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Tourisme et Occultisme : la mise en garde des exorcistes en 2025

De notre confrère fr.aleteia.org

L’été 2025 marque une nouvelle étape dans l’évolution des pratiques touristiques, où le mystère et l’ésotérisme s’immiscent de plus en plus dans les destinations prisées. Du solstice d’été aux marchés « magiques », en passant par les festivals dédiés aux sorcières, de nombreux événements attirent les visiteurs avec des promesses de connexion spirituelle ou de plongée dans des légendes ancestrales.

Cependant, une mise en garde solennelle vient troubler cette fascination croissante : l’Association Internationale des Exorcistes (AIE), fondée en 1994 à Rome et reconnue par le Saint-Siège en 2014, a publié le 13 juillet 2025 un communiqué alarmant sur les dangers de l’occultisme qui se glisse insidieusement dans ces célébrations estivales. À 23:35 CEST ce 19 juillet 2025, alors que la saison touristique bat son plein, explorons cette alerte, ses implications et les enjeux spirituels qu’elle soulève dans un monde en quête de sens.

Un Phénomène en Pleine Émergence

Le tourisme occulte, qui mêle voyage et exploration de l’invisible, gagne du terrain, notamment en période estivale. En France, des événements comme la « fête de la sorcière » organisée le 6 juillet à Villefranche-de-Conflent, dans les Pyrénées-Orientales, attirent familles et curieux avec des rituels et des enseignements présentés comme des héritages culturels. À l’étranger, des lieux comme Calcata, un village italien du Latium vidé par l’exode rural après la Seconde Guerre mondiale, se réinventent depuis les années 1970 comme le « village des sorcières », grâce à l’arrivée d’artistes y voyant une aura « magique ». Ces initiatives, souvent motivées par des intérêts économiques, s’appuient sur des légendes locales amplifiées par les médias, créant des récits qui fascinent mais qui, selon l’AIE, déforment l’histoire et ouvrent des portes vers l’occultisme.

L’association, qui regroupe plus de 900 prêtres exorcistes à travers 58 pays, s’inquiète de la banalisation de pratiques ésotériques. Des solstices célébrés avec des prétendues « énergies ésotériques » émanant du sol, des médiums affirmant communiquer avec des animaux comme les chats, ou encore des marchés « magiques » vantant des objets chargés de pouvoir : ces éléments, présentés comme inoffensifs, seraient, selon les exorcistes, des vecteurs discrets mais réels d’influence occulte. Cette tendance s’inscrit dans un contexte plus large où, selon des sondages récents (comme celui de l’Ifop en 2022 mentionné par Le Figaro), la croyance en le paranormal touche une majorité de Français, avec plus de 58 % y adhérant.

La Position des Exorcistes : Un Appel à la Vigilance

Dans son communiqué du 13 juillet, l’AIE, dirigée par des figures comme le père Francesco Bamonte, vice-président et auteur de Il fascino oscuro di Halloween, met en garde contre les risques spirituels de ces pratiques. Pour les exorcistes, ces événements, même présentés comme ludiques ou culturels, peuvent involontairement ouvrir des individus à des influences démoniaques. Cette alerte s’inscrit dans une continuité avec leurs mises en garde précédentes, notamment autour d’Halloween en 2024, où ils dénonçaient une fête devenue un terrain fertile pour la sorcellerie et le satanisme.

L’AIE souligne que les organisateurs et participants, souvent inconscients, contribuent à une « falsification de l’histoire » en inventant des traditions sans fondement. À Calcata, par exemple, l’idée d’un village « magique » repose sur une réinterprétation moderne sans ancrage historique solide, tandis qu’à Villefranche-de-Conflent, les rituels, bien que folkloriques, flirtent avec des pratiques occultes. Les exorcistes appellent à une prise de conscience : ce qui commence comme une curiosité touristique peut évoluer vers une vulnérabilité spirituelle, surtout en période de crise de sens, où les individus cherchent des réponses rapides hors des cadres traditionnels.

Les Enjeux Spirituels et Culturels

Cette mise en garde s’inscrit dans un débat plus large sur la spiritualité contemporaine. Le père Jean-Christophe Thibaut, auteur de Nouveaux visages de l’ésotérisme (Artège, 2022), explique que l’attrait pour l’occultisme reflète une « self religion », où chacun fabrique sa propre spiritualité, souvent matérialiste et utilitariste. Cette tendance, particulièrement forte chez les jeunes (70 % des 18-24 ans y sont favorables selon des études récentes), s’oppose à une recherche authentique de la vérité ou de l’amour, piliers des traditions religieuses établies comme le christianisme.

Pour l’AIE, l’occultisme détourne l’homme de Dieu en le reliant à des puissances invisibles, une idée corroborée par le Catéchisme de l’Église Catholique (CEC 2117), qui condamne les pratiques occultes comme contraires à la vertu de religion. Cette alerte vise aussi à protéger les familles, souvent attirées par ces événements sans en mesurer les implications. Les exorcistes insistent : la fascination pour le mystère peut conduire à une dépendance psychologique ou spirituelle, nécessitant parfois des interventions comme l’exorcisme, une pratique ancienne mais toujours vivante dans l’Église.

Réactions et Perspectives

La mise en garde de l’AIE a suscité des réactions contrastées. Certains y voient une surinterprétation, arguant que ces festivals sont des expressions culturelles inoffensives. D’autres, notamment dans les milieux religieux, saluent cette initiative comme un rappel des dangers spirituels dans une société sécularisée. En France, où le tourisme représente une part essentielle de l’économie (plus de 200 milliards d’euros en 2024 selon les estimations), les autorités locales hésitent à intervenir, craignant de froisser les organisateurs ou les visiteurs.

Pour contrer cette dérive, l’AIE propose des alternatives positives, comme la promotion de célébrations chrétiennes estivales – processions, veillées de prière – pour recentrer les esprits sur des valeurs de paix et d’espérance. Cette approche fait écho à leurs suggestions pour Halloween, où ils encourageaient les familles à honorer la Toussaint avec des costumes de saints ou des prières pour les défunts.

Une Réflexion pour l’Avenir

À l’aube de l’été 2025, cette alerte des exorcistes invite à une réflexion sur le tourisme moderne. Si la quête d’expériences uniques est légitime, elle doit s’accompagner d’une vigilance face aux influences occultes qui se cachent derrière des attraits commerciaux. En un temps où la spiritualité est fragmentée et où les individus cherchent des réponses rapides, le message de l’AIE rappelle une vérité ancienne : toute recherche de sens mérite d’être éclairée par la prudence et la connaissance.

En conclusion, alors que les routes touristiques s’illuminent de mystères en cette saison, la voix des exorcistes résonne comme un écho salutaire. Elle nous pousse à nous interroger : le voyage vers l’invisible doit-il toujours être une quête de lumière, ou risque-t-il de nous plonger dans des ténèbres insoupçonnées ?

En cette période estivale, cette question reste ouverte, appelant à un équilibre entre curiosité et sagesse.

Pourquoi les Francs-maçons démissionnent-ils de leur Loge plus facilement aujourd’hui ?

La Franc-maçonnerie, avec ses rituels séculaires et ses idéaux de perfectionnement personnel, attire encore en 2025 de nombreux adeptes en quête de sens. Pourtant, un phénomène persistant émerge : les démissions. Qu’elles concernent des Apprentis novices, des Compagnons en transition ou même des Maîtres expérimentés, ces départs, souvent motivés par des attentes déçues, reflètent une évolution des mentalités au sein de cette fraternité philosophique.

Alors que les Francs-maçons d’aujourd’hui entrent en loge avec des objectifs précis et une patience limitée face à l’inconnu, ils passent parfois à côté des bienfaits profonds de la voie initiatique. Analysons les causes de ces démissions, en mettant en lumière les attentes modernes, les frustrations qui en découlent et la philosophie sous-jacente qui pourrait inverser cette tendance.

Crédit photo SAT

Les Attentes Modernes et la Déception Inévitable

En 2025, les francs-maçons arrivent en loge avec des attentes bien définies : une quête spirituelle immédiate, des débats intellectuels stimulants ou une camaraderie instantanée. Contrairement aux générations précédentes, qui abordaient l’initiation avec curiosité et ouverture, les membres actuels mesurent rapidement les résultats de leur engagement.

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Cette impatience face à la nouveauté, à l’inconnu ou à la découverte s’explique par un contexte sociétal où la satisfaction rapide prime avant tout. Lorsque les loges ne répondent pas à ces exigences – qu’il s’agisse de rituels mal exécutés, de réunions routinières ou de tensions interpersonnelles – la déception s’installe rapidement, poussant certains à changer d’atelier ou à démissionner.

Cette quête d’un retour tangible est exacerbée par une tendance à quantifier l’expérience maçonnique : nombre de tenues, qualité des échanges, progression dans les grades. Or, cette approche matérialiste détourne les membres des bienfaits subtils de la voie initiatique, comme la patience, l’introspection ou la découverte progressive de soi. Les données informelles, issues d’enquêtes menées par des obédiences en 2020, indiquent que 10 à 15 % des membres quittent leur loge dans les cinq premières années, souvent dès la première année pour les Apprentis, un taux qui semble croître avec les attentes modernes.

