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Franc-maçonnerie et ésotérisme en Russie depuis le XVIIIe siècle (Partie 2)

Du magazine chretien katholisches.info – Par le Père Paolo M. Siano*

(Découvrir la partie 1)

La Kabbale dans la franc-maçonnerie russe aux XVIIIe et XIXe siècles siècle

En 2004, Konstantin Burmistrov (né en 1969) était assistant en philosophie juive et en mysticisme juif à l’Institut de philosophie de l’ Académie des sciences de Russie et Maria I. Endel (née en 1974) était maître de conférences en philosophie juive et en mysticisme juif à l’ Académie hébraïque. Université de Moscou .

En 2004, les deux chercheurs ont publié un essai sur la Kabbale juive dans les enseignements des francs-maçons russes : « La place de la Kabbale dans la doctrine des francs-maçons russes » (dans : Aries – Journal for the Study of Western Esotericism, ( 2004 ), pp. 27-68). Pour aider le lecteur à classer et à comprendre cet essai qui retrace l’histoire de la franc-maçonnerie russe entre les XVIIIe et XIXe siècles, je reprendrai différentes dates historiques que j’ai déjà évoquées dans la première partie.

2.1 Périodisation et tendances de la franc-maçonnerie russe

À la fin du XVIIIe siècle, il existait en Russie plus de 150 loges regroupant au total 8 000 francs-maçons, dont plus de 3 100 pouvaient être identifiés. Il s’agit pour la plupart d’hommes d’État, d’aristocrates, d’intellectuels, d’officiers, de soldats, d’écrivains, de scientifiques, d’ecclésiastiques, etc. Burmistrow/Endel nomment les principales composantes de la tradition maçonnique : « le mysticisme, l’alchimie et la Kabbale » (p. 27). Le rôle de la Kabbale dans la tradition maçonnique est extrêmement important (« extrêmement important », p. 28).

L’histoire de la franc-maçonnerie russe au XVIIIe siècle peut être divisée en trois périodes :

  1. De 1740 jusqu’à l’accession au trône de Catherine II (1762), la franc-maçonnerie était considérée comme une « mode » importée sans réserve d’Occident.
  2. De 1762 au début des années 1780, la franc-maçonnerie est considérée comme la première philosophie morale en Russie, dans laquelle prévalait auparavant le système anglais à 3 degrés ou franc-maçonnerie « symbolique » ou « John ».
  3. À partir de 1780, c’est la période « rosicrucienne », c’est-à-dire dominée par les hauts gradés maçonniques (voir p. 28). Puis, en 1822, vint l’interdiction par l’État de toute activité maçonnique se poursuivant en secret (voir p. 28f), ce qui était de toute façon plus conforme au caractère initiatique de la franc-maçonnerie.

Burmistrov/Endel voient deux tendances principales dans la franc-maçonnerie russe de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle : la tendance rationaliste-déiste ou des Lumières et la tendance « mystique ». La première est typique de la franc-maçonnerie à trois degrés, dirigée par le Grand Maître Ivan Jelagin (1725-1794), qui était initialement enthousiasmé par les idées de Voltaire, mais s’en est ensuite éloigné parce que Jelagin s’est ensuite enthousiasmé pour la Kabbale (cf. p.29).

2.2 Le mysticisme de la franc-maçonnerie russe aux XVIIIe et XIXe siècles siècle

La tendance « mystique » de la franc-maçonnerie russe au XVIIIe siècle est particulièrement évidente dans les hauts degrés :

  1. Le Rite Suédois avec le « Capitulum Phoenix », dont le Grand Maître est le Prince Gabriel Gagarine (1745-1808). Ce rite traite également de la Kabbale, de la magie et de l’alchimie (voir p. 30).
  2. L’ Ordre de l’Or et des Rosicruciens est un système maçonnique-rosicrucien de haut niveau qui a été transplanté d’Allemagne en Russie vers 1780. Cet ordre a été créé en Allemagne vers 1755/56 [probablement pas avant 1757]. Ses fondateurs sont : Bernhard Joseph Schleiß von Löwenfeld (1731-1800), Johann Georg Schrepfer (1738-1774), Heinrich-Jacob von Schröder et Johann Christoph von Wöllner (1732-1800) (voir p. 30f).

Les principaux enseignements de cet ordre rosicrucien proviennent de la Kabbale : l’arbre des dix Séphirot (émanations de Dieu), la numérologie mystique, Adam Kadmon (l’homme primordial, émané de Dieu), etc. (voir p. 31f). Les enseignements kabbalistiques de l’ Ordre de la Rose-Croix d’Or sont repris par les francs-maçons russes. Le but ultime de cet Ordre Rosicrucien est : éveiller les puissances occultes de la nature, libérer la lumière naturelle enfouie au plus profond des ordures après la condamnation, allumer en chaque frère un flambeau qui l’aidera à voir le Dieu caché et lui-même. pour s’unir à la source de lumière originelle (voir p. 32). En bref : magie et gnose.

Von Wöllner, puis Johann Christoph Anton Theden (1714-1797), médecin personnel de Frédéric le Grand, et leur envoyé à Moscou, le baron Heinrich-Jacob von Schröder, sont les dirigeants des « Frères » de Moscou et la principale source d’informations et d’informations maçonniques. littérature mystique. Johann Schwarz (1751-1784), l’un des principaux francs-maçons de Russie, rencontra Wöllner et Theden en Allemagne en 1782 et reçut d’eux :

  • a) la nomination du chef unique et suprême de l’ Ordre de la Rose-Croix d’Or dans l’ Empire russe ;
  • b) les actes du « Diplôme Théorique » ;
  • c) l’autorisation de reprendre le travail de l’Ordre en Russie (voir p. 33f).

Les rosicruciens russes von Schwarz et Nikolai Novikov (1744-1818) ont leur centre à Moscou, sont fortement impliqués dans la Kabbale (« Kabbale juive ») mais aussi dans l’alchimie, les kabbalistes chrétiens et les idées de Louis-Claude de Saint-Martin. ou intéressés par le Martinisme (voir p. 34).

2.3 Les kabbalistes parmi les francs-maçons russes : peu nombreux ? Mais certainement influent

Burmistrov/Endel sont d’avis qu’il n’y a que quelques francs-maçons russes qui s’impliquent intensément dans l’étude du mysticisme, de l’alchimie, de la Kabbale… Ce sont principalement des rosicruciens et des francs-maçons qui ont le degré de « théoricien » de la Rosicrucienne d’Or. (cf. p. 34f). Mais même s’ils n’étaient que quelques-uns, ils avaient une autorité et une influence considérables (« une grande autorité et influence », p. 35).

La structure de la franc-maçonnerie russe de cette période est souple : certaines loges ou associations de loges sont hostiles les unes aux autres, tandis que d’autres s’unissent, comme dans les années 1770 le système anglais Yelagin et les loges berlinoises de rite suédois de Reichel (« Reichel’s Swedish-Berlin loges »). Il existe également des francs-maçons qui appartiennent à plusieurs rites à la fois dans lesquels ils exercent des tâches de leadership (voir p. 35).

L’un des francs-maçons russes les plus enthousiastes en matière de « Kabbale » est Yelagin, le chef de la franc-maçonnerie anglaise en Russie (voir p. 35).

2.4 Les francs-maçons rosicruciens entre la gnose de la Kabbale, l’orthodoxie russe et le réformisme social

La grande majorité des rosicruciens/martinistes russes (tous francs-maçons) et des francs-maçons russes titulaires du diplôme de théoricien sont des chrétiens orthodoxes et connaissent les enseignements et la spiritualité de la patristique (voir p. 35). L’éditeur, rédacteur en chef de journal et bibliothécaire Nikolaï Ivanovitch Novikov est particulièrement représenté parmi les francs-maçons rosicruciens de Moscou. Les francs-maçons russes de la fin du XVIIIe siècle, dont beaucoup occupaient des positions sociales élevées, combinaient dans leur vie : la foi et la piété orthodoxes, l’alchimie, la Kabbale et l’implication dans les domaines de l’éducation, du bien-être, de l’enseignement universitaire, de la médecine, du théâtre, de l’armée, de la politique. … (voir p. 36f). Derrière cette activité sociale se cache une vision rosicrucienne moscovite du monde et de l’humanité qui « reflète une version maçonnique du mythe biblique de la Chute, enracinée dans le gnosticisme » (« un concept du monde et de la race humaine, reflétant une version maçonnique, enracinée dans le gnosticisme »). dans le gnosticisme, du mythe biblique de la chute de l’homme », p. 37), et ils adoptent des idées kabbalistiques telles que celle de la restauration universelle, Tikkun-ha-olam, typique de la Kabbale d’Isaac Luria, c’est-à-dire la doctrine de la restauration universelle, Tikkun-ha-olam , typique de la Kabbale d’Isaac Luria, c’est-à-dire la doctrine de la restauration universelle, restauration dans l’Ordre ou harmonie détruite par la catastrophe primordiale dite du « bris des vases »… Selon cette doctrine kabbalistique, l’homme doit pénétrer dans les régions inférieures de l’univers afin de libérer les étincelles de lumière qui y sont emprisonnées (cf. p. 37, texte et note de bas de page 41).

2.5 La Kabbale dans la tradition maçonnique russe

Dans la section « Tradition maçonnique et Kabbale », Burmistrow/Endel écrivent que la Kabbale est la base de la théosophie, de la cosmogonie et de l’herméneutique des francs-maçons russes et distinguent trois niveaux kabbalistiques : 1) la recherche de la perfection ; 2) Connaissance des Sephirot et des quatre mondes ; 3) Comprendre le langage spirituel.

« La Kabbale est à la base de la théosophie, de la cosmogonie et de l’herméneutique et accompagne l’initié dans les trois étapes de son ascension vers la vérité. Dans un premier temps, cela lui apprend à posséder la lumière de l’être céleste éternel Adam Kadmon et il doit s’efforcer d’atteindre sa perfection. Au deuxième niveau, cela lui offre l’image intégrée du monde kabbalistique des dix Sephirot et des quatre Olamot. Ceci est particulièrement important au troisième stade, lorsque la Kabbale devient nécessaire pour comprendre le « langage spirituel » des Écritures, en utilisant l’herméneutique kabbalistique. Il n’est pas surprenant que les règles et les méthodes de l’herméneutique kabbalistique aient été si importantes pour les francs-maçons russes ; nous pouvons trouver sa description dans presque tous les manuscrits maçonniques traitant de questions kabbalistiques » (p. 38).

Nous verrons que ces trois degrés kabbalistiques sont similaires aux objectifs des trois degrés des francs-maçons anglais.

Malgré diverses différences, les systèmes ou rites maçonniques mentionnés ci-dessus ont en commun certains concepts fondamentaux de la Kabbale : l’homme primordial ou Adam Kadmon, sa disgrâce et la réintégration ultérieure à laquelle se joint le franc-maçon… L’Adam/Franc-maçon possédait à l’origine vertu et vraie connaissance… Celui de l’Uradam/Franc-Maçon est un élément syncrétique (« hautement syncrétique ») qui puise à plusieurs sources : la Bible, les Apocryphes, l’Hermétisme, le Gnosticisme, la Kabbale (voir p. 38). Selon la doctrine du Martinisme, l’Adam Originel ou Premier Adam est le Jésus-Messie éternel, tandis que le Second Adam ou Jésus Incarné est la manifestation du Premier Adam… Bien qu’ils soient chrétiens orthodoxes, les francs-maçons russes adoptent la Doctrine judéo-kabbalistique par Adam Kadmon (voir p. 38f).

Burmistrow/Endel ne disent pas qu’Adam Kadmon a le mâle et la femelle en lui et qu’il est donc androgyne.

La Kabbale conduit l’adepte à la connaissance de soi et de la nature, c’est-à-dire à la connaissance de Dieu, car macrocosme et microcosme sont entrelacés, l’un est le miroir de l’autre… C’est « un renouveau des doctrines néoplatoniciennes et gnostiques »). À l’automne, une étincelle de lumière est captée par l’obscurité (voir p. 39f). La voie maçonnique permet à l’adepte d’acquérir la connaissance, l’illumination et la déification : « Connaissance mystique maçonnique, illumination mystique, jusqu’à l’union avec la Divinité » (« Connaissance mystique maçonnique, illumination mystique, jusqu’à l’union avec la Divinité », p. 40) .

Les deux savants russes comparent ensuite les trois degrés kabbalistiques avec les trois degrés maçonniques du système anglais :

« L’épistémologie maçonnique exige donc que l’initié passe par trois étapes. Dans la première étape, il s’engage dans l’autocorrection morale et la réalisation des mystères inhérents à l’homme. Dans la deuxième étape, il doit connaître la nature. Dans la troisième étape, les mystères de la nature et de Dieu sont compris à un niveau supérieur en utilisant le « langage spirituel » des Saintes Écritures. Ce chemin en trois étapes est considéré comme un retour à cette époque où « le livre de la nature était ouvert à la compréhension humaine et où l’homme pouvait comprendre tous ses mystères avec son esprit » » (p. 41).

Dans la section : « La vraie Kabbale », nous lisons : « Les francs-maçons russes considéraient la « vraie Kabbale » comme une partie essentielle de la sagesse originelle requise pour que l’homme déchu retourne à « l’Eden » (p. 42). .

Le déjà mentionné Ivan Yelagin, Grand Maître provincial de Russie, associé à la Grande Loge anglaise des Modernes , est d’avis que la Kabbale est une doctrine des mystères divins révélés par Dieu et qu’elle est essentielle et utile pour la connaissance de Dieu. … C’est la véritable connaissance des allégories, des symboles et des hiéroglyphes des paroles divines… Salomon connaissait la Kabbale (voir p. 42).

