dim 20 avril 2025 - 02:04
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Savoir-faire en Franc-Maçonnerie – Jacques Fontaine Interviewé par Franck Fouqueray pour OnVaRentrer

 

Savoir-faire en Franc-Maçonnerie aux Editions ECE-D : L’ouvrage : Depuis les années 50, on a fait des progrès considérables pour déterminer les savoir-faire positifs qui génèrent des relations de paix, épanouissantes, empathiques. Or les comportements judicieux, on ne les apprend pas à l’école, tournée trop souvent vers un type de relations complètement dépassées à notre époque. Les Francs-maçons, dans leurs coquilles répétitives, reproduisent les mêmes maladresses que leurs anciens. Or, et c’est là où ce livre, ce guide, est salvateur, c’est qu’il aide à changer nos façons de réagir. Il est temps de s’y mettre, de s’adapter aux données modernes et prouvées. Car notre société libérale a sauté sur ces découvertes. Le grand commerce, les entreprises, les associations, les politiques…Tous ces organismes ont évolué et savent parfaitement bien utiliser les rouages psychiques. Ceux justement que nous n’avons pas appris dans notre éducation et en Franc-maçonnerie en particulier. Cet ouvrage est un guide d'”instruction” qui met en œuvre une méthode interactive, des outils, 28 recettes de savoir-faire en conformité avec les valeurs maçonniques et leur essence. La méthode triangulaire originale prônée par l’auteur suscite l’égrégore. Au-delà, elle permet le progrès, un relationnel meilleur, une plus belle vie ensemble, que ce soit dans les loges ou ailleurs, y compris dans les secteurs de la vie économique. L’aventure n’est-elle pas tentante ?

Biographie de Jacques Fontaine Jacques Fontaine, consultant en ressources humaines, initié en 1969 en Franc-Maçonnerie en France, a écrit de nombreux ouvrages de grande qualité scientifique en matière psychologique mais pas seulement. Il agit au quotidien pour une Maçonnerie et une société libérée, altruiste, et, à la fois traditionnelle et renouvelée. Sa connaissance partagée de la psychologie des profondeurs permet d’espérer une solidarité revitalisée.

Sur la nef des fous

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Atterré. Je suis atterré. On est reparti pour au moins un mois de confinement, et sûrement plus. Il paraîtrait que nos gouvernants auraient appris du précédent confinement et qu’ils étaient prêts. A en juger par la fermeture des lits d’hôpitaux (2566 lits fermés depuis la fin du confinement), je me permets d’en douter. Les instructions contradictoires ne sont pas mal non plus, dignes d’un texte de Courteline. Donc on peut, voire on doit travailler, mais on peut voir son lieu de travail fermé. Donc quelqu’un qui travaille dans un cinéma doit aller travailler mais son lieu de travail est fermé. Mathématiques Shadok.
Là où la situation devient gênante, c’est que le discours des dirigeants est double. Il faut se reconfiner parce que l’épidémie repart, mais il faut aussi aller travailler…
D’aucuns argueront qu’il faut télétravailler. Argument recevable, mais le télétravail ne concerne qu’une partie de la population active, sans compter la mauvaise volonté des employeurs (dont certains ne se sont toujours pas équipés du matériel ad hoc, on applaudit leur prévoyance). Gloire au travail ? Mon œil ! Il faut donc qu’on soit à la fois dehors et dedans, ce qui est impossible, sauf en physique quantique, mais sous certaines conditions, à rendre fou tout logicien occidental. Et pourtant, le Grand Architecte de l’Univers sait combien j’apprécie la physique quantique et encore plus la pensée non aristotélicienne ! Du coup, nous sommes de nouveau confinés, mais en fin de compte, ça ne se voit pas. Les transports sont bien remplis, les rocades et boulevards périphériques aussi. Il y a encore du monde dans les bureaux, et bien évidemment des scolaires. C’est peut-être ça, le « en même temps » cher à la jeune génération qui nous dirige. Sauf que le modèle quantique appliqué à l’échelle d’une société, ça ne marche pas. L’équation de Schrödinger H(Psi)=E.dPsi /dt n’est tout simplement pas faite pour.

Par contre, ce qui me met en colère, c’est le traitement réservé à la vie en général et à la vie culturelle en particulier. Malgré les efforts des bars, restaurants, lieux de vie, clubs divers, théâtres, musées et cinémas pour garantir des conditions prophylactiques hygiéniques satisfaisantes, ceux-ci doivent fermer, et tant pis pour leurs employés. On en arrive à cet « état de superposition » : il faut travailler mais rester chez soi. Il faut sortir mais rester à domicile. Bien sûr, on va ouvrir les écoles pour que les parents puissent aller travailler. Evidemment, on va éviter les « contacts inutiles ». Tradition oblige, on va devoir refaire des attestations dérogatoires pour sortir, avoir une attestation d’employeur pour aller à son emploi, ne pas s’éloigner à plus d’un kilomètre de chez soi. Renoncer à voir ses proches. Seulement travailler. Et drame suprême, ne plus aller en Loge. Métro, boulot (pour ceux qui en ont un, mais ça ne va pas durer, soyez rassurés) et dodo pour ceux qui ont encore un toit (ça ne va pas durer non plus, j’en ai peur).

Pour ceux qui imaginent naïvement pouvoir se promener en forêt, pensez à vous armer ! Ben oui, aux dernières nouvelles, on n’a pas le droit de se promener, mais on a une dérogation pour aller quand même chasser… Euh, est-ce une bonne idée que de laisser traîner des types armés, surtout dans le contexte que nous vivons ?

Je ne crois pas utile de revenir sur la polémique récente de l’ouverture et fermeture de rayons livres et disques. Il y a un degré de bêtise et de bassesse auquel ma hernie ne me permet pas de m’abaisser. Par contre, on sait maintenant quelle vision de la culture, de la civilisation et plus généralement de l’humain ont les sinistres clowns qui nous dirigent : la destruction de tout ce qui peut élever l’homme ou à défaut, lui apporter de la joie. Un puritanisme d’un autre temps. Mais un puritanisme aux effets dévastateurs pour les commerces (sauf pour les grandes plates-formes de vente en ligne, celles qui ne paient pas leurs impôts chez nous, occasionnant directement le manque de lits d’hôpitaux…). Par contre, je ne suis pas sûr qu’il soit judicieux de balayer la culture d’un revers de la main à une époque où l’obscurantisme est fort et dangereux.

Enfin, il paraît qu’on pourra peut-être être autorisé à sortir si on revient en dessous d’un certain seuil de contamination, très théorique. Hum, les fausses promesses et bonus en fonction de résultats impossibles à atteindre, ne sont-ce pas justement des méthodes employées par les dirigeants des start-ups pour motiver leurs ouailles?

Et nous, Francs-maçons, que pouvons-nous faire face à cette érosion de nos libertés les plus élémentaires ? Malheureusement, pas grand-chose politiquement parlant. La politique n’est plus à notre portée depuis un moment déjà, n’en déplaise à nos détracteurs. Par contre, faire de notre mieux pour un peu plus de fraternité ou de solidarité par des gestes parfois simples, transmettre la culture, vivre dans l’honneur, ça, c’est à notre portée. Je me souviens d’une formule prononcée par le Très Puissant Souverain Grand Commandeur du REAA, il y a une dizaine d’années, formule qui nous exhortait tous, quelque soit notre degré, à être chacun à notre manière des hospitaliers. Ce n’est que par la culture et la bienveillance que nous pourrons sortir et faire sortir notre pays de ce marasme par le haut.

