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« Anatomie du franquisme » : L’expo événement au Musée de la Résistance et de la Déportation de la Haute-Garonne

Nombreux sont les frères et sœurs espagnols, mais pas seulement, qui, par leurs témoignages, ont révélé à notre rédaction que le franquisme persiste, encore et toujours, en terre ibérique. Depuis une décennie, la montée fulgurante de Vox, un parti politique fondé en 2013 sous la houlette de Santiago Abascal et classé à l’extrême droite, a aussi attiré notre attention.

Drapeau de Vox
Parti populaire (Partido Popular), logotype officiel

Né en décembre 2013 des rangs d’anciens membres du Parti populaire – fondé en 1989 par Manuel Fraga, ancien ministre franquiste et chef de la droite conservatrice depuis le retour à la démocratie, en 1977 –, Vox demeure longtemps sans éclat électoral, jusqu’à l’année charnière de 2018. Cette année-là, lors des élections régionales en Andalousie, Vox fait une percée spectaculaire avec près de 11 % des voix, apportant son soutien à l’instauration d’un gouvernement de droite dans la communauté autonome.

Santiago Abascal

Les élections anticipées de novembre 2019 offrent à Vox l’opportunité de plus que doubler son nombre de députés et d’accroître de moitié son pourcentage de voix. Aux élections municipales et régionales de 2023, le parti améliore encore ses résultats, intégrant l’exécutif de plusieurs municipalités et communautés autonomes. Vox participe désormais à l’exécutif de cinq communautés autonomes.

Cependant, les élections générales de juillet 2023 marquent un premier recul pour le parti, qui perd environ 3 % des voix et 19 sièges, réduisant ainsi sa représentation au Congrès à 33 sièges.

Connaître ses ennemis pour mieux les combattre : une leçon intemporelle

L’histoire regorge d’enseignements et l’un des plus puissants est sans doute celui qui affirme qu’il est essentiel de bien connaître ses ennemis pour mieux les combattre. Cette maxime, attribuée à des stratèges aussi divers que Sun Tzu – célèbre en tant qu’auteur de l’ouvrage de stratégie militaire le plus ancien connu L’Art de la guerre – et Machiavel – humaniste florentin de la Renaissance –, transcende les époques et les contextes, trouvant une résonance particulière dans les périodes de conflits et de résistances, comme celles étudiées par le Musée de la Résistance et de la Déportation de la Haute-Garonne.

Une compréhension profonde pour une stratégie efficace

Pour affronter efficacement un adversaire, il ne suffit pas de connaître ses forces militaires ou sa puissance économique. Une compréhension approfondie de ses motivations, de ses faiblesses et de ses stratégies est cruciale. Cela permet de prévoir ses actions et de contrer ses plans avec une précision chirurgicale. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Résistance française a démontré l’importance de l’espionnage et de la collecte d’informations pour affaiblir les forces d’occupation nazies. Les réseaux de résistants, en infiltrant les structures ennemies et en décryptant leurs communications, ont pu orchestrer des sabotages et des actions de guérilla qui ont considérablement entravé les opérations de l’occupant.

Francisco Franco Bahamonde, 1964

L’importance de l’éducation et de la mémoire historique

La connaissance des ennemis ne se limite pas aux seules confrontations militaires. Elle s’étend également aux idéologies et aux systèmes de pensée qui les sous-tendent. Par exemple, la dictature de Vichy et l’Occupation allemande ont été marquées par une propagande intense visant à remodeler les esprits et à imposer une vision totalitaire. Comprendre les mécanismes de cette propagande, les manipulations de l’information et les symboles utilisés par ces régimes est indispensable pour les combattre efficacement. Les expositions et les documents conservés au Musée de la Résistance et de la Déportation permettent de déchiffrer ces codes et d’éduquer les générations futures sur les dangers du totalitarisme et de la xénophobie.

Drapeau de l’Espagne

Préserver la mémoire pour éviter la répétition des erreurs

Connaître ses ennemis, c’est aussi se souvenir de leurs actions passées pour éviter de répéter les mêmes erreurs. La mémoire historique joue ici un rôle fondamental. En se remémorant les atrocités commises par les régimes fascistes et en comprenant les contextes qui ont permis leur ascension, les sociétés modernes peuvent renforcer leurs défenses contre les résurgences de ces idéologies. Le buste de la Marianne noire, exposé au Musée, incarne cette résistance silencieuse mais déterminée contre l’oppression. En se souvenant des sacrifices des résistants, des déportés et de tous ceux qui ont souffert sous la dictature, nous honorons leur mémoire et nous nous armons contre les dangers futurs.

L’actualité d’une vigilance nécessaire

Aujourd’hui encore, la montée des extrémismes en Europe et ailleurs rappelle tragiquement que la vigilance est de mise. Les leçons du passé doivent être appliquées avec rigueur pour comprendre et contrer les nouvelles formes de menace. L’exposition « Anatomie du franquisme » est un exemple concret de cette démarche. En analysant les racines et les évolutions de la dictature franquiste, elle offre des clés pour comprendre les dynamiques actuelles de l’extrême droite et pour développer des stratégies de résistance efficaces.

