jeu 21 novembre 2024 - 18:11

Mieux vaut en rire !

Le rire, propre de l’homme, reste sous bien des aspects, un mystère ! Si nous sommes des êtres « désirants », nous sommes également des « riants ». Quelle fut l’intention du Grand Architecte de l’Univers, en l’occurrence un tantinet farceur, qui nous a dotés de la faculté de rire, et même de sourire ? Seule chose certaine, l’homo sapiens sapiens est le seul animal « rieur ».

Incontestablement, le rire, à la fois langage et manifestation physique extérieure qui ouvre les traits du visage et découvre les dents, dilate et illumine les yeux, déride le front et empourpre les joues, est bien de l’ordre du plaisir : il indique, sans paroles mais avec des sons spécifiques, une satisfaction interne, une forme de bonheur momentané, qui invite les autres à rire à leur tour. Le rire est communicatif, donc il est communication. En voyant rire quelqu’un, nous comprenons, nous ressentons son état d’âme : il est dans la joie, l’une des quatre émotions fondamentales (joie, peur, colère, tristesse).

Le rire a aussi cette faculté de « désarmer » à la fois le rieur et ses spectateurs, sur le champ contaminé, parce que le rire est contagieux ! Il fait tomber les défenses, apaise, « désangoisse » même, en nous ramenant à l’allégresse et l’innocence de l’enfant.

Gaulois modernes

A noter que le verbe rire est issu du latin ridere (se moquer), qui a donné « ridicule » (ce qui provoque le rire), mais aussi le désuet ris, après risée et risette, risible. Et encore risorius qui désigne un muscle labial. Il est amusant de remarquer que le verbe rigoler s’est formé en français. Puis, nous autres gaulois avons introduit dans notre langue dérision et dérisoire, pour évoquer la moquerie précitée. Créatifs s’il en est, nous avons également inventé ricaner et rictus, inaugurant ainsi une nouvelle famille étymologique.

Mais revenons à la notion de plaisir, caractéristique du rire. Curieusement, notre maître d’école nous a souvent empêché de rire en classe… raison même pour transgresser l’interdit, et pouffer à gorge déployée derrière nos cahiers ! De plus, ne nous le cachons pas, le rire est aussi lié au sexe. Celui-ci, en dehors de sa consommation, provoque toujours le rire au café du commerce, ou ailleurs (que ledit rire soit fin, gras, nerveux, sous cape, etc.) en forme, évidemment, de gauloiseries. Depuis toujours, l’homme qui courtise une femme utilise le rire, l’humour, la plaisanterie, car il sait « qu’une femme qui rit est sur le chemin du lit ». De la sorte, la religion ne peut permettre le rire (qui est en soi licence), en tout cas, elle recommande le rire discret ! « L’insensé donne de la voix quand il rit, c’est à peine tout bas que rit l’homme sage ! » dit l’ancien testament. Pour sa part, le nouveau testament est carrément menaçant devant le rire : « Malheureux, vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et dans les larmes ! » Et ce n’est pas pour rien que Clément d’Alexandrie, écrivant à son disciple Origène, dit « Rire et faire rire ne convient guère à des chrétiens ».

Il est amusant de noter que Jésus, lui, ne s’est jamais privé de rire, et pas gêné pour le recommander à ses disciples !

Nous-mêmes, francs-maçons, n’ignorons pas que le rire est très souvent en loge un outil « de bonne tenue ». En tout cas, une chose est sûre aujourd’hui, c’est que le rire est excellent pour la santé. La médecine a récemment découvert qu’une succession d’éclats de rire et même les fous-rires, déclenchent dans l’organisme une sécrétion d’endomorphines qui détendent le système musculaire, provoquent un bien être général et même apaisent la douleur ! Qui dit mieux ?!

Nous serons ainsi d’accord avec Chamfort, quand il dit : « La plus perdue de toutes les journées est celle où l’on a pas ri! »

Force est de constater toutefois, nous le disions d’entrée, que le rire n’a pas encore livré tous ses secrets ! Si finalement il rapproche les hommes, credo même de l’Art Royal, ne reste-t-il à découvrir, question lancinante…pourquoi rit-on lorsqu’on nous chatouille ?

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Gilbert Garibal
Gilbert Garibal
Gilbert Garibal, docteur en philosophie, psychosociologue et ancien psychanalyste en milieu hospitalier, est spécialisé dans l'écriture d'ouvrages pratiques sur le développement personnel, les faits de société et la franc-maçonnerie ( parus, entre autres, chez Marabout, Hachette, De Vecchi, Dangles, Dervy, Grancher, Numérilivre, Cosmogone), Il a écrit une trentaine d’ouvrages dont une quinzaine sur la franc-maçonnerie. Ses deux livres maçonniques récents sont : Une traversée de l’Art Royal ( Numérilivre - 2022) et La Franc-maçonnerie, une école de vie à découvrir (Cosmogone-2023).

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