De notre confrère leparisien.fr – Par Guénaèle Calant
À Jouarre, une petite commune de Seine-et-Marne, l’actualité judiciaire récente a mis en lumière une affaire impliquant Fabien Vallée, maire en poste depuis 2014. Jugé les 1er et 2 juillet 2025 devant le tribunal correctionnel de Meaux aux côtés de deux entrepreneurs locaux, Marc L. et Frédéric S., l’élu est accusé de favoritisme et de prise illégale d’intérêts dans l’attribution de marchés publics entre 2016 et 2022.
Malgré l’absence de détails exhaustifs dans les informations disponibles, cette affaire soulève des questions sur la transparence dans la gestion municipale et les liens potentiels avec des réseaux fraternels, notamment maçonniques. Voici une analyse complète basée sur les éléments accessibles, tout en tenant compte des limites des données.
Contexte de l’Affaire
Fabien Vallée, âgé de 47 ans, a comparu pour des faits présumés liés à l’octroi de contrats dans les domaines de la voirie, des espaces verts et des services informatiques. Selon les premières indications, ces marchés auraient été attribués à Marc L., 53 ans, dirigeant d’entreprises spécialisées dans les travaux publics et l’entretien des espaces verts, et Frédéric S., 43 ans, prestataire informatique. L’enquête, déclenchée semble-t-il par un signalement des élus d’opposition en 2021, suggère que ces attributions auraient pu contourner les règles de mise en concurrence, posant la question d’un éventuel favoritisme.Un élément intrigant mentionné dans les premiers rapports est l’hypothèse d’une influence liée à la fraternité maçonnique. Cette allégation, bien que non confirmée, repose sur l’idée que Vallée et les entrepreneurs pourraient partager des affiliations communes, un aspect qui alimente les spéculations mais reste à prouver. Le maire, de son côté, a fermement nié toute irrégularité, affirmant agir dans l’intérêt de sa commune et respecter les procédures légales.
Déroulement de l’Audience
Lors des deux jours d’audience, le tribunal correctionnel de Meaux a examiné les preuves et les témoignages, dans un dossier qualifié de « techniquement complexe » par l’intéressé. Vallée a insisté sur sa bonne foi, arguant que les choix effectués répondaient aux besoins de Jouarre et que les appels d’offres avaient été menés selon les normes. Les entrepreneurs mis en cause ont également défendu leur intégrité, contestant toute entente préjudiciable.
Le parquet, quant à lui, a requis des peines de prison avec sursis, sans exécution provisoire, ainsi que des amendes et des mesures d’inéligibilité pour Vallée. Pour Marc L. et Frédéric S., des peines similaires ont été demandées, accompagnées d’exclusions des marchés publics. Ces réquisitions reflètent la gravité perçue des accusations, bien que les détails précis des faits – montants impliqués, preuves matérielles ou irrégularités spécifiques – restent flous en l’absence d’accès complet à l’article du Parisien ou aux actes judiciaires.
Réactions et Implications Politiques
L’opposition municipale, menée par Rodolphe Benkovic et Philippe Rimbert, a dénoncé un manque de transparence, reprochant à Vallée de n’avoir jamais informé le conseil municipal de la procédure. Cette critique a ravivé les tensions locales, certains élus appelant à retirer ses délégations de pouvoir.
Vallée, conscient des enjeux, a exprimé son inquiétude quant à une éventuelle succession, soulignant son dévouement de 17 ans au service de la commune. « Si c’est le constat après tout ce travail, c’est ce qui me tuera le plus », a-t-il déclaré, suggérant que le timing du procès, à l’approche des municipales, pourrait être stratégique. La communauté de Jouarre reste divisée. Certains habitants soutiennent leur maire, valorisant ses réalisations, tandis que d’autres s’interrogent sur la gestion des fonds publics.
L’hypothèse maçonnique, bien que non étayée, a suscité des débats, certains y voyant une tentative d’expliquer des décisions opaques, tandis que d’autres y perçoivent une rumeur infondée amplifiée par la médiatisation.
Analyse et Perspectives
Mairie de Jouarre, commune française de Seine-et-Marne (Île-de-France)
Sans accès aux preuves détaillées ou au délibéré prévu pour le 14 octobre 2025, il est prématuré de conclure. Cependant, cette affaire illustre les défis de la gouvernance locale, où les liens personnels ou professionnels peuvent être perçus comme des conflits d’intérêts. Le favoritisme, s’il était avéré, violerait les principes d’égalité d’accès aux marchés publics, un enjeu crucial pour la confiance des citoyens envers leurs élus.
L’allusion à la franc-maçonnerie, bien que spéculative, rappelle des précédents où des réseaux fraternels ont été soupçonnés d’influencer des décisions politiques ou économiques. Sans éléments concrets, cette piste reste hypothétique, mais elle souligne la sensibilité autour de ces affiliations dans les affaires judiciaires. Vallée, présumé innocent jusqu’au jugement définitif, a demandé une audience prolongée pour clarifier les aspects techniques, démontrant sa volonté de défendre sa réputation.
Conclusion
L’affaire Fabien Vallée place Jouarre sous les projecteurs judiciaires, révélant les tensions inhérentes à la gestion communale et les soupçons de favoritisme. Alors que le délibéré du 14 octobre approchera, les habitants et les observateurs attendent des réponses claires. Cette situation, bien que localisée, reflète des enjeux plus larges de transparence et d’éthique publique en France. En attendant, le maire de Jouarre continue d’assumer ses fonctions, porté par sa conviction d’avoir agi dans l’intérêt général, tandis que l’ombre d’une possible inéligibilité plane sur son avenir politique.
Cette affaire, encore en suspens, invite à une réflexion sur les mécanismes de contrôle démocratique et les limites de la confiance accordée aux élus locaux.
En préambule, je me dois de préciser que le sujet de ce travail n’est pas uniquement propre au 18ème degré, mais la notion de Devoir est rappelée sans cesse dans nos rituels, dès le degré d’Apprenti et en suivant, jusqu’à ce degré du 18 où en qualité de CRC, il prend de plus en plus de hauteur car il concerne notre relation à nous-mêmes et aussi surtout notre relation au Monde.
Cette maxime qui fait l’intitulé de ce travail, remonte aux temps lointains de l’époque médiévale et elle était le socle de l’engagement des Chevaliers qui pratiquaient ainsi, dans la plus stricte observance, leur code d’honneur. C’est donc pour nous, Chevalier Rose Croix, une invitation très sérieuse à nous interroger sur le sens profond de cette affirmation, qui avec une grande connotation morale, nous édicte en fait une règle de comportement.
Cette sentence s’articule en deux parties;
l’une, consacrée à la notion de Devoir, tel que nous pouvons le concevoir en Maçonnerie;
l’autre, sur l’idée d’agir sans se préoccuper des résultats de l’action, dans un esprit de
lâcher-prise en faisant confiance, avec la conscience tranquille et ainsi libérée. Mais s’agit-il il vraiment d’un désintérêt.
Développement :
Depuis que je suis entré en maçonnerie, mes oreilles n’ont cessé d’entendre le mot : « Devoir ». Ce mot est sans cesse martelé dans nos rituels. A différents degrés, il nous est rappelé comme condition de fond de notre engagement. Mais de quel devoir s’agit-il ?
Envers soi- même, envers la société, envers ses Soeurs et Frères, envers l’humanité ?
Le livre de la connaissance
Comme notre rituel nous le souligne dans une formule énigmatique : « il est plus facile de faire son devoir que de le connaître ». La question posée, et peut-être aussi la difficulté qui en découle, concerne bien la connaissance de ce Devoir.
En effet, le parcours maçonnique nous met en présence de plusieurs sentences portant sur les devoirs. Au fur et à mesure de l’initiation, le rituel nous oblige à des devoirs, qui selon les degrés franchis apparaissent ou bien disparaissent, suivant une déclinaison chaque fois différente. Mais le lien entre ces diverses sentences paraît discontinu car chaque degré successif insiste sur un aspect particulier des devoirs, semblant correspondre à la progression acquise. Ce Devoir est ainsi multiforme dans son expression affichée.
Il nous faut donc dépasser cette forme changeante pour trouver l’idée sous le symbole. Il faut chercher une vision plus synthétique de ces composantes pour essayer d’aboutir à la notion plus conceptuelle du « Devoir » avec un grand D.
La question qui pourrait aider notre interrogation pourrait être la suivante :
Le Devoir connaît il une limite ? Est-il limité ou illimité, est-ce une obligation extérieure ou intérieure, commande-t’il une tâche finie ou infinie ? Et doit-on en attendre un résultat tangible pour mesurer le résultat de notre action ?
Il m’a semblé intéressant de me pencher sur ces deux approches possibles, à caractère plutôt philosophique, pour approcher la compréhension de ce Devoir, dont on nous parle tant, et dont on a tant de mal à poser la définition. Les maçons ont il opté pour une morale infinie ou au contraire finie, absolue ou relative ?
Selon le philosophe Kant, considéré comme le penseur de la morale formelle, le devoir est illimité, absolu. Il résulte d’une exigence qui s’impose à tous, celle du Bien pour tous.
La loi morale, chez Kant, a un caractère d’universalité. Elle est le fruit de la Raison, elle présente une approche intellectuelle, principielle, hors du contexte réel dans lequel elle pourrait jouer.
Elle est détachée du résultat, bonne ou mauvaise action. Avoir agi par devoir, c’est d’abord avoir agi en accord avec sa raison, sans attente du résultat comme preuve, sans être associé au sentiment de plaisir d’avoir abouti. C’est la volonté, comme cause interne, qui me met sur la voie de cette exigence par principe. L’accomplissement de l’action n’est motivé que par le respect que ma raison accorde à la loi morale. Car il n’y a pas justement de limite si ce n’est le Bien pour Tous sans cas particuliers, comme une règle de comportement normatif, une éthique en quelque sorte.
Ainsi elle est complètement désintéressée par définition. Elle est une loi pure, générale aux circonstances, provenant d’un principe supérieur de faire le Bien car il en est de l’Humanité dans son ensemble. Elle est détachée du contexte historique, comme le Décalogue, les 10 commandements. Il y’a un côté désincarné, séparant la vie matérielle de l’Homme pour s’attacher essentiellement à son être spirituel. Elle surplombe ainsi toute vie matérielle, comme une doctrine du comportement quelque soit le contexte de temps et d’espace.
C’est une vision du Devoir qui est répandue en Maçonnerie, un peu comme une règle générale de bonne conduite, être en accord surtout avec ses principes, hors contexte, avec une forme de satisfaction intellectuelle, confiant dans une éthique exigeante et respectée guidant son comportement.
Il y a une forme d’intellectualisme que beaucoup de maçons, essentiellement des Hauts Grades, apprécient comme un code d’éthique, un code de bonne conduite en quelque sorte. Ce qui est vertueux en soi bien sûr, car cela rajoute, aux devoirs profanes habituels, une couche de devoir moral à caractère général qui peut donner un sens supérieur à une existence d’Homme.
Bijou maçonnique du grade de chevalier rose-croix.
Mais cette approche peut manquer d’incarnation et rester dans le cadre théorique, coupée des contingences de la vie dans toutes ces vicissitudes. Pour autant, il peut exister une autre voie plus concrète de respect de la Loi morale. Il faut en effet construire le monde, agir Hic et Nunc, sur le champ, ici et maintenant. Cette autre approche a été développée par d’autres courants philosophiques qui ont mis l’accent plutôt sur la notion « d’obligation morale ».
Ce sont les causes externes qui obligent au Devoir envers Autrui; c’est le partage ainsi qu’une forme d’identification à l’Autre qui nous oblige à nous positionner; au contraire de la démarche de Kant, qui elle , est déclenchée par un esprit de volonté pure, systémique, émanant d’une démarche formelle de principe, adoptée comme cause interne de l’action.
Cette obligation au Devoir envers nos semblables est dictée par un esprit de « réparation » devant les maux de l’existence. Cela relève du domaine de l’action concrète. C’est la Vie qui commande, avec sa limite la Mort, et cet intervalle d’existence semé de joies et de peines. Par solidarité en quelque sorte, par identification, le maçon se reconnaît dans ce parcours commun à tous les hommes. C’est cette humaine condition qui fait naître l’universel en soi et donc l’obligation morale de compatir, de réparer sinon d’adoucir. C’est paradoxalement le singulier, la circonstance rencontrée, qui nous amènent à l’universel en nous. C’est un acte de partage et de solidarité qui nous oblige.
