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La Grande Loge de France crée l’Observatoire de l’antimaçonnisme : une initiative majeure pour l’avenir de la Franc-Maçonnerie

Dans un monde où la Franc-Maçonnerie continue d’être un espace de réflexion, d’échange et de fraternité, la Grande Loge de France (GLDF) vient de poser une pierre angulaire pour répondre aux défis contemporains : la création de l’Observatoire de l’antimaçonnisme. Portée par Thierry Zaveroni, Grand Maître de 2022 à 2025, et placée sous la présidence éclairée du Très Respectable Grand Maître Honoris Causa Henri Hauterville, cette initiative s’inscrit dans la tradition d’innovation et d’ouverture de l’obédience, tout en affrontant avec lucidité la résurgence des discours hostiles à la Franc-Maçonnerie.

Une réponse à un défi contemporain

L’antimaçonnisme n’est pas un vestige du passé. Depuis plusieurs années, il connaît une recrudescence alarmante, amplifiée par les réseaux sociaux, les discours conspirationnistes et certaines mouvances politiques ou religieuses extrémistes. Des attaques en ligne aux menaces physiques, en passant par des propos discriminatoires, la Franc-Maçonnerie est devenue une cible désignée pour ceux qui rejettent les valeurs de liberté de conscience, de laïcité ouverte et d’humanisme. Comme le souligne le Manifeste Fondateur de l’Observatoire

« ceux qui nous accusent, nous insultent, nous calomnient ou nous menacent, ne s’en prennent pas qu’à nous. Ils attaquent la liberté de conscience, l’esprit des Lumières, la tolérance réciproque ».

Face à cette montée de la défiance, la Grande Loge de France a choisi de ne pas répondre par le silence ou la peur, mais par une action collective et éclairée. L’idée de cet Observatoire, qui a germé dès 2014, a trouvé un écho décisif sous l’impulsion de la GLDF, avec l’approbation enthousiaste de son Conseil Fédéral en juin 2025.

Une mission multidimensionnelle

L’Observatoire se veut un outil de veille, d’analyse, de formation et de défense, avec des objectifs précis :

  • Veille et documentation : Recenser rigoureusement les actes, propos et contenus antimaçonniques sur tous supports (médias, réseaux sociaux, publications religieuses, tribunes politiques). L’Observatoire établira un baromètre annuel et une cartographie des incidents, tout en créant une bibliothèque numérique d’archives indexées.
  • Analyse et recherche : Étudier les racines historiques, sociologiques et idéologiques de l’antimaçonnisme, en collaboration avec un comité scientifique interdisciplinaire composé d’historiens, sociologues, juristes et philosophes. Des rapports annuels et des études comparatives avec d’autres formes de discrimination (antisémitisme, racisme, etc.) seront produits.
  • Formation et sensibilisation : Développer des modules pédagogiques pour les Loges, les Obédiences, mais aussi pour les institutions républicaines, les enseignants et les journalistes. Colloques, expositions itinérantes et campagnes de communication viendront compléter cet effort de transmission.
  • Soutien et défense : Offrir un appui concret aux Frères, Sœurs et Loges victimes d’hostilité, tout en travaillant à une reconnaissance juridique de l’antimaçonnisme comme forme de discrimination philosophique. L’Observatoire facilitera également le dialogue avec les autorités publiques et les associations de défense des droits humains.

Une démarche interobédientielle et citoyenne

L’un des aspects les plus novateurs de cette initiative est son caractère interobédientiel. L’Observatoire n’est pas l’émanation d’une seule Obédience, mais une structure fraternelle, ouverte à toutes les sensibilités maçonniques françaises. Chaque Obédience est invitée à désigner un représentant au sein du comité de préfiguration et à contribuer à la réflexion collective. Cette approche reflète l’esprit de concorde et de pluralité qui anime la Franc-Maçonnerie, tout en renforçant la cohésion face à un défi commun.

Au-delà du cadre maçonnique, l’Observatoire s’inscrit dans une démarche citoyenne. En souhaitant s’associer à des institutions comme la DILCRAH (Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT), la CNCDH (Commission nationale consultative des droits de l’homme) et des ministères (Intérieur, Justice, Éducation nationale), il ambitionne de faire reconnaître l’antimaçonnisme comme un fait social et historique méritant une réponse républicaine. Des partenariats avec des associations comme la LICRA, le MRAP ou SOS Racisme, ainsi qu’avec des réseaux universitaires et journalistiques, viendront enrichir cette dynamique.

Un prolongement initiatique

L’Observatoire n’est pas un simple outil administratif ou profane. Il incarne une extension opérative de la démarche maçonnique, comme le souligne le Projet de création. Derrière l’analyse rationnelle se tient la vigilance du Maître, l’Épée flamboyante qui défend le Temple invisible contre les assauts de l’obscurantisme ». En répondant à l’antimaçonnisme, la GLDF réaffirme les valeurs fondamentales de l’initiation : la quête de la vérité, la défense de la fraternité et la résistance à l’ignorance.

Cette initiative s’inscrit également dans la tradition maçonnique d’ouverture et de réseau, héritée du XVIIIe siècle. À l’époque, les certificats de reconnaissance et les guides des Loges facilitaient les échanges entre Frères à travers l’Europe. Aujourd’hui, l’Observatoire prolonge cet esprit en créant un espace d’analyse et de prospective, connectant les Loges, les Obédiences et la société profane.

Une vision pour l’avenir

La création de l’Observatoire marque une étape décisive dans l’histoire de la GLDF. Elle témoigne de sa capacité à s’adapter aux défis du XXIe siècle tout en restant fidèle à ses racines initiatiques. En dotant la Franc-Maçonnerie d’un outil de veille et de dialogue, la GLDF renforce son influence, non seulement au sein de l’Ordre, mais aussi dans l’espace public. En valorisant ses valeurs – fraternité, liberté de conscience, respect mutuel – auprès du grand public, elle contribue à démystifier la Franc-Maçonnerie et à contrer les stéréotypes véhiculés par ses détracteurs.

Le lancement officiel est prévu à l’automne 2025, à l’occasion d’une réunion de préfiguration réunissant Obédiences, chercheurs, élus et acteurs de la société civile. Plusieurs Obédiences ont d’ores et déjà exprimé leur volonté de collaborer à cet Observatoire.

La Grande Loge de France, rue Puteaux Paris XVIIe.
La Grande Loge de France, rue Puteaux Paris XVIIe.

En créant l’Observatoire de l’antimaçonnisme, la Grande Loge de France pose un acte de lucidité et de responsabilité. Cette initiative, à la croisée de l’engagement initiatique et de l’action citoyenne, ouvre de nouvelles perspectives pour la Franc-Maçonnerie. Elle incarne une réponse fraternelle et éclairée à la haine, tout en réaffirmant le rôle de l’Ordre comme vigie des valeurs républicaines et humanistes. Comme le proclame le Manifeste Fondateur,    « il est temps de passer de la parole à l’action, du silence à la mémoire, de l’indignation à la construction ». La GLDF montre la voie, et invite toute la Franc-Maçonnerie à la rejoindre dans ce combat pour la Lumière.

Quelle magie fait descendre l’esprit dans la matière ?

Une réflexion profonde sur l’harmonie entre les dimensions spirituelles et matérielles de l’existence humaine a émergé dans les cercles philosophiques, culturels… et maçonniques. Inspirée par des symboles ancestraux et des principes universels, cette analyse propose une vision originale de l’évolution personnelle, en s’appuyant sur une métaphore visuelle et une progression structurée en cinq étapes. Cette approche, qui invite à dépasser les dualités pour atteindre une unité intérieure, trouve un écho dans des traditions de pensée anciennes et contemporaines, offrant une perspective intemporelle sur le développement humain.

Une Métaphore Visuelle pour Illustrer l’Union des Contraires

Pour saisir cette idée, imaginons un symbole simple mais évocateur pour nous francs-maçons : un carré blanc du tablier, aux quatre angles bien définis, sur lequel se superpose le triangle de la bavette, dont les trois sommets de la base se rabattent harmonieusement au centre au degré de Compagnon.

Cette image, où le triangle spirituel s’intègre au carré matériel, évoque une fusion naturelle entre deux réalités souvent perçues comme opposées. Cette union donne naissance à une nouvelle configuration, symbolisant un chiffre sept – résultat de l’ajout du trois et du quatre – qui incarne une étape de synthèse et de plénitude.

