jeu 25 décembre 2025 - 11:12
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Analyse du « Traité des délits et des peines » de Cesare Beccaria

Au XVIIIe siècle un ouvrage révolutionne la pensée classique sur la justice. Un jeune marquis italien d’une vingtaine d’année jette le pavé dans la mare avec un ouvrage toujours d’actualité. Ces idées ont nourri la pensée maçonnique des lumières .

Cesare Beccaria

Cesare Beccaria (1738-1794), marquis milanais, publie son Traité des délits et des peines en 1764, à l’âge de 26 ans, en pleine effervescence des Lumières européennes. Cette période, marquée par un désir de rationalité, de progrès et de réforme sociale, voit des penseurs comme Montesquieu, Voltaire, Rousseau et Diderot remettre en question les institutions traditionnelles, y compris les systèmes judiciaires. L’Italie, bien que fragmentée politiquement, est influencée par ces idées, notamment à Milan, où Beccaria fréquente l’Académie des Pugni, un cercle intellectuel inspiré par les idéaux des Lumières. Son ouvrage s’inscrit dans une critique des abus du pouvoir et des pratiques judiciaires barbares de l’époque, telles que la torture, la peine de mort, ou les châtiments disproportionnés.

Le XVIIIe siècle est caractérisé par une justice pénale arbitraire, souvent influencée par des privilèges de classe, des superstitions et des traditions religieuses. Les lois pénales, héritées de siècles antérieurs, sont obscures, mal codifiées, et appliquées de manière inégale. Beccaria, inspiré par Montesquieu (L’Esprit des lois) et le contrat social de Rousseau, propose une refonte radicale du système pénal, fondée sur la raison, l’utilité sociale et l’humanité. Son ouvrage, publié anonymement à Monaco pour éviter la censure, devient rapidement un jalon de la pensée pénale moderne.

Résumé et thèmes principaux

Le Traité des délits et des peines est un essai philosophique et juridique divisé en 47 chapitres, abordant des aspects fondamentaux de la justice pénale. Beccaria y défend une vision utilitariste : les lois et les châtiments doivent viser la « plus grande félicité répandue sur le plus grand nombre » (chap. I). Voici les thèmes clés :

  1. Origine et droit de punir (chap. I-II) : Beccaria pose que les peines découlent du contrat social, où les individus cèdent une partie de leur liberté pour garantir la sécurité collective. Le droit de punir appartient uniquement au législateur, représentant la société, et tout châtiment inutile ou excessif est tyrannique.
  2. Proportionnalité des peines (chap. VI) : Les châtiments doivent être proportionnels aux délits, en fonction du tort causé à la société. Beccaria critique les peines cruelles ou arbitraires, plaidant pour une gradation rationnelle.
  3. Critique de la torture et de la peine de mort (chap. XVI, XXVIII) : Il dénonce la torture comme inefficace et inhumaine, arguant qu’elle pousse les faibles à confesser sous la douleur et permet aux robustes d’échapper à la justice. Sur la peine de mort, il soutient qu’elle n’est ni dissuasive ni nécessaire, proposant des peines comme l’emprisonnement à vie, plus efficaces pour prévenir les crimes.
  4. Clarté et accessibilité des lois (chap. V) : Les lois doivent être claires, écrites en langue vulgaire, et accessibles à tous pour éviter l’arbitraire des juges. Beccaria valorise l’imprimerie, qui démocratise le savoir et protège contre l’obscurantisme.
  5. Prévention des crimes (chap. XLI-XLV) : Plutôt que de réprimer, Beccaria insiste sur la prévention par l’éducation, les sciences, des lois justes, et des récompenses pour la vertu. Il critique les lois qui créent des crimes artificiels en restreignant des actions indifférentes.
  6. Humanisation de la justice : Beccaria rejette les pratiques comme les accusations secrètes, les asiles pour criminels, ou la mise à prix de têtes, qui encouragent la trahison et affaiblissent la morale publique. Il prône une justice transparente, rapide et équitable.
  7. Distinction entre péchés et crimes (chap. XXXIX) : Il sépare les délits relevant du contrat social (crimes) de ceux relevant de la morale religieuse (péchés), refusant d’aborder les persécutions religieuses, comme les bûchers, pour rester dans le cadre de la justice séculière.

Style et structure

Le Traité est écrit dans un style clair et direct, évitant l’érudition pédante pour s’adresser à un public large, y compris les « philosophes » et les décideurs. Beccaria adopte une approche logique, structurée comme un raisonnement géométrique, avec des principes posés dès l’introduction, suivis de conséquences pratiques. Son ton est à la fois passionné et rationnel, mêlant indignation face aux injustices et foi en la réforme par la raison.

Lien avec la Franc-maçonnerie

Bien qu’aucune preuve directe n’atteste que Beccaria était Franc-maçon, son œuvre partage des affinités profondes avec les idéaux maçonniques des Lumières, notamment la recherche de la vérité, l’humanisme, et la réforme sociale.

La franc-maçonnerie, florissante au XVIIIe siècle, prônait la fraternité, la tolérance, et l’amélioration morale, des valeurs que l’on retrouve dans le Traité. Voici les points de convergence :

  1. Rationalité et progrès : Comme les loges maçonniques, Beccaria valorise la raison comme outil de perfectionnement social, s’opposant aux superstitions et à l’arbitraire. Son insistance sur des lois claires et universelles reflète l’idéal maçonnique d’une société éclairée.
  2. Humanisme : L’appel de Beccaria à des peines douces et à l’abolition de la torture s’aligne sur la bienfaisance maçonnique, qui encourage la compassion et le respect de la dignité humaine.
  3. Égalité et justice : Beccaria critique les privilèges de classe dans la justice (ex. chap. XIX sur les châtiments des nobles), une position proche des idéaux maçonniques d’égalité entre frères, indépendamment des distinctions sociales.
  4. Prévention et éducation : Les chapitres sur l’éducation (XLIII) et les sciences (XLII) comme moyens de prévenir les crimes font écho à la mission maçonnique de diffuser le savoir et de former des citoyens vertueux.
  5. Contexte maçonnique : À Milan, les cercles intellectuels fréquentés par Beccaria, comme l’Académie des Pugni, étaient influencés par des idées maçonniques, bien que la franc-maçonnerie italienne ait été moins structurée qu’en France ou en Angleterre. Des figures comme Pietro Verri, mentor de Beccaria, partageaient des idées compatibles avec la maçonnerie, et l’ouvrage a pu circuler dans des loges européennes, où les débats sur la justice étaient courants.

Cependant, Beccaria reste prudent sur les questions religieuses (chap. XXXIX), évitant les controverses théologiques, ce qui pourrait refléter une sensibilité maçonnique de tolérance religieuse, mais aussi une volonté de ne pas s’aliéner les autorités ecclésiastiques. Son universalisme et son rejet des dogmes oppressifs résonnent avec l’esprit maçonnique, mais son œuvre reste ancrée dans une démarche séculière, non initiatique.

Accueil par les intellectuels français

En France, le Traité connaît un succès retentissant, porté par les philosophes des Lumières. Voici un aperçu de son réception :

  • Voltaire : Enthousiaste, Voltaire rédige un commentaire élogieux (Commentaire sur le livre des délits et des peines, 1766), saluant Beccaria comme un défenseur de l’humanité. Il popularise l’ouvrage auprès du public français, amplifiant son impact.
  • Diderot et l’Encyclopédie : Les idées de Beccaria, notamment sur la torture et la peine de mort, sont reprises dans les cercles encyclopédistes, qui voient dans son rationalisme une arme contre l’obscurantisme.
  • Morellet : La traduction de l’abbé Morellet (1766), bien que critiquée pour son manque de fidélité (voir p. 10 du document), contribue à diffuser l’ouvrage. Beccaria, offensé par les libertés prises, préfère la traduction de Chaillou de Lisy (1773), jugée plus exacte.
  • Critiques françaises : Certains juristes traditionalistes accusent Beccaria de saper la jurisprudence, les mœurs et la religion, le taxant d’idées dangereuses pour l’ordre établi. Ces critiques reflètent la résistance des conservatismes face aux réformes radicales.
  • Impact législatif : Les idées de Beccaria influencent les réformes pénales pré-révolutionnaires, comme l’abolition de la torture en France (1780-1788) et les débats sur la peine de mort. Son ouvrage inspire aussi le Code pénal de 1791, qui adopte des principes de proportionnalité et de clarté.

En Italie, l’accueil est plus contrasté : si des intellectuels comme Verri soutiennent Beccaria, des critiques virulentes, notamment de la part d’un moine dominicain (p. 9), l’accusent d’impiété et de sédition. Ces attaques, qualifiées d’« injures atroces », montrent la résistance des institutions religieuses et conservatrices.

Impact et postérité

Le Traité est une œuvre pionnière dans la réforme pénale. Il influence des législateurs européens, comme Catherine II de Russie, qui consulte Beccaria, et Joseph II d’Autriche, qui abolit la torture. Aux États-Unis, les idées de Beccaria inspirent les fondateurs, notamment dans la rédaction du Bill of Rights. Aujourd’hui, son rejet de la peine de mort et son plaidoyer pour une justice humaine restent d’actualité, bien que certains juristes du XIXe siècle aient jugé ses propositions trop idéalistes (p. 11).

Recension du Traité des délits et des peines

Cesare Beccaria, Traité des délits et des peines (1764), traduit par Chaillou de Lisy (1773), Paris, Librairie de la Bibliothèque nationale, 1877, 192 p.

Dans cet ouvrage séminal, Cesare Beccaria, jeune aristocrate milanais, livre une critique audacieuse et visionnaire des systèmes pénaux du XVIIIe siècle. Publié en 1764, le Traité des délits et des peines s’attaque aux injustices d’une justice arbitraire, cruelle et inefficace, proposant une refonte fondée sur la raison, l’utilité sociale et l’humanité. Avec une clarté remarquable et un style accessible, Beccaria pose les bases d’une justice moderne, influençant profondément les réformes pénales en Europe et au-delà.

