dim 21 décembre 2025 - 16:12
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Une exploration mystique de la quadrature du cercle

Le mystère du mouvement créateur

La vérité géométrique ne se mesure pas, mais se découvre dans le cœur en mouvement.

À cette œuvre symbolique déjà magnifiquement esquissée par d'autres, je viens ajouter ma pierre à l'édifice.

Depuis les origines de la pensée symbolique, la quadrature du cercle fascine autant qu’elle interroge. Énigme mathématique, défi géométrique, mais surtout symbole mystique majeur, elle ouvre une porte secrète entre la Terre et le Ciel, entre la forme et le sens, entre l’homme et le divin.

Car résoudre cette quadrature, ce n’est pas plier l’univers à des lois rigides, mais percevoir le mouvement caché au cœur des formes.

Le Carré

Le carré, figure stable et immobile, est le premier socle sur lequel s’élève toute construction, matérielle comme spirituelle. Par ses quatre côtés égaux et ses angles droits, il manifeste la loi de l’équilibre, de la mesure, de la structure. Il est la forme géométrique de la Terre, du bâti, de ce qui repose et porte.

Dans toutes les traditions, le carré est le fondement de l’univers visible, le symbole des quatre piliers du monde. Il évoque à la fois l’ordre de la nature et celui de l’homme incarné :

Les quatre éléments : Terre (la forme), Eau (la vie), Air (le souffle), Feu (l’être).

Les quatre directions cardinales : Est, Sud, Ouest, Nord, qui définissent l’espace sacré du temple intérieur.

Les quatre phases du cycle : naissance, croissance, maturité, mort, ou plutôt transformation.

Les quatre lettres du Nom sacré (Yod-He-Vav-He) dans leur carré d’incarnation.

Et surtout, le carré peut être lu comme l’expression des quatre dimensions de l’Être humain :

  • Corpus, le corps, matière incarnée, temple vivant.
  • Animus, l’âme affective, le souffle des émotions.
  • Spiritus, l’esprit pensant, le feu des idées et de la volonté.
  • Essen, l’essence, le germe divin, ce qui relie l’homme à la Source.

Ce carré est donc l’image complète de l’homme en son état terrestre, incarné mais encore fragmenté, structuré mais non unifié.

Mais tant que ce carré reste figé, il est matière sans esprit, structure sans vie, ordre sans souffle. Il est le temple sans lumière, l’édifice construit selon les mesures, mais où rien ne chante.

Il est l’homme qui vit sans centre, sans verticalité, sans appel vers l’Un.

L’édifice est là, mais le verbe n’a pas encore été prononcé.

Or, tout change lorsque l’on cherche le centre du carré.

Ce centre caché, invisible mais essentiel, est le lieu du retournement. Il est le cinquième point, la quintessence, l’étoile au milieu de la croix.

Il est ce que le Tao appelle le Non-agir au cœur de l’action, ce que le kabbaliste nomme Tipheret au centre des six directions, ce que l’alchimiste appelle l’Œuf philosophique, où tout est contenu en puissance.

Trouver ce centre, c’est se souvenir que la matière n’est pas une prison, mais un réceptacle. Que la structure n’est pas une fin, mais un support pour l’Esprit.

Et lorsque ce centre est éveillé, une force silencieuse se déploie : le carré entre en mouvement, et dans cette danse sacrée autour de son propre cœur, il devient cercle vivant.

La matière s’anime.
Le temple devient une spirale.
Le monde devient verbe.

Car au cœur du carré, se cache un point invisible : la Quintessence, l’Éther, le germe de vie, le Souffle créateur.

Et si l’on met le carré en rotation autour de ce centre, alors… il devient cercle.

Du Carré au Cercle

Lorsque l’homme découvre le centre caché en lui, ce point immobile autour duquel tout peut tourner sans se perdre, une métamorphose devient possible.

Le carré, jusque-là figé dans sa stabilité rigide, se met en mouvement. Il ne se détruit pas, il s’ouvre. Il ne renie pas sa structure, mais la transfigure.

Car c’est le mouvement qui engendre la vie.
Et c’est autour du centre, non contre lui, que cette vie devient Création.

Le carré qui tourne devient cercle : non plus limite, mais rayonnement. Non plus séparation des bords, mais unité centrée.

Le Cercle

Le cercle est la figure par excellence de l’infini, du Ciel, du temps cosmique et de la loi divine. Il est le retour perpétuel au Centre, le flux éternel, la sphère du Soi accompli.

Lorsqu’il naît du carré en mouvement, ce cercle n’est pas un simple contour : il est la danse de l’Être autour de son Essence. Il symbolise l’homme qui a reconnu la lumière en lui et qui fait de sa vie un rayonnement à partir de ce foyer.

Ainsi, la quadrature du cercle ne se résout pas par des instruments de géométrie, elle se résout par la Vie.
C’est la Vie, en tant que souffle, mouvement, rythme, circulation, qui permet à la forme de s’ouvrir au sens, à la matière d’accueillir l’esprit.

Le carré est le monde.
Le centre est l’âme.
Le mouvement est la vie.
Le cercle est la création accomplie.

L’homme qui vit selon cette dynamique devient le trait d’union entre l’infini et le fini. Il marche sur la Terre, mais son cœur bat au rythme du Ciel. Il est Temple en mouvement, axe vivant entre haut et bas, vertical dans l’horizontalité.

Le passage du carré au cercle est plus qu’un symbole : c’est une invitation spirituelle.

Nous sommes tous nés carrés : avec des formes, des rôles, des limites, des peurs.
Mais nous sommes appelés à devenir cercles : vivants, vibrants, ouverts, reliés.

Et ce passage n’est pas une fuite hors de la matière :

C’est la mise en mouvement de l’Esprit dans la forme,
C’est la musique silencieuse qui fait vibrer la géométrie,
C’est la danse de l’âme autour de sa Source.

Ne cherche pas à enfermer le Divin dans la forme.
Fais de ta forme une offrande vivante autour du Centre.
Et tu verras que le carré devient cercle,
Que la matière devient lumière,
Et que le monde devient Verbe.

La Création

Au cœur du mystère de l’Être, l’homme est semblable au carré : une structure précise, polarisée, ancrée dans la densité du monde manifesté. Il est limité par les frontières de sa chair, par les lois du temps, de la gravité, de la dualité. Il vit dans l’espace quadrillé de ses habitudes, de ses croyances, de ses peurs.

Et pourtant… Quelque chose en lui se souvient du cercle.

Ce souvenir prend la forme d’une aspiration, d’un manque, d’une blessure parfois. L’homme sent confusément qu’il n’est pas complet. Il pressent qu’au centre de sa géométrie figée, se cache un feu invisible, un point de lumière : l’Amour.

Car c’est l’Amour qui met en mouvement.
C’est lui qui fait tourner le carré autour de son propre centre.
C’est lui, ce souffle invisible qui pousse l’homme à chercher, à douter, à se dépasser, à tendre vers ce qu’il ne connaît pas encore, mais qu’il devine comme vrai.

L’Amour véritable, celui qui ne prend pas mais qui donne, n’est pas une émotion.
Il est une loi de gravitation intérieure, un élan de réintégration, une force spiralaire qui ramène tout ce qui est séparé vers l’Un.

Quand l’homme aime, vraiment, il tourne autour de son centre. Il cesse de vivre en périphérie de lui-même. Il ne fuit plus. Il ne résiste plus. Il entre dans le rythme de la Vie.

Ce mouvement circulaire n’est pas une fuite vers le haut, ni un rejet du monde : c’est une offrande vivante. C’est le Souffle qui épouse la forme, c’est le Divin qui épouse l’humain.

Dans cette danse sacrée, le Moi se dissout peu à peu. Il ne disparaît pas, mais il devient transparent. Il cesse d’être un obstacle. Il devient passage. Et le cercle se révèle.

Lorsque le carré se met à tourner par Amour autour de sa propre essence, alors la forme se fait fluide, le temps devient spirale, et la création prend sens.

Le cercle est le fruit de ce mouvement sacré :
Il est la conscience qui a retrouvé son axe, l’être qui ne se croit plus séparé, l’âme qui rayonne à partir de son feu intérieur.

C’est là que réside le vrai mystère :

Le monde n’a pas été créé par une loi, mais par un mouvement d’Amour.

Non une volonté de posséder, mais un élan de don.
Non une idée fixe, mais une spirale d’intelligence vivante.

Le Verbe s’est fait chair, non pour s’y enfermer, mais pour y danser, comme une flamme dans le vent, comme un cœur qui bat dans le silence du monde.

Ainsi, la Vie elle-même est cette danse : ce balancement entre polarités, ce tournoiement du carré autour du Centre, ce cercle qui naît et renaît dans chaque instant éveillé.

Et plus encore :

Ce mouvement n’est pas simplement la Vie :

Il est l’Amour.
Et l’Amour est le véritable moteur de toute transmutation.

L’homme qui aime devient cosmos.
L’homme qui aime devient cercle, non par perfection extérieure, mais parce que tout en lui se met à vibrer autour de l’Essentiel.

La matière, alors, n’est plus prison. Elle devient partenaire du Divin, instrument de louange silencieuse, harpe sacrée que l’Esprit touche dans le secret.

Quand tu aimeras sans attendre,
Quand tu donneras sans compter,
Quand tu vivras depuis ton centre,
Alors tu verras le cercle naître en toi.
Et tu sauras que la Création n’est pas une construction,
Mais une danse et que cette danse, c’est l’Amour.

Là où le Cœur se met à chanter

Et si tout naissait d’un frisson,
D’un chant discret, d’une vibration,
Qui, loin des dogmes et des lois,
Ranime en nous l’Amour, le vrai, le Roi ?

Non dans l’effort ou la tension,
Mais dans l’élan, dans l’intention
De vivre au centre de soi-même,
Là où l’on aime… sans dire « je t’aime ».

Car quand le cœur devient autel,
Que l’on s’y tient comme au ciel,
La forme s’ouvre, la vie circule,
Et le carré devient souffle qui ondule.

Un cercle doux, fluide et dansant,
Autour d’un centre incandescent.
Le monde alors n’est plus prison,
Mais un poème en floraison.

Ce n’est pas l’ordre ni la loi
Qui font vibrer la Vie en soi,
Mais le mystère d’un feu discret
Qui tourne en rond… et nous recrée.

Cherche donc ce qui fait chanter
Ton cœur secret, ton verbe sacré.
Ce qui t’éclaire, ce qui t’élève,
Ce qui t’enlace et te soulève.

Et laisse l’Amour, tel un soupir,
Te faire tourner et vibrer sans fuir.
Car dans ce cercle en expansion,
C’est Dieu qui prend incarnation.

Là où ton cœur devient lumière,
Là où l’Amour dissout les pierres,
Là tu deviens à l’image du Créateur
Temple vivant, semeur de lueurs.

Les crimes rituels au Gabon : Un phénomène moderne aux racines complexes

De notre confrère theconversation.com

Les « crimes rituels » au Gabon, caractérisés par des meurtres accompagnés de mutilations et de prélèvements d’organes, constituent un phénomène social troublant qui continue de susciter peur, débat et indignation dans ce pays d’Afrique centrale. Bien que souvent associés à des pratiques occultes ancrées dans des croyances précoloniales, ces actes criminels se sont transformés au fil du temps, s’inscrivant dans un contexte moderne où politique, pouvoir et mysticisme se mêlent de manière complexe.