Cette représentation visuelle invite chacun à observer, écouter et méditer pour en tirer une compréhension profonde, accessible à ceux qui s’ouvrent à cette réflexion.

Le Parcours Vers l’Unité : Une Progression en Cinq Étapes

L’être humain, dès sa naissance, est confronté à une réalité duale, marquée par des polarités comme le bien et le mal, le matériel et l’esprit. L’objectif implicite de cette existence semble être de transcender cette dualité pour atteindre une unité intérieure, souvent décrite comme un état de sagesse ou d’harmonie. Cependant, ce chemin n’est ni linéaire ni immédiat. Il ne suffit pas de la seule volonté ou d’une réflexion intellectuelle pour y parvenir ; la voie exige un voyage à la fois physique et spirituel, structuré autour de cinq phases essentielles.

  1. La Reconnaissance de la Dualité : Tout commence par l’acceptation de cette dualité originelle, une condition naturelle de l’existence humaine.
  2. La Verticalité Spirituelle : Une première étape consiste à se tourner vers une dimension plus élevée, symbolisée par une ligne droite reliant le ciel et la terre, représentant une quête de sens et de rectitude.
  3. L’Horizontalité Matérielle : Ensuite, l’individu explore les interactions avec le monde tangible, une phase marquée par l’échange et la collaboration avec autrui.
  4. La Synthèse des Deux Dimensions : Cette étape voit la réunion des aspirations spirituelles et des réalités matérielles, créant une nouvelle perspective plus intégrée.
  5. L’Élévation à l’Unité : Enfin, cette progression culmine dans une unification intérieure, où les oppositions sont dépassées pour atteindre un état d’équilibre et de plénitude.

Ce parcours, loin d’être une simple abstraction, repose sur une logique universelle observable dans la nature et les systèmes complexes, suggérant que l’évolution personnelle suit des lois similaires à celles qui régissent l’univers.

Une Progression Inspirée des Lois Naturelles

Benoît Mandelbrot

Cette structure en cinq étapes trouve un parallèle dans les principes géométriques et mathématiques qui sous-tendent de nombreuses créations naturelles, comme la célèbre suite de Fibonacci. Découverte par le mathématicien Benoît Mandelbrot en 1974 sous le concept des fractales, cette séquence illustre l’autosimilarité : chaque partie d’un tout reflète la structure globale. Appliquée à cette réflexion, cette idée implique que chaque étape du parcours individuel contient en elle les principes de l’ensemble, un concept qui résonne avec des enseignements philosophiques anciens, tels que l’inscription « Nul n’entre ici s’il n’est géomètre » attribuée à l’Académie de Platon.

Fractale de Benoît Mandelbrot
Fractale de Benoît Mandelbrot, Mandala, fractale, symétrie

Cette approche suggère que le développement personnel s’inspire des mêmes lois que celles observées dans le monde végétal, minéral ou animal, où la croissance suit des spirales hélicoïdales. Ainsi, progresser vers l’unité nécessiterait une soumission consciente à ces principes universels, une humilité face à l’ordre naturel qui guide l’évolution.

L’Interaction entre Matière et Esprit

L’un des points centraux de cette réflexion est l’idée que matière et esprit ne sont pas fondamentalement séparés. Selon cette vision, ces deux dimensions ne diffèrent que par la fréquence de vibration de l’énergie qui les constitue, une idée soutenue par des découvertes modernes en physique quantique. Ce qui distingue le visible de l’invisible, le sacré du profane, serait donc la conscience de l’individu, façonnée par son intention dans l’instant présent.

Prenons un exemple concret : une personne concentrée sur une tâche banale, comme vérifier une montre ou répondre à un courriel, peut perdre cette connexion harmonieuse avec son environnement. En revanche, un recentrage volontaire permet de restaurer cet équilibre, transformant l’ordinaire en un moment de plénitude. Cette capacité à unir matière et esprit par la conscience devient ainsi une clé pour dépasser les divisions et percevoir l’unité sous-jacente à toute chose.

Une Évolution Personnelle au-delà des Étiquettes

Une question essentielle découle de cette réflexion : peut-on mesurer la progression d’un individu en fonction de son expérience ou de son statut ? La réponse est nuancée. Si l’on compare deux personnes à différents stades de leur parcours – par exemple, un débutant et un expérimenté – la différence ne réside pas dans une hiérarchie fixe, mais dans le chemin parcouru pour élever sa conscience. Ce trajet, unique pour chacun, dépend de l’engagement personnel plutôt que d’une classification externe.

Cette idée remet en question les notions de séparation, qu’il s’agisse de distinctions géographiques (Orient et Occident), de couleurs (noir et blanc), ou de rôles sociaux. Ces oppositions ne sont que des apparences, des variations d’une même essence, comme les différentes fréquences d’une lumière électromagnétique. L’objectif devient alors de réunir ce qui semble épars, de reconnaître que tout est déjà connecté dans une unité fondamentale.

Une Synthèse Pratique et Universelle

Suite de Fibonacci
Suite de Fibonacci sur une feuille avec un stylo plume

En conclusion, cette réflexion propose une voie pratique pour harmoniser les aspects matériels et spirituels de l’existence. Elle s’appuie sur une observation des lois naturelles et une conscience intentionnelle, offrant un cadre accessible à tous, indépendamment des traditions ou des croyances. Le secret de cette « magie » qui unit esprit et matière réside dans la synchronisation de la conscience avec l’énergie universelle, un processus qui transforme l’individu en un reflet du tout.

Cette approche, bien que puisant dans des racines anciennes, s’adapte aux défis modernes, invitant chacun à explorer sa propre évolution avec curiosité et humilité. Comme le suggère cette métaphore initiale du carré et du triangle, l’harmonie naît de l’intégration des contraires, un principe qui continue d’inspirer des générations à la recherche de sens et d’unité.

Conférence à Pérouse : « Du 20/06/1859 au 20/06/1944 ». Bisi, la Franc-maçonnerie était et est un garant de la liberté

Du site officiel du GOI grandeoriente.it

La conférence publique organisée par le Collège des Vénérables Maîtres d’Ombrie du Grand Orient d’Italie, sous le patronage de la Région Ombrie, s’est tenue jeudi 19 juin à la Salle Brugnoli du Palais de la Région, en présence d’un public nombreux. Intitulée « Du 20 juin 1859 au 20 juin 1944 : une histoire de liberté », la rencontre a proposé une lecture approfondie et cohérente du parcours historique et civil de la ville de Pérouse, en lien avec les valeurs de laïcité, d’autonomie et de résistance.

L’initiative a été inaugurée par les salutations institutionnelles de la présidente du Conseil régional d’Ombrie, Stefania Proietti, et de la présidente de l’Assemblée législative d’Ombrie, Sarah Bistocchi, qui ont souligné la valeur de la mémoire historique comme fondement d’une citoyenneté consciente et démocratique.

Ont ensuite pris la parole Andrea Galli, président du Collège des Vénérables Maîtres d’Ombrie, Augusto Vasselli, conseiller de l’Ordre du GOI, et Giovanni Tomassini, historien et président de la Commission d’histoire du Collège. Ont également pris la parole Riccardo Nencini, président du Cabinet Vieusseux, et le Grand Maître du Grand Orient d’Italie, Stefano Bisi, qui a souligné que « la Franc-Maçonnerie italienne a été, depuis ses origines, un défenseur actif de la liberté, de la justice et du progrès, payant souvent un lourd tribut dans les moments les plus sombres de l’histoire nationale ».

20 juin 1859 : la révolte de Pérouse

Au cœur de la conférence se trouvent les deux moments qui font du 20 juin une date fondatrice de la mémoire civile de Pérouse. Le 20 juin 1859, en effet, Pérouse se souleva contre la domination de l’État pontifical, dans le contexte des espoirs de Risorgimento suscités par la Seconde Guerre d’Indépendance. Le soulèvement fut réprimé dans le sang par les troupes suisses au service du pape : plus de 200 civils furent tués. Mais cette tragédie, qui marqua profondément la conscience de la ville, constitua aussi un acte de dignité et de courage au nom de la future unité de l’Italie.

