Nous vous prions de bien vouloir trouver ci-dessous la biographie de notre Très Cher et Bien-Aimé Frère Antoine Faivre (1934-2021) telle que nous l’avons publiée, en partie, dans le « Livre 300 » de la Grande Loge Nationale Française. Obédiences au sein de laquelle il avait été régularisé en 1984.
In Memoriam.
Attaché de Recherches au C.N.R.S. 1965-1969. Professeur d’université en ‘Techniques d’Expression’ à Paris-XIII 1969-1972, ensuite en ‘Études Germaniques’ (Bordeaux-III puis Rouen, 1972-1991). En 1979, nommé à la Direction d’Étude ‘Histoire des courants ésotériques et mystiques dans l’Europe moderne et contemporaine’ (École Pratique des Hautes Études, Section des ‘Sciences Religieuses’). Nommé Professeur Émérite de cette institution à compter de 2002. Nombreuses ‘missions’ scientifiques en France et à l’étranger ; par exemple, quatre nominations – deux semestres et deux trimestres – en tant que Visiting Professor à l’université de Berkeley (Section de ‘Religious Studies’, et de ‘Germanistics’) dans les années 1980 et (pour un semestre en 2015) en tant que Professeur invite à l’École Polytechnique de Zurich .
Antoine Faivre était membre de la Respectable Loge « Les Antients » N° 549 (Rite Écossais Rectifié), à l’Orient de Paris, de la Grande Loge Nationale Française.
Ouvrages (outre plus d’une centaine d’articles divers). Un certain nombre d’entre eux ont été traduits en une ou plusieurs langues, ce qui ne figure pas dans la présente liste :
Kirchberger et l’Illuminisme du XVIIIè siècle (La Haye : Nijhoff, 1965);Eckartshausen et la théosophie chrétienne (Paris : Klincksieck, 1969) ; Mystiques, Théosophes et Illuminés au siècle des Lumières (Hildesheim: G. Olms, 1977) ; Les Contes de Grimm: mythe et initiation ; Paris : Minard (‘Topologie de l’Imaginaire’), 1979 ; The Golden Fleece and Alchemy (Albany [NY], SUNY Press, 1993) ; The Eternal Hermes : From Greek God to Alchemical Magus (Grand Rapids [Mi]: Phanes Press, 1995 ;Philosophie de la Nature. Physique sacrée et théosophie, XVIIIè-XIXè siècles (Paris : Albin Michel (‘Idées’), 1996); Accès de l’ésotérisme occidental, Paris : Gallimard (‘Bibliothèque des Sciences Humaines’), t. I, 1996 (2é éd.), et 2000 (2é éd.) ; L’Ésotérisme (Paris : Presses Universitaires de France (‘Que Sais-Je?’), 2012, 5th ed..
Activités éditoriales diverses :
Directeur des collections (45 volumes depuis 1977) Cahiers de l’Hermétisme et Bibliothèque de l’Hermétisme (Paris : Albin Michel / Dervy). Co-éditeur (co-editor) : avec Wouter J. Hanegraaff, Roelof van de Broek et Jean-Pierre Brach, du Dictionary of Gnosis and Western Esotericism (Leyde etc. : E. J. Brill, 2005) ; et (de 2002 à 2010) avec Wouter J. Hanegraaff et Nicholas Goodrick-Clarke, de Aries: Journal for the Study of Western Esotericism. Également co-editor de nombreux ouvrages collectifs (Actes de Colloques, pour la plupart). Anciennement membre du Comité editorial de la revue US Religion, et du Steering Committee du ‘Western Esotericism Group’ de l’American Academy of Religion.
Prix et distinctions :
Palmes Académiques (01/1989) ;
Titre de Reconnaissance de la Nation (07/1995) ;
Ordre National du Mérite, 10/2009.
Engagement militaire :
Officier de Réserve IRAT (jusqu’au grade de Commandant). De 1969 à 1991, nombreux exercices en France et en Allemagne.
Sur le sitehttps://www.glnf.fr/, écoutez son discours prononcé à la RL Loge Nationale de Recherche Villard de Honnecourt N° 81, don’t le TVF Antoine Faivre était member honoraire, rubrique “Les Voix de Villard”, podcast Antoine Faivre.
“Réflexions à propos de deux « Lumières » constitutives de l’histoire maçonnique” avait été le titre de la contribution d’Antoine Faivre à « Trois cents ans de franc-maçonnerie » (Éd. Dervy, 2017), dit “Livre 300”, de la GLNF/Loge Nationale de Recherche Villard de Honnecourt, prix IMF 2017, catégorie « Spécial Tricentenaire ».
« Gémissons, Gémissons mais Espérons ». « Espérons, Espérons en confiance, Espérons en confiance et en sérénité ! » Puisse Dieu, l’Être Éternel, le Très Haut, Grand Architecte de l’Univers, accueillir ce digne Fils de la Lumière en Sa demeure céleste où, désormais, il résidera en paix.
Alors qu’Eric Zemmour déclarait sa candidature au moyen d’un document présenté sur YouTube, prônant la réconciliation de Pétain et de De Gaulle.
Joséphine Baker au Panthéon ou le patriotisme cosmopolite immortalisé
Alors qu’Éric Zemmour déclarait sa candidature au moyen d’un document présenté sur YouTube, prônant la réconciliation de Pétain et de De Gaulle, la détestation des étrangers, le président Macron choisissait la personnalité de Joséphine Baker, artiste américaine de couleur, résistante gaulliste et mère adoptive d’une « famille arc-en-ciel » . À l’occasion de cette entrée au Panthéon, le président Macron a prononcé le mardi 30 novembre un discours émouvant et juste.
Elle se sentait libre à Paris
Pour le Président Macron, il s’agissait de prôner une sorte de communion unitaire à l’occasion de cette cérémonie hautement symbolique. Freda Josephine McDonald dite Joséphine Baker était originaire de l’un des états les plus racistes des États-Unis, le Mississipi où elle voit le jour en 1906. Ses origines sont afro-américaines, amérindiennes et espagnoles. Après une petite enfance passée à travailler comme domestique, elle est mariée à 13 ans qu’elle quitte bientôt. Elle décide alors de tenter sa chance dans le music-hall. À seize ans, elle gagne la France et en 1925 passe en première partie de la Revue nègre. Elle écrira son bonheur de vivre dans une France qui n’est pourtant pas débarrassée des préjugés racistes, mais qui ne pratique pas l’apartheid : « Un jour, j’ai réalisé que j’habitais dans un pays où j’avais peur d’être noire. C’était un pays réservé aux Blancs. Il n’y avait pas de place pour les Noirs. J’étouffais aux États-Unis. Beaucoup d’entre nous sont partis, pas parce que nous le voulions, mais parce que nous ne pouvions plus supporter ça… Je me suis sentie libérée à Paris ». Dans ses spectacles, elle joue d’une façon drolatique ce qui est pour elle une façon de se moquer des racistes. Dotée d’une personnalité explosive, elle devient l’égérie des cubistes et favorise l’ascension du jazz en France. Mais elle se bat aussi aux États-Unis pour l’émancipation du peuple noir. Elle participe ainsi au mouvement de Renaissance de Harlem dont les lieux emblématiques sont le Cotton Club ou l’Apollo Theater. Amie en France du peintre Fernand Léger, de l’écrivain Georges Simenon, elle devient une des personnalités les plus connues du music-hall français. En 1937, elle acquiert la nationalité française. Elle adhère à la Ligue internationale contre l’Antisémitisme, antisémitisme dont est victime son propre mari. Deux ans plus tard, elle devient un agent du contre-espionnage français puis après la défaite de 1940, elle entre dans les services secrets de la France libre remplissant des missions extrêmement dangereuses. Elle sera à ce titre décorée de la médaille de la Résistance et recevra les insignes de la Légion d’honneur et la Croix de guerre.
Une famille arc-en-ciel
Victime de la ségrégation raciale aux États-Unis où elle retourne en 1947, elle participe à une campagne internationale contre l’acquittement de deux assassins du Ku Klux Klan d’un jeune Noir dans le Mississippi. Le 6 mars 1960, elle est initiée au sein de la loge maçonnique La nouvelle Jérusalem de la Grande loge féminine de France. Soutien de Fidel Castro, elle est chargée d’une mission par le Général de Gaulle qui lui dit publiquement son amitié et son admiration. Dans l’impossibilité d’avoir des enfants, elle en adopte douze nés dans tous les continents de la planète qu’elle appelle sa tribu arc-en-ciel. « Cette famille permit à Joséphine Baker de prouver aux yeux du monde que les couleurs de peau, les origines, les religions pouvaient non seulement cohabiter, mais vivre en harmonie », a fort justement remarqué le Président Macron. Elle décède à 68 ans et est enterrée à Monaco. C’est donc une sorte de cosmopolitisme heureux qu’incarne cette « grande femme » qui parlait de la France comme de sa patrie. Mais Joséphine Baker est aussi une formidable démonstration de résilience humaine. Enfant battue, violée, victime du sexisme et du racisme, elle a su imposer sa magnifique personnalité dans une France qui n’a plus vu en elle qu’une femme exceptionnelle. Combattante pour les droits civiques aux côtés de Martin Luther King, pour la liberté aux côtés du général de Gaulle. D’une certaine façon, Joséphine Baker fut la démonstration qu’il existait une communauté française de destin capable d’imaginer un patriotisme cosmopolite. Elle fut une « noire défendant les Noirs, mais d’abord femme défendant le genre humain », a insisté le président Macron mettant l’accent sur « l’universalisme » et « l’égalité de tous avant l’identité de chacun », que prônait Joséphine Baker.