L’ouvrage s’ouvre sur une introduction dénonçant l’arbitraire des lois, héritées de « siècles barbares » (p. 12), et plaide pour des lois claires, issues d’un contrat social visant le bonheur collectif. Les 47 chapitres explorent des thèmes variés : l’origine des peines, le droit de punir, la proportionnalité des châtiments, ou encore la prévention des crimes par l’éducation et les sciences. Beccaria se distingue par son rejet catégorique de la torture et de la peine de mort, qu’il juge inefficaces et contraires à la justice. Sa critique des asiles, des accusations secrètes et des châtiments disproportionnés reflète une volonté de transparence et d’équité.

Le Traité brille par sa rigueur logique, structuré comme un raisonnement géométrique, et par son ton humaniste, qui mêle indignation face aux supplices et espoir en un avenir éclairé. Beccaria s’inspire de Montesquieu, qu’il cite explicitement (p. 20), tout en traçant sa propre voie. Son universalisme, évitant les controverses religieuses (chap. XXXIX), le rend accessible à un large public, bien que cette prudence ait pu limiter l’audace de certaines analyses.

Malgré son impact, l’ouvrage n’échappe pas aux critiques. En France, des juristes conservateurs le jugent subversif, tandis qu’en Italie, des attaques religieuses virulentes l’accusent d’impiété (p. 9). Ces résistances soulignent l’audace de Beccaria, qui défie les pouvoirs établis avec une douce fermeté. La traduction de Chaillou de Lisy, fidèle à l’original, contraste avec celle, controversée, de Morellet, critiquée par Grimm pour sa « défiguration » (p. 10).

Le lien avec la franc-maçonnerie, bien que non explicite, est fascinant. Les idéaux de rationalité, d’égalité et de bienfaisance du Traité résonnent avec les valeurs maçonniques des Lumières, et l’ouvrage a likely circulé dans les loges, où les débats sur la justice étaient fréquents. Beccaria, sans être maçon, partage avec cet ordre une vision d’une société plus juste, éclairée par la raison et la fraternité.

Si le Traité peut sembler idéaliste aux juristes modernes, son influence sur l’abolition de la torture, la réforme des codes pénaux et les débats contemporains sur la peine de mort reste indéniable. Cette édition, enrichie d’un avertissement de N. David, offre une porte d’entrée idéale pour découvrir une œuvre qui, plus de deux siècles après, continue d’inspirer les défenseurs de la justice humaine.

Points forts : Clarté du propos, vision humaniste, influence historique majeure. Points faibles : Quelques généralisations théoriques, prudence sur les questions religieuses. Recommandation : Un incontournable pour les passionnés de droit, de philosophie et d’histoire des Lumières.

Le mot de la fin

Le Traité des délits et des peines est une œuvre fondatrice, incarnant l’esprit des Lumières par sa quête de rationalité et de justice. Son lien avec la franc-maçonnerie, bien que spéculatif, souligne l’universalité de ses idéaux, partagés par les cercles éclairés de l’époque. L’accueil enthousiaste des intellectuels français, malgré des résistances conservatrices, témoigne de son impact immédiat. En plaidant pour une justice humaine et préventive, Beccaria reste un précurseur dont les idées résonnent encore aujourd’hui.

21/06/25 : Participez à la « Solsticiale de La Voûte Etoilée » – un moment unique à vivre

L’an dernier, 347 participants… le record sera-t-il battu cette année ?

Venez vivre en direct l’édition 2025
Thème de cette année « Entre ombre et lumière, entre guerre et paix »

Ce 21 juin, La Voûte Etoilée te propose de vivre un moment d’exception. Nous te proposons une Solsticiale blanche au sein du domaine du Chant d’Eole à la frontière franco-belge (près de la Ville de Mons en Belgique).

Accueil des SS∴ et FF∴ et de leurs accompagnants en fin d’après-midi vers 17h30.

18h-19h – Un apéritif en terrasse au champagne (deux coupes), pour débuter les festivités. Un quatuor de cornemuses nous accompagnera.  

19h – Banquet 3 services
Le Rituel de table a été revu… SURPRISE
La salle de réception propose des tables de 10 ou 12 personnes. Si vous souhaitez rester en groupe, il est important de nous indiquer clairement lors de ta réservation les personnes qui t’accompagnent afin que nous puissions vous mettre à la même table.

Le menu proposé sera unique et composé d’un Assortiment de zakouski, une entrée, un plat, un dessert et le café. Les eaux à table, les vins blanc et rouge sélectionnés en fonction du menu seront servis à discrétion pendant le repas. Le Chant d’Eole, un restaurant qui possède sa PREMIERE ETOILE

LE MENU 2025 EST EN COURS D’ELABORATION,
A TITRE D’EXEMPLE, VOICI LE MENU PROPOSÉ en 2024.
Assortiment de zakouski
En entrée :
 Les Noix de St-Jacques rôties à la Fleur de Sel, Risotto de Céleri-Rave et Roquette Piquante.
En plat : L’Emincé de Magret de Canard rôti, Tartelette de Jeune Navet au Comté, Sauce à la Moutarde de Violette.
En dessert : La Crème Brûlée à la Vanille Givrée.

22h – Un rituel de la Saint-Jean sera organisé dans le  domaine (très proche) autour d’un bûcher dressé pour l’occasion. Lors des déambulations des officiers nous tracerons et illuminerons l’Etoile flamboyante au sol. Tout est mis en œuvre pour le confort des SS:. et FF:. ayant quelques difficultés pour marcher (voiturette à disposition). Des chaises sont prévues pour éviter que certain(e)s ne doivent rester trop longtemps debout. Une chaîne d’union fraternelle nous unira en fraternité à l’issue du rituel du feu de la Saint-Jean.
23h-1h – Le bar est à disposition (hors forfait). Les dernières discussions et l’ambiance musicale clôtureront cette soirée

La Solsticiale sera BLANCHE (conjoints et profanes dont tu réponds sont les bienvenus parmi nous) et NOUS POUVONS ACCUEILLIR 350 personnes pour cet extraordinaire évènement. Pour les SS∴ et FF∴ qui viendront de loin (Marseille, Paris, …) nous pouvons indiquer des solutions d’hébergement dans la région.

La Scénographie de table ainsi que l’exécution du Rituel du feu de la Saint-Jean seront réalisés tout comme l’année dernière par NTCF Eddy Caek∴ passé GM adjoint du GOB et ses officiers. Nul doute qu’ils nous offrirons un aussi beau spectacle que celui de l’année dernière. 

Pour y participer :

Le prix de cette fin d’après-midi, soirée est de 95 € / personne pour les abonné(e)s et leurs accompagnants, (150 € pour les FF/SS non abonnés et leurs accompagnants) qui comprend : (Abonnement à la Voute Étoilée : 8€/mois (payable à l’année)
– L’apéritif (deux coupes de champagne sur la terrasse)
– Le repas (entrée, plat, dessert, vin), orchestré par le restaurant du Chant d’Eole. Nous vous informerons prochainement des choix de menus.
– Le rituel de table. Moments magiques, moments surprises.
– Le quatuor de cornemuses et l’ambiance musicale de la soirée.
– Le Rituel de la Saint-Jean autour d’un grand bûcher.

Le tout comme toujours, avec comme objectif, la fraternité qui nous réunit, toutes et tous. Une occasion de fraterniser avec des SS∴ et des FF∴ venus d’un peu partout (France, Belgique, Suisse et …).

ATTENTION : Le nombre de places par table est de 10 ou 12 maximum par table.

SI VOUS SOUHAITEZ FORMER UN GROUPE DE 4, 5, 6, 7 ou 12 personnes maximum, nous te demandons un paiement global du titulaire de la table.

La table portera alors le nom de celui ou celle qui a réservé pour le groupe. Si tu ne fais pas partie d’un groupe, les places seront attribuées Fraternellement.

Découvrir le lieu de l’évènement. Domaine du chant d’Eole : www.chantdeole.be

Découvrir La Voûte Etoilée

Découvrir la La Voûte Étoilée

– Pour participer à la Solsticiale de La Voûte Etoilée

L’impact de Jung dans la spiritualité maçonnique

Il est des rencontres qui, même posthumes, bouleversent une quête initiatique. Ainsi en est-il de celle entre Carl Gustav Jung, fondateur de la psychologie analytique, et la Franc-Maçonnerie, voie traditionnelle de transformation de l’être. Bien que Jung n’ait jamais appartenu à une Loge maçonnique, ses écrits résonnent de manière troublante avec l’expérience initiatique maçonnique. Loin de prétendre que la Franc-Maçonnerie s’appuie sur la psychologie jungienne, il s’agit ici de montrer combien cette dernière éclaire, complète et amplifie la démarche symbolique du Maçon.

Alors que le XXIe siècle semble tiraillé entre la perte de sens et le retour du sacré, cette résonance entre psychologie des profondeurs et cheminement initiatique peut nourrir nos réflexions comme nos pratiques.

Et si Jung était, au fond, un maçon sans tablier ? Et si sa pensée était un miroir tendu à notre quête intérieure ?

L’Individuation et la quête maçonnique

Le labyrinthe, image de l’individuation

Jung définit l’individuation comme le processus par lequel l’individu devient pleinement lui-même, c’est-à-dire unifié, conscient de ses opposés internes, et en chemin vers son Soi — centre organisateur de la psyché.

De la pierre brute à la pierre cubique, le Franc-Maçon apprend à se connaître et à se transformer. Il ne s’agit pas d’une amélioration superficielle, mais bien d’un travail intérieur profond, similaire à ce que Jung nomme « métanoïa », une conversion de l’être.

« Ce que tu ne veux pas savoir de toi-même finit toujours par se manifester à l’extérieur comme un destin. »

(C. G. Jung)

Dans le processus d’individuation, la conscience doit intégrer les parties refoulées ou méconnues d’elle-même. C’est exactement ce que symbolise le travail de l’initié à travers les degrés symboliques : mise en lumière progressive de ce qui est caché, aveuglant ou oublié.

Les Archétypes et les symboles maçonniques

Tour symbolique

Pour Jung, l’homme est structuré par des archétypes — formes primordiales, images universelles présentes dans l’inconscient collectif. Ces archétypes se manifestent dans les mythes, les rêves… et les rituels.

Le rite maçonnique est donc un langage archétypal : chaque symbole (l’équerre, le compas, la lumière, les colonnes…) réactive ces forces inconscientes et ouvre à une lecture spirituelle du monde et de soi.