20 juin 1944 : la Libération

Quatre-vingt-cinq ans plus tard, le 20 juin 1944, Pérouse fut libérée de l’occupation nazie-fasciste par les troupes alliées, grâce à la contribution décisive de la Résistance. L’entrée des forces libératrices marqua la fin d’un cauchemar et le début de la reconstruction démocratique. La ville retrouva sa liberté au nom des mêmes idéaux qui avaient animé les patriotes du Risorgimento : liberté, justice, participation. Des idéaux que la franc-maçonnerie italienne, persécutée par le fascisme, n’avait jamais cessé de cultiver, même en secret.

Une histoire qui continue

La conférence s’est conclue par un appel à la mémoire active et à la responsabilité civique. Le Grand Orient d’Italie a réaffirmé la valeur de l’histoire comme boussole pour le présent et l’avenir, réaffirmant l’engagement de la Franc-Maçonnerie en faveur d’une société ouverte et pluraliste, fondée sur le dialogue.

La rencontre a eu une forte valeur symbolique, appelant les institutions, le monde culturel et les citoyens à un pacte de conscience renouvelé : il n’y a pas d’avenir sans mémoire, ni de démocratie sans participation.

19 juin 202519 juin 2025

Dans les coulisses de l’histoire maçonnique : à quoi ressemble le musée de la société secrète de Barnaoul

De notre confrère russe tolknews.ru – Par Ekaterina Zholnerova

Un musée à l’histoire inhabituelle existe dans la capitale régionale depuis plusieurs années, mais il a été décidé d’ouvrir ses portes à tous les habitants de Barnaoul seulement récemment.

En plein cœur de Barnaoul, dans sa vieille ville, se cache le Musée de la Franc-Maçonnerie Mondiale. Traditionnellement restée dans l’ombre, cette société secrète a récemment été révélée au grand jour, permettant à chacun de découvrir son histoire mystérieuse. Le reportage photo de « Tolka » montre à quoi ressemble le musée.

Mystère historique

Le Musée de la Franc-Maçonnerie de la capitale régionale n’est pas apparu par hasard. Ses représentants affirment que le principal fondateur de la ville, Akinfiy Demidov, aurait été membre d’une loge secrète. Il pourrait également s’agir de l’inventeur russe Ivan Polzunov. D’ailleurs, des portraits de ces deux personnalités accueillent les visiteurs dès l’entrée du musée.

Musée maçonnique de Barnaoul

La petite salle est divisée en trois zones : deux d’entre elles contiennent des expositions directement liées à l’organisation secrète, et la troisième est une salle maçonnique où vous pourrez en apprendre davantage sur certains des rituels, des vêtements et des initiations de la société.

On y découvre les bâtiments construits par les membres de la Société à travers le monde, dont la Maison Blanche, la cathédrale Saint-Isaac et bien d’autres monuments célèbres. La visite, à la demande des visiteurs, comprend également une promenade dans le quartier historique de Barnaoul, où ils découvrent les lieux où les francs-maçons auraient vécu.

L’élément le plus remarquable du musée est la salle maçonnique, où l’on se sent comme le héros d’un film historique fantastique. Tout y est resté tel qu’il était il y a des milliers d’années : masques, gants, trône du président de la loge, divers attributs d’initiation, bougies, épées et bien plus encore.

Musée des francs-maçons à Barnaoul
Musée des francs-maçons à BarnaoulPhoto : Ekaterina Zholnerova

« Il s’agit d’une loge active nommée d’après Ivan Polzunov. Dans notre ville, cette confrérie est assez développée : il y a une loge masculine et une loge féminine, et nous nous réunissons également », a indiqué le musée.

Qui sont les francs-maçons ?

Selon des sources ouvertes sur Internet, les francs-maçons sont une importante société secrète mondiale qui existe depuis le XVIIe siècle. Elle possède sa propre structure, ses propres positions et degrés, ses propres rituels, ainsi qu’un système de signes et de symboles secrets. La loge comprenait généralement des hommes politiques, des ingénieurs, des scientifiques, des écrivains, des inventeurs et des philosophes qui jouaient un rôle important dans les événements mondiaux.

Comme l’assurent les membres de la société eux-mêmes, leur objectif principal est « l’auto-amélioration et l’épanouissement des personnes pour leur bien-être ».

Elles ne sont pas apparues immédiatement en Russie. La première loge a été fondée à Saint-Pétersbourg en 1731. À cette époque, les représentants de l’aristocratie de cour pouvaient y adhérer.

Les Francs-maçons en chasse de galons : une comédie pas drôle

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Chers Frères et Sœurs, bienvenue dans la chronique du lundi matin de votre serviteur Jissey, où l’on taille la pierre brute avec un maillet d’humour et un ciseau bien aiguisé de cynisme. Aujourd’hui, penchons-nous sur un phénomène aussi hilarant que pathétique : la course effrénée aux grades et degrés en franc-maçonnerie, ou comment certains transforment la quête de la Lumière en une chasse aux galons digne d’un sitcom de bureau. Attachez vos tabliers, ça va secouer !

Quand la loge devient un open-space maçonnique

Vous l’avez tous vu, ce Frère (ou cette Sœur, soyons inclusifs dans la bêtise) qui entre en loge avec des étoiles dans les yeux, pas celles de la voûte céleste, non, mais celles des épaulettes dorées qu’il imagine déjà sur son tablier flambant neuf. À peine initié, le voilà qui scrute le rituel comme un DRH scrute un organigramme, cherchant la voie express vers le grade de Compagnon, de Maître, voire – soyons fous – de Grand Machin Trucmuche du 33e degré. Parce que, voyez-vous, pour certains, la franc-maçonnerie, c’est un peu comme une startup : on veut être CEO avant d’avoir appris à faire des photocopies.

Mais comment font-ils, ces apprenants pressés, pour tenter de grimper les échelons plus vite qu’un maillet sur une pierre mal dégrossie ? Oh, mes Frères et Sœurs, accrochez-vous, car la panoplie des stratagèmes est aussi variée que les décors d’une loge en fin de bail.

La panoplie du carriériste maçonnique

  1. Le fayotage de haut vol
    Premier outil du parfait carriériste : la brosse à reluire, utilisée avec une précision chirurgicale pour polir l’ego du Vénérable Maître ou des officiers de loge. « Ô Vénérable, votre discours sur le Silence était si profond que j’en ai oublié comment parler ! » Ce Frère-là est toujours au premier rang, acquiesçant avec l’enthousiasme d’un chien qui a vu une croquette. Il propose de rédiger des planches à la chaîne, même s’il n’a rien compris au symbole du Compas. Objectif ? Se faire remarquer, obtenir une tape sur l’épaule et, pourquoi pas, une promotion éclair au grade suivant. Pathétique ? Oui, mais avouez que c’est drôle de le voir s’épuiser à force de courbettes.
  2. La planche passe-partout
    Certains ont perfectionné l’art de la planche « copié-collé » trouvée sur un site douteux ou dans un vieux bouquin ésotérique. Ils débitent des tirades mystiques sur la Lumière, le Delta ou la Chaîne d’Union, sans jamais se poser la question : « Est-ce que c’est maçonnique, ou est-ce que je récite du Paulo Coelho ? » Leur planche est un chef-d’œuvre de verbiage, assez vague pour impressionner les profanes et assez long pour endormir les surveillants. Résultat : ils espèrent qu’on les prendra pour des génies du symbolisme et qu’on leur ouvrira la porte du grade supérieur. Spoiler : ça ne marche pas, mais c’est hilarant de les voir y croire.
  3. Le réseautage maçonnique (ou le café des officiers)
    Vous connaissez ce Frère qui traîne toujours près de la machine à café avant les tenues, glissant des « Mon Frère, on devrait discuter de mon avancement » entre deux gorgées de déca ? Il est partout : il connaît le prénom des enfants du Trésorier, flatte le Maître des Cérémonies sur son maniement du bâton et propose d’organiser le banquet pour se faire bien voir. Ce n’est plus une loge, c’est LinkedIn en tablier ! Son motto : « Pourquoi travailler sur ma pierre brute quand je peux travailler mon réseau ? »
  4. L’achat de prestige par accessoires
    Et puis, il y a ceux qui pensent qu’un tablier brodé à leurs initiales ou un bijou maçonnique plus brillant que le Delta Lumineux leur conférera une aura de Maître. Ils arrivent en loge avec un attirail digne d’un musée, espérant que l’éclat de leurs breloques éblouira les officiers. « Regardez mon épée, elle a appartenu à un Grand Maître… ou à un brocanteur, je ne sais plus. » Pathétique, mais franchement, on rigole bien en les voyant trébucher sous le poids de leur quincaillerie.