Cet article explore les origines, les dynamiques et les implications de ces pratiques, en s’appuyant sur diverses sources académiques, médiatiques et témoignages locaux.

Une définition controversée

Le terme « crime rituel » désigne des meurtres commis dans un cadre ésotérique, souvent motivés par des croyances mystiques liées à la sorcellerie ou à la recherche de pouvoir, de richesse ou de protection spirituelle. Selon The Conversation, ces actes impliquent un « triangle criminel » composé d’un commanditaire, d’un sorcier et d’exécutants, où des organes spécifiques – tels que les yeux, la langue, les organes génitaux ou le sang – sont prélevés pour être utilisés dans des rituels visant à assurer la réussite sociale, politique ou économique. Jean-Elvis Ebang Ondo, président de l’Association de lutte contre les crimes rituels (ALCR), recense dans son Manifeste contre les crimes rituels au Gabon (2010) les parties du corps les plus prisées, surnommées localement « pièces détachées », pour leur prétendue capacité à conférer du pouvoir ou de la chance.

Cependant, l’expression « crime rituel » est controversée. Les adeptes du bwiti, un rite initiatique traditionnel gabonais, dénoncent une stigmatisation de leur spiritualité, arguant que le terme « rituel » associe à tort ces pratiques criminelles à leurs croyances. Cette ambiguïté sémantique reflète la complexité du phénomène, qui mêle héritage culturel, désordres sociaux et instrumentalisation politique.

Racines historiques et transformations modernesBien que les racines des crimes rituels plongent dans la période précoloniale, où certaines pratiques sacrificielles étaient liées à des cultes animistes, leurs modalités ont considérablement évolué. Selon Wikipédia, l’émergence des crimes rituels modernes au Gabon remonte aux années 1970, avec une influence croissante de croyances ésotériques importées du Cameroun, du Congo ou du Nigeria, comme celle des « enfants sorciers » popularisée par les Églises évangéliques. Ces croyances, amplifiées par la colonisation et l’introduction du capitalisme néolibéral, se sont intégrées à un contexte de désordres sociaux et politiques, exacerbant les pratiques occultes.

Dans les années 1980, les crimes rituels se sont cristallisés comme une forme de « sacrifice moderne », où les victimes sont perçues comme des « corps-matières fortes » destinées à alimenter des objets de pouvoir ou « fétiches ». Cette perception s’inscrit dans une logique où le corps humain devient une ressource symbolique pour accéder au pouvoir ou à la réussite, une croyance renforcée par l’instabilité politique et les luttes pour le contrôle des ressources après l’indépendance du Gabon en 1960.

Eddy Minang

Une dimension politique et socialeLes crimes rituels sont souvent liés aux élites politiques gabonaises. Eddy Minang, magistrat et auteur de Les crimes rituels au Gabon : approche criminologique et judiciaire du phénomène, affirme que 98 % des commanditaires présumés appartiennent au monde politique, utilisant ces pratiques pour consolider leur pouvoir ou réussir dans les affaires. Cette connexion est particulièrement visible lors des périodes électorales ou des transitions politiques, comme en 2009 après la mort d’Omar Bongo, lorsque l’UNICEF a rapporté une multiplication par trois des crimes rituels.

L’impunité des commanditaires est un problème majeur. Malgré des arrestations, comme dans l’affaire du sénateur Gabriel Eyeghe Ekomie en 2009, aucun commanditaire de haut rang n’a été condamné, alimentant un sentiment d’injustice et de méfiance envers les institutions. Jean-Elvis Ebang Ondo, dont le fils de 12 ans a été victime d’un crime rituel en 2005, dénonce cette « mafia du crime » organisée, qui profite des périodes de bouleversement politique pour agir en toute impunité.

Une psychose sociale amplifiée par les médias

André Ngoua

Les crimes rituels alimentent une psychose collective au Gabon. La découverte de corps mutilés, comme celui de la fillette Yollye Babaghéla en 2013, ou d’André Ngoua en 2023, suscite l’effroi et la colère. Les réseaux sociaux ont amplifié ce phénomène, relayant des rumeurs d’enlèvements et créant des légendes urbaines, comme celle de la « voiture noire » qui ciblerait les enfants à la sortie des écoles. En 2012, le documentaire Les organes du pouvoir diffusé par Canal+ a choqué l’opinion publique en révélant les pratiques brutales des féticheurs, qui insistent sur la nécessité de la souffrance des victimes pour garantir l’efficacité des rituels.

Ali Bongo

Cette médiatisation a contraint les autorités à réagir. En 2013, le président Ali Bongo a ordonné des mesures pour enrayer le phénomène, bien que celles-ci soient souvent jugées insuffisantes. L’ALCR, soutenue par des organisations internationales comme l’ambassade américaine et l’ONG lyonnaise Agir ensemble pour les droits de l’homme, milite pour une réforme du Code pénal, l’aggravation des sanctions et la formation de médecins légistes pour améliorer les enquêtes.

Initiatives et défis pour enrayer le phénomène

Plusieurs initiatives ont été lancées pour lutter contre les crimes rituels. En 2005, l’UNESCO a organisé un colloque régional à Libreville pour identifier les causes sociales et culturelles de ces pratiques et promouvoir des stratégies de prévention. Jean-Elvis Ebang Ondo appelle à une campagne de sensibilisation permanente et à l’indépendance de la justice pour mettre fin à l’impunité. Des propositions d’amendements au Code pénal, incluant l’imprescriptibilité des crimes rituels, sont également en discussion.

Cependant, les défis restent nombreux. L’absence de statistiques fiables, les incohérences dans les données de l’ALCR et les démentis des autorités compliquent l’évaluation de l’ampleur du phénomène. De plus, la peur et les tabous culturels entravent les enquêtes, tandis que la stigmatisation des pratiques traditionnelles comme le bwiti alimente les tensions communautaires.

Un défi pour la société gabonaise

Les crimes rituels au Gabon, bien que profondément enracinés dans des croyances précoloniales, sont un phénomène résolument moderne, exacerbé par les luttes de pouvoir, l’instabilité sociale et l’influence de croyances extérieures. Leur persistance, malgré les efforts de sensibilisation et les pressions internationales, souligne l’urgence d’une réforme judiciaire et d’une mobilisation collective pour briser le cycle de l’impunité. Comme le souligne Jean-Elvis Ebang Ondo, la lutte contre ces pratiques nécessite non seulement des actes concrets de la part des autorités, mais aussi un changement culturel profond pour restaurer les valeurs de solidarité et de justice dans la société gabonaise.

En 2025, alors que le Gabon traverse une transition politique sous la présidence du général Brice Oligui Nguema, l’espoir d’une action décisive contre les crimes rituels repose sur une volonté politique renouvelée et une société civile déterminée à lever le voile sur ce fléau. Pour en savoir plus, des sources comme The Conversation et les travaux d’Eddy Minang offrent des analyses détaillées de ce phénomène complexe.

Références :

  • The Conversation, « Les crimes rituels au Gabon : un phénomène moderne », 3 août 2025
  • Wikipédia, « Crimes rituels au Gabon », 16 juillet 2025
  • Gabonactu.com, « Les crimes rituels au Gabon : approche criminologique et judiciaire du phénomène », 20 juillet 2024
  • Theses.fr, « Le crime rituel en droit pénal gabonais », 7 mai 2023
  • Jeune Afrique, « Gabon : crimes rituels, le prix du sang », 28 mai 2013
  • Franceinfo, « ‘Ils font disparaître les corps’ : la peur des crimes rituels reste vivace au Gabon », 7 février 2020
  • Le Point, « Au Gabon, la psychose des crimes rituels ravivée par les réseaux sociaux », 16 avril 2013
  • Centre d’Action Laïque, « Crimes rituels au Gabon : la fin du silence des agneaux », 2 octobre 2014
  • RFI, « Gabon : le président de l’Association de lutte contre les crimes rituels tire la sonnette d’alarme », 30 septembre 2023

Les Mystères d’Eleusis

Pour les croyants, et en particulier dans la religion chrétienne, le mystère désigne le plan divin de salut conçu par Dieu de toute éternité, révélé par Jésus-Christ. Chacun connaît la phrase de la liturgie catholique « il est très grand le mystère de la Foi ». La notion de mystère a été développée dans le christianisme en rapport avec une conception néotestamentaire et plus particulièrement paulinienne du mystère – c’est-à-dire inspirée de la pensée de Saint-Paul selon laquelle le mystère s’identifie avec la révélation de Dieu en Jésus-Christ et la résurrection de ce dernier.

Ce n’est pas de ce mystère-là que l’Apprenti Franc-maçon est en quête, au moins dans la spécificité de la démarche qu’il entreprend en étant initié.

En fait, ce n’est aujourd’hui aucune de ces deux acceptions du mot « mystère » que nous allons explorer. Remarquons que ce mot « mystère » est au singulier, ce qui le différencie du mot « mystères » qui désigne un enseignement mystique, caché à ceux qui n’y sont pas initiés.

Il nous faut donc commencer par définir ce qu’est un enseignement mystique. 
L’adjectif « mystique » qualifie les pratiques et les croyances visant à une union entre l’homme et la divinité. Il sert à qualifier ou à désigner des expériences spirituelles de l’ordre du contact ou de la communication avec une réalité transcendante non discernable par le sens commun.

Pour Corbin et Scholem, il existe bien deux histoires : l’histoire quotidienne, apparente, qui déplie son canevas d’événements sous nos yeux, et l’histoire sacrée, invisible, qui agit sur un autre plan de la réalité, celui de l’âme :

« Le symbole mystique est la représentation exprimable de quelque chose qui se trouve au-delà de la sphère d’expression et de communication, quelque chose qui vient d’une sphère dont la face est, pour ainsi dire, tourné à l’intérieur et en dehors de nous. »

« Mystique » vient de l’adjectif grec μυστικός (mustikos). C’est un mot de la même famille que le verbe μυέω (muéô) qui signifie « initier, enseigner », d’où dérive aussi, bien sûr, le nom μυστήριον (mustérion) qui a donné « mystère ». Mais ce verbe μυέω (muéô) dérive lui-même du verbe μύω (múô), qui veut dire fermer, clore. C’est ce qui signifie « travailler à couvert » ou encore « enfermons nos secrets dans un lieu sûr et sacré »

Evoquons ici une célébration empreinte de spiritualité, en même temps qu’une expérience initiatique, l’accès à des enseignements de l’ordre du sacré et du divin, donc réservés à ceux qui en étaient jugés dignes.

temple du parthénon acropole d'Athènes
temple du Parthénon

Nous allons en effet évoquer les célébrations organisées chaque année dans la ville d’Éleusis, en l’honneur de la déesse Déméter.

Éleusis était une petite cité de l’Attique à une vingtaine de kilomètres à l’ouest d’Athènes, en bordure de mer. La grande cité l’avait annexée au VIIème siècle avant notre ère.

De toutes les fêtes grecques de l’Antiquité, la plus célèbre était celle qui y était organisée en l’honneur de Déméter, déesse de l’agriculture, des moissons et de la fertilité du sol.

Déméter était la fille de deux Titans, Cronos et Rhéa. Cronos (à ne pas confondre avec Chronos) lui-même était le fils d’Ouranos, le Ciel et la Vie, et de Gaia, la Terre. Ouranos et Gaia, divinités primordiales du Ciel et de la Terre, formaient le premier couple divin de la mythologie.

Cronos avait épousé sa sœur Rhea, considérée comme déesse de la fertilité.

