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La musique et la Franc-maçonnerie

Musica sum late doctrix artis variate.

(Je suis la musique et j’enseigne mon art à l’aide de divers instruments)

Les Anciens considéraient la musique comme la force qui sous-tend l’univers, musique de la vibration des sphères et des rapports entre elles qui régit le cours des astres. le son et la matière sont des manifestations de vibrations. Le son est créé par la vibration des molécules d’air, tandis que la matière est constituée d’atomes qui vibrent aussi. En ce sens, on pourrait soutenir que l’essence du son et de la matière est la même.

Si les mots sont le langage de l’esprit, la musique est le langage de l’âme.

«Il faut, en maçonnerie, rendre la vertu aimable par l’attrait des plaisirs innocents, d’une musique agréable, d’une joie pure, et d’une gaieté raisonnable» (Ramsay).

La musique est l’art de combiner les sons d’une manière agréable à l’oreille. Les éléments essentiels de la musique sont la mélodie et le rythme, auxquels il faut joindre le timbre et l’accentuation, enfin l’harmonie qui fixe la simultanéité des sons.

Aristote consacre une bonne partie du dernier livre conservé de sa Politique (VIII, 5-7) à l’éducation musicale. La musique, selon lui, peut avoir une influence sur le comportement, sur le développement du caractère, sur les dispositions morales, ce que les Grecs appellent l’êthos, de même qu’elle peut avoir une action sur l’âme, la psyché (à partir de la p. 106, Exercices de mythologie par Philippe Borgeaud, éd. Labor Et fides, 2004). Cette idée fut reprise par Marcile Ficin à la Renaissance : «pour combattre l’épuisement de la vie sédentaire, la musique est un bon moyen. Le son musical, par le mouvement de l’air purifié excite le spiritus aérien, qui constitue le lien entre le corps et l’âme, au moyen de l’émotion il agit sur les sens et en même temps sur l’âme» (De sanitate studiosorum tuenda).

Pythagore, Platon donnaient au mot musique une acception beaucoup plus étendue que celle que nous lui donnons aujourd’hui. Ils distinguaient une musique théorique ou contemplative et une musique active ou pratique. À la première ils rapportaient l’astronomie (l’harmonie du monde),  l’arithmétique (l’harmonie des nombres), l’harmonique (traitant des sons, des intervalles, des systèmes), la rythmique (traitant des mouvements), et la métrique (la prosodie). La deuxième comprenait la mélopée (art de créer des mélodies), la rythmopée (art de la mesure et de la poésie). La musique est un exercice arithmétique secret et toute personne qui s’y adonne ne réalise pas qu’il manipule des nombres (Leibniz, 1712).

Musikê était à la fois l’approche scientifique, physique et mathématique, des sons et l’art issu des Muses. Rappelons que la première demande que fit Pythagore au Sénat de Crotone, était de bâtir un Temple aux Muses, comme symboles de l’harmonie qui devait présider à tout groupe social.

Les Hébreux cultivèrent de bonne heure la musique et le chant, témoins les cantiques de Moïse, les trompettes de Jéricho, la harpe de David, etc. La musique était intimement liée à toutes leurs cérémonies religieuses.

Les Romains ne commencèrent à s’occuper de la composition musicale que sous le règne d’Auguste.

Les premiers Chrétiens imitèrent les Juifs sous ce rapport ; de là l’origine du plain-chant créé au IVe siècle par Saint Ambroise et qui est comme un reflet de la musique des Anciens. Jusqu’au XIe siècle il n’y eut guère d’autre musique écrite que les chants d’église. À cette époque, l’invention de la gamme, ou échelle musicale, due au bénédictin Gui d’Arezzo, et celle du contrepoint donnèrent naissance à la musique moderne. C’est avec la connaissance de la musique, c’est-à-dire l’harmonie des sons et la beauté des rythmes que le compagnon règle sa conduite afin de tendre vers la véritable sagesse. «S’il y a une portée, elle doit bien porter quelque chose et s’il y a des clefs, elles doivent bien ouvrir des portes.»

Parler de gamme chromatique c’est associer la musique aux couleurs comme en alchimie : Les couleurs sont une clef et la musique une serrure. Avec son sang, les couleurs du paon donnent la gamme chromatique. Salomon Trismosin, dans Splendor Solis, son traité alchimique, associe le paon à un concert sur une de ses gravures. (Patrick Burensteinas, Le voyage alchimique, Étape 1-La Grand’Place de Bruxelles)

Dans son ouvrage Atalante fugitive ou nouveaux emblèmes chymiques des secrets de la nature, Michel Maïer (qui inspira Monteverdi) explique le Grand Œuvre alchimique par un ensemble de fugues musicales, de gravures et de poèmes, bref un essai d’art total comme l’opéra dont la traduction est justement le mot œuvre.

Le triton ou quarte augmentée (par exemple do, fa dièse), intervalle dissonant de 3 tons entiers entre deux notes, a été considéré comme maléfique, le diabolus in musica, au Moyen Âge.

On a découvert que certains atomes exposés à des températures proches du zéro absolu commençaient à se comporter comme s’ils étaient un seul et unique atome, alors qu’ils sont des milliards livrés à une ronde synchronisée. Le comité du Nobel, qui décerna le prix Nobel de physique en 2001 à Cornell et Wieman, Ketterle pour cette découverte, a dit que les atomes chantaient à l’unisson (découvrant ainsi un nouvel état de la matière appelé condensat de Bose-Einstein) au rythme de la musique cosmique, qui n’est pas sans rappeler le rythme de la danse créatrice de Shiva.

Les vibrations des musiques sacrées ont des correspondances géométriques qui permettent de les représenter et de les rendre visibles

À l’instar de la musique liturgique et du chant sacré de l’église, la musique maçonnique a joué un rôle et des fonctions toujours plus importants dans les travaux et tenues de la loge. D’emblée, la communauté maçonnique a reconnu les effets exhausteurs exercés par la pratique musicale sur l’ambiance de la loge et les sentiments animant les frères (et sœurs).

Dans certaines Loges en Écosse, le rituel est chanté quasi intégralement quasi intégralement depuis des siècles.

La pratique de la musique et du chant en loge contribue essentiellement, jusqu’à ce jour, au maintien de la communion des esprits lors des travaux rituels, mais aussi, dans la mesure où elle est en adéquation avec le texte et la gestuelle, à marquer plus intensément la perception du déroulement du rituel. Dans son ensemble, la musique maçonnique peut se subdiviser en trois catégories :

1 – Chants et pièces instrumentales composés en vue des travaux rituels, loges de table, fêtes de St Jean et autres manifestations analogues, une musique de circonstance.