Pourquoi c’est drôle… mais surtout pathétique

Ne nous méprenons pas, mes Frères et Sœurs : cette course aux grades est une comédie, mais une comédie qui finit en drame. Car, dans leur quête frénétique de galons, ces apprenants zélés passent complètement à côté de l’essence de la franc-maçonnerie. Vouloir un grade, c’est comme vouloir un diplôme sans avoir suivi les cours : ça brille sur le CV, mais ça ne remplit pas l’âme.

La franc-maçonnerie, ce n’est pas un ascenseur social ni un jeu de Monopoly où l’on collectionne les hôtels sur la rue de la Paix. Chaque grade – Apprenti, Compagnon, Maître – est une étape d’un cheminement intérieur, un travail patient sur soi-même. En cherchant à brûler les étapes, ces carriéristes maçonniques polluent la loge. Ils transforment l’espace sacré en un théâtre de l’ego, où la Lumière est éclipsée par l’éclat de leurs ambitions. Et ça, c’est pathétique, parce que ça annule les bienfaits du travail en loge : l’humilité, l’écoute, la fraternité.

Imaginez un Apprenti qui, au lieu de méditer sur le Silence, passe son temps à calculer combien de planches il doit écrire pour devenir Compagnon. Il ne taille pas sa pierre brute, il la peint en doré pour faire illusion ! Et pendant ce temps, la loge, qui devrait être un lieu d’harmonie et de réflexion, devient un champ de bataille où l’on se dispute les miettes de prestige. Franchement, on dirait une sitcom où tout le monde veut être le chef sans savoir pourquoi.

Un petit conseil de Jissey, avec une touche de cynisme

Mes chers Frères et Sœurs, si vous reconnaissez un peu de vous dans ces portraits (et soyons honnêtes, on a tous eu un moment d’orgueil mal placé), il est temps de poser le maillet et de respirer un grand coup. La franc-maçonnerie, ce n’est pas une course à l’échalote, c’est une promenade dans la forêt de la sagesse. Chaque grade est une étape, pas un trophée. Et si vous voulez vraiment impressionner vos Frères et Sœurs, travaillez sur votre pierre brute avec sincérité, pas avec un agenda.

Quant à ceux qui persistent à chasser les galons, je leur dédie cette petite maxime : « Cherche la Lumière, pas les projecteurs. » Parce que, soyons sérieux, un tablier de Maître porté par un ego de stagiaire, ça fait juste rire… jaune.

En guise de conclusion

La prochaine fois que vous croiserez un Frère ou une Sœur en train de lustrer son tablier dans l’espoir d’un grade express, souriez, offrez-lui un café (déca, hein, pas besoin d’exciter davantage son ambition), et rappelez-lui gentiment que la franc-maçonnerie est un chemin, pas une autoroute. Et si ça ne suffit pas, laissez-les courir : ils finiront bien par trébucher sur leur propre ego, et là, peut-être, ils commenceront à comprendre ce que travailler sur soi veut vraiment dire.

Sur ce, mes Frères et Sœurs, je vous laisse méditer sur cette chronique, avec un clin d’œil et un zeste de cynisme. Que la Lumière vous guide… et que personne ne vous vende un tablier à crédit ! Bel été à vous

Jissey, votre chroniqueur préféré, qui taille les pierres et les egos avec le même entrain.

Le Tikkoun : réparer le monde par la Lumière

La fracture primordiale

Selon la mystique hébraïque, avant même l’apparition des mondes, l’Infini — Ein Sof — émanait une lumière pure, indivise, sans limite ni séparation. Cette Lumière, appelée Ein Sof Aor, portait en elle l’unité absolue, sans dehors ni dedans, sans sujet ni objet. Mais pour que l’existence puisse émerger, il fallait une tension, une altérité, une séparation. Car sans dualité, rien ne peut se manifester.

Ainsi, l’Infini se contracta — Tsimtsoum — pour faire place à l’espace de la création. Il projeta sa Lumière dans des réceptacles : les Kelim. Mais cette Lumière était encore trop intense, trop proche de l’Absolu. Les vases, incapables de la contenir, se brisèrent sous l’excès de l’éclat. Et la Lumière se fragmenta, dispersant ses étincelles dans tous les plans de l’existence.

Cette brisure des vases — Shevirat haKelim — est plus qu’un accident cosmique : elle est le point de bascule entre l’unité et la multiplicité, entre le Tout et la création. C’est le moment où la dualité se révèle comme fondement même de la manifestation : lumière et obscurité, ordre et chaos, matière et esprit.

Ce paradoxe sacré — qu’il fallût que l’unité se brise pour que le monde soit — fonde la condition de notre réalité. La Lumière ne peut se connaître elle-même que dans l’expérience de l’ombre. La beauté ne prend sens que face au déséquilibre. La conscience ne s’éveille qu’en traversant la séparation.

La fracture originelle devient alors le berceau du choix, le lieu où l’âme, descendue dans la densité, peut choisir de remonter. Ainsi naquit le monde fragmenté, notre monde. Un monde où la Lumière divine est voilée, exilée dans la matière, dissimulée au cœur de l’ombre, en attente d’être libérée par la réalisation de notre œuvre mystique.

Tikkoun : l’œuvre des Justes

Le Tikkoun n’est pas seulement une idée métaphysique ou une belle vision symbolique du monde. C’est un appel vibrant, un serment silencieux inscrit dans l’âme de l’homme éveillé. Une mission sacrée confiée à ceux qui perçoivent, derrière les apparences du monde, le secret de sa blessure et la promesse de sa guérison.

Chaque être conscient, au fond de lui, porte cette vocation : réunir ce qui a été séparé, élever ce qui est tombé, restaurer à la Lumière sa clarté originelle. Mais ce travail, bien qu’universel, ne peut être accompli que par le Juste — le Tzaddik — en chacun de nous.

Dans la Kabbale, le Juste n’est pas un homme parfait, mais celui qui cherche inlassablement l’équilibre, qui s’aligne intérieurement sur la vérité du cœur. Il marche entre les colonnes du Temple, tenant dans une main la rigueur, dans l’autre la miséricorde. Il agit sans orgueil, parle sans détour, aime sans posséder. Il est le canal vivant entre le Ciel et la Terre, celui par qui la Lumière peut de nouveau circuler.

Par chaque pensée juste, chaque parole éclairée, chaque acte inspiré par la bonté et la conscience, le Juste extrait une étincelle de Lumière du chaos, la purifie, et la rend à la Source. Il n’a pas besoin d’être vu ni reconnu. Sa simple présence est une bénédiction. Il transforme sans bruit, éclaire sans brûler, guide sans asservir. Il est un juste caché, mais qui œuvre de par le monde.

Mais chacun peut tendre vers cette posture intérieure. Car le Tikkoun est à la fois collectif et personnel, cosmique et intime. Il est cette trame mystérieuse qui relie toutes les âmes conscientes : chaque être est lié à une part spécifique de la réparation universelle. Chacun est gardien d’un fragment de Lumière, dépositaire d’un chant oublié, artisan d’un fil d’or dans la tapisserie de l’Univers.

Ainsi, œuvrer au Tikkoun, ce n’est pas fuir le monde : c’est l’habiter en profondeur, le sanctifier, le rendre à son essence première. C’est voir dans chaque rencontre un miroir, dans chaque épreuve un seuil, et dans chaque instant une possibilité de réintégrer la beauté.

Tikkoun : une œuvre de réintégration

Le Temple que construit le franc-maçon n’est pas seulement un édifice symbolique, dressé entre colonnes et voûtes étoilées. Il est l’image du monde à réenchanter, le reflet de l’homme à réaccorder, et l’écho du cosmos à reconnaître en soi. Dans chaque loge véritable, se rejoue ce mystère fondamental : le Temple extérieur n’a de sens que s’il conduit au Temple intérieur, et celui-ci, à son tour, n’est que le microcosme d’un Temple cosmique plus vaste, en perpétuel devenir.

Comme l’enseignent les traditions hermétiques et kabbalistiques, le macrocosme et le microcosme sont tissés d’une même Lumière. L’univers tout entier est Temple, et l’homme, dans son être le plus profond, en est l’autel vivant. Le travail maçonnique n’est donc pas une simple quête de sagesse ou d’élévation morale : il est une entreprise de réintégration, une restauration progressive de l’harmonie originelle entre l’homme, le monde et le divin.