Cronos et Rhéa eurent six enfants, dont Zeus, mais aussi Hestia, la déesse du feu et du sacré, Héra, protectrice des femmes, déesse du mariage, gardienne de la fécondité du couple et des femmes en couches, Hadès, maître des Enfers, Poséidon, dieu de la Mer et des Océans et finalement Déméter, la déesse de l’agriculture et des moissons.

Perséphone

Déméter eût plusieurs enfants, dont Perséphone appelée également Corê, ce qui signifie « la jeune fille ». Les dieux ne se souciaient guère de l’inceste ni des mariages consanguins.

Quand Hadès, souverain des morts, enleva sa nièce Perséphone alors qu’elle cueillait des fleurs, pour l’épouser et en faire la reine des Enfers, sa sœur Déméter, qui était donc la mère de cette Perséphone, partit à la recherche de sa fille.

Elle prit à cet effet la forme d’une vieille femme nommée Doso, et erra pendant neuf jours et neuf nuits. Mais elle avait dû, pendant ce temps, délaisser les récoltes de la Terre. Se rendant compte qu’une famine menaçait les mortels, Zeus décida d’envoyer son messager Hermès à Hadès pour lui demander de rendre Perséphone à sa mère.

Mais Hadès était rusé. Il avait fait manger à Perséphone, sa fiancée captive, sept pépins d’une grenade qu’il lui avait offerte. Elle ignorait que c’était un piège pour la garder avec lui, car il était établi que quiconque mangeait dans le royaume des morts ne pouvait plus le quitter.

Zeus, le dieu suprême, fut ému du sort ainsi réservé à Perséphone ; il obtint qu’elle passât l’hiver aux Enfers et le reste de l’année avec sa mère. C’est ainsi que débuta, selon la mythologie grecque, le cycle des saisons.

 Or il se trouve qu’en cherchant sa fille sous le nom et l’apparence de la vielle Doso, Déméter, qui n’avait pris aucune nourriture ni aucune boisson depuis le début de sa quête, avait pu trouver un abri chez Céléos, roi d’Éleusis. Celui-ci avala convainc de mettre fin à son jeûne en lui offrant une coupe de kykéon, une boisson à base de vin, d’orge et de fromage de chèvre râpé. C’est pour le remercier que Déméter initia Céléos aux mystères et lui enseigna l’agriculture.

Cette histoire a été chantée dans les Hymnes homériques – 33 – À Déméter sur lesquels nous reviendrons plus tard.

Plus exactement, Déméter, pour transmettre aux humains l’art et les techniques des semis et du labour, choisit de les enseigner à Triptolème, l’un des deux fils du roi Céléos, à charge pour Triptolème de transmettre cet art au reste des humains. Certaines traditions rapportent que Déméter lui aurait aussi donné des grains de blé afin qu’il les répande sur la Terre.

temple dédié à Athéna Erechtheion acropole d'Athènes grèce
temple d’Athéna ERechteion acropole Athènes

On comprend donc pourquoi Déméter était célébrée par les habitants de villes et des villages grecs. Les fêtes de Déméter étaient en effet célébrées dans toutes les citées grecques, en Crète, à Lacédémone, etc. Mais les Athéniens, qui se considéraient comme les premiers hommes à avoir pratiqué l’agriculture, leur donnaient une ampleur, une importance, toutes particulières. Et en hommage au rôle du roi Céléos dans le don de l’agriculture, c’est dans la ville d’Éleusis, qu’ils célébraient ces fêtes

On comprend, en ayant à l’esprit l’importance de Déméter dans une société essentiellement agricole et fortement spiritualisée, combien ces festivités étaient au centre de la vie sociale.

En considérant la généalogie de Déméter, en particulier qui étaient ses grands-parents (le Ciel et la Terre), ses parents (la règle et la fertilité), et ses frères et sœurs – dont Zeus le maître de l’Olympe -, on comprend que le culte qui lui était rendu était au cœur même de la vie, au cœur du renouvellement de la nature à chaque printemps, au cœur de la création tout entière telle que l’esprit avait voulu qu’elle soit manifestée.

Nous en arrivons ainsi aux fêtes qui lui étaient dédiées, les fameux Mystères d’Éleusis.

Ces fêtes de Déméter étaient donc des Mystères, au sens d’expériences et d’enseignements mystiques, c’est-à-dire réservés à des initiés, reconnus comme aptes à les recevoir et préparés à cet effet.

Ces mystères étaient divisés en Grands Mystères et Petits Mystères. C’est par ces derniers qu’il nous faut commencer.

Les petits Mystères, étaient dédiés à Déméter, mais plus particulièrement consacrés à sa fille Perséphone. Ils étaient célébrés non pas à Éleusis mais à Agra, une petite cité proche d’Athènes, dans le mois d’Anthestérion, c’est-à-dire entre le 22 février et le 21 mars.[1]

Les cérémonies se déroulaient sur les bords du fleuve Ilissos, principalement sous la forme de rites de purification dans les eaux du fleuve (il est de nos jours pratiquement intégralement canalisé et souterrain et il n’arrive que très rarement à la mer).

On pense aujourd’hui que les Petits Mystères furent institués pour les étrangers, exclus dans les premiers temps de la participation aux Grands Mystères, qui constituaient les Mystères d’Éleusis proprement dits, et qui étaient réservés initialement aux seuls citoyens. La participation aux Petits Mystères n’était pas ouverte à tous, mais constituait une faveur accordée très rarement, à des étrangers qui compensaient le défaut de leur naissance par un mérite éclatant. Concrètement, il semble qu’au cours de leur évolution, les mystères d’Éleusis se sont ouverts d’abord à tous les Grecs, puis à tout homme ou femme, riche ou pauvre, libre ou esclave, parlant grec et n’ayant pas commis d’homicide. Les spécialistes ont retrouvé des textes identifiant parmi ceux qui la reçurent, Héraclès (pour qui ils auraient été créés), Castor et Pollux, Asclépios, ou encore Hippocrate.

Avec le temps, l’accès aux Petits Mystères devint plus accessible. Leur rôle devint de préparer aux Grands Mystères, dont ils étaient une préfiguration.

C’est au cours des Petits Mystères que débutait l’instruction des candidats à l’initiation. Ces derniers, à la fin des cérémonies, prenaient le nom de mystes, c’est-à-dire d’ « initiés ».

Ils ne pouvaient assister que de loin aux cérémonies auxquelles ils aspiraient, toujours accompagnés de leur parrain, le mystagogue, celui qui conduit un myste. En véritables mystes, ils considéraient ce dernier état comme celui de l’aspiration à la perfection. Puis, après plusieurs mois, 6 ou plus probablement 12, l’intervalle n’est pas certifié, les mystes étaient admis à la véritable initiation, c’est-à-dire aux Grands Mystères.

Longtemps, faute de document, la cérémonie secrète de de l’initiation nous est demeurée inconnue. Mais les découvertes des archéologues et l’Hymne à Déméter d’Homère nous ont permis il y a quelques années d’en connaître le programme, même si la phase la plus secrète reste encore mystérieuse aujourd’hui.

On sait cependant que quatre officiants présidaient la cérémonie d’initiation.

  • Le premier était l’Hiérophante, ou celui qui révèle les choses sacrées,
  • le deuxième était le Dodonque, ou chef des Lampadophores, c’est-à-dire des porteurs de flambeaux,
  • le troisième portait le titre de Hiérocéryce, ce qui signifie chef des hérauts sacrés,
  • tandis que le quatrième était l’Assistant à l’autel. On sait qu’il portait un vêtement allégorique représentant la Lune.

À côté des officiants, se tenaient les représentants de la Cité et des citoyens. L’archonte-roi était le surintendant de la fête[2]. Il avait pour adjoints quatre administrateurs nommés par le peuple, deux étant choisis dans les familles sacerdotales et deux indifféremment tirés du reste des citoyens.
Il y avait encore un grand nombre de ministres subalternes distribués en plusieurs classes,

Ces fêtes duraient 9 jours.

– Le 1er jour était celui de l’arrivée et des premières assemblées.

– Le 2ème jour était consacré aux purifications, sous la forme de bains de mer. Un porcelet était également plongé dans la mer avant d’être sacrifié. Un jeûne était respecté par les participants.

– Au 3ème jour, du millet et de l’orge récoltés dans un champ autour d’Éleusis étaient offerts en sacrifice. Contrairement à la pratique habituelle, selon laquelle les prêtres étaient autorisés à prélever une dîme sur ce qui était destiné à être offert en sacrifice aux dieux, aucun prélèvement n’était permis sur les céréales récoltées pour être offertes lors des fêtes de Déméter, et qui de ce fait et en cette circonstance étaient considérées comme particulièrement sacrées. On en conservait d’ailleurs une part, année après année.

– Le 4ème jour était marqué par une procession solennelle, au cours de laquelle une corbeille était placée sur un chariot traîné par des bœufs, grâce auquel on transportait ces reliques sacrées d’Éleusis à Athènes, où on plaçait ces offrandes dans l’Éleusinion, un temple dédié à Déméter situé au pied de l’Acropole.

– Le 5ème jour était appelé le jour des Torches, car à la nuit tombée, hommes et femmes couraient les rues, des flambeaux à la main, imitant ainsi symboliquement Déméter cherchant sa fille Perséphone.

– Le 6ème jour était nommé Iacchos, du nom d’un personnage dont on ne sait exactement quel était le lien de parenté avec Déméter – peut-être un fils qu’elle aurait eu avec Zeus lui-même- mais qui en tout état de cause semble l’avoir accompagnée dans ses recherches. Ce serait en fait un des visages de Dionysos, le dieu de la vigne, du vin et de ses excès, de la folie et de la démesure.

– Le 7ème jour était dédié aux jeux gymniques. Le vainqueur de ces jeux se voyait récompensé par une mesure d’orge.

– Le 8ème jour était consacré à initier ceux qui ne l’étaient pas encore. Ce 8ème jour était appelé Epidaura en mémoire d’Asclépios – Esculape – qui était venu d’Epidaure pour être admis à l’initiation. Esculape était fils d’Apollon. Il fût foudroyé par Zeus pour avoir ressuscité les morts, avant d’être placé dans le ciel sous la forme de la constellation du Serpentaire.

Son attribut principal est le bâton d’Esculape, autour duquel s’enroule un serpent. C’est le fameux caducée, symbole de la médecine. Il eût plusieurs enfants, dont Hygie et Panacée et une descendance nombreuse, en particulier une dynastie de médecins exerçant à Cos, dont Hippocrate fût le membre le plus illustre.

Les Grecs, puis les Romains, en firent le dieu de la médecine.

– Le 9e jour était appelé Plémochoé. C’est le nom d’un vase d’une quinzaine de centimètres de hauteur, peu profond et aux bords évasés, posé sur un pied assez épais. Lors des Fêtes de Déméter, on remplissait d’eau et de vin deux de ces récipients, dont l’un était placé à l’est, et l’autre à l’ouest, et on les renversait en répétant des mots chargés d’un sens mystérieux.

Après ces neuf jours de procession le prêtre faisait son entrée dans une grande salle, le télestérion. C’était en fait une salle immense qui atteint, à l’apogée du culte, une surface de 2 600 m2.

Seuls les initiés avaient le droit de pénétrer dans le Télestérion et d’assister aux mystères.

Se trouvaient donc uniquement dans le téléstérion, outre les prêtres et les autres officiants, des mystes qui avaient été initiés aux Petits Mystères un an auparavant – qui y étaient admis pour une première fois afin d’ y être initiés -, et des mystes initiés y retournant une seconde fois pour passer à un niveau supérieur. Il y avait en effet un deuxième degré, une seconde étape, à laquelle ne pouvaient participer que ceux qui avaient été initiés depuis une année au moins.