Ainsi, connaître ses ennemis pour mieux les combattre n’est pas seulement une stratégie militaire, mais un impératif moral et intellectuel. En étudiant les forces obscures qui ont marqué notre histoire, en décryptant leurs tactiques et en préservant la mémoire des résistances, nous nous armons d’une sagesse précieuse pour affronter les défis de notre temps. Le Musée de la Résistance et de la Déportation de la Haute-Garonne, par son engagement éducatif et commémoratif, joue un rôle crucial dans cette mission de vigilance et de transmission.

« Anatomie du franquisme » au Musée départemental de la Résistance & de la Déportation

 Le musée, en collaboration avec le laboratoire de recherche FRAMESPA de l’Université Toulouse Jean Jaurès, offre un éclairage inédit sur la dictature franquiste. Après un colloque tenu fin mars au Conseil départemental, l’exposition « Anatomie du franquisme » se dévoilera jusqu’au 22 septembre 2024 au Musée départemental de la Résistance & de la Déportation, soutenue par le Gouvernement espagnol.

Un cycle scientifique et commémoratif, une première en Europe

C’est une première en Europe : un cycle scientifique et commémoratif synthétisant les connaissances sur la dictature franquiste accumulées depuis la fin du XXe siècle. « Le franquisme est très peu connu en France, précise François Godicheau, historien et ancien directeur du laboratoire FRAMESPA, coordinateur du projet. Aucun ouvrage récent ne s’est penché sur cette dictature de quarante ans (1936-1977), la plus longue d’Europe occidentale après celle de Salazar au Portugal. L’enjeu est crucial. « Il s’agit de faire comprendre au public européen l’horreur du franquisme pour qu’il soit moins facile de s’en réclamer, ajoute l’expert. Le franquisme n’a jamais été condamné moralement de façon absolue, contrairement au nazisme et au fascisme. Cette ignorance est dangereuse car elle fait du franquisme une ressource culturelle et politique pour l’extrême droite. »

Membres de Phalange espagnole devant la basilique Notre-Dame du Pilier à Saragosse, octobre 1936

Un travail titanesque

Un travail titanesque a été accompli, mobilisant une équipe d’historiens spécialisés en partenariat avec le gouvernement espagnol. La première partie de l’exposition explore les fondations de la dictature, tandis que la deuxième, prévue pour 2025, analysera les transformations de la société espagnole. « L’objectif est d’expliquer comment cette dictature caméléon a pu perdurer quatre décennies en maintenant ses principes répressifs et sa violence intacts, explique Claire Leger, régisseuse de l’exposition. Deux-cent-dix-sept documents et œuvres seront présentés, provenant du Musée d’Histoire de Barcelone, du Musée Reina Sofia et de la Bibliothèque Nationale d’Espagne. »

De même, les deux colloques, le premier en mars 2024 et le second en 2025, approfondiront la connaissance des diverses facettes du franquisme, en présence des plus grands spécialistes du sujet, avec traduction simultanée.

Anatomie du franquisme l exposition événement Haute Garonne. Photo DR

Une exposition destinée à voyager

L’ancrage de ce projet en Haute-Garonne, profondément marquée par l’exil des républicains espagnols (La Retirada), n’est pas fortuit. Cependant, l’ambition est de faire voyager cette exposition. « L’exposition est conçue pour circuler, car il est nécessaire de construire l’imaginaire collectif autour du franquisme en France et en Europe, y compris en Espagne où cette période demeure taboue », explique Claire Leger. L’objectif est également d’ouvrir des débats plus larges. « Étudier cette dictature, née sous le signe du fascisme et du nazisme mais ayant su s’adapter au monde libéral après 1945, soulève des questions cruciales, observe François Godicheau. Dans un contexte de montée de l’extrême droite en Europe, une question se pose : que devient une dictature fasciste quand elle n’est pas vaincue par les armes ? »

Le Musée de la Résistance et de la Déportation de la Haute-Garonne

Situé au cœur de Toulouse, au 52 allée des Demoiselles, le Musée de la Résistance et de la Déportation de la Haute-Garonne est un lieu de mémoire et d’histoire, inauguré en 1994 pour célébrer le cinquantième anniversaire de la libération de Toulouse et de son département. En complément, le monument à la gloire de la Résistance se dresse fièrement sur l’esplanade Alain-Savary, allée Frédéric-Mistral.

Historique

Ce musée départemental trouve ses origines dans un modeste rassemblement de documents privés en 1974. Sa mission s’est étendue pour embrasser toute la période allant de la fin de la Première Guerre mondiale jusqu’à la Libération de la France, avec une attention particulière sur la dictature de Vichy et l’Occupation. Il s’attache à faire revivre cette époque troublée et à rendre hommage à ceux qui l’ont vécue.

Collections et expositions

Le musée s’articule sur deux étages : le second accueille les collections permanentes, tandis que le premier étage est réservé aux expositions temporaires. En outre, le musée abrite un centre documentaire, un vaste fonds d’archives et un auditorium, offrant ainsi un espace de réflexion et de connaissance.