Chaque pierre taillée, chaque rite accompli, chaque silence partagé dans le Temple participe de cette œuvre de réparation. L’Art Royal, dans son essence la plus haute, est un Tikkoun rituel : il rassemble ce qui a été éparpillé, pacifie ce qui était opposé, et ramène dans le visible les éclats du sacré enfouis dans l’oubli.

Les outils maçonniques deviennent alors plus que des instruments de géométrie spirituelle. Le compas, l’équerre, le maillet et le ciseau sont des symboles vivants de l’Œuvre alchimique et théurgique : non seulement ils mesurent, ajustent et forment, mais ils réparent, transforment et réintègrent. Ils guident le regard et la main vers une harmonie oubliée, celle d’un monde réconcilié avec lui-même, où chaque être retrouve sa place dans l’Ordre du Vivant.

Car réintégrer, au sens le plus profond, c’est rétablir la communion entre les mondes. C’est permettre à la Présence divine — cette Shekhinah cachée — de reposer à nouveau dans le cœur de l’homme et au centre du Temple. C’est reconnaître que l’homme lui-même est le Temple de la Lumière, et que c’est en lui, par lui, que le monde peut être à nouveau sanctifié.

Dans cette perspective, le Tikkoun en maçonnerie n’est pas une simple méditation symbolique, mais un acte opératif : chaque rituel devient un levier cosmique, chaque tenue une prière incarnée, chaque mot une étincelle rallumée.

Faire lumière là où règne l’ombre

Dans nos sociétés fragmentées, dans nos vies parfois égarées, le Tikkoun prend aujourd’hui une forme urgente et silencieuse : devenir porteurs de Lumière. Non pas une lumière criarde, triomphante ou possessive — mais une lumière offerte, douce, humble, née du feu intérieur d’une conscience éveillée.

Être porteur de Lumière, ce n’est pas s’imposer, convaincre, ou briller pour être vu. C’est brûler sans consumer, éclairer sans aveugler, aimer sans attendre. C’est accueillir l’ombre non comme une ennemie, mais comme l’espace sacré où la Lumière peut naître.

Celui qui éclaire le monde avec vérité le fait par compassion, non par pouvoir. Car nul ne répare le monde sans d’abord l’avoir pleuré. Nul ne transmet la Lumière sans en avoir connu l’absence.

Être un flambeau du Tikkoun, c’est marcher dans le monde avec un regard qui relève, une main qui soutient, une parole qui apaise. C’est ne rien forcer, mais tout sanctifier, réaccorder le réel au Souffle de l’Origine, comme un musicien accorde un instrument pour retrouver la note juste.

Ce n’est pas par la force que le monde sera changé, mais par la beauté silencieuse des actes justes, par la tendresse invincible des âmes alignées sur l’Amour.

Peut-on utiliser les outils modernes de communication en Franc-maçonnerie sans y perdre son Rituel ?

À une époque où les loges maçonniques étaient peu nombreuses, l’organisation des Tenues suivait un rythme tranquille. Au début de chaque année, les participants notaient à la main, au crayon, les dates des futures sessions dans leurs agendas personnels. La poste constituait le seul moyen de transmettre des informations spéciales, tandis que le bouche-à-oreille servait de lien constant entre les membres. Tout se déroulait plus lentement, mais dans une atmosphère sereine et apaisée.

Puis, avec la généralisation du téléphone, une nouvelle ère s’est ouverte. Cette évolution aurait pu perdurer jusqu’à une transformation naturelle des pratiques, mais une révolution inattendue a émergé. Initiée par de jeunes innovateurs de la côte ouest des États-Unis, la révolution numérique a introduit des outils tels que le télétexte, le fax, l’e-mail, le SMS, le MMS, le chat et la vidéoconférence. Ces innovations, perçues par certains comme des intrusions, ont commencé à interférer avec la tradition initiatique des cercles de réflexion, où la quête de lumière passait par des travaux introspectifs.

Aujourd’hui, une nouvelle génération privilégie les bornes Wi-Fi pour connecter ses smartphones dernier cri ou ses tablettes, au détriment, parfois, de la profondeur des échanges traditionnels. Cette évolution soulève une question brûlante : « Est-ce mieux ou moins bien qu’avant ? » Nul ne peut trancher avec certitude, car cela renvoie à la notion controversée de « progrès ».

Une Perspective Historique sur le Progrès

Calèche des chemin de fer, entre 1841 et 1844.

Pour les nostalgiques, rappelons un exemple éclairant. En 1910, à Paris, mon arrière-grand-père souffrait des conséquences de la pollution urbaine. À cette époque, 80 000 véhicules hippomobiles parcouraient les rues, nécessitant l’intervention de 3 200 cantonniers et 600 balayeuses pour retirer quotidiennement 900 tonnes de crottin. Les Champs-Élysées étaient même soumis à une circulation alternée pour permettre la cohabitation des chevaux et des vélocipèdes. Ce fléau n’épargnait pas d’autres grandes villes : New York recyclait annuellement 15 000 carcasses de chevaux, et Chicago 8 000. En 1910, un sommet mondial de l’urbanisme, réuni à New York pendant dix jours, s’est soldé par un échec face à ce problème insoluble. Pourtant, dix ans plus tard, l’automobile a remplacé les chevaux, apportant une nouvelle forme de pollution, bien que le vent soit alors présenté comme une solution miracle pour dissiper les fumées.

Marc Giget

Cet exemple illustre la double problématique du progrès technologique et de la préservation des valeurs fondamentales. Le premier point mériterait une analyse approfondie. Lors d’une interview en studio d’une heure avec Marc Giget, président du Club de Paris des directeurs de l’innovation, ce dernier a résumé sa pensée :

« Si cela sert les humains, c’est bénéfique ; si c’est techno-chiant, il faut s’arrêter. »

En d’autres termes, la technologie est positive lorsqu’elle libère l’individu et trouve une utilité concrète, mais devient problématique si elle ne sert qu’à encourager une surconsommation inutile.

Technologie et Valeurs Initiatiques : Une Coexistence Possible ?

À y regarder de près, les pratiques philosophiques n’ont jamais été étrangères aux avancées technologiques. Les rituels, autrefois transmis oralement, sont aujourd’hui imprimés sur du papier glacé de 300 g avec des pochettes cartonnées. Les décorations des officiants sont brodées par des machines électroniques performantes, les temples sont éclairés grâce à des centrales nucléaires, et les participants arrivent en véhicules modernes, parfois polluants. Les agapes, issues d’une agriculture intensive et chimique, sont préparées avec des techniques automatisées. Même les bougies, qu’elles soient électriques ou non, s’éloignent des modèles artisanaux à la cire d’abeille d’antan. Les outils symboliques comme les compas, équerres et règles proviennent souvent d’une production de masse, et les tabliers, bien que portés avec fierté, ont parfois parcouru plus de kilomètres que leurs propriétaires.

Comme l’a judicieusement écrit Maurice Druon :

« Une tradition n’est jamais qu’un progrès qui a réussi. »

La Franc-Maçonnerie, en tant qu’art vivant, s’est toujours adaptée à son époque en innovant, en testant et en intégrant ce qui fonctionne. Ainsi, les outils contemporains peuvent être utilisés, mais avec discernement, en respectant l’esprit de cette tradition.

L’Essence de la Pratique : Au-delà de la Forme

Mais quelle est l’essence de cette démarche ? Si l’on dit que c’est le rituel, certains rétorqueront qu’il s’agit d’une forme plutôt que d’une substance. Si l’on évoque la fraternité, d’autres y verront une conséquence plutôt qu’un fondement. Peut-être faut-il chercher dans un travail conscient sur le symbolisme, guidé par les principes de la géométrie sacrée, une piste plus éclairante. Les symboles – fil à plomb, niveau, soleil, lune, tableau de loge, pavé mosaïque, delta rayonnant, ou encore les nombres 3, 5, 7, et les formes géométriques comme le carré, le triangle, le pentagramme ou le cercle – servent de supports pour cheminer de la dualité humaine vers une libération des passions.

Ces outils permettent d’unir esprit et matière, représentés par le croisement du fil à plomb et du niveau, pour élever l’humanité et renforcer la fraternité. L’objectif ultime est l’élévation progressive de la conscience, libérant l’individu de ses pulsions pour favoriser un enrichissement mutuel. Les participants deviennent des « suppléments » les uns pour les autres, au-delà de simples compléments compensant des manques.