Le Témoignage des Anciens : Une Magie dans l’Inattendu

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De nombreux vieux maçons, interrogés en 2025, affirment être restés en loge pour des raisons totalement différentes de celles qui les avaient initialement attirés. Entrés par curiosité, par tradition familiale ou par idéal philosophique, ils ont découvert au fil du temps une richesse inattendue : des liens fraternels profonds, des leçons tirées d’échecs ou des révélations personnelles sur leur propre nature. Cette magie réside justement dans l’écart entre l’intention initiale et l’expérience vécue, un processus que les nouveaux membres, pressés par leurs attentes, peinent à apprécier.

Cette évolution contraste avec l’époque où la franc-maçonnerie attirait des esprits prêts à s’égarer dans l’inconnu. Aujourd’hui, la hâte de voir des résultats concrets empêche souvent de saisir la valeur de l’errance initiatique, où le sens émerge après coup, non pas par une décision préalable de l’esprit.

La Philosophie Profonde : L’Art de Se Perdre pour Se Trouver

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La franc-maçonnerie, dans sa quintessence, ne cherche pas à valider ce que nous savons déjà ou à se conformer à nos désirs matériels – une telle approche n’aurait aucun intérêt. Sa philosophie repose sur une dynamique radicalement différente : laisser la flèche de la vie se planter dans une zone inattendue, puis travailler sur le sens de ce résultat. Trop souvent, en 2025, notre esprit décide à l’avance de ce que nous attendons – succès, reconnaissance, savoir – et nous exigeons que nos actes s’alignent. Pourtant, la réalité fonctionne à l’inverse : la vie décide, et il nous incombe d’attribuer un sens à ce qui advient, pour en tirer le meilleur.

C’est en se perdant sur le chemin que de nouvelles routes se révèlent, menant à une découverte de soi authentique. Une loge, en ce sens, est un athanor – un creuset alchimique – où se rencontrent des individus que nos critères habituels de sélection (classe sociale, croyances, intérêts) auraient exclus. Cet inconfort initial, fait de différences et de zones d’ombre, devient le matériau brut de l’évolution. En explorant ces ombres – nos préjugés, nos peurs, nos limites – et en les éclairant par la réflexion et le dialogue, les francs-maçons progressent vers la Lumière. Cette Lumière ne signifie pas un éclat superficiel ou une brillance éphémère, mais une clarté intérieure, une compréhension profonde de soi et des autres.

Les Défis Actuels : Entre Tradition et Modernité

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Les tensions interpersonnelles, les rituels parfois mal compris ou les loges mal gérées amplifient ce fossé entre attentes et réalité. Les réunions virtuelles, adoptées pendant la pandémie et encore en usage en 2025, ont accentué l’isolement pour certains, rendant l’expérience moins immersive. Les Loges peinent à s’adapter à cette nouvelle génération qui exige des réponses immédiates. Cette impatience, couplée à une méconnaissance des bienfaits à long terme de l’initiation, explique pourquoi tant de membres abandonnent avant d’avoir exploré la profondeur de leur cheminement.

Vers une Réconciliation avec l’Inconnu

Pour inverser cette tendance, la franc-maçonnerie pourrait réaffirmer sa vocation initiatique en valorisant l’inconfort comme une porte vers la croissance. Plutôt que de répondre aux attentes préétablies, les loges pourraient encourager leurs membres à embrasser l’incertitude, à dialoguer avec des perspectives divergentes et à trouver du sens dans l’imprévu. Les anciens, avec leur expérience de cette magie inattendue, pourraient jouer un rôle de mentors, guidant les novices vers une patience réapprise.

En conclusion, les démissions en loge en 2025 traduisent une fracture entre les attentes modernes et la philosophie profonde de la franc-maçonnerie. Si les francs-maçons d’aujourd’hui cherchent des résultats quantifiables, la voie initiatique les invite à se perdre pour se trouver, à transformer l’inconnu en Lumière. C’est dans cette tension entre matière et esprit, entre décision et découverte, que réside la véritable richesse de la franc-maçonnerie – une richesse que trop abandonnent avant d’en saisir la portée.

Livre à lire sur ce sujet

Autre article sur ce thème

Frantz Fanon : la Grande Loge Mixte Universelle salue un siècle d’héritage émancipateur

Le communiqué de presse :

« Il y a cent ans naissait Frantz Fanon, figure de l’émancipation et de la pensée décoloniale.

À l’occasion du centenaire de la naissance de Frantz Fanon, psychiatre, militant antiraciste et anticolonialiste intransigeant, la Grande Loge Mixte Universelle salue sa mémoire et son héritage intellectuel et humaniste qui continue d’être une source d’inspiration pour des générations d’intellectuels, d’intellectuelles, de militants et de militantes.

Frantz Fanon et son équipe médicale - Hôpital psychiatrique Blida (1953 - 1956)
Frantz Fanon et son équipe médicale – Hôpital psychiatrique Blida (1953 – 1956)

Frantz Fanon, décédé le 6 décembre 1961, était un humaniste de combat, dont la pensée résonne plus que jamais dans notre époque confrontée aux défis du racisme systémique, des inégalités sociales et des violences héritées du colonialisme.

Par ses ouvrages majeurs, Peau noire, masques blancs et Les Damnés de la Terre, Frantz Fanon a porté une parole à la fois puissante et subversive, invitant à repenser la condition humaine et les dynamiques de pouvoir.

Hôpital Frantz Fanon de Béjaïa
Hôpital Frantz Fanon de Béjaïa

Honorer Frantz Fanon aujourd’hui, c’est affirmer la continuité de son combat pour la justice et l’égalité dans un monde encore traversé par les discriminations. C’est témoigner que la pensée critique et la quête d’émancipation des hommes et des femmes demeurent des luttes contemporaines, au cœur même du projet humaniste.

Plaque de la rue Frantz Fanon - Paris XXe arr.
Plaque de la rue Frantz Fanon – Paris XXe arr.

Notre appel

Fidèle à ses principes de liberté de conscience, d’émancipation humaine, de justice sociale et de lutte contre toutes les formes de domination, la GLMU plaide pour une reconnaissance officielle renforcée de l’héritage de Frantz Fanon, notamment à travers son inscription dans les programmes éducatifs, les débats publics, et les lieux de mémoire.

Bernard Dekoker-Suarez
Grand Maître de la GLMU

Montreuil, le 20 juillet 2025 »

Frantz Fanon - "Peau noire, masques blancs"
Frantz Fanon – « Peau noire, masques blancs »

La Bhagavad-Gītā : Un texte de sagesse et ses échos dans la Franc-maçonnerie

Au cœur de la tradition hindoue, la Bhagavad-Gītā (Chant du Seigneur), souvent abrégée en Gītā, occupe une place centrale comme l’un des textes philosophiques et spirituels les plus influents de l’histoire. Datant approximativement du IIe siècle avant J.-C. au Ve siècle après J.-C., selon les estimations des chercheurs, ce poème épique de 700 versets est inséré dans le grand récit du Mahābhārata, spécifiquement dans son sixième livre, le Bhīṣma Parva.

Explorons en détail ce chef-d’œuvre spirituel, son contexte, ses enseignements et ses surprenantes résonances avec la franc-maçonnerie, une fraternité philosophique née bien plus tard mais partageant des idéaux universels.

Contexte historique et littéraire

La Bhagavad-Gītā se déroule sur le champ de bataille de Kurukshetra, où le prince Arjuna, confronté à la guerre imminente contre ses propres cousins, les Kauravas, hésite à combattre. Son charriotier, Krishna, se révèle être une incarnation divine (avatar) de Vishnou et lui dispense un enseignement profond sur le devoir (dharma), la dévotion (bhakti), la connaissance (jnana) et l’action désintéressée (karma yoga).

Ce dialogue, structuré en 18 chapitres, transcende le cadre guerrier pour devenir une méditation universelle sur la vie, la mort et l’âme.

Le texte, rédigé en sanskrit, est attribué à Vyāsa, bien que sa composition ait probablement évolué sur plusieurs siècles. Il synthétise diverses écoles de pensée hindoues : le védisme, le yoga, le sankhya et le vedānta. Les manuscrits les plus anciens, comme ceux retrouvés dans les grottes d’Ajanta, datent du IVe siècle après J.-C., mais des fragments oraux plus anciens sont supposés exister. Traduite pour la première fois en Europe par Charles Wilkins en 1785 sous le patronage de la Compagnie des Indes orientales, la Gītā a influencé des penseurs comme Ralph Waldo Emerson, Henry David Thoreau et, plus tard, Mahatma Gandhi, qui y voyait un guide pour la non-violence et la résistance spirituelle.