Dans sa Newsletter du 14 courant, la Grande Loge des Cultures et de la Spiritualité (GLCS) nous convie, en téléconférence, à une Tenue Blanche Solsticiale, le mardi 21 décembre 2021 à 20h, sur :
Nous invitons à prendre connaissance de l’éditorial du Grand Maître Christine Sauvagnac.
Christine Sauvagnac, Grand Maître de la Grande Loge des Cultures et de la Spiritualité
« Éditorial solsticial
Mes biens aimés S:. et F:., mesdames, messieurs, amies, amis,
Nous y sommes, nous parvenons enfin au renouveau qu’annonce le solstice d’hiver ! En ce jour de fête, j’espère que vous vivrez quelque chose de fort et de joyeux. Mais ce nouveau soleil, ce neo-helios qui va grandir, est également une espérance que nous formons au plus profond de nous-mêmes pour la projeter sur la société, au sortir tant espéré d’une période qui a fait chavirer nombre de nos certitudes.
Nous avons un besoin vital de ce renouveau, chacun et la société tout entière, le besoin urgent d’un renouveau initiatique, c’est-à-dire de retrouver foi, d’initier de nouveaux chemins pour dépasser tout ce qui grève notre humanité.
Depuis l’aube des temps, hommes et femmes observent les deux portes par où se lève et se couche le soleil. Ce sont aussi des portes intérieures, spirituelles et nos regards concomitants forment une expérience personnelle irremplaçable, mais que nous savons partagée en conscience.
Le moment d’un partage plus grand encore est venu.
L’initiation, nous l’avons reçue à la naissance de nos parents. Mais c’est une expérience qu’il faut revivifier, à la rencontre du ciel et de la terre. Voilà ce que nous proposons dans nos temples, comme un rappel à la beauté de l’univers, une invitation à faire corps avec la voûte étoilée, comme un réenchantement. Quelle meilleure période pour méditer sur elle que ces jours où le soleil, symboliquement, va peu à peu gagner sur la nuit ?
Soyons clairs ! À la naissance, nous recevons passivement ce don de lumière et de vie. Dans l’initiation maçonnique, il s’agit désormais d’un engagement de soi pour le restant de sa vie. Le solstice nous rappelle que rien n’est jamais perdu si nous nous engageons pour les valeurs que symbolise la lumière.
Car c’est dans l’engagement pour des valeurs que l’on se trouve soi-même, dans l’harmonie avec nos Sœurs et nos Frères.
Avec tous les membres de la Grande Loge des Cultures et de la Spiritualité, nous vous souhaitons de joyeuses fêtes, et pour que nous la partagions totalement, je vous engage à « donner », donner de votre amour pour l’autre, de la vie par les paroles et par les actes, donner un peu à ceux qui manquent : faites un geste pour retrouver le vrai sens de la fraternité.
Ensemble avec le renouveau, redonnons du rêve à la vie commune.
En cette fin d’année le Campus Maçonnique nous communique son programme pour l’année prochaine.
10 CYCLES – 59 COURS – 89 HEURES
Voici la liste des conférenciers retenus et les sujets traités :
Yves Bomati : S’initier aux grands mythes
Roger Dachez : Histoire maçonnique
Luc Ferry : Philosophies d’aujourd’hui
Leili Anvar, Yves Bomati et Eric Vinson : Tradition et Spiritualité
Dominique Reynié : Sociologie politique
Bruno Pinchard : Platon, une voie initiatique
Céline Bryon Portet : Temporalités
Hervé – Elie Bokobza : La Bible autrement
Françoise Bonardel : La psychologie des profondeurs peut-elle être une voie initiatique ?
Partenariat avec l’Institut Européen Emmanuel Lévinas AIU : L’éthique de vie
La présentation est alléchante tant sur les sujets traités que sur la qualité des intervenants :
Nous vous proposons, pour l’année prochaine, un programme fondamentalement dédié à la spiritualité maçonnique mais ouvert sur les problématiques contemporaines. Vous y trouverez vos conférenciers habituels sur des sujets nouveaux mais également de nouveaux intervenants comme Leili Anvar, spécialiste des spiritualités orientales… Pour cette nouvelle session, le Campus vous propose un partenariat exceptionnel avec l’Institut Européen Emmanuel Lévinas AIU pour un cyce sur « L’Éthique de vie » auquel participent Armand Abécassis, Sébastien Allali, Alain Bauer, Alain-Noël Dubart, Jean Dumonteil, Christian Hoffman, Christian Huglo, Ryvon Krigier, Laurent Kupferman, Gérard Rabinovitch, jacques Sémelin, …
Sisyphe ou l’éternel effort (29/03) Les voyages d’Enée et la fondation de Rome Les grandes images des femmes dans la mythologie greco- romaine ( Héra, Aphrodite, Ariane, Sapho, Junon ) Les grandes images des femmes ( 2e partie )
«La Franc-Maçonnerie est-elle née en Angleterre ou en Ecosse ? ( ou en Irlande ? ) Etat des connaissances actuelles». 31/01 «Comment initiait-on un profane à la Franc-Maçonnerie en France et en Angleterre avant 1750 ? Les plus anciens rituels maçonniques. » 14/03 «La Franc-Maçonnerie d’adoption, ( 1740-1850 ) fantaisie de salon ou vraie franc-maçonnerie ?» 16/05 «Qu’était ce qu’une loge écossaise au XVIIIe siècle ? Polysémie d’une expression commune.» 12/09 «Les grands acquis de l’historiographie maçonnique internationale depuis 1970 : découvertes, controverses, remises en question. » 21/11
La 3e révolution industrielle : défis, enjeux, promesses 13/01/2022 La question du bonheur : sagesse ou illusion Les 7 écologies La révolution de la longévité
Leili Anvar : l’initiation par l’amour « La religion de l’Amour » en littérature persane: amours profanes, amour mystique Centralité de l’Amour dans le Cantique des Oiseaux de ‘Attâr (XIIème siècle) Rûmi et Shams ( XIIIe siècle): « l’Amour est l’astrolabe des secrets divins » La légende de Majnûn selon Jâmi (XVe siècle): l’Amour fou comme seule sagesse Yves Bomati : Pouvoirs spirituel et temporel en Iran : les leçons de l’histoire Eric Vinson : Les grandes personnalités spirituelles (année 2) Le Dalai Lama 25/02 Martin Luther King 19/04 René Guénon 03/06
L’institution de l’élection présidentielle ( 1947-1965 ) 10/02 Le triomphe de l’élection présidentielle : de l’après de Gaulle à l’élection de F. Mitterrand ( 1969-1981) Entre abstention et risque populiste : la crise de l’élection présidentielle ( 1988-2017 ) 2022 : Une élection protestataire ?
Les Lettres de Platon ou le silence de l’initié 03/02 La République ou la caverne 14/04 Le Banquet ou l’amour Le Phédon ou la mort Le Parménide ou le grand jeu
« Le temps, ce grand mystère » 25/01 « La mort : approches philosophique, historique et socio-anthropologique » 21/03 « Quêtes d’immortalité : mythes, religions, arts et sciences » 02/05 « Accélérations : les révolutions temporelles et l’ère de la vitesse » (1 séance de 1h30/2 heures) 14/06 « Le bouleversement des mémoires : des inflations mémorielles à la cancel culture » (1 séance de 1h30/2 heures) « Le phénomène du médiévalisme, entre nostalgie et recréation du passé »
Noé, le déluge et l’échec de Dieu 22/02 Ésaü et Jacob (Occident et Israël) Joseph et ses frères David dans ses relations amoureuses (analyse biblique de l’âme sœur) Le Cantique des cantiques, antidote de la faute originelle Acte d’amour et justice divine (Lecture de Qohélet)
Psychanalyse freudienne et psychologie analytique jungienne : histoire d’une parenté puis d’une rupture. 24 mars Crise du Midi de la vie et confrontation avec l’inconscient, individuel et collectif 7 Avril Mythes, symboles et archétypes : quelles rencontres fait-on quand on dialogue avec l’inconscient ? 21 avril Individuation et transmutation : une voie alchimique ou gnostique ? 5 mai Une religiosité nouvelle pour accueillir des vérités anciennes 19 mai
L’Ethique de vie ( partenariat Institut Emmanuel Lévinas AIU )
Linéaments : 1. La « vie bonne » Alain-Noël Dubart, Ancien Grand Maitre GLDF ( 18 janvier ) 2. « La vie et la mort sont au pouvoir de la langue » Gérard Rabinovitch, Philosophe, Directeur Institut E. E. Lévinas AIU ( 2e mardi 8 février ) 3. « Un homme ça s’empêche » Albert Camus. Jean Dumonteil, Président de la Loge Nationale de recherche de l’Alliance Maçonnique ( 2e mardi 8 mars ) L’éthique de vie en pensée 1. La « réflexion sur les mœurs » et la nature humaine. De Montaigne aux moralistes du Grand siècle Sébastien Allali, philosophe ( 2e mardi 12 avril ) 2. Le serment d’Hippocrate et la Médecine de Maïmonide Christian Hoffmann, psychanalyste et Philippe Abastado, cardiologue 3. Le « Pikkouah Nefesh » D’abord la vie… Rivon Krigier, rabbin L’éthique de vie en action 1. Les Justes des Nations Jacques Sémelin, historien 2. Les Francs-Maçons qui ont fait la République ( Léon Bourgeois, Adolphe Crémieux, Victor Schoelcher, Pierre Brossolette, Jean Zay ) Laurent Kupferman, essayiste 3. Droits et Devoirs de l’Humanité : Christian Huglo, avocat Conclusions et perspectives 1. De la responsabilité en politique Alain Bauer, Ancien Grand Maître GODF 2. Pas de vie sans Loi, l’enseignement de la « sortie d’Égypte » Armand Abecassis, philosophe 3. Une Ethique du XXIe siècle ? Jean-Michel Dardour, Gérard Rabinovitch
Les FRANC-MAÇONS ont financé un précieux « lit douillet » pour le nouvel hospice de Winchester , permettant à leurs proches de passer des moments ensemble.