Sinon, petite information amusante : on sait que la pollution de l’air tue directement 8 millions de personnes dans le monde et près de 50 000 personnes en France chaque année. Du coup, je me demande ce que nos chers autocrates cratophiles, si prompts à nous détruire nos libertés les plus élémentaires, comptent faire de ce problème là.

J’ai dit.

Et bis repetita placent

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« Tous les grands événements et personnages historiques se répètent pour ainsi dire deux fois […] la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce » (Karl Marx, Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte).

J’aurais dû être en Loge hier soir, mais couvre-feu oblige, la Tenue a été reportée sine die. Et avec le nouveau confinement que nous allons vivre en novembre, je pense que je ne vais pas remettre mes décors avant un petit moment. Comme beaucoup de monde, je suis abasourdi par les mesures prises par les guignols aux commandes.

Donc, plus de Loges le soir, ni la journée. On n’a plus guère de choix que d’aller au travail, et encore, avec pas mal de restrictions, des formulaires pour faire plaisir au Ministère de l’Intérieur et des Cultesi. Tout le reste, tout ce qui peut élever la vie, ou la rendre plus belle et plus agréable, mais qui ne rentre pas dans les bilans comptables des sociopathes minables qui nous dirigent, devient un délit. D’ailleurs, en rentrant presque après les 9 coups de 21 heures, j’ai failli être un dangereux délinquant.

Bravo. Bravo pour avoir tiré les leçons de la première vague et avoir mené avec succès l’été. Bravo pour la gestion des tests, dont certains ne peuvent pas être validés pour d’obscures raisons d’homologation. Bravo pour la gestion des stocks stratégiques de masques ou de médicaments qu’on n’a pas entretenus, pour cause de budget. Et bravo pour avoir créé ces situations inextricables. Bref, bravo pour avoir tiré les leçons du confinement de mars avec succès, ce qui explique le confinement actuel. Et bravo pour le plan de relance, grâce auquel les grandes entreprises qui ont tant pleurniché vont pouvoir verser de juteux dividendes à leurs actionnaires. Au fond, des gens essorés, épuisés, qu’on jette comme des merdes, des dirigeants inconséquents qui méprisent les droits les plus élémentaires… Bienvenue dans le paradigme de la start-up adapté à la nation. « Start-up nation ? Fucked up generation ! » chantent les métalleux de Sidilarsen. C’est exactement ça. Et ce monde ne me fait pas du tout rêver.

En attendant, depuis mars, les mesures prises par ce gouvernement de malheur ont provoqué ce que même Pétain n’a pas réussi à faire : bien abîmer la Franc-maçonnerie (de manière involontaire, ce qui est peut-être pire). Dans mes Loges, nous avons perdu du monde. Des frères âgés, qui n’ont pas envie de courir de risques (ce qui se comprend). Certaines Loges sont menacées de s’écrouler, faute de Frères.

Ca peut paraître choquant pour certains, mais pour moi, le couvre-feu et les confinements sont des mesures indirectement anti-maçonniques. En allant plus loin, ce sont des mesures contre la vie et contre la jeunesse. Qu’est-ce qu’on offre à la jeunesse en ce moment ? Juste avoir le droit de bosser entre 6 heures et 21 heures. Et seule. Il me semble que l’empathie, les idées, la pensée, l’humanisation, ça se fait à plusieurs avec le contact. Et le visage aussi. Bon, l’acceptation de l’altérité, le travail de Lévinas, tout cela est hors de portée de nos sociopathes ignorants. En tout cas, j’ai peur de ce que deviendront les jeunes et les enfants à qui on laisse un monde dégueulasse et une société toujours plus individualiste, sans empathie, sans manifestation d’amour. Un monde à la Houellebecq, en somme, mâtiné d’une société à la SOS Bonheur. J’en viens à penser que nos dirigeants ont un amour morbide de la mort : protection des aînés en les faisant mourir de tristesse et de solitude dans ces sordides mouroirs que sont les EHPAD, arrêt et criminalisation de tout ce qui fait la vie, incitation au « métro-boulot-dodo », sous réserve qu’il n’y ait ni grève ni incident technique ou panne d’exploitation…

Hannah Arendt avait défini son concept de banalité du mal comme l’incapacité à penser, à se projeter. Là, on est en plein dedans ! Une bande de sociopathes, d’opportunistes et traîtres à leurs familles politiques originelles, de malfrats dirigés en sous-main par d’autres sociopathes milliardairesii pour qui il n’existe rien d’autre que le travail, la frugalité pour les autres, ou le vol du travail d’autrui (c’est ce qu’on appelle le capitalisme), insensibles à ce qui humanise l’homme. Et ces gens-là sont incapables de concevoir que des familles vivent (par leur faute indirecte) dans 14 mètres carrés, avec moins de 500 Euros par mois. On accorde une certaine confiance à ces gens, sous réserve de leur appartenance à une pseudo-élite, celle des grandes écoles, qui prétend maîtriser les modèles mathématiques et agir rationnellement. Sauf que la rationalité, comme le sommeil de la raison, engendre des monstres, dixit feu l’anthropologue David Graeber. Des gens qui ne sont que chiffres, modèles, sans égard pour l’humanité, et coupés de la réelle pensée. Sans imagination, sans capacité de projection, sans empathie, dévoués à leur corps de hauts fonctionnaires et bouffis de conflits d’intérêts, les guignols sinistres qui nous dirigent pourraient devenir comme l’Eichmann de Hannah Arendt, à se défendre à leur procès avec un argument du type « ah ben, j’savais pô, et pis, j’ai fait qu’mon d’voir », ou avec la fadaise ultime, « responsable mais pas coupable ». On reparle d’Ignorance, Fanatisme et Ambition ?

Nous allons vivre des heures sombres, et je ne sais pas si nous allons nous relever. En attendant, à notre petit niveau de maçons, n’oublions pas d’être des hospitaliers, d’être les lumières qui apparaissent à l’heure la plus noire de la nuit. Soyons plus humains que ces gens-là.

J’ai dit.

iPar les temps qui courent, il me paraît essentiel de rappeler ce petit détail.

iiCf. Crépuscule, de l’avocat Juan Branco, qui raconte les dessous peu reluisants du pouvoir.

Vertical / horizontal : une simple dualité ou une opposition dans nos loges ?

La relation dominant/dominé est elle présente en loge, avec son cortège d’arbitraire et de manque de démocratie ? Analyse.

En franc-maçonnerie on étudie le vertical avant l’horizontal. Serait-ce pour la même raison qui fait placer la liberté avant l’égalité/fraternité ? Certes, il faut commencer par se connaître, comme individu unique, d’où  le un, qui précède le deux, nécessaire si on veut comparer deux êtres ou deux choses sur un critère pour en supputer l’égalité ou l’inégalité. Ce un, barre verticale, précède, lorsque l’on compte, les deux êtres juxtaposés.

Mais le vertical symbolise aussi la relation dominant/dominé, et nos deux derniers millénaires ont vu une marche vers l’égalité des droits. Le dominant peut a priori exercer son pouvoir comme bon lui semble, d’où les expressions comme « le fait du prince ».

Il semble bien que l’écriture ait été inventée pour les inventaires de l’administration,  en Mésopotamie selon les connaissances actuelles, preuve que la bureaucratie existait déjà, avec cette fonction d’objectivation par les quantités.