L’exposition permanente retrace le fil des événements, depuis la montée du fascisme jusqu’à la Libération et la reconstruction de la France. Une seconde section poignante est dédiée à la Déportation, mettant en lumière les souffrances et les résistances de ceux qui ont traversé ces épreuves.

Marianne noire, Musée de la Résistance et de la Déportation de la Haute-Garonne

La Marianne noire, à ne manquer sous aucun prétexte

Parmi les trésors du musée, le buste de la Marianne noire se distingue par son histoire singulière. Ce symbole puissant, don de la franc-maçonnerie toulousaine en 1977, fut commandé en 1848, année marquant la seconde abolition de l’esclavage. Attribué au sculpteur maçonnique Bernard Griffoul-Dorval, ce buste en plâtre et lait de chaux, pesant 90 kg et mesurant 1,20 mètre, était à l’origine peint en bronze. Malheureusement, en 1941, il subit les assauts des membres du régime de Vichy avant d’être caché par des résistants francs-maçons. Longtemps perdu, il refit surface pour être finalement offert au conseil départemental en 1977, où il trône désormais comme un témoin silencieux des luttes passées.

Marianne Noire (Crédit photo Yonnel Ghernaouti) – Reproduction musée de la franc-maçonnerie

Ainsi, le Musée de la Résistance et de la Déportation de la Haute-Garonne n’est pas seulement un sanctuaire de mémoire, mais un gardien des histoires de courage et de résistance qui ont façonné notre présent.

Infos pratiques

Anatomie du franquisme- Jusqu’au 22 septembre 2024 – Musée de la Résistance et de la Déportation de la Haute-Garonne, 2 allée des Demoiselles 31000 Toulouse (Haute-Garonne)

En savoir + sur l’exposition

Horaires d’ouverture : du mardi au samedi – 10h/18h/Fermeture les jours fériés/À compter du 26/03/2024 et jusqu’à nouvel ordre, le Musée est fermé entre 12h30 et 13h30.

Tarifs : Le musée est gratuit/Toutes les activités proposées par le musée sont gratuites, mais il est fortement conseillé de réserver/La visite libre ne nécessite pas de réservation.

Sources : https://www.haute-garonne.fr/ ; Wikimedia Commons ; Wikipédia ; Programme de l’exposition

L’été littéraire : Avec La Tarente, c’est maintenant ! Nouveautés, promotions et révélations mystiques…

La newsletter des éditions de La Tarente du samedi 13 juillet nous apporte des nouvelles estivales et des annonces de nouveautés prometteuses.

Un été de repos… En attendant la rentrée littéraire maçonnique

« Avant de prendre des vacances bien méritées du 19 juillet au 20 août, notre équipe est enchantée de vous annoncer la sortie prochaine de nouvelles offres dès septembre. Ces nouvelles parutions seront proposées à un tarif spécial de lancement, vous permettant de bénéficier d’une promotion exclusive sur les livres édités par les Éditions de la Tarente.

Ne laissez pas passer cette opportunité et passez vos commandes avant le 15 septembre. Nous vous souhaitons un été magnifique et reposant ! »

Deux ouvrages à condition préférentielle

Le Rite Féminin de Memphis-Misraïm par Axel Karol

Disponible fin septembre, au tarif de lancement de 26 € (30 € à partir du 14 septembre). Ce livre lève le voile sur l’existence d’un rite maçonnique égyptien spécifiquement féminin. Il valorise l’égalité entre les sœurs et les frères en quête d’absolu, mettant en lumière la profondeur symbolique et l’importance du Féminin sacré dans le parcours initiatique. Cette étude révèle une richesse insoupçonnée des rituels, fruit de la volonté de Raoul Fructus et Constant Chevillon, et vise à ce que les sœurs s’approprient ce joyau de la maçonnerie égyptienne.

Détails : 240 pages + illustrations couleurs/Format : 16×24 cm/Tarif : 23€ jusqu’au 14 septembre, 26 € au-delà

Chroniques d’Histoire de la Grande Loge Nationale Française-Des faits et des hommes par Francis Delon

Disponible fin septembre, au tarif de lancement de 23 € (26 € à partir du 14 septembre). Cet ouvrage retrace l’évolution de la Grande Loge Nationale Française (GLNF), passée d’une petite obédience marginale à la seconde puissance maçonnique française. Le livre explore son développement, influencé par des personnalités et des événements marquants, et met en lumière son rayonnement international et son rôle dans la maçonnerie traditionnelle.

Francis Delon

Francis Delon, la bio

Titulaire d’une Maîtrise d’Histoire Contemporaine de l’Université Paris IV (1981) et d’un D.E.S.S. « Histoire et Métiers des Archives » de l’Université d’Angers (1999), Francis Delon est ancien chargé d’études documentaires principal aux Archives de Paris Il a reçu en 2010 la distinction de Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres.

Archiviste bénévole de la GLNF depuis 2000, il a obtenu, en 2013, le classement de ses archives par le Service interministériel des Archives de France.