Zeus tenant dans sa main un éclair du ciel
Zeus tenant dans sa main un éclair du ciel

La cérémonie d’accession à ce deuxième degré prenait très vraisemblablement la forme d’une représentation sacrée mais qui, évoquant l’union de Déméter et de Zeus, se rapprochait plus d’un culte de la fertilité. C’était à la fin de cette étape que les initiés prenaient le nom d’époptes un nom qui signifie « ceux qui savent ». Les époptes étaient bien entendu admis dans le télestérion lors de la célébration des Grands Mystères..

On peut aujourd’hui encore admirer ce qu’il reste de cette « salle d’initiation » qui date de l’époque de Pisistrate au 6ème siècle avant notre ère, et en particulier de nombreux bas-reliefs et sculptures.

Après son entrée solennelle, le prêtre prenait place sur un trône, et on lui offrait à boire une coupe de kykéon, la boisson à base de vin, d’orge et de fromage de chèvre râpé, la même que le roi d’Éleusis Céléos avait donné à Déméter pour la revigorer. Puis le prêtre sacrifiait un porcelet au milieu d’un vacarme épouvantable et entouré de danseurs et de musiciens.

Tout ne nous est pas connu des rituels secrets qui se déroulaient alors. Le secret a été bien gardé.

On sait cependant que la cérémonie se faisait durant la nuit. Les initiés s’assemblaient près du temple, dans une enceinte assez vaste pour contenir un peuple nombreux. Ils portaient des couronnes de myrte, et se lavaient les mains à l’entrée du portique. À leur tour, ils buvaient le kykéon, le breuvage sacré.

Puis un grain de blé était présenté, comme une hostie dans l’ostensoir, et contemplé en silence. C’était la scène de l’époptie ou de la contemplation. A travers ce grain de blé, les époptes honoraient Déméter en tant qu’initiatrice aux mystères de la vie.

Puis après divers autres préparatifs, l’officiant leur posait une série de questions, auxquelles ils répondaient par une formule qui, elle, nous est parvenue.

Les mystes se déclaraient inféodés à Déméter en prononçant la fameuse formule :

« J’ai jeûné, j’ai bu le kykéon, j’ai pris du panier, j’ai remis la coupe dans la corbeille et de la corbeille dans le panier. »

Lorsqu’ils avaient fait cette réponse, on les faisait passer rapidement par des alternatives continuelles de lumière et de ténèbres une multitude confuse d’objets divers passait sous leurs yeux, plusieurs voix se faisaient entendre. Enfin, on terminait la cérémonie en exposant à leurs yeux l’objet de leur attente, une robe symbole de leur statut d’initié, et ils se retiraient au milieu des acclamations.

Rien n’était plus expressément défendu que de divulguer les mystères.

L’Hymne à Déméter attribué à Homère évoque « les beaux rites, les rites augustes qu’il est impossible de transgresser, de pénétrer, ni de divulguer ».

Révéler le secret, ou se le faire communiquer sans y avoir droit, étaient deux crimes d’égale gravité.

On ne pouvait avoir aucune relation avec ceux qui avait trahi les secrets de l’initiation. Ils étaient bannis de la société, on évitait de se trouver avec eux dans le même vaisseau, d’habiter la même maison, de respirer le même air.

Bien entendu, l’entrée du temple était rigoureusement interdite aux profanes. Et on ne plaisantait pas ; deux jeunes gens qui avaient osé braver l’interdit furent jugés et condamnés à mort. Mais leur procès n’eût lieu qu’après la fin des Fêtes, car pendant ces 9 jours, il n’était permis de juger personne les tribunaux étaient fermés, les affaires suspendues.

Et c’était un crime, puni de mort, de présenter une requête dans le temple d’Éleusis.

Une loi formelle défendait aux femmes, même de haut rang, de se faire mener au temple dans des chariots, et la peine encourue pour un aussi grave manquement était une amende considérable.

Après chaque célébration des mystères, l’Archonte, présidait un tribunal d’initiés, constitué d’une assemblée des prêtres pour examiner les exactions commises pendant les cérémonies. Un homme accusé d’avoir déposé un rameau sur l’autel sacré fût ainsi condamné à 100 drachmes d’amende, le drachme, une pièce de 3 grammes et demi d’argent, représentant le prix d’une journée de travail.

Ce culte et tout ce qui l’entourait dura plusieurs siècles, en fait près de deux mille ans, jusqu’à sa suppression par l’empereur romain Théodose en 393. Deux ans plus tard, en 395, le sanctuaire fut mis à sac par Alaric Ier et les Wisigoths.

On regardera avec profit les 3 vidéos des cours de Vinciane Pirenne-Delforge au Collège de France

https://youtu.be/KOvceOJJc6E?feature=shared&t=178 Déméter Thesmophoros (1) –

Comment comprendre le sens de ces Mystères, et quel rapport avec l’initiation maçonnique ?

Il faut pour cela lire Homère, et ses Hymnes à Déméter.

Bien que la Franc-maçonnerie ne soit pas directement dérivée de ces mystères, de nombreuses sources soulignent des parallèles symboliques et structurels, souvent interprétés comme des influences indirectes via les traditions ésotériques antiques. Ces similarités portent sur les rituels d’initiation, les thèmes existentiels et les bénéfices spirituels, mais des différences notables existent en termes de contexte et de finalité.

Pour structurer cette comparaison, appuyons-nous sur les éléments clés de l’hymne.

Certains éléments rappellent évidemment aux Franc-Maçonnes et Francs-Maçons qui ont connu aussi une initiation ritualisée, leur propre initiation.

De même que les rites et rituels maçonniques peuvent être rattachés pour certains à des célébrations païennes – par exemple à la célébration des fêtes solsticiales, ou à ce qui touche au blé, au vin, etc -, de même, les mystères, d’origine préhellénique, plongeaient leurs racines dans de vieux rites chtoniens liés à la fertilité et à la fécondation de la terre.

Nous venons d’évoquer le blé, un élément fondamental que l’on retrouve au cœur de nombreuses mythologies, expression de la vie et de sa perpétuation.

Le blé, c’est d’abord un grain que l’on met en terre, qui s’y décompose et qui arrosé par l’eau, réchauffé par la lumière du soleil, se transforme en une jeune pousse, qui émerge peu à peu de la terre et revit sous une forme nouvelle. Ainsi s’accomplit le cycle des générations, ainsi s’accomplit le cycle vie-mort-renaissance. À certains degrés, les Francs-Maçons font appel au symbolisme du blé, au travers du pain, certes symbole de nourriture spirituelle, mais aussi de vie, de vitalité.

La scène de l’époptie ou de la contemplation était une invitation à prendre conscience de la beauté et de l’harmonie de l’univers, cet Ordre du monde, cet Ordo que nous voulons voir prévaloir plutôt que le Chao.

Nous pourrions encore évoquer le rôle des lumières, des flambeaux, de la musique, du tintamarre, mais aussi du silence. Nous pourrions évoquer la loi du silence, le culte du secret, ou encore nous interroger sur le rôle du mystagogue, celui qui conduisait et accompagnait les impétrants comme le Second Surveillant suit les Apprentis. Le mystagogue, l’introducteur, avait pour fonction de faire entrer le myste dans un monde social et spirituel nouveau, car la société des initiés forme une société de purs, de saints.

Mais le plus important est sans doute la finalité de la démarche elle-même : l’initiation et le parcours maçonnique ont pour but d’accéder à la sagesse et de se préparer à mourir.

Pour recadrer leur année sur le cycle des saisons les grecs ajoutaient périodiquement un mois de 30 jours entre les sixième et septième mois habituels. Il n’y a donc pas de correspondance linéaire entre notre année de 365 ou 366 jours et l´année grecque antique de 354 ou 384 jours.

Bien que non directement liés historiquement, ces parallèles sont souvent vus comme des échos d’une tradition ésotérique universelle, où l’initiation représente une « renaissance » intérieure.

Mais on voit bien que les Mystères d’Éleusis faisaient partie intégrante d’une pratique religieuse dogmatique par nature alors que l’initiation maçonnique est adogmatique par nature. Le GADLU n’est pas nécessairement un dieu pour les francs-maçons.

Ainsi, l’initiation est-elle une voie d’élévation vers la Sagesse et la Connaissance, une voie d’espérance.

[1] L’année grecque habituelle comportait 12 mois d´alternativement 29 et 30 jours, elle avait donc « seulement » 354 jours.
Elle dérive donc très rapidement par rapport à notre calendrier. De plus, elle commençait à la première nouvelle lune après le solstice d´été ce qui rajoute des fluctuations par rapport à notre calendrier.

[2] L’archonte-Roi était l’un des trois plus hauts magistrats d’Athènes ; cette fonction, héritière de la royauté, était donc initialement une fonction à vie. Elle sera par suite réduite à 10 ans, puis à un an.

20/09/25 de 14h00 à 18h00 : Visitez le Temple Rosicrucien à Paris

A l’occasion des journées du Patrimoine en France, pour la première fois, les Rose-Croix ouvrent les portes de leur Temple de Paris au public le samedi 20 septembre, de 14h00 à 18h00. Accès gratuit et sans réservation. D’inspiration égyptienne, orné de symboles anciens et mystérieux, le Temple « Christian Rosenkreutz » vous sera présenté lors d’une visite commentée.

Passants, curieux ou initiés, venez découvrir ce lieu unique dédié au mysticisme et à la spiritualité au cœur de Paris !

USA : La statue d’Albert Pike arrachée lors des manifestations de Black Lives Matter sera remise à sa place

De notre confrère finestresullarte.info

 À Washington, le monument au général confédéré et franc-maçon Albert Pike, démoli en 2020 lors des manifestations de Black Lives Matter, sera restauré d’ici octobre 2025 dans le respect des règles fédérales de préservation historique et conformément aux décrets exécutifs pour la protection du patrimoine et la présentation complète de l’histoire américaine.

Photo d’Albert Pike

Le National Park Service (NPS), l’agence fédérale américaine chargée de la gestion des parcs et monuments nationaux, a annoncé le début de la restauration et la réinstallation ultérieure de la statue en bronze d’Albert Pike, un général et auteur américain qui faisait partie des commandants de l’armée confédérée pendant la guerre de Sécession, et qui est également connu pour avoir été l’un des francs-maçons les plus influents de son époque. La statue a été démolie et vandalisée lors des manifestations de juin 2020 à Washington. Le monument, initialement placé au centre de la capitale fédérale, retrouvera son emplacement historique d’ici octobre 2025, une fois que les travaux de conservation et de restauration de la statue et du piédestal endommagé auront été achevés.

L’intervention s’inscrit dans le cadre réglementaire établi par la législation fédérale sur la protection du patrimoine historique, en particulier l’Historic Preservation Act. La décision répond également à deux décrets pris récemment par M. Trump : le premier, intitulé Making the District of Columbia Safe and Beautiful, et le second, Restoring Truth and Sanity in American History (rétablir la vérité et la raison dans l’histoire américaine). Ces deux décrets demandent aux agences fédérales d’assurer la protection des monuments publics, afin de donner une image claire et précise du passé national.