2- Compositions qui ne furent pas écrites expressément à des fins maçonniques, mais qui par leur caractère et leur contenu se prêtent parfaitement aux travaux en loge.

3- Œuvres originales d’inspiration maçonnique, telle, par exemple, la Maurerische Trauermusik  (Musique funèbre maçonnique) de Mozart.

La troisième partie des Constitutions d’Anderson est consacrée à 4 chants maçonniques (le Chant du Maître ou l’Histoire de la Maçonnerie ; le Chant du Surveillant ou une autre Histoire de la Maçonnerie ; le Chant des Compagnons ; le Chant de l’Apprenti). L’édition suivante, en 1738, reprend (pour certains, dans une version abrégée) les quatre chants de l’édition de 1723, mais y ajoute sept chants supplémentaires : Chant du Député Grand Maître ; Chant du Grand Surveillant ; Chant du Trésorier ; Chant du Secrétaire ; Chant du Porte-épée ; Ode aux Francs-maçons ; Ode à la Maçonnerie. Les éditions suivantes des Constitutions, celles de 1746, 1756, 1767 et 1784 continueront à ajouter et à soustraire des chansons.

Dans les Constitutions de Dermott, Ahiman Rezon, on trouve (1-4) les quatre chansons originales des Constitutions d’Anderson de 1723 (on notera que le Chant du Maître, déjà ramené de 244 à 52 vers en 1738, n’en contient cette fois plus que 12) ; (5-8) les quatre premières des sept ajoutées dans l’édition de 1738 ; (9-68) 60 autres chansons ; divers prologues et épilogues ; l’oratorio Solomon’s Temple.

Pour une histoire musicale de la Franc-maçonnerie et l’écoute de musiques de loge

Albert G. Mackey rapporte que le  frère W. Clegg, membre de la Loge d’Harmonie, n° 279, Boston, Lincolnshire, est l’auteur des hymnes Hail Eternal et Now the Evening Shadows Falling, qui sont fréquemment utilisés à l’ouverture et la fermeture de nombreuses Loges.

N’hésitez pas à lire le texte de Christian Tourn, La musique maçonnique : <taosophie.free.fr/recueil/la_musique_maconnique.pdf>.

La colonne d’harmonie est un terme qui désigne à la fois l’officier et l’office chargé de la musique accompagnant les cérémonies maçonniques rituelles. Elle est dite vivante lorsque des groupes de musiciens y participent. La «colonne d’harmonie» désigne à son origine un ensemble d’instruments à vent qui, lors de la tenue, ponctue le rituel et les agapes, mais n’apparaît qu’au XIXe siècle. Le responsable de la musique dans les rituels anglo-saxons est généralement appelé organiste, même s’il n’a ni orgue ni harmonium à jouer. Dans les loges en Écosse, la musique a une telle importance que, non seulement l’ensemble des frères chante une grande partie du rituel, mais on recourt souvent à un barde (pour les chants a capella et pour donner le ton), à un organiste qui tient réellement un orgue ou un harmonium, parfois à un «pompiste» pour faire l’air à l’instrument s’il est vieux, et à un ou plusieurs cornemuseurs et tambours.

Les loges RSE/RÉÉ essaient parfois d’étoffer la musique plus que dans d’autres rites. La musique n’existe pas, en principe, en loge RER, car les fondateurs du rite prônaient l’écoute du silence intérieur.

L’harmonie musicale est un prestige dans nombre de grandes loges dans le monde, curieusement très peu en France. Il n’est pas rare de voir des frères organistes professionnels, chevronnés et virtuoses, accompagner les tenues aux États-Unis, en Grande-Bretagne ou en Suède. Jan Sibelius, le célèbre compositeur de la Valse Triste, fut pendant des décennies le grand organiste de la Grande Loge de Finlande.

La musique comme la danse conduit à une philosophie de l’évanescent, la note entendue, les gestes disparaissent après leurs exécutions dans leur précarité. 

Les notes de musique

Les noms des notes, Do, Ré, Mi, Fa, Sol, La, Si, Do sont issus d’une poésie religieuse chantée, l’Hymne à Saint Jean-Baptiste, écrite vers 770 après J.C. par le bénédictin lombard Paul Diacre.

C’est le musicien italien Guido d’Arezzo, qui en constatant que l’hymne s’élevait à chaque vers fit ressortir les premières syllabes et celles qui suivent l’hémistiche (moitié du vers) et leur attribua leurs noms et un son de plus en plus haut. Le texte en latin : Ut queant laxis/ Resonare fibris/ Mira gestorum/ Famuli tuorum/ Solve polluti/ Labii reatum/  Sancte Iohannes donne en français : Pour que tes serviteurs fassent résonner  les prodiges de tes hauts faits par leurs cordes vocales bien souples, efface le péché de leur lèvre souillée Saint Jean. Afin de mieux établir les variations d’un chant, il créa une modulation pour la note B à laquelle il ajouta le «B molle» et le «B quadratum». De là se généralisa à toutes les notes l’appellation «bémol» et «bécarre».

La note Ut est la seule commençant par une voyelle. Par commodité du chant, qui se faisait sur la tonalité de ces syllabes, le «ut» fut remplacé par «do» au XVIème siècle par les religieux italiens. Une autre version affirme qu’en 1673, le UT a été renommé Do, plus doux à l’oreille, par le compositeur Giovanni Maria Bononcini.

Do étant la première syllabe de Domine (Seigneur en latin). La note Si est obtenue par les initiales de Sancte Iohannes à qui était destiné le poème. Les notes Ré, Sol, Ut constituent le mot «résolution» ; la note Sol rayonne au milieu du mot résolution. Il s’agit du soleil. Le suffixe io se trouve dans Iohannes.

Les notes Fa et La peuvent se lire en verticale et forment ainsi une croix latine. La note Mi représente la plus grande et la plus petite valeur numérologique : mille et unum. Elle décline ainsi l’idée de l’infiniment grand et de l’infiniment petit. Pour une compréhension du cryptogramme carolingien du christ-soleil dans ce texte lire l’article de Jacques Viret : Un cryptogramme carolingien du Christ–Soleil.

La notation anglophone, appelée batave, héritée de la Grèce antique, utilise des lettres de l’alphabet.