Selon Johann Schwarz, chef des Rosicruciens de Moscou (1782-1784), déjà mentionné, la franc-maçonnerie était une science secrète dont les premiers adeptes étaient des sectaires juifs (« la maçonnerie était une science secrète dont les premiers adeptes étaient des sectaires juifs », p. 42). Selon les enseignements des Rose-Croix russes, une étincelle de lumière était transmise d’adepte à adepte à travers la chaîne de transmission. Ce secret fut transmis aux Esséniens et finalement à l’Ordre Rose-Croix, qui reçut cette étincelle de lumière avec les vertus de leurs ancêtres. Pour les rosicruciens russes (c’est-à-dire les francs-maçons de la Croix d’Or), c’est là que réside la tradition maçonnique (voir p. 42f).

2.5.1 La Kabbale dans le « travail » maçonnique (de l’alchimie/magie au social…)

Dans la section « Tikkun ha-olam : les buts de l’activité maçonnique et la Kabbale » , « Tikkun ha-olam : les buts du travail maçonnique et la Kabbale », nous lisons que l’activité maçonnique n’est pas seulement la connaissance de soi, la connaissance de la Nature. et Dieu, mais surtout dans la pratique alchimique et kabbalistique (« kabbalistique et alchimique ») consistant à améliorer et à sauver ou restaurer (« tikkun ») le monde déchu avec Adam… Tout comme la création est une œuvre alchimique, restauration/réintégration… Alchimiquement et kabbalistiquement, il faut convertir le métal en argent et en or, la sephira Din (jugement) en sephira Hesed (charité)… purification de l’homme et des sphères de l’univers (voir p. 43f). C’est pourquoi les francs-maçons se consacrent à la fois à la philanthropie, aux causes sociales et à l’alchimie ésotérique (voir p. 44). Dans une lettre (dont Burmistrov/Endel ne précise pas la date), le prince rosicrucien Nicolas Troubezkoi (1744-1821) explique au franc-maçon Alexej A. Rzhewski (1737-1804) l’importance de la Kabbale pour le travail maçonnique (voir p. . 44) .

Burmistrov/Endel écrivent : « Si l’on considère la tradition maçonnique dans son ensemble, on peut arriver à la conclusion que les francs-maçons russes ont utilisé la Kabbale, premièrement, comme base de leur système cosmogonique, ce qui explique la structure hiérarchique du monde céleste. , et pour la Communication avec ce monde. Deuxièmement, la Kabbale a fourni les clés pour interpréter les Écritures et découvrir les couches les plus profondes et les plus secrètes du texte biblique. Par ailleurs, derrière la sotériologie maçonnique, on peut reconnaître quelques concepts kabbalistiques adaptés, notamment le concept de Tikkun ha-olam. Pour les francs-maçons, la Kabbale contient la véritable connaissance de Dieu, du monde et de l’homme et permet non seulement un changement universel mais détermine également leurs voies et chemins » (p. 45).

Dans la note 70, les deux chercheurs russes écrivent que le concept de Tikkun ha-olam se retrouve dans les enseignements kabbalistiques de Martinez de Pasqually et de son élève Louis-Claude de Saint-Martin ; les écrits et les idées du maître et de l’étudiant étaient répandus parmi les francs-maçons russes à la fin du XVIIIe siècle.

2.6 Textes kabbalistiques des francs-maçons russes

Burmistrow/Endel écrivent qu’ils ont découvert un nombre considérable de manuscrits maçonniques dans les archives d’État de Moscou, qui témoignent d’un grand intérêt et d’une grande connaissance des francs-maçons russes pour le mysticisme juif (voir p. 45). Trois groupes de textes kabbalistiques peuvent être distingués :

  1. Traductions de textes kabbalistiques originaux ou du moins de fragments de ceux-ci. Les francs-maçons russes du XVIIIe siècle connaissaient d’importants textes kabbalistiques tels que le Sepher Yezirah (un texte cosmogonique important du 6e siècle après JC) et le Sepher ha-Zohar (13e siècle) (voir p. 46f).
  2. Traductions de l’allemand et du latin vers le russe d’œuvres de chrétiens kabbalistiques européens et d’érudits de la Kabbale. Dans ces textes sont décrits en détail les thèmes kabbalistiques suivants : Sephirot, noms de Dieu, lettres hébraïques, méthodes exégétiques (Gématrie, Notarikon, Temurah)…
  3. Écrits de francs-maçons russes sur des sujets liés à la Kabbale. C’est le groupe le plus intéressant car il donne un aperçu des idées maçonniques sur la Kabbale (voir p. 47).

2.7 Grand maître Jelagin et ses maîtres de la Kabbale

Yelagin est l’un des francs-maçons russes les plus importants à l’époque de Catherine II. Il est sénateur, homme d’État, écrivain et chef de la Chancellerie d’État. Dans les années 1750, Ivan Yelagin rejoint la franc-maçonnerie. En 1770, il fut élu Grand Maître de la Grande Loge provinciale de Russie sous les auspices de la Grande Loge « Royal York » à Berlin, et le 26 février 1772, il reçut la licence de Grand Maître provincial pour le russe du Grand Maître de la Grande Loge d’Angleterre ( « Modernes ») Rich. Dans un écrit inédit, Jelagin décrit sa carrière maçonnique : Dans sa jeunesse, il a été initié à la franc-maçonnerie, mais s’est ensuite retiré parce qu’il trouvait cela peu attrayant. Après une brève phase d’enthousiasme pour les idées de Voltaire et d’Helvétius, Jelagin revient vers les francs-maçons et recherche la connaissance des mystères divins (voir p. 48). Vers la fin des années 1770, défié par sa propre franc-maçonnerie russe anglophile, Jelagin se lança dans l’étude de la Bible, des Pères de l’Église, du grec et de l’hébreu (voir p. 49). Le baron Johannes Georg von Reuchel (1729-1791), chef des loges en Russie qui pratiquaient à partir de 1771 le rite suédois de Berlin, le rite de Zinnendorf (voir p. 49), y joua un rôle important. Dr. Johannes Wilhelm Kellner von Zinnendorf (1731-1782), médecin de campagne dans l’armée prussienne à partir de 1765. Le franc-maçon Zinnendorf propagea le rite suédois en Allemagne et fonda la Grande Loge nationale d’Allemagne ( voir p. 49, texte et note de bas de page 88).

Reuchel est envoyé en Russie par la Grande Loge Nationale d’Allemagne, qui pratique le rite suédois . La mission russe de Reuchel est de briser la domination anglaise dans les cercles franc-maçons (voir p. 49, note 87). Reuchel et Jelagin sont à la tête de deux systèmes maçonniques rivaux, qui s’unissent pourtant en 1776. De plus, Reuchel devient le mentor de Jelagin sur son chemin spirituel… Reuchel, qui est décrit par Jelagin comme un « vrai franc-maçon », guide Jelagin dans sa connaissance de la Kabbale et du Talmud (voir p. 49). C’est Reuchel qui fournit à Jelagin des manuscrits sur les sciences occultes et la Kabbale (voir p. 49).

Vers la fin des années 1770, Yelagin entre en contact avec un autre expert de la langue hébraïque et de la Kabbale : Stanislas Pines Eli (ou Ely), originaire de Bohême et médecin à Saint-Pétersbourg. Eli écrit un livre maçonnique (« Admonitions fraternelles à certains frères francs-maçons ») qui est très populaire parmi les rosicruciens de Moscou. Eli enseigne l’étude des Saintes Écritures dans un sens kabbalistique (voir p. 50). Selon Novikov, Eli appartenait à la franc-maçonnerie d’Elagin (voir p. 51). Yelagin, bien sûr, a également étudié les Séphirot, Adam Kadmon, la Gématrie, le Notarikon, la Temurah… Bien qu’il appartienne à la religion chrétienne orthodoxe, Yelagin propose une interprétation kabbalistique et non chrétienne du Nouveau Testament : Jésus-Christ serait l’Adam Kadmon, tandis que Jésus de Nazareth serait un franc-maçon et l’un des « hiéroglyphes » ou images de Jésus-Adam-Kadmon le serait (voir p. 52). Burmistrow/Endel commentent ceci :

« Yelagin est un phénomène remarquable qui nous montre à quel point les Russes instruits de la fin du XVIIIe siècle étaient très intéressés par la Kabbale » (p. 52).

2.8 Maçonnique-Rosicrucien, ou Ordre de la Croix d’Or

Burmistrow/Endel continuent avec la section « L’Ordre des Rose-Croix de Moscou » où ils écrivent que la Kabbale est très importante (voir p. 53). Les membres les plus importants de cet ordre en Russie à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle comprenaient Johann Schwarz, Nikolai Novikov, Semion Gamaleja (1743-1822), Nikolai Troubezkoi, Joseph A. Pozdejev (1743-1822), Ruf S. Stepanow ( 1745-1828). Ces personnalités possédaient des diplômes appelés « le diplôme théorique des sciences salomoniennes et les diplômes rosicruciens », cf. p.

Mikhaïl Tcheraskov

Les rosicruciens russes comprenaient d’importants militants sociaux et des personnalités de haut rang telles que le conservateur de l’Université de Moscou, le poète Mikhaïl Cheraskow (1733-1807) et le sénateur Ivan Lopukhin (1756-1816). Leurs activités étaient concentrées dans l’Université de Moscou, les plus grandes maisons d’édition et imprimeries de Moscou, ainsi que les journaux. Il s’agissait de personnalités différentes, mais unies par le rite d’initiation rosicrucien (voir p. 54)… L’ Ordre de la Rosicrucienne d’Or avait neuf degrés. Le 1er degré, sorte de diplôme « junior », immédiatement suivi du 4e degré de la franc-maçonnerie écossaise régulière, c’est-à-dire le « Maître écossais ». Puis le 2e degré de « Theoreticus » (« Degré théorique des sciences salomoniennes »), qui faisait un rosicrucien. Les sept autres diplômes étaient appelés « diplômes supérieurs ». En Russie, ils n’avaient qu’une vingtaine d’initiés, dont les plus avancés étaient J. Schwarz, G. Schröder, N. Novikov et N. Troubezkoi (voir p. 54). Burmistrow/Endel déclarent que chaque diplôme comprend l’étude des sciences occultes et quelques activités pratiques dans le domaine de la magie, de la théurgie, de l’alchimie, etc. Au 7ème degré on se familiarise avec la Kabbale et la magie naturelle… Au 9ème et dernier degré (« Mage ») le Rosicrucien d’Or sait tout, contrôle tout, a le pouvoir de Moïse, Aaron et Hermès (voir p. 54). ) …Les Frères de la Rose-Croix d’Or ont subi de nouvelles sélections. Seuls ceux des degrés supérieurs avaient pénétré plus profondément dans les sciences occultes en théorie et en pratique : la recherche d’expériences extatiques ou surhumaines, parler avec « Dieu », invoquer les esprits et leur commander, la connaissance de tous les secrets de la nature (cf. .p.55)…

Malgré le décret anti-maçonnique de 1794, les loges poursuivirent leurs activités en secret et, en 1798, la loge « Neptune » fut même fondée à Moscou, dont les membres poursuivirent les activités rosicruciennes. Au début du XIXe siècle, les francs-maçons « théoriques » de la Croix d’Or poursuivent leurs études kabbalistiques (voir p. 57). Malgré une autre interdiction gouvernementale en 1822, l’activité maçonnique au niveau théorique s’est poursuivie pendant environ un siècle. L’un des francs-maçons russes les plus respectés et les plus haut placés, Ruf Stepanov, enseignait lors de réunions maçonniques secrètes, dans des loges « internes », bien que celles-ci soient fermées au monde extérieur. Il y avait environ 80 francs-maçons qui participaient secrètement à cette activité. En outre, certains francs-maçons du degré « théorique » appartenaient également à l’ Ordre Intérieur de la Croix-Rose d’Or (voir p. 58f). Ils continuèrent à étudier et à traduire des ouvrages sur le mysticisme, l’alchimie et la Kabbale (voir p. 59).

2.8.1 Les Rose-Croix russes en secret entre politique, culture, réformisme et clergé

Stefan D. Nechayev

En 1822, les francs-maçons « théoriques » rosicruciens russes purent reprendre leurs activités, notamment publiques et sociales. Vers le milieu du XIXème siècle, leurs bases sont l’ Université de Moscou, la Chancellerie du Gouverneur général de Moscou, les « Clubs de Toula » de la noblesse, le Sénat de Moscou… L’influence maçonnique sur l’Église orthodoxe et ecclésiastique la censure est également très forte ( p. 59). Dans les années 1840-1850, l’un des chefs spirituels des francs-maçons du degré « théorique » est le père Siméon I. Sokolov (1772-1860), l’influence sur le « théorique » Stefan D. Nechayev (avocat général du Saint Synode de l’Église russe) et le père Fiodor A. Golubinsky, philosophe et maître de conférences à l’Académie spirituelle de Moscou. Un certain nombre de prêtres et d’abbés étaient également des frères « théoriques ». Les francs-maçons russes entretenaient des relations avec le monastère de la Trinité et Saint-Serge de Sergiev Posad et avec certains monastères de Moscou (voir p. 59, note 134).

Un autre centre d’activité maçonnique était la Société impériale d’agriculture de Moscou, qui comprenait des francs-maçons du degré « théorique » ; Le président était le rosicrucien SP Gagarine, le vice-président était le franc-maçon SP Shipov. Cette société était un bastion des francs-maçons russes et des nobles libéraux qui prônaient la réforme sociale. C’est grâce à eux que le servage fut aboli en 1861. L’un des principaux partisans de cette réforme fut Sergueï S. Lanskoi (1787-1862), l’un des dirigeants de la franc-maçonnerie russe et ministre de l’Intérieur de l’Empire tsariste, qui entretenait des relations étroites avec les francs-maçons membres de cette organisation agricole impériale. Société, dont le secrétaire était SA Maslow (1793 –1879), un des idéologues de la franc-maçonnerie du degré « théorique », rosicrucien d’initiation supérieure et fondateur d’une revue agricole (voir p. 59f). En 1861, Maslow traduisit le livre « Philosophie de l’histoire ou de la tradition » de l’ Allemand Franz Joseph Molitor (1779-1861), kabbaliste chrétien, historiographe de l’Ordre des Frères d’Asie, un autre ordre maçonnique-kabbalistique également inspiré par la idées de Jacob Franks, en russe (voir p. 60f).