« Les symboles sont des expressions naturelles de l’inconscient. Ils sont l’un des plus puissants instruments de transformation de l’âme. »

(C. G. Jung)

Ainsi, lorsque le Maçon franchit la porte du Temple, il ne participe pas seulement à un rituel, il entre en résonance avec des figures universelles : le Maître, l’architecte, le voyageur, le gardien du seuil.

La Franc-Maçonnerie active les archétypes, ce qui donne à ses rituels une profondeur qui dépasse le cadre strict de l’instruction morale.

L’Ombre et la catharsis initiatique

L’ombre, chez Jung, représente cette part refoulée de notre psychisme, que nous refusons de voir ou d’assumer. Elle est faite de nos désirs inavoués, de nos faiblesses, mais aussi de potentiels non explorés.

Or, la démarche initiatique confronte sans cesse l’initié à son ombre : dans les épreuves du cabinet de réflexion, dans la symbolique de la mort initiatique, dans la descente dans la caverne, il est invité à regarder en face ce qu’il fuit.

« Nul éveil de la conscience n’est possible sans douleur. »

(C. G. Jung)
Allégorie alchimique extraite de l’Alchimie de Nicolas Flamel, par le Chevalier Denys Molinier (xviiie siècle) et représentant les énergies conscientes et inconscientes se combinant pour guérir la personnalité

La Franc-Maçonnerie n’est donc pas un lieu de confort, mais un espace de passage, parfois douloureux, vers une conscience plus vaste. Elle propose une catharsis, au sens antique du terme : une purification par le symbole et la répétition rituelle, pour que l’homme se reconstruise autrement.

Le Soi et la réalisation spirituelle

Dans la pensée jungienne, le Soi n’est pas l’ego, mais ce centre supérieur, cette totalité psychique, à laquelle l’individu est appelé à se conformer. Le Soi est « l’archétype de l’ordre », souvent représenté par une figure géométrique harmonieuse (le cercle, la mandorle, la croix).

Or, le Soi de Jung entre en résonance avec l’image du Temple intérieur que doit bâtir le Maçon.

Lorsque le Maître Maçon œuvre à « reconstruire le Temple de Salomon », il ne s’agit pas d’un édifice extérieur, mais de l’édifice de l’âme, structuré par la sagesse, la force et la beauté.

« Le Soi est ce qui était là avant l’ego, et ce qui restera lorsque l’ego aura disparu. »

(C. G. Jung)

Le rituel maçonnique, et en particulier celui du grade de Maître, met en scène une mort suivie d’une renaissance : c’est l’abandon de l’ancien moi, au profit d’une conscience plus vaste, plus alignée sur les lois cosmiques. C’est le moment de la réintégration, de la vision unitive.

L’Inconscient collectif et l’Ordre cosmique maçonnique

L’inconscient collectif est, chez Jung, une mémoire trans-personnelle qui relie tous les êtres humains au travers de mythes, d’images, de symboles communs. Il est une matrice dans laquelle les traditions spirituelles puisent.

La Franc-Maçonnerie, de par sa richesse symbolique, puise largement dans cet inconscient collectif. Les mythes du constructeur, de l’architecte divin, du roi sacrifié, du temple à rebâtir sont autant d’archétypes qui traversent les siècles.

« Nous ne devenons pas éclairés en imaginant des figures de lumière, mais en rendant l’obscurité consciente. »

(C. G. Jung)

En activant ces symboles dans le rituel, la Maçonnerie agit comme une interface entre l’individu et le cosmos. Elle réinscrit l’homme dans un ordre universel, où chaque geste, chaque parole rituelle prend sens à l’intérieur d’un tout.

L’Héritage alchimique : Transformation intérieure et transcendance

Jung fut fasciné par l’alchimie, qu’il voyait comme une psychothérapie avant l’heure, une quête de transmutation de l’âme. Il lit dans l’alchimie une symbolique de la transformation intérieure : du plomb des passions vers l’or de l’âme éveillée.

De la même manière, la Franc-Maçonnerie hérite du langage alchimique : les quatre éléments, la purification par le feu, le noir de la matière première (nigredo), la lumière dorée de la pierre philosophale (rubedo).

Dans les hauts-grades, l’initié est souvent confronté à des figures alchimiques — mort initiatique, résurrection, lumière intérieure.

« L’alchimie ne traite pas de substances, mais de symboles. Elle ne transforme pas les métaux, mais l’homme lui-même. »

(C. G. Jung)
Alchimie laboratoire
Alchimie laboratoire

Dans ce sens, la Maçonnerie devient une voie alchimique de transmutation psychique et spirituelle : elle ne cherche pas à faire « de meilleurs hommes », mais des êtres plus unifiés, plus conscients, plus présents à eux-mêmes et aux autres.

L’impact de Carl Gustav Jung dans la spiritualité maçonnique ne se mesure pas par des citations dans les rituels, ni par une quelconque filiation officielle. Il se mesure par les ponts qu’il jette entre la tradition et la psychologie moderne, entre l’expérience symbolique et le chemin intérieur.

Jung nous invite à voir dans les degrés maçonniques un miroir du travail de l’âme. Il nous aide à mieux comprendre pourquoi la lumière vient après les ténèbres, pourquoi l’ombre doit être embrassée avant d’être transmutée, pourquoi le Temple à rebâtir est notre propre être.

En retour, la Franc-Maçonnerie donne à l’œuvre jungienne un terrain d’expression vivant, un laboratoire de transformation, une voie de réalisation.

« Le privilège d’une vie, c’est de devenir qui l’on est. »

(C. G. Jung)

Devenir qui l’on est — n’est-ce pas précisément le serment silencieux que nous prêtons à chaque ouverture des travaux ?

Sources :

Les citations de Carl Gustav Jung sont extraites de ses œuvres principales, notamment « Psychologie et Alchimie« , « L’homme à la découverte de son âme » et « Les archétypes de l’inconscient collectif« .

Moïse ce grand initié

L’œuvre formidable de MOISE porte sur l’organisation du monothéisme à travers le peuple d’ISRAEL. Importance très vaste pour l’histoire de l’humanité qui y a puisé les trois religions du livre. L’idée du monothéisme a pour conséquence l’unification de l’humanité sous un même dieu et sous une même loi.

Plusieurs étapes ou degrés dans la  quête spirituelle de MOISE. On verra tour à tour :

  • L’initiation et la fuite chez JETRO
  • Le SEPHER BERESHIT
  • L’exode, le désert, la mort

Tout d’abord :

L’initiation de MOISE en EGYPTE suivie de la fuite chez JETRO

RAMSES II

Au 14eme siècle avant notre ère (sans plus de précision) MOISE dont HOSARSIPH était le premier nom était le fils de la princesse royale, sœur de RAMSES II, fils adoptif ou naturel, aucune certitude à ce sujet. D’ailleurs au couronnement du pharaon, il était présent en tant que LEVITE. De caractère étrange et renfermé, il était appelé « le silencieux », de ses yeux se dégageait une profondeur inquiétante, si bien que les femmes craignaient l’œil de ce  jeune lévite. Son compagnon d’étude était MENEPHTAT fils légitime de pharaon se révélant d’une intelligence médiocre au point qu’une rivalité naquit entre les deux jeunes hommes sous le regard suspicieux de pharaon.

Sa mère dut confier MOISE au temple afin de pénétrer les mystères d’ISIS et OSIRIS. Il y traversa triomphalement l’initiation. Ainsi il fut nommé par Pharaon au poste de scribe sacré du temple d’OSIRIS, l’écartant par ce fait de toute prétention à sasuccession, réservée exclusivement à son fils MENEPHTAT.

Osiris

C’est à ce titre que MOISE fut envoyé en inspection dans le DELTA et il fut le témoin d’un acte accablant d’un garde égyptien sur un hébreu sans défense. L’injustice fit que HOSARSIPH se jeta sur l’Egyptien et le tua. Pour un prêtre d’OSIRIS l’irréparable était fait et l’exil était inévitable.

Ce sera dont le départ dans le désert, poussé par une voix intérieure, mystérieuse mais irrésistible qui lui disait « va vers ta destinée ». Il entre donc dans le pays de MADIAM au-delà de la mer rouge et de la presqu’île  sinaïtique. I y découvre un temple qui ne dépendait pas du sacerdoce égyptien mais consacré à OSIRIS dans lequel on y adorait le dieu souverain sous le nom d’AELOHIM.

Ce sanctuaire était à la croisée des chemins des ARABES, des SEMITES,  des ETHIOPIENS. Ils  cherchaient l’initiation dans le centre mystique où l’on  pratiquait déjà un culte monothéiste et ceci depuis le culte d’ABRAHAM. C’est vers ce lieu que le fugitif OSARSIPH voulut subir l’épreuve du rachat de sa faute et s’exposa lui-même à la mort.

Cette épreuve consistait, plongé dans un sommeil léthargique suite à un long jeune, à être déposée dans un caveau du temple pour subir un vaste voyage dans l’au-delà. Après plusieurs jours, voir semaines, le candidat obtenait le pardon et devait trouver le chemin de la lumière, épreuve se terminant souvent par la présence d’un cadavre au réveil. HOSARSIPH se trouva transformé, les yeux tournés vers la montagne d’AELOHIM à l’horizon. Une nouvelle ère alors commençait alors dans sa vie etdepuis ce jour il prit le nom de MOISE.

LE SEPHER BERESHIT

Une représentation colorisée de la gravure Flammarion, inspirée de la cosmogonie décrite dans les premiers chapitres de Bereshit.
Sandro Botticelli

MOISE épousa SEPHORA la fille de JETRO et resta pendant de longues années auprès du sage de MADIAN. Il effectua des travaux de recherche sur les cycles de l’humanité et se plongea par induction dans les horizons lointains de l’avenir.

MOISE voulut créer un peuple pour la religion éternelle. Pour cela il écrivit le SEPHER BERESHIT, synthèse de la science passée et cadre de la science future.

MOISE a voulu léguer à la postérité un véritable testament secret sur la genèse. En tant que prêtre d’OSIRIS sa pensée s’est exprimée de 3 manières :

  • la première était claire et simple
  • la seconde symbolique et figurée
  • la troisième sacrée et hiéroglyphique

C’est ainsi qu’il y avait 3 sens pour le même mot, le sens propre, puis figuré et allusif ensuite.