Le Temple de la Rose-Croix, gravure du Speculum Sophicum Rhodostauroticum (Miroir de la sagesse des Rose-Croix) de Teophilus Schweighardt Constantiens (pseudonyme de Daniel Mögling), 1618.
Mais bien évidemment, cette initiative est délimitée par la restriction de ne pouvoir réaliser que ce qui dépend de nous, et dont nous serions capables. Et ça nous ramène à la position à adopter en matière de devoir. En qualité de maçon, où je situe mon devoir ? Dans une morale à l’exigence infinie, ou au contraire limitée à ce à quoi je peux répondre ?
Je pense, pour ma part, que le maçon doit concilier les deux, s’inscrire dans l’Eternel tout en vivant son humaine condition dans son Siècle. Concilier le Haut avec le Bas. Le spirituel avec le matériel. Et ne jamais oublier l’Esprit dans la Matière. Rendre visible l’invisible. Ce qui nous ramène à une forme de Sagesse pratique et réaliste que l’on retrouve chez Montaigne qui s’appuie sur Socrate lorsqu’il nous dit : « Fais ce pourquoi tu es fait et connais-toi toi-même » Car l’on ne peut donner que ce que l’on possède.
Conclusion:
Il est donc plus facile de faire son devoir que de le connaître.
Le Devoir n’est pas défini comme un mode opératoire. Il laisse la place à la hauteur à laquelle chacun veut le situer. Le Devoir est un concept-symbole qui a une portée de plus en plus grande au fur et à mesure de la progression en degrés, du secret de l’Apprenti à l’Amour universel. Le maçon va agir en conscience, face à lui même, et dans son intériorité, il fera ce qu’il doit. Fidèle à ses serments prononcés et qui l’ont façonné, il concevra lui même, et tout seul, l’ampleur de la tâche. Car c’est justement en rapport de l’ampleur de la tâche, que le devoir doit être évalué.
C’est ainsi que l’action sera Juste.
Conscient d’avoir respecté ses engagements et d’avoir agi avec un cœur vaillant, il assumera le résultat de son action, en toute responsabilité morale. Ainsi il pourra dire comme les Anciens : « Alea jacta est ». Le sort en est jeté, advienne que pourra.
Désirs ? Singulier ou pluriels ? Nul ne peut y échapper. Et les lexiques sont variés.
Y verrait-on ce que le latin italo-celtique traduit par le sémantisme *avere, désirer avidement ? Ce qui rend audacieux, avide, avare ? Ce qui permet d’oser en projetant son imagination plus loin que les certitudes de réussite ?
Serait-ce le désir qui enflamme en affriolant, c’est-à-dire en brûlant jusqu’à donnant la sensation de frire ?
Le désir est associé à la chair, à l’amour fou, au souffle du baiser, à la bouche qui le suscite. Apollinaire évoque ainsi celle de Madeleine « Je vous ai vue, ô porte rouge, gouffre de mon désir »
Désir d’apaiser la soif, eau fraîche, oasis, caravane qui porte vers elle.
« Quand vers toi mes désirs partent en caravane/ Tes yeux sont la citerne où boivent mes ennuis » Baudelaire.
Le désir est immanquablement en écho d’un manque, d’une frustration.
Source d’imaginaire pervers quand il se combine à la jalousie et à l’absence. Se fomentent alors les pires fantasmes masculins d’enfermement et de désir de soumission, même et surtout à distance. Le désir s’exacerbe dans l’exigence de chasteté, dans la transgression de l’interdit, dans la violence exercée sur l’être inférieur, jusqu’à la sophistication des chefs-d’œuvre de serrurerie et autres mutilations rituelles et religieuses sur soi-même ou l’autre, féminin de préférence. Il n’est que de voir les corsets imposés aux femmes, propres à réfréner le « désir d’amour », tout en exacerbant celui de la gente masculine…
Le sémantisme indo-européen *kuep- désigne ce qui bouillonne. Le latin en infère le lexique du désir violent, cupidité, convoitise, Cupidon. La concupiscence, désir ardent qui replonge constamment dans l’ensemble de ses désirs, surtout associés à la sexualité la plus enfouie, est assimilée à la lascivité, que seule réglerait la confession.
De quoi régaler l’oreille indiscrète des directeurs de conscience, religieux ou non, qui y repèrent la libido, le libidineux, la lubie. Ad libitum…
Le sémantisme *wen- exprime l’idée de désirer.
Venin vénéneux peut-être dans la séduction. Celle que suscite Vénus, déesse de l’amour charnel. Et pas seulement le vendredi…
Vénération adressée aux divinités, dans un culte vénérable. Et chaste !
Le désir serait compagnon de la nostalgie, en ce qu’elle est jouissance dans le ressassement des désirs insuffisamment apaisés, qui demandent à être réparés.
Le désir est étymologiquement latin, *sidus, la constellation. Observation sidérale, qui peut sidérer d’émerveillement, quand on considère avec étonnement la quantité considérable d’étoiles dans le ciel nocturne.
*Desiderium, dé-sidérer exprime alors la perte de l’étoile, le manque douloureux que l’on ressent de l’imagination qu’elle suscite.
Ainsi s’esquisse la tentation, le trouble diffus qu’elle dessine.
Désir toujours associé à l’astre, celui qui élève vers d’autres hauteurs, hors de portée. À tel point que qui s’en voit privé est malotru, *male-astrucum !
» Le tentateur n’est pas celui qui met dans l’âme de l’autre un désir qui ne s’y trouverait pas, mais celui qui fait en sorte que l’autre prenne conscience qu’en lui se trouve un désir, aussi infime soit-il. […] Et Adam et Eve de succomber, par désir d’un fruit qui a la saveur de l’inconnu « Eric Fiat, Ode à la fatigue, 2018.
Annick DROGOU
Drôle de mot dont l’étymologie nous révèle qu’il est tombé d’une étoile. Mot profané par la psychologie des profondeurs quand on l’a confondu avec le fantasme. Vain mot quand la philosophie de nos livres de classe terminale l’opposait à la volonté, seule digne de respect.
Pauvre désir orphelin de l’étoile, permanente nostalgie qui frémit telle une vibration de boussole pour quiconque cherche l’essentiel en contemplant la voûte étoilée. De quel repère, de quel souvenir, de quelle destination, le désir est-il l’expression ? Vers quoi, vers où nous tire ce désir ? Ce désir comme une météorite enfouie, le legs d’un essentiel besoin qu’on croyait abandonné. Chercheurs d’étoile, chérissez le désir.
Quiconque a vu la série des tapisseries de La Dame à la licorne au musée de Cluny, à Paris, s’interroge sans fin sur la signification de la formule « À mon seul désir » qui préside à la sixième tapisserie, les cinq autres étant consacrées aux cinq sens, vue, ouïe, odorat, goût et toucher. Quel est donc ce « seul » désir, ce sixième sens ? Où est-il ? Dans l’infini stellaire assurément.
Au cœur de l’Europe, la Suisse déploie depuis près de trois siècles un paysage maçonnique à la fois discret et foisonnant. Terre de neutralité et de dialogue, elle a su accueillir, dans ses vallées et ses cités, une véritable mosaïque d’obédiences et de rites, où se reflètent les idéaux des Lumières tout autant que les échos des grandes crises politiques du continent.
Des premières loges du XVIIIe siècle aux initiatives contemporaines, la Franc-Maçonnerie helvétique incarne une tradition vivante, résiliente et plurielle, oscillant entre régularité et libéralisme, introspection symbolique et ouverture humaniste.
La Suisse geographique
C’est cette odyssée, où l’équerre trace des chemins de raison et le compas des cercles de fraternité, que nous vous invitons à parcourir avant de poursuivre notre itinéraire initiatique vers d’autres horizons européens.
Née en 1736, la Franc-Maçonnerie suisse s’est rapidement imposée comme un pilier de la sociabilité initiatique en Europe, portant en elle la diversité des traditions, des rites et des philosophies. Elle a traversé des périodes de prospérité, de crises et de renouveau, marquées notamment par les initiatives antimaçonniques de 1937 et de 2015. Aujourd’hui encore, en 2025, le paysage maçonnique helvétique se distingue par sa richesse et sa pluralité : des obédiences masculines, féminines, mixtes, libérales ou régulières y coexistent, pratiquant une variété de rites et de sensibilités.
Cet article vous propose d’explorer en profondeur cette histoire singulière, ses orientations philosophiques, ses effectifs*, ses rites et les défis politiques auxquels elle a été confrontée, à travers les principales obédiences suisses : la Grande Loge Suisse Alpina (GLSA), la Fédération Suisse du Droit Humain, la Grande Loge Féminine de Suisse (GLFS), la Grande Loge Mixte de Suisse (GLMS), la Grande Loge Symbolique Helvétique (GLSH), le Grand Orient de Suisse (GOS), Lithos – Confédération de Loges, et la Ligue Universelle des Francs-Maçons (LUF).
Une histoire maçonnique ancrée dans le siècle des Lumières
La Franc-Maçonnerie suisse émerge en 1736 avec l’apparition des premières loges, marquant le début d’une tradition qui s’enracine dans les idéaux des Lumières. En 1740, la loge « La Concorde » est fondée à Zurich, suivie en 1743 par « Les Trois Étoiles Flamboyantes » à Neuchâtel, remplacée en 1791 par « La Bonne Harmonie ». En 1744, une loge s’ouvre à Bâle. Ces premières loges, souvent influencées par les obédiences anglaises, s’organisent progressivement. En 1745, une interdiction des autorités genevoises tente de limiter ces sociétés secrètes, mais elle reste sans effet durable.
En 1769, une dizaine de loges forment la Grande Loge de Genève, bientôt rejointe par d’autres ateliers, bien que certains demeurent sous l’égide de la Grande Loge de Londres. En 1779, le Grand Prieuré d’Helvétie se constitue comme une puissance maçonnique indépendante, marquant une étape vers l’autonomie. Cependant, la Révolution française entraîne deux interruptions majeures : de 1792 à 1802, puis de 1813 à 1815, malgré une reprise temporaire sous l’influence des loges militaires napoléoniennes.
En 1822, la Grande Loge Nationale de Berne et le Grand Prieuré d’Helvétie fusionnent pour former la Grande Loge Suisse Alpina (GLSA) en 1842, tandis que les hauts grades rectifiés restent sous l’autorité du Grand Prieuré. En 1873, le Suprême Conseil de Suisse est créé pour les hauts grades du Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA). Le Convent international de Lausanne de 1875 consacre le Grand Architecte de l’Univers comme symbole fondamental du REAA, fixant ses 33 degrés.
Au XXe siècle, la Franc-Maçonnerie suisse s’organise autour de trois structures principales : la GLSA pour les loges symboliques, le Grand Prieuré Indépendant d’Helvétie pour les hauts grades rectifiés, et le Suprême Conseil pour le REAA. L’apparition de loges mixtes et féminines marque une diversification notable : en 1895, une première loge du Droit Humain s’ouvre à Zurich, suivie par la création de la Fédération Suisse du Droit Humain en 1963. En 1964, une loge féminine liée à la Grande Loge Féminine de France voit le jour, aboutissant à la fondation de la Grande Loge Féminine de Suisse (GLFS) en 1976.
Les Obédiences maçonniques suisses : une mosaïque de traditions
1. Grande Loge Suisse Alpina (GLSA) : le pilier de la régularité
Histoire et genèse : Fondée en 1844, la Grande Loge Suisse Alpina (GLSA) est l’obédience maçonnique la plus ancienne et la plus importante de Suisse, regroupant environ 3 500 membres dans 84 loges en 2025. Reconnue par la Grande Loge Unie d’Angleterre (GLUA), elle incarne la Franc-Maçonnerie « régulière », exclusivement masculine, et travaille à la Gloire du Grand Architecte de l’Univers. Sa création résulte de la fusion de la Grande Loge Nationale et du Grand Prieuré d’Helvétie, marquant une volonté d’unifier la maçonnerie symbolique sous une bannière commune. Historiquement liée au Parti radical, la GLSA a joué un rôle dans la formation de l’État fédéral suisse
Philosophie et orientation : La GLSA se distingue par son attachement aux Anciens Devoirs et à une spiritualité non dogmatique. Bien qu’elle exige une croyance en un Être Suprême, elle prône la liberté de conscience, respectant toutes les convictions sincères. Ses loges, réparties en 48 francophones, 28 germanophones, 5 italophones et 4 anglophones, pratiquent principalement le REAA, mais aussi le Rite Français (RF), le Rite d’Émulation (RE), le Rite de Schroeder (RS) et le Rite Écossais Rectifié (RER). La GLSA promeut une démarche initiatique axée sur l’amélioration personnelle et la fraternité, tout en s’abstenant de discussions politiques ou religieuses en loge.