La Burrell House du Royal Hampshire County Hospital a été convertie en Winchester Hospice et a ouvert ses portes en septembre à la suite d’une campagne de collecte de fonds de 4,4 millions de livres sterling.
L’hospice dispose de 10 lits douillets qui font une grande différence pour les patients et leurs proches – d’une simple pression sur un bouton, les lits s’ouvrent pour faire de la place à deux.
Les francs-maçons locaux ont fait un don de 18 000 £ et 2 000 £ ont été obtenus de leur organisme de bienfaisance national, la Masonic Charitable Foundation (MCF).
Nick Vaughan, président de la Winchester Hospice Fundraising Charity, a déclaré : « Nous sommes très reconnaissants aux francs-maçons d’avoir financé notre dernier « lit douillet ».
« Nous en avons maintenant une dans chacune des 10 chambres, créant un environnement confortable comme à la maison pour chacun de nos patients.
« Alors que nous poursuivons la campagne de financement de l’organisme de bienfaisance pour assurer la prestation de soins et de soutien améliorés aux patients et à leurs proches, les fonds supplémentaires que nous avons reçus des francs-maçons sont très appréciés.
«Ce soutien permettra également à l’équipe de soins palliatifs d’employer les compétences spécialisées d’un art-thérapeute qui fournira une forme précieuse de soutien psychothérapeutique.»
Jon Whitaker, qui dirige les francs-maçons du Hampshire et de l’île de Wight, a déclaré : « Les francs-maçons de tout le pays soutiennent le mouvement des hospices depuis de nombreuses années.
« Je suis ravi que les francs-maçons du Hampshire et de l’île de Wight – et en particulier de Winchester – aient pu montrer leur soutien d’une certaine manière au nouvel hospice local. »
Alors que Winchester Hospice Fundraising Charity a collecté plus de 4,4 millions de livres sterling grâce à des dons de bienfaisance, elle doit continuer à collecter des fonds pour aider le personnel à fournir des soins et un soutien améliorés aux patients et à leurs proches.
Winchester Hospice est géré par le Hampshire Hospitals NHS Foundation Trust, qui possède des hôpitaux à Winchester, Basingstoke et Andover.
De notre confrère italien expartibus.it – Par Hermes
Le dicton bien connu « manger et boire comme un franc-maçon » nous ramène à 1700, lorsque les premières loges maçonniques modernes se sont réunies dans les pubs et les tavernes de Londres avec les noms les plus étranges et les plus fascinants tels que « Al melo », « Alla corona », ‘Al verre et aux raisins’.
La fusion de quatre lodges préexistants différents a eu lieu le 24 juin 1717, le jour de la Saint-Jean-Baptiste, à la taverne Goose & Gridiron, ‘All’Oca e alla Graticola’, un restaurant londonien situé près de l’église de St Paul qui avait comme enseigne un cygne et une lyre.
Il semble que le vin de banquet, ou plutôt Agape, soit venu d’Italie et ait été expédié de Livourne. Hermès
La rivière secrète est derrière mon épicerie. Je vois. Il coule chamaniquement sur les étagères de belles bouteilles bien alignées. Je les boirai toutes. De A à Zeta. De l’Albana sec, doux et sucré, au Zinfandel californien, qui n’est rien de plus qu’un « Primitivo », comme nos rouges des Pouilles.
Je bouge, je le sens : un parfum pénétrant et épicé de saucisses et de fromage se répand dans l’air. Un parfum de bienvenue qui vous attire comme le son du cornemuseur parmi la vache rouge Parmigiano, le Cheddar jaune de la ferme, Podolici Caciocavalli, Montebore piémontais, Pecorini di Fossa. Somptueux Gorgonzola. Puzzoni di Moena.
Et puis les jambons de Parme, Cinta Senese, Sauris et Pata Negra. Et mortadelle, capocolli des Pouilles, ciauscoli et salami de toutes sortes, du nord au sud, y compris la sauce à l’ail et le piment vibrant aux graines de fenouil. Ici et là, des figues vertes des Marches se balancent prêtes à faire la fête.
L’alchimie en cuisine est un art de l’équilibre et des combinaisons. Ou de contrastes. Nourriture de la terre, de l’eau, de l’air et du feu. Mais sans quintessence, vous ne pouvez pas cuisiner.
Le plat doit être senti, palpé, caressé, goûté, soigné. Regardé aussi. Pensez-vous que le regarder ne compte pas ? Vous avez tort. Une cuisine simple et complexe se touche et se fond en une seule.
Au ‘Lingotto di thon avec sauce poutargue, oignon rouge acidulé et épices péruviennes’ je réponds avec Friselle et tomates. Devant le ‘Risotto opuntia, coques et câpres’ j’ai aligné une belle assiette de spaghettis aux palourdes.
A l’appétissant et très bon ‘Risotto al graukase avec oignon braisé, vinaigre de poire et croustillant puccia’ de Niederkofler j’oppose une carbonara faite avec des attributs, en premier lieu du bacon .
Contre « l’anguille laquée au saba, le concentré de pomme Campanina et une crème de polenta Bottura grillée, je « tire » une pâte napolitaine au four avec des macaronis, des boulettes de viande, un œuf dur, des morceaux de salami et du provolone.
Et le vin ? Le vin est du vin.
Je suis né entre une flaque de vin et la mer.
Ainsi nous avons été enchantés par un grand professeur au cours de sommelier . Je n’ai jamais oublié cette phrase. Une ouverture qui dans sa simplicité signifiait beaucoup de choses. Ce vin est nature, ce vin est culture, ce vin est poésie. Ce vin, aux bonnes doses, peut vous aider à mieux vivre.
Je ne parle pas de l’ivresse alcoolique, ou pire, de l’âne, même si beaucoup en ont fait l’expérience au moins une fois dans leur vie pour le plaisir, l’ennui ou le désespoir. Je parle d’un état d’esprit fluide et ouvert qui vous prédispose au lâcher prise.
Freud a dit
le Superium est soluble dans l’alcool.
Quelle phrase !
Je parle du plaisir de la dégustation. C’est-à-dire de cet art magique, incarné par le prêtre – sommelier qui permet d’amplifier les sensations olfactives, visuelles et gustatives en plus.
Certes beaucoup retracent des lieux communs sans vraiment en écouter la saveur ou ils inventent tout. Et ils tirent des bêtises.
Dans ce rouge on perçoit des notes de fraises des bois au coucher du soleil avec de légères notes de cacao de Madagascar…
Oublie. C’est du fanatisme, de la pure rationalité. Mais, cependant… avec un peu de technique et beaucoup d’entraînement il est possible de saisir dans le vin, celui bien fait, beaucoup de vraies veines olfactives. Et à partir de là, vous pourrez profiter d’une véritable évocation qui peut vous entraîner dans un souvenir ancien ou vous projeter vers une nouvelle aventure passionnante.
L’union entre le vin, la poésie et la philosophie est très étroite. Il suffit de penser au Symposium, cette pratique conviviale de la Grèce antique qui suivait le banquet au cours duquel les convives buvaient selon les prescriptions du symposiarque, chantaient des chansons et se consacraient à des divertissements de toutes sortes : récitation de poèmes, danses, conversations, jeux. Érotisme.
Pour Platon, la découverte du vin par l’homme représente la ligne de partage entre l’état de Nature et l’état de Civilisation. Socrate, son maître, considérait l’ivresse non comme un délire, mais comme un état transitoire, qui permettait à notre être une ouverture authentique et profonde sur nous-mêmes et sur les autres.