Des réunions régulières de francs-maçons du degré « théorique » ont lieu jusque dans les années 1870, et la dernière initiation aurait eu lieu dans les premières années du XXe siècle, lorsque VS Arseniev (1829-1915), « le chef suprême du ordre maçonnique et gardien du patrimoine maçonnique », a initié son fils et son petit-fils à l’Ordre maçonnique-rosicrucien. Le dernier représentant de cette tradition maçonnique est le père Johann Arsenjew (voir p. 61), sur lequel Burmistrow/Endel ne fournissent cependant aucune autre information biographique.

2.9 Les conclusions de Burmistrow/Endel (2004)

Le kabbaliste ashkénaze Jacob Frank

Les deux scientifiques réitèrent le profond intérêt des francs-maçons russes pour la Kabbale en tant que tradition qui a préservé la sagesse originelle et la vraie connaissance. De plus, la Kabbale, la magie et l’alchimie font partie intégrante de la doctrine maçonnique russe de l’époque (« De plus, la Kabbale, pari passu avec la Magie et l’Alchimie, faisait partie intégrante de la doctrine maçonnique ») et les enseignements kabbalistiques d’Adam. Kadmon et Tikkun sont la base et l’impulsion (initiatique-ésotérique) de l’engagement des francs-maçons russes en faveur de réformes sociales, politiques, morales et religieuses (voir p. 61). L’enseignement maçonnique et en particulier ses éléments kabbalistiques (« l’enseignement maçonnique, en général, et ses éléments kabbalistiques, en particulier ») ont joué un rôle important dans la littérature russe, par exemple chez des écrivains comme Mikhaïl Cheraskow, Sergei Brobov, Vladimir Odoyevsky, Nikolai Gogol, Alexandre Stepanov, Dmitri. Begichev, etc. (voir p. 61) et encore plus importante (« Encore plus importante ») était l’influence maçonnique-rosicrucienne (kabbalistique) sur la conscience publique russe (« sur la conscience publique russe », p. 62). À la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle, les idées religieuses, sociales et politiques des Rose-Croix constituent la base du conservatisme russe puis, dans la première moitié du XIXe siècle, favorisent le développement du romantisme russe et du réformisme social ou utopisme (cf. p. . 62). À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, les idées du mysticisme maçonnique et rosicrucien ont conservé leur importance dans la philosophie religieuse d’écrivains russes tels que « W. Soloviev, S. Boulgakov, P. Florensky, N. Berdiaev ». Burmistrow/Endel écrivent :

« En tant que composante de la vision maçonnique du monde, la Kabbale est devenue un facteur important dans l’histoire et la culture russes » (p. 62).

2.10 Kabbale et Église : Coniunctio oppositorum pour les francs-maçons russes

Dans l’essai « Kabbale et sociétés secrètes en Russie (du XVIIIe au XXe siècle) » (dans B. Huss – M. Pasi – K. von Stuckrad : Kabbale et modernité. Interprétations, transformations, adaptations, Brill, Leiden-Boston 2010, p. . 79-105), Konstantin Burmostrov écrit que les écrits kabbalistiques du Grand Maître Ivan Yelagin (par exemple dans son ouvrage « Doctrine de la philosophie ancienne et de la connaissance divine, ou La connaissance des francs-maçons » ) sont probablement l’interprétation kabbalistique la plus développée du christianisme. dogmes dans la littérature maçonnique russe (« probablement l’interprétation kabbalistique la plus développée des dogmes chrétiens dans la littérature maçonnique russe », p. 82). Yelagin connaît bien les enseignements kabbalistiques : les dix Sephirot, les quatre mondes (Atziluth, Beriah, Yetzirah, Assiyah), la transmigration des âmes, la pratique kabbalistique des noms divins, la magie hermétique et kabbalistique (cf. p. 82f). … Burmistrov répète que les francs-maçons russes des XVIIIe et XIXe siècles considéraient la Kabbale comme « un enseignement ésotérique important » (p. 83).

Les francs-maçons russes du degré « théorique » (« francs-maçons théoriques ») ne voient aucune contradiction entre l’étude/pratique des sciences occultes (« étudier les sciences occultes et les « pratiquer ») et l’appartenance à l’Église orthodoxe. Ils considèrent les sciences occultes et la Kabbale comme un trésor inestimable de sagesse ancienne et lisent donc la Bible et les Pères de l’Église à la lumière de la Kabbale, tout comme Pic de la Mirandole et les kabbalistes chrétiens. Cela s’applique également au franc-maçon mentionné ci-dessus, Ivan Jelagin (voir p. 83f).

Parmi les kabbalistes auxquels s’intéressent les francs-maçons russes les plus érudits se trouve Isaac Luria (1534-1572), en particulier ses concepts d’Adam Kadmon et de Tikkun ha-olam (voir pp. 81, 86f). Dans la Kabbale lurianique, il y a aussi le concept de transmigration des âmes : les âmes des personnes maléfiques ne vont pas en enfer, mais peuvent se réincarner en pierres, plantes, animaux ou personnes (voir Jody Myers : Mariage et comportement sexuel dans les enseignements de le Centre de la Kabbale, dans Kabbale et modernité , dans : Boaz Huss : Kabbale et modernité, série de livres Aries Vol. 10, 2010, p. De plus, selon la Kabbale lurianique, le mal est immanent à la création, à l’homme et à Dieu… Le mal est en Dieu (cf. G. Scholem : The Mystical Figure of the Godhead. Studies on the Basic Concepts of Kabbalah, Adelphi Edizioni, Milan 2010 , pp. 67-72).

Le Père Paolo Maria Siano appartient à l’Ordre des Franciscains de l’Immaculée (FFI) ; Le docteur en historien de l’Église est considéré comme l’un des meilleurs experts catholiques en matière de franc-maçonnerie, à laquelle il a consacré plusieurs ouvrages de référence et de nombreux essais. A travers ses publications, il apporte la preuve que la franc-maçonnerie, depuis le début et jusqu’à nos jours, contenait des éléments ésotériques et gnostiques, qui justifient son incompatibilité avec la doctrine de l’Église.

Traduction : Giuseppe Nardi
Image : Wikicommons/MiL (captures d’écran)

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Le palais de justice de Wisbech pourrait devenir le lieu de rencontre du Centre maçonnique

De notre confrère wisbechstandard.co.uk – Par Louise Hepburn

Le palais de justice de Wisbech pourrait devenir un lieu de rencontre pour les maçons de la ville, si les propositions sont approuvées par les urbanistes de Fenland. Le Wisbech Masonic Centre a soumis une demande de changement d’utilisation pour le bâtiment classé Grade II. 

Il souhaite transformer l’ancien tribunal d’instance, situé en évidence sur le rond-point du pont de la Liberté, en un centre maçonnique. Les plans soumis avec la demande montrent que l’aménagement restera sensiblement le même. Les visiteurs arrivant par l’entrée principale entreront dans le hall et les propositions montreront qu’il y aura un bar sur la droite. Une série de portes à côté du bar les mènera à un hall d’accueil et la salle d’audience deviendra une salle principale plus formelle.  

Le rez-de-chaussée comprendra également une salle de réunion plus petite, des bureaux et des toilettes. Les plans du premier étage comprennent une cuisine, une autre salle de réunion et d’autres toilettes. La demande a été validée par les planificateurs de Fenland le 31 juillet 2024. Une déclaration patrimoniale soumise avec la demande précise que le développement « n’inclut pas la démolition ou les travaux sur un bien patrimonial désigné ».

Le bâtiment a été mis sur le marché en février dernier avec un prix indicatif de 150 000 £ et vendu lors d’une vente aux enchères organisée à l’hôtel Oliver Cromwell, en mars. Répertorié auprès des agents Maxey Grounds, le site proposé comprenait le tribunal d’instance vide ainsi que le commissariat de police actuel situé à côté.    

À l’époque, l’agent et la police du Cambridgeshire avaient précisé que le commissariat de police n’avait pas l’intention de déménager. Selon l’annonce du site, la police du Cambridgeshire occupe le bâtiment dans le cadre d’un « bail à long terme pour un loyer de 1 £ par an jusqu’en 2094 ». 

Il explique que le bâtiment pouvait accueillir environ 120 personnes lorsqu’il servait de palais de justice et que ces chiffres seront les mêmes si les propositions du Centre maçonnique sont approuvées. « Aucun travail extérieur n’est prévu et il n’y aurait donc aucun effet sur le bien patrimonial voisin », indique la déclaration patrimoniale.

La police dispose également de la cour et partage le parking dans le cadre de l’accord actuel.    

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Le palais de justice de Wisbech se dresse à côté du pont de la Liberté, l’une des principales voies de circulation de la ville. Le bâtiment a remplacé l’ancien commissariat de police de South Brink et l’extérieur a été conçu pour être en harmonie avec l’architecture géorgienne du centre-ville et de Brinks. Il a été inauguré en avril 1957.  

En 2010, il a été annoncé que le tribunal – le Fenland Magistrates’ Court – allait fermer dans le cadre d’un exercice de réduction des coûts du gouvernement. Lors d’une cérémonie marquant la fermeture l’année suivante, des délibérations ont eu lieu sur ce que pourrait être le bâtiment dans le futur. Au nom des avocats de la défense, John Clarke a déclaré : « La seule chose qui pourrait leur servir, c’est à une boîte de nuit. » 

12/10/24 : Femmes au cœur de l’Europe – Un Colloque exceptionnel organisé par l’Institut Maçonnique Européen de la GLFF

Logo GLFF

Pour la première fois en province, la Grande Loge Féminine de France (GLFF) organise un événement majeur porté par l’Institut Maçonnique Européen (IME) à Lyon. A l’issue des récentes élections européennes, la question des « Femmes au cœur de l’Europe » demeure un sujet capital et à fort enjeu.

Quels impacts les décisions du parlement européen ont-elles dans le quotidien et le droit des femmes ? Quelles vigilances les femmes d’Europe doivent-elles exercer au cours de la prochaine mandature européenne ? Des personnalités engagées et actives au sein des Institutions internationales viendront débattre de ces enjeux devant le grand public convié.

Le Grand Temple de la Croix Rousse ouvre exceptionnellement ses portes à l’occasion de ce colloque animé par la Grande Loge Féminine de France.

L’Obédience maçonnique exclusivement féminine, présidée par Liliane Mirville, est la plus importante Obédience féminine au monde.

Sa démarche progressive et progressiste s’appuie sur les principes républicains de Liberté Égalité, Fraternité auxquels s’ajoute la Laïcité défendue tout comme la liberté de conscience, hors de tout dogme. Dans ce cadre, elle travaille aux principes de l’égalité des femmes, au respect de leurs droits et de leur dignité, et plus largement au perfectionnement de l’Humanité. A ce titre, elle est régulièrement auditionnée par les instances nationales dans le cadre des débats parlementaires mais également par les instances européennes via son Institut Maçonnique Européen.

Ce dernier a pour ambition de défendre les principes républicains, s’attachant principalement à défendre le concept de laïcité auprès des instances européennes, à défendre et promouvoir les droits des femmes notamment en demandant que soit appliquée la législation la plus avancée à tous les États membres de l’UE.

Les interventions visent à partager un état des lieux de l’Europe sur le sujet des femmes : Bilan et Perspectives des travaux du Parlement Européen, Qu’entend-on par égalité entre les femmes et les hommes ? Dispositifs et développements législatifs. Les femmes actrices de la politique européenne. La franc-maçonnerie féminine, partie prenante de la lutte pour l’égalité des sexes…

Le Colloque prévoit 4 temps d’échanges :

1- Michèle Baron Bradshaw, chargée de mission IME.

Histoire de l’IME et présentation de son organisation des régions de France jusqu’au Parlement Européen.

2 -Martine Roure, ancienne vice-présidente du Parlement européen et

Sylvie Guillaume, ancienne députée européenne, et ancienne vice-présidente du Parlement européen

Présentation dialoguée sur les actions du parlement européen, Bilan et perspectives… 3 -La voix de femmes Européennes

La GLFF est cofondatrice du CLIMAF qui regroupe des obédiences féminines en Europe et ailleurs. Deux représentantes d’obédiences européennes portent la parole des femmes de leur pays.

Mar Sanchez Bergua, ancienne Grande Maitresse de la GLF d’Espagne.

« Progrès en matière d’égalité des genres en Espagne »

Lieve Vandenbrande, Responsable des Relations Internationales de la Grande Loge Féminine de Belgique

« La voix des femmes sur l’écart entre les sexes en Belgique »

4- Serge Guillon, ancien Secrétaire Général aux Affaires Extérieures, directeur des cycles des hautes études européennes : « la construction européenne avec et pour les femmes »

Ouvert à tout public, la participation au colloque nécessite une inscription préalable :

Par mail : colloqueime2024@glff.org

En indiquant Nom et Prénom des personnes présentes.

Informations pratiques :

Colloque Femmes au cœur de l’Europe Samedi 12 octobre de 14h à 17h30

GLFF – 19 rue Dumont d’Urville 69004 Lyon

Contact presse : communication@glff.org

Téléphone : 01 87 89 73 97

Un regard sur la situation des femmes au 21e siècle

« Imaginons que des centaines de milliers d’hommes meurent chaque année, seuls face à leurs peurs et à leurs souffrances, ou que des millions d’entre eux soient mutilés ou humiliés, victimes de plaies non traitées sur les parties génitales, avec comme conséquences l’incontinence, la stérilité, les douleurs constantes, une phobie du sexe. Ce phénomène aurait été rendu public il y a bien longtemps et on aurait trouvé une solution. »

Cette phrase a été prononcée par une sage-femme du Fonds des Nations unies pour l’enfance, généralement désigné par l’acronyme UNICEF, est une agence de l’Organisation des Nations unies consacrée à l’amélioration et à la promotion de la condition des enfants.

Aujourd’hui la parole des femmes se libère, particulièrement en Occident, des mouvements de femmes se sont créés, et luttent pour obtenir des droits, des libertés, une égalité avec les hommes. Des aides ont été mises en place, des lois ont été votées en faveur des femmes. En France, comme en Europe, des hommes et des femmes travaillent pour garantir les droits des femmes et leur protection.