La genèse raconte l’évolution dans le temps et la création dans l’éternité.

Dans le temple de JETRO, MOISE médite devant les symboles dont les murs sont couverts et qui résument l’histoire des cycles évanouis et prédisent les cycles futurs.  Il cherche la parole qui sera l’action. Il se jure à lui-même de réveiller l’humanité collective, comme l’homme individuel en établissant le culte d’AELOHIM. Cette volonté le pousse à quitter le silence noir de la crypte et d’écouter l’appel de la conscience qui lui dit « va à la montagne de DIEU vers l’HOREB.

Moïse défendant les filles de Jethro.Sebastiano Ricci, 1708-1711, musée des Beaux-Arts de Budapest

LA VISION DU SINAI : LE TRONE D’AELHOIM

Entre deux montagnes apparaît une vallée « L’HOREB », vallée lugubre battue par les vents . La tradition populaire veut que le dieu du SINAI apparaisse quelquefois dans le feu fulgurant et malheur à celui qui voit sa face, le voir c’est mourir. Moïse monta sans crainte au SINAI à travers le ravin d’HOREB. Puis à l’entrée d’une caverne il fut comme aveuglé par une lumière qui l’enveloppa. Un ange lui bloquait la route lui disant : « MOISE, MOISE, ne t’approche point d’ici, déchausse les souliers de tes pieds car le lieu où tu te tiens est une terre sainte » avec pour message aux enfants d’ISRAEL « j’ai été envoyé vers vous par l’éternel pour vous retirer du pays de servitude » MOISE ne put voir ELOHIM mais il entendit une voix « je suis celui qui suis et qui sera ». Anéanti il redescendit vers le temple de JETRO et se trouva prêt pour son œuvre.

L’EXODE – LE DESERT

L’exode fut concerté et préparé de longue main par le prophète, les principaux chefs israélites et JETRO. Ce plan fut mis à exécution à un moment ou MENEPHTAT, alors devenu pharaon, avait envoyé la quasi-totalité de l’armée égyptienne du côté de l’OUEST pour faire face à une invasion redoutable du roi des LIBYENS MERMAIOU. Ainsi les HEBREUX émigrèrent paisiblement. Voilà donc les BENI ISRAEL (comme on les nommait) en marche, s’apprêtant à contourner la MER ROUGE. Ils ne sont que quelques milliers d’hommes. Puis d’autres viendront les rejoindre, toutes sortes de gens dit la bible : CANANEENS, EDOMITES, ARABES, SEMITES en tout genre. Mais les plus nombreux sont les BENI ISRAEL. Ils ont été amenés, à être sensibilisés au monothéisme par leurs chefs suite à une haute tradition patriarcale. Mais souvent leurs mauvaises passions se réveillent et ils retombent dans les pratiques idolâtres. C’est contre cela que MOISE devra combattre en imposant des lois draconiennes. Il y sera aidé par un groupe de prêtres présidé par AARON son frère d’initiation. Ainsi ce groupe constituera le sacerdoce. De plus, 70 chefs élus ou initiés laïques se serrent autour du prophète. C’est autour de tout ce groupe qu’on porte l’ARCHE D’OR.

Cette arche renferme le SEPHER BERESHIT appelé aussi livre de la cosmogonie rédigé par MOISE, ainsi que la baguette magique du prophète, l’instrument des phénomènes électriques qui,  grossi par la légende, enfanteront les récits bibliques. Elle contient aussi le livre de l’alliance ou la loi du SINAI. Cette arche est appelée par MOISE le trône d’AELOHIM car en elle repose la tradition sacrée, la mission d’ISRAEL, l’idée de IAVE.

En écoutant les conseils de son beau père, MOISE structure son peuple en établissant des chefs de milliers, des chefs de centaines et des chefs de dizaines afin que lui soit rapportées toutes les affaires jugées, dans un but de partage des charges. Dans la constitution d’ISRAEL établie par MOISE, le pouvoir exécutif était considéré comme une émancipation du pouvoir judiciaire et placé sous le contrôle de l’autorité sacerdotale. Mais pour MOISE, ISRAEL n’était qu’un moyen, la religion universelle était son but.

A travers son peuple, MOISE portait des vues sur l’humanité entière. Face à la montagne du SINAI, il conduisit toutes les tribus afin de transmettre les 10 commandements, puissant résumé de la voie morale, cette loi écrite sur une table de pierre.

MOISE assisté de son fidèle disciple JOSUE, était parti plusieurs jours dans cette gorge hostile et sauvage pour consulter AELOHIM, en recommandant au peuple de veiller et de jeuner. Mais dans l’angoisse du non retour de MOISE, tout ce peuple sombre dans la débauche etla révolte, face au conseil des soixante dix anciens élus par MOISE, chargé de garder l’ARCHE, le livre et ISRAEL.

Cependant, MOISE revient de sa solitude avec la loi gravée sur les tablettes de pierre, mais voyant la trahison de son peuple, il brise les tables de pierre. Pour redresser l’âme des 70 élus et par eux tout le peuple, il invoque AELOHIM. Alors MOISE et les 70 élus munis de l’ARCHE repartiront dans la montagne afin de rapporter pour le peuple le jugement d’AEROHIM. La moitié d’entre eux pris de frayeur, se préparent à partir, soudain une tempête : vent, tonnerre et foudre s’abattent sur eux, toute une nuit et tout un jour. Vers le soir, la tempête s’apaise et à l’entrée du camp réapparaissent les 70 élus avec MOISE à leur tête. « Que ceux qui sont pour l’éternel viennent à moi » dit MOISE. Puis le prophète s’avance et ordonne à ses disciples de passer au fil de l’épée les instigateurs de la révolte afin que tous se souviennent de la loi du SINAI et de son premier commandement :

           « Je suis l’éternel ton dieu, je t’ai tiré du pays d’EGYPTE, de la maison de servitude, tu n’auras point d’autre dieu devant ma face, tu ne feras point d’images taillées, ni aucune ressemblance des choses qui sont là-haut dans les cieux, ni dans les eaux, ni sous la terre ».

C’est par ce mélange de terreur et de mystère que MOISE imposa sa loi et son culte à son peuple, faisant triompher le monothéisme.

Après les scènes du SINAI, ainsi que par l’exécution en masse des rebelles, MOISE acquit une autorité sur les sémites nomades qu’il tenait sous sa main de fer, et ceci malgré les lassitudes, les calomnies et les conspirations qui suivirent.

LA MORT DE MOISE

Quant MOISE eut conduit son peuple jusqu’à l’entrée de CANAAN, il sentit que son œuvre était accomplie. La légende dit qu’il était centenaire. Il gravit le mont NEBO, après avoir béni toute l’humanité à travers les 12 tribus, il désigna JOSUE comme successeur. Il préféra mourir dans la solitude d’AELOHIM, rançon de sa grandeur.

Ceci est la légende support du mythe de MOISE qui a permis la construction d’un vaste empire spirituel touchant 2/3 de l’humanité et inscrit dans la bible.

Si le fonds reste invariable, plusieurs détails provenant soit d’avancées scientifiques, soit d’erreurs multiples de traductions divergeant sur les lieux de passage, sur le mont SINAI lui-même (mont SINAI ou mont KARTOUM). (Mont KARTOUM 12 stèles, 1 autel,  ruines d’habitations + table de la loi gravée dans la roche) au SINAI, rien ! Allusion à l’éruption du volcan de l’île grecque de SANTORIN située à 800 kms provocant un écran visuel et un raz de marée.

TRADUCTIONS ERRONNEES : roseau traduit par rouge, mais en égyptien ou hébreux le même mot roseau veut dire souffle. Le constat est que MOISE à la fois prophète, homme de guerre et organisateur social a laissé une véritable révolution religieuse.

LE MYTHE DE MOISE ET LA FRANC-MACONNERIE

Plusieurs similitudes :

peinture égyptienne
décoration égyptienne

MOISE a tout d’abord été initié aux mystères d’ISIS et d’OSIRIS.

Tout comme l’apprenti franc- maçon, il a appliqué le vieil adage « CONNAIS-TOI TOI-MEME ET TU CONNAITRAS LES DIEUX ». C’est ainsi qu’il lutte contre son déterminisme social culturel, reconnaissant sans complaisance le cynisme et la corruption qui régnaient à la cour de PHARAON.

S’élevant contre l’esclavagisme des HEBREUX, reconnaissant que tout homme naît libre, il est amené à son geste fatidique sur un EGYPTIEN. C’est ainsi qu’il tue son vieil homme intérieur.

Sa fuite inéluctable l’amena plus loin sur son chemin initiatique, à la rencontre avec d’autres peuples, découvrant à travers un travail symbolique guidé par JETRO, une progression ésotérique l’amenant vers la vérité à la fois universelle et individuelle.

Certains commandements gravés dans les tables de la loi sont les prémices de la loi morale, celles que tout FRANC-MACON se doit d’observer et de faire observer.

Si MOISE est mort dans la solitude du mont NEBO, il n’a pas oublié de transmettre, mais avec prudence, en écartant les profanes, leur livrant le message d’AELOHIM « je suis celui qui était, est, et sera », soit la trilogie de l’unité « passé, présent et avenir ».

On pourrait dire de MOISE qu’il a été un prince sans couronne.

L’initiatique Pinocchio

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Voici une lecture ésotérique et philosophique  du célèbre conte de Carlo Collodi, le repositionnant parmi les grands textes initiatiques de l’Humanité aux côtés du Serpent Vert de Goethe, ou du Petit Prince de Saint-Exupéry. Un ouvrage qui révèle comment cette fable apparemment simple recèle une profondeur symbolique liée à la quête spirituelle, à la transformation intérieure et aux mystères de l’existence humaine.