Par extension, les peuples ont accepté les procédures bureaucratiques dans l’espoir ou la croyance qu’il en résulterait un traitement plus égalitaire ou plus fiable. Cependant, toute procédure nécessite fréquemment une interprétation, laquelle sera alors effectuée par un tenant des dominants.

Étape supplémentaire : réclamer des procédures de plus en plus précises, afin d’obtenir la transparence et diminuer les interprétations arbitraires. Mais cela n’aboutit qu’à reporter le pouvoir d’accorder des dérogations aux règles à un échelon supérieur…le vertical gagne toujours, en dernier ressort.

Sous l’étouffoir procédurier liberticide, les peuples ont besoin d’une soupape : ce sera le rêve. D’où le succès des contes de fée dès l’enfance, qui se poursuit ensuite par les légendes, épopées héroïques, mythes, romans  … Qu’y voyons nous ? Des héros puissants, bénéfiques ou maléfiques, qui ne s’embarrassent pas de droits, de paperasses, ni d’égalité . La liberté est souvent éliminée dès le départ en créant des hiérarchies d’êtres de puissances différentes et immuables ; la bible déjà distinguait des séraphins, des chérubins, des archanges et des anges.

Le récit se termine souvent par la défaite des héros les plus autocrates, afin de proposer comme morale (en filigrane) qu’il vaut bien mieux céder un peu de nos libertés à ces insupportables bureaucraties que de dépendre de l’arbitraire et parfois violent maître à l’ancienne. Et voilà comment on évacue la question du juste niveau de paperasses, du coup la fonctionnarisation de nos sociétés ( secteur public comme secteur privé ) est en augmentation sans fin.

Dans nos loges et obédiences le modèle de démocratie, au sens d’un pilotage par le vote d’une majorité, est parfois appliqué, et dans d’autres cas le vote est réservé à une plus petite partie. Il y a croisement entre une égalité des membres à un grade donné et des domaines réservés à certains, comme les tenants d’un grade supérieur, ou d’un poste d’officier ( actuellement ou précédemment : cas des « passés maîtres » ), ou parfois de la qualité de fondateur de la loge. Bref nous sommes quelque part entre démocratie horizontale et aristocratie verticale ( au sens de « pouvoir de décision à ceux qui sont le plus qualifiés pour décider » ) .

Observons aussi, c’est humain, que moins il y a de personnes impliquées, moins il est « rentable » d’écrire des procédures détaillées, c’est pourquoi le plaisir d’une liberté moins bridée se retrouve en grimpant dans les niveaux hiérarchiques. C’est donc là que la menace de l’arbitraire pointe à nouveau son nez, et c’est là que convergent les assoiffés de pouvoir que notre frère Pierre Audureau dénonçait dans son «  une franc-maçonnerie dévoyée par l’ego ».

Dans les niveaux élevés de management, les règles à suivre sont remplacées par des objectifs à atteindre. Un nouveau grand maître communique par ses discours les objectifs qu’il (ou elle ) se fixe avec son équipe pendant le mandat.

Que pouvons-nous faire pour réduire l’arbitraire, et/ou le sentiment d’iniquité qui nous gagne parfois, même en maçonnerie ?

Premier outil classique : la transparence. Si sur un certain domaine nous souhaitons un mode un peu aristocratique, affichons le et expliquons le. Par exemple, on trouvera peu de monde en faveur d’une démocratie avec désignation par tirage au sort, dans la population, des directeurs de centrale nucléaire.

Plus généralement, la contractualisation est un outil qui, après réflexion sur les modes de gouvernance, acte l’accord de tous sur le résultat des discussions.

Une remarque à ce propos. On entend parfois en maçonnerie «  le candidat peut à tout moment se retirer si les engagements demandés ne lui conviennent pas », affirmant donc la transparence et la liberté de choix. Dans les faits, lorsqu’on est depuis des mois ou années motivé par une entrée dans l’ordre, on ne s’attarde pas sur un petit flou de compréhension ou un non-dit (de plus, le règlement intérieur n’est pas exposé lors des cérémonies), et ce n’est pas au beau milieu d’une cérémonie qu’on va se mettre à décortiquer tel ou tel article. Bref, c’est sur le silencieux banc des apprentis que l’on découvre la gouvernance réelle, et là on ne risque pas d’intervenir dans les cinq minutes…

Mon expérience maçonnique n’est pas fort longue en durée, cependant elle me suggère que beaucoup de loges, bâties au temps de l’amitié forte des fondateurs, disposent de chartes et autres règlements intérieurs conçus pour « quand tout va bien », mais auraient intérêt à une réflexion, tant que la sérénité est encore pleinement présente, sur les garde-fous à mettre en place en prévision de l’arrivée de la saison des tempêtes.

La réflexion pourrait démarrer sur le mode « Titanic », soit : quelle est la pire situation à redouter, et que mettons nous en place comme mesures préventives et curatives ? Puis continuer sur d’autres situations pénibles à éviter. Il en résulterait à la fin des règles de conduite et de vie que tous devraient connaître, s’appliquer à soi ainsi qu’aux autres, en toute fraternité. Est-ce nécessaire à ce stade de rappeler que l’égo de certains est le loup à repérer et à canaliser ?

La conclusion de tout cela est que l’équilibre entre choix horizontaux basés sur l’égalité des droits et choix verticaux basés sur des qualifications à objectiver est un processus délicat et important, à dérouler en début de vie de la loge, et à maintenir vivant tout au long de son activité.

Et vous, où en est votre combat contre l’arbitraire ?

Gueule de bois

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Marx disait que lorsqu’un événement se produit une fois, c’est une tragédie. Lorsqu’il se reproduit, c’est une farce. Si le contexte n’était pas aussi noir en raison du meurtre atroce commis sur un enseignant, je serais assez d’accord.

Là, j’ai l’impression que deux réalités se confrontent, comme deux plaques continentales en état de collision. D’un côté, nous avons l’instauration du couvre-feu et d’autres mesures contraignantes et grotesques, de l’autre, cet acte lâche, odieux et barbare de décapitation d’un enseignant. Deux faits très éloignés, mais pourtant liés par un même phénomène, aussi subtil que très inquiétant.

Bon, j’avais préparé un billet pour exprimer ma colère et mon mépris, mais étant donné les circonstances, je le garde pour la prochaine bourde, qui devrait venir assez vite, nos hommes politiques se basant sur Les cauchemars d’Iznogoud comme traité politique. A ce propos, j’ai une idée pour renflouer les caisses de l’État et le trou de la Sécurité Sociale : sanctionner par une contravention les personnes malades ! Ah, on me dit que ça se fait déjà, avec le forfait à 18 Euros pour un passage aux urgences…

Certes, on s’est bien fait avoir aux élections puisqu’on avait le choix entre un parti vaguement centriste et l’extrême-droite. On nous a promis les pires malheurs avec l’extrême-droite au pouvoir : arrestations arbitraires, dérives violentes du maintien de l’ordre, restrictions de la liberté de la presse, censures, fin de la vie culturelle, instauration de couvre-feu et autres mesures autoritaires d’un autre âge… Quand je vois le résultat, j’en viens à me demander pour qui j’ai réellement voté.
En tout cas, tout comme la majorité des votants, je n’ai clairement pas voté pour ce monde-là. On en vient à criminaliser les choses du quotidien, et créer des situations réellement absurdes. Ainsi, si j’ai envie de prendre une pizza à la pizzeria de ma rue, je ne peux pas le faire après 21 heures. C’est un délit. Par contre, je peux y commander une pizza via une de ces plate-formes de livraison de repas créée par des négriers modernes et me la faire livrer par un livreur autorisé à circuler après 21 heures…

De la même façon, pour les SDF, les réfugiés, les sans-papiers, les enfants de l’Assistance publique (ex « enfants de la DDASS ») mis à la rue à leur majorité, les marginaux condamnés à vivre dehors, on fait quoi ? On leur colle une amende pour non-respect du couvre-feu, comme pendant le confinement ?

