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Voyage initiatique au cœur du symbolisme maçonnique

Dans l’univers très discret de la franc-maçonnerie, une curieuse pratique attire l’attention du nouvel initié : le symbolisme. Bien au-delà d’une simple ornementation ou d’un rituel codé, il représente un langage universel qui relie les individus à des vérités profondes, transcendant les barrières du matériel pour toucher le spirituel. Explore la richesse de cette tradition, son rôle comme pont entre l’histoire et la quête intérieure et son importance comme outil de réflexion pour les profanes curieux de comprendre les mystères de cette fraternité séculaire.

Le symbolisme maçonnique, loin d’être réservé à une élite initiée, offre des leçons universelles sur l’humanité, la morale et la recherche de sens.

Le Symbolisme : Langage de l’Inexprimable

Dès les premiers pas dans les enseignements maçonniques, une idée fondamentale émerge : tout peut être perçu comme un symbole. Cette approche ne se limite pas à une formule abstraite ; elle transforme le monde en un texte vivant où chaque objet – une pierre, un outil, un motif géométrique – devient porteur de sens. Dérivé du grec symbolum (réunir, assembler), le symbolisme agit comme un miroir reflétant des vérités complexes à travers des images simples.

Historiquement, il s’inspire des traditions des maçons opératifs, ces artisans du Moyen Âge qui construisaient des cathédrales et a été réinterprété par la maçonnerie spéculative au XVIIIe siècle pour devenir une métaphore de la construction intérieure.

Prenons l’exemple de l’équerre, un outil qui, dans sa fonction première, assurait la précision des angles. Symboliquement, elle incarne la justice et l’équilibre, invitant chacun à aligner ses actions avec des principes éthiques. Le fil à plomb, utilisé pour garantir la verticalité d’un mur, devient une leçon de droiture et d’alignement avec des valeurs supérieures.

Cet instrument obéit aux lois qui animent notre univers et plus particulièrement à celle de la gravité.

Le niveau, qui égalise les surfaces, symbolise l’égalité entre les hommes, transcendant les hiérarchies sociales.

Ces outils, autrefois à usage pratique, sont aujourd’hui devenus des invitations à vivre avec mesure, force et intégrité, des qualités universelles qui résonnent bien au-delà des murs d’une loge.

Le symbolisme maçonnique puise également dans des racines anciennes, influencées par les mystères égyptiens, les enseignements pythagoriciens et les traditions kabbalistiques. Cette richesse multiculturelle en fait un langage accessible à tous, capable de parler aux cœurs et aux esprits sans nécessiter une initiation formelle. En laissant derrière soi les « métaux » – métaphore des passions et des attachements matériels – le symbole devient un guide, un refuge contre les certitudes rigides et les illusions éphémères, ouvrant la voie à une compréhension plus profonde de soi et du monde.

Une Libération des Préjugés et une Ouverture de l’Esprit

L’une des forces du symbolisme réside dans sa capacité à libérer l’esprit des préjugés et des réactions instinctives. En s’éloignant des jugements hâtifs, il encourage une réflexion ouverte où le désir, l’imagination et la raison coexistent en harmonie, sans se figer dans des dogmes absolus. Cette approche agit comme un bouclier contre les amalgames préjudiciables, qui peuvent mener à des comportements irrationnels ou à des divisions sociales. Elle protège également contre les excès de l’ésotérisme, souvent détournés vers des pratiques occultes dénuées de sens.

En explorant le symbolisme, on découvre un outil de discernement puissant. Il permet de distinguer la dévotion sincère d’un mysticisme aveugle, la foi d’une confiance active, ou la complaisance d’une bienveillance authentique. Cette démarche, ancrée dans une réflexion structurée – appréhender, rapprocher, appliquer – favorise une progression vers une connaissance libre et objective. Pour le profane, cela offre une leçon précieuse : prendre le temps de questionner ses propres réflexes et de polir ses idées avec la patience d’un artisan, un processus qui enrichit la vie quotidienne autant que les débats philosophiques.

Le symbolisme maçonnique invite également à méditer sur la dualité inhérente à l’existence, comme illustré par le pavé mosaïque – un motif alternant noir et blanc. Cette alternance ne représente pas un conflit, mais une invitation à explorer les nuances entre le bien et le mal, la lumière et l’ombre, pour mieux comprendre leur complémentarité. Cette vision équilibrée encourage une approche nuancée des défis humains, qu’il s’agisse de justice sociale, de tolérance ou de quête personnelle de vérité.

Les Symboles : Héritage et Transmutation

Les symboles maçonniques, tels que le compas, l’équerre ou la pierre cubique, sont des héritages vivants des maçons opératifs, ces bâtisseurs qui élevaient les édifices gothiques avec une dévotion presque sacrée. Au XVIIIe siècle, avec l’émergence de la maçonnerie spéculative, ces outils ont été réinventés comme des métaphores spirituelles. Le compas, qui délimite un cercle, enseigne la modération et la maîtrise de soi ; l’équerre, qui rectifie les angles, symbolise la justice dans les relations humaines ; le fil à plomb, guide de la verticalité, représente l’alignement avec une éthique supérieure. Ces transpositions ne sont pas de simples abstractions, mais des invitations concrètes à intégrer ces valeurs dans la vie quotidienne.

noir et blanc, bien et mal, pavage de loge

Cette transmutation symbolique s’inscrit dans une tradition plus large, influencée par les philosophies antiques et les mystères initiatiques. Par exemple, l’idée de polir une pierre brute pour en faire une pierre taillée évoque les enseignements stoïciens sur la perfection de l’âme, tandis que le compas rappelle les cercles harmonieux des écoles pythagoriciennes. Pour le profane, ces symboles offrent une occasion de réfléchir à sa propre évolution, de transformer ses imperfections en forces, et de construire une existence plus harmonieuse.

En outre, le symbolisme maçonnique s’enrichit d’une dimension cosmique. Le pavé mosaïque, avec ses 108 cases, reflète une géométrie sacrée liée aux cycles célestes et aux nombres symboliques, comme le 3, le 7 ou le 12, présents dans de nombreuses traditions spirituelles. Cette connexion avec l’univers rappelle que l’individu est partie intégrante d’un tout plus vaste, une idée qui peut inspirer une responsabilité écologique et sociale dans le monde moderne.

Une Invitation à la Méditation au-delà du Symbolisme

Pour approfondir cette réflexion, trois citations universelles invitent à une méditation intemporelle. Socrate, avec son

« Connais-toi toi-même et tu connaîtras le monde et les dieux »

Ruines Antiques
Ruine Delphes

pose les bases d’une introspection qui éclaire l’univers entier. Cette maxime, gravée à Delphes, résonne avec l’idée que la quête intérieure est le premier pas vers la sagesse. Spinoza, avec son paradoxe –

« Tu dis que tu as choisi une idée parce qu’elle est bonne, sache qu’en réalité tu dis qu’elle est bonne parce que tu l’as choisie »

–, met en garde contre les biais personnels qui masquent nos vérités sous des justifications subjectives, une leçon précieuse pour éviter les préjugés.

Enfin, la Kabbale, avec sa réflexion subtile –

« Quand tu dis que Dieu a créé l’homme à son image et quand tu dis l’homme a créé Dieu à son image, tu crois que tu dis le contraire ; il t’appartient d’étudier et de méditer jusqu’à ce que tu comprennes pourquoi et comment tu dis la même chose autrement »

–, encourage à dépasser les oppositions apparentes pour saisir une unité sous-jacente.

Freemasonry symbols, set of vector illustrations in engraving style. Vintage pastiche of Eye of Providence, pillars of Boaz and Jachin, Square and Compasses. Sketches of occult, mystical symbolism.

Ces enseignements soulignent que, bien que « tout soit symbole », tout ne se réduit pas à une interprétation symbolique. À trop chercher des significations cachées dans des vérités évidentes, on risque de s’égarer dans des complexités inutiles. Le symbolisme maçonnique, dans son essence, appelle à un équilibre : une exploration créative alliée à une sagesse pratique, préservant la simplicité des leçons fondamentales.

Une Quête Vivante et Universelle

Le symbolisme maçonnique se présente comme un art vivant, un langage qui unit les esprits dans une quête de sens commune, loin d’être réservé à une élite fermée. Il offre un faisceau d’interprétations à explorer avec humilité et curiosité. Comme le suggère l’idée implicite d’une réflexion ouverte – « J’ai dit, mais… je n’ai pas tout dit » –, ce voyage initiatique reste inachevé, invitant chacun, profane ou initié, à y apporter sa propre contribution.