La plupart des gouvernements ont signé des traités internationaux qui garantissent les droits des femmes. La CEDAW a été signée en 1979, c’est la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Elle a été adoptée par 20 pays en 1981. Ces pays se sont engagés sur le papier, mais dans les actes, c’est autre chose ! Les discriminations envers les femmes sont moins élevées en Europe qu’ailleurs. Elles sont très élevées en Afrique, Inde, Asie, Europe de l’Est.

Je fais un tour d’horizon général sur la situation des femmes dans le monde aujourd’hui. Nous vivons dans une société patriarcale, c’est défavorable aux femmes, mais c’est la norme.

Portons un regard rapide sur :

LE MARIAGE

Le mariage des mineures est dicté par la tradition, l’insécurité socio-économique, les lois coutumières ou religieuses…

Les filles sont considérées comme un produit monnayable. Les régions rurales les plus pauvres dans le monde sont les plus touchées. 700 millions de femmes ont été mariées dans le monde dans leur enfance et avant 18 ans indique l’UNICEF. Principalement en Afrique, Asie Bangladesh, Inde… Aux USA, entre 2000 et 2015, 210 000 mineures se sont mariées. 5°/° avaient 15 ans au moins. Dans le Tennessee, 3 avaient…10 ans ! En France l’âge minimum du mariage aujourd’hui est fixé à 18 ans, pour les filles et pour les garçons. Pour les mineurs de 16 ou 17 ans, le mariage peut être autorisé par le Procureur de la République. Les mariages forcés ou précoces sont considérés comme une violation des Droits de l’Homme. Ils ont augmenté depuis le réchauffement climatique en Asie et en Afrique, au Bangladesh particulièrement, la dot étant à l’origine de cette augmentation. Les femmes représentent 50°/° des personnes réfugiées dans le monde. Elles sont des cibles de choix pour les trafiquants.

LA VIOLENCE CONJUGALE

Elle concerne des milliards de femmes. Dans tous les pays, dans tous les milieux. Elle se déroule à l’abri des regards dans le secret familial, ou bien elle est légitime dans certains pays. L’Afrique du sud est connue pour son incidence de violences domestique. En Zambie les femmes sont nombreuses à avoir subi des violences physiques avant l’âge de 15 ans. En Arabie Saoudite, le Droit est entièrement dicté par la religion. Les fatwas déterminent ce qu’une femme peut faire ou ne pas faire. Toutes les femmes ont un tuteur, elles ont besoin de sa permission pour sortir du pays et obtenir un passeport, se marier, étudier, travailler, sortir seules, consulter un médecin. En public, dans certains pays les femmes sont gantées voilées couvertes de la tête aux pieds. Elles n’ont pas le droit de côtoyer les hommes qui ne sont pas de leur famille, les femmes médecins n’ont pas le droit de soigner les hommes. Depuis 2018 en Arabie Saoudite elles peuvent passer le permis de conduire avec l’autorisation de leur tuteur. Depuis 2018 les femmes ont le droit de pénétrer dans les enceintes sportives dans les tribunes réservées aux femmes et aux familles. Les mariages peuvent être forcés, les femmes peuvent être confinées ou enlevées. D’autres pays imposent un tuteur aux femmes, au Mali, Guinée, Afghanistan, au Koweït, au Congo, Soudan, Afrique équatoriale, Gabon, Qatar, Egypte Palestine, Irak, Iran, Brunei, Bahreïn. Les femmes peuvent être tuées pour l’honneur. Sur simple suspicion de non-respect aux règles, ou pour homosexualité, ou pour comportements sexuels inappropriés. En Afghanistan, Iran, Egypte, Bangladesh, Inde Irak Maroc, Pakistan Yémen Koweït, Jordanie Syrie Tchétchénie, une femme peut être légitimement battue pour un repas trop cuit, des enfants négligés, une sortie sans autorisation, un refus de rapport sexuel. Aux USA, 32°/° des femmes ont été victimes de violences physiques au moins une fois dans leur vie de la part de leur partenaire sexuel. En France, 25°/°. En Angleterre les violences familiales constituent 1/3 des crimes violents. En Inde 50°/° des crimes commis sur les femmes l’ont été par le mari ou un membre de la famille.

LE VIOL (acte sexuel commis sur une personne sans son consentement)

Dans de nombreux pays le code pénal permet au violeur d’échapper à sa peine s’il épouse sa victime avec ou sans son consentement. Aux USA, 19 % des femmes ont été victimes de violences sexuelles au moins une fois dans leur vie. En France et en Allemagne, 12 %. Au Mexique, 39 %. Aux Pays Bas, 18 %. En Australie, 19 %. Les chiffres explosent pour les femmes victimes de contacts physiques à caractère sexuel, comme les attouchements les baisers etc. En Afrique les viols sont monnaie courante. Par exemple au Congo, le viol est une pratique habituelle. Les hommes s’en vantent. On estime que 40°/° des Sud-Africaines sont victimes de viols. Très peu de femmes déposent plainte. En Inde les viols sont nombreux. En Arabie Saoudite, une femme qui dépose plainte pour viol peut être condamnée pour adultère et écoper d’une peine de prison assortie d’une flagellation. Dans certains pays le viol est autorisé dans le cadre du mariage. Les viols à la maison concernent 4 % des femmes espagnoles, 5 % en Australie, USA, France, en Jordanie 9 %, Royaume Uni Suède, 10 %, Turquie 12 %, Cameroun 20 %, Bangladesh 37 %. En France, il y aurait un viol toutes les 8 minutes. Le procès Pélicot qui se déroule actuellement soulève une prise de conscience à l’échelon mondial titrait Courrier International du 17 septembre dernier. » L’onde de choc à l’étranger est d’une ampleur rare, même les médias indiens évoquent ce procès « peut-on lire encore.

LES FÉMINICIDES

Aux USA 4 femmes blanches et une femme noire par jour ont été tuées en 2020. En 2020 au Maroc on a enregistré 16 590 affaires de violences faites aux femmes dont 1106 mineures. Dans les pays où les femmes ont peu de droits il est difficile d’avoir des chiffres exacts. En France en 2021, 122 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint ou ex conjoint. On compte 147 femmes tuées par un homme en 2021 en France.

LES FONDAMENTALISTES ET LES FEMMES

 Les fondamentalistes bouddhistes au Myanmar catholiques en Pologne, Chrétiens aux USA, Hindous en Inde Islamiques en Égypte et autres pays, mettent à mal les droits des femmes. Depuis une vingtaine d’années, Al Qu’aida, Boko Haram, les Talibans, Daesh, ont des théologies basées sur l’oppression radicale des femmes. Boko Haram enlève des lycéennes, les viole puis les marie de force. Elles servent aussi de kamikazes. Daesh invente les interprétations théologiques pour justifier le viol et l’esclavage des femmes et des jeunes filles. A partir de 9 ans toute femme esclave ou non peut être mariée à un combattant ou réduite à l’esclavage. Les femmes doivent être gantées voilées cachées et accompagnées d’un tuteur. Dans beaucoup de pays les décisions d’avoir ou non des enfants n’appartiennent pas aux femmes. Elles n’ont pas de contraception, pas de liberté dans l’éducation, dans la vie économique, civile, politique, pas d’autonomie financière. Dans le monde, moins de la moitié des demandes contraceptives est couverte par des méthodes modernes.

DES FEMMES MEURENT EN METTANT LEURS ENFANTS AU MONDE

La mortalité infantile est en baisse partout dans le monde, sauf aux USA, elle augmente surtout chez les Afro-Américaines, on ne sait pas pourquoi. Les taux de mortalité infantile sont les plus élevés au monde en Afghanistan, sierra Leone Angola Liberia.

L’AVORTEMENT

 Il est illégal en Afrique sauf en Afrique du Sud. Illégal au Brésil et au Mexique. Il est garanti dans la majorité des pays d’Europe sauf à Malte et en Andorre l’avortement est illégal. En France le droit à l’avortement vient d’être allongé à 14 semaines au lieu de 12. Il va jusque 18 semaines aux Pays Bas. Il est légal pour des raisons économiques dans certains pays d’Amérique du Sud, légal en Chine, USA, Russie Canada. 73°-/° des IVG dans le monde concernent des femmes mariées. Près de la moitié des IVG dans le monde comporte des risques sanitaires, en Afrique, Amérique Latine. Aux USA depuis TRUMP, les mutuelles ne remboursent plus la contraception jusqu’alors incluse dans la convention de base. L’accès aux IVG aux USA a été diminué. Aux USA, appliquant le principe religieux selon lequel la vie commence dès la fécondation, certains états imposent la tenue d’un enterrement pour les tissus fœtaux. Dans un nombre croissant de pays la préférence pour les garçons a induit un déséquilibre de la démographie. Bangladesh Chine Inde Pakistan Azerbaïdjan Arménie Albanie Géorgie Monténégro, Vietnam… Il y a plus de négligences et d’infanticides sur les petites filles. Une fille vaut moins qu’un garçon sur le plan de la dot, de la succession. Préférer un fils trouve sa source dans la culture, la religion, la conjoncture économique. En Inde il manquerait 43 millions de filles d’après un rapport des Nations Unies. En France, le 9 mars 2024 la loi constitutionnelle modifie l’article 34 de la constitution pour y inscrire que la loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté garantie à la femme d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse. Nous sommes le premier pays au monde à reconnaître dans sa constitution la liberté de recourir à l’avortement qui relève de la seule appréciation des femmes. C’est une garantie pour l’avenir. C’est une avancée historique. Il sera très difficile de changer ce droit. Ça envoie un signal fort dans le monde entier. Le 11 avril 2024 les députés européens ont voté en faveur de l’inclusion du droit à l’avortement dans la charte des droits fondamentaux de l’union Européenne. Pour qu’elle aboutisse il faudra l’accord unanime des états membres. Politiquement c’est une victoire collective car des élus de tous bords se sont battus. C’est rassurant pour la démocratie ! Ce vote a eu lieu 50 ans après Simone Veil !

Dans le monde 47 000 femmes meurent à la suite d’IVG clandestines. Une femme meurt toutes les 9mn dans le monde.

On combat pour la liberté des femmes à disposer de leur corps. Dans les gouvernements d’extrême droite l’IVG n’est pas bienvenue ! On constate les difficultés des femmes en Pologne, Hongrie, Italie, où l’accès à l’ivg est très difficile. Nous devons combattre les idéologies qui malmènent les femmes. En France, il y a 230 000 avortements par an. Dans les zones où il y a des déserts médicaux, il est difficile d’avorter. Surtout au mois d’aout ou à Noël. 130 centres d’IVG ont fermé ; il y a un décalage entre la constitution et les conditions concrètes. On constate un faisceau de facteurs qui rend difficile l’accès à l’IVG dans un délai légal.

LA BEAUTÉ

Les concours de beauté tels que Miss Monde ou Miss Univers permettent aux pays émergents de signaler leur intention d’entrer dans le circuit mondial économique. L’industrie cosmétique est particulièrement juteuse. La France est le leader mondial avec L’OREAL. Les produits de régime et la chirurgie esthétique rapportent de plus en plus d’argent. Les femmes s’imposent des souffrances pour avoir un corps de rêve selon les critères occidentaux. L’augmentation mammaire est la plus demandée dans le monde. La labioplastie qui consiste à retirer les tissus excédentaires des lèvres vaginales affiche le taux de croissance le plus rapide. La vaginoplastie qui consiste à resserrer le vagin est de plus en plus demandée. Les USA et le Brésil sont de grands consommateurs.

L’EXCISION

 Elle concerne 200 millions de femmes dans le monde. Elle consiste à l’ablation du capuchon clitoridien ou l’ablation totale ou partielle des organes génitaux externes. On suture aussi l’orifice vaginal ; cela se pratique au rasoir dans un milieu non médicalisé ou au bistouri sur les petites filles. Tchad Égypte Soudan Somalie Ethiopie Nigeria Afrique Indonésie. Un mouvement de résistance commence à s’organiser.

LA PÉDOPORNOGRAPHIE

Elle est très répandue en Angleterre Jamaïque, Nouvelle Zélande, Chili Belgique Allemagne France. Les touristes sexuels viennent du Canada et des USA en premier, et en second d’Europe. L’Allemagne est une plaque tournante de la prostitution avec la Moldavie, l’Estonie, la Bulgarie, Les Pays Bas, le Cambodge Indonésie Philippines Thaïlande, Vietnam.

LA PROSTITUTION

 Légale en France Suède Norvège Irlande, légale au Royaume Uni Allemagne Espagne Portugal Turquie Italie Pologne Finlande. 21 millions de femmes et d’enfants sont victimes de trafic sexuel. Le trafic des femmes en constitue 96°/°. Les femmes prostituées ont une moyenne de vie de 42 ans.

LA SANTÉ

VIH : 20,8 millions de femmes selon l’ONUSIDA (Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida) en 2023, vivent dans le monde avec le sida. Ça représente plus de la moitié des personnes qui vivent avec ce virus. 51 ou 52 %.

Tuberculose : touche 1/3 de la population mondiale elle est très répandue chez les femmes.

Paludisme : il y a 168 millions de cas de paludisme dans le monde.

La pollution de la planète tue 3 fois plus que le sida la tuberculose et le paludisme réunis. Les femmes sont plus touchées que les hommes. Les femmes enceintes sont plus sensibles aux polluants atmosphériques tels que les particules fines, produits chimiques, métaux lourds. Elles passent plus de temps en milieu clos où elles sont exposées à la fumée des foyers, des combustibles. Elles ont moins accès aux soins de santé, aux informations sur les dangers de la pollution, et aux technologies qui pourraient réduire leur exposition, leurs conditions de santé les rendent plus vulnérables aux maladies respiratoires chroniques, ou à l’anémie. Pendant la Covid-19 la situation des femmes s’est fragilisée, certains pays n’avaient plus de médicaments, de contraceptifs.