Effectifs et dynamiques : En 2015, la GLSA comptait environ 4 000 membres dans 85 loges. En 2025, les effectifs se stabilisent autour de 3 500, reflétant une légère baisse due à une concurrence croissante des obédiences libérales et à une diminution du nombre de membres par loge, influencée par des penseurs comme Carl Gustav Jung ou René Guénon, qui ont enrichi la réflexion symbolique. La GLSA reste dynamique grâce à ses initiatives d’ouverture, comme les journées portes ouvertes depuis 2009 et la publication de la revue Alpina et de Masonica par le Groupe de Recherche Alpina (GRA).
Défis Politiques : La GLSA a été confrontée à l’initiative Fonjallaz de 1937, visant à interdire les sociétés secrètes, rejetée par le peuple suisse. En 2015, une tentative de l’UDC valaisanne d’obliger les élus à déclarer leur appartenance maçonnique a échoué, renforçant la discrétion prônée par l’obédience. Sa reconnaissance par la GLUA l’a parfois conduite à rompre avec des obédiences libérales, comme en 1950 avec l’Association Maçonnique Internationale (AMI), qu’elle avait fondée en 1921 pour rapprocher les courants réguliers et libéraux.
2. Fédération Suisse du Droit Humain : l’étendard de la mixité
Histoire et genèse : Fondée en 1963, la Fédération Suisse du Droit Humain, rattachée à l’Ordre Maçonnique Mixte International, tire ses origines d’une loge créée à Zurich en 1895. Première obédience mixte en Suisse, elle promeut l’égalité entre hommes et femmes, avec environ 320 membres en 1987 et une légère croissance depuis. Présente à Lausanne, Genève, Vallorbe, Montreux, Soleure et au Tessin, elle incarne une maçonnerie adogmatique et internationale.
Philosophie et orientation : Le Droit Humain pratique le REAA, offrant un chemin initiatique progressif jusqu’au 33e degré. Ses loges travaillent soit à la Gloire du Grand Architecte de l’Univers, soit au Progrès de l’Humanité, reflétant une approche humaniste et universaliste. Membre du CLIPSAS depuis 1961, il favorise la liberté de conscience et s’engage dans des réflexions sur la laïcité et les droits humains, tout en cultivant des liens fraternels avec d’autres obédiences libérales.
Effectifs et dynamiques : Avec environ 320 membres en 1987, le Droit Humain maintient une taille modeste mais stable, estimée à environ 350 membres en 2025. Son attractivité repose sur sa mixité et son rayonnement international, bien que la concurrence avec des obédiences comme Lithos puisse limiter sa croissance.
Défis politiques : Comme la GLSA, le Droit Humain a été visé par l’initiative Fonjallaz et les tentatives de 2015, auxquelles il s’est opposé en défendant la discrétion maçonnique. Son engagement humaniste le rend sensible aux débats sociétaux, mais il évite les prises de position politiques directes.
3. Grande Loge Féminine de Suisse (GLFS) : la voix des Sœurs
Histoire et genèse
Constituée en 1976 à partir d’une loge fondée en 1964 à Genève sous l’égide de la Grande Loge Féminine de France, la GLFS regroupe environ 400 membres dans 18 loges en 2017, travaillant en français, allemand et italien. Elle répond au besoin d’un espace maçonnique exclusivement féminin, incarnant une quête initiatique spécifique.
Philosophie et orientation : La GLFS propose une démarche initiatique axée sur le perfectionnement moral, intellectuel et spirituel, avec un accent sur l’émancipation culturelle et spirituelle des femmes. Ses loges pratiquent principalement le REAA, mais intègrent également d’autres rites comme le Rite Français. Elle entretient un dialogue harmonieux avec la GLSA pour des travaux non rituels, renforçant la complémentarité entre maçonneries masculine et féminine.
Effectifs et dynamiques : De 300 membres en 1987, la GLFS atteint environ 400 en 2017, un chiffre probablement stable en 2025. Sa croissance modérée reflète son positionnement spécifique, bien que la concurrence avec les obédiences mixtes puisse freiner son expansion.
Défis politiques : La GLFS, comme d’autres obédiences, a été touchée par les initiatives anti-maçonniques de 1937 et 2015. Sa discrétion et son focus sur l’initiation féminine la protègent partiellement des controverses politiques, mais elle reste vigilante face aux pressions publiques.
4. Grande Loge Mixte de Suisse (GLMS) : l’harmonie de la diversité
Histoire et genèse : Fondée en 1999, la Grande Loge Mixte de Suisse (GLMS) regroupe environ 145 membres dans 8 ateliers en 2014, répartis dans les trois régions linguistiques de la Suisse. Elle incarne une maçonnerie adogmatique et mixte, accueillant hommes et femmes dans une démarche égalitaire.
Philosophie et orientation
La GLMS pratique divers rites, dont le REAA et le Rite Français, dans un esprit de liberté de conscience et de tolérance. Ses loges explorent des thématiques philosophiques et sociétales, favorisant un équilibre entre travail initiatique et engagement humaniste. Membre du CLIPSAS, elle s’inscrit dans une tradition libérale et progressiste.
Effectifs et dynamiques : Avec 145 membres en 2014, la GLMS reste une obédience de taille modeste, probablement autour de 150–200 membres en 2025. Son attractivité repose sur sa flexibilité et son inclusivité, bien qu’elle concurrence des obédiences comme Lithos et le Droit Humain.
Défis politiques : Comme ses homologues libérales, la GLMS s’oppose aux initiatives antimaçonniques, défendant la discrétion et la liberté individuelle. Son caractère mixte la rend sensible aux débats sur l’égalité, mais elle évite les engagements politiques explicites.
5. Grande Loge Symbolique Helvétique (GLSH) : L’Héritage Égyptien
Histoire et genèse : La Grande Loge Symbolique Helvétique (GLSH), membre du CLIPSAS depuis 1992, regroupe des loges masculines, féminines et mixtes en Suisse et en France, pratiquant exclusivement le Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm. Fondée dans la seconde moitié du XXe siècle, elle se distingue par son attachement aux traditions ésotériques égyptiennes.
Philosophie et orientation : La GLSH se consacre à une maçonnerie initiatique et spirituelle, puisant dans les symboles et rituels du Rite de Memphis-Misraïm. Ses loges explorent des thématiques ésotériques, privilégiant une approche mystique et symbolique. Son caractère adogmatique attire des membres en quête de spiritualité non conventionnelle.
Effectifs et dynamiques : Avec quelques dizaines de membres en 2017, la GLSH reste une obédience de niche, probablement autour de 50–100 membres en 2025. Sa spécificité rituelle limite son expansion, mais elle conserve une audience fidèle parmi les amateurs de maçonnerie égyptienne.
Défis politiques : La GLSH, en raison de sa petite taille, est moins exposée aux initiatives anti-maçonniques, mais elle partage les préoccupations des obédiences libérales face aux pressions publiques.
6. Grand Orient de Suisse (GOS) : la voix de la liberté
Histoire et genèse : Créé en 1959 par des loges francophones issues de la GLSA, le Grand Orient de Suisse (GOS) adopte une approche libérale et adogmatique, proche du Grand Orient de France. En 1967, il prend le nom de Grande Loge de Suisse, avant de revenir à GOS en 1995. En 1987, il fédère 14 loges, un nombre probablement proche de 18–20 en 2025.
Philosophie et orientation : Le GOS pratique divers rites, dont le Rite Français Moderne et le REAA, dans un esprit de liberté de conscience. Ses loges, majoritairement masculines mais ouvertes aux visiteurs mixtes, explorent des questions philosophiques et sociétales, s’inscrivant dans une tradition progressiste. Membre du CLIPSAS, il promeut la tolérance et l’humanisme
Effectifs et dynamiques : Avec environ 200–300 membres en 2025, le GOS reste une obédience modeste mais influente dans la maçonnerie libérale. Son attractivité repose sur son rejet des dogmes et son ouverture aux débats contemporains.[](https://loge-evolution.ch/)
Défis politiques :Le GOS s’oppose fermement aux initiatives anti-maçonniques, défendant la discrétion et la liberté de pensée. Sa proximité avec le Grand Orient de France le rend sensible aux critiques des obédiences régulières.
7. Lithos – Confédération de Loges : l’innovation transnationale
Histoire et genèse :Fondée en 2006 en Belgique, Lithos – Confédération de Loges s’étend à la Suisse avec des loges mixtes comme « L’Amitié » (Genève, 2008), « Septentrion » (Penthalaz, 2012) et « Humanisme et Lumières » (Genève, 2015). Membre du CLIPSAS depuis 2011, elle fédère une trentaine de loges en Belgique, Suisse et Allemagne.
Philosophie et orientation : Lithos adopte une approche adogmatique, pratiquant principalement le Rite Français Moderne. Ses loges, masculines, féminines ou mixtes, sont autonomes dans leur composition et leurs travaux, favorisant une maçonnerie humaniste axée sur les droits humains et les enjeux sociétaux.
Effectifs et dynamiques : Avec environ 100–150 membres en Suisse en 2025, Lithos reste une obédience émergente, attirant des membres par sa flexibilité et son caractère transnational. Sa croissance est limitée par sa relative jeunesse.
Défis politiques : Lithos partage les préoccupations des obédiences libérales face aux initiatives anti-maçonniques, mais son rayonnement international la protège partiellement des pressions locales.
8. Ligue Universelle des Francs-Maçons (LUF) : la plateforme interobédientielle
Histoire et genèse
Fondée en 1905, la Ligue Universelle des Francs-Maçons (LUF) n’est pas une obédience traditionnelle, mais une association sans but lucratif regroupant des maçons actifs de diverses obédiences, agissant à titre individuel. Présente en Suisse et dans d’autres pays, elle vise à renforcer les liens fraternels sans restriction obédientielles.
Philosophie et orientation : La LUF n’initie pas de membres et ne pratique pas de rites, mais sert de plateforme d’échange inter-obédientielle, promouvant les droits humains et la fraternité universelle. Elle s’inscrit dans une démarche humaniste et inclusive, sans distinction de sexe, race ou croyance.
Effectifs et dynamiques : La LUF ne publie pas d’effectifs précis, mais son influence reste limitée en Suisse, avec quelques dizaines de membres actifs en 2025. Son rôle est complémentaire, renforçant la coopération entre obédiences.
Défis politiques : En tant que plateforme non initiatique, la LUF est peu affectée par les initiatives antimaçonniques, mais elle soutient les obédiences dans leur défense de la discrétion.
Les Rites Maçonniques en Suisse
La Suisse se distingue par la diversité de ses rites, reflétant la pluralité de ses obédiences. Le REAA domine, notamment au sein de la GLSA, du Droit Humain et de la GLMS, avec ses 33 degrés et son symbolisme riche. Le Rite Français, pratiqué par Lithos, le GOS et certaines loges de la GLSA, privilégie une approche rationaliste et humaniste. Le Rite d’Émulation, influencé par la tradition anglaise, est présent dans la GLSA, tandis que le Rite de Schroeder et le Rite Écossais Rectifié offrent des approches plus spirituelles. Le Rite de Memphis-Misraïm, exclusif à la GLSH, se distingue par son ésotérisme égyptien. Cette variété reflète la capacité de la Franc-Maçonnerie suisse à intégrer des traditions multiples
« Quand le peuple suisse défend sa liberté d’expression – L’initiative Fonjallaz et la votation du 28 novembre 1937 »
Les défis politiques : entre discrétion et pressions externes
La Franc-Maçonnerie suisse a affronté deux initiatives antimaçonniques majeures. En 1937, l’initiative Fonjallaz, portée par des courants fascistes, visait à interdire les sociétés secrètes, mais fut largement rejetée par le peuple. En 2015, l’UDC valaisanne, soutenue par le PDC, a tenté d’imposer une déclaration obligatoire de l’appartenance maçonnique pour les élus, une mesure jugée illégale par la Cour Européenne des Droits de l’Homme en 2007. Cette proposition échoue de justesse, renforçant la défense de la discrétion par les obédiences. Ces événements soulignent la tension entre la discrétion maçonnique et les pressions publiques, particulièrement dans un contexte où la maçonnerie suscite encore méfiance et fantasmes.