Structure et enseignements principaux

La Bhagavad-Gītā est divisée en 18 chapitres, chacun abordant un aspect de la quête spirituelle. Voici les thèmes majeurs :

  1. Le dilemme d’Arjuna (chapitre 1) : Arjuna exprime son désarroi face à la guerre fratricide, posant les bases de la réflexion éthique.
  2. La voie du devoir (chapitres 2-3) : Krishna enseigne le karma yoga, l’action sans attachement aux fruits, et insiste sur le dharma personnel, le devoir conforme à sa nature.
  3. La connaissance et la discipline (chapitres 4-6) : Le jnana yoga (voie de la connaissance) et le dhyana yoga (méditation) sont présentés comme des moyens de transcender l’ego.
  4. La dévotion (chapitres 7-12) : Le bhakti yoga, amour et dévotion envers Dieu, est exalté comme une voie accessible à tous.
  5. La cosmologie et l’éternité (chapitres 13-15) : Krishna révèle sa nature divine et l’immortalité de l’âme (atman), distincte du corps périssable.
  6. La renonciation et la libération (chapitres 16-18) : Le texte conclut sur la nécessité de renoncer aux désirs égoïstes pour atteindre la moksha (libération).

Un verset emblématique, 2.47 (« Tu as droit à l’action, mais non à ses fruits »), résume l’éthique du détachement, tandis que la vision cosmique de Krishna au chapitre 11, où il se manifeste sous sa forme universelle, illustre la transcendance divine. Le texte oscille entre monisme (l’âme et le divin sont une) et théisme (dévotion à un dieu personnel), reflétant sa richesse philosophique.

Influence culturelle et spirituelle

La Bhagavad-Gītā a transcendé l’Inde pour devenir un texte universel. En Occident, elle a inspiré le mouvement transcendantaliste américain et les philosophies New Age. Gandhi l’a utilisée comme un manuel de résistance passive pendant la lutte pour l’indépendance indienne, interprétant le champ de bataille comme une métaphore de la lutte intérieure. Des études modernes, comme celles de l’Indologist Georg Feuerstein, soulignent son impact sur la psychologie, notamment via la gestion des conflits internes et la quête de sens.

Similitudes avec la franc-maçonnerie : une quête commune de lumière

La franc-maçonnerie, née au 18e siècle avec la Grande Loge de Londres, partage avec la Bhagavad-Gītā des thèmes profonds, malgré leurs origines et contextes distincts. Examinons deux aspects clés de cette convergence.

1. L’initiation et la transformation personnelle

Dans la Gītā, l’initiation d’Arjuna par Krishna symbolise un passage d’un état de doute à une compréhension éclairée. De même, la franc-maçonnerie structure son parcours initiatique en trois grades – Apprenti, Compagnon, Maître – où le candidat progresse par des rituels et des symboles pour atteindre une « lumière intérieure ». Le temple maçonnique, comme le champ de Kurukshetra, devient un espace métaphorique où l’individu affronte ses propres conflits. Les outils des maçons (équerre, compas) évoquent les disciplines yogiques de la Gītā (contrôle du corps, de l’esprit), visant à aligner l’âme sur un ordre supérieur.

2. Le devoir et l’universalité des valeurs

Krishna insiste sur le dharma d’Arjuna, un devoir adapté à sa caste et à sa situation, tout en prônant une éthique universelle de justice et de détachement. La franc-maçonnerie, avec ses idéaux de fraternité, d’égalité et de vérité, transcende les frontières sociales et religieuses, un écho à l’universalisme de la Gītā. Les francs-maçons, comme Arjuna guidé par Krishna, cherchent à harmoniser leur action personnelle avec un bien collectif, souvent à travers des œuvres philanthropiques, parallèles à la notion hindoue de seva (service désintéressé).

Différences et complémentarités

Malgré ces parallèles, des divergences existent. La Bhagavad-Gītā est ancrée dans une cosmologie hindoue avec des concepts comme la réincarnation, absents de la maçonnerie, qui s’inspire davantage des traditions judéo-chrétiennes et des Lumières. Tandis que la Gītā propose une voie spirituelle explicite vers la moksha, la franc-maçonnerie se concentre sur une amélioration morale et sociale, laissant la métaphysique à l’interprétation personnelle. Cependant, ces différences enrichissent leur dialogue : la Gītā offre une profondeur spirituelle que la maçonnerie peut intégrer, tandis que cette dernière apporte une structure fraternelle à l’individualisme de la quête hindoue.

Un héritage vivant

En ce 18 juillet 2025, la Bhagavad-Gītā reste un texte vivant, étudié par des millions de personnes à travers le monde, de l’Inde aux cercles philosophiques occidentaux. Ses enseignements sur le devoir, la dévotion et la libération résonnent avec les aspirations humaines universelles, trouvant un écho inattendu dans la franc-maçonnerie.

Ensemble, ils illustrent une quête intemporelle de lumière et de sens, reliant des traditions séparées par des millénaires mais unies par une même recherche de vérité. Que ce soit sur les champs de Kurukshetra ou dans les temples maçonniques, l’humanité continue de puiser dans ces sagesses pour façonner son destin.

Cahier Vacances

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Il ne faut pas perdre la main sauf dans certains cas utiles peut être.

Aussi je vous propose un moment vintage avec le « Cahier Vacances », car il arrive que l’on s’y perde en Franc-maçonnerie. Par exemple, on parle tous des constitutions d’Anderson mais qu’en est il exactement ? Voilà un sujet qui peut vous occuper durant des heures. C’est un sujet que se plait à citer de nombreux biographes et de Franc-maçons érudits.

On plonge avec ce sujet dans les méandres de l’histoire et il y a matière à combler les vides et les incertitudes laissés depuis des siècles.

Premier excercice

origines de la franc-maçonnerie

Je vous propose donc ce premier exercice qui commence par les origines de la Franc-maçonnerie, une idée pour agrémenter vos vacances et comme

Deuxieme excercice

pourquoi ne pas enchaîner par un classique qui a fait ses preuves :

Le cabinet de réflexion

le cabinet de réflexion, c’est un exercice un peu fastidieux, mais au combien riche en symbolisme.

Avec le temps et les années on le laisse de côté et chaque retour dans ce cabinet nous émerveille de nouveau. Je le qualifierai d’incontournable à garder près de sa table de chevet de vacances ! 

Je laisse la place au Grand René car je crois qu’il a commencé le premier exercice dans sa vidéo ci-dessous :

Deux rites, une Lumière : Belgique et France face au miroir du Rite Français

Une seule racine, deux rameaux, une même quête !

À la suite de notre article « L’Europe sous l’Équerre et le Compas : une odyssée maçonnique depuis la Belgique », paru ici-même, plusieurs lecteurs ont posé une question récurrente :

Le Régulateur du Maçon 1801 - Source BnF-Gallica
Le Régulateur du Maçon 1801 – Source BnF-Gallica

Le Rite Français Moderne tel qu’il est pratiqué en Belgique est-il identique au Rite Français originel ? Et en quoi diffère-t-il du Régulateur du Maçon 1801, gardé vivant en France au sein de plusieurs Obédiences ?

Voici une réponse sous forme de voyage comparatif… Deux rites nés d’une même source, mais façonnés par deux histoires, deux cultures, deux philosophies. Deux rameaux, et pourtant la même sève : conduire l’homme des ténèbres à la Lumière.

Une fraternité d’origine, deux histoires façonnées par le temps

Le Rite Français Moderne et le Régulateur du Maçon partagent une même racine : la maçonnerie des Modernes, issue de la Grande Loge de Londres et de Westminster de 1717. À la fin du XVIIIe siècle, en France, le Grand Orient codifie le Rite Français (1783-1786) et publie en 1801 le « Régulateur du Maçon », sous la direction d’Alexandre Roëttiers de Montaleau (illustration de droite), garant d’une cohérence initiatique : trois grades bleus, prolongés par quatre Ordres de Sagesse, organisés comme une échelle ascendante.

Mais après 1815, l’histoire scinde ce tronc commun

Sceau-GOB
Sceau GOB
  • En Belgique, la franc-maçonnerie, confrontée à la puissance de l’Église catholique, se politise et se laïcise. Le Grand Orient de Belgique (GOB) supprime en 1872 toute obligation d’invoquer le Grand Architecte de l’Univers. Le rite se simplifie, se libéralise, devient un outil d’émancipation morale et sociale, amputé des Ordres de Sagesse. Il se concentre sur les trois grades bleus, ouverts à tous sans condition métaphysique.
  • En France, plusieurs Obédiences, telles la Grande Loge Nationale Français (GLNF) ou encore L’Alliance par exemple, préservent fidèlement le Régulateur du Maçon. Elle maintient la référence au Grand Architecte, conserve la structure symbolique originelle, et garde la continuité des Ordres supérieurs. Le rite demeure une voie initiatique complète, enracinée dans le Temple mythique de Salomon.

Ainsi naissent deux rameaux : l’un horizontal, humaniste, laïc, l’autre vertical, symbolique, métaphysique.

Une dramaturgie identique au seuil de l’initiation

Malgré leurs divergences, le cœur du 1er grade est inchangé.