Au XVe siècle, le passage de l’enseignement oral à l’imprimé avait suscité des inquiétudes. Le temps a démontré sa pertinence. Récemment, un service de télé-instruction en ligne pour les débutants a été lancé, attirant plus de 150 inscrits. Comme l’a prédit Arthur Schopenhauer, toute innovation traverse trois phases : la moquerie, l’opposition, puis l’évidence. Le vrai danger pour cette tradition ne réside pas dans l’usage des nouvelles technologies, mais dans un glissement vers des débats politiques ou syndicaux, éloignés de la quête initiatique. Les rituels insistent sur l’édification de la vertu et l’éradication des vices, un travail intérieur symbolisé par le polissage de la pierre, qu’il soit réalisé avec des outils traditionnels ou modernes.

Une Réinvention Nécessaire

Si la Franc-Maçonnerie est menacée au XXIe siècle, ce n’est pas à cause des avancées technologiques, mais plutôt d’une perte de sens et de valeurs. Le progrès d’hier, critiqué par les anciens, est devenu la tradition défendue aujourd’hui. Plutôt que de s’opposer aux outils modernes, il serait judicieux de réenchanter cette pratique par une quête initiatique profonde, laissant aux institutions académiques le soin de former les dirigeants politiques – un domaine où la Franc-Maçonnerie n’a jamais brillé, ses travaux restant volontairement confidentiels.

En conclusion, les outils de transmission évolueront avec le temps. Le devoir des membres est double :

Maintenir l’ardeur au travail pour éclairer les ténèbres, et distinguer les supports des valeurs, évitant de transformer les symboles en fétiches.

Une réflexion approfondie sur ce sujet sera proposée dans deux semaines, tant il est riche et complexe.

Comment décoder un symbole ?

Une méthode maçonnique pour explorer la profondeur des symboles

Le symbolisme est au cœur de la démarche maçonnique. Il ne s’agit pas seulement d’interpréter des images, des objets ou des concepts de manière littérale, mais de plonger dans leur essence pour en extraire un sens profond, initiatique et universel. Dans cet article, nous allons explorer une méthode structurée pour décoder un symbole, en prenant pour exemple le thème du Silence de l’Apprenti, souvent abordé dans les premiers pas des initiés en franc-maçonnerie.

Ce travail vise à éclairer comment un symbole maçonnique, loin d’être une simple métaphore, devient un outil de transformation intérieure et un vecteur de la quête de sagesse. Nous verrons comment dépasser une approche profane pour adopter une perspective véritablement initiatique, en reliant les symboles entre eux et en les ancrant dans les principes fondamentaux de la franc-maçonnerie.

Qu’est-ce qu’un symbole maçonnique ?

Avant de plonger dans la méthode de décodage, il est essentiel de comprendre ce qu’est un symbole dans le contexte maçonnique. Un symbole n’est pas une simple représentation ou une allégorie. Il est un pont entre le visible et l’invisible, entre le matériel et le spirituel. Contrairement à une interprétation profane qui s’arrête souvent à la surface (par exemple, voir le Silence comme un simple absence de bruit), le symbole maçonnique invite à une exploration multidimensionnelle. Il agit comme une clé qui ouvre des portes vers une compréhension plus profonde de soi, du monde et de l’univers.

Prenons l’exemple du Silence de l’Apprenti. À première vue, un profane pourrait y voir une invitation à la méditation ou à la tranquillité. Bien que cela ne soit pas faux, cette lecture reste superficielle. Le Silence maçonnique, comme tout symbole initiatique, porte en lui une richesse de significations qui se dévoilent à travers un travail méthodique et une réflexion orientée par les principes maçonniques.

Une méthode pour décoder un symbole

Pour décoder un symbole de manière maçonnique, il convient d’adopter une approche structurée qui dépasse la simple intuition ou la réflexion spontanée. Voici une méthode en plusieurs étapes, illustrée par l’exemple du Silence de l’Apprenti.

1. Identifier le symbole et son contexte

La première étape consiste à définir le symbole et à le situer dans son cadre maçonnique. Posez-vous les questions suivantes :

  • Quel est le symbole étudié ? (Ici, le Silence de l’Apprenti.)
  • Dans quel contexte maçonnique apparaît-il ? (Par exemple, le Silence est une injonction donnée aux apprenits dans de nombreux rituels, notamment au Rite Écossais Ancien et Accepté ou au Rite Français.)
  • Quelles sont les premières impressions ou significations évidentes ? (Le Silence évoque l’absence de bruit, la paix intérieure, l’introspection.)
Le Silence

Dans le cas du Silence de l’Apprenti, il est souvent lié à l’idée de retenue, d’écoute et de préparation intérieure. C’est une pratique imposée aux nouveaux initiés, qui doivent apprendre à observer et à réfléchir avant de s’exprimer.

2. Distinguer l’approche profane de l’approche initiatique

Pour éviter de tomber dans une interprétation banale, il est crucial de se demander : Qu’est-ce qui rend ce symbole spécifiquement maçonnique ? Une réflexion profane pourrait s’arrêter à des notions universelles, comme la méditation ou la contemplation, que l’on retrouve dans d’autres traditions spirituelles (bouddhisme, christianisme, etc.). Une approche maçonnique, en revanche, cherche à relier le symbole aux principes fondamentaux de la franc-maçonnerie, tels que :

  • Le passage du binaire (dualité) au ternaire (unité, synthèse).
  • La quête de la Lumière, en opposition aux Ténèbres.
  • L’idée de rassembler ce qui est épars, un concept central dans la démarche maçonnique.

Prenons l’exemple du Silence. Une lecture profane pourrait le réduire à un moment de calme ou de recueillement. Une lecture maçonnique, en revanche, le relie à des notions comme la rectitude (alignement intérieur), la préparation à recevoir la Lumière ou encore la capacité à unifier les contraires (bruit et silence, extérieur et intérieur).

3. Relier le symbole à d’autres symboles maçonniques

Un symbole maçonnique ne vit pas isolément. Il s’inscrit dans un réseau de significations interconnectées. Pour décoder le Silence, il est utile de le mettre en relation avec d’autres symboles ou concepts maçonniques, comme :

  • La Lumière et les Ténèbres : Le Silence peut être vu comme un état de réceptivité à la Lumière, par opposition au bruit multiple des Ténèbres, qui représente la dispersion et la confusion.
  • Le V∴I∴T∴R∴I∴O∴L∴ : Dans certains rituels, le Silence peut être rapproché de la lettre R (Rectifier), qui évoque la rectitude, l’alignement intérieur et l’harmonie.
  • L’Équerre et le Compas : Le Silence peut symboliser l’équilibre entre l’action (Compas) et la réflexion (Équerre), un état où l’initié apprend à mesurer ses paroles et ses actes.

En reliant le Silence à ces autres symboles, on commence à percevoir sa profondeur. Par exemple, le Silence de l’Apprenti peut être vu comme un acte de rectification intérieure, un moment où l’initié s’aligne avec les valeurs maçonniques pour mieux avancer sur le chemin de la sagesse.

4. Explorer les dimensions du symbole : du concret à l’abstrait

Un symbole maçonnique opère sur plusieurs niveaux : matériel, psychologique, philosophique et spirituel. Pour décoder le Silence, explorons ces dimensions :

  • Matériel : Le Silence est littéralement l’absence de bruit, un moment où l’initié se tait physiquement pour écouter les enseignements ou observer les rituels.
  • Psychologique : Le Silence favorise l’introspection, permettant à l’initié de se confronter à ses pensées, ses émotions et ses limites.
  • Philosophique : Le Silence incarne l’unité face à la multiplicité. Il est un antidote à la dispersion mentale et émotionnelle, un moyen de rassembler ce qui est épars.
  • Spirituel : Le Silence est une porte vers la Lumière intérieure, un état de réceptivité où l’initié peut communier avec des vérités plus élevées.

En explorant ces dimensions, on évite de réduire le symbole à une seule interprétation. Le Silence devient alors un outil de transformation, un espace où l’initié peut se dépouiller de son ego profane pour s’ouvrir à une compréhension plus profonde.

