À Paris, le concept des bars cachés, ou speakeasys, connaît un regain de popularité en 2025, offrant des espaces discrets où l’accès repose sur le secret et l’initiation. Derrière des façades anodines ou des entrées déguisées – une laverie, un passage discret, une porte sans enseigne – ces établissements attirent une clientèle en quête d’exclusivité et d’évasion.
Ce phénomène, qui puise ses racines dans l’époque de la Prohibition aux États-Unis, trouve un parallèle fascinant avec les loges maçonniques cachées, ces lieux historiques où se réunissaient des francs-maçons pour échanger des idées philosophiques à l’abri des regards. Explorons cette connexion symbolique et listons les speakeasys parisiens les plus prisés.
Un parallélisme entre secret et initiation
Auberge Goose and Gridiron « L’Oie et le Grill »
Les loges maçonniques, nées au 18e siècle avec la Grande Loge de Londres, étaient des sanctuaires où l’accès nécessitait un mot de passe ou un rituel d’initiation, protégeant leurs membres des persécutions religieuses ou politiques. De même, les bars cachés de Paris exigent souvent une connaissance préalable – un code, une recommandation ou une porte dérobée – pour y pénétrer, créant un sentiment d’appartenance exclusif. Cette discrétion n’est pas seulement une stratégie commerciale ; elle évoque l’esprit des loges, où le secret favorisait la liberté de pensée face aux normes sociales. Les speakeasys, avec leurs ambiances feutrées et leurs cocktails élaborés, deviennent ainsi des refuges modernes, où l’on échappe aux tumultes extérieurs, un peu comme les francs-maçons trouvaient refuge dans leurs temples.
Une évolution culturelle commune
Historiquement, les loges maçonniques ont évolué d’espaces pratiques pour les bâtisseurs médiévaux à des lieux de réflexion spéculative, attirant des élites pensantes. Les bars cachés suivent une trajectoire similaire : partis d’une nécessité clandestine pendant la Prohibition, ils se sont transformés en espaces de prestige, mêlant art de la mixologie et design sophistiqué. À Paris, cette tendance reflète une quête d’intimité et de mystère, valeurs chères à la franc-maçonnerie, où les symboles et les rituels renforçaient l’identité collective. Si les loges visaient l’élévation spirituelle, les speakeasys offrent une évasion hédoniste, mais les deux partagent cette idée d’un espace sacré, accessible uniquement à ceux qui savent le trouver.
Liste des bars cachés à Paris
D’après les sources récentes, voici une sélection des speakeasys les plus réputés de la capitale, où cette atmosphère secrète prospère :
Le Lavomatic (75011) : Niché derrière une laverie, accessible via un bouton secret, ce bar propose des cocktails créatifs dans une ambiance rétro.
Le Syndicat (75010) : Sans enseigne, il se cache dans une cour et mise sur des spiritueux français, attirant les amateurs d’authenticité.
Le Bar à Bulles (75006) : Situé derrière une librairie, ce speakeasy offre une expérience champenoise dans un cadre intimiste.
Le Mary Celeste (75003) : Accessible par une entrée discrète, il allie cuisine et cocktails dans une atmosphère conviviale mais réservée.
Le Prescription Cocktail Club (75006) : Derrière une porte anonyme, ce lieu élégant revisite les classiques avec un cachet clandestin.
Le Candelaria (75003) : Une taquería sert de façade à un bar à cocktails caché, accessible via une porte intérieure.
Le Lulu White (75010) : Inspiré des saloons de la Nouvelle-Orléans, il se trouve derrière une entrée masquée et séduit par son ambiance jazzy.
Le Little Red Door (75003) : Sans signe extérieur, ce bar primé propose des créations audacieuses dans un décor minimaliste.
Le High Club (75008) : Accessible via un ascenseur secret, il offre une vue panoramique et une exclusivité rare.
Le Danico (75002) : Derrière un rideau, ce speakeasy chic attire avec ses cocktails signatures et son atmosphère feutrée.
Une convergence symbolique
En 2025, alors que Paris brille par sa scène nocturne, les bars cachés réinventent l’héritage des loges maçonniques en proposant des espaces où le secret devient une expérience sociale. Si les francs-maçons cherchaient à façonner un monde meilleur par la réflexion, les speakeasys offrent une parenthèse ludique mais tout aussi sélective. Cette convergence illustre une constante humaine : le besoin d’espaces réservés, qu’ils soient philosophiques ou festifs, pour se reconnecter à soi-même ou à une communauté choisie.
La Franc-maçonnerie, souvent associée aux Illuminati, occupe une place centrale dans l’imaginaire des théories du complot, incarnant l’archétype d’une société secrète manipulant les fils du pouvoir mondial. Dans leur podcast en deux parties Le Bureau des Complots, diffusé par La Première, Peeters et Jacobs endossent le tablier pour retracer l’histoire captivante de cette fraternité multiséculaire. De ses origines mystérieuses aux rites ésotériques et à son influence politique, la franc-maçonnerie a su tisser un mythe autour de son culte du secret, alimentant encore aujourd’hui spéculations et controverses.
Une légende forgée dans les brumes du Moyen Âge
Les racines de la franc-maçonnerie plongent dans les guildes de maçons des 12e et 13e siècles, où les bâtisseurs de cathédrales, qualifiés de Compagnons, formaient les Apprentis dans des loges – des abris fonctionnels accolés aux chantiers, servant à ranger outils et à planifier travaux. Ces loges, initialement dépourvues de toute connotation secrète, se sont progressivement structurées avec des règlements codifiant le métier. Cependant, pour transcender leur statut utilitaire, certains maçons lettrés, influencés par les récits religieux, ont élaboré une histoire légendaire consignée dans les Old Charges ou Anciens Devoirs, datant de la fin du 14e siècle en Angleterre.
Ces textes affirment que la maçonnerie et la géométrie, héritées des fils de Noé post-Déluge et gravées sur des colonnes de pierre, sous-tendent des chefs-d’œuvre comme la Tour de Babel ou le Temple de Salomon. Ce récit, loin d’être un simple folklore, confère aux maçons une identité noble et sacrée, dépassant le cadre artisanal, tout en imposant des règles disciplinaires pour les ouvriers itinérants.
De l’artisanat à la spéculation philosophique
Au 16e siècle, en Écosse, émerge le terme « franc-maçon », signifiant un ouvrier libre des contraintes seigneuriales. Un « mot » secret, transmis lors d’une cérémonie d’initiation sous serment, devient alors un signe de reconnaissance réservé aux maçons qualifiés. Paradoxalement, à la fin du 16e siècle, les loges écossaises commencent à accueillir des non-maçons, comme John Boswell, notable d’Édimbourg, marquant une transition inexpliquée par les historiens. Ce phénomène s’amplifie en Angleterre avec l’entrée d’érudits et d’aristocrates, transformant la maçonnerie opérative – centrée sur la construction – en maçonnerie spéculative, un espace de réflexion philosophique et symbolique.
La naissance d’une société secrète : la Grande Loge de Londres
Auberge Goose and Gridiron « L’Oie et le Grill »
Le tournant décisif survient en 1717 avec la fondation de la Grande Loge de Londres, issue de la fusion de quatre loges préexistantes. Composée d’intellectuels, d’aristocrates et de bourgeois aisés, cette nouvelle entité s’éloigne des origines artisanales pour s’approprier les rituels, symboles et secrets des maçons médiévaux. En 1720, George Payne, l’un des premiers Grands Maîtres, confie au pasteur James Anderson la révision des Anciens Devoirs. Les Constitutions d’Anderson de 1723 transforment cette confrérie en une société secrète, dotée de lois propres et de rites protégés des regards extérieurs. En 1730, le Duc de Montaigu, aristocrate influent, prend la tête de la Grande Loge, inaugurant une ère où cette institution devient l’arrière-cour du pouvoir britannique. Depuis, les Grands Maîtres appartiennent à la famille royale, ancrant durablement cette tradition.
Une expansion européenne et des répercussions historiques
Notre-Dame de Paris. Des bâtisseurs aux restaurateurs
Au 18e siècle, la franc-maçonnerie s’implante en France et en Belgique, jouant un rôle notable dans la Révolution française et l’indépendance belge. Ces premiers pas, marqués par l’attrait des élites pour ses idéaux, posent les bases d’une influence qui perdure. Cependant, cette expansion alimente les soupçons d’un gouvernement occulte, perçu comme infiltrant institutions politiques et sphères économiques pour manipuler l’ordre établi et l’opinion publique.
Un mythe persistant
De ses origines modestes à son statut d’élite, la franc-maçonnerie a bâti un récit qui oscille entre héritage spirituel et pouvoir occulte. Si ses rituels et symboles fascinent, ils suscitent aussi répulsion, nourissant l’idée d’un réseau affairiste omniprésent. Le podcast Le Bureau des Complots invite à explorer cette dualité, décryptant comment une guilde d’artisans a évolué en une confrérie énigmatique, forgeant son propre mythe à travers les siècles.(Source : La Première, extrait du podcast Le Bureau des Complots)
A première vue, la sincérité est une. On est sincère ou on ne l’est pas ! Et dans ces conditions mon exposé devrait être vite terminé. Et puis je me suis très vite rendu compte que le sujet était beaucoup vaste qu’il n’y paraissait à première vue. Je suis donc parti d’une feuille blanche, sachant qu’aucun manuel ne pourrait m’être utile, en essayant de trouver, une réponse à ce vaste sujet.
Je vous livre donc l’état de mes réflexions, que j’ai scindé en deux principales parties, la première étant consacrée à la définition de la sincérité, la seconde étant consacrée à sa mise en œuvre dans notre rite.
Pour moi être sincère équivaut à dire la vérité, faire état de ses pensées, de ses sentiments, de ses motivations, en fait être transparent.
Mais la sincérité c’est également être authentique, de bonne foi, franc, scrupuleux, honnête et impartial … en fait être un cœur pur. « Heureux ceux qui ont le coeur pur, car ils verront Dieu ».
La notion de sincérité est aussi pour moi indissociable de l’éthique et de la morale, mais en disant cela j’ai conscience qu’il faut aussi poser le problème de la définition même de l’éthique et de la morale. Pour faire simple, alors que le sujet est éminemment complexe, je dirai qu’il s’agit des valeurs universellement reconnues en précisant pour limiter le sujet dans notre monde occidental et dans notre civilisation judéo chrétienne.
En effet comment pourrait-on parler des valeurs d’Adolf Hitler et de sa clique qui voulaient se débarrasser des Juifs et des Francs Maçons, tout comme des islamistes qui décrètent lors d’une fatwa récente (qu’outre les Juifs), les Francs maçons : « sont un grand danger et ses objectifs vicieux, l’Assemblée de jurisprudence a déterminé que la franc-maçonnerie fait partie des organisations les plus dangereuses et les plus destructrices pour l’islam et les musulmans. D’autre part, celui qui adhère à cette organisation tout en connaissant sa réalité et ses objectifs, est considéré comme mécréant, et non pas comme musulman. »
Tout un programme pour un futur holocauste…
Pour revenir au cœur de notre sujet, la notion de sincérité est forcément duale : on est sincère par rapport à soi (l’image du miroir) et par rapport aux autres (le monde). Mais cette notion est forcément fluctuante en fonction de chaque individu, de ses croyances, de son éducation et des valeurs qui sont siennes.