LE TRAVAIL

Le travail non rémunéré touche plus les femmes que les hommes. Elles sont moins payées. Elles travaillent 60°/° de plus que les hommes. En Inde par exemple, les femmes sont soumises à la famille et elles sont exploitées, elles sont considérées comme des citoyennes de deuxième classe. Leur travail est sous-évalué. En France les femmes sont moins payées que les hommes à diplôme égal.

L’ÉDUCATION

En Afrique la scolarisation pose un problème. De plus en plus de filles vont à l’école mais 75°/° d’entre elles arrêtent avant la fin du primaire. Aujourd’hui il y a plus de femmes que d’hommes à l’université dans le monde. C’est en Afrique et en Afghanistan et en Afrique qu’il y a le plus d’analphabètes. C’est la politique des pays qui est responsable de la pauvreté des femmes.

LA PROPRIÉTÉ ET LA PAUVRETÉ

80°/° de la terre en Afrique est régie par le droit coutumier avec des règles discriminantes pour les femmes en ce qui concerne l’héritage, l’accès, la gestion. Les femmes sont obligées de céder leur héritage à un parent masculin. Afrique Irak Afghanistan Egypte. En France 14°/° des femmes sont dans une extrême pauvreté et 13°/° des hommes le sont aussi. Madagascar est en tête de la pauvreté. En Europe, 1 à 25°/° des femmes sont exposées à des risques de pauvreté.

LES FEMMES ET LA POLITIQUE

Femmes députées au Brésil et aux USAQ : 10à 19 % France, Espagne, Allemagne, Portugal 30 à 39 %. À l’ONU il y a 16 % de femmes. En France il y avait dernièrement 8 femmes ministres de plein droit. Aujourd’hui, le gouvernement est composé de femmes ministres.

Les femmes et la franc-maçonnerie dans le monde et en France

La FM a d’abord été une organisation exclusivement réservée aux hommes, dans le monde occidental. En France le GODF a été créé en 1773, puis il est passé mixte en 2010. Le GODF a créé une loge de recherche sur les violences faites aux femmes. En 1893, Le Droit Humain mixte International naissait, avec Georges Martin et Maria Deraismes. L’article premier des principes fondateurs de l’ordre maçonnique mixte international le droit humain, affirme l’égalité de l’homme et de la femme. « En proclamant le Droit Humain, l’ordre veut qu’ils ou elles, parviennent, sur toute la terre, à bénéficier d’une façon égale de la justice sociale dans une humanité organisée en sociétés libres et fraternelles. » C’est l’ADN du Droit Humain. Plus tard, d’autres loges exclusivement masculines se sont créées, n’autorisant la visite des sœurs Franc-maçons, comme la GLDF en 1894, la GLNF en 1913, la GLTSO en 1958. La loge exclusivement féminine, l’Union Maçonnique Féminine de France – devenue Grande Loge Féminine de France (GLFF) en 1952, s’est créée en 1945, cette obédience acceptant la visite des frères. En France il existe une foule de petites obédiences, plus ou moins « sauvages » ou dites indépendantes. Certains parlent de plusieurs centaines. En ce qui concerne les obédiences reconnues, beaucoup sont fermées aux visites des femmes. Comment ces obédiences justifient -elles leurs interdictions aux femmes ? Peut-on parler de discrimination à l’égard des femmes ? Comment sont-elles considérées par les frères francs- maçons qui qui semblent oublier l’autre moitié de l’humanité ? Antigone, Olympe de Gouges, Maria Deraismes, Louise Michel, Marie Curie, Simone Veil, et bien d’autres encore, d’autres femmes anonymes ont œuvré et œuvrent au progrès de l’humanité. Quand les femmes seront -elles reconnues pour leur qualité à part entière en Franc-Maçonnerie ?

Au fil des siècles les femmes ont été vendues, abîmées, violées, exploitées comme du bétail. Puis les femmes sont devenues politiciennes, (Atchepsout, Cléopâtre, Zénobie reine de Palmyre, l’impératrice chinoise Wu Zetian, Catherine de Médicis, Elisabeth d’Angleterre, Golda Meir, Elisabeth Thatcher, Angela Merkel, Simone Veil…). Les femmes artistes se sont exprimées dans le monde entier à travers les arts, la peinture, la musique, le théâtre, le cinéma… De nombreux mouvements féministes se sont développés dans le monde, comme #Metoo, qui a libéré la parole des femmes et dénoncé les violences subies encore aujourd’hui, particulièrement dans le monde du travail, des mouvements sont conduits par des milliers de femmes anonymes quoi luttent pour l’égalité des droits, pour l’émancipation des femmes, contre la prostitution, contre les discriminations de genre, de classe sociale, de couleur de peau, contre les violences, l’esclavage, les trafics… Tous ces mouvements disséminés dans le monde, aboutissent petit à petit à des progrès effectifs. Des millions de femmes luttent dans leur vie quotidienne et gagnent petit à petit du terrain, gagnent de la reconnaissance. Les femmes ont pris conscience de leur force, de leur capacité de résilience, et elles n’oublient pas que leur place dans la société reste fragile.

Simone de Beauvoir, dans son livre « Le deuxième sexe », écrivait ceci :

« N’oubliez pas qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse, pour que les droits des femmes soient remis en question. »

Rien n’est acquis.

De Magistris : « Peu de magistrats ont enquêté sur les relations entre la ‘ndrangheta, la franc-maçonnerie déviante et les pouvoirs forts »

De notre confrère italien corrieredellacalabria.it

L’ancien magistrat à AgenParl : « Nous avons reconstitué l’existence de massomafias dans lesquelles la bourgeoisie mafieuse a un rôle central »

ROME C’est une rivière en crue, Luigi de Magistris, ancien magistrat et ancien maire de Naples. « En Italie, très peu de magistrats ont enquêté sur les relations entre la ‘Ndrangheta, la franc-maçonnerie déviante et les pouvoirs forts », affirme-t-il dans un entretien exclusif accordé à l’ agence AgenParl . Sur le lien présumé entre la mafia et la franc-maçonnerie, De Magistris poursuit : « Les liens remontent certainement au temps, au moins depuis les années 1970 et aujourd’hui ils sont plus enracinés que jamais. Nous sommes en pleine criminalité institutionnelle et camouflage de la ‘ndrangheta jusqu’au cœur de l’État et cela est dû avant tout au travail d’une franc-maçonnerie déviante.

Grâce à mes enquêtes entre 1996 et 2008, nous avons reconstitué l’existence de massomafias dans lesquelles la bourgeoisie mafieuse assumait un rôle central . Pour l’ancien magistrat « la franc-maçonnerie déviante, les massomafias s’étendent partout. Politiquement, ils opèrent de manière absolument transversale. » Mais quel est le but ? « Conditionner les institutions démocratiques, prendre des décisions ailleurs et les ratifier dans des cadres institutionnels. 

Un véritable gouvernement caché de la République qui fonctionne depuis au moins la fin des années 1960 et qui est aujourd’hui plus fort que jamais . Un passage éclairant, dans lequel De Magistris rappelle les enquêtes menées lorsqu’il était magistrat à Catanzaro. Des enquêtes délicates « dans lesquelles nous reconstruisions le système criminel mafieux de masse ont été entravées (…) J’ai été isolé et frappé », avoue-t-il. L’entretien se poursuit et le journaliste d’AgenParl demande à De Magistris des éclaircissements sur la prétendue relation entre la ‘ndrangheta et la franc-maçonnerie déviante.

« C’est une chose unique, surtout quand on monte aux niveaux supérieurs, là où passent les fils haute tension. C’est là que s’opère l’union entre la franc-maçonnerie déviante et la ‘Ndrangheta de dernière génération. Plutôt que de s’infiltrer, ils visent désormais à être l’Etat, l’heure n’est plus à la collusion, le saut qualitatif est fait : entrer au cœur de l’Etat. Quels sont les antidotes possibles ? La législation qui a introduit le délit d’association secrète en 1982, après le scandale P2, doit être renforcée. Les sanctions doivent être augmentées et l’infraction pénale doit être mieux précisée . Et puis il ne faut pas toucher à l’autonomie et à l’indépendance du pouvoir judiciaire, sinon il sera impossible d’enquêter dans ce sens. »

Les relations entre la ‘Ndrangheta, la franc-maçonnerie déviante et les pouvoirs forts sont complexes et souvent entourées de mystère. Elles reflètent une interaction entre la criminalité organisée, les structures clandestines et les sphères influentes de la société, créant un réseau de corruption et de pouvoir difficile à percer. Voici un aperçu de ces relations :

 1. La ‘Ndrangheta : Un empire criminel international

   La ‘Ndrangheta est une organisation criminelle originaire de la Calabre, en Italie, aujourd’hui considérée comme l’une des mafias les plus puissantes et influentes du monde. Contrairement à d’autres organisations mafieuses comme la Cosa Nostra, elle opère souvent dans l’ombre, mais avec une influence croissante dans divers secteurs, y compris la politique, l’économie et les affaires internationales.

   Grâce à son réseau mondial et à ses revenus issus du trafic de drogue, du blanchiment d’argent, et d’autres activités illégales, la ‘Ndrangheta est capable d’infiltrer de nombreuses institutions légales et économiques.

 2. La franc-maçonnerie déviante : Une branche secrète et corrompue

   La franc-maçonnerie, à l’origine, est une institution philosophique et fraternelle dont les principes incluent la promotion de valeurs telles que la tolérance, l’éthique et l’amélioration de l’individu et de la société. Cependant, au fil des décennies, certaines branches de la franc-maçonnerie, dites « déviantes », ont été impliquées dans des scandales de corruption, de collusion avec des forces criminelles, et d’abus de pouvoir.

   La « franc-maçonnerie déviante » désigne ces loges ou membres qui utilisent l’infrastructure maçonnique pour des activités criminelles ou illégales. Cela peut inclure la manipulation des processus judiciaires, des contrats publics et des affaires politiques. Ces pratiques dénaturent les idéaux originaux de la franc-maçonnerie et créent des réseaux clandestins de pouvoir parallèle.

 3. Les liens entre la ‘Ndrangheta et la franc-maçonnerie déviante

   Les enquêtes italiennes et internationales ont révélé à plusieurs reprises des liens étroits entre des membres de la ‘Ndrangheta et des loges maçonniques déviantes. Ces relations permettent à la ‘Ndrangheta de bénéficier de la protection et de l’influence offertes par des membres influents de la société, tels que des politiciens, des juges, des chefs d’entreprise, et d’autres figures de pouvoir.

   – Infiltration dans les institutions : Les membres de la ‘Ndrangheta auraient infiltré des loges maçonniques déviantes pour bénéficier d’une couverture légale, accéder à des informations privilégiées, et s’assurer de la complicité de figures influentes dans les processus judiciaires et économiques.

   – Protection judiciaire : En raison de la présence de membres corrompus dans les institutions judiciaires et policières, la ‘Ndrangheta a souvent pu éviter des poursuites ou minimiser les sanctions grâce à ses relations dans les loges maçonniques déviantes.

   – Accès aux marchés publics et à la politique : Par le biais de la franc-maçonnerie déviante, la ‘Ndrangheta a accès à des marchés publics lucratifs et peut influencer la politique locale et nationale pour garantir des avantages financiers et stratégiques.

 4. Les « pouvoirs forts » et leur rôle dans ce réseau

   Le terme « pouvoirs forts » désigne généralement les institutions et les personnes qui exercent une influence importante sur la société, tels que les gouvernements, les grandes entreprises, les médias, et les institutions judiciaires. Lorsque ces « pouvoirs forts » sont corrompus ou infiltrés, ils deviennent des alliés indirects des réseaux criminels comme la ‘Ndrangheta.

   – Corruption politique : Les politiciens corrompus peuvent fermer les yeux sur les activités criminelles ou même faciliter les opérations de la ‘Ndrangheta en échange de soutien financier ou électoral.

   – Influence sur les marchés économiques : La ‘Ndrangheta utilise les relations avec des entreprises et des banques pour blanchir de l’argent ou accéder à des contrats lucratifs.

   – Manœuvres judiciaires : Les relations avec des juges, des procureurs ou des forces de l’ordre au sein des loges maçonniques déviantes garantissent une impunité ou des traitements de faveur en cas d’enquêtes judiciaires.

 5. Exemples et enquêtes

   – Loge P2 : Un des exemples les plus notoires de franc-maçonnerie déviante est la loge maçonnique Propaganda Due (P2), qui a été impliquée dans des scandales politiques, économiques, et criminels en Italie dans les années 1970 et 1980. Bien que P2 ait été dissoute, elle symbolise la manière dont des loges maçonniques peuvent être manipulées par des forces criminelles et corrompues.

   – Enquêtes récentes : Des enquêtes menées en Italie, telles que celles autour de l’opération « Mammasantissima », ont révélé des connexions entre la ‘Ndrangheta et des loges maçonniques déviantes, confirmant que des membres de la mafia calabraise utilisent ces réseaux pour renforcer leur pouvoir et protéger leurs activités.

Pour conclure

Les relations entre la ‘Ndrangheta, la franc-maçonnerie déviante et les pouvoirs forts forment un réseau complexe d’influences mutuelles. Ce réseau permet à la ‘Ndrangheta de s’infiltrer dans les structures légales et politiques pour renforcer son empire criminel. Ces relations démontrent comment la criminalité organisée, lorsqu’elle bénéficie du soutien de certaines élites corrompues, peut devenir une force quasi-incontrôlable, capable d’influencer la politique, l’économie et la justice dans des pays comme l’Italie, et au-delà.

Franc-maçonnerie et ésotérisme en Russie depuis le XVIIIe siècle (Partie 1)

Du magazine chretien katholisches.info – Par le Père Paolo M. Siano*

Après avoir souligné les éléments gnostiques dans divers écrits du politologue russe Alexandre Douguine, je considère qu’il est important d’approfondir notre connaissance de la Russie ésotérique, ou plutôt de l’ésotérisme en Russie. Pour mieux comprendre les racines de la pensée gnostique de Dugin, il ne faut pas s’arrêter aux idées de l’Italien Julius Evola (1898-1974) ou du Français René Guénon (1886-1951), deux ésotéristes occidentaux du XXe siècle, mais il faut aller plus loin. retournez le chercher vous-même en Russie.