Dans cet ordre d’interprétation, l’échelle universelle, également appelée rayon de la création apparaît dans le nom des sept notes ; chaque niveau hiérarchique du rayon de la création correspond à un ciel. Dieu réside dans le septième ciel, par conséquent ce ciel le plus élevé est le paradis de du Créateur, le Dominion, abrégé en Do. Le sixième ciel est le cosmos ; le mot latin Siderus orbi, signifiant toutes les étoiles de l’univers, est abrégé en Si. Le cinquième ciel est la voie lactée ; l’expression latine Lacteus orbis est abrégé en La. Le quatrième ciel est le système solaire ; Hélios y est au centre ; il est le soleil, Sol en latin. Le troisième ciel est peuplé des planètes du système solaire ; l’astrologie montre comment les mouvements de ces planètes créent notre destin, Fatum en latin, abrégé en Fa. Le deuxième ciel correspond à notre planète ; c’est le microcosme à l’intérieur du macrocosme de l’univers entier, en latin il s’agit du Microcosmus, ou du mixtus orbis (lieu où se mêlent le bien et le mal, la terre), abrégé en Mi. Le premier et le plus bas des Cieux, sous le microcosme, est le monde souterrain ; la lune en est la régente (ou la reine) ; le mot latin Regina astris est abrégé en Ré.

Ce qui correspond aussi au Tikoun de la Tradition Hébraïque de l’arbre de vie, la remontée du Zaïn ou la réparation.

Newton, qui n’était pas qu’un scientifique, mais aussi un alchimiste, fit une étude complète sur les correspondances des sons et des lumières en rapport avec les 7 planètes de l’astrologie traditionnelle, qui correspondent aux 7 métaux alchimiques. La Tradition Hermétique nous donne ceci : Do = Lune, RE = Mercure, MI = Vénus, FA = Soleil, SOL = Mars, LA = Jupiter, SI = Saturne.

D’autres attribuent Do à Lune, Ré à Saturne, Mi à Jupiter, Fa à Mars, Sol à soleil, La à Vénus, Si à Mercure. (cf. La musique des sphères André Manoukian)

Dans le livre Le jeu des perles de verres, (1943), Hermann Hesse établit un lien entre les sept notes de la gamme musicale et les sept couleurs incluant le blanc auxquelles sont associées sept qualités précises : do, blanc, amour ; ré, jaune, joie ; mi, orange, humilité ; fa, rouge, maîtrise de soi ; sol, violet, honnêteté ; la, bleu, bonté ; si, vert, vérité ; non sans rappeler le poème Correspondances de Charles Baudelaire.

Qu’adviendrait-il si, un jour, la science, le sens du beau et celui du bien se fondaient en un concert harmonieux ? Qu’arriverait-il si cette synthèse devenait un merveilleux instrument de travail, une nouvelle algèbre, une chimie spirituelle qui permettrait de combiner, par exemple, des lois astronomiques avec une phrase de Bach et un verset de la Bible, pour en déduire de nouvelles notions qui serviraient à leur tour de tremplin à d’autres opérations de l’esprit ? »

Illustration de Michael Cheval

Nos questions (un peu provoc’) à un Franc-maçon palois

De notre confrère larepubliquedespyrenees.fr

Ils sont environ 400 à Pau, un millier en Béarn. Trois siècles après la création des loges en France, héritières de leurs grandes sœurs anglaises, les francs-maçons suscitent toujours la curiosité, la suspicion, l’intérêt ou le dénigrement. Nous sommes allés à la rencontre d’un membre palois du Grand Orient de France, José Moreira, l’un des Grands Maîtres adjoints de cette obédience, dans le temple de la rue Lapouble à Pau. L’homme de 66 ans est franc-maçon depuis 1994. Il répond à nos questions (un peu provocantes).

3/05/25 : 2e Rencontres Égyptiennes de Paris de la GL-AMF

La Grande Loge de l’Alliance Maçonnique Française (GL-AMF) et sa Maison du Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm organisent les deuxièmes rencontres Egyptiennes en présence du Grand Maître de la GL-AMF, Pierre Lucet.

Le Cercle Georges Bogé de Lagrèze

La création du Cercle Georges Bogé de Lagrèze au sein de la Maison du Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm de la GL-AMF, répond à une demande croissante des Frères, celle de mieux appréhender l’histoire de leur rite, de leurs racines traditionnelles et de valoriser leur patrimoine initiatique et historique.

Compte tenu de la nature et des objectifs de ses travaux, le Cercle Georges Bogé de Lagrèze, reste ouvert, il pourra ainsi travailler avec des Frères et des Sœurs extérieurs ou des profanes reconnus pour la qualité de leurs travaux.

Programme des Rencontres Égyptiennes

Pour cette deuxième année les thèmes seront ceux des sciences traditionnelles, au travers du Tarot et de l’hermétisme. Nous aurons le plaisir d’aller à la rencontre de cet homme qui marquera l’occultisme et la Franc-maçonnerie égyptienne du XXe siècle : Robert Ambelain.

L’accueil de cette journée se fera entre 8h30 et 9h30 autour d’un café de bienvenue, puis :

9h30 – 10h00 : allocution du Grand Maître de l’Alliance, Pierre Lucet.

TAROT ET FRANC-MAÇONNERIE

10H30 – 12H00 :

Table ronde avec Pierre Treuil (astrologue, tarologue, écrivain et conférencier) et Francis Lemenier (imprimeur, éditeur, spécialiste des tarots de Papus, Wirth, et Falconnier).
Modérateur : Marc Jaillon (Député Assistant Grand-Maître de la Maison du Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm (GL-AMF).

12h00 – 13h00 : déjeuner libre.

ROBERT AMBELAIN

14H00 – 15H30 :

Serge Caillet, historien des sociétés initiatiques, fondateur de l’Institut Eleazar, auteur de nombreux ouvrages sur la Franc-maçonnerie égyptienne dont une très complète biographie de Robert Ambelain parue aux éditions de la Tarente.

HERMETISME ET FRANC-MAÇONNERIE

15H30 – 17H00 :

Axel Karol, Grand Maître de l’Ordre Maçonnique Traditionnel de Memphis-Misraïm et auteur de deux ouvrages sur la Franc-maçonnerie égyptienne au travers des Arcana Arcanorum et du Rite Féminin de Chevillon-Fructus.

La conclusion clôture de cette riche journée sera donnée par Jacques Galhardo, Assistant Grand Maître de la Maison du Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm de la Grande Loge de l’Alliance Maçonnique Française (GL-AMF)

ATTENTION : 80 places maximum

Septième degré du REAA Prévôt et Juge ou Maître Irlandais (Suite 2/3)

Septième degré du REAA Prévôt et Juge ou Maître Irlandais

Lire la partie 1/3 de cet article

De l’Apocalypse aux chrétiens de l’Église de Rome

Ce Tau, signe des justes dans l’Apocalypse, sera, chez les chrétiens, tracé sur leur front avec de la cendre à partir du XI°/ XII° siècle.
Ainsi sur cette figure gravée sur une des faces d’un pied de croix du XII° siècle, provenant de l’abbaye de Saint Bertin (aujourd’hui au musée de Saint Omer), on voit un prophète traçant le signe T sur le front d’un juste. On trouve la même chose sur un vitrail de Saint Denis.