Je pourrais définir la sincérité aussi à contrario et dans ces conditions elle est le contraire de la fausseté, de l’hypocrisie et du mensonge. Voici dans une première analyse mon sentiment sur ce sujet, mais quelles sont les définitions données par nos penseurs et philosophes ?
J’en ai trouvé plusieurs.
C’est ainsi que :
Dans la tradition confucéenne, la sincérité qu’on peut aussi traduire par honnêteté ou fidélité est une vertu de clarté et de transparence dans les relations sociales. Elle est donc définie par rapport aux autres et à la vie sociale.
Aristote
Aristote donne une analyse différente de la sincérité : Est sincère l’homme « qui reconnaît l’existence de ses qualités propres, sans y rien ajouter ni retrancher. ». Aristote reconnaît que la sincérité comme la fausseté peuvent être utilisées dans un but précis ou sans but, mais que le « véritable caractère de tout homme se révèle dans le langage, les actes et la façon de vivre, toutes les fois qu’il n’agit pas en vue d’une fin ». Il indique que la sincérité est une vertu noble, et que son contraire est méprisable.
Il s’agit donc d’une définition plus large que celle de Confucius puisqu’elle y rajoute la notion d’honnêteté vis-à-vis de soi, et la notion de désintérêt dans les rapports humain.
La sincérité a aussi une valeur Biblique, sur laquelle insiste un des dix commandements (« Tu ne témoigneras pas faussement contre ton prochain (Exode 20.16) »). Règle de vie en commun, règle d’estime de soi et de désintéressement, elle prend ici une autre valeur, dans le cadre de l’universalité Divine.
Dans le nouveau testament Jésus dit :
« Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux, car c’est la loi et les prophètes. » (Mathieu 7:12). En d’autres termes, traitez les autres comme vous aimeriez être traités. Ce principe fondé sur l’amour, ou cet intérêt porté à notre prochain est devenu la « Règle d’Or » de la déontologie, car c’est le seul moyen de garantir la paix et l’harmonie entre tous. Cette règle d’or aide à discerner, dans les situations concrètes, s’il convient ou non de révéler la vérité à celui qui la demande.
Le respect de la réputation et de l’honneur des personnes interdit toute attitude ou toute parole de médisance ou de calomnie. Les confidences préjudiciables à autrui n’ont pas à être divulguées. Les secrets professionnels doivent être gardés.
Cette règle d’or met l’Amour au centre des rapports humains, en introduisant des limites à la sincérité : ne pas blesser l’autre, agir avec délicatesse, c’est le corollaire du commandement : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même.(Mt 22,37) »
A ce stade de l’exposé, je pourrai citer d’autres penseurs comme Montesquieu qui disserte dans l’éloge de la Sincérité en distinguant la sincérité dans la vie privée et la sincérité par rapport au commerce des grands en concluant de manière magistrale : « Détestons la flatterie ! Que la Sincérité règne à sa place ! Faisons-la descendre du Ciel, si elle a quitté la Terre. Elle sera notre vertu tutélaire. Elle ramènera l’âge d’or et le siècle de l’innocence, tandis que le mensonge et l’artifice rentreront dans la boîte funeste de Pandore. », Saint Augustin, Montaigne, Pascal, Rousseau ont eux aussi apporté leur pierre à l’édifice de la définition de la sincérité…
Mais parmi les penseurs, il existe aussi des détracteurs de la notion d’universalité des valeurs sur lequel est adossé la sincérité. Ils affirment que les valeurs universelles auxquelles elle fait référence ne sont que le produit de l’évolution historique en d’autres termes les valeurs du monde occidental, ne sont pas celles des tribus africaines. Devant cette critique je rétorquerais qu’il existe quelque soit l’endroit du monde dans lequel on se trouve un plus petit dénominateur commun, une valeur sur laquelle la sincérité peut asseoir son universalisme : l’Amour.
A ce stade je voudrai à nouveau recentrer le sujet sur ce qui me semble important voire central.
Tout ce que je sais, c’est-à-dire pas grand-chose, me ramène inexorablement, à la symbolique de notre temple, à la fraternité entre ses membres, toutes choses qui font que le Grand Architecte de l’Univers et/ou Dieu sont sur une même ligne, une même philosophie, un même enseignement.
Or les francs maçons pratiquent cette vertu telle que nous l’avons décrite dans leur Temple et c’est cette démonstration qui constitue la deuxième partie de cet exposé.
En corollaire de cette affirmation je donnerai quelques exemples :
Reprenons le jour de notre (mon) initiation où enfermé dans le cabinet de réflexion et seul face au miroir, je me suis posé la question est-ce bien ce que tu veux ? Or qu’est-ce que cette épreuve si ce n’est de rechercher au fond se soi la sincérité la plus absolue dans une démarche difficile. Le miroir placé en face de moi était là pour me rappeler sans cesse cette nécessaire quête.
Deux autres exemples me viennent en tête, l’entrée dans le Temple le Cœur dénudé et le pas de l’apprenti qui débute avec le pied gauche, ne sommes nous pas devant la symbolique du « Cœur Pur », de la Sincérité ?
Par ailleurs ma première entrée dans le Temple m’a rappelé qu’il fallait que je reste humble, non seulement vis-à-vis de moi, mais surtout vis-à-vis de ceux qui allaient devenir mes frères et d’accepter sans arrière pensée de n’être qu’une pierre brute. Ce message je l’ai bien reçu et je l’avais anticipé dans le cabinet de réflexion : rester humble et sincère.
Ce message m’a renvoyé à la parabole de la « Porte Etroite » : «Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car, je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas ». La porte du Temple/du Royaume de Dieu semblait promise à l’élite, or cette parabole nous dit qu’il n’en est rien, ce n’est pas une question de rite, de savoir, mais plus d’attitude, et d’invitation à l’authenticité dans sa foi, de sincérité- Nous y revoilà !
Un autre exemple tient à l’ouverture de la Bible à la première page de l’Evangile de Jean dont l’un des messages est « aimez vous les uns les autres », c’est l’Evangile de l’Amour, c’est aussi, à mon sens LA valeur universelle sur laquelle doit reposer la sincérité, c’est aussi le rappel de la règle d’or.
Il me serait impardonnable d’omettre, le fondement de notre obédience, dite Anciennes Obligations qui dispose comme obligation faite à chaque maçon de « Cultiver l’Amour Fraternel » fondement et clé de voûte de la Franc-maçonnerie universelle.
Alors oui pour moi la Franc-maçonnerie a fait sienne les définitions ci-dessus et applique concrètement la sincérité, basé sur l’amour fraternel de ses membres. C’est même un des premiers enseignements donné lors des voyages initiatiques.
Dès lors les rapports entre frères ne peuvent être qu’authentiques puisque basés sur cette notion. Il en est ainsi lors de chaque intronisation, ou chaque impétrant se voit offrir à plusieurs moments la possibilité de revenir en arrière et de renoncer à ses premiers vœux.
Il en est ainsi des rapports entre frères reposant sur la même notion, permettant ainsi à tout un chacun de pouvoir s’exprimer sans avoir peur d’être jugé et de pouvoir ainsi avancer sans tabous dans sa quête de Vérité. A contrario un frère ne cultivant pas cette vertu serait très vite démasqué. Dès lors la sincérité se pose comme une des clés de voûte de la Maçonnerie, un principe de base, sans elle plus rien n’est possible.
Mais le temps presse et il me faut conclure.
Oui, la franc maçonnerie pratique véritablement dans le secret de son temple, la sincérité, vis-à-vis de soi, vis-à-vis des autres.
Mais pour moi cette recherche va plus loin, car lorsque nous pratiquons la chaîne d’union sous la voûte étoilée, non seulement toutes les énergies des membres de la loge sont concentrées en ce lieu ici bas dans une même synergie d’amour et de sincérité, mais aussi notre communion, véritable Egrégore, nous donne le sentiment de partager un moment d’éternité avec ce qui nous dépasse et qui est au dessus de nos têtes, qui est à la fois notre passé et notre avenir.
Le 23 juillet 2025, à partir de 10h, l’Hôtel des Ventes situé au 20 Rue Jean Jaurès (Place de la Gare), 06400 Cannes, accueillera une vente aux enchères publiques inédite consacrée à la franc-maçonnerie, organisée par Cannes Enchères. Cet événement, annoncé dans un catalogue récemment numérisé, promet de rassembler des collectionneurs, historiens et passionnés autour d’objets rares et symboliques liés à cette tradition séculaire. Avec des pièces allant de tabliers historiques à des foulards d’instruction richement décorés, cette vente offre un aperçu fascinant de l’héritage maçonnique, tout en soulignant l’importance de préserver ces artefacts culturels.
Un catalogue riche en symboles maçonniques
Le document, intitulé Franc-Maçonnerie du 23 juillet à 10h, met en avant une sélection d’objets d’exception. Parmi les lots phares, on trouve un imposant tablier en soie peinte du début du XIXe siècle (lot n° 249), orné des emblèmes classiques de la franc-maçonnerie : les deux colonnes, le soleil et la lune, le compas, l’équerre, le niveau, ainsi que le blason de la Grande Loge d’Angleterre. Mesurant 60 x 45 cm et encadré, malgré quelques taches dues au temps, cet article est estimé entre 600 et 800 €, témoignant de sa valeur historique et artistique. Un autre lot remarquable, le n° 250, présente un foulard d’instruction en tissu imprimé, décoré d’un riche symbolisme, incluant un pélican surmonté d’une croix, motif lié à la Grande Loge d’Angleterre. Ce lot, comprenant trois tabliers et deux foulards de la GLSA, est estimé entre 60 et 80 €, illustrant la diversité des pièces proposées.
Ces objets, imprégnés de significations initiatiques, reflètent l’influence de la franc-maçonnerie dans les cercles européens, notamment britanniques, et son rôle dans la transmission de valeurs philosophiques à travers les âges. Leur mise aux enchères à Cannes met en lumière l’intérêt croissant pour ces trésors, souvent perçus comme des clés d’accès à une histoire ésotérique et sociale.
Un événement organisé dans un cadre réglementéLa vente s’inscrit dans les conditions générales de Cannes Enchères, qui stipulent que les enchères ne sont pas soumises à la « catégorisation » des registres de l’ACPM (Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution).
Cette précision assure une transaction libre de certaines contraintes administratives, permettant aux organisateurs de se focaliser sur la valorisation des lots. L’événement sera accessible via la plateforme www.cannes-encheres.com, offrant ainsi une portée internationale aux enchérisseurs, qu’ils participent sur place ou à distance.
Une opportunité unique pour les amateurs
Prévue en pleine saison estivale, cette vente aux enchères arrive à un moment idéal pour les collectionneurs souhaitant enrichir leurs collections avec des pièces rares. Les estimations, allant de 60 à 800 €, rendent l’événement accessible à une variété d’acheteurs, des novices aux spécialistes.
Pour les passionnés d’histoire ou les membres de loges maçonniques, cette occasion permet d’acquérir des objets chargés de symbolisme, tout en contribuant à la sauvegarde de cet héritage.
