mar 10 décembre 2024 - 00:12

Le sens des symboles dans le monde d’aujourd’hui

Il existe une confusion courante entre le symbole et le signe. Pour certains, il s’agirait même d’un synonyme. Il n’en est rien du tout, car les deux ont des fonctions différentes et parfois complémentaires. Commençons par le signe, qui sert avant tout d’indicateur. Son objectif est de nous guider sur la voie de l’information, grâce à un interprétant visuel, auditif, kinesthésique ou olfactif. Dans son origine étymologique on retrouve des traces indo-européennes qui conduisent au verbe « suivre ». Pour résumer, disons que les chiffres, les lettres, les panneaux de circulation, les devises… sont des signes.

Même s’ils nous indiquent parfois la direction d’un lieu sacré, ils restent malgré tout dans le domaine profane. Prenons quelques exemples : les mots de passe en maçonnerie, le signe de croix effectué par les chrétiens, le serment au tribunal « Je le jure », etc. sont des preuves du caractère sacré de certains signes. Pourtant, même si certains signes sont porteur d’une forte « signification », ils ne recèlent en eux-mêmes aucune essence, ils remplacent simplement les mots pour le dire.

Parlons maintenant du sujet qui nous intéresse : le symbole. Dans toutes les Loges maçonniques, on retrouve entre autres, une équerre et un compas. Même s’il en existe des dizaines d’autres, ce sont des symboles par excellence. Parmi les plus familiers, au quotidien, on peut aussi citer la croix du Christ, l’étoile de David, le logo de Nike ou celui de Mc Donald. Même s’il est vrai, je vous l’accorde, que les deux derniers occupent la fonction de symbole lorsqu’ils sont porteurs des valeurs de la marque  et de signe lorsqu’ils sont placés sur le bord de la route pour indiquer le prochain magasin. Quant au compas symbole du ciel, de la spiritualité ou de l’infini chez le maçon, ce compas n’invite pas à action extérieure, mais plutôt à un mouvement intérieur : une introspection.

Pour mieux comprendre, retournons à la source du mot « symbole ». Il est issu du grec ancien « sumbolon » qui signifie « mettre ensemble », « joindre », « comparer ». Dans la Grèce ancienne, le sumbolon était le nom donné au morceau de poterie volontairement cassé, que deux contractants utilisaient pour servir de preuve de leur entente. Lorsque les deux personnages se retrouvaient un peu plus tard pour liquider la dette, chacun fournissait son morceau de poterie, qui devait parfaitement s’emboiter dans celui de son partenaire. C’était la reconnaissance d’une volonté commune, d’une projection de la conscience de deux êtres. Il pouvait aussi s’agir de mot de passe pour prouver son identité.

A la lumière de son histoire, nous comprenons aisément que le symbole prend toute sa valeur par le rapport social qui lui donne naissance. Prenons un exemple que tout le monde connait : « le Svastikas ». Il existait déjà en Ukraine il y a douze siècles. Ce symbole utilisé par de très nombreuses civilisations, y compris les chrétiens, signifie « ce qui porte chance ». Même si Adolphe Hitler a profané ce symbole, il reste malgré tout synonyme d’Harmonie dans certaines cultures extrême-orientales. Nous comprenons que le symbole est intrinsèquement porteur d’une énergie fragile qui doit être nourrie et protégée. Il s’agit d’une essence produite par la conscience des êtres humains qui lui portent intérêt.

Le langage des symboles opère de manière quasi magique, par un effet conjugué de transcendance et d’immanence. Les rituels sont la parfaite occasion de créer des liens intégrateurs avec les symboles. Le pratiquant peut ainsi s’imprégner du contenu symbolique et nourrir sa conscience, afin de cheminer sur la voie de la sagesse.

Quel est donc ce mécanisme étrange et invérifiable ? Imaginons, mille personnes qui choisissent de vénérer un nouveau culte et choisissent comme symbole de ralliement un ovale vert. On peut déjà observer que la forme sera un signe d’appartenance pour tous les témoins extérieurs de cette nouvelle pratique. Les non croyants resteront totalement hermétiques et impassibles en présence du « signe ». En revanche, pour tous les croyants de ce nouveau culte, cette figure géométrique aura une double action. Tout d’abord, elle se chargera chaque jour un peu plus d’une énergie catalysante des autres esprits humains impliqués. Elle sera en quelque sorte, porteuse des projections de chaque pratiquant.  Ensuite, chacun bénéficiera en retour du catalyseur, afin de révéler les potentiels spirituels et parfois même physiques pour certains croyants. Certains se demanderont : « ce que le physique vient faire là dedans ? » Pensons simplement à Lourdes. Depuis 1858, pas moins de 7 000 personnes déclarent avoir été guéris dans leur corps par le « symbole » Marie, mère du Christ pour les chrétiens. L’Eglise quant à elle n’en reconnait qu’un cas sur cent. Il reste quand même, que depuis un siècle et demi, 70 personnes ont officiellement été soignés par une grotte symbolique.

On peut noter que le symbole est parfois associé au fétiche. Le « feitiço » pour les portugais signifie « artificiel ». Il trouve ses racines dans le mot latin « facticius », qui veut dire destin. On comprend mieux ainsi le caractère presque superstitieux du fétiche. Le symbole pour sa part, s’appuie sur la conscience, je dirais même la foi intériorisée de ceux qui pratiquent. Pour faire simple, le fétiche est à la spiritualité ce que le Canada Dry est à l’alcool !

En résumé, les symboles qui nous entourent, diffusent en nous, tel des sachets de thé, des messages collectifs, qui sont les miroirs de notre conscience. C’est pourquoi, chaque chemin initiatique se dote d’un arsenal de symboles appropriés. Regardez bien, soyez attentifs, je suis certains que vous avez, vous aussi, des symboles familiers auxquels vous êtes attachés. Ça y est… le travail commence. Bonne route !

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Franck Fouqueray
Franck Fouqueray
Fondateur du Journal 450.fm en 2021 - Président des Éditions LOL depuis 2016 - Auteur de nombreux ouvrages maçonniques. Parmi ses nombreuses activités, on peut noter qu'il est fondateur du réseau social maçonnique On Va Rentrer qui regroupe plus de 6 500 Frères et Soeurs. Il est aussi le créateur du premier Festival d'humour maçonnique de Paris. Il a présidé de 2017 à 2022, la Fraternelle des écrivains maçonniques. En 2024, il a lancé le Premier Monastère Maçonnique Laïc (Manoir d'Hiram - Thouars 79) pour accueillir les retraites maçonniques.

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