D’ailleurs, le terme couvre-feu, terme guerrier s’il en est, est-il si judicieux à utiliser ? Déjà qu’on fait la guerre à un virus… Petit rappel pour les ignorants, les illettrés et les énarques : la guerre est une dialectique. Or on ne dialogue pas avec un virus (ni avec une idée, mais j’y reviendrai). Donc le vocabulaire guerrier est une faute de français grave. Mais que font donc les profs de français affectés aux cabinets divers ? Qui plus est, quand on fait la guerre, on donne les moyens à ses soldats de la faire : on affûte les armes, on prépare les unités de soin, on prend garde à protéger la population, et surtout, on veille à ne pas la priver sous peine de perdre son soutien. Tout débutant en stratégie sait ça : affaiblir l’ennemi en démoralisant sa population civile, qui ne suivra plus les chefs qui l’ont menée à la guerre.

D’aucuns disent qu’il ne faut pas comparer le couvre-feu à l’Occupation, que c’est pas pareil etc. En fait, dans la démarche, si, il y a une similitude : la criminalisation subite d’actes du quotidien par le gouvernement. Certes, la sanction n’est pas la même, encore que ça dépendra du quartier (car contrairement à ce que clament nos orwelliens dirigeants, la violence policière existe en France, on l’a malheureusement vu durant le confinement et même avant). Et je pense que 135 Euros, pour des familles déjà très touchées, qui ont basculé dans la pauvreté, c’est un coup très dur. Il paraît que c’est pour notre bien. Et je suppose que les décennies de démantèlement des services publics qui ont précédé, c’était aussi pour notre bien ? Transformer les structures qui nous permettent de vivre ensemble en entreprises même pas rentables, c’était donc un geste éthique ?

Toujours est-il que nous en sommes revenus à ces mesures contraignantes, contraires aux principes les plus élémentaires du droit, au nom d’une idée de la sécurité et d’une croyance à une idéologie rétrograde. Les mesures prises sanctionnent en effet, au nom de la sécurité sanitaire, tout ce qui fait la vie et qui rend l’existence plus supportable : le partage, le dialogue, la convivialité etc. Et ne parlons pas des métiers de la nuit et du soir, condamnés une nouvelle fois malgré le respect scrupuleux des consignes qu’on leur a données. Je plains les comédiens, les gens du spectacle, mais aussi les gens de la restauration et de la convivialité, qui vont probablement tout perdre. Tout ça à cause d’un virus aux propriétés très étranges, dignes du bestiaire d’AD&D : ni transmissible ni dangereux dans les transports en commun surchargés, ni dans les bureaux le jour, mais alors, la nuit, dans les restaurants, cinémas, théâtres, lieux de rencontre, Loges etc., subitement, il devient très contagieux et très dangereux ! En fait, ça doit être un virus extrait de l’ADN des Gremlins…

En fait, à bien y regarder, les mesures prises par nos dirigeants ressemblent assez aux normes sociales du paternalisme du XIXe siècle ou aux documents que cite Max Weber dans l’Ethique protestante et l’esprit du capitalisme : le travail est une valeur, faire la fête un péché etc. Seul compte le travail. C’a été martelé. On peut travailler, mais plus vivre.

Le problème que je vois, c’est que leur croyance dans le modèle capitaliste du XIXe siècle a supplanté la connaissance et le discernement, dans cette histoire. Croyance dans les valeurs du néolibéralisme, croyance en le modèle de la cordée, croyance en le ruissellement etc. Une pensée proche du puritanisme, cette doctrine qui empêche de jouir et d’être heureux.

Ce sont ces croyances en des choses ineptes qui nous amenés là. Et pire, nous sommes conditionnés pour ne pas imaginer autre chose que ce monde, conditionnés pour croire que la société néolibérale qui alimente le capitalisme financier est la meilleure chose. Bon, pour les conséquences pratiques, notamment la destruction de notre environnement qui entraîne raréfaction des ressources et confrontation à des virus inconnus, on verra après, hein ? Les dividendes d’abord. Il faut croire au capitalisme et à la sagesse des grands administrateurs… A ce propos, les dividendes après les aides d’état, ça va bien ?

A propos de croyance, j’en arrive à l’autre pan de réalité. Le vendredi 16 octobre 2020, un enseignant a été décapité par un jeune de 18 ans, au motif qu’il a fait travailler ses élèves sur la liberté d’expression avec comme support de cours les caricatures publiées par Charlie Hebdo en 2006. Le meurtrier et ceux qui l’ont poussé à l’acte estiment que leurs croyances prévalent sur les lois de la République, nos lois et qu’ils peuvent tuer pour un dessin… Je suis très choqué par cet acte aussi lâche que barbare. Comble de la modernité, le meurtrier a affiché des photos de son acte sur les réseaux sociaux… Outre un intégrisme violent, la vision qu’ont ces intégristes a un nom : le puritanisme, cette doctrine qui empêche de jouir et d’être heureuxi. Un même fond aux effets radicalement différents, mais une même obsession : la conformité à un commandement religieux ou un dogme et la sanction pour qui s’écarte du dogme et la sanction de toute joie ou de tout ce qui peut faire sourire…

Il a été promis en haut lieu de protéger les enseignants. Etant donné le très lourd passif de l’Education Nationale et son modus operandi qui consiste à ne surtout pas défendre son personnel en cas de problème pour ne pas faire de vagues (cf. le dramatique suicide de Christine Renon en 2019 ou la récente enquête publiée montrant la défiance des enseignants envers leur hiérarchie ), voire sanctionner un enseignant ou un administratif qui fait simplement son boulot, je me permets d’émettre quelques doutes sur les engagements de nos dirigeants.

Nos politiques ne peuvent ignorer combien la situation est difficile dans l’Education nationale : les langues se délient, les témoignages se multiplient et tous disent la même chose : les enseignants ne sont jamais soutenus en cas de problème, les parents d’élèves et leurs enfants font la loi dans les écoles, collèges et lycées. L’autorité est gravement bafouée, et la croyance (souvent religieuse et radicalisée) supplante la connaissance ou l’ensemble des lois républicaines. On entend beaucoup trop souvent le « ma religion me l’interdit », prétexte à refuser les cours ou la vie en société, au mépris des règles de vie commune et de laïcité, voire de l’intelligence. Tout le monde le sait, sauf la rue de Grenelle, visiblement. Peut-être sont-ils victimes des méthodes de lecture ineptes enseignées par la force, qui ont créé deux générations d’illettrés et de dyslexiques ? Toujours est-il que les choix politiques de ces 30 dernières années ont créé un système à deux vitesses, accroissant les inégalités et limitant l’accès à la culture. Et c’est dans cette ignorance, qui leur est un terreau fertile, que les fanatiques de tout bord plantent les graines de leur vision violente du monde. Ainsi, pour eux, on croit à une certaine idéologie, et on détruit tout ce qui n’y ressemble pas ou peut s’y opposerii.