Avec son horaire matinal et sa localisation au cœur de Cannes, cet événement s’annonce comme un rendez-vous incontournable pour les amateurs d’antiquités et de culture maçonnique. Que ce soit pour obtenir un tablier historique ou simplement explorer ces trésors, les participants pourront découvrir un pan méconnu de l’histoire européenne, le 23 juillet 2025 à 10h, à l’Hôtel des Ventes de Cannes.
« Mieux vaut que la maçonnerie ferme et disparaisse dans la dignité plutôt que de la voir manipulée par le régime. »
En juillet 2025, la franc-maçonnerie cubaine traverse une crise sans précédent, marquée par des tensions internes et une pression croissante du régime. Une phrase percutante, prononcée par l’écrivain Ángel Santiesteban et analysée avec l’avocate Edel González dans un récent entretien publié sur Diario de Cuba, résume l’enjeu : « Il vaut mieux que la franc-maçonnerie soit fermée et disparaisse dans la dignité plutôt que de la voir manipulée de manière flagrante par le régime. » Cette déclaration illustre un débat profond sur l’autonomie de cette institution face à l’ingérence étatique, un sujet qui préoccupe les membres et suscite des interrogations sur l’avenir de la franc-maçonnerie à Cuba.
Une institution sous influence
Âne Santiesteban-Prats. Journal cubain
Historiquement, la franc-maçonnerie a joué un rôle influent dans la société cubaine, notamment lors des luttes pour l’indépendance au XIXe siècle. Cependant, sous le régime actuel, elle est confrontée à une régulation stricte imposée par le Ministère de la Justice, qui supervise ses activités. Selon les analystes, cette tutelle s’est transformée en une forme de contrôle, avec des accusations récurrentes d’infiltration par des agents de la Sécurité de l’État. Ángel Santiesteban, connu pour ses critiques envers le gouvernement, souligne que cette manipulation vise à aligner les loges sur les objectifs politiques du Parti communiste, sapant ainsi leur indépendance spirituelle et philosophique.
Edel González, avocat engagé dans la défense des droits humains, ajoute que des fonds en devises, essentiels au fonctionnement des loges, sont criminalisés ou confisqués, accentuant la pression financière. Cette stratégie, selon elle, vise à affaiblir l’organisation de l’intérieur, rendant ses membres vulnérables face aux directives étatiques. Ces interventions soulèvent des questions sur la capacité de la franc-maçonnerie à préserver ses valeurs traditionnelles, comme la liberté de pensée et la fraternité, dans un contexte autoritaire.
Une révolte interne
La crise a atteint un point culminant avec des actions spectaculaires menées par des membres dissidents. En juillet 2025, des groupes de francs-maçons ont tenté de reprendre le contrôle de la Grande Logie de Cuba, accusant le Gran Maestro, Mayker Filema Duarte, d’avoir été imposé par le régime. Cette destitution, décidée lors de réunions extraordinaires, marque une rupture ouverte avec les dirigeants perçus comme des « faux frères » au service de la dictature.
Ces événements, largement relayés sur les réseaux sociaux, traduisent une volonté de résistance, mais aussi une fracture au sein de l’institution.Les témoignages recueillis indiquent que cette implosion est le résultat d’une tension croissante, accumulée sur plusieurs années. Certains membres estiment que la franc-maçonnerie cubaine, autrefois un espace de débat et de réflexion, est devenue un outil de propagande, vidant ses rituels de leur sens originel.
Cette situation pousse une partie de la communauté à préférer la dissolution plutôt qu’une soumission dégradante.Une dignité menacéeLa phrase de Santiesteban reflète un dilemme éthique central : préserver l’intégrité de la franc-maçonnerie au prix de sa disparition, ou la laisser survivre sous une forme dévoyée. Pour González, cette option de fermeture serait un acte de résistance symbolique, permettant aux membres de maintenir leur honneur face à une manipulation qui trahit les idéaux maçonniques. Cependant, cette perspective divise, certains plaidant pour une lutte interne afin de restaurer l’autonomie, malgré les risques.
En 2025, cette crise s’inscrit dans un contexte plus large de restrictions sociales à Cuba, où les libertés individuelles sont de plus en plus limitées. La franc-maçonnerie, en tant qu’organisation structurée et influente, devient un symbole de cette bataille entre contrôle étatique et aspiration à l’indépendance. Les débats sur son avenir reflètent ainsi une lutte plus vaste pour la dignité et l’identité dans un pays en proie à des défis économiques et politiques.
Une issue incertaine
À ce jour, l’issue de cette crise reste incertaine. Les tentatives de récupération de la Grande Loge ont suscité des réactions contrastées, allant de l’espoir à la répression. Le régime, de son côté, nie toute ingérence, affirmant respecter l’autonomie des organisations privées, une position largement contestée. Pendant ce temps, la communauté maçonnique cubaine se trouve à un carrefour, tiraillée entre la résilience et la résignation.
Cet épisode illustre une tension universelle :
Jusqu’où une institution peut-elle préserver ses valeurs face à des pressions extérieures ? Pour Ángel Santiesteban et Edel González, la réponse réside dans un choix radical, où la dignité prime sur la survie à tout prix.
En juillet 2025, la franc-maçonnerie cubaine incarne ainsi un microcosme des luttes pour la liberté dans un contexte autoritaire, offrant une réflexion poignante sur les compromis imposés par le pouvoir.
Dans le Temple intérieur, au cœur du silence entre les colonnes, l’initié apprend que tout vrai progrès passe par l’offrande. Car nul ne peut porter la Lumière s’il n’a d’abord accepté de brûler son ombre.
Faire du profane un acte sacré
Le Sacrifice, dans sa racine latine sacrificium, ne désigne pas la perte, mais la consécration : sacer facere, « faire sacré ». Il s’agit moins de soustraire que de transfigurer. Le profane, en ce sens, n’est pas ce qui est indigne ou méprisable : il est ce qui attend encore d’être éclairé, ordonné, élevé.
L’initié ne rejette pas le monde : il le traverse avec une conscience nouvelle, et fait de chaque instant, de chaque geste, de chaque pierre brute de son existence, un lieu possible d’élévation. Le sacrifice consiste alors à faire œuvre de transmutation : changer la matière grise des automatismes et des désirs en or vivant de l’attention sacrée.
Ainsi, chaque angle mort du Moi, chaque attachement à une illusion, chaque forme de paresse spirituelle devient une matière à sculpter. Ce n’est pas la douleur qui taille la pierre, mais la conscience éveillée, armée du ciseau du discernement et du maillet de la volonté éclairée.
Le sacrifice véritable n’est donc pas un renoncement à ce qui est vital ou légitime, mais une offrande volontaire de ce qui entrave la croissance intérieure. C’est se délester de ce qui encombre, des images figées de soi, des fausses sécurités et des conditionnements, pour permettre l’émergence du Soi profond, ce Centre immobile, miroir du divin.
Faire du profane un acte sacré, c’est sanctifier le quotidien en y déposant la Lumière. C’est comprendre que tout, jusqu’à l’épreuve, jusqu’à l’ombre, peut devenir lieu de passage, si le regard est transfiguré. L’initié n’a pas pour mission de fuir le monde, mais de l’élever en lui.
Mourir au Moi pour naître au Soi
La tradition maçonnique, dans le silence de ses rituels et la densité de ses symboles, enseigne une vérité fondamentale : nul ne peut renaître sans d’abord mourir à ce qui l’entrave. Mais il ne s’agit pas ici d’une mort extérieure, ni d’un anéantissement de l’être, encore moins de l’ego en tant que structure psychique légitime. Ce qui est appelé à mourir, c’est l’orgueil du Moi, ses illusions de permanence, ses prétentions à posséder la vérité, sa soif de pouvoir ou de reconnaissance.
L’ego n’est pas l’ennemi ; il est un outil, une interface avec le monde. Mais lorsqu’il usurpe la place du Centre, lorsqu’il prend le trône du Soi et se fait roi dans un royaume d’illusions, alors il devient obstacle. Le Rite, en ce sens, ne propose pas l’effacement de soi, mais une purification. Il invite l’initié à faire le tri entre l’essentiel et l’accidentel, entre l’être et l’avoir, entre la vérité silencieuse du Cœur et les bavardages du personnage social.
Cette purification passe par une mort symbolique, que la tradition nomme parfois Ordalie. C’est une épreuve, une traversée intérieure où l’initié, seul face à lui-même, voit s’effriter ses masques. C’est dans ce creuset que tombent les certitudes et les justifications, que les ombres refoulées émergent à la lumière, non pour accuser, mais pour être reconnues, aimées, et transformées.
Rencontrer sa propre ombre n’est pas une punition : c’est un passage nécessaire. Car avant d’aimer la Lumière, il faut d’abord l’avoir désirée au sein même des ténèbres, et compris que sans nuit, l’aube ne peut être révélée. Cette nuit de l’âme n’est pas la fin du chemin, mais sa matrice secrète.
Naître au Soi, c’est réintégrer le Centre, le point immobile autour duquel tout gravite, et qui ne s’impose jamais par la force, mais rayonne par sa seule Présence. C’est reconnaître en soi une étincelle d’Absolu, un principe d’unité, silencieux, humble, mais invincible.
Ainsi, le Maçon ne cherche pas à briller dans le monde, mais à irradier depuis l’intérieur. Et pour cela, il lui faut mourir non à l’existence, mais à l’illusion d’être séparé de l’Essence.
L’Ordalie : creuset de l’Œuvre intérieure
À l’image du métal jeté dans le brasier de l’alchimiste, l’initié est appelé à entrer dans le creuset de l’épreuve, non pour être détruit, mais pour y être purifié. Car l’Ordalie (du latin ordalium, jugement divin) n’est pas un châtiment infligé de l’extérieur, mais un rite de passage intérieur, une confrontation avec les forces enfouies, une pesée de l’être dans la Balance de la Vérité.
Dans le langage symbolique de la Tradition, l’épreuve ne juge pas ce que nous possédons, ni ce que nous paraissons être, mais ce que nous sommes devenus à force de travail, d’humilité, de conscience. Elle ne se mesure pas à la réussite apparente, mais à la capacité d’aimer malgré l’obscurité, de se tenir debout quand vacille le monde, de choisir la lumière même quand elle semble absente.
Le Feu initiatique, comme celui de l’Athanor, n’est pas un feu destructeur, mais un feu révélateur. Il ne consume que ce qui est appelé à mourir : les illusions, les mensonges, les constructions mentales figées, les attachements égoïstes. Il ne touche pas ce qui est vrai, essentiel, pur, au contraire, il le fait briller.
C’est ainsi que, dans le silence de l’épreuve, la Pierre intérieure se révèle : ce noyau inaltérable, reflet du Soi, que les Anciens nommaient la Quintessence ou l’Étincelle divine. Elle n’est accessible qu’à celui qui a traversé le feu sans détourner les yeux, sans tricher, sans fuir sa propre ombre.
L’Ordalie est un miroir ardent : elle nous renvoie non l’image que nous voudrions donner, mais celle que nous avons forgée dans l’intimité du Temple intérieur. Elle est le moment de bascule où l’ancien Moi vacille, et où peut naître une conscience nouvelle, plus vaste, plus libre, plus vraie.