Cette coutume demeure aujourd’hui encore dans quelques pays à majorité catholique, comme au Costa Rica et surtout aux Philippines, où l’on peint avec de la cendre noire épaisse une sorte de croix comme un +.
Et on la traçait encore sur ou avec de la cendre grise sur le front de certains chrétiens au Liban dans les années quatre-vingt-dix.

Le Tau grec serait-il le « To » de Tito ?

Le T grec, signe des Justes dans l’Apocalypse serait-il le « To » de Tito ?
Naturellement on sait qu’il est la transposition du T hébraïque, le Tav qui marque le front des Justes dans l’Ancien Testament, l’autre T de TiTo . ?

Le T hébraïque, Le Tav un X

Dans Ézéchiel IX, 4 cet épisode dramatique de l’Ancien Testament, alors qu’une partie des fils d’Israël se trouve en exil pour n’avoir pas suivi les directives de Yahvé, Ézéchiel est emporté par le char de ce dernier à Jérusalem et assiste là à la colère de son dieu, qui décide de punir tous ceux qui sont restés et ont cessé de suivre ses lois.
Seuls les Justes seront sauvés, c’est pourquoi il faudra qu’on puisse les reconnaître :
« Tu dessineras un Tav sur le front des hommes (ceux qui sont Justes) ».

Or le Tav qui est un T est aussi un mot qui signifie « signe », signe d’écriture et pour les kabbalistes. Il est « la marque » « le sceau divin ». Il est le nombre 400.
Il s’écrivait alors sous la forme d’un « X » (et encore à l’époque du Christ et donc ainsi du temps de Salomon et d’Hiram).

De nombreux chrétiens le confondront d’ailleurs allègrement avec le Tau grec puisqu’ils prononçaient le Tav : Tau !

Le T hébraïque le Tav serait-il le Ti de Tito ?

Quand nous français, parlons de la lettre T en grec, nous prononçons Té, les anglais Ti.
Pour les anglosaxons, qui nous transmirent les rituels, le Ti grec de valeur 300 pourrait bien être le Ti de Tito.
Le « To » de Tito serait alors le Tav hébraïque, que les maçons prononçaient – et même encore certains aujourd’hui- To comme Toto, l’écrivant TAU ayant confondu le V majuscule latin avec un U !

On pourrait évidemment imaginer l’inverse : Le Tau grec serait le To de Tito
En fait on devrait dire non le Ti et le To mais le Tau et le Taw…
Quoi qu’il en soit :

TiTo symbolise les deux T qui sont les signes du Juste dans l’Ancien et le Nouveau Testament.

On remarquera au passage que la clef du nom Tito était déjà perdue à l’époque de Vuillaume (Première parution de son Tuileur 1830) puisqu’il met en note :
« Il y a tout lieu de croire que Tito est une corruption d’Achitob (hébreu ahhitob) frater bonitatis « Bon Frère » ! explication recopiée par tout le monde…
Regardons maintenant les anciens tableaux de loge pour voir les lettres qui y sont inscrites et voyons à quelles langues elles font références. Du chinois ? Même si, comme l’écrit Irène Mainguy, ce degré est un casse-tête chinois ?

Et gardons en mémoire que de nombreux rituels nous sont parvenus en anglais tels tous les degrés du Rite de Perfection par Franken.
En anglais, les consonnes suivantes se prononcent avec le son i : à partir du B : Bi, Ci, Di, Gi, Pi, Ti, Vi et Zi.

Donc ces huit sons écrits ne sont pas forcément des syllabes mais plutôt des consonnes initiales…Tout comme le Ti de Tito…
Tournons-nous donc vers les tableaux de loge parvenus jusqu’à nous pour voir quels caractères y sont inscrits et en quelle langue.

Les lettres sur les Tableaux de loge

Si sur tous les tableaux de loges parvenus jusqu’à nous, on retrouve les mêmes images concernant les objets symboliques du rituel :

La Cassette, la Clef d’or, la Balance, le Delta avec le G et le A entrelacés du Grand Architecte, l’Urne flamboyante avec le Cœur d’Hiram et les Sept Marches.
Il n’en est pas de même des lettres qui y sont inscrites. Elles varient selon les tableaux. On remarquera même que sur le premier tableau présenté en tête de l’article, il n’y a pas les deux T de Tito.

Et c’est là que continue le casse-tête chinois commencé avec les deux T de Tito.
Mais on a besoin de ces lettres pour éclairer les paroles du rituel.

Sur ce deuxième tableau de loge appelé Tableau de Maître Irlandais daté de 1711

C’est l’un des plus anciens parvenus jusqu’à nous, l’un des plus simples, l’un des plus faciles à interpréter. Nous remarquons :

À l’Orient : Deux lettres en caractères latins « L » à gauche et « K » à droite : du grec.

Là c’est du grec facile à trouver : Le « L » au-dessus de la clef est l’initiale de « Prévot » en grec Leitourgos.

Le « K » au-dessus de la balance est l’initiale du mot « Juge » en grec Kritès.
Le liturge est une sorte d’intendant, préposé à la direction des ouvriers ou de l’administration d’une armée ou d’un lieu. Il est donc normal qu’il possède la clef de l’endroit où se trouvent les plans d’un bâtiment important, ici le temple de Salomon.
Sous le L de Prévôt se trouve donc logiquement la clef d’or de la cassette où sont les plans tout comme la balance se trouve sous le K de Juge.

À l’Occident : du grec et de l’hébreu Un T à gauche et un X à droite.

Ils marquent la distinction entre le T grec et le T hébraïque :
À gauche la lettre T, Té pour nous, prononcée par les anglais Ti : Soit le Tau grec majuscule «  » qui se trace comme un T latin. Soit le Ti de Tito.
À droite le « X », le Tav dans son ancien graphisme soit le Tav prononcé Tau par les maçons. Soit le To de Tito.
Ainsi les deux T placés face à face à l’Occident, représentent les signes des justes : celui de gauche dans l’Apocalypse, celui de droite dans Ézéchiel.
Quant à l’alliance des deux T : 400 + 300, elle nous donne celle du quatre et du trois, du nombre de la matière et de celui du spirituel et donnant le sept.