Alors que l’enquête est en cours, je m’aperçois qu’on s’enfonce dans le sordide et dans ce que l’âme humaine peut engendrer de pire et de plus laid. Je crains que nous ne soyons dans une nouvelle figure de banalité du mal : entre la lâcheté de l’institution chargée de protéger ses hommes et la bêtise incommensurable des gamins complices du meurtre, sans compter la malveillance et l’acharnement des islamistes et leurs ouailles, on est au croisement du sordide de l’âme. Il faudra beaucoup de temps pour comprendre (je dis comprendre, mais en aucun cas justifier) ce qui s’est passé. Mais il est désormais trop tard pour pousser des cris d’orfraie : l’Education Nationale a voulu mettre la poussière sous le tapis pendant des années, ses responsables ont eux aussi fait passer leurs croyances avant la connaissance et le pays va devoir assumer les conséquences de cet aveuglement : baisse grave du niveau scolaire, hausse de l’illettrisme, abandon des règles de vie commune, et bien sûr développement de la violence à tous les niveaux et plus grave, développement d’un sentiment d’impunité des harceleurs et prêcheurs de haine (qui argueront du fait que ce sont eux les pauvres victimes pour justifier leurs exactions…). Et la responsabilité, on en fait quoi ? La responsabilité face à une famille dont un membre est mort atrocement pour avoir fait son devoir, on en fait quoi ?

Nous avons atteint un stade grave, où la réponse à une crise de gestion n’est plus politique, mais judiciaire. Entre l’enquête criminelle sur le lâche assassinat de cet enseignant, qui faisait son travail (enquête qui devrait, je suppose, mettre la lumière sur les très vilaines méthodes de l’Education Nationale) ou l’enquête visant certains de nos dirigeants pour leur « abstention à combattre un sinistre » à propos de leur gestion de crise sanitaire, des choses très graves risquent de se passer. La défiance et le ressentiment toujours plus grands envers l’exécutif trop puissant et le législatif muselé risque de nous faire préférer un régime autoritaire, capable de répondre « simplement » à des problèmes complexes, comme aux Etats-Unis d’Amérique en 2016 (et probablement en 2020) ou en Allemagne dans les années 1930, qui nous fera immanquablement sombrer dans le chaos, la haine et la destruction.

Que ce soit dans les hautes sphères de la République ou au coeur de banlieues, quand la croyance supplante la connaissance, quand règnent le puritanisme ou l’intégrisme, tout le monde est perdant. Mais alors que faire ? On peut soit se résigner, soit s’en remettre à un tiers plus puissant (mais lequel?), ou agir. En effet, il ne peut y avoir d’éthique sans action. Dans ce cas précis, il me paraît indispensable d’en revenir à deux choses essentielles, à tous les niveaux de la société et au quotidien: la laïcitéiii d’une part, et apprendre à ne pas tuer l’Autre si on n’est pas d’accord avec lui. Et peut-être aussi lutter contre l’ignorance avec une réforme ambitieuse de l’éducation, comme apprendre à lire, écrire, compter, connaître les classiques et exercer son esprit critique, mais là, je rêve.

En attendant, je me demande comment on va pouvoir travailler en Loge dans ce contexte. Se déplacer le soir est désormais délictueux, et ça, c’est un coup très dur, inattendu. Il semblerait qu’on trouve peut-être une solution, en changeant nos horaires. Après, si les Loges, les théâtres ou les cinémas peuvent fonctionner jusqu’à 20 heures, j’en serai quitte pour quitter le boulot plus tôt et donc travailler moins. Parce que me priver de vivre et de fréquenter mes « contacts inutiles » (vous savez, les camarades, les amis, les Frères, bref, toute personne avec qui on peut avoir une relation autre que marchande ou professionnelle…) à cause d’une situation que personne n’a prévue et que personne ne semble pouvoir régler désormais autrement que par l’abus de pouvoir, j’en ai plus qu’assez.

J’ai dit.

iRépétition tout à fait assumée, la motivation des décisions politiques et de la vague d’attentats étant la même, bien que les résultats soient extrêmement différents.

iiA ce stade, je me dois de rappeler que l’État s’est montré incapable de protéger la jeune Mila, toujours harcelée par une bande de malfrats au motif qu’elle a blasphémé… Incapacité de protéger une jeune femme et incapacité de sanctionner les harceleurs, qui se sentent investis d’un blanc-seing et d’une certaine impunité. On fait quoi, maintenant ?

iiiPetite anecdote confiée par un collègue : celui-ci a eu un problème de laïcité avec un stagiaire qui arborait un signe religieux de manière plus qu’ostensible (ce qui est une faute dans un service, il est interdit aux fonctionnaires d’arborer un signe religieux quelconque). Le collègue a fait le nécessaire et signalé le fait à la hiérarchie… qui l’a désavoué. La hiérarchie ne voulait pas avoir de problème Comme quoi, il y a encore beaucoup de boulot.

Ordo ab Chao : craintes pour l’avenir

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Article rédigé le 5/10, des éléments ont pu changer.

J’étais en Loge hier soir, et je méditais sur la devise du Rite Ecossais Ancien et Accepté (Ordo ab Chao, pour ceux qui ne savent pas). J’ai eu alors une vision d’effroi. Et ce n’était pas à cause du Gin tonici. En fait, un Frère et moi faisions le point sur les mesures sanitaires et prophylactiques prises dans le cadre de l’épidémie. Et là, j’avoue ne plus rien comprendre à ce que nous sommes en train de vivre. Vraiment. Ainsi, les bars doivent fermer à Aix ou Marseille, mais pas à Gémenos ou La Ciotat, pourtant en banlieue très proche de ces métropoles.
Autre exemple : on nous impose des masques, mais le nombre de cas testés positifs continue d’augmenter. Bon, je regrette qu’on n’ait que l’occurrence et pas la fréquence des cas positifs. Ce serait pourtant intéressant, à moins qu’il ne s’agisse d’une volonté d’empêcher une quelconque mise en perspective… Et puis, ça aurait plus de sens que des chiffres dignes d’un tirage du Loto. Mais bon, qui suis-je pour demander des données intelligibles ?

Reprenons. A Paris, les bars doivent fermer après 22 heures, soit. Mais pas les restaurants. A condition de porter le masque quand on se déplace (car le virus ne se déplace pas quand on est à table, c’est bien connu). On ferme aussi les salles de sport, ce qui à moyen terme peut poser quelques problèmes de santé publique, mais visiblement, la santé des citoyens n’intéresse pas nos dirigeants, focalisés sur les indicateurs relatifs au virus. Bon, un Frère de ma Loge est psychiatre et s’inquiète du nombre de patients qui se présentent à son cabinet, qui souffrent de séquelles du confinement et des trop nombreuses restrictions que nous avons à subir. D’ailleurs, une question. Comme on a plus ou moins supprimé les spectacles (dont un concert d’Alice Cooper et le Ring de Wagner… Le virus m’en veut), les intermittents vont en général travailler comme serveurs (ou autres métiers utiles mais très ingrats) pour survivre. Du coup, si on supprime les spectacles et les bars, on leur dit quoi, aux intermittents du spectacle ?