Dans les deux rites, le profane est conduit dans le Cabinet de réflexion. Là, il contemple le sablier, le crâne, le pain et l’eau, les maximes qui l’invitent à méditer sur la fragilité de la vie. Il rédige son testament philosophique, signe qu’il quitte symboliquement son ancienne existence.

Puis il est introduit les yeux bandés. Il traverse des voyages qui l’éprouvent : le bruit et la confusion, les forces des éléments. Il prête serment, engageant son honneur devant la Loge. Enfin, le bandeau tombe : il voit le pavé mosaïque, les colonnes, les Frères assemblés.

Dans les deux rites, le nouvel Apprenti comprend qu’il n’est qu’une pierre brute, à tailler par son travail intérieur.

Tableau d'apprenti selon le Régulateur de 1801
Tableau d’apprenti selon le Régulateur de 1801

Mais des différences profondes dans la mise en sens

C’est après cette expérience que les nuances apparaissent. Car chaque rite lui donne une lecture différente.

Les colonnes : mémoire du Temple ou simple seuil

Dans le Régulateur du Maçon, les colonnes Jakin et Boaz sont fidèlement placées : J au Nord pour les Apprentis, B au Sud pour les Compagnons. Elles rappellent le porche du Temple de Salomon et marquent l’entrée dans l’Histoire mythique du peuple de la Lumière.

Dans le Moderne belge, les colonnes sont souvent inversées, sous influence écossaise ou britannique. Elles deviennent un symbole plus général de dualité : l’ombre et la lumière, la force et la stabilité. Le lien au Temple biblique s’estompe, remplacé par une lecture plus philosophique et laïque.

Les voyages : éléments de la nature ou étapes de la Création

Dans le Moderne belge, l’initié traverse quatre voyages, chacun lié à un élément : Terre, Air, Eau, Feu. Il expérimente la matière, la légèreté, la régénération et la purification. Cette symbolique est naturaliste et alchimique, héritée du compagnonnage : purifier l’homme par les forces de la nature.

Dans le Régulateur, il n’y a que trois voyages : le chaos et le bruit du monde profane, la purification par l’Eau, la transformation par le Feu. Ils évoquent le plan biblique de la Création : passer du désordre à l’harmonie.

Deux logiques : l’une terrestre, l’autre cosmique.

Tablier de vénérable au Rite français moderne (régulateur 1801)
Tablier de vénérable au Rite français moderne (régulateur 1801)

Les outils : moralité sociale ou chemin initiatique

Dans les deux rites, l’Apprenti reçoit le maillet, le ciseau et la jauge. Mais le discours qui les accompagne change.

  • En Belgique, le maillet corrige les passions, le ciseau affine le caractère, la jauge mesure la juste répartition du temps. Les outils servent à devenir un homme meilleur dans la cité.
  • En France, le maillet est la force qui brise l’ignorance, le ciseau est la connaissance qui détache les scories de l’âme, la jauge est la mesure du plan cosmique. Les outils servent à éveiller l’initié à une dimension supérieure.

La pierre brute, dans le Moderne belge, est l’homme social ; dans le Régulateur, elle est l’homme spirituel.

Le pavé mosaïque : dualité morale ou ordre universel

Lorsque le bandeau tombe, l’Apprenti voit le pavé mosaïque.

  • Dans le Moderne belge, il est la dualité du monde : joie et peine, lumière et ombre, bien et mal, que l’homme doit accepter pour bâtir une société plus juste.
  • Dans le Régulateur, il est le reflet de la Création tout entière : un équilibre éternel des contraires, sous l’œil du Grand Architecte.

L’un est une leçon morale, l’autre une clé métaphysique.

Tablier de Maître Maçon du XIXe siècle
Tablier de Maître Maçon du XIXe siècle

Les Lumières : conquête humaine ou révélation verticale

La Lumière est aussi comprise différemment.

  • En Belgique, elle est horizontale : elle éclaire la raison, libère l’homme des dogmes, révèle sa dignité. Elle est une conquête humaine.
  • En France, au Régulateur, elle est verticale : elle descend comme un don, elle rappelle le Verbe créateur : « Au commencement était la Lumière… »

Deux Lumières : l’une pour la cité, l’autre pour le Temple.

Les Ordres de Sagesse : la complétude ou le fragment

Drapeau de la Belgique
Drapeau de la Belgique
Drapeau français
Drapeau de la France

Enfin, la différence la plus lourde est dans la suite du chemin.

  • En Belgique, le Moderne s’arrête à la Maîtrise. Les Ordres supérieurs ont été perdus, le rite est devenu un vestibule, qui mène souvent au REAA ou à d’autres systèmes.
  • Au Régulateur, les quatre Ordres de Sagesse et le cinquième Ordre final prolongent la progression. C’est une voie complète, du porche du Temple jusqu’à ses Chambres secrètes.

Ainsi, le Moderne belge est fragmentaire, le Régulateur est total.

Deux philosophies implicites

Ces divergences racontent deux visions de la Franc-Maçonnerie :

  • Le Moderne belge est un rite humaniste : il forme des citoyens libres et éclairés, il travaille à la cité fraternelle.
  • Le Régulateur du Maçon est un rite initiatiquement complet : il forme des hommes conscients de leur place dans un plan symbolique et universel.

Mais ils partagent une même mission : polir la pierre brute, améliorer l’homme.

Tableau comparatif synthétique

AspectRite Moderne belge (GOB)Régulateur du Maçon 1801
ContexteLaïcisé, progressiste, libéralTraditionnel, régulier, symbolique
ColonnesInversées, dualité moraleFidèles au Temple de Salomon, seuil initiatique
VoyagesQuatre éléments (nature, alchimie)Trois voyages (chaos, eau, feu – plan cosmique)
OutilsInstruments moraux pour la citéInstruments initiatiques pour l’âme
Pavé mosaïqueDualité du monde socialOrdre universel des contraires
LumièreHorizontale, raison humaineVerticale, révélation symbolique
Ordres supérieursAbsents (rite fragmentaire)Présents (rite complet, quatre Ordres + 5e Ordre)
FinalitéÉmancipation individuelle et collectiveTransformation spirituelle et universelle

Une même porte, deux chemins

Et pourtant, malgré tout cela, le cœur initiatique est le même.

Tablier du 4e ordre du Rite français moderne
Tablier du 4e ordre du Rite français moderne

Dans les deux rites, l’Apprenti quitte son ancienne vie, traverse la confusion, prête serment, reçoit la Lumière. Dans les deux rites, il comprend que la pierre brute doit être taillée. Dans les deux rites, il s’engage à travailler sur lui-même pour être utile aux autres.

Le Rite Moderne belge polit la pierre pour qu’elle s’intègre dans la société des hommes. Le Régulateur polit la pierre pour qu’elle reflète la lumière du Temple universel. Mais au fond, on ne bâtit pas la cité sans bâtir l’âme, et on n’élève pas le Temple sans aimer les hommes.

Citation en exergue

« Deux rites, deux finalités apparentes. Mais une seule voix : Travaille, persévère, et deviens l’ouvrier de toi-même. »

Tableau de loge 2e Grade du Rite Français - Source Eosphoros
Tableau de loge 2e Grade du Rite Français – Source Eosphoros

Conclusion

Notre précédent article « L’Europe sous l’Équerre et le Compas » avait ouvert la réflexion sur la franc-maçonnerie belge. Cette étude comparative montre que, derrière les différences formelles, le Rite Français garde sa mission : initier l’homme, l’éclairer, le faire grandir.

Le Moderne belge est un rite façonné par la liberté de conscience et la société humaine. Le Régulateur du Maçon est un rite préservé dans sa dimension initiatique et symbolique. Deux visages, une même quête : conduire chacun de nous vers la Lumière.

Sources de cette étude :

  • Pour le Rite Français Moderne en Belgique : le Cahier du Premier Grade, tel que pratiqué à l’Orient de Nivelles, sous les auspices de la Grande Loge Régulière de Belgique (GLRB) – Obédience dite « régulière et de tradition », au sein de la Respectable Loge Charles de Lorraine, n°29 ;
  • Pour la France : le rituel d’Apprenti du Rite Français, selon le Rituel de 1785, imprimé en 1801 sous le titre Régulateur du Maçon 3e édition, 2014) de la Grande Loge Nationale Française (GLNF), Obédience dite « régulière et de tradition ». Précisons que cette édition est le fruit des remarquables Travaux de la Loge Nationale d’Instruction (LNI) Philibert de l’Orme, d’après les textes historiques…

Illustrations : Wikimedia Commons ; Eosphoros (GL-AMF, dite L’Alliance)

Autre article sur ce thème

« Constitutions d’Anderson » : Le Texte

Les « Constitutions d’Anderson » sont l’un des textes fondamentaux de la Franc-Maçonnerie moderne puisqu’il s’agit des premières constitutions de la première Grande Loge.
Elles doivent cependant être replacées dans leur contexte et ne constituent en aucun cas une loi immuable de la Franc-Maçonnerie, puisqu’elles furent modifiées, en Angleterre même, dès 1738. Le texte intégral des Constitutions d’Anderson est fort long, il contient toutes sortes de choses, y compris des chansons. Vous trouverez ci-dessous la traduction de leur partie la plus connue et la plus souvent mentionnée, à savoir les « anciennes obligations ».