Que cette exploration du symbolisme inspire une méditation quotidienne, guidant les individus vers une compréhension plus profonde de leur temple intérieur. En traversant les dualités de la vie – lumière et ombre, bien et mal –, qu’ils trouvent dans chaque symbole une clé pour unir ce qui est dispersé, et dans chaque outil métaphorique, une leçon pour parfaire leur humanité. Ainsi, le symbolisme maçonnique transcende les murs des loges pour devenir un héritage universel, un murmure intemporel qui éclaire la quête de sens de l’humanité entière.

Les ouvriers d’Hiram Abiff : « Le Respect – Une Vertu Fondamentale de la Fraternité »

De notre confrère elnacional.com – Par Mario Múnera Muñoz

Une vertu se dresse comme un pilier essentiel : le respect. Inspiré par l’article lumineux de Mario Múnera Muñoz, Passé Grand Maître, intitulé « Obreros de Hiram Abiff : El respeto I », nous nous plongeons dans une réflexion enrichie sur cette valeur cardinale. Hiram Abiff, figure légendaire de l’ouvrier idéal, nous guide dans cette exploration, où le respect – envers soi, les autres et le divin – devient le fondement d’une fraternité authentique, en résonance avec les enseignements de sages comme Rumi, le Bouddha et le Maître Jésus.

Le Respect : Un Pilier de la Lumière Intérieure

Le respect, tel que le définit Múnera Muñoz, est bien plus qu’une simple politesse : c’est une attitude intérieure qui honore la dignité inhérente à chaque être.

« Le respect est la base de toute relation humaine et spirituelle »

écrit-il, soulignant que sans cette vertu, la fraternité maçonnique perd son essence. Cette idée s’harmonise avec les mots profonds de Mevlana Jalaluddin Rumi : « Au-delà des idées de bien et de mal, il y a un champ. Je t’y rencontrerai. » Ce champ, espace de rencontre au-delà des jugements, incarne le respect comme un pont vers l’unité, transcendant les différences pour célébrer l’humanité commune.

Dans la tradition maçonnique, Hiram Abiff symbolise l’ouvrier qui, par son travail et son sacrifice, élève l’âme collective. Le respect, en ce sens, est le socle sur lequel repose la construction du temple intérieur. Sans lui, les outils symboliques – l’équerre, le compas, le maillet – perdent leur pouvoir transformateur, et la loge devient un lieu de division plutôt que d’harmonie. Múnera Muñoz nous invite à voir le respect comme une lumière qui éclaire le chemin initiatique, un rempart contre l’ego et les conflits.

Les Dimensions du Respect : Une Vertu Universelle

Le respect se déploie en trois dimensions interconnectées : envers soi-même, envers autrui et envers le divin. Envers soi, il s’agit de reconnaître sa propre valeur, de cultiver l’autoconnaissance et de polir sa pierre brute avec humilité. Le Bouddha, dans ses enseignements sur la voie du milieu, nous rappelle que le respect de soi commence par l’acceptation de nos imperfections, un prérequis pour grandir spirituellement. Envers autrui, il se manifeste par l’écoute, la bienveillance et la reconnaissance de l’égalité fondamentale entre tous les êtres, un principe incarné dans le niveau maçonnique qui aligne les Frères et Sœurs sur un plan d’égalité sacrée.

Envers le divin, le respect prend la forme d’une révérence pour le Grand Architecte de l’Univers, une présence mystérieuse qui guide les travaux maçonniques. Le Maître Jésus, dans son Sermon sur la montagne, enseigne :

« Aime ton prochain comme toi-même »

(Matthieu 22:39)

fusionnant ces trois dimensions en un commandement universel. Múnera Muñoz souligne que le respect envers le divin se traduit par une soumission volontaire aux lois cosmiques, un acte de foi qui élève l’initié au-delà des contingences matérielles.

Le Respect dans la Pratique Maçonnique

Maillet et épée sur un plateau de vénérable
Maillet et épée sur un plateau de vénérable

Dans la loge, le respect se vit à travers les rituels et les interactions fraternelles. Chaque coup de maillet du Vénérable Maître, chaque salut au grade respectif, chaque silence méditatif autour du pavé mosaïque est une expression de cette vertu. L’auteur met en garde contre les dérives où le manque de respect – qu’il s’agisse d’impatience envers un Apprenti ou de rivalité entre Maîtres – fragmente la chaîne d’union. Hiram Abiff, assassiné par ses propres compagnons pour avoir refusé de trahir ses principes, incarne le respect ultime : celui de l’intégrité face à l’adversité.

Le respect exige également une discipline intérieure. Comme le souligne Múnera Muñoz, il faut apprendre à maîtriser ses jugements hâtifs et à accueillir les différences avec curiosité. Cette pratique renforce la fraternité, transformant la loge en un atelier vivant où chaque pierre contribue à l’édifice commun. L’équerre, symbole de justice, et le compas, symbole de modération, deviennent des outils pour mesurer et cultiver cette vertu au quotidien.

Une Invitation à une Fraternité Éveillée

Alors que les loges s’animent de l’élan estival, l’enseignement d’« Obreros de Hiram Abiff » résonne comme un appel à restaurer le respect au cœur de la franc-maçonnerie. Dans un monde marqué par les divisions et les égos, cette vertu offre un remède puissant, un fil d’Ariane pour guider les initiés vers l’unité. Le respect envers soi forge la résilience, envers autrui tisse des liens indestructibles, et envers le divin élève l’âme vers l’infini.

Mario Múnera Muñoz

Mario Múnera Muñoz, avec sa sagesse inspirée, nous rappelle que les ouvriers de Hiram Abiff – ces bâtisseurs spirituels – doivent honorer leur héritage en vivant le respect comme une flamme vive. Que chaque Frère et Sœur, en polissant sa pierre intérieure, cultive cette vertu avec ferveur, transformant la loge en un sanctuaire de lumière et d’harmonie. Ainsi, la franc-maçonnerie continue de rayonner, portée par le respect, comme un phare guidant l’humanité vers une fraternité universelle.

1925 : Mussolini et l’Anéantissement de la Franc-Maçonnerie pour Consolider le Régime Fasciste

De notre confrère italien notiziegeopolitiche.net – di Aldo A. Mola

Dans les méandres de l’histoire italienne, l’année 1925 marque un tournant décisif, non seulement pour l’ascension autoritaire de Benito Mussolini, mais aussi pour la disparition officielle de la franc-maçonnerie en tant qu’institution influente. Cette période, souvent éclipsée par d’autres événements plus médiatisés du fascisme, révèle une stratégie politique calculée visant à éliminer toute opposition organisée et à centraliser le pouvoir. À travers une analyse approfondie des dynamiques politiques, des lois promulguées et des motivations idéologiques.

Cet article explore comment Mussolini a utilisé l’interdiction de la franc-maçonnerie comme un levier pour instaurer un régime totalitaire, tout en questionnant les récits officiels et en mettant en lumière les complexités sous-jacentes de cette répression.

Contexte Politique : Une Italie Divisée et une Opportunité pour Mussolini

Benito Mussolini mène la marche sur Rome

À l’aube des années 1920, l’Italie traverse une période de turbulence politique et sociale après la Première Guerre mondiale. Les élections de novembre 1920 pour les conseils communaux et provinciaux révèlent une fragmentation marquée : les fascistes, bien que soutenus par un gouvernement relativement stable sous Mussolini, font face à une opposition potentiellement unie. Les libéraux, les socialistes, les démocrates, les républicains et les catholiques du Parti populaire pourraient, en s’alliant, constituer une force majoritaire aux élections locales. Cependant, cette coalition reste fragilisée par l’« Aventin », une retraite symbolique des opposants qui boycottent les travaux parlementaires, laissant la Chambre aux mains des fascistes. Au Sénat, où les fascistes sont minoritaires, le danger est encore plus grand.

Dans ce contexte, Mussolini perçoit la franc-maçonnerie comme un « collant » dangereux pour ses adversaires. Depuis des décennies, les loges maçonniques, notamment celles du Grand Orient d’Italie, servent de creuset pour les idées libérales, laïques et démocratiques, attirant des figures politiques influentes comme Ernesto Nathan, ancien maire de Rome et Grand Maître. Cette organisation, avec ses réseaux transnationaux et son attachement à la liberté individuelle, représente un obstacle à l’unification idéologique que Mussolini cherche à imposer. Loin d’être une simple coïncidence, la répression de la maçonnerie s’inscrit dans une stratégie plus large pour neutraliser toute structure autonome susceptible de défier son autorité.