Trois régions suisses
La Suisse offre une Franc-Maçonnerie plurielle et résiliente
En 2025, la Franc-Maçonnerie suisse, avec environ 5000 membres, incarne une mosaïque de traditions et de visions. La GLSA, avec sa régularité et ses 3500 membres, domine le paysage, tandis que les obédiences libérales comme le Droit Humain, la GLFS, la GLMS, la GLSH, le GOS et Lithos offrent des alternatives inclusives et adogmatiques. La LUF, bien que non initiatique, complète ce tableau en favorisant l’unité. Malgré les défis politiques, la Franc-Maçonnerie suisse reste un espace de réflexion, de fraternité et de progrès, fidèle à ses racines tout en s’adaptant aux aspirations contemporaines. Comme l’équerre et le compas, elle unit rigueur et ouverture, traçant un chemin vers un monde plus juste et éclairé
Le Groupe de Recherche Alpina : un phare de la recherche maçonnique en Suisse et au-delà…
Histoire et genèse : Fondé en 1985 à Berne, le Groupe de Recherche Alpina (GRA) est une association suisse indépendante qui réunit des Maîtres Francs-Maçons passionnés par l’approfondissement des dimensions historiques, symboliques, philosophiques, littéraires, artistiques et prospectives de la Franc-Maçonnerie. Reconnu officiellement par la Grande Loge Suisse Alpina (GLSA) en 2002, le GRA s’est imposé comme un acteur clé de la recherche maçonnique, non seulement en Suisse, mais aussi à l’échelle internationale. Avec environ 500 membres, dont une trentaine de membres actifs engagés dans des recherches autonomes, le GRA se distingue par son caractère trilingue (français, allemand, italien) et son siège administratif à Lausanne, avec des contacts à Bienne et Orbe.
GRA, site – détail
Le GRA n’est pas une loge au sens classique, mais une plateforme de réflexion et d’échange qui s’adresse aux Maîtres Maçons de diverses obédiences, principalement affiliés à la GLSA, tout en maintenant des liens étroits avec des groupes de recherche maçonnique à travers le monde, comme la Loge Quatuor Coronati en Allemagne ou la Respectable Loge n°1000 Jean Scot Érigène de la Grande Loge de France, avec qui le GRA a des accords. Son autonomie lui permet de transcender les frontières obédientielles, favorisant une approche universaliste de la recherche maçonnique.
Philosophie et orientation : Le GRA a pour vocation d’enrichir la compréhension de la Franc-Maçonnerie à travers une recherche rigoureuse, s’inspirant des standards académiques. Il explore des thématiques variées, allant de l’histoire des rituels et du symbolisme (comme l’étude du « Vrai Catéchisme des Frères Francs-Maçons » ou des travaux sur le Rite Écossais Ancien et Accepté) à des sujets prospectifs, tels que l’adaptation de la maçonnerie aux enjeux sociétaux contemporains.
Masonica, sa revue semestrielle
Publiée depuis 1985 et avec plus de 45 numéros parus, Masonica est un pilier de son activité. Elle propose des articles approfondis, souvent rédigés par des experts comme Michel Jaccard, ancien président du GRA, sur des sujets aussi divers que le guénonisme, les influences de Carl Gustav Jung, ou les liens entre la maçonnerie et les arts (par exemple, le tarot ou les poèmes de Goethe). La revue est diffusée à environ 400 membres correspondants et loges de recherche en Europe, renforçant l’influence du GRA à l’international.
Le GRA produit également des documents clés pour la GLSA, tels que les catéchismes des grades d’Apprenti, Compagnon et Maître, ainsi que le Guide du Franc-Maçon (publié en deux tomes en 2017 et 2018, en français et allemand). Ces publications, disponibles à la vente, codifient les pratiques rituelles tout en offrant des réflexions philosophiques accessibles aux maçons.
Activités et rayonnement : Le GRA se distingue par ses initiatives dynamiques :Conférences : Le GRA organise des conférences en Suisse et à l’étranger, comme le cycle international de Michel Jaccard en 2015, qui l’a conduit en Afrique du Sud, Nouvelle-Zélande, Australie, Tasmanie, Singapour et Hong Kong. Ces interventions, souvent publiées (par exemple, Continental Freemasonry, ANZMRC, 2015), témoignent de l’ambition du GRA de rapprocher les maçons à travers le monde.
Publications : Fondée en 1991 par le Groupe de Recherche Alpina (GRA) la revue Masonica est née de la volonté de proposer un espace de publication rigoureux et ouvert, consacré à la recherche maçonnique. Des travaux publiés en français, allemand et italien. Outre Masonica, le GRA diffuse L’Œil du GRA, une newsletter informant les membres des activités maçonniques internationales. Il contribue également à des revues comme Alpina et propose des études ad hoc sur mandat de la GLSA.
Effectifs et dynamiques : Avec environ 500 membres, dont une trentaine de chercheurs actifs, le GRA reste une structure élitiste mais ouverte, accueillant des membres correspondants via une inscription simple. Sa croissance est stable, portée par l’intérêt croissant pour la recherche maçonnique, bien que son audience reste spécialisée en raison de son focus académique. En 2025, le GRA continue d’attirer des maçons en quête de rigueur intellectuelle, tout en s’adaptant aux défis numériques, comme la mise à jour régulière de son site web pour inclure des ressources en anglais et des articles téléchargeables.
Défis et perspectives en 2025
Le GRA, conscient de la nécessité pour la Franc-Maçonnerie de se réinventer, met l’accent sur une recherche prospective. Il souligne que l’étude historique seule ne suffit pas à garantir la pérennité de la maçonnerie face aux défis contemporains, tels que la baisse des effectifs dans certaines obédiences ou la montée des discours antimaçonniques, comme ceux observés en Suisse en 1937 et 2015. Le GRA encourage ainsi des travaux en anthropologie, sociologie, spiritualité et maçonnologie, visant à rendre la maçonnerie attractive pour les nouvelles générations
Après avoir franchi les cols suisses et respiré l’air pur des vallées helvétiques, je vous donne rendez-vous le 28 juillet pour une nouvelle étape de notre itinéraire initiatique. La semaine prochaine, nos pas nous mèneront vers l’Italie, ce carrefour d’histoire et de lumière, où se croisent les ombres des cités antiques, les secrets des loges des Lumières et les échos des renaissances spirituelles. Ne manquez pas ce voyage au cœur d’une terre qui, depuis Rome jusqu’à Florence, de Venise à Naples, a toujours su conjuguer la quête de la beauté et la soif de vérité…
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*Pour mémoire, les effectifs post-2015 sont estimés d’après les informations transmises par nos correspondants(es) helvétiques.
La théorie de l’influence de la précession des équinoxes (souvent appelée, à tort, « précession des zodiaques » dans des contextes ésotériques ou astrologiques) sur les civilisations postule que le lent décalage de l’axe de rotation de la Terre, qui entraîne un changement progressif des constellations visibles à l’équinoxe (environ un cycle complet tous les 25 920 ans, soit environ 2 160 ans par signe zodiacal), aurait des impacts profonds sur les cultures, les religions, les mythologies et les développements civilisationnels.
Cette idée, bien que fascinante, est principalement spéculative et relève davantage de l’astrologie, de l’ésotérisme ou de l’archéoastronomie que d’une théorie scientifique rigoureusement validée.
1. Comprendre la précession des équinoxes
Toutes les traditions s’appuient sur la cyclologie. L’astronomie est une des sciences les plus anciennes qui conclue que tout est cyclique. La précession des équinoxes est le mouvement de la terre par rapport aux étoiles polaires. Du fait de son inclinaison et de son mouvement en toupie, l’axe des pôles pointe sur des étoiles qui changent périodiquement (étoile alpha de la petite ours actuellement ; étoile de la constellation du dragon, Vega, étoile de la contellation de la Lyre dans environ 14000 ans).
La précession des équinoxes est un phénomène astronomique découvert par Hipparque au IIe siècle av. J.-C. et expliqué par Newton.
Hipparque de Nicée (ou Hipparque de Rhodes, premier quart du IIe siècle avant J.-C.) est sans conteste le plus grand astronome de l’Antiquité. Parmi ses nombreuses découvertes, la plus importante est celle de la précession des équinoxes (déjà entrevue par les Chaldéens), c’est-à-dire de la dérive lente – d’est en ouest par rapport aux étoiles, considérées comme fixes – du point vernal (ou point gamma), qui marque la position du Soleil sur l’écliptique à l’équinoxe de printemps. Elle résulte de l’influence gravitationnelle du Soleil et de la Lune sur le renflement équatorial de la Terre, provoquant une lente oscillation de son axe de rotation, semblable au mouvement d’une toupie. Ce mouvement entraîne un décalage des équinoxes (les points où le plan équatorial terrestre croise l’écliptique) par rapport aux constellations du zodiaque. Hipparque a trouvé pour cette dérive une valeur égale à 46 secondes d’angle par an. C’est Newton qui fournira la théorie de la précession dans ses Principia mathematica (1687) : l’axe de rotation de la Terre décrit en 25 800 ans environ un cône de demi-angle au sommet égal à 230 27′ ; il en résulte une rotation du point vernal sur l’écliptique par rapport aux étoiles, avec la même période (Une rotation complète prend environ 25 920 ans, divisée en 12 périodes d’environ 2 160 ans par signe zodiacal, selon la division astrologique du zodiaque). C’est au XVIIe siècle que les savants ont retrouvé que cela existait déjà dans les anciennes civilisations.
À l’époque de l’Égypte ancienne (vers 3000 av. J.-C.), l’équinoxe de printemps se situait dans la constellation du Taureau. Vers le début de l’ère chrétienne, il passa dans le Bélier, puis, vers le Moyen Âge, dans les Poissons. Aujourd’hui, nous approchons de l’ère du Verseau (bien que les dates exactes varient selon les calculs astrologiques ou astronomiques).
Ce phénomène est purement astronomique, mais il a été interprété dans des contextes culturels et spirituels pour suggérer une influence sur les civilisations.
2. La théorie de l’influence sur les civilisations
La théorie, popularisée par des ésotéristes, astrologues et certains archéoastronomes, soutient que chaque « ère zodiacale » (correspondant à une constellation dominant l’équinoxe de printemps) imprègne les civilisations d’une énergie, d’un symbolisme ou de caractéristiques spécifiques. Ces ères seraient marquées par des transformations culturelles, religieuses et sociales, reflétant les archétypes associés aux constellations zodiacales.
Les partisans de cette théorie associent chaque ère zodiacale à des thèmes mythologiques ou culturels qui auraient dominé les civilisations de l’époque.
Ainsi :
L’ère du Taureau (environ 4000-2000 av. J.-C.) : Cette période coïncide avec l’essor des premières grandes civilisations (Mésopotamie, Égypte). Le Taureau, symbole de force, de fertilité et de stabilité, est omniprésent dans l’iconographie (comme le taureau Apis en Égypte ou les taureaux ailés sumériens). Les cultes agraires et les divinités liées à la terre (comme Hathor ou Inanna) dominent.
L’ère du Bélier (environ 2000 av. J.-C. – début de l’ère chrétienne) : Avec le passage dans le Bélier, les mythologies mettent en avant des figures de chefs, de guerriers et de divinités solaires (comme Amon-Rê en Égypte ou Marduk en Mésopotamie). Le judaïsme, avec ses sacrifices d’agneaux, et le mythe grec du Bélier d’or (Jason et la Toison d’or) refléteraient ce symbolisme.
L’ère des Poissons (environ début de l’ère chrétienne – aujourd’hui) : Les Poissons, associés à la spiritualité, au sacrifice et à la dualité, correspondent à l’essor du christianisme (le poisson étant un symbole chrétien précoce, Ichthys) et d’autres religions universalistes. Cette ère serait marquée par des tensions entre matérialisme et spiritualité.
L’ère du Verseau (nous y sommes) : Annoncée comme une ère de connaissance, de liberté et d’unité, elle est souvent associée à des transformations globales, comme l’ère technologique ou une nouvelle conscience collective. Cette idée a été popularisée par le mouvement New Age dans les années 1960-1970.
Les défenseurs de cette théorie, comme Carl Gustav Jung ou des auteurs ésotériques comme Alice Bailey, soutiennent que ces transitions zodiacales influencent l’inconscient collectif, façonnant les archétypes culturels et religieux.