Les Anciennes Obligations des MAÇONS FRANCS ET ACCEPTES

TÊTES DE CHAPITRES
savoir:
I – Concernant DIEU et la RELIGION.
II – Du MAGISTRAT CIVIL Suprême et Subordonné.
III – Des LOGES
IV – Des MAITRES, Surveillants, Compagnons et Apprentis
V – De la Direction du MÉTIER pendant le travail.
VI – De la CONDUITE, à savoir:
. 1. Dans la Loge quand elle est constituée.
. 2. Conduite après la fermeture de la Loge et avant le départ des Frères.
. 3. Conduite quand des Frères se rencontrent sans présence Etrangère mais hors d’une
Loge constituée.
.4. Conduite en présence d’Étrangers non Maçons.
. 5. Conduite Chez Vous et dans votre Entourage.
. 6. Conduite envers un Frère étranger
Recueillies par l’Auteur dans leurs Anciennes Archives, sur l’ordre du Grand Maître,
l’actuel Duc de Montaigu.
Approuvées par la Grande Loge et imprimées par ordre dans la première Édition du
Livre des Constitutions, le 25 mars 1722.

I. – Concernant DIEU et la RELIGION
Un MAÇON est obligé par sa Tenure d’obéir à la Loi morale et s’il comprend bien
l’Art, il ne sera jamais un Athée stupide, ni un Libertin irreligieux. Mais, quoique dans
les Temps anciens les Maçons fussent astreints dans chaque pays d’appartenir à la
Religion de ce Pays ou de cette Nation, quelle qu’elle fût, il est cependant considéré
maintenant comme plus expédient de les soumettre seulement à cette Religion que
tous les hommes acceptent, laissant à chacun son opinion particulière, et qui consiste
à être des Hommes bons et loyaux ou Hommes d’Honneur et de Probité, quelles que
soient les Dénominations ou Croyances qui puissent les distinguer; ainsi, la
Maçonnerie devient le Centre d’Union et le Moyen de nouer une véritable Amitié
parmi des Personnes qui eussent dû demeurer perpétuellement Éloignées.

II. – Du MAGISTRAT CIVIL SUPRÊME et SUBORDONNÉ
Un Maçon est un paisible Sujet à l’égard des Pouvoirs Civils, en quelque lieu qu’il
réside ou travaille, et ne doit jamais être mêlé aux Complots et Conspirations contre la
Paix et le Bien-Être de la Nation, ni manquer à ses devoirs envers les Magistrats
inférieurs; car la Maçonnerie a toujours pâti de la Guerre, de l’Effusion de Sang et du
Désordre; aussi les anciens Rois et Princes ont toujours été fort disposés à encourager
les Frères, en raison de leur Caractère Pacifique et de leur Loyauté par lesquelles ils
répondaient en fait aux chicanes de leurs Adversaires et défendaient l’Honneur de la
Fraternité qui fut toujours florissante dans les Périodes de Paix.
Aussi, si un Frère devenait Rebelle envers l’État, il ne devrait pas être soutenu dans sa
Rébellion, quelle que soit la pitié que puisse inspirer son infortune; et s’il n’est
convaincu d’aucun autre Crime, bien que la loyale Confrérie ait le devoir et
l’obligation de désavouer sa Rébellion, pour ne provoquer aucune Inquiétude ni
Suspicion politique de la part du Gouvernement au pouvoir, il ne peut pas être chassé
de la Loge et ses relations avec elle demeurent indissolubles.

III. – Des LOGES
Une LOGE est un lieu où des Maçons s’assemblent pour travailler : d’où le nom de
LOGE qui est donné à l’Assemblée ou à la Société de Maçons régulièrement
organisée, et l’obligation pour chaque Frère d’appartenir à l’une d’elles et de se
soumettre à ses Règlements Particuliers ainsi qu’aux Règlements Généraux. La Loge
est soit particulière, soit générale et plus on la fréquente, mieux on la comprend, de
même que les Règlements de la Loge générale ou Grande Loge annexés ci- après.
Dans les Temps anciens, aucun Maître ou Compagnon ne pouvait s’en absenter,
spécialement lorsqu’il y avait été convoqué, sans encourir une sévère Censure à moins
que le Maître ou les Surveillants n’aient constaté qu’il en avait été empêché par une
impérieuse nécessité.
Les Personnes admises comme membres d’une Loge doivent être des Hommes bons et
loyaux, nés libres, ayant l’Age de la maturité d’esprit et de la Prudence, ni Serfs ni
femmes ni Hommes immoraux ou scandaleux, mais de bonne réputation.

IV. – Des MAITRES, SURVEILLANTS, COMPAGNONS et APPRENTIS
Toute Promotion parmi les Maîtres Maçons est fondée uniquement sur la Valeur
réelle et sur le Mérite personnel; afin que les Seigneurs puissent être bien servis, que
les Frères ne soient pas exposés à l’Humiliation et que l’Art Royal ne soit point décrié
: pour cela aucun Maître ou Surveillant n’est choisi à l’Ancienneté, mais bien pour son
Mérite. Il est impossible de dépeindre ces choses par écrit, chaque Frère doit rester à
sa propre place et les étudier selon les méthodes particulières de cette Confrérie. Tout
ce que les Candidats peuvent savoir c’est qu’aucun Maître n’a le droit de prendre un
Apprenti s’il n’a pas un Travail suffisant à lui fournir et s’il n’est pas un Jeune Homme
parfait ne souffrant d’aucune Mutilation ou Tare Physique qui puisse l’empêcher
d’apprendre l’Art et de servir le Seigneur de son Maître et de devenir un Frère, puis un
Compagnon en temps voulu après avoir durant le Nombre d’Années fixé par la
Coutume du Pays; et s’il n’est issu de Parents honnêtes; ceci afin qu’après avoir acquis
les qualités requises il puisse parvenir à l’Honneur d’être le Surveillant, puis le Maître
de la Loge, le Grand Surveillant et enfin, selon son Mérite, le Grand Maître de toutes
les Loges.

Nul Frère ne peut être Surveillant avant d’avoir passé le degré de Compagnon; ni
Maître avant d’avoir occupé les fonctions de Surveillant; ni Grand Surveillant avant
d’avoir été Maître d’une Loge, ni Grand Maître s’il n’a pas été Compagnon avant son
Election. Celui-ci doit être, en outre, de noble naissance ou GENTILHOMME de
bonnes Manières ou quelque SAVANT éminent ou quelque ARCHITECTE distingué
ou quelque autre HOMME DE L’ART d’une honnête ascendance et jouissant d’une
grande Estime personnelle dans l’Opinion des Loges. Et afin de pouvoir s’acquitter le
plus utilement, le plus aisément et le plus honorablement de son Office, le Grand
Maître détient le pouvoir de choisir son propre Député Grand Maître qui doit être
alors ou avoir été précédemment le Maître d’une Loge particulière et qui a le Privilège
d’agir comme le ferait le Grand Maître lui-même, son Commettant, sauf quand le dit
Commettant est présent ou qu’il manifeste son Autorité par une Lettre.
Ces Administrateurs et Gouverneurs, supérieurs et subalternes de la Loge ancienne,
doivent être obéis dans leurs Fonctions respectives par tous les Frères, conformément
aux Anciennes Obligations et Règlements, en toute Humilité, Révérence, Amour et
Diligence.

V. – De la Direction du Métier pendant le Travail
Tous les Maçons travailleront honnêtement pendant les jours ouvrables afin de
profiter honorablement des jours de fête; et l’horaire prescrit par la Loi du Pays ou
fixé par la coutume sera respecté.

Le Compagnon Maçon le plus expert sera choisi ou délégué en qualité de Maître ou
Surintendant des Travaux du Seigneur; ceux qui travaillent sous ses ordre l’appelleront Maître. Les Ouvriers doivent éviter tout Langage déplacé, et ne point se donner entre eux de sobriquets désobligeants, mais s’appeler Frère ou Compagnon; et se conduire avec courtoisie à l’intérieur de la Loge.

Le Maître, confiant en son Habileté, entreprendra les Travaux du Seigneur aussi
raisonnablement que possible et tirera parti des matériaux comme s’ils étaient à lui, ne
donnant à aucun Frère ou Apprenti plus que le salaire qu’il mérite vraiment.
Le Maître et les Maçons recevant chacun leur juste Salaire seront fidèles au Seigneur
et achèveront leur Travail consciencieusement, qu’il soit à la Tâche ou à la Journée; et
ils n’effectueront pas à la Tâche l’Ouvrage qu’on a l’habitude de faire à Temps.
Nul ne se montrera Envieux de la Prospérité d’un Frère ni ne le supplantera, ni ne
l’écartera de son Travail s’il est capable de le mener à bien; car personne ne peut
achever le Travail d’autrui, à l’avantage du Seigneur, sans être parfaitement au courant
des Projets et Conceptions de celui qui l’a commencé.