La Loi Antimaçonnique : Un Instrument de Contrôle

Le processus législatif contre la franc-maçonnerie débute avec un projet de loi intitulé « Régularisation de l’activité des associations, entités et instituts, ainsi que de l’appartenance à ceux-ci du personnel employé par l’État, les provinces, les communes et les instituts placés sous la tutelle de l’État, des provinces et des communes ». Adopté à l’unanimité par la Chambre des députés le 19 mai 1925, ce texte marque une étape clé. Cependant, c’est au Sénat, les 19 et 20 novembre 1925, que la loi prend sa forme définitive, ciblant explicitement les associations secrètes, dont la maçonnerie est la cible principale.

Lors des débats sénatoriaux, des figures comme Cesare Maria De Vecchi, quadrumvir fasciste et sénateur fraîchement nommé, soutiennent avec ferveur cette mesure, alimentant un climat d’hostilité envers les loges. Adriano De Cupis, rapporteur du projet, qualifie le droit au secret maçonnique de « droit au mensonge », tandis qu’Enrico Corradini dénonce une « mitologie razionaliste » et une « action internazionalista » contraires aux intérêts nationaux. Ces discours reflètent une propagande fasciste visant à diaboliser la maçonnerie comme un ennemi intérieur, accusée de saper la religion et l’unité nationale. Même Armando Diaz, duc de la Victoire, se rallie à la cause, rejetant une proposition antérieure d’Ernesto Nathan d’intégrer des éléments maçonniques dans l’armée, bien que les preuves de son appartenance à la maçonnerie restent absentes.

Francesco Ruffini, sénateur libéral, oppose une résistance symbolique, citant Machiavel : « Aucune force ne dompte, aucun temps ne consume, aucun mérite ne contrebalance le nom de la liberté. » Filippo Crispolti, catholique engagé, plaide pour une distinction entre associations secrètes et licites, évoquant même les « massons repentis », tandis que Mussolini, piqué au vif par des allusions à ses propres démêlés judiciaires, réplique avec ironie. Cette joute verbale masque une réalité : la loi, promulguée le 26 novembre 1925 sous le numéro 2029, interdit aux membres des associations secrètes d’occuper des fonctions publiques, sonnant le glas de la présence maçonnique dans la sphère politique italienne.

Une Répression Antérieure : Les Années de Violence

Avant cette législation, la franc-maçonnerie subit une vague de répression brutale orchestrée par les chemises noires. Dès 1923, des assauts contre les loges se multiplient, encouragés par une circulaire du Parti national fasciste datée du 14 avril 1925, qui qualifie la maçonnerie de « mentalité démocratique nefaste » et de soutien aux oppositions parlementaires. Cette violence, tolérée par le ministre de l’Intérieur Luigi Federzoni, connu pour son antimasonisme, vise à briser les structures maçonniques avant même leur interdiction officielle. Des intellectuels comme Piero Gobetti et Giovanni Amendola, ainsi que des journalistes critiques, sont agressés, tandis que les propriétaires de journaux sont contraints de se séparer de collaborateurs indésirables.

Cette campagne de terreur, débutée après la marche sur Rome en octobre 1922, s’intensifie en 1925, coïncidant avec les « lois fascistissimes » qui abolissent la liberté de presse et de grève, dissolvent les syndicats et partis non fascistes, et renforcent le pouvoir exécutif. L’assassinat de Giacomo Matteotti en 1924, dénonçant les fraudes électorales, avait déjà révélé la brutalité du régime, mais l’interdiction de la maçonnerie parachève cette transition vers un État totalitaire. Les loges, pillées et fermées, perdent leur rôle de refuge pour les idées libérales, laissant place à une idéologie unique sous la férule de Mussolini.

Motivations Idéologiques et Politiques : Un Rapprochement avec l’Église

Les raisons de cette croisade antimassonique sont multiples. Sur le plan idéologique, Mussolini, ancien socialiste, avait déjà montré son hostilité envers la maçonnerie lors du congrès d’Ancona en 1914, où il fit expulser les maçons du Parti socialiste italien pour incompatibilité avec les principes de classe. Cette aversion s’accentue après la guerre, lorsque la montée du Parti populaire catholique, soutenu par l’Église, menace la laïcité défendue par les loges. Pour consolider son pouvoir, Mussolini cherche à s’allier avec le Vatican, un objectif qui culmine avec les Pactes du Latran en 1929. La maçonnerie, perçue comme antireligieuse et internationaliste, devient un bouc émissaire idéal pour apaiser les tensions avec l’Église.

Sur le plan politique, l’interdiction répond à une nécessité pragmatique. En éliminant la maçonnerie, Mussolini coupe un lien unificateur entre les oppositions, facilitant leur marginalisation. De plus, cette mesure renforce son image de chef incontesté, libéré des influences extérieures. Pourtant, des historiens soulignent que cette rupture n’était pas inévitable : avant 1925, certains maçons avaient soutenu le fascisme naissant, voyant en Mussolini un rempart contre le bolchevisme. Cette alliance tacite s’effondre lorsque le régime opte pour une centralisation totale, incompatible avec l’autonomie des loges.

Une Perspective Critique : Au-delà du Récit Officiel

Le récit dominant présente l’interdiction de 1925 comme une victoire du fascisme sur un ennemi juré. Cependant, une analyse critique révèle des nuances. L’absence de preuves solides sur l’influence réelle de la maçonnerie dans l’opposition – hormis son rôle symbolique – suggère que cette répression pourrait avoir été exagérée pour justifier une prise de contrôle plus large. De plus, des figures comme Mussolini lui-même, malgré ses discours, auraient pu avoir des liens passés avec des réseaux maçonniques, une hypothèse alimentée par son séjour en Suisse et ses contacts avec des cercles progressistes avant 1914.

La destruction des archives maçonniques lors des saccages complique toute vérification, laissant place à des spéculations. Certains estiment que cette campagne servit aussi à détourner l’attention des échecs économiques et sociaux du régime, comme la crise agricole ou les tensions avec les industriels. Enfin, l’alliance avec l’Église, bien que stratégique, ne fut pas sans friction, les catholiques restant méfiants envers un régime qui avait initialement flirté avec des idées anticléricales.

Héritage et Réflexion Contemporaine

L’interdiction de la franc-maçonnerie en 1925 marque la fin d’une ère pour les loges italiennes, qui ne retrouvent une certaine liberté qu’après la chute du fascisme en 1943. Le Grand Orient d’Italie, reconstitué après la guerre, porte encore les cicatrices de cette répression, tout en continuant à promouvoir les idéaux de liberté et de fraternité. Cette période interroge les relations entre pouvoir politique et organisations indépendantes, un débat toujours d’actualité dans les démocraties modernes face aux risques d’autoritarisme.

En somme, l’anéantissement de la maçonnerie par Mussolini en 1925 fut un acte stratégique, autant idéologique que politique, visant à consolider un régime totalitaire. Si cette mesure a réussi à briser une opposition potentielle, elle a aussi révélé les fragilités d’un système dépendant de la répression pour survivre. Cette page d’histoire invite à réfléchir sur la valeur des libertés associatives et sur les dangers d’une uniformisation imposée, des leçons qui résonnent encore dans notre époque marquée par des tensions entre unité et diversité.

Sources des Rites Égyptiens : L’odyssée Initiatique du Rite Oriental de Misraïm

Par Robert Mingam

Le Rite Oriental de Misraïm se distingue par sa richesse ésotérique et son héritage énigmatique. Explorons cette tradition fascinante à travers la vision de Robert Mingam, figure clé de sa renaissance au XXe siècle. Fondé sur des racines prétendument égyptiennes et nourri d’influences alchimiques, occultistes et kabbalistiques, ce rite, avec ses 90 degrés, invite les initiés à une quête profonde de vérité et de transformation. Plongeons dans cette odyssée initiatique, où l’histoire, la légende et la pratique se mêlent pour éclairer les mystères d’un ordre unique.

Origines et Émergence du Rite de Misraïm

Joseph Balsamo (Cagliostro)

Le Rite Oriental de Misraïm trouve ses premières traces historiques autour de 1740 en Italie, bien que certaines sources évoquent des indices dès 1738. Ce rite maçonnique d’inspiration ésotérique se nourrit de références à une antique tradition égyptienne, attirant des adeptes en quête de savoirs occultes et de mystères spirituels. Un document de 1867 mentionne son existence à Zante en 1782, tandis qu’une seconde apparition est documentée à Venise en 1788, où un groupe de Sociniens – secte protestante antitrinitaire – reçut une patente de constitution de la part de Giuseppe Balsamo, mieux connu sous le nom de Cagliostro, lors de son séjour dans la ville.