Au centre du Tableau sous la cassette un IHS : de l’hébreu et du latin issu du grec

Les branches d’acacia, surmontant cet IHS, évoque le lieu où fut trouvé le corps d’Hiram. Quant au IHS il signifie, dit le rituel, Jéhova, Hiram et Stolkin. Soit le Yod de Jéhovah, le ‘Heith de Khiram et le S de Stolkin, mot qui est censé être de l’hébreu et être le nom de celui qui le premier retrouva le corps d’Hiram.

La réunion de ces trois noms fait très artificiel et ne trompe personne¸ d’autant que Khiram ne commence pas par un H latin ! Elle ne sert qu’à montrer que derrière Hiram se trouve le Christ ou que derrière le Christ se trouve Hiram.

Au Moyen Age, Hiram était vu comme le Christ à venir. Bède le Vénérable (VII° siècle en Northumbrie) et Walafried Strabo (en Allemagne IX° siècle) voyaient dans Hiram une préfiguration du Christ.

Hiram devenait alors Homo Jésus Rex Altissimus Mundi
On voit qu’on peut faire des allers et retours entre Hiram et Iésous.
Le monogramme trilitère hiramique est une transformation du monogramme bien connu qui est d’abord christique :

Il s’agit du JHS christique où l’on a remplacé la croix sur la barre du H par deux branches d’acacia afin de faire d’Hiram l’équivalent du Christ. L’acacia, symbole solaire de renaissance et d’immortalité, remplace la croix et nous pensons que les deux interprétations se superposent. Il ne s’agissait pas de déchristianiser les rituels, mais de montrer les correspondances entre Hiram et le Christ, au niveau symbolique.

Tout comme les deux T de Tito mettent en rapport l’Ancien et le Nouveau Testament.
Aussi il nous parait important de rappeler le sens du premier monogramme trilitère, celui d’origine. Sinon le grade de Rose Croix n’aurait plus raison d’être. Or les degrés se suivent tout en s’approfondissant. Revenons donc à l’origine.

Ce monogramme en latin IHS pouvait aussi s’écrire JHS ou YHS. -Ce dernier figurait ainsi sur l’étendard des templiers : la barre verticale du h s’élève au-dessus du Y et du S et est barré pour signifier une croix.

À l’origine il s’agissait uniquement des trois premières lettres du nom de Jésus en grec IHSOUS soit en majuscules et transposées maladroitement en latin, IHS mais il s’interprète aussi :
– Comme Jésus Sauveur :
Jésus Hominum Salvator « Jésus Sauveur des hommes » « Sauveur du monde »(Jean 4,42)

Comme Jésus Vainqueur :

In Hoc Signum « Par ce signe (la croix) » sous-entendu : Vinces « tu vaincras » comme on le trouvera plus tard sur différentes médailles comme celle représentée ci-dessous, où l’on voit l’inscription Vinces en toutes lettres. Datée de 1838 il s’agit de la médaille d’une Ligue de tempérance.

On la trouve aussi dans un ouvrage anonyme paru en 1876 à Londres décrivant les cérémonies de plusieurs Ordres maçonniques chevaleresques ; Il y est écrit que la devise en latin « In hoc signo vinces » fut adoptée par les croisés.
Jésus est ainsi Juge «“ le Fils de l’Homme ” apparaîtra sur les nuées du ciel avec puissance et grande gloire, pour juger les vivants et les morts.» (Mt 24, 30), Sauveur et Vainqueur, tout comme les Juges, Sauveurs et vainqueurs du Livre des Juges.

Sur ce troisième tableau (Collection Chevalier de la Barre)
En partant de l’Orient :

Sous le dais et de chaque côté de la cassette :
Un C à gauche face à un K à droite
On retrouve à droite le K de Kritès Juge. C’est donc du grec.
Le C à gauche doit donc être aussi du grec. Sachant que les juges du Livre des juges étaient également appelés « Sauveurs » on peut donc y voir le nom de Sauveur en grec soit Sôter.

Le S de Sôter en oncial est un « C » l’initiale donc de Sauveur.
Soit le C pour « Sauveur » à gauche et le K pour « Juge » à droite.

En dessous au centre :

Les deux T de Tito symbolisant le Tau grec et le Tav hébraïque cette fois les deux T sont en caractères latins. Ils encadrent : Le IHS avec un petit rameau d’acacia presque invisible.

À l’Occident

Du grec à nouveau :
À gauche un X, le Khi grec de (Initiale de Christos en majuscules)
À droite un C, le Sigma, le S grec, (Finale de Christos en onciale).
Remarquons que pour le moment nous ne voyons pas l’utilité de faire appel à du chinois…Nous pouvons alors passer aux mots du rituels et tenter de les décrypter.

Les mots du rituel

Lors de la réception à ce grade, le premier surveillant fait s’agenouiller le candidat, lui fait dire CIVI tout en posant son épée nue sur son épaule gauche. Il reste ainsi jusqu’à ce que le Trois fois illustre dise KI. Après quoi on lui fait faire sept voyages.
Et plus loin, à la fin de l’Instruction, on lit :
« Dans cette place sacrée, le candidat fut saisi d’admiration et, tombant sur les genoux, il prononça CIVI » Ce qui n’est pas tout à fait la même chose : Là il s’agenouille de lui-même et cela sans doute parce qu’il a vu -on peut le penser- le cœur d’Hiram qui dans une urne flamboyante apparaît comme dans une gloire de flammes ou de rayons.
Salomon le voyant prosterné lui répondit KI et lui donna une balance.

CIVI et KI

On en a fait des syllabes de langue chinoise !
Civi serait alors un mot en langue chinoise signifiant « je m’incline » ou « je m’agenouille » et Ki un mot signifiant «Levez-vous ».
Pourquoi pas ? et cela même si les mots au REAA du premier au trente-troisième degré sont en grec, en latin et en hébreu.
Mais on pourrait quand même, d’une part faire remarquer qu’aucune de ces syllabes n’apparaît sur les différents tableaux de loge et, d’autre part, rappeler que l’autre nom de ce degré est Maître Irlandais et non Maître chinois !

A suivre pour la dernière partie…

Le Dessin de Jissey : « L’Amour de soi »

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Notre Frère Jissey s’en prend non seulement à la vanité de certains (sans donner les noms des coupables), mais aussi probablement au manque d’humour dans la Franc-maçonnerire. Vous avouerez que la Loge n’est pas le premier endroit auquel on pense pour venir passer une soirée de détente et de rire. C’est à croire que l’humour est incompatible avec le travail sérieux. Remarquez, c’est un peu la même chose avec le cinéma. Avez-vous déjà vu un humoriste récompensé aux Césars ou aux Oscars ? Il faut être ennuyeux et sérieux pour avoir du crédit.