Ce rite, qu’il prenne la forme d’un échec, d’une perte, d’un bouleversement ou d’un silence intérieur, n’est jamais vain. Il est, pour celui qui sait en lire les signes, l’Œuvre au Noir du Grand Œuvre : le commencement d’une régénération profonde, d’une verticalité retrouvée, d’une royauté intérieure reconquise.
Le Temple du Cœur
Le Sacrifice, sur le chemin initiatique, n’est ni mortification ni renoncement stérile : il est acte d’Amour libre et conscient, offert en silence à l’autel de l’Être. Il ne s’impose pas, il s’élève. Il ne mutile pas, il transfigure. Ce que l’initié dépose dans le Feu sacré de l’œuvre, ce ne sont pas des trésors précieux, mais les chaînes dorées de l’illusion, les colliers d’orgueil, les sceptres de pouvoir creux.
En cela, le Sacrifice maçonnique est une prière incarnée, discrète, invisible, mais agissante. Il se grave dans le marbre du vécu quotidien, dans le choix de la vérité quand le silence flatte, dans le service discret plutôt que la reconnaissance, dans l’écoute fraternelle au lieu de la certitude assénée.
Celui qui sacrifie ses passions aveugles, ses attachements possessifs, ses opinions comme autant de forteresses mentales, n’y perd rien d’essentiel. Bien au contraire, il s’ennoblit. Car il cesse d’être esclave de ses conditionnements pour devenir serviteur de l’Idéal, canal de la Lumière, réceptacle du sens.
Le véritable Temple ne se dresse pas de pierre ni de bois : il s’édifie dans le Cœur. Non pas le cœur sentimental ou fragile, mais le Cœur au sens spirituel : le Centre stable de l’être, sanctuaire secret d’où émane la Présence. Ce Temple vivant, chacun le porte en lui, mais c’est à l’initié qu’il revient de l’éveiller, de l’éclairer, de l’habiter pleinement.
Il ne suffit pas de le rêver. Il faut en poser chaque pierre par l’Art de la transformation de soi, par la rectification patiente, l’examen de conscience, le pardon donné à soi-même, et la fidélité à la Lumière même dans la nuit. Le Frère devient alors son propre architecte, déposant l’argile instable de l’ego pour élever, peu à peu, les voûtes cristallines du Sacré en lui.
Et lorsque ce Temple du Cœur s’illumine, non d’un éclat visible, mais d’une paix profonde, il devient reflet du Temple éternel, arche vivante où l’humanité tout entière peut, un jour, venir se recueillir.
Le Sacrifice comme Grand Œuvre
Au terme de ce chemin d’épreuve et de transmutation, le Sacrifice cesse d’être effort : il devient offrande joyeuse, consentie dans la lumière d’une compréhension élargie. Ce n’est plus un arrachement, mais une élévation. Ce n’est plus une perte, mais un acte créateur. Il devient alors l’Œuvre au Rouge de l’âme, l’ultime phase de l’Art Hermétique intérieur, celle où la conscience embrase l’être tout entier dans la clarté retrouvée de son origine divine.
Le Sacrifice, ici, n’est plus négociable, ni imposé : il est choix. Le choix de s’unir à une dimension plus vaste que le Moi, plus vaste même que l’individu. Il est la réponse libre et consciente à l’appel du Centre, à l’appel du Feu secret qui murmure au cœur du Frère : « Tu n’es pas séparé ».
L’abandon des illusions personnelles, des désirs isolés, des clivages de l’ego, n’est pas une mutilation, mais un retour à la Source. L’initié ne renonce pas à son identité : il la consacre, il l’élève, il la fond dans un ordre supérieur, celui de l’Unité, de la Fraternité, de la Lumière. Ce passage intérieur du plomb de la séparation à l’or de l’Unité est le sceau du Grand Œuvre : la réunification de l’homme avec lui-même, avec ses Frères, avec le Tout.
Dès lors, il n’est plus soumis à ses passions, ni agité par les vents du monde. Il devient fraternellement libre, parce qu’il ne cherche plus à dominer, mais à servir. Et intérieurement souverain, parce qu’il a conquis son propre royaume : celui de la paix, du discernement, de l’amour silencieux.
Le Grand Œuvre n’est pas une chimère réservée aux mystiques ou aux érudits : il est la vocation de tout Maçon authentique, appelé à incarner l’Homme libre et de bonnes mœurs, non par conformité, mais par transfiguration.
C’est en ce sens que le Sacrifice, loin d’être une fin, est l’accomplissement. Il est la pierre d’angle du Temple intérieur, la dernière lettre du Nom sacré, le fruit mûr de l’Arbre de Vie. Il est le passage du feu à la lumière, du multiple à l’Un, du Moi au Soi.
Le feu purifie l’or, l’épreuve purifie le cœur. Et le cœur purifié devient le flambeau du monde.
Saint Jean-Baptiste et Saint Jean l’Evangéliste sont évoqués dans le rituel du premier grade du R.E.A.A. à la clôture des travaux lorsqu’il est demandé : « Comment s’appelle la Loge », il est alors répondu que « c’est une loge de Saint Jean » et à la question suivante : « Pourquoi ? » On répond : « Parce que Saint Jean- Baptiste et Saint Jean l’Evangéliste ont été les patrons des anciens Maçons».
Mais la réponse n’est pas complète puisque l’on demande : « Allez-vous plus loin » et on répond : « Saint Jean-Baptiste est le précurseur de la Lumière ; Saint Jean l’Evangéliste disciple du Maître est celui qui a rendu témoignage de la Vérité et qui a été choisi de transmettre aux hommes l’Evangile de l’Amour, et il est enfin considéré comme une initié parfait ».
Jean 1:1. In principio erat Verbum… sont les premiers mots en latin de l’Évangile selon Jean, Évangéliaire d’Æthelstan, folio 162 recto, v. Xe siècle.
Les symboles utilisés dans ce dialogue sont d’origine biblico-cosmiques et attestent d’une relation étroite entre les deux saints. En effet, Saint Jean-Baptiste est associé au solstice d’été (temps) et au tropique du Cancer (espace) et Saint Jean l’Evangéliste au solstice d’hiver et au tropique du Capricorne. Ils sont fêtés par la communauté chrétienne les 24 juin et 27 décembre et par les francs-maçons lors des tenues et agapes des saints Jean d’été et d’hiver.
Ils interrogent principalement sur une vision prophétique et visionnaire de la destinée humaine. La dimension transcendantale qui en découle, symboliquement représentée par la Lumière contrastée que provoque les deux solstices interpelle sur le mouvement perpétuel et l’éternité ainsi que sur l’espace et l’infini.
Symbolique astrologique
A ce stade de l’analyse, il faut parler de l’importance de la symbolique astrologique associée aux deux solstices. Saint Jean-Baptiste, précurseur de la Lumière est celui qui fait prendre conscience de la Lumière mais ne la crée point. Associé au Cancer, signe cardinal et à dominante d’eau, il informe sur la sensibilité germinative de la lumière qui doit naître du sentiment vécu et non point sur la force d’un raisonnement. Ainsi, l’Homme qui ressent les vertus transformatrices du Cancer est à même de percevoir ce qu’il cherche s’il veut bien utiliser les composantes symboliques du signe, c’est à dire ressentir et vivre ses sentiments dans la réalité énergétique du solstice d’été qui montre que la Lumière est la plus forte parce que le soleil est au plus haut sur l’horizon. Tout dans cet instant particulier de la Saint Jean d’été est évolutif, car sous l’influence conjointe d’un ressenti à dominante lunaire et d’une force solaire à son apogée peut naître la conscience d’un foyer cosmique (symbolisme de la maison quatre).
A l’opposé du signe du Cancer se trouve celui du Capricorne sous la maîtrise de saturne. C’est un signe cardinal et de terre, relié symboliquement au milieu du Ciel et proche de l’étoile polaire qui a été importante dans la mythologie égyptienne et biblique car elle ne bouge pas tout au long de l’année dans la voûte étoilée. Sa symbolique atteste de l’immuabilité de l’essentiel quelles que puissent en être les vicissitudes propres à l’évolution des sociétés. Saint Jean l’Evangéliste est le disciple du maître car il traduit dans la réalité (signe de terre) les vertus de la Lumière ressentie dans l’eau du cancer. C’est donc sur l’axe Cancer-Capricorne que sont nés l’Evangile qui porte son nom, trois épîtres et une Apocalypse.
En maçonnerie, la Bible contenant l’Evangile de Jean est appelé Volume de la Loi Sacrée . Elle est déposée sur l’autel de la Vérité et ouverte à l’Evangile de Jean.
Rappelons qu’en astrologie le signe du capricorne est placé au plus haut dans le ciel et qu’il symbolise de par sa position tout ce qui est important au devenir de l’homme en particulier et de sa communauté en générale. Saturne, maîtresse du signe du Capricorne, planète froide, persévérante et affranchie de toute subjectivité communiquera donc l’essence du contenu de l’évangile de Jean c’est à dire la Vérité par l’Evangile de l’Amour comme le précise si justement le rituel, mais aussi tout ce qui touche à la substance maçonnique, émanation naturelle de l’essence symbolisée par le G.’. A.’. D.’. L.’. U.’.
Ce premier dialogue entre le V.’. M.’. et le deuxième surveillant trace les grands axes de la méthode et de la symbolique qui lui est appropriée mais l’essentiel se trouve finalement dans le discours du V.’. M.’. avec le premier surveillant qui interroge à nouveau sur la loge de saint Jean et qui demande : «Quelle est la signification mystique de ma demande et de votre réponse ». Le premier surveillant répond alors : «La première nous incite à méditer l’origine et le mystère des Choses, la seconde nous fait souvenir que la Maçonnerie bien entendue nous propose des symboles qui conduisent notre esprit vers le Juste et le Vrai». Cette dernière phrase confirme que le rituel est une exégèse mythologique et non théologique et littérale comme aurait pu le laisser croire le premier dialogue avec le deuxième surveillant.
Mythes et symboles
Avant d’aborder le prologue de l’évangile de Jean proprement dit, examinons ce que signifie l’exégèse mythologique pour un maçon en rappelant tout d’abord que le mythe est à la fois une réponse sensitive et imagée de la pensée humaine aux nombreuses questions primordiales touchant à l’origine du monde et sa cause, la mort et son mystère ainsi que la vie et son sens mais qu’il est aussi une véritable histoire sacrée.
Afin d’illustrer celle-ci le rituel du REAA utilise des symboles provenant de nombreuses cultures: cosmiques avec la lune et le soleil, pythagoriciens avec les quatre éléments et le G.’. A.’. D.’. L.’. U.’. , bibliques avec le Volume de la Loi sacrée, compagnonniques avec le fil à plomb, le niveau et l’équerre, alchimiques avec V.I.T.R.I.O.L., universels avec les couleurs et enfin proprement maçonniques avec le cabinet de réflexion et les trois points.
Cette grande diversité de l’origine des symboles est la confirmation éclatante que les concepteurs du rituel veulent donner au mythe d’Hiram une dimension spatio-temporelle hors de la synchronicité du temps et de la géographie terrestre.