Cagliostro, figure controversée du XVIIIe siècle, est souvent crédité comme un des fondateurs de cet ordre, qu’il nomma initialement « Rite Égyptien ». Le 6 novembre 1787, avec Abraham le Juif, un rabbin kabbaliste membre de la Loge Écossaise Primitive de Venise, il établit l’Ordre Oriental de Misraïm en compagnie d’initiés Chevaliers d’Orient et Philosophes Inconnus. Ce rite, enrichi par les hauts degrés hermétiques de l’« échelle de Naples » transmis par Cagliostro le 17 décembre 1789 à Trente, s’inspire des mystères antiques rapportés par des sages comme Moïse, Orphée, Pythagore et Thalès. Ces enseignements, préservés surtout en Orient, combinaient la reconnaissance d’un Dieu unique, la pratique de la bienfaisance et l’étude des secrets de la nature.

Cependant, l’arrestation de Cagliostro par la police pontificale de Pie VI en 1789 marqua un tournant. Sa « Haute Maçonnerie Égyptienne » survécut brièvement sous la direction de François de Chefdebien d’Armissan, second Grand Cophte, avant de s’éteindre temporairement. Malgré ces interruptions, le rite conserva une aura mythique, nourrie par des figures comme Louis Guillemain de Saint Victor, qui en 1787 défendit l’origine égyptienne de la franc-maçonnerie dans son Recueil précieux de la maçonnerie adonhiramite.

Une Structure Initiatique Unique

Grande fresque du Tribunal d’Osiris à la Grande Loge de Misraïm à Paris

Le Rite de Misraïm se distingue par sa structure en 90 degrés, une échelle initiatique complexe qui reflète une progression spirituelle plutôt qu’une hiérarchie de pouvoir. Ces degrés, loin d’être de simples grades à acquérir, sont des étapes d’évolution personnelle, chacune associée à des responsabilités et des devoirs. Parmi eux, les 20e, 28e, 66e et 90e degrés occupent une place particulière, conférés en récompense de la valeur, des connaissances et de la fidélité des maçons. Le 90e degré, sommet de cette pyramide, confère le titre de Grand Conservateur, permettant de siéger au Conseil des Sages.

Cette structure s’inspire des mystères antiques, intégrant des éléments alchimiques, kabbalistiques et théurgiques, notamment à travers les Arcana Arcanorum – les degrés terminaux de l’échelle de Naples (87e au 90e). Ces arcanes, décrits comme une voie interne (Nei Tan) par Jean-Pierre Giudicelli de Cressac Bachelerie, ouvrent la porte à des ordres plus secrets, tels que l’Ordre des Rose-Croix d’Or ou les Frères Initiés d’Asie, échappant souvent à l’histoire officielle. Cette richesse symbolique, héritée de textes de Plutarque, Apulée, Jamblique ou Plotin, fait du Misraïm un rite à la croisée des traditions occidentales et orientales.

Renaissance sous Robert Mingam

Robert Ambelain

Au XXe siècle, le Rite de Misraïm, après des périodes de déclin et de fragmentation, connaît un renouveau grâce à des figures comme Robert Ambelain, qui en hérita les archives après la guerre de 1939-1945. Face aux dissensions au sein de la Grande Loge Française de Memphis-Misraïm dans les années 1990, Ambelain, conscient de l’héritage précieux du Misraïm, décida de le réveiller. En février 1996, sous son autorité, quatre loges – Le Scarabée d’Or, Khepri, Aménophis III et le Sphinx – furent consacrées à Paris, marquant la fondation de la Grande Loge Française de Misraïm, enregistrée à l’INPI le 17 avril 1997.

Robert Mingam, aux côtés de Jean-Marc Font et André Jacques, fut élevé au 90e degré le 3 avril 1996 par Ambelain, formant un nouveau Grand Conseil. Le 19 mai 1997, peu avant sa mort, Ambelain délivra une patente officielle à Mingam, officialisant cette transmission. Cette décision, motivée par un désir de préserver l’esprit initiatique contre les dérives administratives ou hiérarchiques, reflétait une vision démocratique du rite, où la liberté des loges primait sur une autorité « de droit divin ». Mingam, en tant que Patriarche et Grand Conservateur, s’engagea à faire vivre cet héritage, malgré les scissions ultérieures, comme celle menée par Philippe Vinet avec l’Ordre Ancien du Rite Oriental de Misraïm (OAROM).

Symbolisme et Pratique du Rite

peinture égyptienne
décoration égyptienne

Le Rite Oriental de Misraïm se caractérise par un agencement spécifique de ses temples, inspiré des anciens sanctuaires égyptiens. Le temple, orienté vers l’Orient – symbole de la lumière et de l’Égypte – comprend un Naos pointé vers le haut, contrastant avec d’autres rites comme Memphis-Misraïm. La salle hypostyle, bordée de colonnes papyriformes et lotiformes, évoque la dualité de la Haute et Basse Égypte, tandis que le pavé mosaïque de 108 cases ancre les travaux dans une symbolique cosmique. L’autel des serments, inversé et centré sur le Delta Lumineux, reflète une spiritualité invocatoire, où le Vénérable Maître prie le Suprême Architecte en communion avec l’Occident.

Les rituels, riches en invocations et en références aux Hermetica d’Hermès Trismégiste, s’ouvrent par des acclamations comme « Alleluia ! » et s’appuient sur les trois grandes lumières – l’équerre, le compas et la règle – recouvrant la Bible comme règle initiatique. Cette pratique, distincte des autres rites maçonniques moins tournés vers la haute spiritualité, met l’accent sur la transmission des arcanes avec circonspection, préparant les successions avec soin.

Héritage et Défis Contemporains

Malgré son ancienneté et sa profondeur, le Rite de Misraïm peine à s’imposer face aux rites plus répandus en France, comme le Rite Écossais Ancien et Accepté. Depuis le décès d’Ambelain en 1997, son héritage, porté par Mingam et ses successeurs, doit naviguer entre préservation et adaptation. Les 90 degrés, bien que riches en enseignements, restent un défi pour une pratique régulière, et les scissions ont fragmenté son unité. Pourtant, cet ordre conserve une vitalité, incarnée par des loges comme Hatshepsout, qui travaillent dans l’esprit de 1820, fidèle à ses origines.

Robert Mingam

Le Rite Oriental de Misraïm, sous l’impulsion de Robert Mingam, demeure un témoignage vivant des aspirations spirituelles du XVIIIe siècle. Il invite les maçons à transcender les contingences matérielles, à explorer les mystères de la nature et à perpétuer une tradition initiatique unique. Que ce rite continue de briller comme un phare ésotérique, reliant les âmes à travers les âges, dans l’honneur de ses fondateurs et de ses gardiens dévoués.

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Les rivalités nationales sont une farce. Toutes les nations sont contrôlées par la faction de gauche (communiste) ou de droite (sioniste) de la franc-maçonnerie. La franc-maçonnerie est un instrument du cartel bancaire Rothschild. Nous avons donné nos cartes de crédit à des gens qui nous haïssent et nous détruisent.

Trump et Netanyahu sont francs-maçons et membres du Chabad,  une secte juive génocidaire qui croit en l’extermination de tous ceux qui croient en Dieu, y compris les Juifs assimilés, en utilisant une fausse guerre mondiale comme couverture.

Lecteur : « Je confirme une fois de plus que vous avez raison sur la façon dont fonctionne le monde.

Et cela aide à répondre à la question de savoir pourquoi les Indiens sont célèbres dans le monde entier.

« Au cœur de la plus grande société secrète d’Inde : les francs-maçons »

« La franc-maçonnerie britannique est pratiquée en Inde depuis les années 1730… Il existe actuellement plus de 500 loges en Inde et la Grande Loge de l’Inde est située à Park Street, Calcutta

Les francs-maçons indiens que nous connaissons incluent :

– Le sage spirituel hindou populaire Swami Vivekananda

– JRD Tata, fondateur de la dynastie industrielle Tata

– Motilal Nehru, père du premier Premier ministre indien Jawaharlal Nehru

Les journaux de bord sont publics ! Trump a voyagé sept fois dans l’avion d’Epstein ! Trump prétend ne jamais l’avoir fait. C’est un menteur éhonté.

Makow a une intuition : le véritable rôle de Trump est de discréditer tout ce que MAGA (race, religion, patriotisme et famille) représente et d’ouvrir la voie au communisme mondial.

Trump fera pour les États-Unis ce qu’Hitler a fait pour l’Allemagne. En général, le sionisme est une fausse opposition au communisme.