À ce stade, j’ai eu un petit creux. Veuillez accueillir une libation festive pour célébrer les vacances à venir.
Ah, j’oubliais, les abstinents se consolent. Cependant, je les embrasse idéalement tous.
Mais je leur dédie, avec une gentillesse absolue, la même réponse que Nino Manfredi, dans le film Pane e Cioccolata, a donnée à un commissaire allemand qui lui a demandé s’il était italien :
De notre confrère russe gorky.media – Extrait du livre de John Dicky sur les francs-maçons
« Freemasons » est un nouveau livre de John Dickey, expert britannique de l’histoire des gated communities. Aujourd’hui « Gorki » vous propose de lire un extrait du chapitre « Paris. A bas le culte du Christ, à bas le pouvoir des rois. » – John Dickey. Francs-maçons : comment les francs-maçons ont façonné le monde moderne. M. : CoLibri, Azbuka-Atticus, 2021. Traduit de l’anglais par V.I.Frolov.
Il y avait à peu près autant de mystiques parmi les maçons français que de scientifiques. Beaucoup étaient enclins à croire que de siècle en siècle dans les loges maçonniques non seulement certains principes moraux étaient transmis, mais aussi les connaissances ésotériques les plus importantes. Et Jean-Baptiste Villermoz est devenu un exemple vivant du contact de « l’art » avec les sciences occultes. Il est né en 1730 à Lyon, est devenu marchand de soie, s’est engagé dans des œuvres caritatives, était un homme d’affaires impeccable, et est devenu franc-maçon par désir de s’élever dans les hautes sphères. Les bonnes gens de Lyon ne savaient pas que Villermoz étudiait avidement les aspects les plus mystiques de la science maçonnique et correspondait avec des maçons ésotériques et des philosophes de divers pays, dont la Russie, la Suède et l’Italie. A trente-cinq ans environ, Villermoz avait déjà été initié à plus de soixante degrés différents.
En visite régulière à Paris pour affaires, Villermoz essaie de se rapprocher au plus près des secrets maçonniques. C’est dans la capitale en 1767 qu’il rencontre le visionnaire et kabbaliste Martinez de Pasqually, qui étudie les nouveaux mondes de la sagesse. Il croyait que toutes les personnes de naissance sont des demi-dieux et que les rituels maçonniques sont capables de restaurer cet état aux élus. Martinez de Pasqually a créé l’Ordre des Chevaliers-Maçons du cohen choisi de l’univers pour invoquer les pouvoirs divins à travers l’utilisation de cercles vicieux, les noms d’anges et l’astrologie. On croyait que minuit le jour de l’équinoxe de printemps était particulièrement propice à la sorcellerie : après de longs préparatifs spirituels, les maçons sélectionnés restaient pieds nus, la tête les poings fermés et communiquaient avec l’Être suprême par le biais de la soi-disant réintégration.
Villermoz devient l’adepte de Martinez de Pasqually et devient bientôt le chef de l’antenne lyonnaise des « Choisis Cohen ». Après chaque équinoxe de printemps, il continuait d’espérer, même si la réintégration n’avait pas eu lieu. Beaucoup commençaient déjà à râler, car, trouvant à chaque fois de nouvelles excuses, Pasqually lui-même ne venait jamais à Lyon pour conduire le rituel selon toutes les règles. Villermoz ne perd pas confiance, même lorsqu’en 1772 on apprend que Martinez de Pasqually quitte la France pour toujours, allant recevoir un héritage dans les lointaines Antilles.
Pendant ce temps, Villermoz absorbait les dernières influences allemandes – des mises à jour du rite écossais, qui étaient bientôt destinées à devenir extrêmement populaires parmi tous les francs-maçons. Il s’est avéré qu’en Terre Sainte, les secrets des anciens maçons ont été découverts non seulement par les croisés, mais par les frères de l’ordre des pauvres chevaliers du Temple de Jérusalem, ou les Templiers. Cet ordre de moines guerriers a été créé au XIIe siècle. En Terre Sainte, ils ont réussi à s’enrichir considérablement, et après la fin des croisades, l’ordre a commencé à regarder de plus en plus avec envie. En 1307, le Pape a publié un décret arrêtant l’élite dirigeante des Templiers, les accusant d’actes abominables, y compris l’infanticide et le culte de l’idole à tête de bouc Baphomet. Le chef de l’Ordre, Jacques de Molay, a été brûlé vif juste devant la cathédrale Notre-Dame.
Mais même des siècles après la dissolution de l’ordre, les Templiers ne furent pas oubliés. Pour les fidèles catholiques, c’étaient des apostats justement punis. D’autres les considéraient comme des victimes de la cupidité et de la tromperie de l’Église. Il y avait des rituels d’initiation dans l’ordre, et le chef des Templiers s’appelait le Grand Maître, Grand Maître ou Grand Maître. Ces coïncidences suffisaient à Villermoz et à d’autres pour n’avoir aucun doute sur les origines maçonniques des Templiers. En 1774, Villermoz, avec un groupe de personnes partageant les mêmes idées, fonde le « Chapitre des Templiers » à Lyon. Quatre ans plus tard, à la suite de l’union de cette société avec les « élus cohen », la charte des Chevaliers Bienfaisants de la Ville Sainte est créée.
Dans les années 1780, l’infatigable Villermoz picorait une énième innovation. Peu de temps avant cela, le médecin viennois Franz Mesmer a fait une découverte historique : la même force gravitationnelle qui fait tourner les corps célestes traverse les organismes vivants sous la forme d’un fluide spécial, qu’il a appelé magnétisme animal. Chez l’homme, le blocage de ce magnétisme animal provoquait toutes sortes de maux. Heureusement, Mesmer avait un don pour accumuler et diriger les fluides. Au cours des séances, il a touché des zones magnétiques spéciales sur le corps du patient, les injectant dans une transe et une guérison. Mesmer arriva à Paris en 1778 et bientôt, démontrant son don partout, trouva de nombreux adeptes.
Passionnés de mesmérisme, les gens ont fondé la « Loge de l’Harmonie », une organisation quasi-maçonnique dont les tâches étaient d’étudier en profondeur les méthodes de Mesmer et de garder ces secrets. Bientôt des succursales de cette loge firent leur apparition dans toute la France. Villermoz réussit aussi à les intégrer dans sa charte des Chevaliers Bienfaisants de la Ville Sainte.
Jean-Baptiste Villermoz poursuit sa quête spirituelle jusqu’à sa mort en 1824. Il était peut-être l’enthousiaste le plus omnivore et le plus persistant de la franc-maçonnerie mystique de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Le développement des branches occultes de la franc-maçonnerie ne pouvait que donner naissance à de nombreux charlatans. Le plus célèbre d’entre eux est Giuseppe Balsamo, qui est entré dans l’histoire sous le nom d’emprunt de comte Cagliostro. Il est né en 1743 à Palerme dans une famille pauvre. Au cours de sa vie, il a voyagé dans toute l’Europe, falsifiant des documents et vendant sa femme. En 1777, après avoir purgé une peine dans une prison de Londres, il est ensuite accepté dans les rangs des frères-maçons au pub « Soho ». De nouvelles opportunités se sont ouvertes pour l’aventurier. Il a recommencé à errer sous le nom de « Grande Veste » (ce degré il s’est présenté dans le « rituel égyptien » inventé par lui). Cagliostro le franc-maçon possédait de nombreux secrets supérieurs,
Il nous est bien sûr facile de considérer la franc-maçonnerie occulte de la seconde moitié du XVIIIe siècle comme une drôle de curiosité historique, et des personnages comme Pasqually, Villermoz, Mesmer et Cagliostro comme des excentriques ridicules. Mais l’histoire ne doit pas être prise à la légère. Ainsi, par exemple, le mesmérisme a été pris au sérieux par les principaux esprits de l’époque, parce que des phénomènes comme le magnétisme animal commençaient tout juste à être étudiés. Grâce à Newton et Franklin, l’humanité a appris comment fonctionnent la force de gravité et l’électricité, mais on ne savait toujours pas ce que c’était, en substance.
L’émergence de la « franc-maçonnerie révélatrice », poursuivie par Villermoz, est très symptomatique dans le contexte de l’affaiblissement du rôle de la religion institutionnelle en France dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Le troupeau s’éclaircissait, les fonds de l’Église diminuaient. Au lieu de rejoindre des confréries catholiques, les bons bourgeois français entrèrent en masse dans des loges maçonniques, dans lesquelles ils firent, en fait, la même chose, mais seulement en dehors de la structure hiérarchique de l’église, à savoir, ils communiquaient, faisaient des œuvres de charité et cherchaient une expérience mystique collective. Comme en Angleterre, la France subit une transition vers une société laïque, et la franc-maçonnerie a contribué à adoucir cette transition.