Il est intéressant de noter que le professeur Douguine, plein de zèle et d’enthousiasme pour la Sainte Russie (zèle impérialiste, belliciste, anti-occidental et apocalyptique), absorbe néanmoins dans sa pensée des éléments de l’ésotérisme gnostique forgé dans l’Occident corrompu. N’est-ce pas une contradiction ? Oui, la contradiction, ou plutôt la coniunctio oppositorum , élément essentiel de l’ésotérisme gnostique.

Introduction : l’ésotérisme russe avant Douguine

Comme chez nous en Occident, il existe également dans la Sainte Mère Russie un milieu ésotérique et gnostique diversifié et vieux de plusieurs siècles. En 1997, Cornell University Press (Ithaca et Londres) a publié le livre « L’ occultisme dans la culture russe et soviétique », 468 pages, édité par Bernice Glatzer-Rosenthal (1938-2024), érudite juive et professeur d’histoire à l’Université Fordham . ( Université Jésuite de New York).

Dans l’introduction, le professeur Glatzer-Rosenthal souligne la présence significative de l’occulte aux XIXe et XXe siècles, tant dans la Russie pré-révolutionnaire que dans la culture soviétique : « L’occulte était une partie notable de la culture pré-révolutionnaire russe et soviétique. Les enseignements occultes ont trouvé la faveur des artistes, des écrivains et des militants politiques. […]. Les premiers psychologues russes étudiaient la suggestion hypnotique et le transfert de pensée, des sujets alors associés à l’occulte. « Les idées occultes sous-tendent l’idéologie politique de l’extrême droite et ont influencé les doctrines de gauche de l’anarchisme mystique et de la construction de Dieu » (p. 1) .

L’occultisme avant et après la révolution

Concernant l’utilisation par le bolchevisme d’idées, de symboles et de techniques occultes ou ésotériques, l’auteur déclare : « Les bolcheviks ont adapté les idées, les symboles et les techniques occultes pour la propagande politique. Les idées occultes et quasi-occultes ont alimenté l’utopisme soviétique des débuts, imprégné la littérature et l’art et contribué au culte de Lénine. À l’époque de Staline, les techniques de communication subliminales développées par les symbolistes et d’autres furent systématisées et intégrées dans l’esthétique officielle du réalisme socialiste. […] Le renouveau occulte si évident dans la Russie d’aujourd’hui est à bien des égards une répétition de ce qui a eu lieu il y a un siècle ; les mêmes doctrines sont remises en circulation » (p. 1f).

Par « occultisme », Glatzer-Rosenthal entend ce que le savant [et franc-maçon de la Grande Loge nationale de France] Antoine Faivre (1934-2021) entend par « ésotérisme », et Glatzer-Rosenthal cite également Faivre lui-même. L’occultisme ou l’ésotérisme est donc. une vision du monde (« une cosmologie ») caractérisée par : la doctrine des correspondances entre macrocosme et microcosme (voir : magie, alchimie, Kabbale…) ; croyance en la nature vivante (magie…) ; l’importance de l’imagination pour pénétrer la réalité ; la transmutation intérieure (alchimie, magie…) ; la concordance des religions et des traditions ; l’initiation du transfert (voir pp. 2–5). Ce sont des enseignements ou des croyances de nature gnostique et magique.

Le volume édité par Glatzer-Rosenthal par divers auteurs s’étend de la fin du 19e à la dernière décennie du 20e siècle. Il faut cependant remonter plus loin.

Dans le livre « Тамплиеры пролетариата », édition italienne : « Les Templiers du Prolétariat. Métaphysique du national-bolchevisme » ( éditions AGA, Milan 2021), Alexandre Douguine écrit que Léon Trotsky (1879-1940), l’un des premiers dirigeants bolcheviques, qui appartenait à une loge du Grand Orient [de Russie], avait écrit une monographie sur la franc-maçonnerie (aujourd’hui perdue), et que c’est Trotsky, ou du moins lui, qui a fait de l’étoile à cinq branches l’emblème du bolchevisme, symbole ésotérique déjà utilisé au XIXe siècle dans les sciences occultes, maçonniques, Cercles rosicruciens et socialistes (cf . p. 207).

À ce stade, jetons un coup d’œil à la franc-maçonnerie russe, en commençant par ses origines au XVIIIe siècle.

1. La franc-maçonnerie russe entre le XVIIIe et le XIXe siècle

Dans les publications de la loge de recherche maçonnique Quatuor Coronati à Londres ( Ars Quatuor Coronatorum – Transactions de la Loge Quatuor Coronati, n° 2076 – Londres ), on trouve une étude de 1922 sur la franc-maçonnerie en Russie. L’auteur est le franc-maçon russe Boris Telepneff 1 ( « La franc-maçonnerie en Russie », dans AQC 35 (1922), pp. 261-292). [Telepneff est la transcription anglaise qui apparaît dans les publications mentionnées ; cependant, le Telepnev allemand est utilisé dans le reste du texte.] À cette époque, si les francs-maçons russes voulaient poursuivre pacifiquement leurs activités maçonniques, ils étaient contraints de quitter l’Union soviétique pour éviter la persécution et l’emprisonnement.

Regardons l’étude du franc-maçon Telepneff. La division en sections m’appartient.

1.1 Franc-maçonnerie anglophile, Grand Maître Elagin et la Kabbale

Selon les francs-maçons russes et les érudits de la franc-maçonnerie russe, c’est le tsar Pierre le Grand (1672-1725), initié à la franc-maçonnerie en Angleterre, qui a introduit la franc-maçonnerie en Russie. Ce qui est sûr, c’est que les premières informations fiables sur la présence de la franc-maçonnerie en Russie remontent au 24 janvier 1731 : le capitaine John Philips fut nommé Grand Maître provincial de Russie par la Grande Loge d’Angleterre ( la Grande Loge de la soi-disant « Modernes », fondée en 1717). Le successeur de Philips à la tête de la franc-maçonnerie russe pro-anglaise fut le général James Keith (1696-1758), membre exilé d’une famille noble écossaise. Keith fut nommé Grand Maître provincial de Russie par la Grande Loge d’Angleterre en 1740/41 (voir p. 261). Keith commanda les troupes russes dans la guerre contre la Suède et remporta de nombreuses victoires. Il a également été nommé gouverneur de l’Ukraine 2 . En raison de l’envie de certains généraux et courtisans russes, Keith quitta la Russie en 1747 et entra au service du roi de Prusse (voir p. 262).

Ivan Yelagin, secrétaire de l’impératrice Catherine II.

Les premières loges maçonniques en Russie étaient composées en grande partie de membres anglais ou allemands. Il semble qu’en 1750 il n’y avait que deux loges en Russie : l’une à Saint-Pétersbourg (ville appelée « Petrograd » de 1914 à 1924, comme dans le texte de Telepneff) est la « Loge du Silence » et l’autre à Riga est la « Loge du Silence ». Loge de l’Étoile Polaire » (voir p. 262). En 1756, la franc-maçonnerie se répand dans la haute société russe . Le comte Roman Illarionovitch Vorontsov (« un homme d’État éminent ») était le maître de la loge de Saint-Pétersbourg, et ses membres étaient pour la plupart de jeunes officiers issus des meilleures familles russes. C’est probablement à cette époque que le sénateur de l’Empire russe Elagin (en fait Jelagin) rejoignit la loge de Saint-Pétersbourg mentionnée ci-dessus. Comme nous le verrons, Elagin a joué un rôle majeur dans la franc-maçonnerie russe (voir p. 262f).

Malgré le succès de la franc-maçonnerie parmi l’élite russe, le gouvernement du tsar considérait la franc-maçonnerie avec suspicion en raison du secret de ses cérémonies. La partie de la société russe qui rejette les innovations occidentales voit dans la franc-maçonnerie une association dont le but principal est de préparer le trône de l’Antéchrist. Les francs-maçons russes du XVIIIe siècle présentaient cependant la franc-maçonnerie comme la clé de l’amitié et de la fraternité. Des nobles, des soldats, des hommes politiques, des musiciens et des marchands en faisaient partie. Autorisée par le gouvernement et contrôlée par la police, la franc-maçonnerie russe continue de se développer, avec de nouveaux initiés et de nouvelles loges. Ivan Perfiljewitsch Jelagin (1725-1794), sénateur et franc-maçon, était issu d’une vieille et noble famille russe et jouissait de l’amitié et de la confiance de l’impératrice Catherine la Grande (voir p. 263).

En 1772, Jelagin reçut une licence de grand maître provincial de l’Empire russe de la Grande Loge d’Angleterre (voir p. 264). Jelagin a diffusé le système anglais des trois degrés de maçonnerie (« Jelagin System »), qui a cependant été progressivement influencé par les degrés supérieurs, notamment par deux systèmes ou rites :

  1. le Rite Mélissine (« Rite Melesino » ; du nom du général russe d’origine grecque Pierre Melesino ou Melissino), qui a lieu depuis 1765 dans la « Loge du Silence » susmentionnée et compte 7 degrés : les 3 degrés de base + 4 degrés supérieurs : 4° Crypte Sombre ; 5° Champion d’Écosse ; 6° Diplôme de Philosophie ; 7° Chevalier Spirituel ou Grand Prêtre Templier.
  2. le Rite de Stricte Observance des Templiers, qui tient un chapitre à Saint-Pétersbourg depuis 1765 (voir p. 271).

La franc-maçonnerie de Yelagin, qui coïncide essentiellement avec la franc-maçonnerie anglaise, prétend avoir pour doctrine principale l’étude de la vertu et de la connaissance de soi… Dans le système maçonnique de Yelagin, il existe de nombreuses particularités tant en termes de formes rituelles que d’enseignement interne (« la doctrine intérieure «  ) . Dans l’initiation maçonnique du système Yelagin, il y a des éléments macabres, tels que : Ex. : Un franc-maçon est enveloppé dans un drap couvert de sang ; les épées sont tirées ; Le candidat à l’initiation doit mélanger son sang à celui des francs-maçons déjà initiés afin de démontrer sa fraternité avec tous les francs-maçons. Des effets macabres ou sanglants similaires peuvent également être trouvés dans le troisième degré du Maître Maçon du système Yelagin (voir p. 271).

Telepnev en tant que barde de la franc-maçonnerie russe

Le but intérieur ou ésotérique de la franc-maçonnerie (« Le but intérieur de l’ordre »), selon le Grand Maître Yelagin, est la préservation et la transmission d’un grand et ancien secret qui remonte au premier homme. Le bien-être de l’humanité dépend de lui… Selon Yelagin, ce mystère consiste non seulement en les principes maçonniques (ou maçonniquement compris) d’amour fraternel, de charité et de vérité, mais est un enseignement mystique, l’arbre de vie, le retour de l’homme à l’état d’Eden… En effet, Yelagin s’intéresse beaucoup à la Kabbale juive et à l’alchimie : « l’« excellente Kabbale » et la « chimie plus profonde » » (cf. p. 272). Dans le même temps, Elagin était hostile aux idées athées et révolutionnaires de France, qui gagnaient déjà en popularité en Russie à cette époque (voir p. 272). Telepnev dresse un avis essentiellement positif sur le grand maître Elaguine : il était un vrai franc-maçon.

1.2 Les francs-maçons russes entre le système Yelagin, le rite suédois ou Zinnendorf et le martinisme

En 1771, un autre système de diplômes supérieurs apparaît en Russie, le Rite de Zinnendorf , qui, comme le Rite de Mélissine et le Rite de Stricte Observance, combinait les trois degrés (Apprenti – Compagnon – Maître) avec certains hauts grades chevaleresques ou templiers. Le rite de Zinnendorf se présente comme chrétien et revendique un savoir mystérieux. Il a initialement plongé en Suède avec le soutien du roi Gustav III. a ensuite été introduit dans l’Empire romain-allemand par le franc-maçon allemand Johann Wilhelm Kellner Graf Zinnendorf. Plus tard, il fut transféré de Berlin en Russie par le franc-maçon Georg Baron von Reichel. En 1773, il existe en Russie plusieurs loges de rite suédois ou Zinnendorf : quatre à Saint-Pétersbourg (Harpokrat, Horus, Latomia, Nemesis, Apollon), une à Reval (Isis) et une à Riga (Apollon). Notez les noms païens des loges. Telepnew n’explique pas que bien qu’il existe des différences de degrés entre le rite suédois et le rite de Zinnendorf , il existe également une similitude essentielle dans le contenu. On peut dire que le Rite de Zinnendorf est la variante allemande du Rite suédois .

Telepnev écrit qu’Elagin tente de contrecarrer la propagation du rite suédois ou Zinnendorf. En fin de compte, il doit lui aussi accepter les notes élevées. Sous l’influence d’éminents francs-maçons russes tels que le lieutenant-général Peter Count Panin et le rédacteur en chef du journal Nikolai Novikov, la plupart des loges de Yelagin rejoignirent le rite suédois de Reichel, et ainsi la Grande Loge nationale de Russie fut fondée le 3 septembre 1776. La même année 1776, ces loges russes reconnurent leur dépendance à l’égard de la loge mère de Berlin, qui portait le nom de « Minerva » et fut fondée par Zinnendorf lui-même (voir p. 272).

En résumé, la franc-maçonnerie russe est actuellement divisée en trois systèmes principaux :

  • l’ancien système Yelagin
  • le système combiné dans lequel domine le rite Reichel (ou Zinnendorf)
  • Apollo Lodge de Georg von Rosenberg, qui ne veut rien avoir à faire avec les partisans d’Elagin.