Joachim Hakobyan – Les Rothschild jusqu’aux oreilles dans le scandale Epstein

Il [Epstein] a déclaré que Trump était presque « fonctionnellement analphabète », mais qu’il lisait les potins  du New York Post . Il était « incapable » de lire un bilan, et tout « acte de gentillesse » qu’il accomplirait serait un accident…  C’est une personne terrible.

 Il n’a aucune morale… Il est méchant avec ses meilleurs amis, leurs femmes, tous ceux dont il essaie de gagner la confiance, et il utilise cette confiance pour leur faire du mal [en référence à sa manie de coucher avec les femmes de ses amis] … Il est charmant, mais sournois. D’une certaine manière, c’est une tragédie qu’il croie à ses propres conneries. Il a des illusions de grandeur.

C’est ainsi que Trump est décrit par ses collègues pédophiles.

Le complot antimaçonnique et antijuif à encore de beaux jours !!!

Visitez le Palais Cangallo siège de la Franc-maçonnerie à Buenos Aires

De notre confrère argentin bairessecreta.com – Par Sandra Fernandez

Non seulement c’est un incroyable palais urbain que vous pouvez visiter, mais il contient également toute l’histoire de la loge franc-maçonnique aux premiers jours de Buenos Aires. À quelques pas de l’Obélisque, un palais de Buenos Aires abrite un pan essentiel de notre histoire politique, symbolique et culturelle. Mieux encore, il est ouvert au public lors de visites guidées. Découvrez le palais de Cangallo, siège de la franc-maçonnerie à Buenos Aires.

Il s’agit du Palais Cangallo, le palais transformé en temple de la franc-maçonnerie que vous pouvez visiter lors de visites guidées.

Derrière sa façade néoclassique, aux colonnes monumentales et au design symétrique, le Palais Cangallo abrite un temple maçonnique, une bibliothèque historique et le Grand Temple : une salle cérémonielle couronnée d’un plafond étoilé et d’une fresque centrale représentant « l’Énergie Universelle », œuvre de l’artiste Enrique Fabris.

Chaque espace du Palais Cangallo est imprégné de symbolisme, de rituels et de références, car il s’agit du siège de la franc-maçonnerie à Buenos Aires. L’architecture du Palais Cangallo a été conçue par l’ingénieur Carlos E. Pellegrini et réalisée par Francisco Tamburini, également architecte du Théâtre Colón.

Bien que privé et réservé aux membres, ce temple maçonnique ouvre ses portes au public pour des événements spéciaux et des visites guidées organisées par la Grande Loge. Au cours de la visite, vous pourrez explorer les salles historiques, comprendre la signification des symboles et découvrir l’héritage de personnalités telles que Mitre, Sarmiento, Yrigoyen et Palacios, tous maçons.

Comment participer aux visites guidées du Palais de Cangallo

Des visites guidées du palais de Cangallo ont lieu à des dates précises et nécessitent une inscription préalable sur le site officiel de la Grande Loge ou sur les réseaux sociaux. Elles sont ouvertes à tous les publics et constituent une expérience fortement recommandée pour découvrir l’architecture, le patrimoine culturel et l’histoire de cet incroyable palais.

Autres articles sur ce thème

Les ouvriers d’Hiram Abiff : « Une quête de liberté spirituelle »

De notre confrère elnacional.com – Par Mario Múnera Muñoz

Dans l’univers intemporel de la franc-maçonnerie, où les symboles et les enseignements initiatiques guident les âmes vers la lumière, un thème profond et universel résonne avec une clarté nouvelle : l’apego (attachement) et le desapego (détachement). Inspiré par un article récent signé Mario Múnera Muñoz, passé Grand Maître, intitulé « Obreros de Hiram Abiff : El apego y el desapego », nous explorons ce chemin spirituel qui invite à transcender les chaînes invisibles pour atteindre une conscience supérieure.

Alors que le monde moderne s’agite dans ses désirs, cet enseignement maçonnique offre une réflexion lumineuse sur la transformation intérieure, un écho aux sagesses anciennes de Rumi, du Bouddha et du Maître Jésus.

Un Chemin de Lumière sans Fardeaux

Le voyage spirituel, loin d’être une fuite du monde, est une traversée empreinte de légèreté. Comme l’écrit Múnera Muñoz, « le chemin spirituel ne consiste pas à fuir le monde, mais à le parcourir avec légèreté, sans chaînes invisibles ». Cette idée, magnifiée par les mots du poète soufi Mevlana Jalaluddin Rumi – « Tu n’es pas une goutte dans l’océan. Tu es tout l’océan dans une goutte » –, invite à reconnaître la grandeur de notre essence divine, même dans la petitesse de notre existence terrestre. Le desapego devient alors le fil d’Ariane qui guide hors du labyrinthe des apegos, ces attachements qui pèsent sur l’âme et voilent la conscience.

Dans la tradition maçonnique, où Hiram Abiff symbolise l’ouvrier par excellence, l’initiation est une invitation à se libérer des désirs matériels et des illusions du pouvoir. L’auteur souligne que sans desapego, aucun sentier de lumière ne peut être pleinement parcouru. L’apego, en distordant la perception du savoir, transforme le maçon en « mago negro » (mage noir), utilisant le knowledge pour dominer plutôt que pour s’élever. Cette métamorphose alchimique – passer du plomb de l’ego à l’or de l’être – est au cœur de la quête initiatique.

Les Racines de l’Apego : Une Leçon Universelle

Pourquoi l’humanité s’enferme-t-elle dans l’apego ? Múnera Muñoz nous ramène aux enseignements du Bouddha, qui identifiait le désir comme la source de la souffrance. Lorsque nous entrons dans ce « plan de souffrance », voilés de la sagesse intuitive de notre esprit, notre mission est d’« ouvrir la conscience ». L’exemple du Maître Jésus, formé dès sept ans par les Esséniens dans les monastères des montagnes, illustre cette préparation à une mission supérieure. Jésus, transcendant les lois duales de ce monde, nous a légué un chemin de desapego avec ces mots : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renie son ego, prenne sa croix et me suive » (Matthieu 16:24). Cette croix, symbole de renoncement, devient un outil de libération.

L’apego naît de notre incapacité à contrôler les pensées et les jugements d’autrui. Pourtant, comme le souligne l’auteur, ce que nous pouvons maîtriser – notre paix intérieure – est la clé du desapego. Une maxime éclaire cette voie : « Travaille en équipe, ne sois pas le meilleur, fais que l’équipe le soit. » Ce principe rejette les objectifs matériels au profit du service désintéressé, un idéal qui résonne avec l’éthique maçonnique de construire un temple intérieur pour le bien commun.

Le Desapego : Un Art de Vivre et une Mort Initiatique

Le desapego, loin d’être une simple abstention, est un art cultivé par la pratique et l’autoconnaissance. Le bouddhisme enseigne que « la souffrance naît de l’apego », tandis que le taoïsme compare l’âme libre à l’eau qui coule sans s’accrocher. Vivre pleinement, sans peur de perdre, c’est aimer sans conditions. Cette liberté intérieure culmine dans ce que Múnera Muñoz appelle la « Muerte Initiatique », un symbole de transformation où l’individu meurt à son ego, ses dogmes et ses ambitions pour renaître dans un état supérieur de conscience.

Cette alchimie spirituelle évoque le mythe du Phénix : se consumer pour renaître implique de lâcher prise sur l’ancienne identité. Le bouddhisme précise que la « mort de l’ego » précède le réveil, un processus continu qui exige un desapego authentique, au-delà d’une simple intellectualisation. Sans cette dissolution, l’initiation reste un exercice stérile, où l’ego, gonflé par la vanité, obscurcit la compréhension du sentier sacré.

Une Invitation à la Transcendance

Pierre Brute, ciseau, maillet,
Pierre Brute, ciseau, maillet,

Alors que les loges maçonniques vibrent de nouveaux travaux, l’enseignement d’« Obreros de Hiram Abiff » résonne comme un appel à la transcendance. Le desapego n’est pas une négation de la vie, mais une célébration de sa fluidité. Il nous invite à nous détacher des illusions – pouvoir, possessions, reconnaissance – pour embrasser notre essence divine, cet « océan dans une goutte » dont parlait Rumi.

Mario Múnera Muñoz, avec sa plume inspirée, nous rappelle que la véritable initiation est un acte de courage : mourir à soi-même pour renaître dans la lumière.

Que chaque maçon, ouvrier du temple intérieur, prenne cette leçon comme un guide, sculptant sa pierre brute avec la grâce du desapego, pour que la fraternité illumine le monde d’une conscience éveillée.