Carl Gustav Jung (1875-1961), psychologue suisse et pionnier de la psychologie analytique, s’est intéressé à la précession des équinoxes et aux transitions zodiacales, non pas en tant qu’astrologue, mais comme un phénomène symbolique et archétypique ayant une influence sur l’inconscient collectif. Jung voyait les ères zodiacales comme des marqueurs de transformations psychologiques et culturelles majeures, reflétant des changements dans les archétypes dominants qui façonnent les civilisations. Ses réflexions sur ce sujet, bien que marginales dans son œuvre, sont principalement développées dans son livre Aion : Contribution à la symbolique du Soi (1951), ainsi que dans des conférences et correspondances. Jung voyait les symboles astrologiques, y compris les signes du zodiaque, comme des projections des archétypes de l’inconscient collectif, ces structures psychiques universelles qui influencent les comportements, les mythes et les cultures. Dans son ouvrage Psychologie et alchimie (1944) et dans ses séminaires, Jung explore comment les cycles cosmiques, comme la précession des équinoxes, peuvent correspondre à des évolutions dans la conscience collective. Pour Jung, la précession des équinoxes, qui entraîne le passage d’une constellation zodiacale à une autre tous les ~2 160 ans (un cycle complet de ~25 920 ans), est un phénomène astronomique qui, au-delà de sa réalité physique, agit comme un miroir des transformations psychologiques et spirituelles des sociétés. Il s’intéresse particulièrement à la transition de l’ère du Bélier à l’ère des Poissons (coïncidant avec l’émergence du christianisme) et à l’approche de l’ère du Verseau, qu’il associe à des bouleversements imminents dans la psyché collective. Jung associe l’ère des Poissons, qui commence autour du début de l’ère chrétienne, à l’émergence du christianisme et à ses symboles. Le signe des Poissons, représenté par deux poissons nageant en directions opposées, incarne pour lui une dualité fondamentale : l’opposition entre le spirituel et le matériel, le bien et le mal, le conscient et l’inconscient. Il note que le poisson (Ichthys) était un symbole chrétien précoce, représentant le Christ, mais aussi une figure de rédemption et de sacrifice. Jung écrit dans Aion : « Le symbole du poisson est une expression de l’inconscient collectif à l’époque où le point vernal entre dans les Poissons. Il représente l’émergence d’un nouveau principe spirituel, mais aussi une tension entre des opposés. » Il observe que l’ère des Poissons est marquée par une lutte psychologique pour intégrer ces opposés. Le christianisme, avec son accent sur la rédemption et la transcendance, reflète cette tentative de résoudre la dualité, mais Jung critique son rejet de l’ombre (le côté obscur de la psyché), qui a conduit à des conflits internes et externes (par exemple, les croisades, les schismes religieux). Jung relie également l’ère des Poissons à l’histoire du christianisme en deux moitiés : Premier millénaire (0-1000) : Dominé par le « premier poisson », symbole du Christ rédempteur, de la spiritualité ascendante. Second millénaire (1000-2000) : Marqué par le « second poisson », qu’il associe à l’Antéchrist ou à l’émergence de l’ombre réprimée, incarnée par des crises comme les guerres de religion, le matérialisme et les totalitarismes.
Jung anticipe la transition vers l’ère du Verseau, qu’il situe approximativement autour des années 2000-2150 (les dates varient selon les calculs astrologiques, et Jung reste vague sur ce point). Il voit cette transition comme un tournant majeur dans l’histoire de la conscience humaine, marqué par une tentative d’intégration des opposés laissés irrésolus pendant l’ère des Poissons. « L’approche de l’ère du Verseau coïncide avec une période de grands bouleversements, où l’humanité devra faire face à l’unification des opposés dans la psyché collective. » Pour Jung, le Verseau, souvent associé à l’eau (le porteur d’eau), symbolise la connaissance, l’intuition et une nouvelle forme de spiritualité plus individualisée et universelle. Il prédit que cette ère pourrait voir : – Une montée de l’individuation, processus par lequel l’individu intègre son inconscient pour atteindre le Soi (l’archétype de la totalité). – Un déclin des dogmes religieux traditionnels au profit de spiritualités plus syncrétiques ou psychologiques. – Des crises collectives, car l’humanité devra confronter son ombre (les aspects refoulés de la psyché) avant de parvenir à une nouvelle synthèse.
Jung relie cette transition à des événements historiques qu’il observe à son époque (milieu du XXe siècle), comme les deux guerres mondiales, l’essor de la technologie et les bouleversements sociaux, qu’il interprète comme des signes de la fin de l’ère des Poissons et de l’émergence chaotique du Verseau. Jung ne considère pas la précession des équinoxes comme une cause directe des changements culturels, mais comme une synchronicité, un phénomène où les événements cosmiques et psychologiques coïncident de manière significative sans lien causal. « Les grandes époques de l’histoire humaine sont synchronistiquement liées aux mouvements des astres, non pas parce que les étoiles causent ces changements, mais parce qu’elles reflètent les transformations de l’inconscient collectif. »
Pour Jung, les transitions zodiacales sont des métaphores des cycles de la psyché collective, où chaque ère apporte un nouvel archétype dominant. Par exemple, l’ère du Bélier (avant les Poissons) aurait été marquée par des figures de chefs et de héros (comme dans les mythes grecs ou l’Ancien Testament), tandis que l’ère des Poissons a mis l’accent sur la rédemption et la souffrance. Jung intègre les transitions zodiacales dans son cadre théorique plus large : – Le Soi : L’ère du Verseau, selon Jung, favorisera l’émergence du Soi, car elle encourage l’individuation et l’unification des opposés (conscient/inconscient, lumière/ombre). – L’ombre collective : Les crises des transitions zodiacales (comme celles qu’il observe au XXe siècle) sont des manifestations de l’ombre collective, que l’humanité doit intégrer pour évoluer. – Les archétypes : Chaque signe zodiacal représente un ensemble d’archétypes. Par exemple, les Poissons incarnent la dualité et le sacrifice, tandis que le Verseau symbolise l’innovation et la communauté.
Jung s’appuie également sur des traditions ésotériques, comme l’alchimie et la gnose, pour étayer ses idées. Il voit des parallèles entre les transitions zodiacales et les phases alchimiques (nigredo, albedo, rubedo), où chaque ère marque une étape dans la transformation spirituelle de l’humanité.
Certains archéoastronomes, comme Graham Hancock ou Robert Bauval, avancent que des civilisations anciennes, notamment l’Égypte, auraient eu une connaissance de la précession des équinoxes et l’auraient intégrée dans leurs monuments. Par exemple : – La Grande Pyramide de Gizeh : Bauval suggère que l’alignement des puits d’aération de la pyramide avec certaines étoiles (comme celles de la ceinture d’Orion) reflète une compréhension de la précession, car ces alignements correspondent à des positions stellaires d’époques spécifiques (vers 10 500 av. J.-C., selon lui). Cette hypothèse reste controversée et non validée par la communauté scientifique. – Le zodiaque de Denderah : Ce bas-relief égyptien (Ier siècle av. J.-C.) montre des constellations et pourrait indiquer une connaissance des cycles astronomiques, bien que les égyptologues doutent que les Égyptiens aient compris la précession. – Des sites mégalithiques, comme Stonehenge ou Göbekli Tepe (daté d’environ 9600 av. J.-C.), sont parfois cités comme preuves d’une observation astronomique avancée, suggérant que les anciennes civilisations suivaient les cycles célestes et adaptaient leurs cultures en conséquence.
Cependant, ces interprétations sont spéculatives et manquent de preuves directes.
Certains auteurs ésotériques, comme Rudolf Steiner, affirment que les transitions entre ères zodiacales coïncident avec des bouleversements religieux ou sociaux. Par exemple, le passage de l’ère du Bélier à celle des Poissons aurait favorisé l’émergence de religions monothéistes universalistes (judaïsme tardif, christianisme, islam), tandis que l’approche de l’ère du Verseau serait liée à des mouvements de réforme spirituelle et à une quête de connaissance globale.
L’ère du verseau
L’analyse de la représentation du Verseau, en tant que signe zodiacal, repose sur ses caractéristiques astrologiques, ses symboles, ses archétypes et la manière dont il est perçu dans la culture et l’imaginaire collectif. Le Verseau (21 janvier – 19 février) est un signe d’air. Gouverné par Uranus (et traditionnellement Saturne), cela lui confère une dualité entre innovation et structure, liberté et responsabilité.
1. Symbolisme du Verseau
Le symbole du Verseau est le Porteur d’Eau, souvent représenté par une figure humaine (homme ou femme) versant de l’eau d’une cruche. Cette image est riche de sens : L’Eau : Contrairement à une idée répandue, le Verseau n’est pas un signe d’eau mais d’air. L’eau qu’il verse symbolise la connaissance, la sagesse ou l’énergie spirituelle qu’il partage avec l’humanité. Elle représente également le flux des idées et l’innovation. Le Porteur : Cette figure incarne un rôle de passeur, celui qui apporte des ressources au collectif. Cela reflète l’aspect humanitaire et altruiste du Verseau. Le symbole graphique (♒), composé de deux lignes ondulées, évoque des vagues ou des courants, souvent interprétés comme des ondes d’énergie, de communication ou de pensée.
Ce symbolisme met en avant la mission du Verseau : diffuser des idées progressistes pour élever la conscience collective.
2. Archétypes et traits caractéristiques
Comme mentionné précédemment, les archétypes du Verseau (innovateur, rebelle, humanitaire, original, intellectuel, ami universel) façonnent sa représentation : L’Innovateur/Visionnaire : Le Verseau est souvent dépeint comme un avant-gardiste, un penseur futuriste qui repousse les limites. Dans l’art ou la littérature, il peut être représenté comme un scientifique, un inventeur ou un prophète des temps modernes. Le Rebelle : Ce signe est associé à la désobéissance face à l’autorité ou aux traditions oppressives. Cette facette peut être illustrée par des figures révolutionnaires ou des personnages excentriques défiant les normes. L’Humanitaire : Le Verseau est souvent représenté comme un défenseur des opprimés, œuvrant pour l’égalité et la justice. Cette dimension le lie à des mouvements sociaux ou à des idéaux utopiques. L’Original : Son excentricité se traduit par des représentations artistiques audacieuses, avec des couleurs vives, des motifs futuristes ou des styles non conventionnels. L’Intellectuel Détaché : Le Verseau peut être perçu comme distant ou énigmatique, privilégiant la réflexion à l’émotion. Cela peut se traduire par une aura de mystère ou de froideur dans certaines représentations.
Le Verseau est souvent lié à des figures mythologiques associées à l’eau et à la connaissance
Ganymède : Dans la mythologie grecque, Ganymède, un jeune homme d’une grande beauté, fut enlevé par Zeus pour devenir l’échanson des dieux, servant le nectar divin. Cette figure incarne la jeunesse, la pureté et le service au divin, en résonance avec le rôle du Verseau comme porteur de savoir.
Prométhée : Bien que non directement lié au Verseau, le titan Prométhée, qui vola le feu pour le donner aux hommes, partage des traits avec ce signe : rébellion contre l’ordre établi, don de connaissance à l’humanité et vision progressiste.
Dans d’autres cultures, comme en Égypte ancienne, le Verseau peut être associé à des divinités liées aux inondations du Nil, symbolisant la fertilité et la régénération, bien que cette connexion soit plus indirecte.
Le Verseau est associé à l’Ère du Verseau, un concept astrologique popularisé dans les années 1960 par la contre-culture et le mouvement New Age. Cette ère est vue comme une période de transformation spirituelle, d’égalité et de progrès, renforçant l’image du Verseau comme un symbole d’espoir et de renouveau.
La représentation du Verseau reflète une tension entre plusieurs polarités :
Individuel vs Collectif : Bien qu’il valorise l’unicité, le Verseau agit pour le bien commun, ce qui peut se traduire par des images de solitude dans une foule ou de connexion universelle.
Rationalité vs Excentricité : Son intellect rigoureux (Saturne) cohabite avec une impulsivité créative (Uranus), donnant lieu à des représentations oscillant entre sérieux et extravagance.
Détachement vs Engagement : Le Verseau peut être dépeint comme un observateur distant ou comme un militant passionné, selon le contexte.
Dans le monde moderne, le Verseau est souvent associé à la technologie, à l’intelligence artificielle et aux mouvements sociaux. Sa représentation peut inclure des éléments comme des circuits électroniques, des hologrammes ou des symboles de connectivité (réseaux, ondes). En même temps, son lien avec l’humanitarisme le place au cœur des luttes pour l’égalité, la durabilité et la justice, ce qui peut se manifester par des images d’activisme ou de solidarité.