La transformation finale de Pinocchio en enfant « réel » symbolise l’aboutissement du processus initiatique –non comme fin- mais comme commencement d’une nouvelle existence consciente. L’auteur y voit une invitation à dépasser nos conditionnements ( les fils qui nous manipulent), pour accéder à la liberté véritable. L’exégèse de Joël Grégogna souligne combien il s’agit de sagesse universelle, c’est-à-dire d’une « porte du Mystère » ouverte à tout chercheur de Vérité

Joël Grégogna, avocat, est aussi homme de lettres et peintre. Il a notamment publié : Corto, l’initié, La Venise de Hugo Pratt et Bande dessinée, imaginaire et franc-maçonnerie chez Dervy Editions.

29/04/25 : Un café maçonnique à Clermont Ferrand

Franc-maçonnerie… est-ce fait pour moi ?

C’est « La » question que chacun d’entre nous a pu se poser avant d’entrer en Franc-Maçonnerie. Est ce que je vais trouver ce que je cherche ? Est ce que je suis digne d’y entrer ?

Et accessoirement, il est légitime de se demander à quels besoins la Franc-Maçonnerie va répondre. D’ailleurs, à quoi peut-on s’attendre? En tout cas, si l’idée de départ est de devenir le maitre du monde, de se faire un réseau d’affaire, ou si mon attention est d’obtenir des bénéfices commerciaux ou des avantages sociaux, alors, il se peut que nous ne frappions pas à la bonne porte.

Et pourtant, les idées reçues ont la dent dure ! Il faut dire que les temps actuels ne rendent pas forcément grâce aux acteurs de la vie publique. Les médias regorgent d’exemples de personnalités qui ont tiré profit de leur situation.

Les Francs-Maçons de Georges TROISPOINTS ont à cœur de livrer au public profane une certaine réalité de ce que l’on peut trouver au sein d’une loge mixte.

Nous évoquerons les deux entités : Le Moi et la Franc-Maçonnerie, l’individu et l’institution.
Nous aborderons ce que l’un apporte à l’autre ou … son contraire.
En fait, la question sera de savoir pourquoi devenir Franc-Maçon est une démarche libre et réfléchie ?

En passant et durant les échanges, nous aborderons en vrac :la Fraternité, le chemin initiatique pour soi même avec des Frères et des sœurs cheminant aussi, le Travail sur soi et la notion de progrès de l’humanité.

Un café maçonnique, c’est quoi ?

Un café maçonnique est un moment d’échanges libres, durant lequel des Francs-Maçons évoquent leurs expériences. Ils en profitent pour répondre aux questions du public. C’est un temps où chacun peut exprimer ses doutes, ses interrogations, et vérifier si ses représentations sont fidèles à ce que vivent des « initiés » dans leur quotidien. L’entrée est libre, gratuite. Les bénévoles de Georges TROISPOINTS vous donne rendez-vous le 29 avril 2025 de 18h30 à 20 h00 au Café L’oie et le Grill, situé au 1 Tour de la Monnaie à Clermont Ferrand!

Mais au fait, c’est quoi Georges Troispoints?

Georges troispoints, c’est une association de Francs-maçons, initiés au Droit Humain, qui en 2016 ont décidé de ne plus laisser les médias organiser la communication concernant la Franc-maçonnerie. Le Groupe Georges TROISPOINTS Clermont Auvergne est composé de
Sœurs et Frères appartenant aux 8 loges du Droit Humain du Puy de
Dôme (63) et de l’Allier (03).

Indépendamment de leurs engagements vis à vis de l’APFDH et de l’Ordre Maçonnique Mixte International le Droit Humain, ces Francs-Maçons se sont décidés à entrer en contact direct avec les profanes qui peuvent être curieux, inquiets ou intéressés par la franc-Maçonnerie. L’idée est simple : ceux qui peuvent le mieux parler de la Franc-Maçonnerie, ce sont les francs-Maçons ! Venez visiter notre site pour en savoir plus :

https://www.georges-troispoints.fr/associations-locales-tags/g3p-clermont-auvergne

La maçonnerie enseigne à mourir, l’IA à la vie éternelle

Acceder au reportage de Arte (disponible jusqu’au 7/08/2025)

La Franc-maçonnerie, dans son essence, invite ses initiés à « apprendre à mourir ». Ce principe, ancré dans la notion de palingénésie, symbolise le « dépouillement du vieil homme », une métamorphose intérieure où l’ego, les attachements et les illusions sont abandonnés pour faire place à une conscience renouvelée. Ce processus, au cœur des rituels maçonniques, enseigne à vivre pleinement le moment présent, sans s’encombrer des regrets du passé ni des attentes du futur. C’est dans cet espace du « ici et maintenant » que l’initié trouve une forme de liberté spirituelle, une acceptation sereine de l’impermanence de la vie.

En parallèle, la question du deuil, rite de passage universel, prend une nouvelle dimension à l’ère de l’intelligence artificielle (IA). Comme le montre le reportage d’Arte Avec toi pour toujours : de l’immortalité virtuelle, l’IA offre des outils inédits pour interagir avec les défunts, soulevant des interrogations éthiques et philosophiques. Alors que la maçonnerie propose une sagesse intemporelle pour apprivoiser la mort, l’IA semble promettre une forme d’éternité numérique. Entre ces deux approches, un dialogue fascinant émerge sur notre rapport à la finitude et à la mémoire.

La palingénésie maçonnique : mourir pour renaître

Renaître, Atuntaqui, Équateur

Dans la tradition maçonnique, « apprendre à mourir » n’est pas une invitation morbide, mais une démarche libératrice. La palingénésie, ou renaissance symbolique, s’incarne dans les rituels, notamment lors de l’initiation, où le profane traverse une mort symbolique pour renaître en tant que Frère. Ce processus, décrit par des penseurs comme Mircea Eliade, vise à dépouiller l’individu de ses attachements matériels et égotiques – le « vieil homme » – pour révéler une essence plus pure. Le cabinet de réflexion, avec ses symboles de la vanité (crâne, sablier), rappelle l’inéluctabilité de la mort, incitant l’initié à se concentrer sur l’instant présent. Cette philosophie, proche du stoïcisme ou du bouddhisme, enseigne que vivre sans attachement excessif au passé ou au futur permet d’accéder à une paix intérieure, une forme d’éternité dans l’instant.

Le deuil, dans ce cadre, est un terrain d’application privilégié. La maçonnerie encourage à accepter la perte comme une étape naturelle, à honorer la mémoire des disparus sans s’y enchaîner. Les rituels funéraires maçonniques, empreints de respect et de sobriété, célèbrent la vie du défunt tout en rappelant la continuité de l’œuvre collective. Cette approche, profondément humaniste, contraste avec les promesses de l’IA, qui, en recréant les défunts sous forme d’avatars numériques, semble défier la mort elle-même.

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L’IA et l’immortalité virtuelle : une révolution du deuil

Le reportage Avec toi pour toujours, diffusé sur Arte, explore comment l’IA redéfinit notre rapport au deuil. Grâce à des start-ups comme Project December, HereAfter AI ou Meeting You, il est désormais possible de « discuter » avec des proches disparus via des chatbots nourris de données personnelles – messages, photos, enregistrements vocaux. Ces avatars numériques, capables de reproduire la voix ou l’apparence d’un défunt, offrent une illusion de présence. Joshua, par exemple, dialogue jour et nuit avec le clone de son premier amour, partageant son quotidien comme si la mort n’avait pas eu lieu. En Corée du Sud, Jang Ji-sung, dans une expérience télévisée poignante, retrouve l’avatar en réalité virtuelle de sa fille de 7 ans, décédée, tentant en vain de l’enlacer. Ces scènes, à la fois émouvantes et troublantes, illustrent le pouvoir de l’IA à combler – ou à raviver – le vide laissé par la perte.

Mais cette « postérité numérique » soulève des questions éthiques majeures. Est-ce un apaisement sincère du deuil ou une manipulation cynique de la douleur ? Les interactions peuvent parfois déraper : Christi, une utilisatrice, reçoit un message troublant de son petit ami décédé, prétendant être « en enfer ». Ces technologies, souvent proposées sous forme d’abonnements payants, transforment la mémoire des morts en un produit commercial, un « au-delà sur abonnement ». Comme le confie Sam Altman, cofondateur d’Open AI, les acteurs technologiques risquent de causer « des dégâts considérables » en jouant avec des tabous aussi intimes. Psychothérapeutes et chercheurs interrogés dans le documentaire s’inquiètent d’une possible dépendance à ces avatars, qui pourrait entraver le processus naturel de deuil, où l’acceptation de l’absence est cruciale.

Maçonnerie et IA : une complémentarité inattendue ?

Image générée par Intelligence Artificielle (IA)
Image générée par Intelligence Artificielle (IA)

À première vue, la maçonnerie et l’IA semblent aux antipodes : l’une prône l’acceptation de la mort comme une étape spirituelle, l’autre propose de l’abolir par la technologie. Pourtant, un dialogue peut s’esquisser. La maçonnerie, avec son insistance sur le « ici et maintenant », pourrait offrir un cadre éthique pour utiliser l’IA sans tomber dans ses dérives. Par exemple, les avatars numériques pourraient servir à honorer un défunt lors d’un rituel maçonnique, en recréant une voix pour lire un texte ou partager un souvenir, tout en respectant la frontière entre hommage et illusion. L’IA pourrait aussi aider à transmettre l’héritage maçonnique : des chatbots pourraient guider les profanes dans la compréhension des symboles ou préserver la mémoire des Frères disparus, en archivant leurs écrits ou leurs enseignements.

Cependant, la maçonnerie met en garde contre l’attachement excessif, un risque amplifié par l’IA. Les avatars, en simulant une présence continue, pourraient enfermer les vivants dans un passé illusoire, contredisant l’idéal maçonnique de détachement. Le reportage montre des utilisateurs comme Joshua, qui dialogue obsessivement avec son amour perdu, illustrant ce danger de fixation. La sagesse maçonnique, en valorisant la présence consciente à l’instant, pourrait aider à utiliser l’IA comme un outil temporaire de transition dans le deuil, sans remplacer la nécessité d’accepter la perte.