Malgré la désapprobation du Pape, de nombreux membres du clergé se sont également lancés dans l’art. Selon un rapport, environ 35 % des frères maçons d’Angers et du Mans étaient prêtres et curés. En même temps, ils étaient très différents par les maçons. En 1778, treize des cent cinquante membres de la prestigieuse loge scientifique des Neuf Sœurs étaient membres du clergé. En 1752, dans la loge parisienne, Casanova fit la connaissance d’un gros bon vivant de Bologne, qui se révéla être un cardinal, et d’ailleurs un légat du pape. Ensemble, ils ont dégusté « de délicieux repas, accompagnés de charmantes demoiselles ».
Bref, la conclusion est que la franc-maçonnerie française était le reflet de la société française dans son ensemble – ou plutôt de ses couches privilégiées. Il était si bigarré qu’il n’est pas surprenant que ce soit en France que l’un des francs-maçons les plus mystérieux et les plus extraordinaires de l’histoire soit destiné à apparaître.
Chevalier d’Eon
Charles de Beaumont, dit Chevalier d’Eon, était un avocat, soldat, diplomate et agent infiltré français. En 1763, il vint en Angleterre et fit immédiatement sensation. Même en France, le chevalier était connu comme un gaspillage de l’argent de l’État et un duelliste, et en Angleterre, les dettes envers les prêteurs londoniens s’ajoutaient aux obligations envers les gens sérieux de Versailles. En octobre 1764, d’Eon, armé jusqu’aux dents, riposte aux créanciers d’une maison transformée en bastion à Soho. En fin de compte, il a réussi à s’échapper, alors qu’il était hors-la-loi. Il a fait chanter les autorités françaises en menaçant de divulguer des documents secrets. L’imprudente « carrière diplomatique » du chevalier d’Eon ne dura pas moins de treize ans.
Ce qui le distinguait de beaucoup d’autres aventuriers, c’est qu’il s’habillait souvent d’une robe de femme, et le vrai sexe du chevalier n’était connu de personne. Dans une conversation privée avec un agent secret français, d’Eon a avoué qu’il était une femme.
En 1768, au plus fort des polémiques et des ragots, le chevalier d’Eon est ordonné franc-maçon à la couronne et à l’ancre de la rue Strand. Après un an et demi, il était déjà officier de loge. Devenu franc-maçon, le chevalier rassure provisoirement ceux qui se disputent sur son sexe. Le rite d’initiation impliquait d’exposer les seins, et apparemment aucun caractère sexuel féminin n’a été trouvé.
La nouvelle que d’Éon avait rejoint les rangs des Frères-Maçons amusait tout Londres. Les estampes satiriques ridiculisaient impitoyablement « l’art » qui avait terni sa réputation. L’un d’eux représente deux délégations. Les premiers – maçons embarrassés – demandent au chevalier de ne révéler à personne les secrets de son sexe. Ces derniers acceptent les paris sur l’argent, ils veulent dissiper tous les doutes une fois pour toutes et demandent au Chevalier de passer par la procédure standard d’approbation de genre, que le pape élu est censée suivre. Deux traits portent la même chaise vaticane, sur laquelle ils sont testés pour l’appartenance au sexe masculin (un trou a été fait au milieu du siège), et le prêtre attend déjà qu’il se glisse dessous.
Le chevalier lui-même, bien sûr, aimait son autre image, plus flatteuse, à tel point qu’il en acheta dix exemplaires d’un coup. Il montre une figure de genre indéterminé dans une robe, mais avec des attributs masculins comme une épée, une canne et des décalcomanies maçonniques. En arrière-plan se trouvent des images d’imposteurs célèbres.
En 1777, la discussion de Paul Chevalier d’Eon reprit. Cette fois, il est venu au tribunal, dans lequel la version du genre féminin a été confirmée par deux témoins. L’un d’eux est un chirurgien qui a prescrit des médicaments pour la maladie « féminine » du Chevalier. Le second est un journaliste, qui a même déclaré avoir noué une relation intime avec le chevalier. La polémique s’est poursuivie sur le fait que des témoins pouvaient être achetés. Cependant, peu de temps après, le chevalier lui-même, alors âgé de quarante-neuf ans, se déclara femme. La nouvelle dame d’Eon allait rentrer en France.
En même temps, elle continuait à traiter la franc-maçonnerie avec le plus grand sérieux. Les liens avec les frères-maçons restèrent même lorsqu’elle dut quitter Paris et rentrer chez elle dans la lointaine Bourgogne. Les maçons étaient son cousin, plusieurs amis proches et un perruquier pour elle.
Plus surprenant, la loge de Tonneres, la ville natale de d’Eon, la considérait comme un membre à part entière. En août 1779, le « Grand Orient » n’est pas d’accord pour l’accepter, ce qui provoque l’indignation des Maçons de Tonner : « Malgré la transformation qui s’est opérée [en femme], nous n’avons pu que l’accepter dans nos rangs, car sinon nous aurions trahi notre sang et nos vœux fraternels. » … Oui, d’Eon est devenu une femme, mais elle a continué à être un « frère ».
Comment expliquer une vision aussi large des Maçons Tonner ? Peut-être étaient-ils simplement respectueux envers cet homme, alors que quelqu’un continuait simplement à le considérer comme un homme, même s’il préférait marcher en vêtements de femme. Mais ce n’est pas seulement une question d’intercession secrète. Si en Angleterre les femmes parmi les maçons n’apparaissaient que dans des sketches satiriques, alors en France les dames en zapon étaient déjà là – les plus réelles.
Papus, illustre médecin, philosophe et occultiste considéré comme le plus emblématique magiste du 19ème siècle, se penche dans ce livre sur la question de l’hypnose et de son application en tant que support magique.
Véritable préquel du développement personnel dans sa dimension mystique et occulte, il fait de cet ouvrage un incontournable pour tous ceux qui voient en l’hypnose un élément essentiel à leur accomplissement et à leur réussite personnelle. Apprenez à hypnotiser et à gérer l’hypnose d’une personne, pas à pas, à l’aide de méthodes expliquées et décryptées par un médecin qui contribua grandement à l’expansion de cette discipline alors naissante.
Découvrez enfin les arcanes ésotérique de l’hypnose, moins connu de nos jours, mais dont les applications concrètes et pratiques vous permettront de développer dans un objectif magique votre sensibilité et vos capacités et d’explorer l’astral et les mots qu’il recèle.
Gérard Anaclet Vincent Encausse (1865-1916), dit Papus, est un médecin et occultiste français, cofondateur de l’Ordre Martiniste avec Augustin Chaboseau. Il a été une des figures pittoresques et hautes en couleur de la Belle Époque. Il s’est défendu d’être un thaumaturge ou un inspiré et s’est présenté comme un savant, un expérimentateur.
Avant même de terminer ses études, dès 1886 environ, il se donne pour tâche de lutter contre le scientisme de l’époque en diffusant une doctrine synthétisant divers aspects de l’ésotérisme occidental d’alors, représenté par le chimiste Louis Lucas, le mathématicien Wronski, l’alchimiste Cyliani, le pythagoricien Lacuria, le magnétiseur Hector Durville, Antoine Fabre d’Olivet, Alexandre Saint-Yves d’Alveydre. Encausse se fait appeler Papus d’après le nom d’un esprit du Nuctaméron, attribué à Apollonius de Tyane. La pensée de Louis-Claude de Saint-Martin a laissé sur lui une trace profonde à partir de 1889 environ, peu après sa rupture (1890) avec la Société Théosophique de Mme Blavatsky.
Papus fut même surnommé le « Balzac de l’occultisme » – cf. Philippe Encausse, Docteur en médecine et fils de Gérard Encausse dans son livre « Papus » (Paris, Belfond, 1979).
[NDLR : Papus aurait-il plus d’un tour dans son sac pour nous faire entrer dans ce domaine si mystérieux qu’est celui de la magie… Au sens figuré, cet art de l’illusionniste, est un effet qui semble surnaturel, irrationnel, mais c’est surtout un art fondé sur une doctrine qui postule la présence dans la nature de forces immanentes et surnaturelles, qui peuvent être utilisées par souci d’efficacité, pour produire, au moyen de formules rituelles et parfois d’actions symboliques méthodiquement réglées, des effets qui semblent irrationnels.
Quant à l’hypnose, cet état de passivité semblable à celui du sommeil, artificiellement provoqué, chez un sujet qui reste en partie conscient. Alors oui, nous sommes en état de passivité car nous subissons, même après tant d’année après la première édition, le pouvoir de fascination, voire d’envoûtement qu’exerce Papus sur le lecteur !
Le sous-titre nous le dit, il s’agit bien d’un « ‘’Recueil de faits et d’expérience justifiant éprouvant les enseignements de l’occultisme’’ par Papus – Docteur en médecine de la faculté de Paris – Docteur en kabbale – Président du groupe indépendant d’études ésotérique – Avec 8 planches phototypiques ».
N’oublions pas que Papus est aussi l’auteur de L’Almanach du magiste : contenant agenda magique
pour tous les jours de l’année… l’hypnotismepratiqué en quatre leçons… le résumé de la doctrine de l’occultisme sur l’âme et son évolution… publié par un groupe d’occultistes sous la direction de Papus, dont la première année remonte à 1894.