Ces trois systèmes subissent des changements après des désaccords survenus entre francs-maçons russes sur les idées de Louis-Claude de Saint-Martin (1743-1803), franc-maçon français de rite écossais rectifié . Sous l’influence des enseignements pseudo-chrétiens et pseudo-mystiques de de Saint-Martin, le martinisme, de nombreux francs-maçons russes souhaitent un contact plus étroit avec les systèmes maçonniques étrangers, en particulier avec la franc-maçonnerie suédoise. Certaines loges, grâce à la médiation des ambassadeurs russes Alexandre le prince Kourakine et Gabriel le prince Gagarine, rejoignirent le rite suédois en alliance avec Rosenberg déjà mentionné. Cependant, Reichel, la Loge Novikov de Saint-Pétersbourg et la Loge moscovite du prince Nicolas Nikititsch Troubezkoi (1744-1821) ne rejoignirent pas ce mouvement (voir p. 273).

En 1777, le roi de Suède, chef de la franc-maçonnerie suédoise, vint à Saint-Pétersbourg pour initier le fils de l’empereur Paul Petrovich, grand-duc de Moscou, à la franc-maçonnerie. En 1778, la Loge moscovite du prince Troubetskoï rejoint le rite suédois, tout comme Novikov, qui s’installe ensuite à Moscou. En 1779, une grande loge provinciale suédoise en Russie fut fondée à Saint-Pétersbourg, avec le prince Gagarine comme grand maître provincial. En Russie à cette époque, il existait une variété d’obédients maçonniques et de rites maçonniques : le rite anglais ou Jelagin, le rite Mélissine, la stricte observance des Templiers, les rites rosicruciens, le rite suédois, etc. Russe, allemand, suédois, Les francs-maçons anglais sont actifs dans le pays… Le prince Gagarine, dont les efforts pour unir la franc-maçonnerie russe sous la bannière du roi de Suède furent désapprouvés, quitte Saint-Pétersbourg en 1781 et sa Grande Loge provinciale tombe dans une crise (voir p. 273) .

1.3 Moscou, le nouveau centre de la franc-maçonnerie russe

La Grande Loge d’Elagin crée de nouvelles loges, mais le rôle dirigeant d’Elagin dans la franc-maçonnerie russe est terminé. Ce rôle revient aux francs-maçons de Moscou, où l’influence des rosicruciens est devenue perceptible. En 1782, le gouvernement russe interdit toutes les sociétés secrètes à l’exception de la franc-maçonnerie. En 1794, l’impératrice Catherine II exprima le désir d’interdire toutes les loges maçonniques, et Yelagin exécuta l’ordre (voir p. 273).

Nikolai Novikov, noble terrien et rédacteur en chef d’un journal

À Moscou, le terme « rosicrucien » ne désigne pas les francs-maçons du degré rosicrucien, qui existaient également en Russie, mais les spécialistes des sujets mystiques et occultes adeptes des idées de Louis-Claude de Saint-Martin. C’est pourquoi les rosicruciens russes étaient également appelés martinistes (voir p. 273, note 9).

Puisque le centre dynamique de la franc-maçonnerie russe est désormais Moscou et non plus Saint-Pétersbourg (on parle de la « période moscovite » de la franc-maçonnerie russe), deux personnalités franc-maçonnes éminentes émergent : Novikov et Johann Eugen Schwarz, un Saxon de Transylvanie. Ils donnent une impulsion à l’éducation, à l’activité éducative… ils veulent, selon leurs propres déclarations, éclairer les masses ignorantes de la population… Schwarz lutte pour l’indépendance de la franc-maçonnerie russe du système suédois et déclare sa volonté de suivre le Rite de stricte observance des Templiers du baron de Silésie Karl Gotthelf von Hund et Altengrotkau à adhérer. Schwarz reçoit le diplôme théorique du Grand Maître, le duc Ferdinand de Braunschweig, et l’autorité des Rose-Croix allemands pour fonder leur ordre en Russie (voir p. 274).

Ce mouvement promu par Schwarz et Novikov – que Telepnev qualifie de rosicrucien – s’est répandu parmi les francs-maçons en Russie. En 1783, le mouvement de Schwarz et Novikov rompt avec le duc de Brunswick et rejoint directement la principale association rosicrucienne. Dès lors, les Rosicruciens exercent une grande influence sur la franc-maçonnerie russe. Ce rosicrucianisme russe, qui est lié au rosicrucianisme allemand, est fondé sur les Esséniens. Il prétend que Jésus était un Essénien et que la lumière essénienne s’est transmise en Occident, aux Rose-Croix… Les Rose-Croix russes insistent sur la perfection morale et l’union avec Dieu… Malgré les divers changements de systèmes et de rites, les Russes on reste que la franc-maçonnerie est fidèle à la ligne tracée par Jelagin et se retourne contre la tendance révolutionnaire française (voir p. 275).

Dans le système Schwarz-Novikov, les trois diplômes de base sont suivis du diplôme écossais puis du diplôme théorique, qui introduit l’ordre rosicrucien (voir p. 275, note 1). L’un des rosicruciens les plus importants de cette époque est Ivan Lopukhin (1756-1816), qui professe sa foi en Dieu et en la religion chrétienne dans ses écrits maçonniques et explique que le but des vrais francs-maçons est le christianisme et que les vrais francs-maçons doivent suivre Jésus-Christ ( voir p. 275f). Cependant, malgré cet engagement (exotérique) dans la foi chrétienne, les Rose-Croix russes partagent des enseignements gnostiques déjà poursuivis par Yelagin : l’émanationnisme (tout émane de Dieu, les créatures spirituelles et matérielles, des anges aux minéraux), l’interaction entre les différents cercles d’émanation. , nécromancie (« La nécromancie a été essayée » ), alchimie… Les rosicruciens avaient alors une influence considérable sur la franc-maçonnerie russe en termes de nombre et d’autorité (voir p. 276).

1.4 La franc-maçonnerie russe dans la crise de 1794

En 1784, Schwarz, le chef de la franc-maçonnerie rosicrucienne en Russie, décède. Un comité (« Conseil ») est formé : le comte Pierre Tatishchev, Novikov et le prince Troubetskoi. Puis deux grands surveillants sont nommés : Lopukhin et un certain Heinrich-Jacob von Schröder, déjà membre de la loge berlinoise « Zu den 3 Weltkugeln ». Avec une grande habileté, Schröder parvient à reprendre la position et l’influence de Schwarz, à la grande déception de Lopukhin. La franc-maçonnerie rosicrucienne continue de se propager et de se renforcer. Pendant ce temps, l’impératrice Katharina écrit d’abord des comédies satiriques contre les francs-maçons, dans lesquelles ils sont dépeints comme des charlatans et des fraudeurs. Elle décide alors d’empêcher la propagation de la franc-maçonnerie (voir p. 277). A cette époque, les francs-maçons russes sont sous l’influence des francs-maçons allemands et de Frédéric le Grand, roi de Prusse et chef « spirituel » de la franc-maçonnerie prussienne, qui est un grand ennemi de l’impératrice Catherine (voir p. 277f).

En 1786, les écoles et les hôpitaux en Russie furent soustraits au contrôle maçonnique (« En 1786, les écoles et les hôpitaux furent soustraits au contrôle maçonnique » ) . Les livres écrits par les francs-maçons sont déclarés plus dangereux que les livres des encyclopédistes français. Le baron Schröder quitte la Russie. En 1787, une terrible famine éclata. Les francs-maçons russes, dont Novikov, organisent des opérations de secours pour la population affamée. La rumeur circule que les francs-maçons utilisent cette aide pour rechercher la faveur des masses afin de les utiliser à des fins politiques (voir p. 278).

Le nouveau gouverneur général de Moscou, le général Alexandre-Prince Prosorovsky, prend des mesures pour réprimer les activités maçonniques. En 1792, Novikov fut arrêté. D’autres francs-maçons reçoivent des peines plus légères. Lopukhin est autorisé à rester à Moscou. En 1794, la franc-maçonnerie russe cessa officiellement ses activités, mais les poursuivit secrètement (voir p. 279).

1.5 Le « renouveau » de la franc-maçonnerie russe jusque dans les années 1822/1826

Après la mort de l’impératrice Catherine, le nouveau tsar Paul Ier réhabilité, récompensé et protégé les francs-maçons, même si la franc-maçonnerie était encore formellement interdite. Cependant, Paul Ier est également Grand Maître de l’Ordre de Malte et est donc hostile à la franc-maçonnerie templière (voir p. 279).

Sous le tsar Alexandre Ier, la croissance de la franc-maçonnerie s’est poursuivie. Malgré l’interdiction officielle des sociétés secrètes, de nouvelles loges maçonniques voient le jour. En 1810, les loges furent officiellement agréées et reconnues à nouveau (voir p. 279). La franc-maçonnerie connaît un nouvel essor non seulement dans les deux grandes villes de Moscou et de Saint-Pétersbourg, mais aussi dans les provinces jusqu’en Sibérie et en Crimée, où se trouvent des loges. Durant les guerres napoléoniennes, de nombreuses loges furent fondées (voir p. 279f).

Symboles de la franc-maçonnerie apparaissant dans diverses obédientes en Russie, milieu du XIXe siècle. 

En 1810, fut fondée la « Grande Loge Directoire ‘Vladimir’ pour l’Ordre » , regroupant des francs-maçons qui soutenaient les degrés supérieurs et des francs-maçons qui soutenaient les trois degrés de base. Cependant, les deux groupes ne parviennent pas à fusionner et se séparent. En 1815, la Grande Loge se scinde en deux Grandes Loges : la Grande Loge Astrea et la Grande Loge provinciale suédoise de Russie .
La Grande Loge Astrea adopte exclusivement les trois degrés (système anglais), mais laisse aux Maîtres Maçons le soin de suivre également les hauts degrés. La Grande Loge Astrea, basée à Saint-Pétersbourg, comptait à l’époque 23 loges. Astrea permet d’accéder à des grades élevés (« hauts grades ou diplômes des hautes sciences maçonniques » ) . Le Grand Chapitre des Rites Reconnus, dont le président est le Grand Maître de la Grande Loge Astrea , est responsable de tout ce qui concerne les hauts degrés (voir p. 280). En 1819 la Grande Loge Astrea s’occupait encore des Trois Degrés, mais travaillait en bonne harmonie avec le Grand Chapitre des Rites Reconnus (voir p. 281)…

L’élément allemand prédomine dans la Grande Loge Astrea (voir p. 281). En 1819, la Loge n°1 « Pierre à la Vérité » a été fondée à Saint-Pétersbourg sous l’obédience d’Astrea, qui travaille en allemand, comme le confirment les nombreux noms de famille allemands des 130 membres. L’allemand est également utilisé dans la Loge n°3 « Isis » à Reval. Tous les membres portent des noms de famille allemands (voir p. 282).

En 1819/1820 la Grande Loge Astrea entretenait 24 loges :

  • 7 loges pratiquent le Rite Anglais modifié par les Francs-Maçons de Hambourg ;
  • 2 loges pratiquent le rite Zinnendorf ;
  • 6 loges pratiquent le Rite Rectifié de Stricte Observance ;
  • 8 loges pratiquent le Rite Suédois.
  • 1 La Loge pratique le Rite anglais, modifié par le franc-maçon Ignaz Aurelius Fessler 3 ( voir p. 285).

La plupart des francs-maçons de la Grande Loge Astrea sont d’origine allemande. Elle est affiliée à la fois aux Chapitres de Haut Degré (dont beaucoup ont été importés de France) et aux Loges Rosicruciennes. Selon ses statuts, la Grande Loge a les objectifs suivants : lutter pour le bonheur de l’humanité par la diffusion de la moralité, de la vertu, de la religion, de la loyauté envers le souverain et de la stricte obéissance aux lois de l’empire (voir p. 285).

Frère Telepnev note que les objectifs de la franc-maçonnerie russe à l’époque d’Alexandre Ier sont toujours les mêmes qu’à l’époque d’Elagin, mais bien qu’il y ait encore des Russes éminents, les Allemands n’ont pas seulement une influence significative sur la franc-maçonnerie, ce qu’ils ont rapidement fait. après leur introduction en Russie, mais aussi l’élément dominant dans les loges. Avec le retrait des Russes et la division en différents rites, la franc-maçonnerie russe ne semble plus jouer le rôle décisif qu’elle avait autrefois dans la Russie d’Alexandre Ier (voir p. 285).

Parallèlement, le nombre de francs-maçons augmente parmi l’aristocratie polonaise et parmi les membres éminents de l’Église catholique, comme Mgr Pusina. Mais les jésuites restent hostiles à la franc-maçonnerie. Le tsar Alexandre Ier a changé son attitude à l’égard des loges, peut-être influencé par le chancelier autrichien Venceslas, le prince Metternich et les jésuites. Le 6 août 1822, un décret en Russie interdit les sociétés secrètes, dont la franc-maçonnerie. Pendant un certain temps, la franc-maçonnerie a continué à être active, notamment dans les provinces de l’Empire russe. Puis, en 1826, le tsar Nicolas Ier publia un édit plus strict réduisant considérablement le nombre de francs-maçons actifs en Russie. Sans aucun doute, les francs-maçons et d’autres groupes d’associations secrètes en Europe ont travaillé contre l’Église et l’État, mais – selon Telepnew – ce n’était pas le cas en Russie… Mais jusqu’aux dernières années de l’Empire tsariste, la franc-maçonnerie était considérée comme porteuse d’idées révolutionnaires. et l’athéisme ou comme centres d’organisations juives dans le but d’éliminer le christianisme (voir p. 286).

1.6 Franc-maçonnerie rosicrucienne russe

Dans une autre étude pour la loge londonienne « Quatuor Coronati » de 1925, le frère Telepnev décrit certains aspects de la franc-maçonnerie rosicrucienne sous le règne du tsar Alexandre Ier (1777-1825), successeur du tsar Paul Ier, décédé en 1801 ( voir Frère Boris Telepneff : Quelques aspects de la franc-maçonnerie russe sous le règne de l’empereur Alexandre Ier , dans : AQC38 (1925), pp. 6-66). Telepnev rapporte que les anciens francs-maçons russes étaient associés au mysticisme (« l’esprit du mysticisme » ) , très actif dans la franc-maçonnerie russe à l’époque de Catherine II. Mais en quoi consiste cette « mystique chrétienne » ? Telepnew le dit très clairement : il s’agit du rosicrucianisme (voir p. 8), dont il montre le mysticisme : « œuvre mystique de l’Ordre de la Rose-Croix, étudiant le christianisme ésotérique, ainsi que l’alchimie, la magie et des sujets similaires » (« le ouvrage mystique de « l’Ordre de la Rose-Croix », l’étude du christianisme ésotérique, mais aussi de l’alchimie, de la magie et des sujets similaires » ) . Il compte parmi leurs « maîtres spirituels » Jacob Böhme, Basilius Valentinus et Paracelse (voir p. 9). Les francs-maçons rosicruciens sont également friands de la Kabbale juive (voir p. 34). Telepnev précise quel était le but de la recherche mystique des francs-maçons russes de l’époque : les sciences occultes (voir p. 34).