Une réflexion éthique pour notre temps

Temps infini
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Le contraste entre la maçonnerie et l’IA révèle une tension fondamentale : comment concilier notre désir d’éternité avec l’acceptation de l’impermanence ? La franc-maçonnerie, en enseignant à « mourir » symboliquement, propose une voie intérieure, où la paix naît de la compréhension de la finitude. L’IA, en offrant une « vie éternelle » numérique, externalise cette quête, au risque de créer des illusions mercantiles. Le documentaire d’Arte, en donnant la parole à des utilisateurs, des concepteurs et des critiques, ne tranche pas : il invite à réfléchir. Les motivations des utilisateurs – apaiser une douleur, garder un lien – sont humaines, mais les dérives commerciales et psychologiques sont réelles.

Dans ce contexte, la maçonnerie pourrait inspirer une utilisation responsable de l’IA. Ses valeurs – liberté, égalité, fraternité – appellent à placer l’humain au centre, en évitant que la technologie ne devienne une fin en soi. Les Frères, habitués à questionner les symboles et leurs significations, sont bien placés pour interroger ces nouveaux outils. Faut-il limiter l’IA à des usages commémoratifs, comme des archives vivantes, ou l’intégrer dans des rituels de passage ? Comment éviter que la mémoire des morts ne soit réduite à un produit de consommation ?

Entre éternité et impermanence

La maçonnerie enseigne que la mort, loin d’être une fin, est une invitation à vivre pleinement le présent. L’IA, en promettant une immortalité virtuelle, semble défier cette sagesse, mais elle peut aussi, si elle est guidée par une éthique humaniste, enrichir notre rapport au deuil. Le reportage Avec toi pour toujours met en lumière cette ambivalence : l’IA est à la fois une prouesse technologique et un miroir de nos fragilités. En combinant la profondeur spirituelle de la maçonnerie et les possibilités de l’IA, nous pourrions trouver un équilibre : utiliser la technologie pour honorer les disparus, tout en cultivant l’acceptation de leur absence. Dans ce dialogue entre l’ancien et le moderne, la franc-maçonnerie rappelle une vérité intemporelle : l’éternité ne réside pas dans un avatar, mais dans la lumière que nous portons en nous, ici et maintenant.

L’Humilité en Franc-maçonnerie : une vertu fondamentale pour l’élévation spirituelle

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De notre confrère elnacional – Mario Múnera Muñoz PGM

Mario Múnera Muñoz

L’humilité, cette qualité souvent discrète mais profondément transformative, est célébrée à travers les âges comme une vertu essentielle dans les traditions spirituelles, philosophiques et initiatiques. Dans son essence, elle incarne l’équilibre, la reconnaissance de nos limites et l’ouverture à la sagesse universelle. Mario Múnera Muñoz, explore cette vertu dans une réflexion profonde, liant l’humilité à la quête maçonnique de vérité et d’élévation de la conscience. Cet article s’appuie sur ses enseignements, enrichis par des perspectives complémentaires, pour éclairer le rôle central de l’humilité dans la franc-maçonnerie et au-delà.

L’Humilité : Une Vertu Universelle

Le Rambam (Maïmonide), rabbin et philosophe hébreu-espagnol du XIIe siècle, affirmait que « l’humilité, cette qualité pure, est la plus sublime de toutes les vertus admirables ». Cette idée résonne à travers les cultures et les époques. Pour Aristote, l’humilité est une « Habitus Operativus Bonus », une bonne habitude opérationnelle, opposée au vice de l’orgueil (Habitus Operativus Malus). Dans le bouddhisme, elle est la reconnaissance de l’ignorance fondamentale (« je sais que je ne sais rien ») et un pas vers la libération de la souffrance. Le taoïsme la considère comme un état de grâce, un service désintéressé envers autrui. Confucius, quant à lui, plaçait le bien social au-dessus des aspirations individuelles, tandis que saint Thomas d’Aquin voyait dans l’humilité une porte ouverte à la grâce divine.

Mais qu’est-ce que l’humilité ? Dans le langage courant, on la décrit comme la capacité à agir avec bonté, sans orgueil, en reconnaissant ses faiblesses. Múnera Muñoz la définit comme une vertu d’équilibre, un état où l’individu se détache de l’ego pour se consacrer aux autres, sans chercher à se démarquer. C’est l’absence d’arrogance, le refus de juger, et une conscience aiguë de notre place dans l’univers. Comme le souligne Simone Weil, philosophe catholique, « la clé de la spiritualité dans les diverses occupations temporelles est l’humilité ». Cette vertu purifie l’âme en éliminant l’égoïsme et le désir de bénéfice personnel.

L’Humilité dans la Franc-maçonnerie : un pilier initiatique

La Franc-maçonnerie, en tant qu’ordre initiatique, place l’humilité au cœur de sa démarche. Contrairement à une religion, elle ne propose pas de dogmes, mais un cheminement symbolique et philosophique vers la vérité. Múnera Muñoz explique que la mission maçonnique est de « transcender la raison et ouvrir la conscience ». L’humilité, dans ce contexte, est la reconnaissance que l’ego – ce « moi » qui encombre l’esprit – doit être dépassé pour atteindre une conscience supérieure.

Le symbolisme maçonnique et l’humilité

Les rituels maçonniques, riches en symboles, invitent à l’introspection et à la modestie. Par exemple :

Cabinet de reflexion
  • Le cabinet de réflexion : Lors de l’initiation, le profane est confronté à sa propre mortalité et à ses limites, un exercice d’humilité qui le prépare à abandonner l’orgueil.
  • Le maillet et le ciseau : Ces outils symbolisent le travail sur soi, un labeur patient pour polir la « pierre brute » – l’ego – et atteindre la « pierre taillée », signe de perfection morale.
  • Le Grand Architecte de l’Univers : Ce concept, non dogmatique, invite à reconnaître une force supérieure, quelle que soit la croyance personnelle, favorisant une posture d’humilité face à l’inconnu.

L’humilité maçonnique se manifeste également dans la fraternité. Les maçons, qu’ils soient apprenants ou grands officiers, sont égaux dans la loge. Les titres et les distinctions mondaines s’effacent au profit d’une quête collective de lumière. Comme le dit Múnera Muñoz, l’humilité implique de « mettre de côté soi-même pour prendre soin des autres ».

Une vertu en action

En franc-maçonnerie, l’humilité n’est pas seulement une idée abstraite, mais une pratique quotidienne. Les maçons sont encouragés à servir leur communauté, à agir avec bienveillance et à cultiver la tempérance. Saint Thomas d’Aquin, dans sa Somme théologique, distingue l’humilité de la modestie : si la modestie est une retenue face aux passions, l’humilité est une disposition intérieure qui façonne notre relation à nous-mêmes et aux autres. Ainsi, un maçon humble ne se vante pas de ses vertus, et souvent, il ignore même qu’il agit humblement – une idée reprise dans le bouddhisme, où l’humilité émerge naturellement lorsqu’on abandonne les illusions de l’ego.

Perspectives multiculturelles sur l’humilité

L’humilité transcende les frontières culturelles et spirituelles, et la franc-maçonnerie, par son universalisme, s’enrichit de ces diverses visions :

  • Bouddhisme : L’humilité est un chemin vers le nirvana, une reconnaissance que toutes les ambitions égoïstes sont des illusions. Le maçon, comme le bouddhiste, apprend à se détacher pour atteindre la sagesse.
  • Christianisme : Pour saint Thomas d’Aquin, l’humilité est la base de toutes les vertus, car elle rend l’âme réceptive à la grâce. Cette idée trouve un écho dans la franc-maçonnerie, où l’humilité prépare à recevoir la lumière.
  • Taoïsme : L’humilité est un état de fluidité, un alignement avec le Tao. Le maçon, en cultivant la simplicité, s’approche de cet idéal.
  • Judaïsme : Le Rambam voyait dans l’humilité une vertu suprême, une idée qui résonne avec la quête maçonnique de vérité et de justice.

Ces perspectives convergent vers une idée commune : l’humilité est un acte de courage, une volonté de se confronter à ses limites pour grandir spirituellement.

L’humilité contre l’orgueil : Une dialectique spirituelle

Aristote

Múnera Muñoz oppose l’humilité à l’orgueil, qu’Aristote qualifiait de vice. L’orgueil, ou arrogance, est un obstacle à l’élévation spirituelle, car il enferme l’individu dans une illusion de supériorité. En franc-maçonnerie, cet orgueil est symboliquement « taillé » à travers les épreuves initiatiques. Comme le dit Miguel de Cervantès dans Le Colloque des chiens, « l’humilité est la base et le fondement de toutes les vertus, et sans elle, rien n’est ». Sans humilité, la justice, la charité ou la tempérance perdent leur sens, car elles risquent de servir l’ego plutôt que le bien commun.

Saint Thomas d’Aquin ajoute une nuance : l’humilité « réprime l’appétit afin que nous n’aspirions pas à de grandes choses sans d’abord considérer la juste raison ». Cette idée est particulièrement pertinente en franc-maçonnerie, où l’ambition personnelle doit s’effacer devant la quête collective de lumière. L’humilité maçonnique n’est pas une auto-abaissement, mais une reconnaissance lucide de notre place dans l’univers.

Enrichissements : L’humilité dans la pratique maçonnique moderne

Pour enrichir la réflexion de Múnera Muñoz, examinons comment l’humilité se manifeste dans la franc-maçonnerie contemporaine :

  • Éducation et mentorat : Les loges encouragent les apprenants à poser des questions et à apprendre des aînés, une démarche qui exige humilité et ouverture d’esprit.
  • Philanthropie : De nombreuses obédiences maçonniques soutiennent des causes humanitaires, souvent dans l’anonymat, incarnant l’idée de service désintéressé.
  • Dialogue interreligieux : La Franc-maçonnerie, en accueillant des membres de toutes croyances, favorise un dialogue humble, où chaque tradition est respectée sans prétention de supériorité.

Un exemple concret est celui des obédiences laïques, comme le Grand Orient de France, qui insistent sur la liberté de conscience tout en promouvant l’humilité comme un antidote à l’intolérance. Les obédiences plus spirituelles, comme la Grande Loge Unie d’Angleterre, intègrent l’humilité dans leurs rituels, rappelant aux maçons leur devoir de modestie face au Grand Architecte.