Dans son avant-propos Papus, en mars 1896, nous précise le rôle de l’occultiste. Rôle qui est bien plus philosophique qu’expérimental. Des expériences servant à démontrer la réalité des théories de la science ésotérique. L’occultisme est en effet et avant tout scientifique. Papus répond à une demande de ses lecteurs qui, à l’appui des théories exposées, souhaitent voir aborder un certain nombre de faits. C’est l’origine de ce travail dont l’auteur rend compte, de façon utile, de la manière dont le hypnose et la télépathie se rattachent à l’occultisme et à la magie.
Gérard Encausse par Eugène Pirou
La table des matières :
Préface
Avant-propos
Première partie
Chapitre I : L’homme astral
Chapitre II : Magie et suggestions
Chapitre III : De l’hypnose à l’envoûtement
Chapitre IV : Magie et spiritisme
Deuxième partie
Chapitre V : La partie invisible de la nature
Chapitre VI : Des êtres qui habitent le plan astral
Une des phrases importantes de la franc-maçonnerie concerne la notion de secret : les francs-maçons ont-ils des secrets ? Réponse : «oui, en très grand nombre et de très grande valeur.»
Si vous voulez comprendre cette phrase, vous pouvez remplacer «secrets» par «peluches» ou «doudous». Les francs-maçons ont-ils des peluches ? Oui, en très grand nombre et de très grande valeur. Voilà que les choses s’éclairent !
Cette petite métaphore innocente permet de rappeler que la peluche n’a de valeur que pour celui qui la chérit, puisqu’il projette sur elle un sens qu’il est seul à connaître. Il veut bien, à la limite, la partager avec son petit frère ou sa grande sœur, dans la mesure où ils acceptent de reconnaître cette projection comme valide. L’adulte, qui ne voit dans la peluche qu’un vague rhinocéros, pas très propre, fabriqué à Taïwan, est un vulgaire profane : il ne comprend pas que dans l’esprit de son enfant, cette peluche c’est « le roi de la jungle du dessous du lit« .
C’est un profane, il est gentil, mais jamais il ne sera autorisé à entrer dans le grand récit mythique, tant pis pour lui. On l’entend dire : «Range ta chambre et après tu me raconteras tes petites histoires de jungle», en soupirant sans bruit. Le pauvre s’il savait…
A tribute to Gilbert Durand
Gilbert Durand peut éventuellement aider cet adulte désemparé par les récits de l’imaginaire.
Il y a trois bonnes raisons de s’intéresser à G. Durand cette année, d’abord c’est un philosophe et je reprendrai volontiers ici (en le transformant quelque peu) le mot de la chorégraphe Pina Bausch «philosophez, sinon nous sommes perdus !».
Ensuite nous fêtons cette année son centenaire : Gilbert Durand est né en 1921, eut une vingtaine d’années pendant la guerre, fut résistant, dirigea un réseau de résistance, reçut après la guerre la médaille des justes de Yad Vashem… Il soutint, après la guerre, ses différentes thèses dont l’une fut dirigée par Gaston Bachelard. À son tour, il dirigera des thèses, dont celle de Michel Maffesoli : voilà une filiation établie !
Enfin, parce que ce philosophe fut aussi franc-maçon.
C’est ainsi que son ouvrage le plus connu, «Les structures anthropologiques de l’imaginaire» peut nous aider à ranger nos peluches et nos doudous dans notre chambre à symboles.
Au passage je signale que je n’ai aucune des qualités requises pour parler de ce grand homme. Je l’ai lu (mais pas tout, car il a beaucoup écrit), j’ai rencontré certains de ses élèves (dont tous et toutes ont l’œil qui pétille soudain quand ils parlent de leur maître)… Jamais le temps ne me sera donné pour approfondir réellement cette pensée si complexe, si détaillée, si dynamique également. Je suis un modeste passeur qui cherche à vous mettre l’eau à la bouche, et je renverrai, en fin d’article, les plus courageux à quelques références.
Les aventures de Madame Olga Kapteyn-Fröbe
Avant de commencer le rangement, parlons un peu du cercle Eranos. Une dame britannique et distinguée, dont l’un des ancêtres avait fait quelque découverte dans le freinage des trains, et donc relativement richissime, se toqua d’une auberge dans le Tessin, la partie italienne de la Suisse. Entre autres choses, elle créa une rencontre annuelle de chercheurs sachant chercher, autour du symbolisme, des mythes, des études comparées des récits religieux. Elle y reçut, entre autres personnalités, Martin Buber, Gershom Scholem, Mircea Eliade, Pierre Hadot, Erik Hornung, Henri-Charles Puech, Henri Corbin, et d’autres (Wikipédia vous aidera à découvrir l’ampleur de ce beau projet). C’est Henry Corbin qui fait entrer Gilbert Durand dans ce cercle, dans le début des années soixante.
La localisation d’Eranos ne s’était pas faite au hasard, un certain Carl Gustav Jung habitait justement la région. Il vint donc, à plusieurs reprises assister aux rencontres du cercle Eranos, en voisin. Il aura, je pense, une grande influence sur G. Durand.
Carl Gustav Jung aux réunions du cercle Eranos.
Passons au rangement…
Donc vous avez une chambre avec des peluches-symboles et vous ne savez pas trop comment les ranger. Les peluches sont des personnages que l’on aime câliner, mais ce sont surtout des prétextes à raconter des histoires : quand l’hippopotame du dessous du lit rencontre les 3 Ninjas de l’étagère qui lui tendent un piège pour obtenir de lui le mot de passe secret et sacré, l’histoire se termine très mal… ou pas d’ailleurs, c’est selon. Les histoires de peluches changent au gré des humeurs, et la même histoire peut être vue d’une manière très différente. En bref, les symboles servent à écrire des mythes et les mythes sont des histoires déformables, plastiques, qui se réinventent à chaque narration.
Gilbert Durand nous propose de ranger tout cela en deux catégories :
les symboles du jour (diurnes),
les symboles de la nuit (nocturnes).
Jusque là, c’est simple… après, cela se complique à peine : les nocturnes vont se diviser en deux sous-parties, mais enfin rien de bien calamiteux.
Le monde du jour…
Dans le monde « du jour », vous allez mettre tous les héros que l’on appelle souvent héros positifs dans les manuels d’écriture de scénario. Ceux qui sauvent leur pays, le monde, voire la galaxie. Les héros se battent seuls contre l’adversité, certains sont nantis de pouvoirs extraordinaires, parfois simplement de leur volonté de vaincre, de leurs valeurs. Leur posture c’est d’être des hommes ou des femmes debout. Leur symbole premier, c’est le glaive. C’est le rangement idéal pour Superman et tous ses collatéraux.
Le ou les mondes de la nuit…
Dans la partie nocturne, vous allez aménager deux sous-parties. La première va s’appeler Nocturne Mystique, en référence aux « mystères ». La seconde, celle qui nous donnera un peu plus de fil à retordre, sera appelée Nocturne Synthétique, ou Dramatique.
Dans la première partie, le nocturne aux mystères, vous rangerez les héros sombres, les romantiques torturés. C’est le lieu des forêts denses, des frayeurs enfantines, des ombres projetées la nuit sur le mur, que l’on regarde, fasciné. Vous rangerez ici le petit Poucet, l’histoire de Jonas dans sa baleine. Personnellement, je rangerais volontiers ici l’histoire d’un certain Hiram, cet architecte chef de chantier grand artiste, mais pas très doué dans les négociations salariales…
Les héros, nous l’avons vu, sont dans la posture de l’humain debout, les nocturnes mystiques sont dans la posture de l’humain qui absorbe, qui digère, qui « s’introspecte ». C’est le lieu des retours sur soi, de la recherche d’un fil à plomb intérieur. Les symboles de cette classe (Gilbert Durand parle de « régimes ») sont la coupe, le réceptacle, mais aussi la tombe.
La troisième classe de rangement est la plus complexe, mais elle est faite, selon mon point de vue, justement pour y ranger les symboles et les récits complexes. Nous sommes encore dans le nocturne, mais dans une obscurité qui autorise la synthèse des contraires, d’où le terme de synthétique ; thèse en antithèse se rejoignent, du moins elles peuvent être vues selon un point qui les concilient.
C’est le lieu des échanges, mais également du doute, du déracinement, où toute certitude peut être remise en question par un autre point de vue. Celles et ceux qui ont lu et aimé les ouvrages de Daniel Béresniak se sentiront ici en terrain connu : pas de dogmes dans ce lieu, mais une « liberté créative où tous les liens sont possibles » (M. Jacquet-Montreuil) ; c’est le lieu de prédilection pour les alchimistes..
La posture physique n’est plus celle de l’être debout, ou de l’être qui digère, qui absorbe. Nous voilà ici dans la posture de la copulation, de la sexualité, de la circulation des hormones dans le corps, des rythmes du corps et du cosmos…
Nous rangeons ici les récits circulaires : le mythe de l’éternel retour, la Tétralogie wagnérienne qui commence par le vol de l’or maudit et se termine par son retour, au même endroit, dans le Rhin. Beaucoup de récits religieux, de mythes, entrent également dans cette case.