1.7 La franc-maçonnerie suédoise en Russie

La loge « Quatuor Coronati » a publié une autre étude du F. Telepnew en 1926. cette fois sur l’histoire de la franc-maçonnerie suédoise en Russie (voir Frère Boris Telepneff : Quelques pages de l’Histoire de la franc-maçonnerie suédoise en Russie, dans : AQC 39, 1926, pp. 174-196).

Telepnev note que les francs-maçons russes du XVIIIe siècle se définissaient comme des « philosophes mystiques en quête de Lumière et plus de Lumière »… Au XVIIIe siècle, il y avait un . Il y eut un temps deux systèmes maçonniques qui furent tolérés voire encouragés par les Russes. dirigeants : le système anglais à 3 degrés et le rite suédois (voir p. 174). Telepnev révèle que le Rite suédois, qui était également pratiqué en Russie, se composait de trois éléments : 1) les trois degrés de base ou « Maçonnerie Symbolique », 2) les Degrés Templiers et 3) le Rosicrucianisme (« Rosidurcianisme ») ou « le mysticisme de christianisme ésotérique ») ( voir p. 182f). Telepnev dit que les diplômes rosicruciens du rite suédois ont stimulé l’étude de la théosophie et de l’alchimie (« Une étude de la théosophie et de l’alchimie a été induite par les diplômes rosicruciens », p. 183). Je pense que par « Théosophie », on entend la Kabbale juive… Telepnev explique que le but du rite suédois est la réunification avec le Christ (voir p. 183)… Oui, mais quel Christ ? On peut répondre ainsi : un Christ rosicrucien, alchimique, kabbalistique, bref, gnostique. En effet, selon Telepnev, le 10ème et plus haut degré du Rite suédois était : « 10° Frères de la Rose-Croix » p.

Telepnev note également que le rite suédois a attiré des francs-maçons issus des meilleures familles de la noblesse russe, notamment parce que ses objectifs déclarés incluaient la lutte contre les idées athées et radicales (voir p. 186)…

Le Père Paolo Maria Siano appartient à l’Ordre des Franciscains de l’Immaculée (FFI) ; le docteur en historien de l’Église est considéré comme l’un des meilleurs experts catholiques en matière de franc-maçonnerie, à laquelle il a consacré plusieurs ouvrages de référence et de nombreux essais. A travers ses publications, il apporte la preuve que la franc-maçonnerie, depuis le début jusqu’à aujourd’hui, contenait des éléments ésotériques et gnostiques, qui justifient son incompatibilité avec la doctrine de l’Église.

Traduction/notes de bas de page : Giuseppe Nardi
Image : Corrispondenza Romana/Wikicommons/RTM/Freimaurer-Lexikon (captures d’écran)


1 Boris Wassiljewitsch Telepnew, qui avait déjà paru comme auteur en Russie pendant la Première Guerre mondiale avec les petits caractères « L’Europe en guerre » (1916).

2 Le gouvernorat d’Ukraine comprenait ce qui est aujourd’hui le centre de l’Ukraine autour de Kiev, des deux côtés du Dniepr, à l’exclusion de l’ouest, de l’est et du sud de l’Ukraine actuelle.

3 Ignaz Aurelius Feßler (né en 1756 à Zurndorf dans l’ouest de la Hongrie allemande, aujourd’hui Burgenland, mort à Saint-Pétersbourg en 1839) entra dans l’ordre des Capucins en 1773 et fut ordonné prêtre en 1779. Plus tard, il a diffusé des histoires aventureuses sur son époque catholique. L’empereur Joseph II, dont Feßler est devenu personnellement connu, le nomma professeur de langues orientales et d’Ancien Testament à l’Université de Lviv en 1783. Là, il fut initié à la loge franc-maçonne « Phénix à la Table Ronde » et fut libéré de l’ordre des Capucins. Peu de temps après, il abandonna également son sacerdoce et écrivit des écrits anticatholiques. Il se remit entièrement entre les mains des francs-maçons et se consacra personnellement entièrement à la franc-maçonnerie. En 1791, il a officiellement apostasié l’Église catholique, a rejoint le luthéranisme et s’est marié. Cependant, le mariage a été séparé après quelques années. À Berlin, il réforma les statuts de la loge royale de York avec Johann Gottlieb Fichte . En 1809, il fut nommé professeur de langues orientales à Saint-Pétersbourg et tenta de légaliser la franc-maçonnerie, ce qui fut réalisé en 1810 sous le tsar Alexandre Ier. Son poste de professeur lui fut retiré en 1811 en raison de soupçons d’athéisme. Il devient ensuite surintendant de la communauté luthérienne de Saratov, puis surintendant général de la communauté luthérienne de Saint-Pétersbourg.

Lire la suite partie 2

Une histoire extraordinaire

Avec « Frère Angelo« , Gaspard-Hubert Lonsi Koko nous propose une plongée dans le génie africain ! Angelo Soliman, dont le nom patronymique est Mmadi Maké est né en 1721 dans une famille d’esclaves de l’actuel Nigéria !

L’auteur, dans cet ouvrage, nous retrace les différentes étapes de sa vie qui ne fut vraiment pas banale !

C’était l’époque où la franc-maçonnerie illuminait l’Europe des Lumières et en particulier ses Princes ! Mais … tout ne fut pas rose !

Les différents chapitres du livre « Frère Angelo »

  • I – Ouverture des travaux
  • II – Le peuple Kanouri et le royaume de Kanem-Bornou
  • III – La capture et l’état d’esclavage
  • IV – Sur le sol de Marseille
  • V – La vente au profit d’une Marquise de Messine
  • VI – Au service du Prince Souverain
  • VII – Le mariage avec une Dame de la Noblesse Autrichienne
  • VIII – L’initiation à la Franc-Maçonnerie
  • IX – Une fin pathétique
  • X – Les quatre aspects de Soliman
  • XI – Des éloges posthumes
  • XII – Les clichés et autres arrières pensées
  • XIII – Fermeture des travaux.
  • Titre : Frère Angelo
  • Auteur : Gaspard-Hubert Lonsi Koko
  • Editeur : L’atelier de l’Egrégore – Octobre 2024
  • 123 pages – 13,85 €

Au-delà du récit, Gaspard-Hubert Lonsi Koko, dans sa conclusion aborde la problématique du franc-maçon africain :

« L’histoire de l’esclavage ayant montré à maintes reprises la mauvaise foi des sociétés qui en avaient très largement tiré d’énormes avantages, les francs-maçons à la peau noire, ou ayant des ascendants africains, devraient avant tout compter sur eux-mêmes.« 

Et d’autres choses encore …

Très intéressant ouvrage d’histoire de la franc-maçonnerie qui ne s’arrête pas au factuel et qui invite à la réflexion sur ce qui se passe aujourd’hui !

Pour aller plus loin :

Philipp Blom / Wolfgang Kos [Hg.]: Angelo Soliman. Ein Afrikaner in Wien. Wien: Brandstätter 2011 (Sonderausstellung des Wien Museums, 376)

Richard Bamberger [Hg.]: Österreich-Lexikon in zwei Bänden. Wien: Verlags-Gemeinschaft Österreich-Lexikon 1995

Wilhelm A. Bauer: Angelo Soliman, der hochfürstliche Mohr. Ein exotisches Kapitel Alt-Wien. Wien: Gerlach & Wiedling 1922

Et aussi un film :

Monika Firla: Angelo Soliman – Ein Wiener Afrikaner im 18. Jahrhundert. Baden: Rollett-Museum 2004 (Katalogblätter des Rollettmuseums Baden, 48)

Walter Sauer: Jenseits von Soliman. Afrikanische Migration und Communitybuilding in Österreich – eine Geschichte. Mit einem Beitrag von Vanessa Spannbauer, Innsbruck-Wien: StudienVerlag 2022 (Forschungen und Beiträge zur Wiener Stadtgeschichte 63), S. 69-78.

Hochgeschätzt und ausgestopft: Wer war Angelo Soliman? In: Der Standard, 07.11.2018

Le Droit Humain – « Mixte et altérité en franc-maçonnerie »

1

De notre confrère Radio France

Dominique Segalen et Annick Drogou ont fait paraître « La fabrique du mixte« , Un échange autour des mécanismes et enjeux du mixte et sur l’importance de la mixité fondatrice du Droit Humain.

Mixte, mixité, voici des mots si employés qu’ils se prêtent, depuis toujours, au truisme, au poncif réducteur, à l’allergie et au conflit. En effet, pour l’individu singulier, il n’est pas simple d’assumer sans perplexité, voire sans accrocs, la pluralité diverse que la vie lui impose.

Aussi serait-il temps, en cheminant dans la variété souvent méconnue des mots qui circonscrivent ces notions, de revenir à l’essence de leur signification et de s’attacher aux acceptions dont l’histoire des sociétés anciennes et contemporaines décline le champ à la fois ordinaire et inédit.

Ainsi s’entrouvre une porte de curiosité pour revisiter, d’anecdotes en réflexions éthiques et symboliques, le parcours tant profane que maçonnique, afin d’en dépasser les évidences.

Frappe, et l’on t’ouvrira.

Dominique Segalen et Annick Drogou ont fait paraître « La fabrique du mixte », Un échange autour des mécanismes et enjeux du mixte et sur l’importance de la mixité fondatrice du Droit Humain.

Au regard de nombreux constats, à propos des tabous et des inégalités ataviques et historiques, nous évoquons avec Dominique Segalen et Annick Drogou les principes fondateurs du Droit Humain et les valeurs de la franc-maçonnerie, tels que la liberté, l’égalité et la fraternité, réexaminés à la lueur de l’altérité et de la mixité.

La franc-maçonnerie permet de dépasser cette peur primale de l’autre, pour une pensée et des échanges en confiance. La pensée mixte peut-elle être une réponse contemporaine aux enjeux sociétaux, en mettant en avant la nécessité de penser autrement ?

…et si vous veniez rejoindre l’équipe de bénévoles de 450.fm

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Voici quelques informations pour vous mettre en appétit :

Entre le 4 juillet et aujourd’hui presque un quart de million de lecteurs différents sont venus lire les informations de 450.fm. Notez qu’au regard des 90 jours précédents, il y a eu une croissance de 70,6 % du lectorat.

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C’est ainsi qu’en 42 mois, le journal a publié plus de 6500 articles au total.

Pour nourrir un lectorat de plus en plus nombreux, d’une actualité riche et diversifiée, nous devons lui offrir un panel toujours plus large de contributeurs.

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Premier événement public de la franc-maçonnerie à Saragosse depuis plus de 80 ans

De notre confrère espagnol diariodelaltoaragon.es

La loge Unión Sincera del Cierzo a recréé une de ses réunions et a réfléchi sur son organisation, les problèmes de santé et d’environnement de la société. Hier, plusieurs curieux ont assisté au premier événement public organisé par la franc-maçonnerie dans la ville depuis plus de 80 ans. La loge Unión Sincera del Cierzo, créée à Saragosse il y a deux ans, a décoré la Salle Bleue du Círculo Oscense pour recréer le même scénario que lors des réunions privées dans ses temples, afin que le public puisse découvrir les symboles et les rites de ce type de institutionnels.

Cette « fête blanche », comme l’ont expliqué ses organisateurs, s’adressait à tous ceux qui souhaitaient approfondir la franc-maçonnerie et réfléchir aux « fausses nouvelles » ou aux canulars qui entourent non seulement cette organisation mais de nombreux aspects liés aux questions de santé ou de sécurité. C’est l’un des frères, Eduardo Ruano, qui a expliqué combien de canulars ont été répandus au cours de l’histoire et qu’actuellement, avec les réseaux sociaux, « il coûte beaucoup plus cher de les nier que de les diffuser ». 

Le public s’est intéressé à la manière dont il pouvait y accéder, au symbolisme ou à la question de savoir si la franc-maçonnerie avait un sens au 21e siècle. « Nous sommes des gens normaux – a insisté Emilio Anadón, vénérable maître et chef de la loge – mais l’ignorance est très audacieuse » et en Espagne, ses assassinats sous le régime de Franco restent encore dans la mémoire de beaucoup. 

Ils ne sont ni un lobby de pouvoir ni des rituels sataniques, ils sont les héritiers d’une organisation qui, depuis le XVIIIe siècle, œuvre pour promouvoir la pensée critique, la raison et la solidarité fondées sur le respect mutuel et le dialogue sur les questions sociales les plus transcendantales. Pour ce faire, ils utilisent les symboles de la maçonnerie – liés à l’origine de la franc-maçonnerie, aux corporations médiévales de maçons -, leur propre cadre rituel et l’échange d’idées comme principaux outils pour atteindre ces objectifs. À certains moments de l’histoire, ils ont servi à apporter l’éducation à des personnes qui ne pouvaient y accéder autrement.

Les frères Mason ont des métiers et des origines très différents , ainsi que des préoccupations intellectuelles, morales et sociales, mais ils ont l’intérêt commun de s’épanouir personnellement dans un environnement de respect et d’égalité.  « Nous essayons », a souligné Anadón, « de faire avancer la société ».

La journée a commencé par un acte en mémoire des francs-maçons ripostés à Huesca, d’abord par une offrande de fleurs sur la tombe du capitaine Fermín Galán au cimetière, puis par un hommage à l’artiste Ramón Acín au monument Pajaritas du parc Miguel Servet.