Toujours dans la cohérence, on interdit les rassemblements de plus de 10 personnes, mais la ligne 13 du métro reste surchargée (il semblerait qu’on soit à 10 personnes au mètre carré à l’heure de pointe, mais je peux me tromper…). Dans ce cas, prendre le métro, est-ce toujours légal ? En même temps, la ligne 13 reliant la Seine Saint Denis à la capitale, il vaudrait mieux ne pas trop y toucher, puisqu’elle est la ligne des « premiers de corvée », ceux qui ont maintenu la possibilité de continuer à vivre pendant le Confinement…

On nous parle aussi de « responsabilité » : il faut accepter de ne plus vivre, ne plus faire ce qui rend la vie supportable à défaut d’être riche, belle ou agréable, mais seulement travailler, pour ne pas accabler le corps médical et le système hospitalier, déjà très éprouvés. Amusant d’entendre ça de la part de gouvernants qui n’ont pas hésité à envoyer les CRS charger, gazer ou tabasser les soignants en manifestation ! Les mêmes n’ont pas hésité non plus à réquisitionner des soignants grévistes, en maladie ou en congé lors des différentes grèves de 2019. Bon, les soignants auront été gâtés : on les aura applaudis à 20h et on leur aura offert un mug. Bon, je ne crois pas utile de revenir sur l’histoire des masques. Heureusement que nous avons les politiques belges, américains ou japonais pour nous rassurer sur la qualité de nos dirigeants… En fait, non, je ne me sens pas rassuré du tout, là.

Faut-il rappeler que la crise économique découlant de la crise sanitaire a plongé un certain nombre de nos concitoyens dans une précarité extrême, en plus des inégalités déjà existantes ? Ainsi, la fréquentation des ONG a explosé. Et en même temps, des ONG se voient interdire de distribuer des repas aux migrants dans le Nord de la France. En d’autres termes, en France, en 2020, des gens sont en danger de mourir de faim ou de froid.

Il n’y a pas d’argent magique pour les services publics, mais on va plutôt renflouer des industries déjà mal en point, qui vont licencier à tour de bras, ne nous leurrons pas. Les subventions débloquées ne serviront probablement qu’à verser de juteux dividendes aux actionnaires, qui contrairement à ce que l’on croit, ont des noms et des visagesii. Peut-être eût-il été mieux de maintenir un système hospitalier en bon état de fonctionnement plutôt que de le démembrer, provoquant ainsi la crise sanitaire que nous connaissons ?

Bon, pour l’environnement, je ne crois pas utile de rappeler la volte-face de certains défenseurs d’une idée de l’agriculture limitée en cochonneries subitement passés aux idées des lobbies divers. Bon, faire courir des risques de cancer à des enfants n’empêche pas nos dirigeants de dormir, visiblement.

Par ailleurs, on a trop souvent l’impression dans la communication relative à l’épidémie que, comme on n’a pas été sage, on est privé de sortie. Un peu comme un parent s’adresse à un ado… Le problème est qu’à force d’être pris pour des gosses ou des ados, on finit par se comporter comme tels. Je serais curieux de voir le potentiel de destruction d’une nation d’adolescents révoltés contre l’autorité gouvernementale qui a adopté les oripeaux d’une parentalité déplacée.

En gros, j’ai l’impression de relire la version 2020 de l’Etrange défaite de l’historien Marc Bloch, témoignage impitoyable d’un soldat, qui a vu et compris les dysfonctionnements du commandement français. Si sur le terrain, les français sont les meilleurs, au niveau des commandements, ce n’est pas du tout la même histoire : interventionnisme des politiques, chefs désireux de plaire au pouvoir en place en dépit de l’intérêt général, problème d’ego, parties se prenant pour le tout etc. Nous n’aurons donc rien appris de la deuxième Guerre mondiale.

En fait, dans ce fatras incohérent, orchestré par une bande de guignols incompétents que nous avons placés au pouvoir, il s’est créé un chaos apparent. Mais je redoute quelque chose de plus noir. Les décisions politiques prises au nom de la santé publique sont très incohérentes, sans réelle connaissance du terrain. Des informations importantes ne sont pas montrées. Des décisions sont prises arbitrairement, causant plus de problème qu’elles ne doivent en résoudre, fragilisant ainsi la légitimité de nos dirigeants. Résultat, si la supposée intelligence nous amène au chaos, autant tenter la bêtise et les réponses simplistes aux problèmes complexesiii… Toujours est-il que nous en avons tous assez des guignols qui nous mènent à la catastrophe ou au chaos, et que nous aimerions retrouver un peu de paix, faire des projets à court ou long terme, être sûrs de pouvoir continuer à vivre dignement et retrouver un semblant d’ordre. Et la tentation est grande d’en appeler à l’ordre qui doit venir du chaos. Et dans notre désespoir, nous risquons de confondre ordre avec autorité.

Le problème qui se pose, c’est que ce genre d’appel dans ces crises se transmue irrémédiablement en bruit de bottes.

Plus que jamais, gardons-nous de nos passions.

J’ai dit.

iAbus d’alcool dangereux, modération etc.

iiIl suffira de lire le nouveau Manière de Voir consacré à la dette.

iii Ah, on me dit que ç’a déjà été fait, en Allemagne dans les années 30.

Du recrutement

J’étais en Loge hier soir, et, joie suprême, j’ai planché. J’ai en effet présenté à ma Loge mon ouvrage L’éthique en Franc-maçonnerie (disponible ici ou chez votre libraire, éventuellement Amazon si vraiment vous me détestez). Si mes Frères ont été heureux de m’entendre et de recevoir une dédicace, et si j’ai été heureux de le faire, il y a eu une petite ombre au tableau de Loge : nous n’étions pas nombreux. Au point qu’on a failli ne pas ouvrir ! Il faut savoir que nous ne sommes pas nombreux dans la Loge, et que la crise sanitaire (et dispositions associées), les difficultés de transport, et les difficultés liées à l’âge des aînés en dissuadent plus d’un de venir. Sans compter la peur. Celle légitime de contracter le virus, mais aussi celle instillée par des médias peu scrupuleux et un gouvernement de plus en plus incompétent et de moins en moins cohérent. Certaines Loges sont en voie de disparition ! Mais pas que ! Les chorales sont en grave difficulté aussi, les associations sportives, n’en parlons pas. Près d’un tiers de l’effectif de mon dojo est en train de partir, au motif de la peur de la maladie… Quant aux chorales, à défaut de disposer d’une salle aux dimensions suffisantes pour les normes sanitaires, elles n’ont d’autre choix que de fermer. Les adeptes de la disruption ont réussi là où tous les tenants de l’ordo-libéralisme ont échoué : tuer le spectacle vivant, assassiner le mouvement associatif, et réduire toutes les voix au silence, y compris les nôtres.

Pour les Loges, on pourrait légitimement se dire que yaka recruter, faukon recrute etc. Mais les choses ne sont pas si simples. Déjà, on assiste à une crise des vocations : de moins en moins de personnes sont intéressées, semble-t-il. En fait, l’engouement existe, mais dès qu’il s’agit de faire les formalités (et le Grand Architecte de l’Univers sait combien les Obédiences, en bon reflet de la société, sont des machines administratives complexes) ou payer des frais (capitations, cotisations, frais d’initiation), les difficultés commencent. Bon, sur le montant des cotisations et capitations, il y a des débats en cours. Les montants peuvent parfois être élevés, trop élevés chez certaines Obédiences se réclamant pourtant d’idées sociales, au point que des candidats se retrouvent freinés. D’autres (comme la mienne, je le reconnais) travaillent sur un système non pas égalitaire mais équitable sur conditions d’âge et de ressources. Une affaire à suivre. Enfin, d’autres exigent des montants élevés en connaissance de cause, dans le but de recruter dans les couches aisées de la société. En tout cas, aussi vulgaire que cela puisse paraître, le montant des cotisations annuelles se révèle un vrai problème pour le recrutement et la fidélisation des membres. Et la question va se poser encore plus, en cette période de crises économique et sociale, avec l’explosion du chômage et des faillites.