L’humour est mal considéré en Franc-maçonnerie, probablement car il risque de diluer la solennité des rituels et de fragiliser la crédibilité d’une institution historique face à ses détracteurs. L’austérité, associée à la sagesse et à l’autorité, devient un gage de légitimité. Pourtant, des signes d’ouverture émergent, suggérant qu’un humour mesuré pourrait revitaliser les loges, à condition de respecter leur essence.

15/03/25 : Académie maçonnique Paris : « Tout se joue-t-il le soir de l’initiation ? »

Ce samedi 15 mars à 10h30, l’Académie maçonnique Paris recevra, lors de son webinaire mensuel, pour une conférence intitulée :

« Tout se joue-t-il le soir de l’initiation ? »

LORENZO SOCCAVO

Membre de la Grande Loge de France, chercheur en littérature à Paris, associé à l’Institut Charles Cros, dernier ouvrage paru : Terres de fiction (Chaudfontaine, Belgique, Bozon2X éditions, 2024, 142 p.)

Ce webinaire est gracieusement accessible aux Sœurs et aux Frères de toutes Obédiences, titulaires du grade de Maître, sur inscription préalable : Cliquez ici

LORENZO SOCCAVO

Initié à Versailles, en 2001, à la Grande Loge de France, au Rite Écossais Ancien et Accepté, il est membre, depuis 2014, du Collège de la Loge d’étude et de recherche Jean Scot Érigène (travaillant au 3e degré), membre du comité de rédaction et auteur de sa revue Les Cahiers Jean Scot Érigène. Il a contribué aussi à Points de Vue Initiatiques et, tout dernièrement, à la Revue d’Histoire de la Franc-Maçonnerie (lancée cette année par la Commission d’Histoire pilotée par la Loge nationale de recherche Marquis de La Fayette dont il est le secrétaire).

Au plan profane, il est chercheur en littérature à Paris, associé à l’Institut Charles Cros. Son ouvrage le plus récent est un essai de littérature : Terres de fiction, où ses recherches portent sur le concept de « fictionaute » et le sentiment de « traversée du miroir » par les lectrices et lecteurs de romans.

La question qu’il se pose ce samedi taraude bien des initiés. Il nous donnera et étayera son point de vue, nous aidant ainsi à approfondir le sens de l’initiation depuis son choc initial.
Une version de cette conférence paraîtra dans Les Cahiers Jean Scot Erigène, nouvelle série, № 4, en avril 2025.

Le secrétaire général du Conseil islamique arabe confirme qu’il n’est pas Franc-maçon

De notre confrère CNN

Mohammed Ali al-Hussaini dément tout lien avec la franc-maçonnerie et ironise sur une candidature au Hezbollah

Beyrouth, 4 mars 2025 – Mohammed Ali al-Hussaini, secrétaire général du Conseil islamique arabe, a tenu à clarifier les choses face aux rumeurs persistantes sur son supposé appartenance à la Franc-maçonnerie. Dans une prise de parole relayée sur son compte X, il a fermement nié ces allégations, affirmant n’avoir « aucun lien, de près ou de loin » avec cette organisation souvent entourée de mystères et de controverses.

Interrogé également sur une éventuelle ambition de succéder à Hassan Nasrallah à la tête du Hezbollah, al-Hussaini a répondu avec une touche d’humour : « Je ne suis pas en lice pour ce poste, et je n’en ai ni l’envie ni l’intention. » Il a insisté sur le fait que son engagement se concentre exclusivement sur sa mission au sein du Conseil islamique arabe, visant à servir l’islam et les musulmans sans arrière-pensées politiques.

Le responsable n’a pas mâché ses mots contre ceux qui propagent ces rumeurs, les accusant de chercher à semer la division parmi les musulmans par jalousie ou calcul. « Ces calomnies visent à détourner l’attention des véritables enjeux qui touchent notre communauté », a-t-il dénoncé, avant d’appeler à l’unité face aux défis actuels.

Cette sortie médiatique intervient dans un contexte tendu au Moyen-Orient, où les spéculations et les théories du complot, notamment autour de la franc-maçonnerie, trouvent souvent un écho amplifié. Mohammed Ali al-Hussaini, figure connue pour ses positions religieuses et son influence au Liban, semble déterminé à couper court aux polémiques pour recentrer le débat sur les priorités de la région.

Sautoir et Cordons maçonniques

Portes de l’alliance et de la transmission

Dans l’univers maçonnique, le sautoir et le cordon ne sont pas de simples ornements. Ils symbolisent l’alliance entre tradition et modernité, le lien sacré entre l’initié et la Connaissance, et servent d’insignes de fonction et de grade. Ces accessoires, portés avec fierté et humilité, sont de véritables vecteurs de la transmission initiatique. Comme le disait Carl Jung :

« Votre vision ne deviendra claire que lorsque vous regarderez dans votre propre cœur. »

Ce regard intérieur se reflète dans la beauté et la signification des sautoirs et cordons, qui marquent l’appartenance à une lignée de sagesse ancestrale.

Origine et évolution

Historiquement, le sautoir et le cordon trouvent leurs racines dans les traditions nobiliaires et dans le Compagnonnage. Les couleurs compagnonniques ne sont pas portées en sautoir.

Le sautoir maçonnique porte en pointe le bijou confirmant la fonction (Equerre pour le Vénérable, Niveau et Perpendiculaire pour les deux surveillants, etc.). Ils continuent d’être portés en tenue blanches ou fermées (à l’exclusion du tablier et des gants emblèmes du travail). En loge le sautoir ne dispense pas du port du Tablier.

Cordon de secrétaire
Cordon de secrétaire

À l’origine, dans la franc-maçonnerie anglaise, le sautoir était porté exclusivement par les Officiers, symbolisant un privilège réservé aux détenteurs de responsabilités.

En France, l’usage du cordon, issu des Ordres royaux – Saint-Esprit, Saint-Louis et Saint-Lazare, s’est généralisé pour montrer que tous les Maçons en fonction de leur grade et leurs responsabilités, qu’ils soient Officiers ou Maîtres, appartiennent à un ordre prestigieux et égalitaire.

« La grandeur de l’âme se mesure à sa capacité à transmettre la lumière. »

Ce lien historique confère à ces accessoires une dimension à la fois pratique et symbolique, servant à la fois d’instrument de distinction et de rappel de la mission de Transmission.