Quand un Compagnon Maçon est désigné comme Surveillant des Travaux sous la
conduite du Maître, il sera équitable tant à l’égard du Maître que des Compagnons,
surveillera avec soin le Travail en l’absence du Maître dans l’intérêt du Seigneur; et
ses Frères lui obéiront. Tous les Maçons employés recevront leur salaire uniment, sans Murmure ni Révolte, et ne quitteront pas le Maître avant l’achèvement du Travail.

On instruira un Frère plus jeune dans le travail pour que les Matériaux ne soient point
gâchés par manque d’Expérience et pour accroître et consolider l’Amour Fraternel.
On n’utilisera dans le travail que les Outils approuvés par la Grande Loge.
Aucun Manoeuvre ne sera employé aux Travaux propres à la Maçonnerie; et les
Francs-Maçons ne travailleront pas avec ceux qui ne sont pas francs, sauf nécessité
impérieuse; et ils n’instruiront ni les Manoeuvres ni les Maçons non acceptés, comme
ils instruiraient un Frère ou un Compagnon.
VI.- De la CONDUITE, savoir :

I. Dans la LOGE quand elle est CONSTITUÉE.
Vous ne devez pas tenir de Réunions privées, ni de Conversations à part sans
Autorisation du Maître, ni parler de choses inopportunes ou inconvenantes; ni
interrompre le Maître, ou les Surveillants ni aucun Frère parlant au Maître: ne vous
conduisez pas non plus de manière ridicule ou bouffonne quand la Loge traite de
choses sérieuses et solennelles; et sous aucun prétexte n’usez d’un Langage malséant;
mais manifestez à votre Maître, à vos Surveillants et à vos Compagnons la Déférence
qui leur est due et entourez-les de respect.

Si quelque Plainte est déposée, le Frère reconnu s’inclinera devant le Jugement et la
Décision de la Loge, qui est le seul Juge compétent pour tous ces Différents (sous
réserve d’Appel devant la Grande Loge), et c’est à elle qu’il doit être déféré, à moins
que le Travail d’un Seigneur ne risque d’en souffrir, dans lequel cas il serait possible
de recourir à une Procédure particulière; mais les affaires Maçonniques ne doivent
jamais être portées en Justice, à moins d’absolue Nécessité dûment constatée par la
Loge.

2. CONDUITE après fermeture de la LOGE et avant le départ des FRÈRES.

Vous pouvez jouir d’innocents plaisirs, vous traitant réciproquement suivant vos
Moyens, mais en évitant tout Excès et en n’incitant pas un Frère à manger ou à boire
plus qu’il n’en a envie, en ne le retenant pas lorsque ses Affaires l’appellent, en ne
disant et en ne faisant rien d’offensant ou qui puisse interdire une Conversation aisée
et libre; car cela détruirait notre Harmonie, et ruinerait nos louables Desseins.

C’est pourquoi aucune Brouille ni Querelle privée ne doit passer le Seuil de la Loge, et
moins encore quelque Querelle à propos de la Religion, des Nations ou de la Politique
car comme Maçons nous sommes seulement de la Religion Catholique mentionnée cidessus; nous sommes aussi de toutes Nations, Idiomes, Races et Langages et nous
sommes résolument contre toute POLITIQUE comme n’ayant jamais contribué et ne
pouvant jamais contribuer au Bien-Etre de la Loge. Cette Obligation a toujours été
strictement prescrite et respectée; surtout depuis la Réforme en Grande-Bretagne, ou
la Séparation et la Sécession de ces Nations de la Communion de Rome.

3. CONDUITE quand les FRÈRES se rencontrent sans présence étrangère
mais hors d’une LOGE CONSTITUÉE.

Vous devez vous saluer réciproquement de manière courtoise, comme on vous
l’enseignera, vous appelant mutuellement Frère, échangeant librement les Instructions
que vous jugerez utiles, sans être vus ni entendus, sans prendre le pas l’un sur l’autre,
ni manquer aux marque de Respect qui seraient dues à un Frère, s’il n’était pas Maçon:
car quoique les Maçons en tant que Frères soient tous sur un pied d’Egalité, la
Maçonnerie ne prive pas un Homme des Honneurs auxquels il avait droit auparavant;
bien au contraire, elle ajoute à ces Honneurs, spécialement lorsqu’il a bien mérité de la
Fraternité qui se plaît à honorer ceux qui le méritent et à proscrire les mauvaises
manières.

4. CONDUITE en Présence d’ÉTRANGERS non MAÇONS.
Vous serez circonspects dans vos Propos et dans votre Comportement, pour que
l’Étranger le plus perspicace ne puisse découvrir ni deviner ce qu’il ne doit pas
connaître, et vous aurez parfois à détourner la Conversation et à la conduire
prudemment pour l’Honneur de la vénérable Fraternité.

5. CONDUITE Chez Vous et dans votre Entourage.
Vous devez agir comme il convient à un homme sage et de bonnes moeurs; en
particulier n’entretenez pas votre Famille, vos Amis et Voisins des Affaires de la
Loge, etc., mais soyez particulièrement soucieux de votre propre Honneur, et de celui
de l’ancienne Fraternité, ceci pour des Raisons qui n’ont pas à être énoncées ici.
Ménagez aussi votre Santé en ne restant pas trop tard ensemble ou trop longtemps
dehors, après les Heures de réunion de la Loge; et en évitant les excès de chair ou de
boisson, afin que vos Familles ne souffrent ni désaffection ni dommage, et que vousmême
ne perdiez pas votre capacité de travail.

6. CONDUITE envers un FRÈRE étranger.
Vous devez l’éprouver consciencieusement de la Manière que la Prudence vous
inspirera, afin de ne pas vous en laisser imposer par un Imposteur ignorant, que vous
devez repousser avec Mépris et Dérision, en vous gardant de lui dévoiler la Moindre
Connaissance.

Mais si vous le reconnaissez comme un Frère authentique et sincère, vous devez lui
prodiguer le respect qu’il mérite; et s’il est dans le besoin, vous devez le secourir si
vous le pouvez, ou lui indiquer comment il peut être secouru: vous devez l’employer
pendant quelques Jours ou le recommander pour qu’on l’emploie.

Vous n’êtes pas obligé de faire plus que vos moyens ne vous le permettent mais seulement dans des circonstances identiques, de donner la préférence à un Frère pauvre, qui est un Homme bon et honnête, avant toute autre Personne dans le besoin.

Enfin, toutes ces OBLIGATIONS doivent être observées par vous, de même que celles qui vous seront communiquées d’autre manière ; cultivez l’Amour Fraternel, Fondement et clé de voûte, Ciment et Gloire de cette ancienne Fraternité, repoussez toute Dispute et Querelle, toute Calomnie et Médisance, ne permettez pas qu’un Frère honnête soit calomnié, mais défendez sa Réputation, et fournissez-lui tous les Services que vous pourrez, pour autant que cela soit compatible avec votre Honneur et votre Sûreté, et pas au-delà.

Et si l’un d’eux vous fait Tort, vous devez recourir à votre propre Loge ou à la sienne, ensuite vous pouvez en appeler à la GRANDE LOGE en Assemblée Trimestrielle, et ensuite à la GRANDE LOGE annuelle, selon l’ancienne et louable Coutume de nos Ancêtres dans chaque Nation; n’ayez jamais recours à un procès en Justice sinon quand l’Affaire ne peut pas être tranchée autrement, et écoutez patiemment les Conseils du Maître et des Compagnons lorsqu’ils veulent vous éviter de comparaître en Justice avec des Profanes ou vous inciter à mettre un terme rapide à toutes Procédures, ceci afin que vous puissiez vous occuper des Affaires de la MAÇONNERIE avec plus d’Alacrité et de Succès ; mais en ce qui concerne les Frères ou Compagnons en Procès, le Maître et les Frères doivent offrir bénévolement leur Médiation, à laquelle les Frères en opposition doivent se soumettre avec gratitude ; et si cet Arbitrage s’avère impraticable, ils doivent alors poursuivre leur Procès ou Procédure Légale, sans Aigreur ni Rancune (contrairement à l’ordinaire) en ne disant
et en ne faisant rien qui puisse altérer l’Amour fraternel, et les bonnes Relations doivent être renouées et poursuivies; afin que tous puissent constater l’Influence bienfaisante de la MAÇONNERIE, ainsi que tous les vrais Maçons l’ont fait depuis le commencement du Monde et le feront jusqu’à la fin des Temps.
AMEN. AINSI SOIT-IL.

Les modifications anglaises de 1738 et de 1813.

L’article premier des « Constitutions d’Anderson » fut modifié à deux reprises en Angleterre.
Du point de vue des Anglais, il s’agissait de préciser la première rédaction et d’éviter des dérives dans son interprétation. Du point de vue de la majorité des Obédiences françaises, ces modifications sont au contraire perçues comme une restriction de l’Universalisme Maçonnique qu’elles refusent.