Collaborateur régulier, depuis 1997, de sa revue Les Cahiers Villard de Honnecourt, membre du Comité Scientifique des expositions « Le Franc-Maçon en habit de Lumière » (Château de Tours, 2002) et « La Franc-Maçonnerie » (Bibliothèque nationale de France, 2016), il a soutenu, le 19 juin 2018 à l’Université Bordeaux-Montaigne une Thèse de Doctorat en Études anglophones sous la direction du Professeur Cécile Révauger, sur La Grande Loge Nationale Indépendante et Régulière pour la France et les Colonies Françaises (1910-1940).

Détails : Préface Jean-Pierre Servel/272 pages/Collection Fragments maçonniques

Deux ouvrages de Archè Milano

Trois traités alchimiques médiévaux par André Colinet

Disponible le 15 juillet, cet ouvrage réunit et traduit trois traités inédits d’auteurs latins du haut Moyen Âge. Il comprend : 1. De corporibus et spiritibus d’Archelaus/2. Vade mecum du Frère Élie/3. Tractatus domini Episcopi Ceruiensis de Théodoric

Ces éditions critiques, accompagnées de riches annotations et études, offrent une plongée dans les sources et pratiques alchimiques de l’époque.

Détails : 320 pages/Tarif : 30 €/Collection : Textes et Travaux de Chrysopoeia/Éditeur : Archè Milano

Hhiram, « meurs et deviens »-Le mystère initiatique par Jean Nomis

Disponible le 15 juillet, ce livre explore le mythe fondateur de Hhiram au sein de la franc-maçonnerie de tradition. L’auteur propose une vision symbolique et ésotérique, loin des interprétations moralisatrices, et invite à une réflexion profonde sur l’initiation et la survie de notre œuvre au-delà de la mort.

Détails : Cahiers de l’Unicorne n° 32/156 pages + illustrations/Éditeur : Archè Milano/- Collection : Cahiers de l’Unicorne n° 32

Archè Milano est distribué dans le monde (excepté en Italie) par les Éditions de la Tarente. Plus de 350 titres au catalogue de cette maison d’édition fondée par Laszlo Toth et basée à Milan (Italie).

Source : Newsletter des éditions de La Tarente, samedi 13 juillet 2024

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L’Eurovision 2025 sous le feu des critiques pour sa “tolérance envers le satanisme et l’occultisme” 

De notre confrère Yahoo et BFM

Après la victoire de l’artiste suisse Nemo à l’Eurovision 2024 en Suède en mai dernier, la Suisse se prépare à accueillir le télé-crochet l’an prochain. Cependant, le choix de la ville hôte est un défi complexe dans ce pays où la politique peut influencer la décision à travers des référendums. Un petit parti conservateur, ouvertement hostile au concours, s’oppose aux budgets alloués par les villes candidates.

Zurich, Genève et Bâle sont en lice aux côtés de Berne, la capitale, qui envisage d’organiser l’événement en collaboration avec Bienne, la ville d’origine de Nemo. La ville sélectionnée pour accueillir cette 69ème édition devrait être annoncée d’ici fin août.

Un parti évangélique souhaite contester les crédits alloués. La question du coût suscite des débats, mais le particularisme suisse ajoute une dimension supplémentaire : des formations politiques pourraient s’opposer à la décision par le biais de référendums. Dans cette démocratie semi-directe, les citoyens peuvent exiger un vote dès lors qu’ils obtiennent le nombre requis de signatures, tant au niveau local, cantonal que national.

L’Union démocratique fédérale (UDF), un parti suisse qui défend “les valeurs chrétiennes intemporelles”, s’oppose fermement aux crédits accordés pour l’organisation du Concours Eurovision 2025. Ce parti évangélique, décrit comme ultra-conservateur par la presse suisse, reproche à l’Eurovision de “célébrer ou du moins de tolérer le satanisme et l’occultisme” 1. L’UDF cite notamment l’exemple de la tenue ornée de cornes portée par Bambie Thug, représentant l’Irlande lors de la compétition à Malmö, en Suède.

Le parti a lancé des référendums locaux dans les villes de Zurich et Berne pour s’opposer aux crédits alloués à l’événement. Certains membres de l’UDF craignent les coûts et le tumulte associés à l’Eurovision, tandis que d’autres sections, notamment à Genève et Bâle, se montrent enthousiastes en raison des retombées économiques potentielles 1. La décision finale reposera sur la Société suisse de radiodiffusion et télévision (SSR), qui évaluera les candidatures des villes hôtes.

L’Eurovision, dont la première édition a eu lieu en Suisse en 1956, est financé par des contributions des sociétés membres de l’Union européenne de radio-télévision. La ville choisie devra participer au financement, notamment pour les frais de sécurité. À Zurich, un crédit de 20 millions de francs suisses a été approuvé en cas de victoire de la ville, suscitant des réactions mitigées au sein de l’Union démocratique du centre (UDC), un parti de droite conservatrice 1.

En somme, les querelles autour du financement d’événements ne sont pas rares en Suisse, et l’Eurovision suscite des débats passionnés entre les partisans des retombées économiques et ceux préoccupés par les coûts et les controverses 1. Le pays devra trouver un équilibre entre ces considérations pour accueillir l’événement avec succès.