Parce que la représentation du verseau peut inclure des éléments comme des circuits électroniques, des hologrammes ou des symboles de connectivité (réseaux, ondes), cela laisse-t-il présager que l’IA sera la grande révolution civilisationnelle de notre futur? Plusieurs points nuancent cette idée :
Symbolisme astrologique : Le Verseau est traditionnellement lié à l’innovation, à la liberté et à l’interconnexion humaine, mais ces symboles ne prédisent pas directement l’IA comme révolution spécifique. Ils évoquent plutôt une ère de bouleversements technologiques et sociaux, dont l’IA fait partie, aux côtés d’autres avancées comme les réseaux 5G/6G, la biotechnologie ou l’énergie renouvelable. L’IA comme révolution : L’IA est déjà une force transformatrice majeure, redéfinissant des domaines comme la santé, l’éducation, l’industrie et la communication. Des projections (par exemple, des rapports du MIT ou du Forum Économique Mondial) estiment que l’IA pourrait contribuer à hauteur de 15 à 20 % du PIB mondial d’ici 2030. Cependant, son statut de « grande révolution civilisationnelle » dépend de comment elle est déployée : elle peut amplifier la créativité humaine ou, sans régulation, exacerber des inégalités et des risques éthiques. Autres facteurs civilisationnels : L’IA n’est pas isolée. Le changement climatique, les migrations, les crises géopolitiques et les évolutions culturelles (comme le retour à des valeurs communautaires ou spirituelles) pourraient rivaliser ou compléter l’impact de l’IA. Le Verseau, en tant que signe d’humanisme, pourrait aussi symboliser une quête d’équilibre entre technologie et bien-être collectif.
Bien que séduisante, la théorie de l’influence de la précession des équinoxes sur les civilisations présente plusieurs faiblesses :
· Interprétations rétrospectives : Associer des symboles (comme le taureau ou le poisson) à des ères zodiacales repose souvent sur des interprétations a posteriori. Les civilisations utilisaient des symboles pour des raisons pratiques, religieuses ou culturelles, sans nécessairement les lier à des cycles astronomiques de 26 000 ans. · Biais astrologique : La division du cycle de précession en 12 ères de 2 160 ans est une construction astrologique, pas astronomique. Les constellations du zodiaque n’ont pas des tailles égales dans le ciel, et les transitions entre ères (comme celle vers le Verseau) sont floues et sujettes à débat. · Approche pseudoscientifique : Les théories de Hancock, Bauval ou d’autres auteurs ésotériques sont souvent critiquées pour leur manque de rigueur. Par exemple, l’hypothèse selon laquelle Göbekli Tepe remet en question les origines de la civilisation (vers 3000 av. J.-C. en Égypte et Sumer) est intrigante mais non étayée par des preuves solides. · Confusion avec les cycles climatiques : La précession des équinoxes influence effectivement le climat terrestre via les cycles de Milankovitch, qui modulent l’insolation sur des dizaines de milliers d’années. Ces variations climatiques ont pu affecter les civilisations (par exemple, en modifiant les conditions agricoles), mais cette influence est indirecte et non liée à des archétypes zodiacaux.
La théorie de l’influence de la précession des équinoxes sur les civilisations propose que les cycles astronomiques de 26 000 ans, marqués par des ères zodiacales, façonnent les cultures, les religions et les mythologies. Bien que des parallèles fascinants existent entre les symboles zodiacaux et les thèmes culturels (Taureau et fertilité, Poissons et christianisme, Verseau et modernité), cette théorie repose largement sur des interprétations ésotériques et manque de preuves historiques ou scientifiques solides.
Dans un cadre maçonnique, la précession peut être vue comme un symbole des grands cycles de transformation spirituelle. Toutefois, son influence reste conceptuelle et marginale.
N’oublions pas que les changements d’ères ont été marquées par des violences de civilisations les unes nouvelles contre les autres précédentes.
« C’est le Grand Orient de France qui est derrière cette affaire ! »
La légalisation de l’euthanasie en France fait débat et une voix discordante s’élève avec force. François Asselineau, président de l’Union Populaire Républicaine (UPR), affirme dans une récente intervention sur La Chaîne du Dr Louis Fouché que le Grand Orient de France (GOF), une obédience maçonnique influente, serait à l’origine de cette initiative. Selon lui, cette proposition, portée par des figures comme le député Olivier Falorni ou encore le Professeur Jean-Louis Touraine, s’inscrirait dans une stratégie plus large visant à imposer une vision idéologique sous couvert d’humanisme.
Asselineau dénonce un projet qui, derrière des termes comme « aide à mourir », risquerait d’ouvrir la voie à des dérives, notamment l’industrialisation des mises à mort.
Il appuie ses accusations sur l’histoire de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD), fondée en 1980 par des membres proches du GOF, dont le sénateur Henri Caillavet. Depuis des décennies, cette organisation milite pour la légalisation, avec un succès partiel marqué par le vote récent à l’Assemblée nationale.
Si Asselineau ne fournit pas de preuves directes, il souligne une corrélation entre les positions maçonniques et les avancées législatives, invitant à une réflexion critique sur les influences occultes dans les sphères politiques. Cette polémique ravive les tensions autour de la fin de vie, entre défense de l’autonomie individuelle et craintes d’une érosion des valeurs éthiques.
Chacun comprendra que dans ces 3 discours, il ne s’agit nullement de soutiens ou de sympathisants à la Franc-maçonnerie. Comme à l’habitude, nous laissons la parole à toutes les voix.
Dans le vacarme des ombres, résister n’est pas crier plus fort. C’est garder vivante la flamme qui éclaire le chemin !
Je fus d’abord attiré par ce titre, court, cinglant, presque comme une déflagration : Résister. Un mot, un seul, qui se tient droit, ferme, sans ornements, tel une sentinelle. Il frappe comme une injonction et se déploie comme une promesse : celle de ne pas céder, de se dresser contre les vents contraires, de rester debout quand tout pousse à l’effondrement.
Puis mes yeux se posèrent sur le nom de Salomé Saqué. Je la suivais déjà sur « Blast – le souffle de l’info » (site de presse en ligne d’information générale et une web tv créés par le journaliste Denis Robert), dont je reçois la newsletter. Sa voix claire et décidée m’avait souvent accompagné dans ses analyses, où se mêlent rigueur et engagement, lucidité et courage. En voyant ce nom associé à ce mot, je compris que ce livre n’était pas un simple exercice journalistique, mais un manifeste. Une parole adressée à chacun de nous, une main tendue pour secouer nos torpeurs.
Ma libraire de quartier, que je soutiens chaque fois que possible, me remit l’ouvrage en souriant. « Cinq euros », m’annonça-t-elle. Pour cent quarante-quatre pages. Je crus d’abord à une erreur.
Elle m’expliqua alors que Payot & Rivages avait choisi, pour cette série de textes, un prix volontairement modeste, afin qu’aucun obstacle financier ne freine leur diffusion. Ce n’était donc pas un geste isolé de l’autrice, mais une politique éditoriale pensée pour rendre ces voix accessibles à toutes les bourses, à toutes les consciences prêtes à s’éveiller. J’y vis néanmoins un écho parfait au contenu : la résistance doit être partagée, ouverte, offerte.
Stéphane Hessel, en 2012
Comme Stéphane Hessel (1917 – 2013), avec son Indignez-vous ! qui tenait en un mot et un souffle, elle inscrivait sa démarche dans cette lignée de textes brefs mais brûlants, des livres qui ne sont pas des objets mais des appels.
D’entrée, l’autrice nous plonge dans un climat glaçant : les menaces de mort reçues par des journalistes, des militants, des avocats, jusqu’aux élus. Elle ne s’en éloigne pas, elle ne se protège pas d’une distance académique : elle s’implique, elle nomme, elle regarde en face cette haine qui, sous des dehors d’opinion politique, est une machine de destruction. Nous comprenons qu’il ne s’agit pas d’un livre neutre, mais d’un cri lucide. À travers des exemples précis, elle dévoile la progression méthodique de l’extrême droite : non seulement dans les urnes, mais dans les esprits. La victoire, nous dit-elle, se prépare d’abord dans les mots, dans la banalisation du discours, dans la sape lente et efficace des valeurs républicaines.
Ce texte a une résonance initiatique. Comme dans nos cheminements maçonniques, il nous invite à regarder l’ombre : non pour s’y complaire, mais pour en déceler les rouages, afin de mieux la dissoudre. La description des mécanismes de la haine, de la manière dont le vocabulaire identitaire contamine le langage commun, agit comme une mise en garde.
Liberté, Égalité, Fraternité
Et comme dans tout chemin initiatique, il y a ici une prise de conscience : celle de la fragilité de nos piliers – Liberté, Égalité, Fraternité – et de la nécessité d’en être les gardiens vivants.
Salomé Saqué nous entraîne dans une traversée où l’information devient résistance. Elle rappelle que dans notre époque saturée d’injonctions à la rentabilité, couvrir une simple manifestation, parler des inégalités ou du climat, suffit à être catalogué militant. Résister, c’est alors simplement exercer son métier avec droiture. Et cette droiture est un risque : physique, juridique, moral. Elle nous confie cette réalité avec une pudeur qui ne masque pas la gravité. Et nous, lecteurs, sentons combien ce livre n’est pas écrit pour briller mais pour tenir bon.
Il y a dans ces pages une filiation discrète avec Stéphane Hessel : le titre, comme une réplique à Indignez-vous, mais en plus grave encore. Résister est un second temps : après l’indignation vient l’action, la fermeté. C’est le passage de l’émotion à la construction. Comme dans le chemin maçonnique : après la découverte vient la transformation.
Ce que nous avons particulièrement aimé, c’est ce courage de ne jamais se réfugier dans la fausse neutralité. Salomé Saqué assume : la neutralité journalistique n’existe pas lorsque la démocratie est menacée. Elle refuse le confort du ni-ni et choisit la clarté, sans pour autant tomber dans la simplification. Son écriture est directe, mais jamais brutale ; elle est informée, mais jamais froide. Elle tisse un fil entre le passé et l’avenir, entre la mémoire des heures sombres et la responsabilité de ne pas répéter les mêmes erreurs.
Certes, nous aurions aimé que la bibliographie pour aller plus loin fût plus dense, plus vaste, car le sujet est grave et profond. Mais cette relative légèreté documentaire n’est pas une faiblesse. C’est le signe que le livre est conçu comme un point de départ, un élan, une porte d’entrée pour éveiller. Et si des notes en fin d’ouvrage sont présentes, elles n’étouffent jamais la lecture ; elles accompagnent discrètement, sans parasiter la fluidité du propos.
Et puis, au fil de la lecture, le mot résister prend une profondeur inattendue. Il n’est pas seulement politique, il est spirituel. Dans nos traditions initiatiques, résister signifie se tenir ferme contre les illusions, refuser les compromissions qui éteignent la lumière intérieure. Dans le silence du Temple, résister, c’est choisir la verticalité : être aligné sur ce qui est juste, même si cela nous expose. Et dans un monde où tout semble se dissoudre dans l’immédiateté et le relativisme, cette verticalité est un acte sacré.
Salomé Saqué nous rappelle que la victoire de l’ombre ne se joue pas d’abord dans les urnes ; elle s’installe dans les esprits, dans le langage, dans l’habitude. Et cela, nous le savons depuis toujours : le mal commence par la distorsion des mots, par la perversion subtile des symboles. Résister à cette distorsion, c’est préserver la pureté du Verbe. Et là, dans cet effort de préserver la justesse du langage, nous retrouvons notre rôle d’initiés : veiller à ce que la parole reste un outil de lumière, non une arme de division.
Ce livre agit ainsi comme un miroir qui nous renvoie à notre responsabilité. Car résister ne peut pas être une injonction vide. C’est une pratique, une discipline nous suggérant des gestes concrets tels informer nos proches, soutenir les médias libres, recréer du lien au lieu de laisser le mépris répondre au mépris. Ce sont de petites pierres posées sur le chemin du Temple commun. Cela rejoint la démarche maçonnique… Chaque action, même infime, contribue à édifier ou à détruire.