La statue d’Albert Pike a été autorisée par le Congrès en 1898 et inaugurée en 1901. L’œuvre a été créée pour commémorer les activités de Pike au sein de la franc-maçonnerie, en particulier les trente-deux années qu’il a passées à la tête du Rite écossais ancien et accepté en tant que Souverain Grand Commandeur. La décision de rendre hommage à sa figure, dans la sphère maçonnique plutôt que militaire, avait déjà soulevé des discussions au moment de son installation, compte tenu du fait que Pike était également un général confédéré pendant la guerre de Sécession. En tout état de cause, la statue ne fait pas explicitement référence à sa carrière militaire.

Après sa dépose en 2020, le monument a été stocké en toute sécurité. Il se trouve actuellement au Centre de formation à la préservation historique du Service des parcs nationaux, où des travaux de restauration sont en cours. Le processus comprend le nettoyage et le traitement du bronze, la stabilisation de la structure et éventuellement la reconstruction des parties endommagées ou manquantes. Parallèlement, il est prévu de réparer le piédestal en maçonnerie, qui a été endommagé lors des événements de 2020. Les activités sur place consisteront à remplacer les pierres cassées, à reconstruire les joints de mortier compromis et à mettre en place les éléments de montage nécessaires pour assurer la stabilité de la statue une fois réinstallée.

Le calendrier établi par le National Park Service prévoit l’achèvement des travaux pour octobre 2025. L’ensemble de l’opération sera mené conformément aux normes fédérales en matière de restauration de conservation, dans le but de préserver l’intégrité du monument original et d’en assurer la jouissance par le public. Le NPS n’a pas donné de détails sur la mise en place éventuelle de panneaux d’information ou d’outils pédagogiques pour accompagner la réinstallation, mais a souligné que l’intervention s’inscrit dans une stratégie de gestion du patrimoine monumental de la capitale.

Avec la décision du National Park Service, la statue sera à nouveau visible à son emplacement d’origine, contribuant, selon les intentions de l’administration fédérale, à offrir une image historique complète à travers la préservation physique des monuments, sans nécessairement supprimer ou censurer des figures qui ont marqué l’histoire du pays, même lorsqu’elles sont associées à des contextes controversés. L’attention renouvelée portée à la gestion du patrimoine monumental vise, selon les décrets en vigueur, à promouvoir un récit historique qui intègre la complexité des faits et des chiffres.

Célébration du 150e Anniversaire du Convent de Lausanne

Le 14 septembre 2025 marquera un jalon mémorable pour la communauté maçonnique mondiale, avec la célébration du 150e anniversaire du Convent de Lausanne, organisée par le Suprême Conseil de France sous l’égide de l’Association Internationale Maçonnique Écossaise (A.I.M.E.). Cet événement exceptionnel, qui se tiendra à l’Espace RATP (Le Centenaire) à Paris, promet de réunir jusqu’à 250 participants dans une journée empreinte de fraternité, d’histoire et de réflexion autour des valeurs fondamentales du Rite Écossais Ancien et Accepté.

Une journée riche en échanges et en symbolisme

Jacques Rozen – Souverain Grand Commandeur du Suprême Conseil de France

L’agenda prévisionnel de cette journée, détaillé dans le bulletin officiel, reflète l’ambition de conjuguer mémoire, partage et prospective. Dès 9h00, les participants pourront assister à des tables rondes historiques, offrant un retour sur l’héritage du Convent de Lausanne de 1875, un moment clé dans l’histoire de la franc-maçonnerie écossaise. Cet événement a marqué l’unification et la structuration des principes du Rite Écossais Ancien et Accepté, posant les bases d’une fraternité durable et universelle.

La matinée se poursuivra avec une mise en situation théâtrale, une approche originale visant à immerger les participants dans l’esprit de l’époque et à revivre les débats et les idéaux qui ont animé les fondateurs. Après un déjeuner convivial, propice aux échanges informels, l’après-midi sera consacré à des tables rondes thématiques, explorant les enjeux contemporains et l’avenir du Rite Écossais. Une projection d’un film viendra enrichir cette réflexion, offrant une perspective visuelle et narrative sur l’histoire et les valeurs de cette tradition.

La journée se clôturera à 17h30 par la Clôture de la Remémoration, un moment solennel qui permettra de rendre hommage à l’unité et à la pérennité du Rite Écossais Ancien et Accepté, tout en réaffirmant l’engagement des participants à transmettre cet héritage aux générations futures.

Un lieu chargé de sens

L’événement se déroulera à l’Espace RATP (Le Centenaire), situé au 189 Rue de Bercy, 75012 Paris. Ce lieu, choisi pour son prestige et sa capacité à accueillir un public restreint de 250 personnes, offrira un cadre intime et propice à la communion fraternelle.

Une fraternité écossaise unie pour l’avenir

Dans une lettre adressée aux membres, Jacques Rozen, Très Puissant Souverain Grand Commandeur du Suprême Conseil de France et Président de l’A.I.M.E., souligne l’importance de cette célébration pour renforcer les liens qui unissent les membres du Rite Écossais. Il évoque avec émotion la « véritable fraternité écossaise » forgée par des décennies d’engagement et de transmission. Cette journée ne sera pas seulement une commémoration, mais aussi une occasion de réfléchir à la pérennité des valeurs maçonniques dans un monde en constante évolution.

Le Convent de Lausanne de 1875 : Un Tournant Historique pour le Rite Écossais Ancien et Accepté

Le Convent de Lausanne, tenu du 6 au 22 septembre 1875, représente une étape majeure dans l’histoire de la franc-maçonnerie, et plus particulièrement du Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA). Cette réunion internationale, organisée à Lausanne, en Suisse, a marqué un tournant décisif dans l’unification des pratiques et des principes de ce rite maçonnique prestigieux. À l’occasion de son 150e anniversaire, célébré en 2025, il est pertinent de revenir sur cet événement historique, ses origines, ses objectifs et son impact durable sur la franc-maçonnerie mondiale.

Contexte et origines du Convent

Au XIXe siècle, le Rite Écossais Ancien et Accepté, bien qu’en pleine expansion à travers le monde, souffrait d’une certaine fragmentation. Les juridictions maçonniques, notamment en Europe et en Amérique, appliquaient des rituels et des interprétations variées, souvent influencées par des contextes culturels et politiques locaux. Cette diversité menaçait l’unité du rite et risquait de diluer son essence philosophique et spirituelle.

C’est dans ce contexte que le Suprême Conseil de France, sous l’impulsion de figures éminentes comme Adolphe Crémieux, et le Suprême Conseil de Suisse décidèrent de convoquer un convent international. L’objectif était clair : harmoniser les pratiques, clarifier les principes fondamentaux et renforcer la cohésion entre les différentes juridictions du REAA. Lausanne, ville neutre et symbolique en raison de son emplacement en Suisse, fut choisie comme lieu de cette rencontre historique.

Les travaux du Convent

Du 6 au 22 septembre 1875, des délégués de plusieurs Suprêmes Conseils, représentant des juridictions d’Europe, d’Amérique et d’ailleurs, se réunirent pour débattre et poser les bases d’une vision commune. Les discussions portèrent sur plusieurs aspects essentiels du Rite Écossais, notamment :

  1. L’unification des rituels : Le Convent permit de standardiser les rituels des 33 degrés du REAA, garantissant une cohérence dans leur pratique à travers les différentes juridictions. Cela renforça l’identité du rite tout en respectant sa richesse symbolique.
  2. La définition des principes fondamentaux : Les participants réaffirmèrent les valeurs fondamentales du REAA, telles que la quête de vérité, la liberté de conscience et la fraternité universelle. Ils insistèrent également sur l’importance de la laïcité et de la tolérance, des principes qui restent au cœur de la franc-maçonnerie écossaise.
  3. La reconnaissance mutuelle : Le Convent facilita la reconnaissance mutuelle entre les Suprêmes Conseils, établissant des relations diplomatiques maçonniques et favorisant une coopération internationale. Cet effort d’unité permit de consolider le REAA comme l’un des rites maçonniques les plus influents au monde.

Un impact durable

Le Convent de Lausanne de 1875 eut des répercussions profondes et durables. Il contribua à faire du Rite Écossais Ancien et Accepté un système maçonnique cohérent, respecté et universellement reconnu. En harmonisant les pratiques, il permit aux maçons écossais de partager un langage commun, renforçant ainsi le sentiment d’appartenance à une fraternité mondiale.

De plus, le Convent posa les bases d’une gouvernance maçonnique internationale, avec des réunions régulières entre Suprêmes Conseils pour maintenir cette unité. Il inspira également d’autres initiatives similaires dans l’histoire maçonnique, consolidant l’idée que la franc-maçonnerie pouvait transcender les frontières nationales tout en respectant les spécificités culturelles.

Vivre l’Initiation

Qu’est-ce que l’initiation ? Qu’est-ce que la démarche initiatique ?

Initier, c’est commencer. Le mot vient du latin initium, qui signifie commencement, sens que l’on retrouve par exemple dans le mot français « initial ». Le dictionnaire de l’Académie française donne pour le verbe initier le sens d’amorcer, engager, mettre en œuvre la phase initiale d’un processus. L’initiation est donc un commencement. C’est de ce sens premier, primordial, que dérive le sens particulier qui signifie, comme le précise encore le Dictionnaire « Admettre à la connaissance de mystères religieux et à la célébration du culte sacré ». Celui qui est initié entame une nouvelle phase, accède à un nouveau statut.

Dans de très nombreuses sociétés, l’initiation marque encore de nos jours le passage de l’irresponsabilité de l’enfance aux droits et devoirs de l’âge adulte. On connaît ainsi les rites, les épreuves, les cérémonies, qui marquent l’initiation des jeunes membres de la plupart des tribus du continent africain. Leur initiation fait d’eux des membres à part entière de la société.

L’initiation est ici avant tout un rite de passage profane, qui a ici une fonction d’intégration sociale.

Mais il existe depuis la plus haute Antiquité d’autres formes d’initiation, dans lesquelles domine une part spirituelle, dévoilée aux impétrants au cours d’un rituel fondé sur des archétypes mythiques auxquels s’associe l’évocation du divin et du sacré. Ainsi, ne serait-ce que du fait de leurs influences philosophiques et historiques sur la pensée méditerranéenne et occidentale, les initiations de l’ancienne Egypte doivent retenir notre attention.

Les Égyptiens avaient une vision cyclique du temps, fondée probablement sur l’observation du retour annuel de la crue du Nil, remplaçant la sécheresse et la mort par la fertilité et la vie.

La création se renouvelle sans cesse, se régénère perpétuellement, à l’instar du Soleil qui se lève et semble renaître chaque jour.

Éleusis

On sait que le culte d’Amon Râ et des dieux égyptiens est largement à l’origine du Panthéon des Grecs, sous l’autorité de Zeus. La vie quotidienne était rythmée par de multiples rites religieux. Les Mystères d’Éleusis étaient les plus importants de ces rites. Le culte sacré se déroulait dans le secret du temple de Déméter, déesse de la fécondité et du cycle des naissances et des morts. Seuls y étaient admis les initiés, qu’ils fussent homme, femme ou esclave. Tout hellène présenté par un parrain pouvait être initié, sous réserve de ne pas être souillé par un meurtre ou toute autre faute grave et notoire.

On connaît l’essentiel des rituels de ces initiations, basées sur la symbolique de la mort et de la résurrection. Quittant un monde pour entrer dans un autre, l’impétrant doit mourir pour renaître transfiguré. Il s’agissait de cérémonies complexes qui se déroulaient en deux temps. Les candidats étaient d’abord initiés aux petits mystères, célébrés au printemps.