Peut-on avoir la foi sans croire ?

Article du site de la glif – Par Gérard Lefèvre

Discussion autour des concepts de « foi » et de « croyance ». Mais qu’est-ce que la foi d’un Franc-maçon ?

Dans le langage usuel « avoir la foi » et « croire » ou tout aussi bien « foi et croyance »sont très proche, sinon synonymes… En réalité, “foi” et “croyance” ne sont pas strictement synonymes. Voici les éléments qui distinguent les deux :

  1. Foi :

                  –    La foi est un concept plus large et peut s’appliquer à différents domaines, y compris la religion.

                  –    Elle implique une confiance profonde en quelque chose, souvent sans           preuve tangible.

                  –    La foi peut être personnelle et intime, et elle peut transcender les  limites de la raison.

                  –    Par exemple, avoir la foi en Dieu signifie croire en son existence et en sa providence, même sans preuves scientifiques.

  1. Croyance :

–         La croyance est plus spécifique et peut être liée à des idées, des doctrines ou des dogmes.

–    Elle peut être basée sur des éléments concrets, tels que des   enseignements religieux, des expériences personnelles ou des preuves historiques.

 –      Les croyances peuvent varier d’une personne à l’autre et sont souvent    influencées par la culture, l’éducation et l’environnement.

–     Par exemple, croire en la résurrection est une croyance spécifique dans le contexte chrétien.

 

Qu’est-ce que croire ?

Estimer comme vrai, être persuadé de la réalité.
Avoir foi dans une religion, une doctrine philosophique.
Estimer sincère une personne.
Accepter de façon immédiate une vérité révélée.
Contrairement au savoir, la croyance ne nécessite pas de preuves rationnelles.
Croire a donc un sens très vague de portée plus psychologique que logique.
Croire peut- être le contraire de douter ; cependant dans l’expression « je crois que… » toute proche de « je suppose »… s’insinue un doute, une incertitude que l’on ne trouve pas par exemple dans « je crois en… »

La croyance

La croyance est le fait d’attribuer une valeur de vérité à une proposition ou un énoncé, indépendamment des éléments de réalité confirmant ou infirmant cette proposition ou cet énoncé. En d’autres termes, c’est lorsque l’on croit en quelque chose sans nécessairement avoir de preuves tangibles pour étayer cette conviction. Par exemple, croire en l’existence de Dieu, aux fantômes ou à d’autres doctrines relève de la croyance.

Les croyances sont profondément ancrées et façonnent notre perception de nous-mêmes, des autres et du monde qui nous entoure. Elles sont influencées par diverses sources telles que l’éducation, les expériences personnelles, la culture et les influences sociales. 

Au sens large, la croyance peut être définie comme un état mental qui porte à donner son assentiment à une certaine représentation, ou à porter un jugement dont la vérité objective n’est pas garantie et qui n’est pas accompagné d’un sentiment subjectif de certitudeEn somme, la croyance est un concept complexe qui a été étudié par des philosophes, des épistémologues, des historiens, des anthropologues et des psychologues afin de comprendre son rôle dans le comportement des individus et des sociétés

La foi est un concept complexe qui a des significations variées selon les contextes philosophiques, religieux et spirituels. Voici quelques définitions pour mieux comprendre ce phénomène :

  1. Définition philosophique et spirituelle:

–         La foi (du latin fides, signifiant « confiance ») est l’adhésion ferme et entière à une idée, un concept ou un principe, qui apparaissent donc à l’esprit comme vrais et certains. La foi la plus courante est la foi religieuse, ou la foi en Dieu, qui implique ferveur et dévotion.

                –      La foi est une expérience intime, relevant du vécu intérieur. Elle ne   s’explique pas et surgit parfois sans prévenir.

Elle peut avoir deux origines :

              –    Origine extérieure: Influences telles que l’éducation, la culture ou la tradition, conduisant à une foi suggérée ou inculquée, souvent dogmatique.

–  Origine intérieure: Chemin personnel menant à un nouveau rapport au       monde et à soi-même, basé sur la connaissance de soi et le dépouillement.

La foi n’est pas une simple opinion, une philosophie ou une idéologie, elle se vit à un moment donné mais peut être questionnée et remise en cause, elle est active et dynamique.

Emerson Précise « la croyance consiste à accepter les affirmations de l’âme »

                          

     Ralph Waldo Emerson en 1857.

La croyance n’est pas une certitude pour tous. Il y a des certitudes mathématiques, scientifiques, rationnelles, morales même, issues de l’expérience et il y a les croyances spirituelles abstraites et incertaines.

  1. Définition théologique:

               – Dans un contexte religieux, la foi est la décision de faire confiance aux témoins qui nous parlent de Dieu et d’organiser notre vie en conséquence. Elle est libre et relève de la décision intime de chaque individu, même si Dieu lui-même apporte son aide.

La foi est étrangère à la raison. Où la foi pénètre, la raison s’en va.

Pasteur disait « quand on me parle de religion je ferme le tiroir de la science ».