Il y a aussi une tonalité presque fraternelle dans ce texte. Elle nous parle comme à des égaux, jamais comme à des spectateurs. Elle propose des pistes, des réflexes, des modes d’action, comme si la lecture devait déjà être une première étape vers quelque chose de concret. En cela, elle rejoint cette dimension profondément initiatique : la réflexion n’est rien si elle ne s’accomplit pas dans l’action.
Éd. Payot
Et au cœur de cette résistance, il y a aussi une autre dimension. La joie ! Oui, car résister n’est pas seulement se battre contre. C’est aussi préserver ce qui est vivant, ce qui est beau, ce qui relie. Salomé Saqué évoque cette créativité nécessaire dans la résistance, cette capacité à inventer de nouveaux récits, à ne pas se laisser enfermer dans l’horizon sombre qu’on nous impose. Et là encore, cela rejoint l’enseignement des voies spirituelles : l’ombre ne se combat pas seulement par la force, mais par la lumière que nous faisons rayonner.
Salomé Saqué, par ce livre, s’inscrit dans la lignée de ces voix qui refusent la résignation. Journaliste économique et politique, formée au droit international, passée par Le Monde diplomatique et France 24, elle s’est révélée au grand public en couvrant le mouvement des gilets jaunes, en explorant les zones d’ombre du pouvoir et en donnant une place aux invisibles. Aujourd’hui, elle poursuit son travail avec Blast, où elle éclaire les enjeux sociaux et environnementaux avec la même exigence. Résister est à la fois une synthèse de ce parcours et un prolongement : une invitation à ne pas se taire, à ne pas céder.
Nous refermons ce texte avec le sentiment d’avoir reçu un appel. Non pas un appel désespéré, mais un appel à la vigilance, à la responsabilité. Résister n’est pas ici un mot héroïque réservé aux grandes heures de l’Histoire : c’est un verbe du quotidien, un verbe humble mais essentiel. Se tenir contre, rester ferme. Comme un maçon qui tient son fil à plomb, même lorsque les vents veulent le dévier.
Et dans le silence du Temple, nous entendons ce mot résonner comme une oraison : résister, c’est garder vivante la flamme qui nous a été transmise. C’est refuser la banalité du mal, refuser l’oubli, refuser le renoncement. C’est demeurer dans la lumière, même vacillante, car elle seule éclaire le chemin. Et c’est peut-être cela que Salomé Saqué nous offre : un rappel que cette lumière est encore possible, qu’elle dépend de nous, et que la première pierre à poser, c’est la conscience.
Alors, refermons ce livre comme on referme la porte d’un Temple après une Tenue grave, mais lumineuse. Résister… ce verbe s’élève en nous comme une colonne invisible, une force qui ne se dit pas mais se vit. Il nous rappelle que chaque époque connaît ses épreuves, ses ombres, ses dérives, et qu’aucune victoire n’est acquise pour toujours.
Résister, c’est maintenir vivante la vigilance, cette garde intérieure qui empêche la pierre de se fissurer.
Dans la symbolique maçonnique, nous savons qu’il n’y a pas de lumière sans ombre – pour ne pas dire ténèbres –, pas de construction sans épreuve.
Résister, c’est accepter cette tension, ne pas la fuir. C’est se tenir au milieu du chaos et y porter une parcelle d’ordre. C’est refuser que les mots soient pervertis, que les symboles soient détournés, que la fraternité soit profanée par la haine. Et dans ce refus, il y a déjà une offrande : celle de notre force intérieure, humble mais indéfectible.
Ce livre nous enseigne que la résistance n’est pas un acte héroïque isolé, mais un fil continu, tissé par des gestes simples : dire non à l’inacceptable, préserver la vérité, tendre la main quand tout pousse à la division. Il nous invite à nous souvenir que la Liberté, l’Égalité, la Fraternité ne sont pas des ornements sur les frontons de nos mairies, mais des mots vivants qu’il nous appartient d’incarner.
Ainsi, dans le silence de notre conscience, dans la méditation des colonnes du Temple, nous pouvons entendre ce murmure.
Résister, c’est demeurer fidèle. Fidèle à la lumière, fidèle à la dignité humaine, fidèle à la part la plus haute de nous-mêmes. Et à ce moment, nous savons que ce livre n’est pas seulement un essai politique. Il est une pierre posée sur le chemin de ceux qui refusent de renoncer.
Car résister, c’est encore croire qu’un autre monde est possible, et avoir la patience de le bâtir, pierre après pierre, mot après mot, geste après geste.
Le Kybalion, publié en 1908 sous la plume anonyme de « Trois Initiés » et traduit en français par André Durville, est un texte qui prétend transmettre les enseignements hermétiques attribués à Hermès Trismégiste, figure légendaire de l’ancienne Égypte. Présenté comme une synthèse des principes philosophiques et spirituels hérités de cette tradition millénaire, le Kybalion explore sept principes fondamentaux – Mentalisme, Correspondance, Vibration, Polarité, Rythme, Cause et Effet, et Genre – tout en offrant une vision cosmique et pratique de l’univers.
Alors que les recherches spirituelles continuent d’inspirer les esprits curieux, nous proposons une analyse approfondie de cet ouvrage, suivie d’une exploration des concordances fascinantes avec la franc-maçonnerie, une fraternité initiatique partageant des racines et des aspirations similaires.
Analyse du Kybalion : Une Philosophie Hermétique Réinventée
Le Kybalion s’ouvre sur un hommage à Hermès Trismégiste, qualifié de « Grand des Grands » et « Maître des Maîtres », une figure synchrétique mêlant mythologie égyptienne (Thot) et grecque (Hermès). Le texte, structuré en quinze chapitres, s’appuie sur une préface d’Albert L. Cailliet (1917) et une introduction soulignant la transmission secrète de ces doctrines à travers les siècles. Son objectif n’est pas de créer une nouvelle philosophie, mais de fournir une « Maîtresse-Clé » pour décoder les mystères occultes et concilier les divergences des traditions ésotériques.
Les Sept Principes Hermétiques
Mentalisme : « Le Tout est Esprit ; l’Univers est Mental. » Cette idée centrale postule que l’univers est une création de l’Esprit Infini, suggérant une réalité subjective façonnée par la pensée.
Correspondance : « Ce qui est en Haut est comme ce qui est en Bas. » Ce principe établit une harmonie entre les plans physique, mental et spirituel.
Vibration : « Rien ne repose ; tout remue ; tout vibre. » Tout dans l’univers oscille à des fréquences variées, influençant les états de conscience.
Polarité : « Tout est Double ; toute chose possède des pôles. » Les opposés sont des extrêmes d’une même réalité, conciliables par transmutation.
Rythme : « Tout s’écoule, au dedans et au dehors. » Le mouvement pendulaire gouverne les cycles naturels et mentaux, neutralisable par la polarisation.
Cause et Effet : « Toute Cause a son Effet ; tout arrive conformément à la Loi. » Rien n’échappe à cette loi, même si des plans supérieurs permettent une maîtrise.
Genre : « Il y a un genre en toutes choses. » Le masculin et le féminin opèrent sur tous les plans, y compris mental, expliquant la dualité de l’esprit.
Ces principes, exposés avec clarté dans les chapitres II à XIV, sont illustrés par des maximes comme « Pour changer votre état d’esprit, modifiez votre vibration » ou « Le Rythme peut être neutralisé par une application correcte de l’Art de la Polarisation ». Le chapitre XV, dédié aux axiomes hermétiques, insiste sur l’application pratique du savoir, soulignant que la théorie sans action est vaine.
Le Kybalion
Contexte et Authenticité
Le Kybalion revendique une filiation avec l’Égypte ancienne, où l’« Art Royal » ou « Art Sacré » unissait science, philosophie et religion. Cependant, les historiens s’accordent à dater sa rédaction au tournant du XXe siècle, influencée par le mouvement New Thought et des auteurs comme William Walker Atkinson, suspecté d’être l’un des « Trois Initiés ». Malgré cette origine moderne, le texte s’inspire de traditions hermétiques authentiques, comme le Corpus Hermeticum (IIe-IIIe siècle), tout en les adaptant à une audience contemporaine. Sa popularité, renforcée par des citations poétiques et une structure accessible, en fait un pont entre l’ésotérisme ancien et les aspirations spirituelles actuelles.
Concordances avec la Franc-Maçonnerie : Une Quête Partagée
La franc-maçonnerie, née au XVIIIe siècle avec des racines dans les guildes médiévales et des influences hermétiques, partage avec le Kybalion une vision initiatique et symbolique de l’univers. Ces concordances, bien que non explicites, émergent à travers des thèmes communs : la recherche de lumière, la transformation personnelle, et l’harmonie entre les plans de l’existence.
1. La Quête de Lumière et le Mentalisme
Le Kybalion affirme que « l’Univers est Mental », une idée qui résonne avec le symbole maçonnique de la lumière, représentée par le compas et l’équerre, outils de mesure et d’élévation spirituelle. En franc-maçonnerie, l’initiation vise à éclairer l’âme, à passer de l’obscurité de l’ignorance à la clarté de la connaissance, un processus mental analogue à la transmutation décrite dans le Kybalion. Les rituels maçonniques, comme l’ouverture des « yeux de l’esprit » lors de l’initiation d’Apprenti, reflètent cette croyance en un univers façonné par la pensée consciente, un écho direct au principe de Mentalisme.
2. La Correspondance et les Symboles Universels
Le principe de Correspondance, « Ce qui est en Haut est comme ce qui est en Bas », trouve un parallèle dans l’architecture symbolique de la loge, qui reproduit l’ordre cosmique. La voûte céleste peinte au plafond, les colonnes de la Sagesse, de la Force et de la Beauté, ou encore l’étoile flamboyante, illustrent cette harmonie entre macrocosme et microcosme. Les francs-maçons, comme les hermétistes, étudient les correspondances pour comprendre leur place dans l’univers, utilisant des outils comme le tableau de loge pour méditer sur ces liens, une pratique cohérente avec l’approche synthétique du Kybalion.
3. La Transmutation et l’Art de la Polarité
Le Kybalion enseigne la transmutation mentale pour transformer les états négatifs en positifs via la polarité, une idée qui s’aligne avec le travail maçonnique sur la « pierre brute ». L’Apprenti, en polissant sa pierre, symbolise un processus alchimique intérieur, passant de l’imperfection à la perfection, un thème central dans les trois grades (Apprenti, Compagnon, Maître). L’axiome « L’Esprit, aussi bien que les métaux, peut être transmuté » trouve un écho dans les rituels de « mort symbolique » et de résurrection, où le maçon renaît transformé, maîtrisant ses polarités intérieures – passions et raison – pour atteindre l’équilibre.
4. Le Rythme et la Patience Initiatique
Le principe du Rythme, avec son oscillation universelle, se reflète dans l’exigence maçonnique de patience et de temps long. L’ajournement des candidats, souvent de six à douze mois, illustre cette acceptation des cycles naturels, contrastant avec l’impatience du monde moderne. Le Kybalion propose de neutraliser ce rythme par la polarisation sur un plan supérieur, une technique que les Maîtres maçons appliquent en s’élevant au-dessus des émotions pour guider leur atelier, incarnant la sagesse du « Je » sur le « Moi ».
5. Cause et Effet : Responsabilité et Maîtrise
Le principe de Cause et Effet, où « tout arrive conformément à la Loi », correspond à l’éthique maçonnique de responsabilité personnelle. Les francs-maçons sont appelés à être les « architectes de leur destin », utilisant les lois supérieures pour maîtriser les inférieures, une idée similaire à celle du sage hermétique qui « obéit aux lois venant d’en haut » tout en ordonnant son plan inférieur. Cette maîtrise se manifeste dans les travaux philanthropiques et les réflexions collectives en loge, visant à influencer positivement le monde.
6. Le Genre et la Dualité Initiatique
Le principe du Genre, avec ses aspects masculin et féminin mentaux, trouve un écho dans la dualité symbolique de la franc-maçonnerie : l’équerre (féminine, stabilité) et le compas (masculin, élévation). Cette complémentarité est explorée dans les rituels mixtes ou dans les obédiences comme le Droit Humain, où l’union des genres reflète l’harmonie universelle. Le Kybalion décrit le « Je » (masculin, volonté) et le « Moi » (féminin, réceptivité), une dynamique que les maçons vivent en équilibrant action et introspection.