Quelques images ?
Bien entendu je n’oublie que j’ai promis à ce journal de tenir une rubrique qui renvoie avant toute chose sur des images. Je vais donc, en bon cinéphile, vous proposer un ou plusieurs films par catégorie.
Dans le régime diurne, celui du héros et du glaive, la liste est longue puisque tous les super héros peuvent s’y ranger en ordre de bataille. Dont tous ceux qui émargent chez Marvel (il sera intéressant un jour de rappeler que le prototype du héros marvellien est le Golem. L’une des premières publications en bande dessinée de Marvel raconte cette légende de la vieille Europe et tous les super héros Marvel dérivent de ce moule premier, mais ceci est une autre histoire…)
Il n’y a pas que des super héros dans cette catégorie, tous les films où l’on séduit une femme impossible à séduire (ou vice et versa) sont de très bons candidats ; j’y mettrais volontiers certains films d’Hitchcock, comme «la Mort aux trousses» où le sémillant Gary Grant traverse tout le film dans d’élégants costumes à peine froissés même lorsqu’il se roule dans un champ d’épis de maïs pour échapper à un avion meurtrier : on est un héros ou pas…
Greed (Les Rapaces), d’Erich von Stroheim, avec l’une de ses actrices fétiches, l’immense tragédienne Zazu Pitts.
Dans le régime nocturne mystique nous rangerons les chevaliers maudits comme ceux du «Septième sceau» de Bergman, les fresques crépusculaires comme «Blade Runner», les films de vampire, les amours malheureuses qui jamais ne se terminent, les ambitions et les ambitieux rongés de l’intérieur, comme dans le sulfureux « Greed », de Von Stroheim, où deux hommes s’entretuent dans le désert de Moraje, le mourant refermant sur son tueur une paire de menottes qui condamne le survivant à mourir accroché à celui qu’il vient de tuer (si tu es scénariste et que tu trouves une fin aussi belle et forte que celle-là, le journal t’enverra une boite de chocolat…)
Et dans la dernière case, celle des nocturnes dramatiques ou synthétiques ? Je mettrais volontiers le film « Ad Astra » ou « The Lost city of Z », deux films du même réalisateur James Gray, où les pseudo héros sont rongés par le doute de leur mission. Pour faire bon poids ajoutons « Apocalypse Now » dont la version longue nous permet de voir que le colonel Kurtz, alias Marlon Brando, a de saines lectures dans la jungle, puisqu’un exemplaire du « Rameau d’or », de James Frazer, trône à côté de son lit. Pourquoi ce film dans cette case ? La version « Final Cut », récemment diffusée, m’a conforté dans l’idée que, pour le réalisateur F.F. Coppola, celui qui va tuer le Mal, devient le Mal… Méditons…
N’oublions pas, pour concluire, l’excellent et récent film « Dune ». Par ailleurs plusieurs séries sont de bonnes candidates pour cette case mystérieuse : la série nous fait passer du monde du héros solitaire au monde complexe, le nôtre, où tout personnage peut être héros ou vilain, selon les épisodes… Changement d’époque dont nous verrons, un jour, à quel point il suit la ligne de sécation entre le 20° et le 21° siècle…
Notons pour finir que Gilbert Durand plaçait dans cette case «le Roi du monde» un ouvrage beau, mais énigmatique (et beau parce qu’énigmatique) de René Guénon, qui fera un tabac le jour où il sera adapté au cinéma (avis aux scénaristes qui recherchent des sujets).
Bon d’accord, mais autrement…
Maintenant concluons et pour conclure, regardons cette classification durandienne d’une autre façon, d’une façon linéaire, déroulée dans le temps. J’emprunte ce nouveau schéma à une chercheuse, Michelle Jacquet-Montreuil.
Premier temps : je suis face à un problème que j’essaie de résoudre et pour cela je l’identifie, je me confronte à lui.
Deuxième temps : j’opère un retour sur moi, je descends en méditation, je m’interroge en silence. Je digère…
Troisième temps : c’est le temps de la reliance, de la médiation après la méditation, je lie les informations extérieures aux ressentis intérieurs, j’effectue la coïncidence des opposés. Je m’ouvre sur le groupe dans une phase de dissémination, je recherche la circulation et l’équilibre.
Beau trajet en trois temps qui devrait rappeler quelques souvenirs à quelques-uns : n’est pas ainsi que l’on travaille dans certains lieux clos pour approcher les symboles, les mythes, et tenter de saisir quelques étincelles d’infini ?
« Le symbole n’est pas du domaine de la sémiologie, mais du ressort d’une sémantique spéciale, c’est-à-dire qu’il possède plus qu’un sens artificiellement donné, mais détient un essentiel et spontané pouvoir de retentissement » (Les structures anthropologiques de l’imaginaire, p.26, souligné par moi). Tout est dit, lisons ou relisons les nombreux ouvrages de Gilbert Durand…
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A lire :
Les Structures anthropologiques de l’imaginaire, Dunod, 1992 (11ème réédition)
L’imagination symbolique, PUF, 1984 (ré-édition de 1964)
Les mythes fondateurs de la franc-maçonnerie, DERVY, 2002
Article : Michelle Jacquet-Montrueil, L’Imaginaire : un passage incontournable de la vie mentale, 2005.
NOTE DE LA REDACTION : L’article qui va suivre sera pour certains lecteurs provocateur ou choquant. Avant de décider de le partager avec vous, nous avons consulté la hiérarchie française des templiers réguliers afin de recueillir leur avis sur cet article. Ils nous ont précisé être absolument en opposition avec cette mouvance et tiennent à souligner qu’ils ne sont absolument pas solidaires, ni dans la pratique, ni dans l’esprit de ce mouvement.
Chez 450.fm nous prenons le parti d’être totalement transparents et ouverts à toutes les pratiques, afin de vous informer à 360° + 90°. Il va sans dire que notre rédaction ne cautionne aucunement les pratiques qui s’écartent de ligne du juste milieu et de la fraternité. Cela ne nous empêche aucunement de partager en toute transparence, les informations de tous horizons.
De notre confrère vice.com – Par Charles de Quillacq et Adrien Giraud
Sur les hauteurs du Puy-en-Velay, douze hommes vêtus de blanc traversent en colonne une cour d’école avant de s’installer en silence dans une chapelle exiguë. Le prêtre et le maître se placent devant l’hôtel, les commandeurs sur les côtés et les deux novices restent au seuil. Devant, une épée est dressée à la verticale, le pommeau vers le ciel. Derrière, un Christ surveille l’assemblée, accroché au mur. Ces douze hommes font partie d’un groupe de néo-templiers: la Fraternité des Templiers catholiques du Monde. Durant ce week-end de novembre, ils se réunissent pour une « retraite templière » dans un lycée privé de la ville. Au programme : capes et épées, mais surtout le portrait d’un groupuscule d’extrême droite, petite chapelle parmi d’autres d’une mouvance plus vaste, sous les radars et fasciné par la croix et la bannière.
Crédit photo Adrien Giraud
FRÈRE WILLY ET FRÈRE RAPHAËL
Alain, le maître, prend la parole en premier dans la chapelle consacrée du lycée. Il rappelle que « la vocation de la milice est de protéger l’Église catholique et que les frères de l’ordre doivent tout faire pour accomplir cette mission ». Il fait venir les frères Dominique et Raphaël, les deux nouveaux templiers de la fraternité. Pendant la cérémonie, ils vont passer du statut de novice à celui de commandeur.
Beaucoup d’entre eux sont des anciens militaires, policiers ou agents de sécurité attirés par la structure hiérarchique et l’esprit de caserne viril qui règne dans le groupe
L’imposant Frère Willy bande les yeux de Frère Dominique et l’emmène devant l’hôtel où il pose un genou à terre. Ce travailleur social doit d’abord jurer fidélité à l’Église catholique, une main sur la bible. « Sire, je suis venu devant Dieu et devant vous et devant mes frères et je vous prie et vous requiers pour Dieu que vous m’accueillez en votre compagnie ». Patrick est adoubé par Alain qui se penche vers lui avec son épée et Frère Willy l’enveloppe de la cape blanche des templiers.
Après quoi, c’est au tour des épées d’être bénies. Frère Patrick, un ancien policier bruxellois s’approche de l’hôtel avec son arme et pose un genou à terre. Le Père Philippe, le prêtre de la fraternité se tourne vers la lame « Nous nous adressons à toi seigneur, et nous demandons, qu’avec ta dextre, tu bénisses cette épée avec laquelle ton serviteur Patrick désire être ceint afin qu’il puisse défendre églises, veuves et orphelins ». Patrick regarde son épée, le visage fier.