Ce débat n’est pas simple. Il est vraisemblable que la rédaction d’Anderson soit allée au-delà des traditions maçonniques opératives. Elle a d’ailleurs suscité de sérieuses controverses en Angleterre dès sa parution.

Que doit-on faire primer ? L’ancienne Tradition, qui, compte-tenu du contexte de l’époque, pouvait difficilement ne pas être théiste, ou au contraire ce que d’autres appellent le « projet andersonnien », qui autorise une très large liberté de conscience ?

Peut-on par exemple conférer l’initiation maçonnique à des gens qui se retrouvent dans la pensée de Spinoza ou dans celle de Confucius ? Peut-on même accepter ceux qui croient en Dieu, sans pour autant avoir la certitude que Dieu est personnel et révélé ? Peut-on enfin initier en Franc-Maçonnerie des agnostiques ?, des athées ?

Les réponses sont différentes … comme le sont les Obédiences. Notons cependant qu’on trouve quelques agnostiques et même peut-être quelques athées jusque dans les rangs de certaines obédiences reconnues par l’UGLE, mais ceci est une autre histoire…

A vous de vous faire votre opinion.
Voici les documents :

L’article 1 des Constitutions d’Anderson (1723) :

Un MAÇON est obligé par sa Tenure d’obéir à la Loi morale et s’il comprend bien
l’Art, il ne sera jamais un Athée stupide, ni un Libertin irreligieux. Mais, quoique dans
les Temps anciens les Maçons fussent astreints dans chaque pays d’appartenir à la
Religion de ce Pays ou de cette Nation, quelle qu’elle fût, il est cependant considéré
maintenant comme plus expédient de les soumettre seulement à cette Religion que
tous les hommes acceptent, laissant à chacun son opinion particulière, et qui consiste
à être des Hommes bons et loyaux ou Hommes d’Honneur et de Probité, quelles que
soient les Dénominations ou Croyances qui puissent les distinguer; ainsi, la
Maçonnerie devient le Centre d’Union et le Moyen de nouer une véritable Amitié
parmi des Personnes qui eussent dû demeurer perpétuellement Éloignées.

Le texte de 1738 :

(Ce texte est modifié à l’occasion de la transformation de la Grande Loge de Londres en Grande Loge d’Angleterre).

Un maçon est obligé par sa tenure d’obéir à la loi morale en tant que véritable
noachite et s’il comprend bien le métier, il ne sera jamais un athée stupide, ni un
libertin irreligieux, ni n’agira à l’encontre de sa conscience.
Dans les temps anciens, les maçons chrétiens étaient tenus de se conformer aux
coutumes chrétiennes de chaque pays où ils voyageaient. Mais la maçonnerie existant
dans toutes les nations, même de religions diverses, ils sont maintenant tenus
d’adhérer à cette religion sur laquelle tous les hommes sont d’accord (laissant à chaque
frère ses propres opinions) c’est à dire être hommes de bien et loyaux, hommes
d’honneur et de probité, quels que soient les noms, religions ou confession qui aident
à les distinguer: car tous s’accordent sur les trois articles de Noé assez pour préserver
le ciment de la Loge. Ainsi la maçonnerie est leur centre de l’union et l’heureux
moyen de concilier des personnes qui, autrement, n’auraient pu que rester
perpétuellement étrangères.

Le texte de 1813 :

(A la fin de la très longue scission entre les « Ancients » et les « Moderns », les deux courants se réunifient en formant l’actuelle Grande Loge Unie d’Angleterre qui inclut le texte suivant dans ses nouvelles constitutions:)

Concernant Dieu et la religion : un maçon est obligé, de par sa tenure, d’obéir à la loi
morale et s’il comprend bien l’Art, il ne sera jamais un athée stupide ni un libertin
irreligieux. De tous les hommes, il doit le mieux comprendre que Dieu voit autrement
que l’homme car l’homme voit l’apparence extérieure alors que Dieu voit le coeur. Un
maçon est par conséquent particulièrement astreint à ne jamais agir à l’encontre des
commandements de sa conscience. Quelle que soit la religion de l’homme ou sa
manière d’adorer, il n’est pas exclu de l’Ordre, pourvu qu’il croie au glorieux
Architecte du ciel et de la terre et qu’il pratique les devoirs sacrés de la morale. Les
maçons s’unissent aux hommes vertueux de toutes les croyances dans le lien solide et
agréable de l’amour fraternel, on leur apprend à voir les erreurs de l’humanité avec
compassion et à s’efforcer, par la pureté de leur propre conduite, de démontrer la
haute supériorité de la foi particulière qu’ils professent…

« L’éloge de la fuite » d’Henri Laborit : Une réflexion sur la liberté intérieure et ses échos dans la Franc-maçonnerie

Publié en 1976, Éloge de la fuite de Henri Laborit, neurobiologiste et philosophe français, est un essai audacieux qui invite à repenser les mécanismes de domination sociale et à chercher une émancipation intérieure face aux contraintes imposées par la société. L’ouvrage explore comment l’individu peut « fuir » non pas physiquement, mais mentalement, en refusant les hiérarchies oppressives et en cultivant une liberté de pensée.

Ce concept résonne de manière singulière avec les idéaux et pratiques de la Franc-maçonnerie, une fraternité historique qui, elle aussi, s’est construite autour de la quête de liberté et de réflexion personnelle.

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Une fuite comme acte de résistance

Laborit soutient que l’être humain, prisonnier des structures sociales, réagit souvent par la soumission, l’agressivité ou la fuite. Pour lui, cette dernière, lorsqu’elle est intérieure, devient un acte de résistance : refuser de se plier aux dominations extérieures en cultivant sa propre autonomie intellectuelle. Il s’appuie sur ses recherches en neurosciences pour expliquer comment les conditionnements sociaux inhibent notre capacité à penser librement, suggérant que la véritable liberté passe par une rupture avec ces schémas imposés. Cette idée d’une évasion mentale vers un espace de souveraineté personnelle trouve un écho dans la franc-maçonnerie, où les rituels et les symboles servent de cadres pour encourager les membres à dépasser les dogmes extérieurs et à explorer leur propre vérité.

La franc-maçonnerie : un refuge pour la pensée libre

Née au 18e siècle avec la fondation de la Grande Loge de Londres, la franc-maçonnerie s’est développée comme un espace de réflexion philosophique, attirant érudits, aristocrates et penseurs en quête d’un ailleurs intellectuel. Comme Laborit, les francs-maçons cherchent à s’affranchir des contraintes sociales et religieuses de leur époque, utilisant les loges comme des lieux de « fuite » symbolique. Les rituels, ancrés dans des mythes comme celui des bâtisseurs de cathédrales, et les grades initiatiques (Apprenti, Compagnon, Maître) sont des outils pour guider l’individu vers une introspection et une liberté intérieure, loin des pressions extérieures. Cette quête d’autonomie s’aligne avec l’idée laboritienne de résister à l’oppression par la pensée.

Paralèlle entre domination et initiation

Laborit décrit la société comme un système hiérarchique où la domination s’exerce par la peur et la récompense, un constat que les francs-maçons ont souvent critiqué à travers leur histoire. Dès le Moyen Âge, les guildes de maçons, ancêtres symboliques de la franc-maçonnerie, fonctionnaient comme des communautés égalitaires face aux seigneurs féodaux. Au 18e siècle, la franc-maçonnerie spéculative a repris cet esprit en s’opposant aux absolutismes monarchiques et religieux, notamment en France avant la Révolution. L’initiation maçonnique, avec son exigence de remise en question personnelle, peut être vue comme une « fuite » organisée face aux conditionnements sociaux, un processus que Laborit aurait pu apprécier pour sa capacité à libérer l’esprit.

Une limite commune : l’accessibilité de la fuite

Cependant, tant l’ouvrage de Laborit que la franc-maçonnerie soulèvent une question d’accessibilité. Éloge de la fuite reste un texte exigeant, accessible principalement à un public cultivé, tandis que la franc-maçonnerie, avec ses rites complexes et son élitisme historique, n’a pas toujours été ouverte à toutes les classes sociales. Cette tension entre idéal d’émancipation et exclusivité rappelle que la « fuite » prônée par Laborit, comme l’initiation maçonnique, demande un effort personnel qui peut être hors de portée pour ceux opprimés par des contraintes matérielles.

Une quête partagée de liberté

Alors que les débats sur la liberté individuelle et collective restent d’actualité, Éloge de la fuite offre une réflexion intemporelle qui croise les aspirations de la franc-maçonnerie. Tous deux, à leur manière, invitent à une évasion intérieure pour défier les dominations et construire un espace de pensée libre. Si Laborit propose une philosophie individuelle, la franc-maçonnerie l’inscrit dans une fraternité collective, démontrant que la fuite peut aussi être un acte partagé. Cet parallèle éclaire la pertinence durable de ces deux approches face aux défis d’une société toujours plus normative.