7. L’Art Royal et l’Héritage Commun
Le Kybalion présente l’« Art Royal » comme une science sacrée unissant tous les domaines de la connaissance, un concept qui rappelle les origines légendaires de la franc-maçonnerie, liée aux bâtisseurs des cathédrales et aux mystères égyptiens. Les deux traditions valorisent une synthèse entre science, philosophie et spiritualité, visant l’évolution personnelle. L’idée que « les Lois de la Vie sont plus importantes que la Matière de la vie » résonne avec l’objectif maçonnique de faire du temple intérieur un espace de paix et d’harmonie.
Différences et Complémentarités
Malgré ces concordances, des divergences existent. Le Kybalion propose une cosmologie abstraite et universelle, tandis que la franc-maçonnerie s’ancre dans des rituels spécifiques et une structure fraternelle. Le texte hermétique insiste sur une application individuelle, alors que la loge privilégie le travail collectif. Cependant, ces différences enrichissent leur dialogue :
Le Kybalion offre une théorie philosophique, tandis que la franc-maçonnerie fournit un cadre pratique pour la vivre.
Une Lumière Partagée
le Kybalion et la franc-maçonnerie apparaissent comme des reflets d’une même quête : transformer l’homme par la compréhension des lois universelles. Leurs concordances – lumière mentale, correspondances cosmiques, transmutation, patience rythmique, responsabilité causale, dualité genrée, et héritage royal – témoignent d’une sagesse intemporelle. Alors que le monde moderne privilégie la vitesse, ces traditions invitent à ralentir, à méditer et à polir sa pierre intérieure.
Ensemble, elles offrent une Maîtresse-Clé pour ouvrir les portes de l’âme, un voyage où l’initiation devient une danse éternelle entre l’Haut et le Bas.
Chers amis en quête de tabliers et de compas, préparez-vous à sourir un bon coup ! Si vous avez récemment été ajournés à quelques mois par la loge maçonnique où vous postuliez, ne prenez pas ça comme une punition digne d’un mauvais élève recalé au bac – c’est plutôt une invitation déguisée à rejoindre le club très select des « patients en devenir » !
Alors que le monde tourne à la vitesse d’un clic sur Amazon, plongeons avec humour dans cette notion de temps long, si chère à la franc-maçonnerie, et transformons cet ajournement en une aventure enrichissante.
Ajournement : Le Retard Qui Cache un Superpouvoir
Imaginez la scène : vous frappez à la porte de la loge, plein d’enthousiasme, prêt à polir votre pierre brute, et… bam ! On vous dit : « Revenez dans six mois, on verra bien ! » Pas de panique, ce n’est pas un rejet, mais une masterclass en patience, un concept totalement étranger au monde marchand où tout se règle en 24 heures chrono. Dans la franc-maçonnerie, l’ajournement est comme une recette de grand-mère : il faut laisser mijoter pour que le goût soit parfait.
Peut-être que votre Vénérable Maître teste secrètement votre capacité à ne pas commander une initiation en livraison express avec Prime !
Et si on y réfléchit, cet ajournement n’est pas un recul, mais un zoom arrière. Comme un chef d’orchestre qui fait une pause pour accorder les violons, la loge vous donne du temps pour vous accorder avec vous-même. Alors, riez un peu : au lieu de bouder, prenez ce délai comme une méditation forcée – avec un bon café, pourquoi pas ?
Le Cœur Maçon : Déjà en Loge Avant la Loge !
Voici une pensée qui devrait vous arracher un sourire : n’êtes-vous pas déjà maçon dès que votre cœur décide de franchir la porte ? Pas besoin de rituel ou de tablier pour ça ! C’est comme si, avant même de naître, vous étiez déjà un peu humain dans le ventre de votre mère, en train de kicker pour annoncer votre arrivée. L’ajournement, c’est un peu la grossesse maçonnique : six ou douze mois à gigoter dans l’attente, à rêver de votre première tenue, pendant que votre âme se prépare en coulisses.
Pensez-y : pendant ces mois, vous êtes en incubation. Vous lisez peut-être un bouquin sur les symboles, vous vous demandez si le compas est vraiment aligné avec votre équerre intérieure, ou vous riez en imaginant votre futur surnom de « Frère Impatient ». Ce n’est pas une punition, c’est une pré-initiation déguisée – et gratuite, en plus !
Le Temps Long Face au Monde Marchand : Une Revanche Hilarante
Dans notre monde où tout va trop vite – télétravail, livraison de sushis en 30 minutes, séries binge-watchées en une nuit –, la franc-maçonnerie ose le scandale : le temps long ! L’ajournement, c’est sa façon de dire au monde marchand : « Pas de panique, on ne vend pas de lumière en kit ici ! » Alors que les algorithmes nous bombardent de « maintenant » et de « tout de suite », la loge vous invite à ralentir, à savourer l’attente comme un bon vin qui doit vieillir. Et franchement, c’est presque risible de voir combien cette patience déroute les novices pressés !Les vieux maçons, eux, en rigolent encore. Ils vous raconteront, un sourire aux lèvres, comment leur ajournement de six mois les a transformés – pas en un éclair, mais en une lente éclosion. Alors, au lieu de râler, imaginez-vous en héros d’une comédie : « L’Apprenti et les Six Mois de Réflexion », avec une bande-son de rires et de coups de maillet !
L’Ajournement, une Naissance en Deux Actes
Alors, chers ajournés, ne voyez pas ces mois comme une sentence, mais comme le premier acte d’une belle pièce. Comme un fœtus qui grandit avant de voir le jour, vous êtes déjà en train de devenir maçon, même si la loge vous fait poireauter un peu. L’humour est votre meilleur outil : riez de vos doutes, dansez avec l’inconnu, et préparez-vous à éclore quand le moment sera venu.
Car, au fond, la vraie magie de la franc-maçonnerie, c’est de transformer l’attente en une aventure – et qui sait, peut-être que votre pierre brute sera déjà bien polie avant même votre initiation officielle !
L’été 2025 marque une nouvelle étape dans l’évolution des pratiques touristiques, où le mystère et l’ésotérisme s’immiscent de plus en plus dans les destinations prisées. Du solstice d’été aux marchés « magiques », en passant par les festivals dédiés aux sorcières, de nombreux événements attirent les visiteurs avec des promesses de connexion spirituelle ou de plongée dans des légendes ancestrales.
Cependant, une mise en garde solennelle vient troubler cette fascination croissante : l’Association Internationale des Exorcistes (AIE), fondée en 1994 à Rome et reconnue par le Saint-Siège en 2014, a publié le 13 juillet 2025 un communiqué alarmant sur les dangers de l’occultisme qui se glisse insidieusement dans ces célébrations estivales. À 23:35 CEST ce 19 juillet 2025, alors que la saison touristique bat son plein, explorons cette alerte, ses implications et les enjeux spirituels qu’elle soulève dans un monde en quête de sens.
Un Phénomène en Pleine Émergence
Le tourisme occulte, qui mêle voyage et exploration de l’invisible, gagne du terrain, notamment en période estivale. En France, des événements comme la « fête de la sorcière » organisée le 6 juillet à Villefranche-de-Conflent, dans les Pyrénées-Orientales, attirent familles et curieux avec des rituels et des enseignements présentés comme des héritages culturels. À l’étranger, des lieux comme Calcata, un village italien du Latium vidé par l’exode rural après la Seconde Guerre mondiale, se réinventent depuis les années 1970 comme le « village des sorcières », grâce à l’arrivée d’artistes y voyant une aura « magique ». Ces initiatives, souvent motivées par des intérêts économiques, s’appuient sur des légendes locales amplifiées par les médias, créant des récits qui fascinent mais qui, selon l’AIE, déforment l’histoire et ouvrent des portes vers l’occultisme.
L’association, qui regroupe plus de 900 prêtres exorcistes à travers 58 pays, s’inquiète de la banalisation de pratiques ésotériques. Des solstices célébrés avec des prétendues « énergies ésotériques » émanant du sol, des médiums affirmant communiquer avec des animaux comme les chats, ou encore des marchés « magiques » vantant des objets chargés de pouvoir : ces éléments, présentés comme inoffensifs, seraient, selon les exorcistes, des vecteurs discrets mais réels d’influence occulte. Cette tendance s’inscrit dans un contexte plus large où, selon des sondages récents (comme celui de l’Ifop en 2022 mentionné par Le Figaro), la croyance en le paranormal touche une majorité de Français, avec plus de 58 % y adhérant.
La Position des Exorcistes : Un Appel à la Vigilance
Dans son communiqué du 13 juillet, l’AIE, dirigée par des figures comme le père Francesco Bamonte, vice-président et auteur de Il fascino oscuro di Halloween, met en garde contre les risques spirituels de ces pratiques. Pour les exorcistes, ces événements, même présentés comme ludiques ou culturels, peuvent involontairement ouvrir des individus à des influences démoniaques. Cette alerte s’inscrit dans une continuité avec leurs mises en garde précédentes, notamment autour d’Halloween en 2024, où ils dénonçaient une fête devenue un terrain fertile pour la sorcellerie et le satanisme.
L’AIE souligne que les organisateurs et participants, souvent inconscients, contribuent à une « falsification de l’histoire » en inventant des traditions sans fondement. À Calcata, par exemple, l’idée d’un village « magique » repose sur une réinterprétation moderne sans ancrage historique solide, tandis qu’à Villefranche-de-Conflent, les rituels, bien que folkloriques, flirtent avec des pratiques occultes. Les exorcistes appellent à une prise de conscience : ce qui commence comme une curiosité touristique peut évoluer vers une vulnérabilité spirituelle, surtout en période de crise de sens, où les individus cherchent des réponses rapides hors des cadres traditionnels.
Les Enjeux Spirituels et Culturels
Cette mise en garde s’inscrit dans un débat plus large sur la spiritualité contemporaine. Le père Jean-Christophe Thibaut, auteur de Nouveaux visages de l’ésotérisme (Artège, 2022), explique que l’attrait pour l’occultisme reflète une « self religion », où chacun fabrique sa propre spiritualité, souvent matérialiste et utilitariste. Cette tendance, particulièrement forte chez les jeunes (70 % des 18-24 ans y sont favorables selon des études récentes), s’oppose à une recherche authentique de la vérité ou de l’amour, piliers des traditions religieuses établies comme le christianisme.
Pour l’AIE, l’occultisme détourne l’homme de Dieu en le reliant à des puissances invisibles, une idée corroborée par le Catéchisme de l’Église Catholique (CEC 2117), qui condamne les pratiques occultes comme contraires à la vertu de religion. Cette alerte vise aussi à protéger les familles, souvent attirées par ces événements sans en mesurer les implications. Les exorcistes insistent : la fascination pour le mystère peut conduire à une dépendance psychologique ou spirituelle, nécessitant parfois des interventions comme l’exorcisme, une pratique ancienne mais toujours vivante dans l’Église.
Réactions et Perspectives
La mise en garde de l’AIE a suscité des réactions contrastées. Certains y voient une surinterprétation, arguant que ces festivals sont des expressions culturelles inoffensives. D’autres, notamment dans les milieux religieux, saluent cette initiative comme un rappel des dangers spirituels dans une société sécularisée. En France, où le tourisme représente une part essentielle de l’économie (plus de 200 milliards d’euros en 2024 selon les estimations), les autorités locales hésitent à intervenir, craignant de froisser les organisateurs ou les visiteurs.
Pour contrer cette dérive, l’AIE propose des alternatives positives, comme la promotion de célébrations chrétiennes estivales – processions, veillées de prière – pour recentrer les esprits sur des valeurs de paix et d’espérance. Cette approche fait écho à leurs suggestions pour Halloween, où ils encourageaient les familles à honorer la Toussaint avec des costumes de saints ou des prières pour les défunts.
Une Réflexion pour l’Avenir
À l’aube de l’été 2025, cette alerte des exorcistes invite à une réflexion sur le tourisme moderne. Si la quête d’expériences uniques est légitime, elle doit s’accompagner d’une vigilance face aux influences occultes qui se cachent derrière des attraits commerciaux. En un temps où la spiritualité est fragmentée et où les individus cherchent des réponses rapides, le message de l’AIE rappelle une vérité ancienne : toute recherche de sens mérite d’être éclairée par la prudence et la connaissance.
En conclusion, alors que les routes touristiques s’illuminent de mystères en cette saison, la voix des exorcistes résonne comme un écho salutaire. Elle nous pousse à nous interroger : le voyage vers l’invisible doit-il toujours être une quête de lumière, ou risque-t-il de nous plonger dans des ténèbres insoupçonnées ?
En cette période estivale, cette question reste ouverte, appelant à un équilibre entre curiosité et sagesse.