Plan d’Éleusis

Six mois plus tard, les initiés du premier degré étaient conviés aux grands mystères. Après avoir été purifiés, ils étaient admis pour la première fois à contempler l’intérieur du Temple d’Éleusis. Ils y découvraient les symboles divins dont on leur révélait la signification.

Les prêtres exposaient les faits légendaires du mythe fondamental du culte éleusinien. On retrouve dans cette saga divine les notions de germination souterraine, d’éclosion et de mort apparente que connaît la Terre année après année. Les prêtres initiateurs tiraient de ces faits mythiques des principes de morale auquel le nouvel initié devrait dorénavant se soumettre, s’il voulait obtenir la félicité éternelle lorsqu’à son tour il aurait à rejoindre le monde souterrain du dieu Hadès. Bien qu’il fût possible à tout citoyen grec d’être initié à ces Mystères, ils devaient conserver leur caractère à la fois sacré et secret. Il n’était donc point permis d’en révéler le contenu exact.

La Grèce antique pratiquait aussi les initiations tribales, ou plutôt civiques : à Sparte, les jeunes gens n’étaient admis aux repas sacrificiels qu’après avoir subi de dures épreuves, qui marquaient ainsi leur entrée dans le monde des citoyens adultes.

Les prêtres égyptiens n’étaient pas, absolument parlant, dit Jean-Louis Laurens dans son Essai historique sur la Franc-maçonnerie (1806), des ministres de la religion. Ce mot de « prêtre », que la traduction a mal interprété, a une acception bien différente de celle que nous lui appliquons parmi nous. Dans le langage de l’antiquité, et surtout dans le sens de l’initiation des prêtres de l’ancienne Égypte, le mot prêtre est synonyme de philosophe. Tous les hommes instruits prenaient, dans l’Antiquité, le titre d’initiés ; les titres de fils de la femme, fils de la Terre, fils des dieux, fils de Dieu, désignaient leur élévation hiérarchique dans l’ordre des connaissances humaines. Le franc-maçon est appelé fils de la lumière ou fils de la veuve.

De L’Égypte et de la Grèce à Rome, les rites se sont transmis en même temps que les croyances. Amon Râ devenu Zeus prenait le nom de Jupiter, sans que sa toute-puissance en fût diminuée ni altérée. Ceux qui connaissaient les mystères après avoir été instruits en étant initiés à l’ordre divin continuaient de se transmettre les connaissances propres à servir de fondement à l’érection des temples et autres édifices sacrés.

On retrouve ainsi des rites d’initiation parmi les artisans et bâtisseurs admis dans les Collegia fabrorum romains. Comme leurs devanciers égyptiens et grecs, ils se transmettaient, selon un mode progressif, les secrets des justes dimensions et de la juste orientation des sanctuaires qu’ils érigeaient et décoraient à la gloire des dieux. Ils s’efforçaient de créer le beau et l’harmonieux en respectant les proportions, les angles, les rapports de la Nature elle-même, telle que la divinité les avait déterminés.

Ainsi ce qui était en bas était comme ce qui était en haut. Le microcosme était homothétique au macrocosme.

Quelques siècles plus tard, même si la continuité historique n’est pas parfaitement établie, les bâtisseurs des cathédrales du Moyen-âge ont, sans nul doute, hérité de ces connaissances sacrées. Ils ont aussi hérité de leur mode de transmission, en en conservant en particulier le caractère progressif

La transmission se faisait sous le sceau du secret car il convenait que ces connaissances liées à l’essence même du projet divin ne soient pas divulguées à qui n’aurait pas eu qualité pour les connaître. De nombreux documents attestent que ces bâtisseurs, charpentiers, tailleurs de pierre et autres maçons appartenaient à des associations pratiquant des rituels d’initiation, respectant le secret et faisant vœu de solidarité.

Au temps des Maçons opératifs, les connaissances nécessaires à la conception et à la construction d’un édifice « juste et parfait », comme devait l’être un édifice sacré bâti à la gloire de Dieu, n’étaient révélées qu’à ceux des ouvriers qui s’en montraient dignes.

Les rites d’admission encore en vigueur chez les Compagnons du Devoir témoignent de l’importance de ces passages, qui marquent pour l’admis, pour l’accepté, le commencement d’une nouvelle phase, d’une nouvelle vie. Il en est de même de nos jours pour ceux qui s’engagent dans le parcours initiatique de la Franc-Maçonnerie traditionnelle.

L’objectif de ce processus initiatique était pour chaque œuvrier, comme on disait à l’époque, de mieux conformer son travail, de sa conception à son exécution, aux prescriptions de l’ordre divin.

Le cartulaire de Notre Dame de Paris, qui date de 1283, fait ainsi explicitement référence aux Loges, terme qui désigne à la fois le local des ouvriers et leur assemblée. Les siècles passent, la Tradition se perpétue.

Peu à peu, des membres n’appartenant pas au métier furent cooptés au sein des Loges. Clercs, érudits, membres de la noblesse des villes où s’érigeaient les cathédrales et basiliques, ils avaient à cœur de partager la Connaissance qui gouvernait la construction de l’édifice qu’ils avaient commandité. Ainsi les Loges s’enrichirent-elles de membres « acceptés ». Le premier dont le nom nous soit parvenu est un certain Élias Ashmole, initié en 1646.

Les rituels les plus anciens qui nous soient parvenus datent de 1696. La première fédération de Loges qui ne soient plus du tout des Loges de métier, opératives, mais des Loges dites spéculatives, fût crée à Londres en 1717.

Des Loges du même type fonctionnaient en France. La première fédération de Loges fût fondée dans notre pays en 1743, elle prit le nom de Grande Loge de France en 1756.

Dans tous les cas, l’essentiel est ce que l’on nomme le rite, c’est-à-dire un ensemble cohérent constituant un enseignement traditionnel, dispensé de manière progressive et discontinue, formant ainsi, palier après palier, un système à degrés.

La méthode initiatique pratiquée dans toutes les loges maçonniques du monde transmet ainsi graduellement à la fois le fond de l’enseignement – son contenu – et la forme traditionnelle qui véhicule cet enseignement – son contenant -.

Cette forme pluri-centenaire, plurimillénaire même pour certains de ces composants essentiels, est constituée par les rituels correspondant à chaque degré, à chaque grade. Il existe ainsi un rituel pour ouvrir, conduire et fermer les travaux ordinaires d’une Loge, à chacun des degrés auxquels elle peut travailler. Il existe naturellement, pour chacun de ces degrés, un rituel d’initiation spécifique.

Ainsi, le mode de transmission de la Tradition est lui-même inscrit dans la tradition, et le Rite se pérennise.

Aux degrés des Maçons opératifs du Moyen-âge, essentiellement les degrés d’Apprenti et de Compagnon, la maçonnerie spéculative a peu à peu ajouté d’autres grades, notamment sous l’influence du Chevalier de Ramsay qui, en 1736, publia un Discours établissant une filiation entre l’Ordre maçonnique et la tradition chevaleresque telle qu’elle s’était illustrée au cours des Croisades.

Ainsi, le travail sur la loi universelle qui inspirait les bâtisseurs gagna-t-il une dimension spirituelle.

Les degrés introduits dans le continuum maçonnique vont donc peu à peu intégrer des éléments issus des Ordres chevaleresques, de leurs traditions et de leur symbolisme.

Aujourd’hui, le rite maçonnique le plus répandu et le plus pratiqué est dit Rite Écossais Ancien et Accepté.

Un modèle de tablier au grade de « maître » du Rite écossais ancien et accepté.

Il faut noter au passage que l’on ne doit pas abuser du terme « écossais » : il y avait certes des Loges fort actives en Écosse dès le 16ème ou le 17ème siècle, mais c’est bel et bien en France que fût créé un grade de « Maître Ecossais », sans doute en hommage à ces Loges jadis opératives, devenues spéculatives et, de fait, toujours actives aujourd’hui.

Depuis sa création il y a plus de deux siècles, le Rite Écossais Ancien et Accepté tel que le pratique la GLDF, mais aussi la GLCS, voire certaines loges du GOFF et d’autres propose une démarche
initiatique traditionnelle dont l’objet est d’amener chacun de ceux qui s’y engage à sa plénitude.

L’accomplissement dont il est question ici permet à l’initié de trouver puis de cultiver le sens de sa propre existence, au travers d’un cheminement spirituel dont toute son action, auprès de ses Frères comme dans le monde profane, sera éclairée.

Qualifier la démarche initiatique de traditionnelle, c’est l’inscrire dans une longue continuité, une longue perspective. Pour autant, cela signifie-t-il que ses adeptes sont passéistes, figés dans la perpétuation nostalgique de pratiques révolues ?

Nullement ! Au contraire le Rite ne met en œuvre un corpus traditionnel scrupuleusement préservé que pour mieux répondre aux défis du temps présent.

Comme l’écrivait le Très Illustre Frère Daniel Bacry « la Tradition, bien loin d’être une pensée passéiste, constitue un fondement solide d’une pensée moderne et bien actuelle ».

En fait, l’initiation ouvre à des hommes d’aujourd’hui une voie leur permettant d’œuvrer dans le respect du juste, du beau et du vrai à la construction de leur propre existence et du monde qui les entoure.

Quel que soit le degré qu’il est atteint dans son cheminement, le Franc-maçon poursuit une démarche initiatique qui est une quête spirituelle lui permettant de progresser, graduellement, sur la voie de la Connaissance. De quelle connaissance s’agit-il ici ?

De la connaissance de soi et du rapport du soi aux autres et au monde, d’une compréhension, d’une perception à la fois intime et profonde, d’une conscience.

C’est aussi la conscience de l’ordre universel, de l’unité de la Création, du caractère absolu du Un/Tout fondamental que les Francs-maçons appellent la Vérité. C’est la Lumière vers laquelle ils s’efforcent de progresser et qui éclaire leur chemin.

Chaque degré de progression est l’occasion de travaux qui, à partir de l’étude de mythes et de symboles propres à ce degré, conduisent à réfléchir sur ses propres attitudes, ses propres conceptions, convictions, croyances, ses propres comportements, en fait sa propre vie, celle de ses pensées comme celle de ses actions.

« Les initiés sont amenés à retranscrire ce qui est véhiculé par les rites et rituels dans leur corps par le moyen des gestes, paroles et actes, dans le cœur par la maîtrise des émotions et l’ouverture vers l’Amour inconditionnel, et dans l’intelligence par l’écoute, la contemplation, l’intégration de l’unicité du réel. C’est un chemin vers la source de vie, dans toutes ses diversités d’expression et de manifestation…permettant de vivre une spiritualité qui n’appartient ni au passé ni à l’avenir, mais qui est enracinée dans le cœur de l’instant » (Les enfants de Salomon : Approches historiques et rituelles sur les compagnonnages et la Franc-maçonnerie par Christelle Imbert et Hugues Berton).

Lorsqu’un Frère a fait suffisamment la preuve qu’il a acquis l’essentiel du contenu du degré qu’il a précédemment atteint, il peut être proposé puis initié au degré supérieur.

Chaque cérémonie d’initiation tout au long de son parcours maçonnique sera pour lui un événement marquant, unique. Elle sera également un temps fort et privilégié pour chacun des Frères de la Loge déjà admis à ce degré et qui auront activement participé à cette cérémonie.

Chaque initiation est un passage, l’ouverture à un nouvel espace de la conscience.

