ven 22 novembre 2024 - 18:11

13/08/1940 : De sinistre mémoire pour la Franc-maçonnerie

Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, la Franc-Maçonnerie subit l’épreuve la plus tragique de son histoire. Une des premières lois du gouvernement de Vichy, celle du 13 août 1940, légifère sur le sort du patrimoine des sociétés secrètes… Souvenons-nous.

Quelques dates… Pour ne jamais oublier !

Les décrets funestes des années de ténèbres

Le 13 août 1940 : loi portant interdiction des associations secrètes et obligeant les fonctionnaires et agents de l’Etat à souscrire une déclaration à leur sujet.

Ce même jour, dans un message aux Français, le maréchal Pétain annonce la mise en œuvre de la « Révolution Nationale ».

L’appareil répressif d’État est renforcé. Les pouvoirs des préfets sont accrus, la police renforcée et épurée. Des services parallèles sont créés comme les « groupes de protection » puis au printemps 1941, le Service d’Ordre Légionnaire, chargé de lutter contre l’ennemi intérieur.

Ce n’est pas une doctrine cohérente, mais un ensemble de tendances exprimées par le maréchal Pétain dans une série de discours. Après le choc de 1940, suivant la crise des années 30, un ardent désir de « régénération », de redressement, apparaît dans la classe politique française, d’autant mieux accepté que la popularité du maréchal est indéniable dans les années 1940/41. Axée sur des principes de base chrétiens, elle sera influencée par de nombreux courants de droite et d’extrême droite.

Le 19 août 1940 : décret constatant la nullité des associations « La Grande Loge de France » et « Le Grand Orient de France »

Le 11 août 1941 : loi sur les sociétés secrètes, ordonnant la publication au Journal officiel des noms des anciens dignitaires et leur interdisant l’accès et l’exercice des fonctions et mandats énumérés à l’article 2 de la loi du 2/6/1941 portant sur le statut des Juifs.

12 août : décret portant dérogation sur la rupture de M. Marcel Peyrouton (1887-1983) avec la franc-maçonnerie dès 1934 (M. Peyrouton a été ministre de l’Intérieur du 5 septembre 1940 au 25 février 1941).

Discours de Pétain annonçant qu’il faut détruire le complot maçonnique.

17 septembre : décret chargeant M. Bernard Faÿ (1893-1978), universitaire, professeur au Collège de France, administrateur et écrivain, de rechercher, réunir, conserver et éditer tous les documents maçonniques en vue de l’application de la loi du 11 août 1941.

Fichier antimaçonnique de Vichy.

Rappelons aussi, à compter du 30 octobre 1940, l’exposition maçonnique au Petit Palais (Journal Les Actualités Mondiales), qui s’est tenue à Paris en octobre et novembre 1940. Sur le site de l’INA : https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/afe85000145/exposition-maconnique-au-petit-palais

Sans compter le film Forces occultes, commandité en 1942 par le service de propagande nazie du commandement militaire allemand en zone occupée en France – sortie initiale le 10/03/1943.

Il raconte la vie d’un député qui se joint au Grand Orient de France, influent ordre franc-maçon, afin de relancer sa carrière. Il se confronte alors avec la corruption et les scandales politiques du moment et constate ensuite que les francs-maçons conspirent avec les Juifs et les Anglo-américains pour entraîner la France dans une guerre contre l’Allemagne. Le film complet https://www.youtube.com/watch?v=StoiWZgOorI

Au cours de l’occupation allemande de la France (1940-1944), le régime de Vichy fit établir une liste de 170 000 de « suspects établis » dont 60 000 fiches de Francs-Maçons, parmi lesquels 989 furent envoyés dans les camps de concentration et 549 furent exécutés ou morts en déportation. Les autorités vichystes promulguèrent une loi obligeant les Francs-Maçons à déclarer leur appartenance. Près de 3 000 Francs-Maçons furent révoqués et perdirent leur travail. Parmi les victimes, la majorité des Francs-Maçons fut tourmentée pour activités résistantes. D’autres furent persécutés en raison de leurs croyances. Quelques-uns, la minorité, furent martyrisés pour leur appartenance à la Franc-Maçonnerie. Nous sommes bien conscients qu’il y eut bien d’autres personnes victimes de la barbarie. Un bien triste bilan approximatif du Service des sociétés secrètes…

Photos ©YG (exposition La franc-maçonnerie à la BnF, 2016)

Affiche de propagande par Vénabert, dessinateur, 1942

3 Commentaires

  1. Pour comprendre l’hystérie antimaçonnique de Pétain, il faut savoir qu’il était un des jeunes officiers visés par l’affaire des fiches du Grand Orient de France au motif de leurs convictions religieuses.
    Cette affaire a considérablement terni l’image de la franc-maçonnerie et l’anticléricalisme du GO a nui à l’ensemble des maçons de toutes obédiences.