La communauté maçonnique, comme toutes les communautés culturelles, est fondée sur une vision mythologique car les réponses apportées par l’adepte lors de son initiation sont à la fois indispensables pour son évolution spirituelle, mais surtout utiles pour la communauté des Frères, qui se retrouve ainsi plus unie et plus forte face au mystère profond de l’existence. Cette force retrouvée par le nouveau maillon calme en quelque sorte l’effroi devant la mort en le sublimant en amour fraternel et de la vie en général. L’éthique morale qui en résulte est une vision nouvelle du Juste et du Vrai, tel que le narre le rituel du premier grade du REAA.
Il est intéressant de noter que toutes les précautions sont prises dans la dimension mythique maçonnique afin d’éviter une exégèse littérale. En effet, seul compte le combat intérieur et le respect qui lui est du ; car le mythe est une épopée, une sorte de grande aventure de la lutte du genre humain pour retrouver de la clarté intérieure et le sens de la vie. Cette lutte entre le bien et le mal, entre les intentions perverses et sublimes qui s’affrontent dans la psyché humaine est la réalité de la condition humaine. La clarté initiatique découlant d’un rituel maçonnique n’est qu’une lucidité nouvelle développée par le mythe qui éclaire sur le mal qui nous aveugle en développant l’égoïsme, la vanité et l’orgueil mais aussi sur le bien, qui permet d’harmoniser les fonctions matérielles et sexuelles et finalement, de vivre une spiritualité libre de tout dogme. L’éthique morale dans un tel contexte sera de considérer la Vie, seule réalité tangible perçue par la raison, comme le bien le plus précieux préexistant à toute société humaine, et d’en comprendre son sens tout au long du parcours ici bas.
La Vérité pour le franc-maçon est la loi de l’harmonie car rien n’est plus équilibré que la création humaine puisqu’elle est la source principale de l’entendement. La difficulté bien sûr consiste en fait à vivre une loi d’amour dans une dynamique comportementale toujours changeante. L’art de vivre, en fait l’Art Royal des francs-maçons est cette culture de l’adaptation dans une conscience altruiste de la communauté que nous symbolisons par l’édification du Temple universel.
Le Prologue de Jean
Jean 1:1, Les Grandes Heures d’Anne de Bretagne, XVIe siècle.
L’Evangile (littéralement heureuse nouvelle) de Jean figure dans le Nouveau Testament. C’est un écrit majeur du Volume de la loi sacrée puisque dans la loge nous le plaçons sur l’autel de la Vérité et l’ouvrons au premier chapitre. Associé à deux épées croisées et un chandelier à trois branches, il est au cœur du processus initiatique. Sa signification doit être recherchée en relation avec la substance propre du rituel maçonnique, mais aussi avec celle contenue dans l’Ancien et le Nouveau Testament, car elle est l’aboutissement éclairé d’un processus dynamique des idées.
En effet, si la Genèse parle de la souffrance pathologique liée à la chute (perte du paradis) et de l’avènement de la conscience, l’Ancien Testament insiste surtout sur les efforts que doit entreprendre l’homme pour s’affranchir de cette souffrance. Le Nouveau Testament s’attache aux possibilités pour l’homme de trouver une issue vers la félicité. Enfin le Prologue de l’Evangile de Jean indique que cette démarche vers la joie est conforme au sens évolutif de la vie terrestre dans l’intégralité d’un processus cyclique. La signification ésotérique du Prologue est donc clair, il donne les clés pour affronter le mystère de la mort et du sens de la vie.
Rappelons avant d’aller plus loin les neufs premiers versets de ce Prologue :
« 1 Au commencement était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu et le Verbe était Dieu. 2 Il était au commencement auprès de Dieu. 3 Par lui tout a paru et sans lui rien n’a paru de ce qui est paru. 4 En lui était la vie et la vie était la lumière des hommes ; 5 et la lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie. 6 Il y eut un homme envoyé de Dieu, son nom était Jean. 7 Il vint en témoignage pour témoigner au sujet de la lumière, afin que tous par lui fussent amenés à la foi. 8 Celui-là n’était pas la lumière. 9 C’était la lumière, la véritable, qui illumine tout homme en venant dans ce monde »
Premier Verset
Le premier verset « Au commencement était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu et le Verbe était Dieu » est fondamental quant à un éclaircissement sur le fondement épistémologique de la pensée humaine. En effet, le mot Verbe qui se dit en latin verbum est la traduction du mot grec Logos signifiant la parole. Le Verbe est donc la Parole du G.’. A.’. D.’. L.’. U.’..
Il symbolise le fait évident pour l’esprit de l’homme que le monde, ne peut pas être conçue comme un effet sans cause, ni comme l’effet d’une cause connaissable. Il est donc créé comme l’effet d’une cause inconnaissable qui ne peut être imaginée que dans une dimension humaine. Ce qui est important c’est donc le mystère de la création et non la création en elle-même comme le souligne le premier surveillant dans la clôture des travaux « nous incite à méditer l’origine et le mystères des Choses » Ainsi, le Logos, ou la Parole ou la Connaissance est un chemin de vie qui donne accès aux mystères du G.’. A.’. D.’. L.’. U.’.
Le Logos est pour le franc-maçon intimement inclus dans l’ordre maçonnique qui symbolise la légalité et la cohérence du monde dans une dimension initiatique. Le Logos est comme le dit le premier verset: « auprès de Dieu et il était Dieu. » Cela signifie que pour l’homme l’existence du monde est organisée (théorie du Big bang) mais qu’il est mystérieusement organisé car il est l’effet d’une cause inconnaissable. En résumé cela signifie qu’il y a deux mystères: l’aspect mystérieux de l’organisation et la cause inconnaissable de la création.
Finalement le mystère de l’organisation rejoint le mystère des origines.
La prise de conscience par le maçon de ce double mystère ne peut que l’engager à respecter davantage la Vie sous toutes ses formes car elle est la réalité à l’échelle humaine du secret maçonnique. Vivre cette réalité dans la loi de l’harmonie par l’étude systématique du rapport des symboles les uns avec les autres conduira comme l’indique le deuxième surveillant à la clôture des travaux: «toutes nos actions vers le Juste et le Vrai»
Verset 2
A la fin du premier verset du Prologue, il est dit: «…et le Verbe était Dieu». Cette dernière affirmation est pour le chrétien la confirmation du dogme de l’incarnation puisque le Verbe est compris comme une divinité préexistante entièrement identifiée par Jésus ; tandis que pour les francs-maçons, le Verbe est un symbole et Jésus un homme réel. Ainsi ce premier verset montre à l’évidence que le Prologue de Jean est la source du mythe et non du dogme de l’incarnation.
Rappelons encore une fois que l’exégèse mythologique du prologue n’est qu’une explication symbolique de la vie en évolution qui interpelle la conscience du commencement, c’est à dire aussi loin que l’esprit humain puisse remonter dans le temps jusqu’à l’instant imaginé d’une rupture évolutive traduite en maçonnerie par la recherche du Juste et du Vrai. Le processus initiatique qui agit sur l’élévation du niveau de conscience est inclus dans le mythe de l’incarnation puisqu’il a comme ambition de calmer les angoisses existentielles (de la mort, du mystère des origines, etc.) en proposant un chemin qui donne du sens à la Vie et qui rend cette évolution positive.
Aimer ses Frères est la première manifestation tangible de cette reconnaissance comme l’exprime le premier surveillant à la clôture des travaux : « Saint Jean l’Evangéliste disciple du Maître est celui qui a rendu témoignage de la Vérité et qui a été choisi de transmettre aux hommes l’Evangile de l’Amour, et il est enfin considéré comme un initié parfait ».
Transmettre aux hommes l’Evangile de l’Amour nécessite au préalable d’avoir confiance dans un processus initiatique franc-maçonnique qui est évolutif et qui exclu, rappelons-le encore une fois, tout dogmatisme littéral et religieux. Cette confiance est magistralement confirmée par Jean, considéré dans le rituel du REAA comme un initié parfait, car en baptisant Jésus et tous ceux qui frappent à la porte du Temple il a tout simplement montré l’importance que l’on doit accorder à une symbolique de la renaissance intérieure par l’élimination du vieil homme, en fait, à renoncer à l’attachement des désirs matériels. Le baptême par l’eau est symbolisé dans le rituel du premier grade du REAA avec le deuxième voyage. Il engage le récipiendaire à réfléchir et méditer la symbolique de l’eau, élément dominant du signe du Cancer associé analogiquement à Jean-Baptiste, en rapport avec l’émotivité générée par l’initiation, dans le but de mieux comprendre les vertus d’une renaissance spirituelle qui débouche, non pas dans un endroit fermé et austère mais, dans une dimension infinie symbolisée par L’Evangile de l’Amour. La confiance qui a été donnée à un ami (parrain du candidat) sera alors récompensée puisqu’elle ouvrira les portes d’un état où règne plus de Lumière et plus de Justice.
Verset 3
Le verset trois « Par lui tout a paru et sans lui rien n’a paru de ce qui est paru » signifie que tout ce qui existe et créé ici et ailleurs appartient au mystère de l’origine et au mystère de l’organisation (logos) et que rien n’est existant seul, car tout est relié à l’ensemble des faits et phénomènes connus et inconnus inclus dans le dynamisme de l’évolution.
A la lecture de ce verset, nous mesurons combien la vanité de l’homme est grande et son orgueil démesuré lorsqu’il désire s’affranchir d’un mystère par la raison. Définir l’inconnaissable n’est que pure spéculation métaphysique qui n’entraîne que malheur et désespoir car la certitude dans ce contexte est dogmatique et non évolutive. L’entendement alors ne sert que la cause du dogme qui n’est en réalité qu’une spéculation coupée de sa dimension mythique. Une telle attitude aboutit nécessairement au matérialisme dogmatique qui niant l’évidence du mystère exalte une philosophie du hasard associée à une pseudo-explication d’un dieu prométhéen réellement existant. Les dogmes sont la plaie de l’humanité car ils assombrissent la clairvoyance intérieure, dissocie la réalité de son contenu mythique, neutralisent l’entendement de l’évolution spirituel et enferment toutes les potentialités psychiques par nature évolutives dans un carcan linéaire sans horizon.
La compréhension du mythe d’Ouranos permet en fait de mieux comprendre où se situe la naissance du dogme dans la psyché humaine, car comme il a été dit plus haut, tout est relié à tout, inclus l’intentionnalité positive et négative.
En l’homme existe conjointement une puissance chaotique, créative et éruptive de type uranien puis une puissance organisatrice et tyrannique de coloration saturnienne et finalement une puissance participative et légale d’essence jupitérienne qui seule assure la cohésion d’une communauté. La Puissance cohabite dans l’homme et se révèlent à travers ses actes. Pour que la puissance d’essence uranienne (créative) évolue jusqu’à la puissance jupitérienne (associative et participative), il ne faut pas rompre l’engagement et la confiance qui lient l’Homme aux mystères de la condition humaine. Il ne faut point créer de dieu ou d’idoles et se substituer à eux.