L’humilité, clé de l’éveil maçonnique

L’humilité, comme le souligne Mario Múnera Muñoz, est bien plus qu’une simple vertu : c’est une voie vers l’épanouissement spirituel, une boussole pour naviguer les mystères de l’existence. En franc-maçonnerie, elle guide le maçon dans son travail sur la pierre brute, l’invite à dépasser l’ego et à s’ouvrir à la lumière. Elle est, selon les mots de Cervantès, « le fondement de toutes les vertus », sans laquelle aucune quête spirituelle ne peut aboutir.

Que l’on soit maçon ou non, l’humilité nous enseigne une vérité universelle : en reconnaissant nos limites, nous nous rapprochons de la sagesse. Comme le dit le bouddhisme, l’humilité est la conscience du chemin à suivre. Pour le maçon, ce chemin est pavé de symboles, de rituels et de fraternité, mais il mène toujours à la même destination : une compréhension plus profonde de soi et de l’univers.

Fables Égyptiennes et Grecques de Dom Antoine-Joseph Pernety

L’ouvrage Fables Égyptiennes et Grecques Dévoilées & Réduites au Même Principe, avec une Explication des Hiéroglyphes, et de la Guerre de Troie est publié en 1786 par Dom Antoine-Joseph Pernety, un religieux bénédictin de la Congrégation de Saint-Maur, connu pour ses travaux érudits et son intérêt pour l’hermétisme. Pernety (1716-1796) est une figure singulière du XVIIIe siècle, à la croisée de la théologie, de l’érudition historique et de l’alchimie. Il est également l’auteur du Dictionnaire Mytho-Hermétique, publié en parallèle, qui complète cet ouvrage. Son travail s’inscrit dans une période où l’alchimie, bien que discréditée par les avancées scientifiques des Lumières, continue d’attirer des esprits curieux, notamment dans des cercles ésotériques.

Pernety se propose de décrypter les fables égyptiennes et grecques à travers le prisme de la philosophie hermétique, une tradition alchimique qui prétend révéler les secrets de la nature et de l’univers à travers des symboles et des allégories. Il s’appuie sur une longue lignée de penseurs hermétiques, d’Hermès Trismégiste à des figures médiévales comme Raymond Lulle ou Nicolas Flamel, pour soutenir que ces récits mythologiques ne sont pas de simples histoires, mais des codages complexes des principes alchimiques.

Structure de l’Ouvrage

L’ouvrage, dont le premier volume est ici analysé, est structuré en plusieurs parties distinctes, comme le montre la table des matières (pages 2 à 4) :

  1. Préface et Discours Préliminaire (pages 5-30) : Pernety expose sa démarche et défend la validité de la philosophie hermétique face aux préjugés de son époque. Il pose les bases de son interprétation allégorique des fables.
  2. Principes Généraux de Physique Hermétique (pages 31-121) : Cette section est une introduction théorique à l’alchimie, abordant des concepts fondamentaux comme la première matière, les éléments (terre, eau, air, feu), la lumière, l’humide radical, ou encore l’harmonie de l’univers. Pernety y détaille également les étapes de l’œuvre alchimique (calcination, solution, putréfaction, etc.) et les concepts clés comme l’élixir, la quintessence, ou la pierre philosophale.
  3. Les Fables et les Hiéroglyphes des Égyptiens (pages 122-227) : Pernety analyse les symboles égyptiens, les dieux (Osiris, Isis, Horus, Typhon, etc.), et les animaux sacrés (bœuf Apis, ibis, crocodile), en les interprétant comme des métaphores alchimiques. Il explore également les colonies égyptiennes et leur influence sur d’autres cultures.
  4. Allégories en Rapport avec l’Art Hermétique (pages 228-302) : Cette partie se concentre sur des récits mythologiques spécifiques, comme la quête de la Toison d’Or, les pommes des Hespérides, ou la fable de Midas, que Pernety interprète comme des descriptions codées des processus alchimiques. Il aborde aussi des concepts abstraits comme l’âge d’or et les pluies d’or, toujours dans une perspective hermétique.

Thèmes Principaux

  1. L’Interprétation Hermétique des Mythes
    Le cœur de l’ouvrage réside dans l’idée que les fables égyptiennes et grecques ne sont pas des récits historiques ou moraux, mais des allégories codées de l’alchimie. Pernety soutient que les anciens philosophes, comme Hermès Trismégiste, ont utilisé ces récits pour transmettre des connaissances secrètes sur la transformation de la matière et la quête de la pierre philosophale. Par exemple, dans le chapitre sur Midas (pages 288-294), il explique que la capacité de Midas à transformer tout en or symbolise la transmutation des métaux imparfaits en or par l’élixir alchimique. De même, les « pluies d’or » (pages 298-302) sont interprétées comme des métaphores de la circulation de la matière mercurielle dans le vase alchimique, un processus clé de l’œuvre.
  2. Défense de la Philosophie Hermétique
    Pernety consacre une large partie de son discours préliminaire (pages 9-30) à défendre la philosophie hermétique contre les critiques des Lumières. Il déplore l’ignorance et les préjugés qui, selon lui, ont discrédité cette science. Il oppose la « chymie vulgaire » (la chimie moderne de son époque, axée sur la destruction des composés naturels) à la « chymie hermétique », qui vise à perfectionner la nature en imitant ses procédés (pages 18-19). Il cite de nombreux auteurs anciens et médiévaux (Hermès, Geber, Raymond Lulle, etc.) pour prouver l’ancienneté et la cohérence des principes hermétiques, arguant que leur universalité à travers les cultures et les époques est une preuve de leur vérité.
  3. Critique des Interprétations Traditionnelles
    Pernety rejette les interprétations historiques ou morales des fables proposées par les mythologues de son temps, comme l’abbé Banier. Il argue que ces lectures échouent à saisir le sens profond des récits, qui réside dans leur dimension alchimique. Par exemple, il conteste l’idée que l’âge d’or (pages 294-298) soit une période historique réelle sous le règne de Saturne, et propose qu’il symbolise une phase de l’œuvre alchimique, la « noirceur » (associée à Saturne), qui marque le début de la transmutation.
  4. Symbolisme et Allégorie
    L’ouvrage est saturé de symbolisme alchimique. Les dieux, héros, et éléments naturels des fables sont systématiquement associés à des concepts alchimiques : Osiris et Bacchus représentent le soufre philosophique, Silène symbolise la matière première de l’œuvre, et les « pluies d’or » figurent la condensation et la circulation des vapeurs mercurielles. Pernety insiste sur la nécessité d’une lecture attentive et initiatique pour décoder ces allégories, un processus qu’il compare à une quête spirituelle.

Méthodologie et Style

Pernety adopte une approche systématique, combinant érudition classique et exégèse alchimique. Il cite abondamment des sources anciennes (Homère, Ovide, Hésiode) et médiévales (Geber, d’Espagnet, Philalèthe), ainsi que des textes hermétiques comme la Turba Philosophorum. Son style est dense et didactique, parfois aride, comme il le reconnaît lui-même (page 7), en raison de la nature technique de son sujet. Il s’adresse à un lectorat averti, prêt à s’immerger dans les énigmes de l’alchimie, et recommande la lecture de son Dictionnaire Mytho-Hermétique pour approfondir les explications.

Cependant, son ton est également polémique : il critique vivement les savants de son époque qui rejettent l’alchimie sans la comprendre, les accusant d’ignorance et de préjugés (pages 9-11). Il se positionne comme un défenseur d’une tradition ancienne et sacrée, qu’il juge malmenée par la modernité.

Forces et Limites

Forces :

  • L’érudition de Pernety est impressionnante. Il maîtrise les textes classiques et hermétiques, et son interprétation des fables offre une perspective originale qui enrichit la compréhension de ces récits.
  • Sa défense de la philosophie hermétique est passionnée et bien argumentée, offrant un contrepoint intéressant aux idées dominantes des Lumières.
  • L’ouvrage est une mine d’informations sur les symboles alchimiques et leur lien avec la mythologie, ce qui en fait une ressource précieuse pour les chercheurs intéressés par l’histoire de l’ésotérisme.

Limites :

  • La thèse centrale de Pernety, qui réduit toutes les fables à des allégories alchimiques, peut sembler réductrice. Elle ignore d’autres dimensions possibles (historiques, culturelles, religieuses) des récits mythologiques.
  • Son style, bien que rigoureux, manque parfois de clarté et peut rebuter un lectorat non initié à l’alchimie.
  • Certaines de ses interprétations paraissent arbitraires ou forcées, comme lorsqu’il associe le nom de Persée à un processus alchimique sans justification étymologique convaincante (page 302).
  • L’absence de preuves empiriques pour étayer ses affirmations sur la pierre philosophale ou la transmutation des métaux affaiblit son argumentation face à un lectorat sceptique.

Recension de l’Ouvrage

L’ouvrage Fables Égyptiennes et Grecques de Dom Antoine-Joseph Pernety, publié en 1786, est une œuvre ambitieuse et singulière qui cherche à réinterpréter les mythologies égyptienne et grecque à travers le prisme de la philosophie hermétique, une tradition alchimique visant à dévoiler les secrets de la nature et de la transmutation. Écrit par un religieux bénédictin érudit, cet ouvrage s’inscrit dans une période de transition intellectuelle, où les idées des Lumières commencent à marginaliser les sciences occultes comme l’alchimie, tout en suscitant un regain d’intérêt pour les traditions ésotériques dans certains cercles. Pernety, connu pour son érudition et son intérêt pour l’hermétisme, propose une lecture radicalement nouvelle des fables anciennes, affirmant qu’elles ne sont ni des récits historiques ni des leçons morales, mais des codages allégoriques des processus alchimiques.

Structure et Contenu

Le premier volume de l’ouvrage, qui nous est ici présenté, est divisé en plusieurs sections, chacune abordant un aspect spécifique de la thèse de Pernety. La préface (pages 5-8) et le discours préliminaire (pages 9-30) posent les bases de son projet. Pernety y défend la philosophie hermétique contre les critiques de son temps, qu’il juge ignorantes et biaisées. Il déplore le discrédit jeté sur l’alchimie, qu’il considère comme une science ancienne et universelle, pratiquée par des figures comme Hermès Trismégiste, Pythagore, ou Raymond Lulle. Il oppose la « chymie vulgaire », qui détruit les composés naturels, à la « chymie hermétique », qui imite la nature pour les perfectionner (pages 18-19).