La Franc-maçonnerie argentine commémore le centenaire de la visite d’Albert Einstein

De notre confrère argentin panoramadirecto.com

Cent ans après la visite d’Albert Einstein en Argentine, la Franc-maçonnerie argentine organise une journée spéciale de vulgarisation scientifique et culturelle pour rendre hommage à l’un des penseurs les plus influents du XXe siècle. L’événement aura lieu le samedi 19 juillet, de 17h à 20h, au siège historique de la Société scientifique argentine, situé au 1245, avenue Santa Fe, dans la ville autonome de Buenos Aires. L’entrée est gratuite.

Cette initiative vise à faire découvrir au grand public la vie, la pensée et l’héritage d’Einstein, ainsi qu’à souligner son impact sur le développement scientifique et éducatif, tant au niveau mondial que local. L’événement comprendra des présentations de spécialistes de renom et une exposition d’objets liés à la science argentine et à Einstein lui-même.

Programme académique et scientifique de l’hommage

L’événement débutera à 17h00 avec la présentation « ITBA en route vers la NASA », par les lauréats du projet Consat 25 de l’Institut Technologique de Buenos Aires (ITBA), en présence de l’ingénieur Lautaro Capasso , directeur du Département de l’Environnement et de la Mobilité de la même institution. L’événement présentera les avancées technologiques développées par de jeunes Argentins de renommée internationale dans le domaine aérospatial.

À 18h00, Albert Einstein sera à l’honneur avec la conférence « Albert Einstein, génie scientifique et humaniste », animée par le Dr Jorge Sellés Martínez , directeur du Complexe historique Manzana de las Luces, et le Dr Pablo Souza , chercheur à l’Université San Martín et à l’Université de Buenos Aires (UBA). Cette présentation explorera la dimension intellectuelle et éthique du physicien allemand, ainsi que son héritage humaniste.

La séance de clôture, à 19h00, portera sur le lien entre connaissance et développement social avec la conférence « Éducation publique, science et développement », animée par le professeur Jorge Ferronato , ancien directeur général du Cycle fondamental commun de l’Université de Buenos Aires, et le Dr Osvaldo Uchitel , neuroscientifique du CONICET et de l’Université de Buenos Aires. Cette conférence soulignera l’importance de l’éducation publique et de la science comme moteurs du progrès de la société argentine.

Einstein en Argentine : une visite historique

Albert Einstein visita l’Argentine en 1925 à l’invitation de l’Université de Buenos Aires. Durant son séjour, il donna une série de conférences qui marquèrent profondément la communauté universitaire locale. Sa présence symbolisa également l’ouverture intellectuelle et l’engagement envers la connaissance à une étape clé du développement institutionnel du pays.

Un siècle après cette visite, cette journée d’hommage organisée par la Franc-maçonnerie argentine et la Société scientifique argentine vise non seulement à commémorer son passage dans le pays, mais aussi à renforcer les valeurs de la pensée critique, de l’éducation et de l’engagement envers la connaissance comme piliers d’une société démocratique et avancée.

L’Affaire du « Massone » de Palmi à Malte : Secrets, Similitudes et Différences avec la Loge P2

De notre confrère italien iacchite.blog

En 2025, une affaire intrigante refait surface dans les cercles investigatifs italiens, mêlant maçonnerie, criminalité organisée et réseaux transnationaux. L’article publié sur Iacchite. blog, intitulé « Così il massone passa da Palmi e Malta e resta segreto: le somiglianze e la differenza con la P2 » (publié le 14 juillet 2025), lève le voile sur un réseau présumé reliant Palmi, en Calabre, à Malte, impliquant des loges maçonniques et des dynamiques évoquant l’ombre de la loggia Propaganda 2 (P2).

Explorons cette affaire complexe, ses ramifications et les parallèles historiques avec la scandaleuse P2.

Contexte et révélations initiales

Licio Gelli

L’article d’Iacchite.blog s’appuie sur des témoignages et des enquêtes internes pour décrire un système où des loges maçonniques, potentiellement déviées, serviraient d’intermédiaires entre des intérêts criminels et des élites locales. À Palmi, une ville calabraise connue pour son passé mafieux, un « incontro segreto » (rencontre secrète) aurait réuni des membres de loges et des avocats liés à des clans, notamment celui des Alvaro. L’objectif présumé : manipuler des inspections agricoles pour protéger des intérêts illicites. La source, un maçon du Grande Oriente d’Italia (GOI), décrit une rencontre dans un restaurant périphérique de Palmi, où un avocat influent aurait joué un rôle clé en déplaçant des inspecteurs, une pratique qualifiée de « chambre de compensation » entre mondes officiels et criminels.

Le lien avec Malte surgit comme une extension géographique de ce réseau. L’île, souvent citée comme un paradis fiscal, aurait servi de base pour des opérations financières occultes, un écho aux pratiques de la P2, qui utilisait des comptes offshore pour ses activités. L’article suggère que des loges maltaises, connectées à des structures italiennes, auraient facilité ces transactions, bien que les preuves restent circonstancielles et nécessitent une investigation approfondie.

Similitudes avec la P2

La loggia P2, fondée en 1877 sous le GOI et dirigée par Licio Gelli à partir de 1975, reste une référence dans les scandales maçonniques italiens. Découverte en 1981 lors d’une perquisition à Castiglion Fibocchi, elle comptait plus de 1 000 membres influents – politiciens, militaires, financiers – et visait à « gouverner sans être au gouvernement ».

Les similitudes avec l’affaire de Palmi-Malte sont frappantes :

  • Secret et pouvoir occulte : Comme la P2, les loges impliquées à Palmi opéreraient dans l’ombre, utilisant le secret maçonnique pour masquer des alliances illégales.
  • Infiltration institutionnelle : La P2 avait infiltré des organes d’État ; à Palmi, des avocats et fonctionnaires seraient manipulés pour des fins criminelles.
  • Réseaux transnationaux : La P2 exploitait des connexions internationales (notamment via la Suisse et l’Amérique latine) ; l’implication de Malte suggère une stratégie similaire pour blanchir des fonds.

Cependant, l’article souligne une différence clé : la P2 avait une structure centralisée sous Gelli, avec un programme politique subversif explicite, tandis que les loges de Palmi-Malte sembleraient plus fragmentées, agissant comme des nœuds locaux dans un réseau plus large, sans une direction unifiée aussi évidente.

Enjeux et controverses

Stefano Bisi (Grand Maître du Grand Orient d’Italie)

Cette affaire soulève des questions sur la transparence de la maçonnerie italienne. Depuis les années 1980, la loi Spadolini-Anselmi (1982) interdit les associations secrètes interférant avec les institutions, mais son application reste inégale. Des initiatives comme la proposition d’une « commission antimafia interne » au GOI, évoquée après les élections de 2024, témoignent d’un désir de réforme, mais aussi d’une résistance interne. L’élection de Tonino Seminario, proche de l’ancien Grand Maître Stefano Bisi, a exacerbé les tensions, avec des expulsions et des promotions visant à consolider le pouvoir des loyalistes.

Sud de l’Italie région contrôlée par la ndrangheta

Les liens avec la ‘ndrangheta, bien documentés dans des enquêtes comme Six Towns, renforcent les soupçons. À Palmi, l’avocat Renato Vigna a exercé son droit de réponse (16 octobre 2024), contestant les allégations d’Iacchite.blog et niant toute implication, ce qui alimente le débat sur la véracité des témoignages. Pourtant, l’historique d’infiltrations mafieuses dans la maçonnerie, comme révélé par la commission antimafia en 2018, donne du poids aux accusations.

Limites et perspectives

Malgré les détails fournis, l’affaire manque de preuves concrètes – noms précis, documents financiers – rendant les conclusions préliminaires. L’opacité des loges maltaises et l’absence d’accès aux archives compliquent l’enquête. Historiquement, des figures comme Agostino Cordova, ancien procureur de Palmi, avaient tenté de percer ces secrets dans les années 1990, mais leurs efforts furent entravés par des menaces et des pressions internes, comme celles subies par Giuliano Di Bernardo, ancien Grand Maître du GOI.

À l’heure actuelle, cette affaire illustre un défi persistant : la maçonnerie, bien que légale, reste un terrain fertile pour des dérives, surtout dans des régions comme la Calabre, où les réseaux criminels prospèrent. Une investigation indépendante, appuyée par des autorités internationales, serait nécessaire pour démêler la vérité, tout en respectant les droits des individus impliqués.

L’affaire de Palmi à Malte, dévoilée par Iacchite.blog, rouvre un chapitre sombre de l’histoire italienne, où Maçonnerie et criminalité s’entrelacent dans l’ombre. Si elle rappelle la P2 par son secret et ses ambitions, elle se distingue par sa décentralisation et son ancrage local. En 2025, alors que la société exige plus de transparence, ce scandale appelle à une réflexion sur la régulation des loges et leur rôle dans les dynamiques modernes de pouvoir. Tant que les mystères persistent, l’écho de la P2 continuera de hanter les couloirs de la maçonnerie italienne.