Chronos (Saturne) est la représentation de la puissance tyrannique parce qu’il a émasculé son père Ouranos sur l’ordre de Gaïa sa mère et qu’il a ensuite eu peur de perdre cette puissance par la répétition, par ses propres enfants, de ce qu’il avait fait à son père. Il a donc ordonné de les tuer. Mais Rhéa, épouse de Chronos a soustrait son fils Zeus (Jupiter) à la tuerie et lui a demandé de combattre et d’abattre son père. L’acte accompli, Zeus a partagé la puissance avec Hadès et Poséidon ce qui a permis la venue d’Athéna, déesse de la Sagesse. Ce mythe montre que la Sagesse naît à la fin du processus évolutif de la puissance. Le dogme de quelque nature soit-il reste au niveau de Chronos qui « l’entretient » par la peur et la tyrannie.
Force, Sagesse et Beauté sont les trois valeurs constitutives d’un rituel maçonnique qui peuvent être associée analogiquement aux vocables Verbe, Vie et Lumière. Pourquoi ?
Verset 4
Jean 1:1, Évangéliaire d’Ostromir, avec le portrait de l’évangéliste, 1056-1057.
Le quatrième verset du prologue dit. « En lui était la Vie et la vie était la Lumière des hommes. » Cela signifie que le Verbe (Connaissance), associé analogiquement à la Force, contient toute la puissance du mystère des origines et de son organisation et que cette Force, qui engendre l’organisation de la matière, est la Lumière des Hommes, car la vie est le seul critère que possède l’homme de la vérité ou de l’erreur objective sur le sens de la vie. Cette complicité psychologique et intime ne peut venir que de son sentiment d’être vivant, d’être en harmonie avec son environnement et de vivre cette relation par la Beauté.
Les francs-maçons sont les fils de la Lumière. Ils ont choisi d’être seuls face à cette complicité et de la vivre dans l’amour d’une communauté de FF.’. pour finalement trouver un chemin personnel qui mène vers l’harmonisation des désirs et la félicité. Cette solitude nourrie de l’esprit organisateur et harmonisateur de la matière est en quelque sorte l’état premier de la condition humaine, puisque dans la réalité des formes, l’homme naît et meurt seul, mais elle est surtout la clé pour développer l’intuition qui permet de retrouver la substance propre aux mystères enfouis au plus profond de la conscience. Le nouvel état qui résulte d’une telle démarche (solitude) se traduit dans la réalité par un charisme qui transmute les doutes sur le sens de l’évolution. Vivre ce charisme c’est accorder encore plus de force au silence qui règne dans l’infinitude de la pensée, car il est vraiment le puit sans fond de la créativité. Boire à ce puits, c’est savoir parler vrai, c’est traduire par l’intelligence du coeur tous les actes volitifs.
Il est dit dans le rituel du premier grade après les trois voyages «Que la discipline de l’Apprenti commence par le silence et finit par la méditation». Une telle phrase place le maçon face à sa capacité d’écoute et d’entendement de sa psyché. Cette attitude est nécessaire afin d’affermir la volonté car rien ne peut se créer sans une profonde analyse de sa Vérité en relation avec la vie en évolution symboliquement représentée par les rituels maçonniques du REAA.
Verset 5, 6 et 7
Le cinquième verset « Et la lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont point saisie » affirme que la lumière ne ternit pas au contact des ténèbres mais qu’elle reste toujours pure puisqu’elle est aussi ténèbres dans son essence. C’est à travers la compréhension d’une triade en l’occurrence les trois grandes lumières (Soleil, Lune et l’Orient) que l’explication de ce verset devient lumineuse. En effet, pour l’homme la perception du monde organisé se réalise à travers une dualité cosmique symbolisée par la Lune et le Soleil qui rythme les saisons mais aussi le tempérament. Ombre et lumière agissent dans la Nature et par analogie dans le psychisme humain. Vaincre les ténèbres, c’est à dire comprendre l’exaltation des désirs matériels, ce n’est que retrouver la même lumière qui éclaire une nouvelle voie que les maçons appellent l’Orient. Le rituel dit que « C’est à l’Orient que tout s’accomplit » car en effet, c’est ici que la triade donne du sens à l’histoire de sa vie et à celles des sociétés humaines.
La prise de conscience de cette dynamique évolutive vers le Beau et le Vrai que symbolise la Lumière est irréversible car « les ténèbres ne l’ont point saisie ». Regarder vers l’Orient c’est savoir vivre et partager dans la vie de tous les jours les valeurs cosmiques symbolisées par le Soleil et la Lune mais c’est aussi reconnaître qu’il existe toujours une vérité en quelque sorte surconscience, c’est à dire au-delà de l’entendement intellectuel qui permet de lutter contre une tendance subconsciente qui tend à nier l’évolution.
Le pavé mosaïque symbolisant la dualité est donc présent tout au long de la vie. Son action agit sur les plans matériels, psychiques et spirituels. Le doute qui en résulte est permanent dans la conscience, c’est pourquoi le maçon au fond de lui-même sait que la quête de la recherche de la Lumière et plus importante que la Lumière en soi car il lui est demander de tailler sa pierre. Il cultivera donc toutes les vertus propres au travail, c’est à dire la ténacité, la persévérance, la confiance en ses FF.’. et ses convictions et combattra avec force, dans son for intérieur, les tendances contraires. Ainsi, il pourra cheminer heureux et traverser les vicissitudes de l’existence sans jamais perdre sa foi, symbolisée par la recherche de la Lumière.
Jean-Baptiste est le témoin de la Lumière comme le rappelle les versets six et sept du prologue « Il y eut un homme envoyé de Dieu, son nom était Jean. Il vint en témoignage pour témoigner au sujet de la lumière, afin que tous par lui fussent amenés à la foi. » Il est considéré en maçonnerie comme un initié parfait. Pourquoi ? Jean-Baptiste, précurseur de la Lumière, symbolise l’élan intérieur qui caractérise tout homme qui veut témoigner de la lumière. Cet élan, cette ferveur est la quintessence de tous les actes volitifs accomplis dans l’esprit de l’Orient. C’est une sorte de point d’équilibre extatique béatifiant la qualité de l’instant ressenti lors d’une initiation par exemple, c’est à dire en élargissant le niveau de conscience jusqu’à la perception symbiotique d’une plénitude amoureuse de la condition humaine associée à l’immortalité de l’âme. La fraternité maçonnique vécue en loge est le rappel constant de ce point d’équilibre. Sans elle rien ne se passe, tout reste figé dans un endroit clos et austère qui rigidifie les plus beaux concepts.
La force de l’initié est à chercher tout d’abord dans la confiance qu’il porte à sa conviction (libre choix) d’adhérer à l’ordre et à celle de son parrain garant du témoignage de Jean-Baptiste considéré comme un initié parfait. La dernière phrase du verset : << …afin que tous par lui fussent amenés à la foi» signifie que l’évolution spirituelle, telle que la conçoit la voie maçonnique ne peut se faire ni dans un système dogmatique, ni dans une immanence de la Raison mais dans l’affirmation d’une conviction éclairée et personnelle que la vie a un sens pour soi dans celle des autres et que la clarté qui en résulte débouche sur le respect des droits et devoirs qui découle de la sincérité de sa ferveur (foi).
Le verset huit dit que: « Celui-là n’était pas la lumière, mais il devait témoigner au sujet de la Lumière ». Il confirme que Jean-Baptiste en tant qu’homme n’est pas la Vérité, mais qu’il connaît la Vérité puisqu’il doit témoigner sur elle, tout comme le maçon, qui est capable, grâce à son initiation, de distinguer l’erreur de la Vérité. La vocation de la franc-maçonnerie est de perpétuer la Lumière qui habite tous les hommes libres et de bonnes mœurs qui désirent entreprendre le voyage initiatique. Le devoir est donc clair il s’agit de ne pas laisser perdre le message de l’Evangile de l’Amour. Témoigner n’est pas chose facile lorsque la situation politique est contraire à l’idéal éthique découlant de la foi. Il s’agit alors d’être courageux, de ne point faiblir devant les forces dévastatrices matérialistes qui créent de la culpabilité et de la déraison.
Comme Jean-Baptiste, le maçon continuera à baptiser c’est à dire à être l’ami de tous ceux qui frappent à la porte du temple. Disponible, prévenant, les jambes dans l’eau du fleuve de la vie et la tête dans les étoiles, il donne avec humilité ce qu’il connait le mieux c’est à dire son amour de l’humanité. Ce message ne contient aucunes plus-values matérielles, ni reconnaissances sociales, mais pour celui qui témoigne, il est de la plus haute importance, car il donne du sens à sa vie.
Verset 9
Dieu avec un Franc-maçon
Le verset neuf dit que : « C’était la lumière, la véritable qui illumine tout homme en venant dans le monde ». Voilà à nouveau les vertus de l’initiation confirmées dans cette phrase qui, par ailleurs, est reprise telle quel dans le rituel du premier grade du REAA.
C’est en effet la responsabilité de l’initié devant la loi éthique qui veut que nous soyons tous concernés par la lumière puisqu’elle « illumine tout homme en venant dans le monde ». Cette affirmation est au-delà de l’entendement humain car elle est parcequ’elle est éternel. Nous retrouvons ici, le mystère de l’origine et le mystère de son organisation dans une traduction éthique et mythique. Si le verset affirme que c’est la véritable lumière, c’est parce qu’il sous-entend qu’il peut exister une fausse lumière. Le mythe de la recherche de la Vérité passe inévitablement par une lutte impitoyable qui engage l’initié à se libérer des désirs inutiles (fausses lumières) afin de déboucher sur une plus grande lucidité de lui-même. La Vérité est d’abord sa propre vérité comprise dans une dimension mythique. Cette nouvelle lucidité permet à l’initié de comprendre l’histoire des civilisations et la sienne en particulier à travers le sens de la Lumière, qui est avant tout la Vérité sur l’homme.
Conclusion
Aime ton prochain comme toi-même est l’aboutissement naturel de cet effort de vérité. C’est du reste la condition nécessaire qui assure une cohésion créatrice d’une communauté d’homme que nous symbolisons en maçonnerie par la Loge. Cette aventure de soi-même dans la conscience des autres, mais surtout dans l’esprit de l’éternel Sagesse, place la franc-maçonnerie comme la société qui témoigne de la Lumière hors de tout dogmatisme et d’autoritarisme culturel.
Le prologue de l’Evangile de Jean est ouvert sur l’Autel de la Vérité. Il relie le mythe d’Hiram symbolisant les efforts que doit entreprendre tout initié qui désire s’affranchir de la souffrance primordiale au mythe du Christ symbolisant la foi en l’essence de la vie apportée par l’Evangile de l’Amour. Ces deux mythes inclus dans le cycle évolutif de la condition humaine ne sont actifs qu’à partir du moment où l’initié les fait vivre en lui. Ils forment alors une triade représentant les trois piliers qui soutiennent la base d’un temple universel que les francs-maçons construisent depuis la nuit des temps. Etre opératif dans ce chantier c’est donner à la fois du sens à sa vie et aux mystères de l’origine mais c’est aussi ne pas douter de la qualité du travail accompli, car il est effectué dans un lieu où les outils sont connus de tous et où les actes maladroits sont toujours repris par celui qui observe et œuvre dans l’esprit de l’Eternel Sagesse.