  2. Il me semble que c est trop facile de dire c est les alkemands qui sont responsables sous l heure d ete des vaincus de 1945

    Forces occultes est un film français de Paul Riche (pseudonyme de Jean Mamy), présenté le 9 mars 1943 au public parisien. Il s’agit du dernier film de ce réalisateur, un moyen métrage de propagande antimaçonnique qui, dans l’esprit du Régime de Vichy, consiste en une dénonciation virulente de la franc-maçonnerie, du parlementarisme et des juifs. Ce film cherchait à accréditer la thèse d’un prétendu complot judéo-maçonnique ; il avait été commandé en 1942 par la Propaganda Abteilung, délégation du ministère de la Propagande du Troisième Reich dans la France occupée.
    Fiche technique
    Titre : Forces occultes
    Sous-titre : «Les mystères de la Franc-maçonnerie dévoilés pour la première fois à l’écran»
    Langue : Français
    Réalisation : Jean Mamy
    Scénario : Jean Marquès-Rivière
    Tournage : Marcel Lucien
    Décors : Mary
    Son : Mono, par L. Lacharmoise
    Musique : Jean Martinon
    Production : Robert Muzard
    Distribution : Nova films
    Longueur : 43 min.
    Lieu du tournage : France
    Pellicule : Noir et blanc
    Date de sortie : 10 mars 1943
    Genre : Drame
    Interprétation
    Maurice Rémy : Pierre Avenel
    Marcel Vibert
    Auguste Boverio : Bovério
    Gisèle Parry : Madame Avenel
    Léonce Corne
    Pierre Darteuil
    Marcel Raine
    Louise Flavie
    Simone Arys
    Colette Darfeuil
    Henri Valbel

    Forces occultes (propagande de Vichy)
    Film de propagande antimaçonnique, réalisé en 1943 par Paul Riche, sur un scénario de Jean Marquès-Rivière, à la demande du gouvernement de Vichy et de l’autorité allemande d’occupation.
    Le film raconte la vie d’un jeune député qui se joint aux francs-maçons afin de relancer sa carrière. Il constate alors que les francs-maçons conspirent avec les Juifs pour encourager la France dans une guerre contre l’Allemagne.
    En 1943, le film « Forces occultes » sort sur les écrans. Le scénario de ce moyen-métrage de cinquante minutes a été réalisé par deux ex-frère : Jean Marquès-Rivière et Jean Mamy (sous le pseudonyme de Paul Riche).
    Ces hommes se sont tournés du côté des nazis dès 1941 et se sont dépensés sans compter pour éliminer toute résistance au régime de Vichy.
    Il vilipenda les Juifs et les francs-maçons dans des termes odieux : “Il est pitoyable que la mémoire si courte des Français leur ait déjà fait oublier les causes profondes de la situation présente.
    Car, enfin, qui dirigeait le régime pourri qui a ruiné et ensanglanté la France, qui en formait les cadres permanents et reconnus, sinon la Maçonnerie, paravent commode de la juiverie internationale ?”
    Tant de haine jeté sur les francs-maçons ne fut pas sans conséquence. Le bilan des persécutions est lourd car sur les soixante-mille frères et sœurs recensés par la police de Vichy, six mille ont été inquiétés et près de mille ont été déportés dans les camps de concentration.
    Les francs-maçons ne restèrent pas passifs pour autant puisqu’ ils créèrent un réseau de résistance intitulé : Patriam Recuperare et un journal clandestin : La Nouvelle République.
    Marquès-Rivière fuit la France dès la fin de la guerre sentant que ses positions ne lui éviteraient pas la peine capitale.
    À la Libération, Jean Marquès-Rivière, Robert Muzard et Jean Mamy furent épurés pour collaboration avec l’ennemi.
    Le 25 novembre 1945, Muzard fut condamné à trois ans de prison.
    Marquès-Rivière, qui s’était exilé, fut condamné à mort par contumace et à la dégradation nationale.
    Jean Mamy – qui avait également été journaliste à L’Appel de Pierre Constantini (leader de la Ligue française d’épuration, d’entraide sociale et de collaboration européenne) et au journal collaborationniste Au pilori
    fut condamné à mort et exécuté à la forteresse de Montrouge le 29 mars 1949.

  3. Alors je vais oser parler et dire et je ne me taierai pas…… quels reproches ?….. Eh bien on est fatigué de vos secrets ayez le courage et vous devriez avoir le droit de dire je suis Franc-maçon comme celui qui dit je suis chrétien je suis musulman boudhiste etc….. Afficher est-ce un mal….. Vos secrets pèsent lourds sur la société….. Si vraiment Lumière il y a venez nous en faire profiter….. C’est la recherche de toute éternité….. Recherches des Dieux dans la mythologie et recherche de Dieu dans le monothéisme…… L’homme cherche son protecteur…. Je vous reproche que si il y a AMOUR alors venez nous le dire venez sortez de vos bulles renfermées dans le secret et venez nous donner les clefs du bonheur car je vois que nous sommes comme abandonnés à nous mêmes exapérés par toutes ces sectes qui nous emmènent à nos pertes trop souvent…..

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Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti, fut le directeur de la rédaction de 450.fm de sa création jusqu'en septembre 2024. Il est chroniqueur littéraire, membre du bureau de l'Institut Maçonnique de France, médiateur culturel au musée de la franc-maçonnerie et auteur de plusieurs ouvrages maçonniques. Il contribue à des revues telles que « La Chaîne d’Union » du Grand Orient de France, « Chemins de traverse » de la Fédération française de l’Ordre Mixte International Le Droit Humain, et « Le Compagnonnage » de l’Union Compagnonnique. Il a également été commissaire général des Estivales Maçonniques en Pays de Luchon, qu'il a initiées.

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