Symbolique du sautoir et du cordon

Le sautoir se présente généralement sous la forme d’un large ruban, souvent en tissu de couleur moiré avec ou non des liserés d’or, et peut être porté en collier. Les broderies variables reflètent les couleurs de l’obédience.

Le cordon, quant à lui, est le même ruban porté de l’épaule droite à la hanche gauche. Souvent nommé Echarpe, le cordon se différencie du Sautoir. Il symbolise une connexion diagonale entre le profane et le sacré.

« Les symboles sont les clés qui ouvrent la porte de l’invisible. »

Sautoir de l’Expert de la Loge Xavier Mina à Pampelune. EFE/Jésus Diges

Ces accessoires rappellent que l’initié doit toujours garder en mémoire l’alliance qu’il a conclue avec la Connaissance. Leur port, rendu obligatoire lors des tenues, incarne l’engagement personnel de chaque Maçon à œuvrer avec constance et humilité. Ils invitent également à se poser la question essentielle :

« Qu’est-ce que cet insigne signifie pour moi ? »

Ce questionnement, essentiel dans l’initiation, permet de transformer ces objets en vecteurs de méditation et de transformation.

Dimension spirituelle et mystique

Au-delà de leur rôle fonctionnel, le sautoir et le cordon maçonniques participent activement à la dimension spirituelle du travail en Loge.

« La véritable sagesse se trouve dans l’équilibre entre le visible et l’invisible. »

Cordon maçonnique
Cordon maçonnique,

Ils incarnent le chemin de la purification et de la transformation, rappelant à l’initié qu’il doit se défaire des attachements matériels pour embrasser pleinement la lumière. Par leur présence, ils suscitent en chacun le désir d’une introspection profonde et d’un engagement envers la Vérité qui se transmet de génération en génération.

Transmission et allégeance à la Tradition

Le sautoir et le cordon se posent comme des emblèmes d’alliance et de protection. Lors de la remise du tablier et de ces accessoires, le parrain ou le mentor rappelle à l’initié l’importance de leur usage : il s’agit non seulement de distinguer les grades, mais surtout de symboliser la continuité et la pérennité de la Transmission initiatique.

« Celui qui détient la Lumière se doit de la partager. »

En portant ces insignes, l’initié affirme son appartenance à une tradition millénaire et se rappelle qu’il est le dépositaire d’un savoir sacré qu’il se doit de faire fructifier et transmettre avec sagesse.

En conclusion

Le sautoir et le cordon maçonnique sont bien plus que de simples accessoires vestimentaires. Ils sont le reflet de l’engagement, de la transformation et de la quête incessante de la Connaissance qui caractérise la Franc-Maçonnerie.

« La véritable grandeur ne se mesure pas à ce que l’on possède, mais à la lumière que l’on partage. »

Ainsi, chaque fois qu’un Maçon revêt ces insignes, il renouvelle sa promesse de travailler, de s’élever et de transmettre la lumière intérieure, renforçant ainsi l’union sacrée qui lie les Frères et Sœurs de l’Ordre.

« Le Fil de Pénélope » et la Franc-maçonnerie – une trame ésotérique commune

Dans les rayons des librairies spécialisées ou les bibliothèques des initiés, Le Fil de Pénélope d’Emmanuel d’Hooghvorst trône comme une énigme. Ce recueil en deux tomes – le premier publié en 1996, le second en 1998, tous deux réédités par les Éditions Beya – n’est pas un roman d’aventures, mais une plongée dans l’hermétisme, l’alchimie et la quête spirituelle.

Emmanuel d’Hooghvorst

Son auteur, un baron belge érudit, y tisse une réflexion profonde sur les fables et les mystères de l’humanité. Et si cette œuvre semble éloignée des loges maçonniques, elle partage avec la franc-maçonnerie une trame commune : celle d’un savoir caché, d’un fil conducteur menant à la lumière. À l’heure où la franc-maçonnerie française, du GODF à la Grande Loge, fait face à des scandales (comme celui d’Alain Bauer, condamné le 4 mars 2025 selon Franceinfo) et à des fake news (Sudinfo.be, 4 mars 2025), explorer ces liens offre une perspective fascinante.

Emmanuel d’Hooghvorst : un hermétiste en quête de vérité

Né en 1914 à Anvers, Emmanuel d’Hooghvorst n’était pas un écrivain de salon. Fils d’une famille noble, il se forme aux humanités classiques avant de se passionner pour les langues anciennes – latin, grec, hébreu, araméen – et les traditions ésotériques. Sa rencontre avec Louis Cattiaux dans les années 1940, auteur du Message Retrouvé, marque un tournant : il y puise une vision où art, religion et science convergent vers une vérité universelle. Le Fil de Pénélope naît de cette quête, d’abord sous forme d’articles pour La Tourbe des Philosophes et Le Fil d’Ariane, puis en volumes réunis peu avant sa mort en 1999.

Le tome 1, sous-titré Ou la Clef des Fables, est une odyssée intellectuelle. D’Hooghvorst y décrypte des contes de Perrault (Cendrillon, Le Petit Poucet), des mythes grecs (l’Odyssée), ou encore des textes sacrés comme la Genèse, avec une conviction : derrière chaque récit se cache une leçon alchimique ou spirituelle. Pénélope, tissant et défaisant son ouvrage pour attendre Ulysse, devient une allégorie de l’âme patiente, cherchant la lumière dans l’obscurité du monde. Le tome 2, plus technique, plonge dans l’alchimie : commentaires de textes médiévaux, réflexions sur le Grand Œuvre, et une vision où la transmutation du plomb en or est aussi celle de l’homme en être éclairé.

Une œuvre ésotérique, mais pas maçonnique ?

À première vue, Le Fil de Pénélope ne parle pas de franc-maçonnerie. D’Hooghvorst, discret sur sa vie privée, n’a jamais revendiqué une appartenance aux loges. Pourtant, ses écrits vibrent d’échos maçonniques. La franc-maçonnerie spéculative, née au XVIIe siècle en Angleterre et formalisée en 1717, s’est nourrie de traditions alchimiques et hermétiques. Elias Ashmole, l’un des premiers maçons documentés, était un alchimiste fervent, tandis que les symboles maçonniques – équerre, compas, pierre brute – évoquent le « travail » sur soi, thème central chez d’Hooghvorst.