Mais il existe un autre phénomène, qu’il me paraît important d’explorer. Au moment où nous parlions de recrutement, et après avoir échangé sur les thèmes habituels (se dévoiler ou pas ? Le risque professionnel de se dévoiler, les collègues de boulot indignes de l’initiation etc.), nous avons observé que dans nos cercles, c’étaient surtout les femmes que l’Initiation intéressait. M’est alors venue une idée. Si des sociologues me lisent, j’aimerais en parler avec eux.

L’idée est la suivante. Nous vivons un changement de paradigme : les femmes s’affirment, et veulent continuer de passer du stade de l’objet au stade de sujet. C’est toujours la lutte pour l’égalité, la revendication des droits, avec un nouveau stade : la reconnaissance de la violence masculine et la revendication de la fin du patriarcat, du plafond de verre et de tout ce qui empêche l’émancipation des femmes. Autrement dit, la fin de la virilité imbécile et de la phallocratie institutionnelle (voir ici, page 92 et suivantes). Nous sommes en train d’en finir avec le statut mineur de la femme et le statut majeur de l’homme. Aussi, je me demande si les hommes ne développent pas un mécanisme de défense, comme un déni, qui les maintient dans l’illusion de la puissance virile imbécile et celle de la conservation du statu quo.

Il faut savoir que l’Initiation est un processus de déconstruction. Ainsi, quelle que soit son origine sociale, sa place dans la hiérarchie etc. , le travail de l’Apprenti est de prendre place, de se taire et d’écouter. En soi, ce processus est très déroutant. Imaginez un homme politique ou un grand capitaine d’industrie au grade d’Apprenti !

A tous les degrés, l’Initié doit être capable d’un travail de remise en cause, d’examen d’idées, ou de déconstruire ses certitudes. C’est une tâche difficile, qui implique un changement de regard, un changement de repère, et beaucoup de doutes. On ne s’attarde pas sur des sentiers fleuris, mais plutôt sur des pentes abruptes, on travaille sans relâche et on accomplit son Devoir. Il faut bien comprendre que le résultat de l’Initiation ne tombe jamais tout cuit dans le bec, contrairement à une carrière de mâle bien né, ayant fréquenté les bonnes écoles et les bons réseaux.

De là à penser que les femmes sont peut-être plus aptes que les hommes au travail initiatique, ma foi, c’est tentant. Car contrairement à un homme « bien né », une femme devra toujours faire ses preuves et faire plus, beaucoup plus que ce qui sera attendu d’un homme. Et à erreur équivalente, elle ne sera jamais pardonnée…
En attendant, ce que je peux voir, c’est que nous, Frères, à quelques exceptions près, nous sommes plutôt « mal nés », ou à défaut très insatisfaits de nos vies profanes. Nous connaissons aussi les difficultés de l’Initiation. Un Frère avait dit une fois que le Franc-maçon était quelqu’un qui boitait, qui voyait autrement le monde parce qu’il était « anormal ». Peut-être que cette faiblesse, que le fait de ne pas être né dans le camp des « vainqueurs » nous rend aptes, femmes comme hommes au travail initiatique.

Mais il est aussi possible que le changement de paradigme révèle l’inaptitude de certains à l’Initiation, comme certains se croyant encore fondés à « inviter à dîner » le sourire en coin les femmes qui leur demandent professionnellement des comptes sur la gestion de certaines crisesi. La Franc-maçonnerie dans sa forme actuelle étant un fait social concernant plutôt les classes moyennes supérieures, bourgeoises et aisées, peut-être devrons-nous nous poser la question du milieu social dans lequel nous recrutons.

Quoi qu’il en soit, restons vivants.

J’ai dit.

ihttps://www.franceinter.fr/emissions/pas-son-genre/pas-son-genre-24-septembre-2020

Parlons d’amour

J’étais en Loge hier soir. Enfin ! Depuis mars que j’attendais de pouvoir réécrire ces mots simples par lesquels je commençais mes billets. C’était l’idée de base que j’avais trouvée pour éviter l’angoisse de la page blanche. Ah Seigneur mon Dieu, que j’ai attendu le moment de pouvoir y aller et en revenir. Une joie simple dont j’ai été privé, comme beaucoup, par le trait de plume de bureaucrates inconséquents, nous faisant payer le prix de leur incurie et de leur cynisme. Et à l’heure à laquelle j’écris ces lignes, je ne suis pas sûr de pouvoir retrouver mes Frères de Loge le soir. J’ai plutôt peur que nous ne retombions dans la situation de mai, au nom du Bien et de la sacro-sainte Santé Publique décrétée par ces technocrates moins capables de gérer un stock stratégique que le chat de ma sœur ses croquettes ! Mais je m’égare.

Donc, en rentrant chez moi, masqué comme de bien entendu par ces temps de pandémie, j’ai croisé un jeune couple, visiblement très amoureux. Ces jeunes gens rejouaient dans les couloirs du métro le Baiser de l’Hôtel de Ville, de Doisneau ou le Kissing the War good bye de Jorgensen. Et, chose terrifiante, ils avaient retiré leurs masques et ne respectaient pas les sacro-saints gestes barrières ! Horreur ? En fait, non, j’ai plutôt été heureux de voir ce jeune couple qui manifestait son amour, sans souci du qu’en dira-t-on ou des règles hygiénistes qu’on nous impose au nom de la crise sanitaire. Au risque d’écrire des banalités et des phrases toutes faites, ces jeunes gens nous montrent qu’en dépit des règles toujours plus absurdes que nous acceptons du fait de notre sidération, celle-là même qui nous plonge dans un état de servitude volontaire, l’Amour reste le plus fort. La vie aussi.

A propos de vie, je ne partage pas tout à fait les récents propos de Nicolas Bedos, sur le fait de retirer les masques et de faire n’importe quoi. Néanmoins, beaucoup de nos libertés nous ont été volées ces derniers temps, et ça continue. Un couvre-feu se profile dans le Sud de la France, les bars, restaurants et salles de sport vont devoir fermer en région parisienne, les fêtes et rassemblement sont interdits (d’ailleurs, ce serait un bon moment de faire passer des réformes impopulaires puisque personne ne manifesterait… Comment ça, je fais du mauvais esprit?). Par contre, on doit continuer de prendre les transports et aller bosser. Car le virus a la sociologie d’un bobo fêtard à la Nicolas Bedos : il se propage dans les bars branchés, les théâtres et cinéma, mais pas dans les transports, ni dans les bureaux. Bizarre, vous avez dit bizarre ? Sapristi, je m’égare encore !