La conscience du Tout n’a pas de frontières, elle est en permanence dans toute Vie, elle est La Vie au-delà de tout entendement raisonnable.
L’espérance mystique de l’Evangile de Jean est finalement une foi inébranlable en la capacité illimitée de l’esprit humain de s’affranchir des ténèbres pour retrouver les bienfaits de la Vie (Lumière), mais aussi d’être ému devant les mystères de l’existence et de son harmonie sous-jacente.
Nous avons tous besoin de pèlerinages qui rythment nos vies, qu’ils soient religieux, philosophiques ou intimes. Une manière de donner sens à la banalité du quotidien et de vérifier que nous sommes toujours bien enracinés, que nous n’allons pas être bousculés par le moindre souffle de vent. Une manière de vérifier que nous sommes plus du côté du roseau que du chêne !
Je vous fais confidence, que depuis de très nombreuses années, mon « chemin de compostelle » passe par le festival de cinéma de la rochelle. Un lieu magique où les cinéphiles se retrouvent pour leur messe annuelle !
I- Un certain Claude Chabrol
Ce 53e festival, comme à son habitude présentait des merveilles du « 7e art ». Mon attention fut particulièrement attirée par une rétrospective de l’oeuvre cinématographique de claude chabrol (1930-2010). Le personnage et les films ne peuvent que jouer un rôle d’aimant : le grotesque, la fantaisie, la dérision, la vivacité, la manipulation, structurent son cinéma et en font sa richesse et sa profondeur. Existe aussi un jeu très subtil sur la frontière quasiment invisible qui sépare le crime et la folie, la norme et la rébellion, le cadre et la marginalité. Un lieu qui peut se situer entre honoré de balzac, flaubert et simenon et qui illustre la solitude de l’homme. Avec ses 57 films et 23 téléfilms et près de 50 millions de spectateurs, chabrol est un immense metteur en scène. Figure de la « nouvelle vague », il va manier l’humour tendre et la férocité. Sa fille adoptive, cécile, décrit ainsi le non-conformiste (1) : « une vie de bouddha gourmand, d’anarchiste sournois, de jouisseur impertinent et débonnaire » ! A ajouter une féroce critique de la bourgeoisie (dont il était un pur produit !) face à sa fausse morale et sa violence dissimulée. Il est intéressant de constater que la plupart de ses succès sortiront durant la période « pompidolienne »…
II- Ah mademoiselle hélène, je vous mets de côté un beau gigot. Vous m’en direz des nouvelles !
Et puis la surprise…
Parmi les films célèbres de chabrol (le beau serge, les cousins, les bonnes femmes, les godelureaux, les biches, la femme infidèle, que la bête meure, la rupture, juste avant la nuit, les noces rouges, landru) revoir le boucher, film sorti en 1970, nous ouvre des perspectives philosophiques insoupçonnées qui donnent un éclairage étonnant sur la pensée chabrolienne qui loin d’être légère et gratuitement provocatrice, nous ouvre à des questions insondables. Dès lors, le monde de chabrol prend la dimension d’une histoire de l’homme sans la grâce ni la rédemption. Un monde proche de bouddha, cioran et schopenhauer et de leur conception de la permanence de la douleur. Une sorte de contre-poison à l’enthousiasme de spinoza pour la recherche du bonheur…
A un mariage, dans une petite commune de dordogne, paul thomas dénommé « paupol » par les habitants (prodigieux jean yanne !), boucher du village, fait la connaissance de mademoiselle hélène, la sympathique directrice de l’école communale (vedette fétiche de claude chabrol, stéphane audran recevra le prix de meilleure actrice saint-sébastien, pour ce rôle en 1970). Une sympathie naît spontanément entre ces deux êtres sur la touche : elle se relève difficilement d’une rupture et lui trimballe un lourd passé d’ancien militaire en indochine et en algérie, une période où l’on entassait les cadavres dans les camions, comme de la viande dont il s’occupe maintenant et qu’il offre comme cadeau à mademoiselle hélène, à la manière dont on offrirait des fleurs à l’élue de son coeur !
Un rapprochement amoureux s’opère mais l’un et l’autre savent qu’ils y croient parce que c’est absurde par nature : une parenthèse seulement, qui prend racine dans la peur de vivre de l’un et de l’autre, qui va se trouver accélérer par la découverte d’une jeune fille assassinée sauvagement à coup de couteau dans le bourg voisin. Crime suivi d’un second lors d’une sortie scolaire qu’organise mademoiselle hélène avec ses élèves pour leur faire découvrir une grotte avec des peintures pariétales sur les chasseurs et le gibier potentiel, et où l’on trouve un autre corps ensanglanté de jeune femme à deux pas de la grotte préhistorique visitée.
Et c’est là que le génie de chabrol se manifeste :
– nous devinons aisément que le boucher est le coupable et donc qu’il n’y a pas d’énigme policière à résoudre.
– nous faisons aisément le pronostic d’une psychose, mais chabrol ne s’y attarde pas. La question n’est pas là car, comme sénèque le fait remarquer : « nullum unquam existitit sine aliqua dementia » (« nul ne peut prétendre exister sans être un peu cinglé ! »).
– nous avançons bien sûr l’hypothèse que l’institutrice est en danger car elle devine très vite, comme nous, qui est l’assassin, mais que l’affection que lui porte le tueur l’obligera à retourner la violence sur lui pour l’épargner. Nous prévoyons le final « harakiri » du pseudo-samouraï comme inéluctable. Elle ne le dénoncera pas avant la scène finale, partagée entre la peur de la mort ou de nouveau de se retrouver seule.
Qu’elle est alors la question de chabrol ? Elle se tient dans la caverne : pourquoi la violence initiale dont l’homme est porteur de toute éternité est honorée quand il répond aux injonctions de l’état et devient ainsi un « héros » ou qu’il exerce un métier axé sur une forme de violence et pourquoi est-il un assassin quand il répond à ses pulsions ? L’image des peintures pariétales nous revient alors en mémoire : qui est le gibier et qui est le chasseur dans nos « grottes intérieures » ?
Mais surtout, sommes-nous sortis de la caverne où nos instincts nous enchaînent ? Dans le mythe de la caverne, notre incontournable platon nous répond que non : accéder à la lumière n’est pas une fin en soi. Il convient de redescendre dans la caverne, car elle est notre habitat et nos visites à l’extérieur ne sont qu’occasionnelles et limitées et retournons aux chaînes de notre nature. Platon tente de négocier une solution acceptable : cela serait, théoriquement, pour aider les autres ; ceux qui n’ont pas encore vu la lumière. Mais à quoi bon puisqu’elle n’est que momentanée. Dans le film,chabrol nous montre que la tendresse des « desesperados » que sont les deux héros, ne les sauvera pas de l’obscurité qui reprend ses droits…
III – pas le choix : ou la morale ou l’ethique.
Ce film dénonce l’ennemi de chabrol par excellence : la morale. Celle qui prétend répondre à la nature de l’homme en proposant ses solutions et en condamnant ceux qui ne les partagent pas, générant ainsi d’autres violences. La voie juste est sans doute la proposition humaniste de l’éthique, celle qui sait que la nature humaine peut produire des merveilles mais qui repose aussi sur un fond qui repose sur une bestialité latente qui n’attend qu’une occasion pour se manifester. Pour chabrol, la non-violence n’est qu’un décors, une mise en scène provisoire. La morale, de quelque nature qu’elle fut est l’imposition d’une « vérité », l’éthique c’est « faire avec ». Albert camus, dans un texte fondamental que nous citerons dans son entièreté, de juin-juillet 1948 (« deux réponses à emmanuel d’astier de la vigerie »), va aborder cette question de la violence inhérente à l’homme (2) : « ce n’est pas me réfuter en effet que de réfuter la non-violence. Je n’ai jamais plaidé pour elle. Et c’est une attitude qu’on me prête pour la commodité d’une polémique. Je ne pense pas qu’il faille répondre aux coups par la bénédiction. Je crois que la violence est inévitable, les années d’occupation me l’ont appris. Pour tout dire, il y a eu, en ce temps-là, de terribles violences qui ne m’ont posé aucun problème. Je ne dis donc point qu’il faut supprimer toute violence, ce qui serait souhaitable, mais utopique, en effet. Je dis seulement qu’il faut refuser toute légitimation de la violence, que cette légitimation lui vienne d’une raison d’état absolue, ou d’une philosophie totalitaire. La violence est à la fois inévitable et injustifiable. Je crois qu’il faut lui garder son caractère exceptionnel et la resserrer dans les limites qu’on peut. Je ne prêche donc ni la non-violence, j’en sais malheureusement l’impossibilité, ni, comme disent les farceurs, la sainteté : je me connais trop pour connaître en la vertu toute pure. Mais dans un monde où l’on s’emploie à justifier la terreur avec des arguments opposés, je pense qu’il faut apporter une limitation à la violence, la cantonner dans certains secteurs quand elle est inévitable, amortir ses effets terrifiants en l’empêchant d’aller jusqu’au bout de sa fureur. J’ai horreur de la violence confortable. J’ai horreur de ceux dont les paroles vont plus loin que les actes. C’est en cela que je me sépare de quelques-uns de nos grands esprits dont je m’arrêterai de mépriser les appels au meurtre quand ils tiendront eux-mêmes les fusils de l’exécution. »
Décidément, tout cela devient bien compliqué. Je fatigue, je vais aller voir un film au ciné !
Notes
(1) : ouvrage collectif : 53e festival de cinéma de la rochelle- 2025. (page 67).
(2) maeso marylin:l’abécédaire d’albert camus. Paris. Ed. De l’observatoire. 2020. (pages 203 et 204)
Bibliographie
– arendt hannah : la crise de la culture. Paris. Ed. Gallimard. 1972.
– asséo andré et chabrol claude : laissez-moi rire ! Paris. Ed. Du rocher. 2004.
– bourdon laurent : tout claude chabrol. Paris. Ed. Lettmotiv. 2020.
– de baecque antoine : chabrol. Biographie. Paris. Ed. Stock. 2021.
Dans son ouvrage Taijiquan et Franc-Maçonnerie : Expériences initiatiques d’un anthropologue, Éric Caulier nous invite à un voyage fascinant au croisement des traditions orientales et occidentales, explorant les convergences entre le taijiquan, art martial interne chinois, et la franc-maçonnerie, voie initiatique occidentale. Publié avec une préface de Jean-François Sallustrau et une couverture illustrée par le talentueux Antonio Cossu, cet ouvrage se distingue par son approche transdisciplinaire, mêlant anthropologie, philosophie, spiritualité et pratique corporelle. À travers une prose riche et introspective, Caulier tisse des ponts entre corps, cœur et esprit, offrant une réflexion profonde sur la quête de sens et d’harmonie dans un monde fragmenté.