Olympe de Gouges : la colonne manquante du Temple révolutionnaire

Sous la couverture discrète de cette édition en format de poche, se cache une parole d’une puissance immémoriale : la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouges.

Élise Pavy-Guilbert, maîtresse de conférences à l’université Bordeaux Montaigne et membre de l’Institut Universitaire de France, en orchestrant cette réédition, ne se contente pas de reproduire un monument littéraire et politique ; elle nous tend une clé, une invitation à franchir le seuil d’un texte qui transcende son siècle pour frapper au cœur du nôtre. La sobriété apparente de l’ouvrage GF Flammarion – en 60 ans, plus de 1000 titres de littérature et de philosophie classiques à son catalogue –, dissimule un double mouvement : la restitution d’une voix essentielle et sa réinscription dans le fil ininterrompu des combats pour la dignité humaine.

LeFranc de Pompignan
LeFranc de Pompignan

Dans le tumulte incandescent de la Révolution française, là où les idéaux naissants se heurtent aux dogmes enracinés, surgit la figure d’Olympe de Gouges, femme d’audace et de flamme, dont la parole fend la nuit comme une comète dans un ciel obscurci. Née Marie Gouze à Montauban, en ce printemps du 7 mai 1748, elle porte déjà en son sang une fracture originelle : fille d’Anne Olympe Mouisset, soupçonnée d’avoir été aimée du poète Jean-Jacques Lefranc, marquis de Pompignan, dit Lefranc de Pompignan (1709 – 1784), elle semble marquée dès l’origine par l’ombre et la lumière, par l’illégitimité et l’élan vers la grandeur.

Portrait de Olympe de Gouges par Alexandre Kucharski (XVIIIe siècle)

Portrait de Olympe de Gouges par Alexandre Kucharski (XVIIIe siècle)

Sa vie sera une métamorphose initiatique.

Mariée trop jeune à Louis-Yves Aubry, elle connaît la répulsion d’un destin imposé et s’en libère, veuve ou fugitive selon les récits, pour monter à Paris. Là, elle se façonne une nouvelle identité, choisissant le nom d’Olympe de Gouges comme on choisit un destin.

À Paris, elle fréquente les salons, explore les théâtres, affine son verbe et se nourrit des idées des Lumières. Sa plume devient son épée ! Elle écrit des pièces comme Zamore et Mirza, où elle s’élève contre l’esclavage, affrontant déjà la résistance d’une société qui refuse d’entendre une femme parler d’humanité. Chaque page qu’elle trace est un acte de désobéissance, chaque phrase un éclat de conscience. Elle ne sépare jamais l’intime du politique, ni l’émotion de la raison.

Olympe de Gouges, buste et Déclaration - Assemblée nationale
Olympe de Gouges, buste et Déclaration – Assemblée nationale

Quand elle rédige, en 1791, la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, elle ne répond pas seulement à la Déclaration masculine de 1789. Elle dévoile la faille, le mensonge d’une révolution qui se prétend universelle tout en excluant la moitié de l’humanité. Elle y inscrit cette phrase fulgurante : «La femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune. » Ce n’est pas qu’une revendication. C’est un cri métaphysique, un appel à l’équilibre des forces.

Olympe de Gouges est, en cela, une véritable alchimiste des idées : elle tente la transmutation d’une société de plomb en une cité d’or, où l’homme et la femme seraient deux colonnes égales soutenant l’édifice. Ses écrits sur l’égalité des sexes, la reconnaissance des enfants naturels, le divorce ou les droits des Noirs ne sont pas des propositions isolées ; ils dessinent une vision globale de l’humanité libérée. Elle perçoit un ordre supérieur aux lois humaines, un ordre où la complémentarité prime sur la domination. Mais ce chemin est celui de l’épreuve : après l’enthousiasme des débuts révolutionnaires, elle s’oppose à l’exécution de Louis XVI, dénonce la Terreur, affronte Robespierre et Marat. Associée aux Girondins, ces modérés qui veulent une révolution sans sang, elle finit par payer de sa vie la force de sa parole. Le 3 novembre 1793, elle gravit les marches de la guillotine avec la dignité d’une prêtresse sacrifiée, offrant sa tête au nom d’une vérité plus grande qu’elle.

Anonyme, Olympe de Gouges. Mine de plomb et aquarelle, XVIIIe siècle. Musée du Louvre.
Anonyme, Olympe de Gouges. Mine de plomb et aquarelle, XVIIIe siècle. Musée du Louvre.

Lire cette Déclaration, c’est ressentir la présence vive d’une femme qui refuse de plier. Son écriture est plurielle, éclatée, comme si elle cherchait par tous les genres littéraires à atteindre cette vérité qui échappe aux discours uniques. Dans cette course contre l’obscurité, chaque phrase porte la densité d’une ultime parole. Et ce volume, réédité en 2025 dans la collection « Littérature et civilisation », restitue cette tension. Il n’est pas uniquement un document d’archive mais est une écriture brûlante, vivante, qui nous interpelle directement. Olympe de Gouges n’écrit pas seulement pour ses contemporains… elle s’adresse à nous, héritiers lointains, pour nous rappeler qu’aucune liberté n’est réelle tant qu’elle exclut l’autre. Son texte est une lame qui fend le voile de l’hypocrisie révolutionnaire : « … et la femme ? Où est-elle dans cette République naissante ? Qui lui rend sa voix ? … »

Plaque au 18 rue Servandoni, Paris 6e arr., où vécut Olympe de Gouges
Plaque au 18 rue Servandoni, Paris 6e arr., où vécut Olympe de Gouges

Dans l’architecture même du livre, Élise Pavy-Guilbert agit comme une initiatrice. Sa présentation situe Olympe dans son siècle sans la réduire à un objet historique. Elle la relie aux luttes contemporaines, montrant combien cette voix demeure active. Le dossier qu’elle compose – « La voix, la force et la cause publiques », « L’égalité : entre violence et modération », « Liberté, Égalité, Humanité », « Des écrits et des actes » – n’est pas un commentaire. C’est un véritable qui nous mène de la parole à l’action, du cri individuel à l’universel, et nous place face à la question : que faisons-nous aujourd’hui de ce legs ?

Olympe de Gouges à l’échafaud
Olympe de Gouges à l’échafaud

Ce texte n’est pas gravé tel une gloire mémorielle. Il est un ferment, une flamme. Il porte en lui une force initiatique que l’on peut lire dans une perspective maçonnique :

Olympe de Gouges s’élève comme la colonne manquante du Temple révolutionnaire.

La Révolution des hommes avait érigé une seule colonne, celle de la Liberté masculine, mais le Temple restait bancal. En érigeant sa Déclaration, elle place la seconde colonne : celle de la reconnaissance féminine, non comme simple adjuvante mais comme égale et complémentaire. Elle rétablit la dualité sacrée, ce couple fondateur qui, dans la symbolique hermétique, reflète l’harmonie cosmique. À travers ses mots, nous entendons l’écho d’un ancien mystère car aucun ordre social, aucun progrès spirituel n’est complet tant que le féminin est rejeté dans l’ombre.

Plaque Olympe de Gouges, 4 rue du Buis Paris XVI
Plaque Olympe de Gouges, 4 rue du Buis Paris XVI

Élise Pavy-Guilbert souligne cet aspect avec justesse. En resituant la Déclaration dans une trajectoire de vie, elle nous montre une femme entière : dramaturge, militante, mère, amante libre, citoyenne. Et c’est ce mélange de chair et d’esprit qui rend son texte bouleversant. Nous ne lisons pas un traité abstrait, mais un cri incarné. Le format modeste du livre, sa simplicité apparente, rendent presque plus saisissant le contraste avec la grandeur de ce qu’il contient. Comme une pierre discrète mais précieuse, il se glisse dans une poche, mais il contient un monde.

Et lorsque nous refermons ce livre, un silence habité s’installe. Il nous oblige à nous interroger.

Que reste-t-il de la promesse d’Olympe de Gouges ?

Avons-nous accompli son rêve ou sommes-nous encore en chemin ? Ce petit volume n’est pas un objet clos. Il est un point de départ.

Élise Pavy-Guilbert
Élise Pavy-Guilbert

Ainsi, en offrant cette édition, Élise Pavy-Guilbert dépasse la simple érudition. Elle devient une passeuse entre les siècles, une sœur d’âme qui veille à ce que la lumière d’Olympe de Gouges ne soit pas étouffée.

Et nous, en recevant ce livre, devenons les maillons d’une chaîne, les gardiens d’une mémoire vivante, et peut-être les artisans de l’égalité encore à venir.