Pour en revenir à Nicolas Bedos qui appelle à la révolte et au retrait des masques, en bon Franc-maçon loyaliste que je suis, je ne partage pas tout, évidemment, sauf l’appel à vivre. Comme le disait Prévert, « vivre, c’est risquer de mourir ». Alors, si rester en vie est une chose, être vivant en est une autre. Et j’aimerais bien vivre, sans qu’on m’emmerde toutes les cinq minutes à me dire quoi faire, ou me faire contrôler mes « indicateurs de santé ». Et accessoirement, j’aimerais aussi qu’on me laisse respirer. Protéger les personnes les plus fragiles est un devoir, c’est indiscutable. Mais s’empêcher de vivre, c’est beaucoup plus discutable.

Beaucoup trop de nos libertés ont été concédées à l’incompétence de nos dirigeants, on le sait tous. Et on sait que les mesures d’exception ont tendance à être inscrites dans le droit commun. Il va falloir être vigilants, une fois encore. Et trouver des méthodes plus efficaces (et pacifiques) que la manifestation.

En attendant, je me demande ce que ma génération, déjà sacrifiée sur l’autel des crises diverses et à cette abomination qu’est le néolibéralisme dira à l’actuelle jeune génération qui devra supporter les conséquences des fautes des dirigeants d’avant : la crise climatique, l’idéal républicain mis à mal au nom de la rentabilité et des conflits d’intérêt, les services publics anéantis, les dispositions de l’état d’urgence, et bien sûr, cette privation de liberté de 2020, qui a anéanti des vies pour sauver un indicateur statistique de santé publique. Malgré ça, ce jeune couple qui s’aimait me donne encore un peu de foi et d’espérance…

A propos d’amour, puisque nous avons un Haut Commissaire au Plan, chargé de réfléchir à la France du futur, j’aurais peut-être une ou deux idées à lui proposer, à peu de frais puisqu’il suffit de marcher. Comme par exemple, rouvrir des accueils de jour pour marginaux ou permettre à chacun d’avoir un logement décent plutôt que dormir dans la rue en 2020. Et qu’on ne vienne pas me dire qu’il n’y a pas d’argent magique : l’État a débloqué des milliards d’Euros d’argent public pour sauver des industries déjà moribondes. Au point où on est, il ne devrait pas être trop compliqué de créer des logements. A moins que ce ne soit un choix que de laisser des personnes à la rue. Dans ce cas, autant retirer le terme de Fraternité de nos bâtiments et de notre devise.

Que l’Amour règne parmi les Hommes.

J’ai dit.

Le déni, vite ?

Il existe 50 nuances de déni à traverser ; ensuite on s’attaque aux fond des problèmes :  des pistes sont proposées.

Denivit, c’est cette poudre magique qui fait rapidement disparaître, dit la publicité, les taches sur les dents. Circulez, ya rien à voir ! Ici tout n’est que luxe, calme et volupté…en apparence. C’est effectivement le premier degré du déni :  il n’y a aucun problème, tout va bien, merci.

Pour s’en persuader, Dany Boon se répétait «  je vais bien, tout va bien » sur un mode incantatoire, avant de s’effondrer en larmes. Bref, nier l‘existence d’un problème n’est pas la solution.

Le déni  total étant parfois difficile à tenir sur la distance, devant l’obstination des faits, on peut gagner du temps en minimisant la gravité du problème.

Puis le degré suivant du déni est «  oui, je vois bien qu’il y a un problème, mais je n’y suis absolument pour rien ». C’est la position de l’innocente victime. La position victimaire est très à la mode dans nos sociétés actuelles : chaque minorité, et la plus petite minorité est un seul individu, peut en pleurnichant obtenir consolations et plus, tout en attribuant toute la responsabilité à un méchant bouc émissaire.

Enfin, la forteresse d’arguments défensifs érigée par notre cerveau, fidèle pondeur de raisonnements pour protéger nos pensées et envies les plus intimes, dispose d’une ultime ligne de défense : ça ne dépend pas de ma volonté, je n’y peux rien.

Tiens, voilà le mot volonté, qui sonne si désuet par les temps qui courent, un peu comme le mot vertu, qui lui aussi est évoqué dans certains rituels maçonniques.

Oui, mais la volonté ne se décrète pas ; il ne suffit pas de l’évoquer pour en disposer.

Derrière les dénis successifs se cache souvent la crainte de se retrouver dans l’incapacité d’accomplir les gestes qui amélioreraient la situation : c’est le manque de confiance en soi. On retrouve là un terrain très « psy » ou « amélioration de soi », mais aussi des éléments observables dans pas mal de nos loges.

Comment se construit la confiance en soi ? En première lecture, la formule laisse à penser que tout se passe à l’intérieur de soi, or nous savons qu’il n’en est rien : l’enfant solide n’a pu bâtir sa force que grâce à l’amour inconditionnel qu’il a obtenu de ses parents, bref la relation aux autres est capitale.

Dans nos loges également, nous aurons une dimension individuelle, avec le travail personnel, la connaissance de soi et des autres, la recherche de sa vérité, et une dimension  collective, qui débute symboliquement lorsqu’il est montré comment s’y prendre pour tailler la pierre.

Se sortir du cadre stressant du bain hystérique de la vie contemporaine est un premier acte capital pour augmenter son niveau de confiance : rien de tel que le temple et le rituel. Cela fait penser aux bienfaits de la méditation, isn’t it ? On retrouve aussi les vertus apaisantes de la régularité sur les enfants agités.

Ensuite, il faut paraît il apprendre à se connaître, mais comment ? Eh bien, il faut se mettre à l’écoute de soi, et d’abord en profitant de l’ambiance plus sereine procurée par le rituel : sortis de l’urgence, on peut mieux rechercher et trouver ce qui nous est important.

Cela suffit parfois à dénouer des nœuds, mais allons plus loin. Nous avons repéré la crainte de ne pas disposer des forces nécessaires pour vaincre les obstacles au rétablissement d’une vie acceptable. Un autre frein, courant, à une vie sereine, est qu’on se ment : on ne vit pas selon ses désirs, mais selon ceux de prescripteurs, dont les premiers sont bien sûr les parents, mais suivis par d’innombrables autres ensuite. Tous brandissent injonctions, normes, traditions. Notre intuition nous envoie souvent des signaux en ce sens : accueillons ces signaux et analysons-les.

« La seule chose dont on puisse être coupable, c’est d’avoir cédé sur son désir » disait Lacan.

Nous devons en déduire que la liberté n’est pas une absence de contraintes mais plutôt une mise en harmonie, un alignement entre notre désir profond et nos actes, et tant pis pour les sachants et autres porteurs de « l’autorité de l’éternel hier », selon la formule de Max Weber.

Remarquons que même le plus coincé d’entre nous a des moments où il échappe à la soumission : c’est lorsqu’il s’abandonne à la contemplation de la beauté, peu importe s’il s’agit de la nature ou d’une œuvre artistique. Voilà donc un outil de plus : le beau nous aidera à retrouver notre vrai, et cela pour une raison simple : la confiance qui nous délivrera du déni est une confiance en soi mais aussi dans l’universel dont nous sommes partie. La beauté est une des multiples choses que nous pouvons partager en fraternité, et le partage augmente en retour la confiance en soi et dans l’humanité, tout franc-maçon sait cela.

A ce stade il est important de mettre en garde contre la confusion possible entre confiance en soi et maîtrise : la part d’imprévu que nous réserve la vie ne peut être entièrement éliminée, et il faudra accepter, et même aimer, l’incertitude et la complexité de notre univers. Arrêtons de rêver que nous pouvons tout prévoir et régler à l’avance, mais plaçons notre confiance dans notre capacité d’adaptation.

Et vous, qu’en pensez vous ?