5. Appliquer le principe du passage du binaire au ternaire

Mur numérique autoroute de l'information
Mur numérique d’informations binaires

Un des principes fondamentaux de la franc-maçonnerie est le passage du binaire (dualité, opposition) au ternaire (synthèse, harmonie). Pour décoder le Silence, on peut appliquer ce principe en identifiant les oppositions qu’il transcende :

  • Binaire : Bruit vs Silence, Extérieur vs Intérieur, Dispersion vs Concentration.
  • Ternaire : Le Silence devient le point d’équilibre, le lieu où ces oppositions se réconcilient pour donner naissance à une nouvelle compréhension, une unité intérieure.

Par exemple, le Silence de l’Apprenti n’est pas simplement l’absence de parole, mais un état où l’initié transcende la dualité entre parler et se taire pour atteindre une écoute active, une présence consciente.

6. Questionner la spécificité maçonnique

Livre tenu dans des mains
livre, lumiere, symbole,

À chaque étape de votre réflexion, posez-vous la question : Ma réflexion est-elle maçonnique ? Un profane pourrait-il arriver à la même conclusion ? Si la réponse est oui, il est probable que votre analyse reste trop générale. Pour rendre votre approche maçonnique, cherchez à ancrer le symbole dans les rituels, les outils et les valeurs de la franc-maçonnerie. Par exemple :

  • Le Silence de l’Apprenti est-il lié à l’idée de travailler sur la pierre brute ? (Oui, car il aide l’initié à polir son ego et à se préparer à recevoir la Lumière.)
  • Le Silence est-il un préalable à l’ouverture des travaux en loge ? (Oui, car il instaure un espace sacré où l’initié peut se connecter au collectif.)

7. Pratiquer la patience et l’itération

Décoder un symbole est un travail de longue haleine. Comme l’apprentissage de la marche, il demande du temps, de la pratique et de la persévérance. Ne vous découragez pas si vos premières tentatives semblent laborieuses. Chaque réflexion vous rapproche d’une compréhension plus profonde. Revenez sur vos analyses, mettez-les en perspective avec d’autres symboles, et laissez le sens se dévoiler progressivement.

Application au Silence de l’Apprenti

Appliquons maintenant cette méthode au Silence de l’Apprenti pour en extraire un sens maçonnique.

  1. Contexte : Le Silence est une injonction donnée à l’apprenti dans de nombreux rituels maçonniques. Il symbolise une attitude d’humilité, d’écoute et de réceptivité face aux enseignements de la loge.
  2. Approche profane vs initiatique : Un profane pourrait voir le Silence comme un moment de calme ou de méditation. En franc-maçonnerie, le Silence est un acte actif, une discipline qui prépare l’initié à recevoir la Lumière et à s’aligner avec les valeurs de la rectitude et de l’unité.
  3. Liens avec d’autres symboles : Le Silence peut être comparé à la Lumière (unité, clarté) par opposition aux Ténèbres (dispersion, bruit). Il est aussi lié à la lettre R de V∴I∴T∴R∴I∴O∴L∴, qui évoque la rectitude, et à la pierre brute, que l’apprenti apprend à polir par l’introspection.
  4. Dimensions : Matériellement, le Silence est l’absence de parole. Psychologiquement, il favorise l’introspection. Philosophiquement, il représente l’unité face à la multiplicité. Spirituellement, il est un espace de communion avec le sacré.
  5. Passage du binaire au ternaire : Le Silence transcende l’opposition entre bruit et calme pour devenir un état d’harmonie, où l’initié écoute activement et s’aligne avec la sagesse collective de la loge.
  6. Spécificité maçonnique : Le Silence de l’Apprenti est maçonnique car il s’inscrit dans un processus initiatique : il prépare l’initié à recevoir les enseignements de la loge, à travailler sur lui-même et à participer à l’œuvre collective de construction du temple intérieur et universel.

Conseils pratiques pour décoder d’autres symboles

Pour appliquer cette méthode à d’autres symboles (comme le Soleil, la Lune, l’Équerre, le Compas, etc.), suivez ces conseils :

  • Étudiez le contexte rituélique : Chaque symbole prend un sens particulier selon le rite pratiqué (REAA, Rite Français, etc.).
  • Reliez les symboles entre eux : Cherchez des correspondances entre les symboles pour enrichir votre compréhension.
  • Adoptez une approche multidimensionnelle : Considérez les aspects matériels, psychologiques, philosophiques et spirituels.
  • Restez ancré dans les principes maçonniques : Cherchez toujours à dépasser la dualité pour atteindre l’unité, et vérifiez si votre réflexion est spécifique à la franc-maçonnerie.
  • Pratiquez régulièrement : Le décodage des symboles est une compétence qui se développe avec le temps.

Conclusion

Un « tableau emblématique » décoré de symboles maçonniques, avec des espaces vides pour le nom du candidat, les dates de divers résultats et les signatures des dirigeants, 1877.

Décoder un symbole maçonnique, comme le Silence de l’Apprenti, est un exercice qui demande rigueur, patience et ouverture d’esprit. Loin de se limiter à une interprétation littérale ou profane, il s’agit de plonger dans la richesse des significations initiatiques pour en extraire des leçons de sagesse. En suivant une méthode structurée – identifier le contexte, distinguer l’approche profane de l’initiatiatique, relier les symboles, explorer leurs dimensions et appliquer les principes maçonniques – l’initié peut transformer chaque symbole en un outil de transformation intérieure. Le Silence, par exemple, devient bien plus qu’une absence de bruit : il est un espace sacré où l’apprenti apprend à rassembler ce qui est épars, à s’aligner avec la Lumière et à avancer sur le chemin de la rectitude.

Ce travail, bien que parfois exigeant, est au cœur de la démarche maçonnique. Il invite chaque initié à devenir un bâtisseur conscient, non seulement de son temple intérieur, mais aussi d’un monde plus juste, plus lumineux et plus fraternel. Alors, êtes-vous prêt à poursuivre ce voyage symbolique ? Prenez le temps, ouvrez votre esprit et laissez les symboles vous guider vers la sagesse.

L’humour, l’ami en Franc-maçonnerie

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Piste aux Étoiles ou Cirque du Soleil


Les temples sont de multitudes lieux de rencontres et de spectacles où chaque soir se donne une représentation nouvelle.


La franc-maçonnerie en dehors de sa réflexion à partir de ses symboles propres à notre amélioration personnelle et collective détient tous les outils également nécessaires à la construction d’édifices que nous retrouvons dans le monde entier.

D’autre part de nombreux rapprochements ont souvent fait l’objet de situations ou l’humour a été introduit dans nos rituels, tel Pierre Dac avec son fameux rituel des voyous. D’autres frères ou sœurs ont suivit cette direction notamment les Canadiens Québécois sans oublier nos humoristes franc-maçons français, n’ayons pas peur d’être chauvin.

« IL EST VRAI QU’IL Y A MATIÈRE »

Il ne s’agit pas dans ces propos de dire ou de comparer les loges à des chapiteaux de cirques, mais j’avoue qu’ayant pratiqué l’art clownesque avec modestie et amour, je ne peux m’empêcher en tant qu’observateur d’y trouver des attitudes, des moments qui seraient dignes de situations humoristiques voire comiques, car les ingrédients sont présents et la mauvaise foi prête à les détourner.

Il y a chez les clowns un personnage classique repris dans l’animation de rue, qui est le « clown suiveur » personnage qui se plait à imiter, à refaire les geste de la personne qu’il suit avec évidement des erreurs et une pantomime exagérée qui rappellent les moments où un frère ou une sœur exécute avec maladresse, les indications qu’il doit exécuter de la part de son maître des cérémonies ou de son expert.

Un autre classique dans le déroulement des situations clownesques est aussi le comique de répétition. Le rituel de nos tenues nous offre de nombreuses occasions de s’y adonner. Nous usons, dans notre contexte de rituel, avec le premier surveillant et le second de ce principe de comique de répétition fort mis à l’épreuve dans les spectacles à vocations comiques.


« Dans ce cas nos deux surveillants deviennent deux « augustes » pour la soirée. »

Mettez deux clowns aux commandes de certains plateaux, avec bien sûr beaucoup de travail en amont pour la mise en scène, vous changerez le sens de votre tenue.

Mais en dehors de ces extrapolations et de ces « analyses interprofessionnelles » nous retrouvons dans l’univers du temple des éléments communs avec le monde du spectacle qui servent à renforcer la beauté, l’imaginaire, la poésie, le lyrisme, la magie d’un spectacle qui va se dérouler sous nos yeux, si toutefois on admet qu’une tenue en loge peut s’apparenter à une représentation.