L’initiation correspond à une transformation de l’être dans sa façon de voir, de penser et d’agir le monde. Ce qui est une manière de dire qu’il y a un avant et un après, que l’initiation est bien un passage, un tournant, une mutation. Elle est une mort à l’état antérieur, immédiatement suivie d’une renaissance à un état nouveau. Chaque initiation transforme celui qui la vit.

L’initiation maçonnique est ainsi au cœur même de l’éthique, c’est-à-dire relative aux conduites humaines et aux valeurs qui les fondent. L’initié s’est un jour résolu à se mettre en chemin. Certes, on l’a aidé. Certes, les autres, dans un esprit de fraternité quasiment palpable, généreux, secourable, étaient là, sont là. Essentiels, à la fois aiguillons et miroirs.

Mais le chemin de l’initié demeure un chemin individuel, s’il ne saurait être un chemin solitaire.

On dit parfois : « On n’est jamais initié que par soi-même ». Peut-être, si l’on donne à cette expression le sens d’une démarche délibérée, volontaire, d’une détermination à se remettre en question, à aller à la recherche de soi. On pourrait dire aussi : « On n’est jamais initié que pour soi-même ».

Pendant une à deux années après son initiation, l’Apprenti franc-maçon sera invité à garder le silence durant les travaux en Loge. Il va ainsi découvrir l’importance de l’écoute de l’Autre ; il va apprendre à se taire pour mieux écouter et mieux entendre.

Il va aussi et peut-être surtout apprendre à faire silence en lui, à créer en lui le silence intérieur, qui loin d’être une attitude passive et inerte, permet d’être à l’écoute de l’Etre à l’intérieur de soi. Ce silence actif, cet éveil, cette écoute, conduit à l’Etre intérieur, d’où l’on peut percevoir le Tout, le Un, l’Universel.

Alain Pozarnik

La démarche initiatique est donc une démarche de l’homme en lui-même, pour lui-même. Comme l’exprimait Alain Pozarnik, ancien Grand Maître de la Grande Loge de France, dans un numéro de la revue Points de vue initiatiques « l’initiation est une connaissance progressive de soi par l’expérience de soi ».

Elle est en même temps une ouverture aux Autres, à leurs différences, à leurs particularités. Pourtant, le chemin de l’initié, sa progression, sont perceptibles pour son entourage. Mieux encore, il va comprendre que cette progression, qui lui fait prendre conscience de lui-même, l’améliore, le transforme progressivement et transforme en même temps son rapport à l’autre, aux autres, à l’univers entier.

La démarche initiatique est donc simultanément individuelle et collective, personnelle et universelle. La première initiation, celle qui fait passer de l’état de profane à celui d’Apprenti franc-maçon, est naturellement la plus importante. Elle marque le début du parcours que chacun parcourra ensuite selon son rythme, selon son besoin.

Le rituel emprunte aux initiations antiques les rites de purification, et comporte des épreuves qui, pour être symboliques, n’en sont pas moins fortement ressenties par le candidat. Cette cérémonie qui va ouvrir à l’impétrant l’accès à la voie maçonnique le fait passer, symboliquement et concrètement, de l’obscurité à la Lumière. C’est vers cette Lumière que ses pas se dirigeront désormais.

Être initié se distingue de l’initié à quelque chose en ne confondant pas l’initiation, c’est-à-dire la technique, avec le résultat ou le vécu de celle-ci.

On comprend bien, à l’énoncé des quelques références historiques que nous avons rappelées, que la méthode initiatique telle qu’elle est pratiquée en Franc-maçonnerie tire ses origines de la Tradition, d’une approche de la Connaissance passée par l’Égypte des Pharaons, la Jérusalem du Roi Salomon, la Grèce antique, Rome, les Croisés, les bâtisseurs des cathédrales médiévales et les philosophes humanistes du Siècle des Lumières.

On comprend aussi que cette Tradition s’est enrichie d’apports successifs, avant d’être stabilisée en un continuum cohérent il y a environ deux siècles.

Cette méthode, venue du passé, est suffisamment attractive aujourd’hui pour que des hommes et des femmes choisissent d’y adhérer, dans le but de donner la pleine mesure à leur foi dans la perfectibilité de l’homme.

Une loge maçonnique centenaire ne révèle aucun secret dans son musée au Paraguay

De notre confrère espagnol elobrero.es – Par Javier Aliaga

Des reliques et des documents de la Franc-Maçonnerie sont exposés au public tous les samedis dans un musée situé au cœur d’Asunción, capitale du Paraguay. Le musée retrace son histoire et met en lumière ses illustres membres, dont le maréchal José Félix Estigarribia, président du pays de 1939 à 1940 et héros de la guerre du Chaco contre la Bolivie (1932 à 1935).

À partir de ce mois-ci, le Musée de la Franc-Maçonnerie, qui appartient à la Grande Loge Symbolique du Paraguay (GLSP), la plus ancienne du pays, avec 102 ans d’existence et 3 000 membres, selon ce qu’a déclaré à EFE le directeur du centre culturel, Humberto Rossi, a ouvert ses portes au public pour se présenter au public, dans le cadre d’un circuit de lieux promu dans la capitale par le Secrétariat national du tourisme (Senatur).

L’ouverture

Le GLSP, dirigé par le Grand Maître Carlos Sosa Jovellanos, possède 28 autres espaces au Paraguay, dont le Temple Historique de Palma, un imposant bâtiment achevé en 1904, situé rue Asunción à Palma, et qui est un site du patrimoine de la ville depuis 2018.

L’ouverture du Musée maçonnique, dont la façade est ornée du compas et de l’équerre qui représentent la franc-maçonnerie, vise à montrer l’intérieur de cette institution et à mettre en valeur les contributions des francs-maçons au monde et au Paraguay, a déclaré Rossi.

Il a expliqué que le musée GLSP avait été fondé en 2016, mais qu’il était jusqu’à présent réservé aux membres de l’ordre et à leurs familles. Les francs-maçons, a-t-il expliqué, doivent « montrer que la franc-maçonnerie a véritablement eu un impact, non seulement au Paraguay, mais dans le monde entier » et qu’« elle n’est pas secrète, mais plutôt discrète ».

« La franc-maçonnerie est une institution humaniste et progressiste qui cherche l’amélioration humaine par l’auto-amélioration et la connaissance », a-t-il ajouté.

Musée de la Loge maçonnique au Paraguay

Le musée expose des portraits de francs-maçons, 300 pièces de collection, dont des médailles et des documents, qui révèlent le rôle de la franc-maçonnerie au Paraguay et les projets sociaux qu’ils soutiennent de manière philanthropique.

Au cours de la visite, la signification du compas et de l’équerre, liés au travail manuel et à la quête du savoir, est expliquée. Les différents degrés de Maître Maçon, Compagnon et Apprenti sont détaillés, ainsi que les types de tabliers correspondant à ces niveaux. Au centre culturel se trouve le Temple de la Genèse, dont les murs sont ornés des symboles du soleil, de la lune et d’un triangle percé d’un grand œil, symbole de la « Grande Providence ».

Le sol est une mosaïque à carreaux noirs et blancs, représentant la dualité de la vie, selon Rossi. La franc-maçonnerie, a-t-il ajouté, accepte comme membres les personnes « de bonne moralité », qui croient en un être supérieur, comme les catholiques, les bouddhistes, les musulmans ou les juifs, et qui sont libres de penser et « sans dogmes en tête » pour accepter de nouvelles connaissances.

Histoire

L’un des trésors du musée sont les 200 000 pages, dont beaucoup datent de 150 ans, consacrées à l’histoire de la franc-maçonnerie au Paraguay, consultables uniquement par ses maîtres. On y trouve également des documents sur les débuts de la franc-maçonnerie après la guerre de la Triple Alliance, au cours de laquelle le Paraguay a combattu le Brésil, l’Argentine et l’Uruguay entre 1864 et 1870.

La franc-maçonnerie, a déclaré le directeur culturel du musée, est arrivée au Paraguay en 1869 avec les Brésiliens qui ont fondé la loge Fe, alors que le pays avait été dévasté par la guerre et avait besoin de « renaître de ses cendres ».

Le musée abrite les documents fondateurs des loges « El Supremo Consejo del Grado 33 » et « Gran Oriente del Paraguay » en 1871, au sein desquelles la GLSP a été fondée en 1923.

Membres

Mais, selon Rossi, plusieurs présidents paraguayens étaient francs-maçons. « Nous avons eu 14 présidents, dont la plupart ont participé à la première phase de la reconstruction du Paraguay, qui a eu lieu après 1870 », a-t-il précisé.

Le dernier dirigeant maçonnique, a précisé la personne interrogée, fut le maréchal Estigarribia, initié à la Loge de la Parfaite Harmonie à Concepción le 22 août 1914, alors qu’il était lieutenant à l’âge de 26 ans. Après la victoire dans la guerre du Chaco, Estigarribia fut président de 1939 à 1940, année où il mourut aux côtés de sa femme dans un accident d’avion.

Les anciens présidents Bernardino Caballero (1880-1882) et Cecilio Baez (1905-1906), les militaires, les journalistes et les dirigeants sportifs tels que William Paats, qui fonda le club Olimpia en 1902, et Enrique L. Pinho, qui construisit le stade plus tard nommé Defensores del Chaco en 1917, étaient également francs-maçons.

Parmi la galerie de francs-maçons qui sont des personnalités mondialement connues figurent Chaplin et Cantinflas, les astronautes John Glenn et Buzz Aldrin, ainsi que les hommes politiques Benjamin Franklin, Benito Juárez et Voltaire.

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L’IA est-elle compatible avec la Franc-maçonnerie ? 

Non, car elle ne sait pas trianguler 

Certains pensent que l’intelligence artificielle “n’existe pas”. C’est le cas de Luc Julia, un de ses inventeurs, le co-créateur de Siri, il parle plutôt d’intelligence “augmentée”. Cela reste à voir, mais en tous cas il s’agit de l’intelligence des machines, à différencier de l’intelligence humaine qui n’est pas de même nature. Elle ne fonctionne pas selon les mêmes principes ni selon les mêmes modalités, bien que l’une soit inspirée de l’autre, l’une est numérique (binaire), l’autre ne l’est pas. 

L’intelligence des machines s’appuie presque exclusivement  sur des processus logico-mathématiques : des calculs, de la”computation”. L’une des branches, le Machine Learning repose essentiellement sur un traitement statistique et probabiliste. Une autre, le Natural Language Processing, (NLP) prétend analyser et comprendre le langage naturel. En réalité, il s’agit essentiellement d’un traitement statistique, on serait bien incapable de définir, du point de vue d’une machine, ce que veut dire : comprendre le sens des mots.

Le sens des mots n’a pas de sens pour une machine dont les deux seules modalités sont : 1 et 0. Comme pour la prétendue capacité de création des machines, il s’agit de computer de l’existant pour produire autre chose de semblable, bref de créer du faux Mozart ou du Faux Léonard de Vinci, mais jamais de créer un génie disruptif qui serait Mozart ou Léonard de Vinci. Toutes ces productions ont pour objectif de jouer du miroir pour donner l’impression aux humains que quelque chose a été créé qui pourrait être l’œuvre de l’un d’entre eux. 

