sam 28 juin 2025 - 18:06

Le symbolisme de la plume : entre liberté et paradoxes

Un emblème chargé de significations

Depuis l’Antiquité, la plume est un symbole universellement associé à des valeurs profondes. Elle incarne la vérité dans l’Égypte ancienne avec Maât, l’honneur et la liberté pour les peuples amérindiens, et dans le christianisme, elle représente la pureté et la protection divine. Cette image de refuge et de guidance se retrouve notamment dans le Psaume 91:4, où Dieu « couvre de ses plumes » et offre ainsi une protection quasi maternelle.

Mais au-delà de ces connotations sacrées, la plume est aussi un instrument de communication et d’expression. À la fois canal entre le monde terrestre et spirituel dans les traditions chamaniques, elle devient également le symbole des écrivains, poètes et philosophes qui l’utilisent pour coucher leurs pensées sur le papier.

La plume et la franc-maçonnerie : un paradoxe d’expression

Bien que la plume ne soit pas un élément central des rituels maçonniques, elle incarne plusieurs valeurs propres à cette organisation : la quête de vérité, le savoir et la transmission des idées. Mais une ironie se dessine autour de cette liberté d’expression théorique.

Bien que la plume ne soit pas un élément central des rituels maçonniques, elle incarne plusieurs valeurs propres à cette organisation : la quête de vérité, le savoir et la transmission des idées. Mais une ironie se dessine autour de cette liberté d’expression théorique.

  1. La plume du sage, le silence des loges
    La franc-maçonnerie prône la réflexion et l’élévation intellectuelle, mais en même temps elle cultive le secret et la discrétion. Si la plume représente la connaissance, elle semble bien silencieuse dans un espace où le non-dit prime.
  2. Promesse d’ouverture vs réalité de la censure
    Les valeurs maçonniques célèbrent le dialogue et l’émancipation de la pensée. Pourtant, les membres doivent parfois s’adapter à une forme de conformité implicite. Écrire librement devient un exercice délicat lorsque l’encre est parfois indissociable de l’autocensure.
  3. Les rituels écrits, mais interdits à la lecture
    Parmi les plus grandes ironies, on trouve le paradoxe des textes maçonniques : soigneusement rédigés, mais jalousement protégés. Un effort littéraire déployé pour produire des documents que seuls quelques initiés auront le privilège de parcourir.
  4. Le pouvoir des mots dans un monde de gestes
    Dans la franc-maçonnerie, les gestes symboliques et les rites muets ont souvent plus d’importance que les discours écrits. Dans ce cadre, la plume perd de son éclat face aux actions silencieuses, soulevant la question : que vaut la parole dans un monde où tout se comprend sans mots ?
  5. La plume comme instrument de contrôle
    Bien que vue comme un symbole de liberté, la plume peut aussi être un outil de pouvoir. Certains écrits maçonniques orientent le discours et limitent la diversité des opinions, renforçant ainsi une forme d’exclusivité élitiste sous couvert de démocratie et d’égalité.

Le secrétaire et l’orateur : deux figures de l’écriture invisible

Le secrétaire : écrivain du mystère

Au cœur de cette mécanique, on trouve le secrétaire, véritable incarnation vivante du paradoxe de la plume. Son rôle est fondamental, mais souvent discret, tel un écrivain de l’ombre.

  • Auteur de manuscrits invisibles : Ses écrits doivent être précis et réfléchis, mais au final, peu nombreux seront ceux qui les liront.
  • Un chroniqueur sans lecteurs : Il documente les réunions, prend des notes cruciales… mais ces documents sont souvent consultés par un cercle restreint. Il pourrait aussi bien écrire dans le vide.
  • Le paradoxe du mot enchaîné : Ce qui est rédigé ne sera pas forcément partagé, et ce qui est partagé ne reflète pas toujours la totalité des échanges.
  • L’humour d’un rôle sérieux : Et si le secrétaire troquait parfois sa plume pour une plume d’oie, histoire de chatouiller ceux qui prennent les choses trop au sérieux ?

L’orateur : une plume sans plume, mais un écrivain sans papier

Si le secrétaire grave les mots dans les archives, l’orateur les sculpte dans l’air, composant une œuvre dont la seule trace est l’écho de sa voix.