Crédit photo Adrien Giraud
FRÈRE RAPHAËL
Créée en 2019 par Alain, la Fraternité des Templiers catholiques du Monde est une association, déclarée en préfecture à Périgueux, là où vit le maître. Ce retraité, ancien musicien, est passé par les groupes templiers italiens avant de concevoir sa propre assemblée. L’ordre rassemble une quarantaine de personnes dispersées sur une vingtaine de départements français et trois autres pays : Belgique, Canada et Ukraine. Beaucoup d’entre eux sont des anciens militaires, policiers ou agents de sécurité attirés par la structure hiérarchique et l’esprit de caserne viril qui règne dans le groupe. Comme frère Willy, 1,92 et 105 kg, ancien de l’armée de terre. Pour d’autres, le Moyen-Âge fait ici office de décor pour porter un discours sur la supposée perte des « vraies valeurs chrétiennes », car si certains templiers affichent un apolitisme de façade, d’autres s’enorgueillissent d’un profond dégoût profond pour l’islam, le féminisme ou les francs-maçons, comme Hervé, le Sénéchal et « référent historique du groupe».
Crédit photo Adrien Giraud
Plus tôt dans la matinée, cet ancien cadre chez Monoprix a tenu à nous emmener dans la librairie Arts enracinés « une librairie d’extrême droite fasciste » a-t-il jasé. La librairie est modeste, mais bien implantée dans le cœur de la ville. Une semaine auparavant, elle a accueilli une conférence avec Yvan Benedetti, ancien président de l’Oeuvre française, plusieurs fois condamné, notamment pour des propos antisémites. En réaction, un pavé a été jeté dans la vitrine avant que celle-ci ne soit taguée d’une croix gammée et d’une mise en garde « attention facho ». Ce matin, Hervé nous fait visiter la librairie, pointe du doigt les livres dans les rayons et nous prend à témoin avec une curieuse ironie « et ça, c’est d’extrême droite ? ». Sur les étagères, on peut apercevoir la revue Rivarol, les livres d’Alain Soral, ou de Robert Brasillach, figure de l’antisémisme français et collaborationniste.
« On est en terre chrétienne ici. C’est pas l’Islam » – Frère Jean-Baptiste
Le Sénéchal du groupe voit l’ordre comme un moyen de militer. « Il y a un côté politique dans la fraternité. On se dirige vers la guerre civile et moi je suis en résistance ». Il se voit bien prendre la succession d’Alain. Grâce à ses ascendances aristocratiques, il a été nommé chevalier. Un privilège rare dans la fraternité dont seuls bénéficient le Maître et le Commandeur de Belgique. Hervé ne cache pas son engouement pour « les théories du grand-remplacement ». Une théorie complotiste et raciste popularisée par l’écrivain Renaud Camus qui défend l’idée d’un nationalisme ethnique, blanc et chrétien.
Crédit photo Adrien Giraud
Comme Hervé, les autres membres de la fraternité sont persuadés que la religion catholique est menacée. Un sous-texte pour s’en prendre aux musulmans. Lors d’une réunion, frère Jean-Baptiste se tourne vers nous et glisse, « On est en terre chrétienne ici. C’est pas l’Islam ». Convaincus de leur combat, ces templiers s’organisent en milice pour occuper le terrain. Ils se postent au fond des églises, à plusieurs, pour surveiller des messes. « Le Père Hamel, si on avait été là, ça ne serait jamais arrivé », nous explique Alain, en référence à l’assassinat du prêtre Hamel à St-Etienne-du-Rouvray en 2016. C’est dans ce but que le Maître tente de recruter de nouveaux adhérents. Le sexagénaire envisage même de professionnaliser son activité pour monter un véritable service d’ordre aux services des églises.
« Je dis aux autres, attention à ce que vous postez sur les réseaux sociaux, car nous sommes surveillés » – Maître Alain
Selon les calculs du Maître, « il faudrait 76 000 templiers pour protéger toutes les églises de France ». Si pour l’instant son organisation est loin d’être aussi importante, l’engouement autour des groupes de néo-templiers est réel. L’année dernière, Alain a reçu plus de 150 candidatures sur la page Facebook du groupe. Si la plupart restent sans suite, c’est selon Alain, à cause de la discipline et de la rigueur qui règne dans la fraternité « Nous sommes très à cheval sur la moralité de nos gens, mais les candidats préfèrent se tourner vers des groupes moins exigeants, moins soucieux de respecter les vrais codes des templiers ». Le Maître juge que cette conduite permettrait de ne retenir que les candidats réellement motivés par des raisons spirituelles « Les groupes templiers, ça attire des dingues. Mais nous, nous sommes là pour le respect et l’honneur » jure-t-il. Son bras droit, l’ancien militaire Willy, abonde dans ce sens « On ne peut pas se permettre d’avoir des extrémistes ». Le Maître s’efforce de donner une image respectable à la fraternité. « Je dis aux autres, attention à ce que vous postez sur les réseaux sociaux, car nous sommes surveillés ».
Crédit photo Adrien Giraud
Samedi soir. Les templiers sont attablés dans la cantine du lycée. Au programme : hachis parmentier, saucissons et vin rouge. En face de nous, le frère Jean-Baptiste se contente d’une maigre salade. Ce chauffeur de car est arrivé dans la fraternité il y a un an. Il raconte avoir grandi dans l’Aube sous l’emprise d’une mère violente et incestueuse. Il brosse le portrait d’une enfance ou les viols se succèdent aux séquestrations. Adolescent paumé, il s’amuse à profaner des tombes et à casser les vitraux des églises. La révélation à lieu en 2019, à la mort de sa mère « Elle s’est suicidée. J’ai vu son âme s’élever au-dessus de son corps étendu sur le sol. Un démon est arrivé et l’âme de ma mère l’a combattu. Soudain j’ai aperçu Jésus Christ descendre du ciel pour venir chercher son âme et remonter avec elle ». Jean-Baptiste est persuadé de ce qu’il a vu. Cette vision a eu un immense impact sur son comportement. « Depuis ce jour, je ne m’appartiens plus. J’appartiens au Seigneur Jésus-Christ et c’est lui qui me guide » insiste-t-il. Après cet événement, il se prend en main, trouve un travail et lors d’un rendez-vous chez Pôle Emploi, il découvre internet. « Avant je n’avais jamais mis les pieds sur Internet. Je n’aimais pas ça ». En une semaine, il pénètre dans la fachosphère avec les vidéos du Youtubeur Baptiste Marchais, les groupes SOS Calvaire, Protège ton église et… La Fraternité Templière. « Internet c’est l’outil du diable, mais ça m’a permis de rencontrer mes frères ». Depuis, il se compare à St-Paul et déclare être en mission pour sauver son âme et celle de sa mère.
Crédit photo Adrien Giraud
Jean-Baptiste porte un lourd traumatisme. Cela fait de lui une personne fragile, vulnérable à l’emprise sectaire. Dans la soirée, les templiers se rassemblent pour la veillée de prière. Les novices doivent rester debout, en silence et dans le noir, pendant plusieurs heures. Un an auparavant c’était Frère Jean-Baptiste qui faisait la sienne, afin de devenir commandeur de Savoie. Selon les autres templiers, Jean-Baptiste s’est effondré en larmes pendant la cérémonie «Je n’ai jamais vu quelqu’un pleurer comme ça. On aurait dit qu’il se vidait, c’était choquant » se souvient le Frère Thierry. Ce nouveau statut et ce lien fort avec la Fraternité changent le comportement du conducteur de bus. Lui qui était timide et réservé devient sociable, joyeux et même blagueur. Mais ce lien s’accompagne aussi d’une dépendance vis-à-vis des autres templiers, dont certains membres profitent.
Selon Alain, il y aurait au moins « 1 500 groupes de templiers actifs en France »
Tard dans la nuit, Jean-Baptiste discute avec le frère William dans l’une des salles du collège. Ce trentenaire à la voix douce et chantante est convaincu d’être un médium. Il a fait croire à Jean-Baptiste qu’il pouvait communiquer avec sa mère et lui transmettre des messages. Le chauffeur de car ne cesse de l’interpeller « J’ai sauvé l’âme de ma mère hein. Dis-moi que j’ai sauvé l’âme de ma mère ». Le médium préfère changer de sujet. Il lui fait miroiter qu’il sait qui sera le prochain Maître de la fraternité et qu’il pourrait bien s’agir de Jean-Baptiste. Plus tard, dans une autre salle, l’ambitieux Frère Sébastien, un comptable du Nord qui excelle pour ramener de nouveaux adhérents s’adresse discrètement à deux templiers « C’est un bon petit soldat. On en fera ce qu’on veut » lâche-t-il en parlant du chauffeur de car.
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FRÈRE PATRICK, FRÈRE DOMINIQUE, FRÈRE RAPHAËL ET FRÈRE JEAN-BAPTISTE.
Comme Jean-Baptiste, les autres membres de la Fraternité ont découvert les néo-templiers via Internet, sur Facebook notamment ou des milliers de pages pullulent. Sur les groupes publics, les internautes partagent et commentent des publications aussi diverses que des montages de templiers virils, d’éphémérides ou des photos de châteaux forts. Dans les groupes privés, les sujets de conversation s’orientent vers la politique avec l’Islam comme antagonisme principal. Ces réseaux sont la première étape de la socialisation avant une potentielle adhésion au groupe de templiers. Selon Alain, il y aurait au moins « 1 500 groupes de templiers actifs en France ».