Saint Augustin disait mieux « credo quia absurdum » Je crois parce ce que c’est absurde.

Ce qui écarte radicalement toute raison discursive et même le simple bon sens.

En somme, la foi est un phénomène mystérieux, à la fois personnel et universel, qui transcende les limites de la raison et de la certitude. Elle peut être source d’inspiration et de libération, mais comporte également des risques tels que l’erreur ou l’obscurantisme.

La question de la foi sans religion est complexe et suscite des réflexions variées. Permettez-moi de vous présenter quelques perspectives sur ce sujet.

La foi sans religion :

Il est possible d’avoir la foi sans nécessairement adhérer à une religion organisée. La foi est avant tout une relation personnelle avec Dieu ou une transcendance. Elle implique la reconnaissance de l’existence et de la présence de quelque chose de plus grand que nous.

Certains contemporains se considèrent comme croyants sans pratiquer activement une religion. Ils croient en Dieu ou en une force supérieure, mais ne fréquentent pas nécessairement un lieu de culte ou ne suivent pas de rituels religieux.

La foi peut exister indépendamment des structures religieuses et des dogmes. Elle se manifeste à travers la prière, la méditation, la confiance et la relation personnelle avec le divin.

La religion et la foi :

La religion, quant à elle, est un ensemble de textes, de rites, de règles et de coutumes par lesquels un groupe d’hommes exprime sa relation à Dieu. Par exemple, si vous êtes chrétien, vous allez à la messe le dimanche, vous essayez de vous conformer à l’Évangile et aux règles qui en découlent, et vous vous déclarez membre de l’Église.

La foi, en revanche, est cette relation personnelle avec Dieu, cette reconnaissance de son existence et de sa présence. Elle s’exprime à travers la pensée, la prière ou les actes.

Le dilemme :

Mentionner que l’adhésion à une religion peut altérer la foi. C’est un point de vue partagé par certains. Ils préfèrent vivre leur foi sans les contraintes institutionnelles de la religion.

Cependant, il y a un prix à payer. Si vous rejetez la religion, vous pourriez être contraint de vous inventer votre propre concept de Dieu ou de le réduire à une « entité » transcendante, ineffable, mais dont on ne peut rien dire. Cela peut conduire à une foi abstraite et déconnectée de la réalité.

Certains ont trouvé un équilibre en adhérant à une religion tout en maintenant une relation personnelle avec Dieu. Par exemple, dans le christianisme, Jésus est considéré comme le visage de Dieu, accessible à travers une communauté de croyants.

En fin de compte, la foi sans religion est une quête personnelle. Chacun doit trouver sa propre voie pour approcher Dieu, que ce soit à travers une religion organisée, une spiritualité personnelle ou une combinaison des deux. La question fondamentale reste : comment atteindre Dieu sans perdre de vue notre humanité et notre besoin de solidarité avec les autres.

Le Franc Maçon peut-il soulever des montagnes ?

“Je vous le dis en vérité, si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à cette montagne : ‘Transporte-toi d’ici là’, et elle s’y transporterait, et rien ne vous serait impossible.” (Matthieu 17,19)

Notre foi n’est pas religieuse, aveugle, impérative. Elle ne nous possède pas, nous la cultivons. Elle n’est pas un but mais un moyen.

Le Maçon qui cherche la vérité doit savoir douter, non par pyrrhonisme, par système, mais pour se remettre dialectiquement en cause, défendre ses idées ou les modifier dans le sens de la raison et du progrès.

Notre foi est adhésion volontaire aux valeurs que nous défendons à la perfectibilité de l’homme, à l’avènement d’une humanité meilleure et plus fraternelle.

Notre foi n’est pas aveugle, nous savons que tout ce qui est humain est fluctuant, versatile et pervers. Notre foi sera souvent sujette au doute au désespoir, mais persévérons par amour pour les hommes.

Notre foi est volonté d’arriver, volonté tenace malgré les découragements « passagers » car au fond de nous subsiste toujours cette petite flamme : la réalisation des rêves de paix et de bonheur entre les hommes, nos frères.

Est-ce une utopie, tout idéal n’est-il pas une utopie ?

GL 05/2024

Partez en quête de sens et de vérité avec « Chemins de traverse », la nouvelle revue du Droit Humain

Le 28 juin dernier, nous vous annoncions, en avant-première, la naissance de Chemins de traverse – Revue Maçonnique de la Fédération française du Droit Humain.

Et nous terminions notre article par « Une belle collection commence… 450.fm ne manquera pas de vous proposer, cet été, une note de lecture. » Comme promis, nous sommes donc au rendez-vous.

Le premier numéro de Chemins de traverse – Revue Maçonnique de la Fédération française du Droit Humain n°1 juin 2024 est une exploration riche et variée de thématiques profondes et symboliques, centrées sur la relation entre l’homme et la terre. Ce premier numéro s’ouvre sur un éditorial de Sylvain Zeghni, président de la Fédération française de l’Ordre Maçonnique Mixte International Le Droit Humain (DH), qui présente la revue comme une plateforme pour des débats éclairés et des réflexions sur les valeurs maçonniques appliquées aux enjeux contemporains.