Olympe de Gouges

Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne

Édition d’Élise Pavy-GuilbertGF Flammarion, n°1636, format poche, 2025, 176 pages, 3,80 € – E-book (Epub, PDF) 2,99 €

L’Orgueil du Franc-maçon… Le cancer de la Franc-maçonnerie

Dans les temples discrets de la franc-maçonnerie, où le symbolisme et la quête intérieure règnent en maîtres, un sujet rarement abordé à voix haute émerge avec une force insidieuse : l’orgueil. Ce sentiment, souvent perçu comme un vice humain universel, prend une dimension particulière au sein de cette fraternité initiatique, où l’humilité devrait être la pierre angulaire de l’édifice spirituel. Ce thème : « L’orgueil du Maçon », nous invite à explorer cette dualité avec une réflexion profonde et lucide.

Alors que les loges reprendont leurs travaux après l’été, plongeons dès maintenant dans cette analyse pour comprendre comment l’orgueil, tel un cancer, menace l’harmonie de la franc-maçonnerie, et comment une transmutation alchimique pourrait en faire une force de renaissance.

Pourquoi Parler d’Orgueil dans une Loge ?

À première vue, aborder l’orgueil dans une loge peut sembler incongru, tant le travail maçonnique se concentre sur les symboles – le compas, l’équerre, la pierre brute – et leur interprétation philosophique. Pourtant, « l’orgueil est au maçon ce que le mirage est au désespéré qui erre dans le désert » : une illusion irrésistible, nécessaire à son épanouissement, mais dangereuse s’il n’en devient pas le maître. Ce thème, bien que sociologique en apparence, touche au cœur de l’initiation :

transformer ses faiblesses en vertus. L’orgueil, s’il n’est pas dompté, risque de gangrener la fraternité, transformant un espace de lumière en un champ de rivalités stériles.

La franc-maçonnerie, fondée sur la dualité – soleil/lune, blanc/noir du pavé mosaïque, orient/occident – reconnaît l’orgueil comme l’antithèse de l’humilité, ce « humus » grec symbolisant la terre, que chaque Apprenti effleure en passant la porte basse lors de son initiation. Cette humilité, ancrée dans le concret, contraste avec l’orgueil, décrit comme une vacuité, une illusion née d’un manque intérieur. Comprendre cette dynamique devient donc essentiel pour préserver l’essence même de l’enseignement maçonnique.

L’Orgueil : Une Illusion à Dompter

Henri Bergson

Henri Bergson, distingue l’orgueil de la vanité : l’orgueil est un « amour solitaire de soi-même », un désir de dominer autrui par comparaison, tandis que la vanité cherche l’approbation externe, révélant une humilité sous-jacente. L’orgueil maçonnique, lui, naît souvent d’une peur fondamentale : celle de perdre sa place d’« élu », d’être dilué par l’autre. Cette schizophrénie – besoin de reconnaissance mêlé de négation – conduit à une dynamique toxique où le maçon s’isole, s’opposant à la fraternité qu’il prétend servir.

Illustrons cette idée par une métaphore puissante : « les ténèbres n’existent pas en tant qu’entité, elles ne résultent que d’une absence de lumière ». De même, l’orgueil n’est qu’une absence d’humilité. Le maçon véritable, ayant traversé les grades d’Apprenti, de Compagnon et de Maître, s’aligne comme un fil à plomb, ancré dans sa terre intérieure. Il n’a pas besoin de surpasser autrui, il « est » simplement. En revanche, celui qui esquive l’intensité des épreuves initiatiques comble ses vides par l’intellectualisation et l’agitation, semant la discorde dans la loge.

Les Manifestations de l’Orgueil : Un Poison Fraternel

Auguste Comte

L’orgueil, lorsqu’il s’installe, fracture la loge. Comme l’a écrit Auguste Comte, « l’orgueil nous divise encore davantage que l’intérêt ». Les débats deviennent des joutes, les rivalités éclipsent la quête commune. Le maçon orgueilleux perçoit les Apprentis comme des novices insignifiants, les Compagnons comme des subalternes, et les Maîtres comme des concurrents à écraser. Son tablier, symbole d’humilité, se mue en trophée, et les plateaux – ces charges officielles – en distinctions vaniteuses. L’auteur ironise sur ces félicitations prématurées en début d’année, alors que le vrai mérite se juge en fin de cycle, après un travail accompli.

Cette dérive s’accompagne d’une perte de l’unité dualiste chère à la maçonnerie. Le masculin et le féminin, autrefois complémentaires, deviennent des camps opposés.

L’orgueil spirituel, une forme particulièrement insidieuse, voit certains se proclamer « ambassadeurs du Grand Architecte », exhibant titres et rituels avec une fausse modestie.

Masqués sous une apparente abnégation, ces maçons risquent de corrompre l’esprit fraternel, transformant la loge en un théâtre d’ego.

L’Orgueil Masqué : La Modestie Perverse

Explorons maintenant une catégorie fascinante : les « modestes », dont La Rochefoucauld disait qu’ils atteignent « le plus haut degré de l’orgueil ». Jules Renard renchérit : « Sois modeste ! C’est le genre d’orgueil qui déplaît le moins ». Cette modestie feinte, loin de l’humilité authentique, est une stratégie pour maintenir une supériorité subtile. Antoine de Rivarol avertit : « Il faut faire mourir l’orgueil sans le blesser. Car s’il est blessé, il ne meurt pas. » Blessé, l’orgueil gonfle, s’éloignant davantage de la réalité et de l’intelligence du cœur.

Une Solution Alchimique : Transformer l’Orgueil en Humilité

Face à ce « cancer », la franc-maçonnerie offre une voie de guérison. Voyons l’orgueil comme une matière première, un antimoine alchimique à transmuter en pierre philosophale. Les initiations, avec leurs cycles de dissolution et de coagulation – le solve et coagula – invitent à déconstruire cet orgueil pour reconstruire une essence d’humilité. Ce parfum d’humanité, ressenti dans les loges harmonieuses, devient le remède.

Plutôt que de combattre l’orgueil d’autrui, pourquoi ne pas l’utiliser comme un miroir ? « ce qui nous rend l’orgueil des autres insupportable, c’est qu’il blesse le nôtre ». Chaque agacement devient une opportunité de gratitude envers ce « partenaire involontaire » qui révèle nos propres failles. En quittant la comparaison pour « être », le maçon s’affranchit du monde infernal de l’ego.

Une Réflexion Universelle

Thich Nhat Hanh

Thich Nhat Hanh, identifie trois complexes qui gangrènent l’humain : supériorité, infériorité et… égalité – Le problème de base vient de la comparaison. Ramenant au célèbre « Connais-toi toi-même » des initiations c’est une proposition de juste rencentrage. L’orgueil atteint son paroxysme avec le tablier de Maître, qui, pour certains, devient un paravent séparant plutôt qu’une passerelle reliant. Ce constat, volontairement provocateur, vise à réveiller :

« Les maçons se répartissent naturellement en trois classes : les vaniteux, les orgueilleux et les autres. Mais je n’ai pas encore rencontré les autres »

Paraphrase de Auguste Detoeuf.

Vers une Franc-Maçonnerie Guérie

Alors que les loges vibrent de nouveaux travaux, l’orgueil reste un défi majeur. Ce « cancer » menace l’unité, transformant la quête de lumière en une course à l’éclat personnel. Pourtant, la franc-maçonnerie, avec ses outils symboliques et sa philosophie alchimique, offre une cure : dompter l’orgueil par l’humilité, le transmuter en une force d’union. En s’inspirant du fil à plomb et du solve / coagula, chaque maçon peut devenir un artisan de sa propre renaissance, faisant de la loge un sanctuaire où rayonner, plutôt que briller égoïstement.

Ainsi, l’orgueil, loin d’être une fatalité, devient une invitation à grandir – pour le bien de tous.

Un nouveau conseil de l’ordre pour le GODF : un nouvel élan ?

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Le Grand Orient de France, qu’on ne présente plus, offre dans ses loges toutes les facettes de la démarche maçonnique dans un éclectisme total : mixité ou non, presque tous les rites possibles et imaginables, en France et à l’étranger, en Français ou dans d’autres langues (anglais, espagnol, etc.), pour croyants et non croyants, etc.

Pour gouverner cette fédération de 1399 loges réparties à la surface du globe il y a un conseil d’administration (appelé conseil de l’ordre) qui gère un budget de près de 10 millions d’euros, composé de 37 conseillers élus au suffrage indirect par les 17 congrès régionaux.