La première partie technique (pages 31-121) est une introduction aux principes de la physique hermétique. Pernety y expose des concepts fondamentaux de l’alchimie : la première matière, les éléments (terre, eau, air, feu), la lumière, l’humide radical, ou encore les étapes de l’œuvre alchimique (calcination, solution, putréfaction, fermentation, etc.). Il décrit également des notions clés comme l’élixir, la quintessence, ou la pierre philosophale, qu’il présente comme des réalités tangibles, bien que codées sous des symboles. Cette section est dense et technique, mais elle est essentielle pour comprendre les interprétations qui suivent, car elle fournit le cadre conceptuel nécessaire pour décoder les fables.

La deuxième partie (pages 122-227) se concentre sur les hiéroglyphes et les fables égyptiennes. Pernety analyse les figures mythologiques comme Osiris, Isis, Horus, ou Typhon, ainsi que les animaux sacrés (bœuf Apis, ibis, crocodile), en les interprétant comme des métaphores alchimiques. Par exemple, Osiris est associé au soufre philosophique, tandis que les animaux sacrés symbolisent différentes étapes ou propriétés de la matière alchimique. Il explore également l’influence des colonies égyptiennes sur d’autres cultures, renforçant son idée que l’hermétisme est une tradition universelle.

La dernière partie (pages 228-302) traite de récits mythologiques spécifiques, comme la quête de la Toison d’Or, les pommes des Hespérides, ou la fable de Midas, que Pernety lit comme des allégories de l’œuvre alchimique. Le chapitre sur Midas (pages 288-294) est particulièrement révélateur de sa méthode : il interprète la capacité de Midas à transformer tout en or comme une métaphore de la transmutation des métaux imparfaits en or par l’élixir. De même, les « pluies d’or » (pages 298-302) sont vues comme une représentation de la circulation de la matière mercurielle dans le vase alchimique, un processus où les vapeurs se condensent et retombent sous forme de « pluie » pour nourrir la matière fixe.

Méthodologie et Approche

Pernety adopte une approche érudite et systématique, s’appuyant sur une vaste connaissance des textes classiques (Homère, Ovide, Hésiode) et hermétiques (Geber, d’Espagnet, Philalèthe, la Turba Philosophorum). Il cite également des auteurs plus récents, comme l’abbé Banier, pour critiquer les interprétations traditionnelles des fables, qu’il juge superficielles. Sa méthode consiste à associer chaque élément des récits mythologiques (dieux, héros, objets, phénomènes naturels) à un concept alchimique, en s’appuyant sur des correspondances symboliques et étymologiques, parfois audacieuses. Par exemple, il relie le nom de Silène à Séléné (la Lune) pour en faire un symbole de la matière première de l’alchimie (page 293), bien que cette étymologie soit discutable.

Son style est rigoureux mais aride, comme il le reconnaît lui-même (page 7), en raison de la nature technique et ésotérique de son sujet. Il s’adresse à un lectorat initié, prêt à s’immerger dans les énigmes de l’alchimie, et recommande la lecture de son Dictionnaire Mytho-Hermétique pour approfondir les explications. Cependant, son ton est également polémique : il critique vivement les savants de son époque qui rejettent l’alchimie sans la comprendre, les accusant d’ignorance et de préjugés (pages 9-11). Il se positionne comme un défenseur d’une tradition ancienne et sacrée, qu’il juge malmenée par la modernité.

Points Forts

L’érudition de Pernety est indéniable. Il maîtrise les textes classiques et hermétiques, et son interprétation des fables offre une perspective originale qui enrichit la compréhension de ces récits. Son ouvrage est une mine d’informations sur les symboles alchimiques et leur lien avec la mythologie, ce qui en fait une ressource précieuse pour les chercheurs intéressés par l’histoire de l’ésotérisme. De plus, sa défense passionnée de la philosophie hermétique offre un contrepoint intéressant aux idées dominantes des Lumières, montrant que l’alchimie, bien que marginalisée, continuait d’exercer une fascination au XVIIIe siècle.

Points Faibles

Cependant, l’ouvrage présente plusieurs limites. La thèse centrale de Pernety, qui réduit toutes les fables à des allégories alchimiques, peut sembler réductrice. Elle ignore d’autres dimensions possibles des récits mythologiques, comme leur contexte historique, culturel, ou religieux. Par exemple, sa lecture de l’âge d’or (pages 294-298) comme une métaphore de la « noirceur » alchimique néglige les interprétations littérales ou philosophiques qui voient dans ce mythe une réflexion sur un âge idéal de l’humanité. De plus, certaines de ses interprétations paraissent arbitraires ou forcées, comme lorsqu’il associe le nom de Persée à un processus alchimique sans justification étymologique convaincante (page 302).

Le style de Pernety, bien que rigoureux, manque parfois de clarté et peut rebuter un lectorat non initié à l’alchimie. Les concepts alchimiques qu’il emploie (soufre philosophique, mercure des sages, etc.) sont complexes et nécessitent une familiarité préalable avec l’hermétisme pour être pleinement compris. Enfin, l’absence de preuves empiriques pour étayer ses affirmations sur la pierre philosophale ou la transmutation des métaux affaiblit son argumentation face à un lectorat sceptique, en particulier à une époque où la chimie moderne, fondée sur l’expérimentation, commence à s’imposer.

Importance Historique et Réception

Fables Égyptiennes et Grecques s’inscrit dans une longue tradition d’interprétations ésotériques des mythes, qui remonte à l’Antiquité tardive et au Moyen Âge. Cependant, publié à la fin du XVIIIe siècle, l’ouvrage apparaît quelque peu anachronique face aux avancées scientifiques de l’époque, comme la chimie de Lavoisier, qui rejette les théories alchimiques. Il est probable que l’ouvrage ait été accueilli avec scepticisme par les savants des Lumières, qui voyaient dans l’alchimie une pseudo-science. Toutefois, il a dû trouver un écho auprès des cercles ésotériques et des amateurs d’hermétisme, qui continuaient à explorer ces traditions à l’écart des courants scientifiques dominants.

Aujourd’hui, l’ouvrage est principalement étudié pour sa valeur historique. Il offre un aperçu fascinant de la persistance des idées alchimiques à l’aube de la modernité, ainsi qu’une illustration de la manière dont les mythes antiques ont été réinterprétés à travers des cadres philosophiques alternatifs. Il est également une source précieuse pour les historiens de l’ésotérisme, car il documente les correspondances symboliques entre la mythologie et l’alchimie, un sujet qui continue d’intéresser les chercheurs.

Pour terminer…

Fables Égyptiennes et Grecques de Dom Antoine-Joseph Pernety est une œuvre érudite et ambitieuse, qui propose une lecture originale des mythologies égyptienne et grecque à travers le prisme de la philosophie hermétique. En interprétant les fables comme des allégories alchimiques, Pernety offre une perspective fascinante, bien que parfois réductrice, sur ces récits anciens. Malgré ses limites, notamment son style dense et ses interprétations parfois arbitraires, l’ouvrage reste une ressource précieuse pour comprendre la persistance des traditions ésotériques au XVIIIe siècle. Il témoigne de la tension entre les anciennes sciences occultes et les nouvelles sciences expérimentales, ainsi que de la fascination durable pour les mystères de l’alchimie et de la mythologie. Pour les lecteurs modernes, il constitue un voyage captivant dans un univers intellectuel où la frontière entre science, philosophie et spiritualité est encore floue.

« Diplôme ferroviaire » dans le nord du Delaware

De notre confrère par Christopher Hodapp

J’adore les diplômes maçonniques décernés dans des cadres insolites, et on en trouve partout dans le monde maçonnique. Mais pour ce vieux routier des musées ferroviaires, issu de mon adolescence (je suis devenu conducteur et mécanicien de locomotives à vapeur à 15 ans, avant même de pouvoir conduire une voiture), rien ne vaut le « Diplôme ferroviaire » de la Loge ionique 31, près de New Castle, dans le Delaware.

Depuis 2016, Ionic Lodge a lancé cette cérémonie unique de remise de diplômes en collaboration avec l’historique  Wilmington & Western Railroad .  Après un voyage en train pittoresque au cœur des bois, la cérémonie se déroule dans la vallée de Red Clay Creek/Brandywine, au nord du Delaware, dans une clairière tranquille au bord d’un ruisseau.

Selon le site web de la loge , le diplôme de chemin de fer est né de l’idée du pasteur Bill Held Jr., qui a contacté la direction de la compagnie ferroviaire pour la première fois en 2016. Les frères montent à bord du train à la gare de Greenbank pour un voyage pittoresque de 16 kilomètres au cœur des bois de la vallée de Brandywine. Les francs-maçons débarquent dans un endroit isolé, près de Red Clay Creek, spécialement aménagé pour la remise du diplôme de maître maçon en plein air.

Le site a été consacré conformément aux règles de la Grande Loge. Des chaises en bois ornées et un autel ont été fabriqués par l’ancien Grand Maître Dale Irwin. Des décorations uniques, ainsi que des outils et accessoires de la Loge, ont été créés à partir de lanternes, de piques et de heurtoirs de chemin de fer. L’événement a été annoncé par le bouche-à-oreille et sur les réseaux sociaux. Des chaises pliantes ont été apportées dans le train et installées pour les passagers.

Naturellement, ce ne serait pas une véritable fête maçonnique sans une épinglette commémorative, c’est pourquoi frère Fred Palmer a conçu une épinglette maçonnique spéciale et une chemise de golf pour l’événement.

Comme tant d’autres événements amusants, la pandémie de Covid a mis un terme à cet événement régulier pendant plusieurs années, mais le diplôme de chemin de fer est de retour cette année. Il aura lieu le samedi 3 mai, à partir de 8h00.  Le prix est de 40 $ et comprend le déjeuner, le trajet aller-retour en train et le diplôme de maître maçon. La journée se termine vers 16h00.

Pour plus d’informations et pour vous inscrire à cette expérience unique, visitez le site Web ICI.

Et oui, je suis tout à fait sérieux quand je dis que tout ce que j’avais besoin de savoir sur la vie, je l’ai appris sur le chemin de fer  quand j’étais adolescent. 

C’est moi à gauche avec le chapeau…

Publié par Christopher Hodapp le vendredi 11 avril 2025