Notons tout de suite que le premier texte intitulé « À propos de notre couverture », avec, en exergue, la célèbre phrase de Paul Éluard

« La Terre est bleue comme une orage »,

met en lumière la signification des couleurs bleu et orange utilisées sur la page de couverture.

Paul Éluard photographié par le Studio Harcourt en 1945

La célèbre citation de Paul Éluard (1895-1952) provient de son recueil de poèmes intitulé L’Amour la poésie, publié en 1929 ; une phrase souvent donnée comme un exemple typique du surréalisme, un mouvement littéraire et artistique dont Paul Éluard faisait partie, qui cherchait à transcender la réalité par l’usage de l’irrationnel et du rêve.

Le rêve est un précieux don, et c’est précisément ce que nous offre la nouvelle revue Chemins de traverse. Grâce à elle, nous pouvons mieux persévérer dans notre quête incessante de sens et de vérité. Cette revue nous invite à emprunter des sentiers inédits et à plonger dans de nombreux univers. Ainsi, elle nous aide à naviguer à travers les méandres de nos réflexions et à éclairer notre compréhension du monde. Chemins de traverse devient alors une boussole pour l’esprit, un phare dans la nuit de nos questionnements, guidant chacun de nos pas vers une vérité plus profonde et un sens renouvelé.

Bleu et orange, dites-vous ?

Le bleu est associé à la pureté de l’esprit, à la vérité, à l’élévation et à la fraternité. Il symbolise la loyauté, la sagesse et l’intégrité, guidant chaque franc-maçon vers la lumière et évoquant la paix intérieure, l’infini et le mystère. L’orange, en revanche, représente l’équilibre et l’harmonie, fusionnant la passion du rouge avec la lumière du jaune. Il symbolise la transformation, le renouveau et les cycles de la vie, tout en incarnant l’énergie, la créativité et l’optimisme.

1re de couv., détail

Le dossier central de ce numéro, intitulé « Habiter la Terre », aborde les relations entre l’homme et le vivant, en écho à l’évolution récente des principes de la constitution internationale du droit humain. Ce dossier contient des articles étymologiques, philosophiques, anthropologiques, sociologiques et juridiques qui interrogent et alimentent la réflexion sur l’harmonie entre les êtres humains et la nature dans son ensemble, essentielle pour la vie et celle des générations futures.

Constitutions d’Anderson, 1723

Les rubriques incluent « Place de l’histoire » qui présente les Constitutions dites d’Anderson, un ouvrage historique majeur pour la franc-maçonnerie. « Le coin des curieux » propose des analyses et des perspectives nouvelles quant au fait de « Partir du bon pied », question faisant débat en fonction des rites, notamment au Rite Écossais Ancien et Accepté, celui pratiqué par Le Droit Humain, tandis que « Place de la lecture » recommande des ouvrages, certains écrits par des sœurs et frères de l’obédience, afin d’approfondir les thèmes abordés dans la revue.

L’ours – dont une des origines nous est donnée par Serge Bénard dans Les Mots de la presse écrite, viendrait de l’anglais « ours » (qui se traduit par « les nôtres ») pour dire aux lecteurs : « Voici qui nous sommes. » – rassemble une équipe diversifiée et érudite de contributeurs, chacun apportant sa perspective unique.

Le dossier « Habiter la Terre » comprend des contributions sur des personnalités telles qu’Élisée Reclus, une analyse anthropologique du rapport homme/nature, des sujets comme les réfugiés climatiques et l’impact humain sur l’environnement sont également abordés, offrant des perspectives critiques et des solutions potentielles pour un avenir plus harmonieux et durable. Sans oublier l’« Interview croisée » Corinne Lepage/Christian Huglo.

Entrons dans les voies qui nous sont désormais pénétrables

Pénétrons désormais les chemins qui s’offrent à nous avec une clarté nouvelle !

Bernard Dat, diplômé d’études approfondies en droit public et vice-président de l’académie des belles lettres de La Rochelle, nous offre une exploration approfondie des Constitutions dites d’Anderson en partageant avec rigueur et passion son analyse de cet ouvrage fondateur.

Il témoigne de son émotion de tenir entre ses mains le livre original qui reste à jamais pour lui pour une expérience mémorable. Il souligne l’utilité matérielle de ce livre, qui permet de mieux comprendre les racines et les évolutions de la franc-maçonnerie.

L’article met en lumière la célébration du tricentenaire des Constitutions dites d’Anderson en 2023, l’ouvrage ayant structuré et codifié les rites et les règlements des loges, fournissant une base solide pour les pratiques maçonniques modernes.

Bernard Dat explique aussi que l’ouvrage n’est pas simplement un recueil de lois, mais aussi un guide pour la compréhension des traditions séculaires et des développements historiques de la franc-maçonnerie. En détaillant les différents articles des constitutions, il souligne leur pertinence continue pour la franc-maçonnerie actuelle, tout en mentionnant spécifiquement les « devoirs du franc-maçon », qui établissent des principes de tolérance et de respect mutuel, essentiels à la fraternité maçonnique.