Une quête de l’unité à travers deux traditions Éric Caulier, praticien-chercheur et anthropologue, s’appuie sur son parcours singulier pour explorer les parallèles entre le taijiquan et la franc-maçonnerie. Initié aux arts internes chinois par des maîtres tels que Men Hui Feng, surnommé « l’encyclopédie vivante des arts martiaux », et engagé dans la franc-maçonnerie au sein du Rite Écossais Ancien et Accepté, l’auteur incarne une synthèse rare entre rigueur académique et expérience vécue. Son ouvrage s’articule autour de l’idée que ces deux traditions, bien que issues de contextes culturels éloignés, partagent une même ambition : réconcilier les opposés, cultiver l’harmonie et guider l’individu vers une transformation intérieure.Le taijiquan, avec ses mouvements fluides et circulaires inspirés du yin et du yang, est présenté non seulement comme un art martial, mais comme une méditation en mouvement, une pratique de santé et une philosophie de vie.
Caulier explore ses dimensions multiples – corps, souffle, esprit – et met en lumière son potentiel d’unification, notamment à travers le concept du « tiers inclus », où les opposés se complètent plutôt que de s’opposer. De même, la franc-maçonnerie, avec ses rituels et symboles, est décrite comme un cheminement initiatique visant à reconnecter l’individu à lui-même, aux autres et à l’univers, à travers une éthique du travail intérieur et de l’action vertueuse.
Une approche transdisciplinaire et humanisteL’originalité de l’ouvrage réside dans son approche transdisciplinaire, qui refuse de cloisonner les savoirs. Caulier s’appuie sur des références philosophiques (Héraclite, Laozi, Zhuangzi), scientifiques (Henri Atlan, Francisco Varela) et spirituelles (alchimie taoïste, mythologie nordique) pour construire une réflexion systémique. Il propose une vision de l’humain en interaction constante avec son environnement, où le sujet se co-construit à travers ses gestes, ses choix et ses perceptions. Cette perspective, enrichie par son expérience de terrain en Chine et ses engagements maçonniques, donne au livre une profondeur rare, accessible à la fois aux initiés et aux profanes.
L’auteur explore des thématiques universelles : l’unité corps/cœur/esprit, la recherche d’un « trésor perdu », la réhabilitation de l’analogie comme outil de compréhension, et la nécessité d’apprendre par l’erreur. Dans un chapitre particulièrement éclairant, il revisite le mythe fondateur du taijiquan – le combat entre le serpent et l’oiseau – pour proposer une lecture nouvelle : non une victoire de l’un sur l’autre, mais une communion des forces vitales et spirituelles, incarnant l’union du cercle (serpent) et de la ligne (oiseau). Cette relecture symbolique illustre la capacité de Caulier à transcender les dualismes et à offrir une vision intégrative de la réalité.
Une réflexion sur l’erreur comme moteur d’apprentissage
Un des points forts de l’ouvrage est son exploration des erreurs, non comme des échecs, mais comme des étapes essentielles du chemin initiatique. Dans le taijiquan, l’apprentissage par le tâtonnement – « essais et erreurs » – permet de trouver le « geste juste », celui qui équilibre technique et intériorité. Caulier applique cette idée à la franc-maçonnerie, où le travail sur soi passe par la reconnaissance des imperfections et la quête d’une vérité relative, toujours en construction. Cette approche, qu’il qualifie de « noble bricolage », résonne avec la pensée d’Henri Atlan, pour qui la recherche de la vérité consiste à éliminer les erreurs possibles.
L’auteur critique également les erreurs épistémologiques et ontologiques qui fragmentent notre compréhension du monde. Il dénonce le dualisme cartésien, qui sépare corps et esprit, vie et mort, et propose une vision unifiée inspirée par le taijiquan et la franc-maçonnerie. Cette réflexion culmine dans une réinterprétation du récit biblique de la Genèse, où la « Chute » est vue non comme une désobéissance, mais comme une rupture cognitive, une séparation artificielle de l’humain d’avec l’unité originelle de la création.
Une ode à l’harmonie et à la résonanceL’ouvrage s’achève sur une note optimiste, soulignant les convergences entre ces deux voies initiatiques. Le taijiquan, avec sa fluidité et sa lenteur, induit des états de conscience élargis, des « expériences de flow » où l’individu entre en résonance avec l’univers. La franc-maçonnerie, par ses rituels et son éthique, offre un cadre pour agir en commun et incarner des valeurs universelles. Ensemble, ces pratiques invitent à réintégrer la « part d’ombre », à cultiver l’authenticité et à œuvrer pour une société plus harmonieuse.
Caulier ne se contente pas de théoriser : il partage des expériences personnelles, comme cette journée d’hiver où, adolescent, il vécut une expérience mystique spontanée dans la neige, un moment qui a façonné son parcours. Ces anecdotes, mêlées d’érudition et de sensibilité, rendent le livre profondément humain et accessible.
Un ouvrage pour les chercheurs de sens
Taijiquan et Franc-Maçonnerie est une œuvre d’une richesse exceptionnelle, qui s’adresse autant aux pratiquants d’arts martiaux qu’aux francs-maçons, aux anthropologues ou à toute personne en quête de sens.
Éric Caulier, avec une plume élégante et un regard aiguisé, parvient à relier des mondes apparemment éloignés, montrant comment le taijiquan et la franc-maçonnerie, par leurs rituels, leurs symboles et leur quête d’unité, répondent à une aspiration universelle : reconnecter l’humain à lui-même, aux autres et au cosmos.
La reconnaissance du taijiquan par l’UNESCO en 2020 comme patrimoine culturel immatériel de l’humanité vient renforcer la pertinence de cet ouvrage, qui dépasse les clichés exotiques ou élitistes pour révéler la profondeur de ces traditions. Illustré par le dessin d’Antonio Cossu, cet ouvrage est également un bel objet, dont la couverture invite à plonger dans un univers où le corps et l’esprit dansent ensemble.
En somme, Taijiquan et Franc-Maçonnerie est une invitation à marcher sur le chemin de l’initiation, à embrasser l’erreur comme une étape vers la vérité, et à cultiver l’harmonie dans un monde en quête de repères.
Un livre à lire, à méditer et à partager, pour tous ceux qui aspirent à une vie plus pleine et plus juste.
Dans cet entretien exclusif avec Opinion Internationale, Nicolas Penin, Grand Maître du Grand Orient de France (GODF), partage sa vision des défis majeurs auxquels la France est confrontée en 2025. Il aborde deux priorités fondamentales pour le GODF : la création d’une « République des Maires » pour revitaliser la démocratie locale et l’inscription de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État dans la Constitution, afin de garantir la laïcité comme pilier de la République. Ces combats, ancrés dans les valeurs maçonniques, reflètent l’engagement du GODF pour une société plus juste et égalitaire.
La République des Maires : Redonner du pouvoir aux territoiresOpinion Internationale : Le GODF promeut l’idée d’une « République des Maires ». Pouvez-vous expliquer ce concept et son importance ?
Nicolas Penin Grand Maître du GODF
Nicolas Penin : La « République des Maires » est une réponse à la centralisation excessive qui caractérise la France. Nous constatons une fracture croissante entre les citoyens et les institutions, alimentée par une concentration du pouvoir à Paris. Les maires, en tant qu’élus de proximité, sont les mieux placés pour comprendre les besoins de leurs administrés. Ils incarnent une légitimité démocratique forte, mais leurs compétences sont souvent limitées par un État centralisé. Nous proposons de renforcer leur rôle en leur confiant davantage de responsabilités et de moyens, tout en favorisant la coopération intercommunale. Cela permettrait de revitaliser la démocratie locale, de rapprocher les décisions des citoyens et de répondre plus efficacement aux défis sociaux, économiques et écologiques.
Cette idée s’inscrit dans notre réflexion sur la décentralisation, un sujet que le GODF explore depuis des années. En 2025, face à une société fragmentée, il est urgent de redonner du souffle à la participation citoyenne. Les maires, par leur proximité et leur engagement, sont les acteurs clés pour reconstruire la confiance et bâtir une République plus inclusive.
La laïcité : Un principe à sanctuariser dans la Constitution
Opinion Internationale : Pourquoi le GODF insiste-t-il sur la constitutionnalisation de la loi de 1905 ?
Nicolas Penin : La loi de 1905, qui établit la séparation des Églises et de l’État, est un pilier de la République française. Elle garantit la liberté de conscience, l’égalité de tous face à la loi et la neutralité de l’État face aux convictions religieuses. Cependant, elle est aujourd’hui fragilisée par des interprétations divergentes et des pressions communautaires. L’inscrire dans la Constitution, comme nous l’avons fait pour la Charte de l’environnement, serait une manière de la sanctuariser et de la protéger contre toute remise en cause.
En 2025, la laïcité est plus que jamais un rempart contre les dérives identitaires et les tensions sociales. Elle n’est pas un outil d’exclusion, mais un cadre qui permet à chacun de vivre ses croyances tout en respectant l’espace commun. Le GODF, fidèle à son engagement républicain, milite pour que ce principe devienne inaliénable, gravé dans la Constitution, afin d’assurer sa pérennité face aux défis contemporains.
Les valeurs maçonniques au service de la société
Opinion Internationale : Comment le GODF, en tant qu’obédience maçonnique, s’inscrit-il dans ces combats ?
Nicolas Penin : Le Grand Orient de France, depuis sa fondation en 1733, porte des valeurs humanistes : liberté, égalité, fraternité, laïcité. Ces principes guident notre réflexion et nos actions. Nos loges sont des espaces de débat où nous analysons les enjeux de société pour proposer des solutions concrètes. La République des Maires et la constitutionnalisation de la loi de 1905 sont des illustrations de notre engagement à défendre une vision progressiste de la République.
Nos travaux ne se limitent pas à des discussions internes. Nous dialoguons avec la société civile, les élus et les institutions pour promouvoir ces idées. En 2025, alors que la France traverse des crises multiples – sociales, écologiques, démocratiques –, la franc-maçonnerie se veut une force de proposition, un laboratoire d’idées pour construire un avenir plus solidaire et respectueux des libertés individuelles.
Une vision pour 2025 : Rassembler et protéger
Opinion Internationale : Quels sont les projets du GODF pour cette année ?
Nicolas Penin : En 2025, le GODF intensifie ses efforts pour promouvoir la République des Maires et la constitutionnalisation de la loi de 1905. Nous organisons des colloques, des débats publics et des rencontres avec les élus locaux pour faire avancer ces projets. Par ailleurs, nous poursuivons notre travail sur l’éducation, l’égalité des genres et la transition écologique, des thématiques au cœur de nos réflexions.
Nous souhaitons également renforcer les liens avec les citoyens, en montrant que la franc-maçonnerie n’est pas une société secrète, mais un espace de réflexion ouvert, dédié au bien commun. À travers nos actions, nous voulons contribuer à une société où la liberté de pensée, la solidarité et la laïcité sont des piliers inamovibles.
Conclusion : Un appel à l’engagement
Nicolas Penin conclut cet entretien avec une conviction forte : « La République a besoin de citoyens engagés, de maires forts et d’une laïcité intangible. Le GODF, fidèle à sa mission, continuera de porter ces combats existentiels pour une France plus juste et plus unie. » En 2025, face aux défis d’une société en mutation, le Grand Orient de France se positionne comme un acteur clé, proposant une vision humaniste et républicaine pour répondre aux aspirations des citoyens et renforcer les fondations de la démocratie.
Cet entretien illustre l’engagement indéfectible du GODF pour une République décentralisée, laïque et fraternelle, des valeurs plus que jamais nécessaires dans le contexte actuel.