Dans le tome 1, l’idée d’un « fil » reliant les fables rappelle le cordon maçonnique, symbole d’unité et de progression initiatique. Pénélope, patiente et rusée, pourrait être une figure du maçon polissant sa pierre : un labeur constant pour atteindre la perfection. Le tome 2, avec son focus sur l’alchimie, renforce ce parallèle. Selon Le Figaro (27 mai 2024), l’alchimie a influencé les hauts grades du Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA), où la quête de la « lumière philosophale » rejoint celle de la « lumière maçonnique ». D’Hooghvorst, en citant des auteurs comme Basile Valentin ou Nicolas Flamel, s’inscrit dans cette lignée.

Pour écouter l’interprétation alchimique de la carte du tarot, La maison Dieu, telle que proposée par Emmanuel d’Hooghvorst dans son ouvrage Le fil de Pénélope :

La franc-maçonnerie et l’hermétisme : une histoire entrelacée

Série Gioviana. Cristofano dell’Altissimo, Portrait de Pico della Mirandola, vers 1552-1568.)

Pour comprendre ce lien, un détour historique s’impose. La franc-maçonnerie moderne, si elle se revendique aujourd’hui laïque au GODF ou spirituelle à la Grande Loge de France (GLDF), puise ses racines dans les guildes médiévales et les cercles ésotériques de la Renaissance. L’hermétisme, avec ses textes attribués à Hermès Trismégiste (le Corpus Hermeticum), a fasciné des penseurs comme Marsile Ficin ou Pic de la Mirandole, influençant les premiers maçons. Au XVIIIe siècle, des loges comme celles du Rite de Memphis-Misraïm intègrent explicitement des références alchimiques, tandis que le GODF, sous des figures comme Alain Bauer (2000-2003), explore des débats philosophiques proches de ceux de d’Hooghvorst.

L’analogie ne s’arrête pas là. Le « travail » maçonnique – réflexion en loge, rituels symboliques – fait écho au labeur alchimique de d’Hooghvorst : purifier, distiller, transformer. Dans Les Aphorismes du Nouveau-Monde, il écrit : « La lumière de nature est dans la pierre brute » – une phrase qui pourrait sortir d’une tenue du GODF. De même, son rejet de l’interprétation rationaliste au profit d’une lecture sensible rappelle la pédagogie maçonnique, où le symbole prime sur le dogme.

Une résonance contemporaine

Guillaume Trichard, ancien Grand Maître du GODF, plaidait en novembre 2024 pour une « démystification » (Sud Ouest, 26 novembre 2024) ; d’Hooghvorst, lui, propose une remystification, un retour aux sources ésotériques. Son « fil » pourrait être une réponse aux maçons déboussolés : chercher la lumière non dans les réseaux d’influence, mais dans la patience et la méditation.

Une œuvre initiatique pour maçons et profanes

Le Fil de Pénélope n’est pas un manuel maçonnique, mais il en partage l’esprit. Pour un frère de la GLDF, il pourrait enrichir les travaux en loge, notamment sur les grades alchimiques du REAA. Pour un profane, il offre une plongée dans un univers où les contes d’enfance deviennent des leçons de vie. Les Éditions Beya, qui rééditent l’œuvre, soulignent son universalité : « Une initiation par le texte », selon leur site.

Reste une question : d’Hooghvorst était-il maçon ? Rien ne le prouve. Sa discrétion, typique des hermétistes, laisse le doute. Mais son frère Charles, préfacier du tome 1, et son cercle proche gravitaient dans des milieux où la franc-maçonnerie belge (proche du GODF) était influente. Qu’il ait porté le tablier ou non, son œuvre tisse un pont entre l’alchimie et la maçonnerie, deux traditions unies par un même fil : celui de la quête de la lumière.

Conclusion : un fil à suivre

À l’heure où la franc-maçonnerie française oscille entre héritage et controverse, Le Fil de Pénélope invite à un retour aux fondamentaux. Emmanuel d’Hooghvorst, mort il y a 26 ans, n’imaginait sans doute pas que ses écrits résonneraient avec les défis de 2025. Pourtant, entre les scandales d’Alain Bauer et les rumeurs en ligne, son message – patience, symbolisme, transformation – offre une boussole. Pour les maçons comme pour les curieux, ce fil mérite d’être suivi, ne serait-ce que pour voir où il mène.


Sources :

  • Le Figaro, « La franc-maçonnerie sous Bauer », 27 mai 2024.
  • Éditions Beya, Le Fil de Pénélope, tomes 1 et 2, notices éditoriales.
  • Franceinfo, « Bauer condamné pour favoritisme », 5 mars 2025.
  • Sudinfo.be, « Fake news et franc-maçonnerie bruxelloise », 4 mars 2025.
  • Sud Ouest, « Trichard démystifie la franc-maçonnerie », 26 novembre 2024.

Place au spectacle

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Debout et à l’ordre mes frères !

Cette fois, on quitte le monde profane, les métaux sont déposées à l’entrée du Temple.

A chaque nouvelle Tenue, je ne peux m’empêcher de faire un rapprochement avec les rituels qui sont propres à ma profession de saltimbanque.

En effet avant chaque représentation, avec l’aide de techniques et de méthodes personnelles je me mets en condition pour quitter le monde profane. Dans un instant je vais rentrer en représentation, je vais jouer, je vais travailler !

Je m’en remets à mon rituel qui va me guider tout au long du spectacle. Par expérience, je sais que je dois m’y tenir pour réaliser une nouvelle prouesse qui a pour but de faire découvrir, ce sur quoi j’ai travaillé durant des semaines voire des mois.

« il y a de nombreuses similitudes entre une tenue et un spectacle. La tenue est en quelque sorte un spectacle en elle-même. »

Elle est un spectacle interactif, car quasiment tout le monde peut prendre la parole et ainsi y participer. Le spectacle a presque toujours lieu, mais ne peut débuter que s’il y a un minimum de personnes, de « gradés ». Il est exigé un nombre minimum garanti de personnes pour commencer, sachant que dans le cas d’une tenue « les acteurs » sont aussi les spectateurs.

La grande différence réside tout de même, dans le cas ou je me produis sur scène comme en “One man show”. Dans ce cas il me faut au moins un spectateur sinon il n’y aura pas de spectacle, il n’y a pas de public minimum garanti pour démarrer un spectacle “dans le monde profane”.

Un autre point commun avec la tenue, est sans doute le moment où l’on va lire la Planche. Le moment de solitude face à un public, confronté au regard des autres.

« SUR SCÈNE, durant SON ONE MAN SHOW, même combat, il faut convaincre et gagner la confiance du public ».

Il y a bien d’autres similitudes que l’on pourrait développer dans le rapprochement entre le déroulement d’une tenue avec la représentation d’un spectacle, mais je laisse le soin au Grand René de vous livrer ses expériences en cliquant sur le lien de la vidéo ci-dessous :