Les étoiles sont présentes dans la Voute Étoilée, elles nous accompagnent toute la soirée. Avec les chapiteaux, elles sont reproduites et associées aux décors du cirque. Ces inaccessibles étoiles, qui donnèrent naissance à cette fameuse représentation qu’on nomma en France la Piste aux Étoiles, qui rendait en même temps hommage aux artistes ici qualifiés d’étoiles. De même dans la genèse du Cirque du Soleil au Canada, le soleil prend toute sa valeur qui s’exprime par la joie, les couleurs et la fête. C’est ce que nous retrouvons quand nous entrons dans nos tenues, certes plus cadrées.

Dans une tenue, après avoir quitté le monde obscur, nous retrouvons la lumière et je dirais le monde du spectacle avec ce défilé de personnages, décorés tout en couleurs qui parfois peuvent prêter à sourire. On aimerait qu’un fou du roi les interpelle pour parfois les dégager d’une situation qui frôle le ridicule.

« mais le spectacle a commencé avec ses paillettes et l’or qui brille… »

La fête commence avec ses moments de surprises, de moments inattendus où l’on souhaiterait voir arriver un maillet qui se brise, une chandelle qui met du temps à se rallumer pour finir en pétard, un pantalon qui se déchire quand on se met à genoux, un tronc de la Veuve qui déborde de billets et de pièces de monnaie, un frère qui glisse en reproduisant les pas du compagnon, une musique qui démarre avec un « rap » plutôt qu’un morceau de Mozart, un tablier trop lourd de métaux qui se désagrafe au moment d’une batterie et en fin de tenue un ronflement bien rempli qui se fait entendre après un « Debout et à l’Ordre mes frères ! »

Qu’en pense Le Grand René dans sa video ci-dessous?

L’énigme des Maîtres -24- Ne pas retenir l’oiseau

Pour lire l’épisode précédent : ici

Città meneghina (Milan) le 8 mars

Via Giuseppe Antonio Sassi est une petite rue en équerre bordant le jardin de l’église Santa Maria delle Grazie, une rue élégante et tranquille, typiquement milanaise. D’un côté de l’équerre, le soleil éclaire les bâtiments, avec leurs façades en pierre ou en en briques d’un ocre rouge profond, témoignant de l’architecture harmonieuse propre à ce quartier. Les pavés rappellent ceux du couvent dominicain de Santa Maria delle Grazie adjacent. De l’autre, la ruelle est plongée dans l’ombre tant la ruelle devient étroite ; les hauts murs laissant un air frais s’en ressentir. Au numéro 2, de petites plaques de verdure la ponctuent avec des fougères aux fenêtres grillagées du rez-de-chaussée, tandis que les balcons en pierre blanche plus ouvragés du premier étage abritent des sculptures d’animaux, des singes en l’occurrence rappelant la sagesse de ne rien voir, ne rien entendre et ne rien dire.

Mitoyenne, une maison plus basse s’ouvre sur un hangar aux portes de bois, elle fait face à l’arrière de la basilique. 

Alexander y pénétra seul, serrant le diamant dans sa main.

Ancien atelier de peinture, le lieu exhale encore une odeur d’huile et de solvants. Les murs sont tachés de couleurs effacées, comme les vestiges d’une époque plus créative, mais aujourd’hui le silence, comme une épaisseur, décore le lieu par une tension presque palpable.

Alexander ne voit que Silvestro, au centre, flanqué de trois hommes de main armés et cagoulés. Derrière eux, Caris bâillonnée et aveuglée par un bandeau est attachée à une chaise. Toute son attitude montre qu’elle est apeurée, ses boucles désordonnées cachent son visage penché.

Silvestro étire un sourire en voyant Alexander avancer.

– Ah, Monsieur Meïr ! Et oui, je vous connais. Le très bavard Enhardir, que nous avons su faire parler, nous a renseignés. Grâce aux caméras de sa galerie, il a fait des recherches. Vous êtes suffisamment connu pour qu’il retrouve votre trace à partir de votre photo. Vous l’avez inquiété savez-vous ? Il croyait que c’était un de mes fidèles, dit-il en éclatant de rire. Ainsi c’est vous qui m’apportez ce que j’attendais, peut-être que je vous laisserai repartir, vous et la demoiselle. Approchez lentement et donnez-moi le diamant.

– Montrez-moi d’abord qu’elle va bien, ordonne Alexander d’une voix aussi ferme et autoritaire qu’il put.

Silvestro ricane mais fait un signe à un de ses hommes qui s’avance pour relever la tête de la jeune femme et lui enlève le bandeau. Elle cligne des yeux, une larme coulant sur sa joue, mais elle semble indemne.

– Elle est vivante, comme promis. Et maintenant le diamant.

Alexander s’avança, chaque seconde étirée dans ses pas, son bras en avant, lui montrant sa main renversée devant lui qui renfermait le diamant. Il progressait lentement dans une trajectoire telle qu’il parvint à se mettre entre Caris et Silvestro, obligeant celui-ci à pivoter pour le suivre du regard. Les sbires accompagnaient le mouvement, satellites du Milanais.

Soudain, un bruit de détonation éclate à l’extérieur et on entend Guido hurler « intervention » ! Les portes latérales du hangar volent en éclats alors que les forces d’Interpol dissimulées parmi les touristes, surgissent, armes braquées. Une fusillade éclate aussitôt.

Alexander plonge vers Caris faisant de son corps un bouclier, tandis que des balles sifflent autour d’eux. Dans l’échange des feux, un policier au sol, une large tache de sang s’étendant sur sa cuisse, crispe ses doigts sur la plaie pour tenter d’arrêter l’hémorragie. Plus loin, un autre agent, touché à l’épaule, grimace en cherchant à recharger son arme, tandis qu’un des criminels s’effondre avec un cri guttural, une balle ayant traversé son flanc. À son tour, Guido est blessé, du sang coule de son oreille, une balle lui a emporté le lobe gauche.

Alexander parvient à détacher Caris avant de lui murmurer :

– Reste ici. Je vais finir tout ça.

Et criant pour se faire entendre, brandissant sa main fermée, il interpelle le chef.

– Buonvincini, regarde, mais regarde bien en lui montrant le diamant entre deux doigts, puis il le fait glisser, comme Guido lui avait enseigné lors de la préparation pour l’assaut, entre le majeur et l’annulaire, déclenchant le pouvoir du diamant en faisant le signe.

Toutes les armes cessèrent de fonctionner.

Silvestro, figé, regarde médusé Alexander qui s’est mis face à lui à quelques mètres.

Alors, du plus profond du peu que lui reste sa conscience volontaire, Alexander implore le diamant :

– Choisis maintenant d’être ou d’exister, renonce par ta puissance à ta forme ! Voile ton principe et abîme ton entéléchie.

Il sentit dans sa main disparaître la consistance de la pierre alchimique, ne put retenir le mouvement de l’ouvrir et d’envoyer en l’air son contenu comme un fauconnier le ferait avec un oiseau. Il y eut juste une trace scintillante au-dessus du chaos qui jeta une douce lumière avant de se dissiper.

Silvestro comprit que c’était fini. Sa quête s’arrêtait là et il se rendit en jetant son arme à terre ainsi que ses deux acolytes survivants.

Il eut un instant un regret, en revoyant le ravissant visage d’Amélie qui l’avait tant aimé, sacrifiée et victime pour rien. Il n’eut aucune pensée pour Jakub Novák, ni pour Hircine Enhardir, ni pour aucune autre mort qu’il avait rendue inutile.

Et puis soudain, profitant de l’attention portée aux blessés  et tandis que Guido s’était précipité pour prendre Caris dans ses bras, Silvestro, s’enfuit par la porte donnant sur l’autre angle de la rue. Alexander essaie de le suivre, mais l’homme est rapide.

En sortant à sa suite, Alexander aperçoit une scène incroyable : le carnaval ambrosien bat son plein, une foule immense d’individus déguisés en arlequins et pierrots dansent et chantent envahissant toute la rue, attirée qu’elle a été par ce qui lui avait semblé être des pétards. Un homme, assommé et dévêtu de son déguisement, gît comme un pantin contre la façade de la ruelle. Silvestro s’est mélangé à la foule, portant son masque et son costume bariolé.

Silvestro Buonvincini disparut en se fondant dans l’anonymat du pareil.

Épilogue la semaine prochaine