Chaque année un tiers des membres du conseil de l’ordre est renouvelé (pour un mandat de 3 ans). Cette année 13 nouveaux élus vont prendre leurs fonctions à l’occasion du convent de Bordeaux de la fin août. Le nouveau conseil de 37 membres qui regroupe les anciens (mandats restant de 1 ou 2 années) et les nouveaux, aura en particulier à élire un nouveau grand maître ; le GM actuel Nicolas Pénin arrivant à la fin de son mandat de 3 ans au Conseil de l’Ordre dont 1 an comme Grand Maître, n’est plus éligible.

Rue Cadet devant la librairie DETRAD à côté du GODF
Rue Cadet devant la librairie DETRAD à côté du GODF

On peut d’ailleurs s’interroger sur la difficulté d’exercer la fonction de Grand Maître, mais aussi celle des vice-présidents pour une durée si courte sans assurance d’une réélection pour ceux qui accèdent à leurs fonctions en début de mandat. Ne pourrait-on pas imaginer que les présidents et vice-présidents voient leurs mandats automatiquement prolongés pour assumer trois années consécutives ? D’autres modalités pourraient aussi être trouvées pour aboutir au même résultat !

Un conseil de l’ordre du GODF, c’est 37 bénévoles qui ont décidé de consacrer une grande partie de leurs disponibilités pour participer au partage des tâches d’une organisation sociale qui s’étend sur toute la planète ; si la plupart des loges se trouve en France, de nombreuses loges du GODF existent aussi à l’étranger.

Que peut-on dire de ce nouveau conseil de l’ordre du GODF ?

Un temple du Grand Orient de France situé au siège de la rue Cadet à Paris -Crédit Photo GODF

D’un point de vue géographique, 25 viennent de province, deux des DOM-TOM, un d’un pays étranger et neuf de la région parisienne (ce fameux noyau parisien qu’on accuse parfois de faire la pluie et le beau temps rue Cadet)

Tous ont de très belles carrières professionnelles dans des domaines très variés. Le temps où les enseignants étaient majoritaires est révolu ! Aujourd’hui au conseil de l’ordre du GODF, ils sont minoritaires.

Tout d’abord, il faut noter la montée en puissance de la représentation féminine avec cette année quatre sœurs qui ont été élues et parmi elles deux sœurs d’origine chilienne anciennes réfugiées.

Une majorité de retraités : 22 retraités (dont 2 en cumul emploi retraite) et 15 actifs. Parmi les actifs, six fonctionnaires, cinq salariés, trois chefs d’entreprise et une profession libérale. Globalement on notera une majorité de fonctionnaires (retraités ou actifs).

Un conseil de l’ordre plutôt âgé : 32 de plus de 60 ans (dont 14 de plus de 70 ans)

Loge maçonnique de Versailles - GODF
Loge maçonnique de Versailles – GLDF

Mais quand même deux « jeunes » dans la tranche des 40-50 ans !

Un conseil formé de têtes bien remplies, la plupart Bac+3 et plus mais à noter un frère ayant suivi une filière professionnelle. Parmi les plus diplômés, un agrégé, un médecin, 4 ingénieurs, deux doctorants et un HEC. Il est clair que bénéficier d’un tel panel n’est pas donné à toutes les organisations sociales !

Et cerise sur le gâteau, il y a même dans ce conseil de l’ordre un artiste !

En matière d’ancienneté maçonnique, la fourchette va de 15 à 45 ans d’ancienneté : 10 entre 15 et 19 ans, 12 entre 20 et 29, 15 entre 30 et 45 ans. La grande majorité a assuré le parcours classique : offices de la loge — > offices du congrès régional —> offices du convent et — > candidatures ay conseil de l’ordre !

Un conseil de l’ordre pour quoi faire ?

Pour se rendre compte de la diversité des tâches à réaliser il suffit de prendre connaissance des intitulés des fonctions principales :

  1. Grand Maître, Président du Conseil de l’Ordre
  2. Grand Maître Adjoint République, Laïcité et Éducation en charge du rayonnement des valeurs obédientielles
  3. Grand Maître Adjoint Extériorisations en charge des questions sociétales
  4. Grand Maître Adjoint Maçonnisme et en charge des relations avec les Juridictions
  5. Grand Orateur
  6. Grand Secrétaire aux Affaires Intérieures
  7. Grand Secrétaire aux Affaires Intérieures Adjoint
  8. Grand Secrétaire aux Affaires Extérieures
  9. Grand Secrétaire aux Affaires Extérieures Adjoint
  10. Grand Trésorier
  11. Grand Trésorier Adjoint
  12. Garde des Sceaux et du Timbre
  13. Grand Hospitalier
Loge du GODF La Rochelle. (Crédit photo Hugo Marsault – Journaliste pour France Bleu)

…et aussi des fonctions des GRANDS OFFICIERS DÉLÉGUÉS

  1. à la gestion et la programmation immobilière
  2. en charge de la « fabrique d’idées »
  3. à la vie obédientielle et aux candidatures
  4. aux solidarités et pauvreté
  5. à la Laïcité et à la commémoration de la loi de 1905
  6. à la Jeunesse et à la vie étudiante
  7. en charge d’une réflexion sur l’amélioration du fonctionnement de l’Obédience, et sur le renouvellement et l’attrition de ses membres
  8. A la Mémoire et aux Valeurs de la République
  9. aux Amériques et Caraïbes
  10. à la réflexion sur la démocratie et les libertés Aziz HADI à l’Immobilier, à la rénovation des bâtiments et à la SCI Cadet International
  11. à la vie obédientielle et aux commissions nationales
  12. auprès du Grand Maître en charge de la prospective et de la coordination obédientielle
  13. à la réflexion sur la fin de vie, à la santé et aux droits des femmes et des enfants
  14. à l’Europe
  15. à la culture, au musée, aux archives et à la bibliothèque
  16. à la réflexion sur la place du sport dans la société
  17. à la vie obédientielle et à l’animation régionale

Des contraintes à prendre en compte

Comme on l’imagine, il y a de grandes questions politiques et philosophiques et aussi des questions de gestion en particulier immobilière et des ressources humaines.

Plus grande obédience libérale francophone, mais aussi obédience phare reconnue dans de nombreuses régions du globe, le Grand Orient de France fonctionne sur deux axes principaux :

  • le convent annuel : les décisions conventuelles votées fixent des objectifs et des priorités
  • le conseil de l’ordre : il met en œuvre les décisions conventuelles !

Le convent 2025 se déroulera à Bordeaux fin août et de ses travaux dépendra la feuille de route du prochain conseil de l’ordre.

On a coutume de reprocher au GODF son engagement sur des questions de société et en particulier sa vigilance quand au respect de « la discrétion » du pouvoir religieux dans la gestion des affaires publiques. Mais en réalité, l’histoire récente prouve bien que ce sujet fondamental est toujours d’actualités ! Les pouvoirs religieux ont une propension à vouloir imposer leurs dogmes à des sociétés multiculturelles qui évoluent vers une reconnaissance de la non-croyance ! Que cela soit les évangélistes avec Donald Trump ou les islamistes extrémistes iraniens, sans parler de l’appropriation d’une laïcité dévoyée par le Rassemblement National, il y a matière à s’inquiéter d’une éventuelle incompréhension du caractère bienveillant pour tous du principe de laïcité.

Le GODF est la première obédience en Europe comme dans les P.-O et l’Aude mais ce n’est pas la seule. (Crédit photo : Nicolas Parent)

L’unité de la famille maçonnique au sens large en France, en Europe et dans le Monde est aussi un sujet de réflexion qui exige diplomatie et bienveillance afin de réaliser une unité qui ne soit pas vécue comme sectaire et dirigiste. Le temps est peut-être venu d’imaginer un renforcement des liens entre les différentes obédiences européennes et mondiales. Saluons à ce propos le travail réalisé par la commission conventuelle « Fraternités européennes ».

Que l’on soit maçon (ne) ou non, nous pouvons être fiers de l’administration du GODF qui fonctionne dans l’ombre sous l’autorité d’une personnalité dont on parle peu mais qui assume tous les problèmes quotidiens pouvant survenir entre l’obédience et les loges.

La question de la présidence de ce nouveau conseil se pose naturellement car il est clair que le profil idéal varie selon les différentes sensibilités.

Un homme, une femme ? Un « jeune » ambitieux, ou un vieux « has been » ? Un réformiste convaincu ou un conservateur camouflé derrière une dialectique somnolente ? Un-e « symbolique » ou un-e sociétal-e» ? Un-e gestionnaire rigoureux (se) ou un-e laxiste dépensier-e ?

Tant de questions qui trouveront réponse dans un mois !

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