question de l’universalité de l’humour est un sophisme qu’il convient de lâcher au plus tôt. Le vrai problème est ailleurs, le souci principal n’est pas la nature de la blague, mais plutôt l’intention de son narrateur. Pourquoi Coluche pouvait-il parler ainsi des arabes selon vous ? Pourquoi Desproges pouvait-il démarrer son sketch par ces mots : « On me dit que des Juifs se sont glissés dans la salle ?

Vous pouvez rester. N’empêche que. On ne m’ôtera pas de l’idée que, pendant la dernière guerre mondiale, de nombreux juifs ont eu une attitude carrément hostile à l’égard du régime nazi… »

Parce que l’un comme l’autre étaient dans l’humour dans ce qu’il a de plus intense, c’est-à dire que chacun comprend que l’intention de l’humoriste est à l’opposé des paroles qu’il prononce. A vouloir polir et formater notre humour, nous allons tomber dans un conformisme qui finira d’achever l’œuvre entreprise par le marchandisage de notre société. La prochaine fois que vous entendrez un humoriste, faites moi plaisir, lâchez les préjugez et connectez-vous à l’intention du narrateur, vous verrez qu’on n’entend plus du tout les blagues de la même manière. À tchao, bonsoir.

Franck Fouqueray

[1] Référence le Monde du 18 octobre 2017 : http://tinyurl.com/violencessexuelles2016

[2] Référence à Fernand Raynaud et son célèbre sketch « Le douanier »