  • Un écrivain sans brouillon : Contrairement au secrétaire qui peut réécrire, l’orateur doit être impeccable dès la première prise de parole. Sa plume est un acte instantané, sans filet ni retouche.
  • Le drame des discours éphémères : Il soigne son texte, cherche les mots les plus élégants, mais au final, son audience retiendra surtout la qualité de l’agape.
  • L’illusion de la liberté d’expression : Il semble libre de parler, mais entre les impératifs traditionnels et les attentes implicites, il jongle plus avec les non-dits qu’avec les vérités.
  • Un grand auteur… sans lecteurs : Son discours est magnifique, vibrant d’intelligence… mais personne ne le relira jamais. Il est un dramaturge qui ne laisse aucune trace matérielle.
  • L’homme qui écrit dans l’air : Si le secrétaire possède une plume, l’orateur, lui, écrit directement dans le vent. Son art réside dans l’instant, et peut-être que c’est là la plus grande liberté : celle de ne jamais être enfermé dans l’encre et le papier.
Icare et Dédale, par Charles Paul Landon (1799) au musée des beaux-arts et de la dentelle.

La plume d’Icare et la plume d’Hermès : sagesse ou farce ?

L’histoire d’Icare nous rappelle que la quête du savoir et de l’élévation est précieuse, mais l’excès peut être fatal. Peut-être pourrait-on voir en lui le secrétaire trop audacieux, écrivant des vérités qui ne devraient pas être couchées sur le papier… ou l’orateur trop passionné, s’emportant dans des discours flamboyants sans penser aux conséquences.

Quant à Hermès, dieu des messagers et des voleurs, il serait un secrétaire rédigeant des textes énigmatiques ou un orateur captivant son auditoire sans jamais tout dévoiler. Sa plume est celle du mystère, celle qui écrit sans jamais être totalement comprise.

Conclusion :

Ainsi, la plume, censée incarner la liberté d’expression et la sagesse, se retrouve dans un paradoxe maçonnique où elle oscille entre un symbole d’ouverture et un instrument de contrôle. Et au centre de ce paradoxe, le secrétaire, écrivain du mystère, l’orateur, poète sans traces, Icare, rêveur trop ambitieux, et Hermès, maître du double sens… Quatre figures fascinantes, unies par une même mission : écrire sans toujours être lus, dire sans jamais totalement être entendus… et pourtant, influencer bien plus qu’on ne le pense.

Mais au fond… ne serait-ce pas là une farce symbolique de la plume elle-même ? Elle nous promet la vérité, mais ne livre que des fragments. Elle semble offrir la liberté, mais pose des limites. Elle donne du pouvoir, mais jamais sans ironie. Et peut-être que dans cette danse entre écriture, parole et silence, c’est la plume qui mène réellement le jeu, laissant chacun croire qu’il en est le maître… alors qu’il n’en est que le serviteur.

P.S. : Considérez, mes frères et sœurs, cette plume, humble mais puissante, comme un symbole dans notre quête de vérité. Chaque fois qu’elle s’égare sur la page, elle prononce à voix basse : « Que ce qui est écrit soit toujours sous l’œil vigilant du Grand Architecte de l’Univers ! » Et dans son élan créatif, elle murmure à l’encre : « Que chaque mot soit sculpté avec soin, comme une pierre taillée, car même les lettres doivent se conformer à l’harmonie des angles et des lignes. » Ainsi, lorsque vous la saisissez, rappelez-vous : chaque phrase est un acte de fraternité, et chaque essor de l’encre, un hommage à nos rituels sacrés. Que l’écriture soit la lumière guidant nos pensées, comme les étoiles dans le ciel nocturne des Initiés !

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Gérard Lefèvre
Gérard Lefèvre
En parlant de plume, savez- vous que l’expression “être léger comme une plume” signifie ne pas peser plus lourd qu’une plume et pouvoir soulever quelqu’un ou quelque chose avec une grande facilité? C’est une belle métaphore pour exprimer la légèreté et la facilité. Et puis, être une plume peut aussi signifier autre chose. On n’est pas seulement « plume », on est « plume de… ». Parfois, on propose à quelqu’un qui a une audience, un public, et pas forcément le temps, ou parfois pas forcément la compétence d’écrire pour être compris et convaincant à l’oral. C’est un peu comme être un “nègre”, donc… Alors, que choisir? Être ou ne pas être une plume ? Gérard Lefèvre Orient de Perpignan

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