Alors que les relations historiques entre la France et les nations africaines traversent une période de profondes mutations, une conférence publique d’envergure se profile à l’horizon. Organisée par l’Association des Loges, l’événement intitulé « L’Afrique et la France à la croisée des chemins : un dialogue essentiel pour repenser les relations franco-africaines », se tiendra le mercredi 2 juillet 2025, de 19h à 21h30, à l’Hôtel du Grand Orient de France, 16 rue Cadet, Paris 9e.
Fort du succès de la conférence du 31 mai 2025 sur la paix et la souveraineté en République Démocratique du Congo, cet événement promet d’être un moment clé de réflexion citoyenne et géopolitique, ouvert à tous et enrichi par la participation de figures majeures. Simplice Ongui, directeur de publication d’Afriqu’Essor Magazine, invite à cette rencontre historique sous le thème « Héritages encombrants, futurs incertains : que veulent l’Afrique et la France ? » (http://www.afriquessor.com/conference-publique-a-paris-mercredi-2-juillet-2025-lafrique-et-la-france-a-la-croisee-des-chemins-un-dialogue-essentiel-pour-repenser-les-relations-franco-africai/).
Un Tournant Historique à Réinventer
Les liens entre la France et l’Afrique, forgés par des siècles de colonisation, d’indépendances formelles et de la nébuleuse « Françafrique », sont aujourd’hui à un carrefour. En Afrique francophone – du Sahel aux Grands Lacs –, des mouvements populaires exigent une rupture avec les réseaux d’influence opaque, les ingérences économiques et les déséquilibres hérités. La jeunesse africaine, moteur de ces revendications, appelle à des relations fondées sur la transparence, la réciprocité et la dignité, tandis que la fermeture de bases militaires à Niamey, Bamako ou Ouagadougou symbolise un retrait progressif de la présence française traditionnelle.
De son côté, la France, confrontée à une perte d’influence face à la Chine, la Russie ou la Turquie, tente de redéfinir son rôle. Les discours autocritiques de certains responsables et les initiatives de partenariats « à hauteur d’hommes » marquent une évolution, mais peinent encore à répondre aux aspirations populaires. Cette conférence se veut un espace pour interroger ce moment charnière, dépassant les postures diplomatiques pour poser des questions fondamentales : Quelle présence pour la France demain ? Quelle souveraineté pour les nations africaines ? Quels partenariats équitables pour l’avenir ?
Trois Axes de Réflexion pour un Dialogue Nouveau
Quelle Présence pour la France Demain ?
Depuis les indépendances des années 1960, la présence française en Afrique a oscillé entre soutien militaire à des régimes alliés, contrôle de ressources stratégiques et rayonnement culturel via la francophonie. Cette emprise, autrefois perçue comme légitime, est aujourd’hui contestée par des expulsions d’ambassadeurs et des critiques acerbes. Pour être crédible, une nouvelle présence française doit s’appuyer sur la confiance, la transparence et une modestie rare, passant d’une logique de domination à celle d’une coexistence respectueuse.
Quelle Souveraineté pour les Nations Africaines ?
La souveraineté africaine, revendiquée sur les plans politique, économique et culturel, reste entravée par des héritages coloniaux – infrastructures, systèmes financiers comme le franc CFA, dépendances sécuritaires. Réaffirmer cette souveraineté nécessite de prioriser les besoins locaux, de libérer les institutions des influences externes et de coordonner des politiques régionales. Les intellectuels, les femmes, les jeunes et les diasporas joueront un rôle clé dans l’émergence d’une souveraineté populaire et durable.
Quels Partenariats Équitables pour l’Avenir ?
Les modèles de coopération passés, souvent marqués par des « aides » aliénantes et des contrats avantageux pour les entreprises étrangères, doivent céder la place à des partenariats équilibrés. Éducation, transition énergétique, innovation technologique et gestion des ressources naturelles pourraient devenir des axes de co-développement, où la France, avec ses diasporas dynamiques et ses valeurs républicaines, agirait en allié plutôt qu’en tuteur.
Des Intervenants d’Exception
Jean-Marie Bockel : Une Voix pour la Rupture

Figure du réformisme républicain, Jean-Marie Bockel a marqué l’histoire en 2008 en déclarant dans Le Monde : « La Françafrique est morte. » Cette prise de position, choc dans les cercles politiques, lui valut un rapide départ de son poste de secrétaire d’État à la Coopération. Dix-sept ans plus tard, auteur du rapport présidentiel sur la redéfinition de la présence française en Afrique, il revient avec une vision lucide. Lors de la conférence, il proposera un bilan critique, des pistes concrètes pour un partenariat respectueux et une réflexion sur les défis communs, loin des leçons magistrales, en témoin engagé d’une transition historique.
Robert Bourgi : Le Témoin de l’Ombre

Symbole des réseaux françafricains, Robert Bourgi, juriste et conseiller discret de chefs d’État africains et français, incarne un héritage controversé. Son livre Ils savent que je sais tout : Ma vie en Françafrique (25 septembre 2024) dévoile les coulisses de ses missions avec Chirac et Sarkozy, assumant son rôle de « facilitateur politique ». Bien qu’absent en tant qu’intervenant, son spectre planera sur les débats, alimentant les questions sur les pratiques passées et leur persistance.
Niagalé Bagayoko : Une Modération Ancrée en Afrique

Spécialiste de la sécurité et de la gouvernance, Niagalé Bagayoko, présidente de l’African Security Sector Network (ASSN) depuis 2011, apportera une rigueur académique et une perspective africaine. Diplômée de Sciences Po et docteure de Paris 1, elle a enseigné à Abidjan et collaboré avec des organisations internationales. Sa modération inclusive promet un débat pluriel, où les voix citoyennes – jeunes, femmes, diasporas – trouveront une place centrale.

Nicolas Penin : L’Engagement Maçonnique
La conférence sera ouverte par Nicolas Penin, Grand Maître du Grand Orient de France, qui rappellera l’engagement citoyen, humaniste et fraternel de la maçonnerie dans cette refondation des relations entre les peuples.
Un Appel à Toutes les Consciences
Cet événement, gratuit mais sur inscription obligatoire, s’adresse à un large public : chercheurs, associatifs, étudiants, maçons et citoyens. Il ne s’agit pas de juger le passé, mais de co-construire un avenir post-Françafrique, juste et fraternel. Réservez votre place dès maintenant pour participer à ce dialogue essentiel.
Informations pratiques :
- Date : Mercredi 2 juillet 2025
- Heure : 19h – 21h30
- Lieu : Hôtel du Grand Orient de France, 16 rue Cadet, 75009 Paris
- Contact : osimgil@yahoo.co.uk
Simplice Ongui, en cette veille de solstice d’été 2025, vous convie à écrire ensemble une nouvelle page d’histoire.