L’intelligence humaine ne peut pas être résumée à des processus logico-mathématiques mêmes très sophistiqués. On reconnaît aujourd’hui plusieurs formes d’intelligence humaine. Howard Gardner en a déterminé 9 : 

  • linguistique
  • logico-mathématique
  • spatiale
  • interpersonnelle
  • interpersonnelle
  • corporelle-kinesthésique
  • musicale
  • naturaliste
  • existentielle

Certains d’entre elles sont copiées par l’intelligence des machines, par exemple, on apprend à des robots à se mouvoir dans le monde réel et adapter sa marche à des terrains accidentés. Mais l’apprentissage est long, laborieux, coûteux. N’importe quel petit chat à la naissance fait mieux et plus vite. Parce que l’intelligence analogique est plus véloce que l’intelligence numérique, elle n’est pas obligée de suivre des algorithmes. L’intelligence de la franc-maçonnerie s’appuie sur le symbolisme. Or le symbolisme n’est pas numérisable. Il est par essence : analogique.

Turc mécanique. Faux automate du XVIIè siècle qui prétendait savoir jouer aux cartes

Mais il y a plus grave et cela commence à proposer problème. L’intelligence des machines n’est pas faite pour distinguer le vrai du faux. Ces deux notions n’ont aucun sens en informatique . qui ne connaît que le 0 ou le 1. Quelque chose existe ou n’existe pas.  Pour dire les choses autrement, si une information fausse existe au sein de la machine, c’est qu’elle est vraie (1), car le contraire de vrai c’est : n’existe pas (0). Tout ce qui existe dans la machine est généré par la machine, il est fait  seulement des lignes de codes, des octets composés de 0 et de 1 et combinés par des lois informatiques.

Les seules lois qu’admet la machine sont les siennes, celles de ses programmes, de ses modalités de computation. Celles de la physique, des mathématiques comme celles de la danse classique ou de l’harmonie musicale, comme celles de la logique humaine, n’existent pas. Par exemple, le principe de non contradiction n’a aucune pertinence. Selon ce principe, si une proposition A est vraie, alors la proposition non-A est nécessairement fausse.

Pour la machine, puisque les deux propositions ont pu être énoncées, elles sont d’égale valeur. Il n’y a aucune différence entre une fake news et une fair news. Il n’y a aucune différence entre une image falsifiée, voire créée de toutes pièces par la machine et une image qui viendrait du dehors. Rien ne vient jamais du dehors. Dans un programme, une ligne de code qui “tourne” est vraie, une ligne de code qui bugge est fausse. C’est tout.. Il ne sert pas à grand-chose de vouloir supprimer les fake news, rien ne s’efface jamais.

Si on tentait de le faire, il y aurait la proposition A, + la proposition Non-A qui contredit la proposition A, +peut-être même la proposition B qui propose le supprimer la proposition A, et même + la proposition C qui propose une solution pour en finir avec ce problème insoluble. Tout cela se juxtaposerait, cohabiterait, nagerait dans le même bocal et ne disparaîtrait jamais vraiment. Que les francs-maçons ne comptent pas sur les machines pour les aider à rechercher la vérité, elles ne sont pas faites pour ça. 

Screenshot

L’intelligence des machines, c’est l’intelligence du point de vue des machines, pas du point de vue des hommes. Et le réel n’existe pas. Seul compte la réalité de la machine, c’est-à-dire leur monde intérieur. Un jour, l’image a cessé d’être une représentation du réel. Auparavant, à ses débuts, elle l’était, du temps de Louis Daguerre, puis de Nicéphore Niepce, la photographie était la capture du réel, de  son reflet dans la lumière, à la différence de la peinture et du dessin qui sont des recompositions, des représentations, pas des captures.

Jusqu’à il y a peu, la photographie avait valeur de preuve du réel, le photojournalisme est né de là. D’ailleurs quand on voulait fictionnaliser l’image il fallait fictionnaliser le réel, construire une mise en scène devant l’objectif, ce qu’a fait le cinéma. L’image numérique a tout changé. Elle est produite par l’ordinateur et non pas par un appareil de prise de vue. Rien ne sert de prendre une loupe, si on veut savoir comment elle a été créée, modifiée, falsifiée, il faut descendre dans le code c’est-à-dire à l’intérieur d’elle-même.

L’image produite par l’IA va plus loin, elle n’a même plus pour source le réel, mais le contenu gargantuesque de ce que l’IA a avalé. Vrai-faux, réel, inventé :  même combat. Mais si le réel n’existe pas, quelle pierre allons-nous tailler ? Selon Jacques Lacan, le réel, c’est ce qui résiste. On vérifie qu’il est bien réel en se cognant dessus. Imaginons que l’on veuille tailler une pierre virtuelle sur un écran, on ferait ce qu’on voudrait avec la souris, on effacerait, on recommencerait, on pourrait  même aller directement au résultat sans passer par l’effort et par l’apprentissage. Sans l’obstination du réel et la résistance des pierres, pas de franc-maçonnerie. 

L’intelligence des machines  va-t-elle supplanter l’intelligence humaine ? Luc Julia ne le pense pas. Il cherche à démonter l’illusion dans laquelle nous nous enfermons, quand nous croyons qu’elle est capable de tout, de tout savoir, de tout résoudre, de tout créer. 

Non, dit-il, et il énonce 7 reproches majeurs.

1. L’IA se trompe souvent. Il y aurait environ 30% de réponses erronées dans les productions de ChatGPT.

2. L’IA ne raisonne pas. C’est nous qui construisons des raisonnements à partir de ses réponses qu’on lui fait formuler par phrases. Elle calcule, elle compute, c’est tout

3. L’IA hallucine. C’est-à -dire qu’elle produit des choses qui n’existent pas dans le réel. Elle dessine une doudoune  au pape, par exemple. Elle invente des citations, puisque le réel n’existe pas, où est la différence? 

4. L’IA n’est rien de nouveau. Elle est la multiplication par des dizaines de fois mille, de processus numériques qui existaient déjà. Mais on ne parlait pas alors d’intelligence. 

5. L’IA ne comprend pas ce qu’elle écrit. N’importe qui ayant été confronté  avec un chatbot le sait, elle ne comprend pas ce qu’on lui demande et elle ne comprend pas ce qu’elle répond. Elle cherche, à partir du champ sémantique de la question, un formulaire de réponse qu’elle aurait en mémoire et qui aurait la plus de chances statistiquement de correspondre à la demande. Si ça ne marche pas, elle est en panne : “Veuillez reformuler la question”.

6.L’IA ne produit pas de contenu original. Ce qu’elle donne comme création n’est qu’une nouvelle computation de contenus existants. Elle copie, elle ne crée pas. En décembre 2019, elle n’aurait pas vu le COVID, parce qu’il n’existait pas encore

7. L’IA ne fait que répéter ce qu’elle a appris. Elle est et demeure un computeur, une immense base de mémoires et un formidable outil de connexion pour mettre tout cela en œuvre. 

Mais justement, elle serait peut-être en train d’atteindre ses limites ?

Physiques, tout d’abord. En visite en France, Jeff Bezos voulait acheter une centrale nucléaire pour faire tourner sa machine. La génération des IA génératives aurait un coût environnemental déraisonnable. Coût informationnel ensuite.

Il semble que les Chats GPT, Gemini, Claude et même Le Chat aient déjà absorbé la totalité des connaissances disponibles sur la toile. Et comme elles ont besoin de continuer de se nourrir, elles puisent dans ce qu’elles ont elles-mêmes produit. Et par un effet Larsen, les erreurs sont recyclées en sources et produisent à leur tour des erreurs. Par exemple, on s’est aperçu que les IA produisent des images de plus en plus jaunes. Le jaune étant la couleur dominante des images qu’elles ont en mémoire, elles s’en nourrissent pour produire d’autres images encore plus jaunes et ainsi de suite. 

Est-ce la mort des IA ?

Certains président leur effondrement, au moins celui des mastodontes d’IA génératives que sont Chat GPT et ses sœurs. Mais l’essentiel se passe ailleurs. Dans des IA plus réduites, mises au service d’une mission précise  et n’incorporant que des données sécurisées et validées. 

Alors l’IA danger ou opportunité ?

Ci-dessous : la franc-maçonnerie vue par une IA

C’est une question de triangulation. Si nous nous laissons prendre à son piège binaire, si nous nous regardons dans son miroir en y cherchant notre image, il nous arrivera ce qui est arrivé à Narcisse : se noyer dans l’abîme de son image, ou ce qui est arrivé à Echo : attendre sans fin une réponse qui ne viendra pas et n’écouter que sa propre voix qui se répercute dans le vide. 

Mais si nous triangulons, alors les IA deviendront des outils précieux pour tailler toutes les pierres qu’on veut, et c’est l’intelligence humaine qui tiendra le manche….de la souris.

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Testez-vous pour savoir si vous êtes un maçon cratophile

Autodiagnostic avec une touche d’humour noir !

Cratophilie : le virus chic qui ronge les loges

Mes chers Frères et Sœurs, préparez-vous à un examen de conscience… avec un sourire en coin ! Le terme « cratophilie », brillamment forgé par notre Frère Daniel Béresniak, désigne cet amour maladif du pouvoir qui contamine hommes et femmes, de gauche comme de droite, et – ô surprise ! – même nos rangs maçonniques. Pas besoin de cordon jaunâtre ou de tablier rutilant pour choper ce rhume institutionnel : il suffit d’un grade ronflant ou d’une place à l’Orient pour que le virus s’installe, aussi insidieux qu’un coup de chaleur en plein été.

Pendant ce temps, Pierre Roudy, avec son « caméroquet » – ces roquets aboyeurs qui lèchent les bottes des grands –, nous avait déjà mis sur la piste. Mais Daniel, lui, va plus loin : lisez son Embrochons la bêtise et la cratophilie (Detrad / AVS, 15 €) pour un remède à ce mal !

Les symptômes : entre zozotérisme et collectionnite aiguë

invitaion à entrer, miroir, passage, chemins

Les maçons les plus vulnérables ? Ceux pour qui la franc-maçonnerie symbolique n’est qu’une activité « zozotérique » – un jargon ronronnant qui sonne bien mais vide de sens. Ces âmes perdues trouvent dans la cratophilie une excuse parfaite pour camper sur leurs colonnes : une ribambelle de titres, de plateaux et de grades devient leur trophée de chasse. Imaginez le tableau : après 20 ans d’exposition, ils dégagent une aura contagieuse, transformant la loge en salle d’attente pour l’Orient éternel… mais dans un état bien plus pitoyable qu’à leur entrée ! Triste ironie : le polissage de la pierre brute s’achève en un caillou érodé par l’ego.

Le test cratophile : osez vous regarder dans le miroir !

Alors, Frère, Sœur, êtes-vous cratophile ? Répondez sans tricher : ressentez-vous un frisson à l’idée d’un nouveau cordon ? Comptez-vous vos grades comme des médailles olympiques ? Si oui, gare à vous : le virus a frappé ! Posez-vous la question socratique : est-ce vrai, bon, utile ? Ou n’est-ce qu’un décor pour briller dans les salons maçonniques ? Les vrais initiés, eux, préfèrent tailler leur pierre en silence plutôt que de parader avec des fanfreluches. Et si vous toussez déjà un « Très Puissant » entre deux gorgées de vin d’honneur, il est peut-être temps de consulter… un bon livre de Béresniak !

Riez de vous pour mieux guérir

humour, rire, comique

Mes chers compères, la cratophilie n’est pas une fatalité, mais un miroir hilare de nos faiblesses. Alors, avant de partir à l’Orient éternel avec un bagage de vanité, testez-vous, riez de vous-même et revenez à l’essentiel : la fraternité, pas les fanions. Car, comme le dit l’adage, un maçon sage préfère une loge sobre à un trône branlant. À vos équerres, et que la lumière – pas les lustres ! – vous guide !