Il conclut en soulignant l’importance de l’étude approfondie des Constitutions dites d’Anderson pour tous les fils de la lumière. Cet ouvrage, selon lui, est non seulement un document historique précieux, mais aussi un guide intemporel pour la pratique maçonnique, offrant des enseignements sur les valeurs et les principes qui continuent de guider la franc-maçonnerie aujourd’hui.

Le dossier « Habiter la Terre »

La revue explore des thèmes profondément liés à la relation entre l’homme et la nature, en mettant en lumière des perspectives philosophiques, juridiques, anthropologiques et humanitaires. Ce dossier s’ouvre sur la rubrique « Place des mots : habiter la Terre » que nous devons à Annick Drogou. Sa réflexion commence par une analyse sémantique et symbolique de ce que signifie véritablement « habiter » notre planète. Les mots sont pesés et déployés pour mieux comprendre leur impact sur notre perception et notre interaction avec l’environnement.

Élisée Reclus, par Nadar, 1889

L’article « Élisée Reclus, l’homme & la terre : perspectives philosophiques autour d’Élisée Reclus » nous plonge, grâce à la pertinence de Sylvain Zeghni, président de la Fédération française, dans la pensée de cet éminent géographe et anarchiste français du XIXe siècle. d’Élisée Reclus, connu pour ses travaux sur la géographie sociale et ses visions utopiques d’une harmonie entre l’homme et la nature, est ici revisité à travers une analyse contemporaine. Les auteurs examinent comment ses idées peuvent encore inspirer les réflexions modernes sur l’écologie et le développement durable.

Pour mémoire, le 11 mars 1858, Élisée Reclus est initié au sein de la loge « Les Émules d’Hiram », affiliée au Grand Orient de France. Cependant, il ne s’y montre jamais actif et, au bout d’une année, il s’éloigne de la franc-maçonnerie…

La présentation du « Triangle Élisée Reclus » est une exploration de ce groupe de réflexion qui porte le nom du géographe. Ce triangle, composé de penseurs et de praticiens engagés dans la défense de l’environnement, vise à promouvoir une approche holistique et intégrée de la relation homme-nature. L’article détaille les objectifs et les actions de ce groupe, soulignant leur pertinence dans le contexte actuel de crise écologique.

Christian Huglo

Puis, l’article « Le droit est une force pour la protection des générations futures » propose une analyse juridique des mécanismes de protection de l’environnement. Interview croisée de Corinne Lepage et Christian Huglo, l’article explore comment les lois et les régulations peuvent et doivent être utilisées pour garantir la préservation de la planète pour les générations à venir. Des exemples concrets de législation environnementale sont discutés, montrant comment le droit peut être un outil puissant dans la lutte contre le changement climatique et la dégradation environnementale. Des propos recueillis par Anne Amis, rédactrice en cheffe.

Les deux avocats associés, ayant mené plus de 50 batailles juridiques ensemble, partagent leurs perspectives et expériences sur l’évolution du droit de l’environnement.

Christian Huglo commence par évoquer son engagement dans le domaine suite à l’affaire Montedison en 1973, où il a été confronté à une pollution intense en Méditerranée. Cette expérience a marqué le début de son combat pour le droit de l’environnement, mettant en lumière l’importance de considérer le dommage écologique comme un crime environnemental majeur. Christian Huglo insiste sur la nécessité d’intégrer la notion de durabilité dans tous les domaines du droit pour assurer une protection effective et pérenne de notre planète.

Corinne Lepage

Corinne Lepage, quant à elle, se remémore son implication dans l’affaire de l’Amoco Cadiz en 1978, qui a été un tournant décisif pour le droit de l’environnement en France. Elle souligne comment cet événement a catalysé une prise de conscience globale sur les effets catastrophiques des pollutions maritimes. Corinne Lepage met l’accent sur l’importance des externalités et de la manière dont le droit doit prendre en compte les effets secondaires des activités humaines pour protéger les générations futures.

Les deux avocats discutent également des avancées récentes et des défis persistants dans le domaine du droit de l’environnement. Corinne Lepage mentionne l’évolution du droit et de la jurisprudence en réponse aux changements climatiques et aux catastrophes environnementales. Elle appelle à une protection environnementale réelle et efficace, qui nécessite une évolution continue des lois et des régulations.

Tous deux partagent une vision commune sur la nécessité de renforcer les droits de la nature, comme cela a été fait en Nouvelle-Zélande avec la reconnaissance du fleuve Whanganui en tant qu’entité vivante. Ils voient dans cette approche une voie prometteuse pour améliorer la protection juridique de l’environnement.

Whanganui_River – Wikimedia Commons

Cette belle interview met en évidence le rôle majeur du droit dans la lutte contre les crises écologiques et la défense des générations futures. En résumé, les deux avocats plaident pour une approche intégrée, où le droit, la politique et la société civile collaborent pour créer un cadre légal robuste et juste pour protéger notre planète. Ils insistent, tout naturellement, sur l’importance de l’éducation, de la participation citoyenne et de l’engagement international pour assurer un avenir durable et harmonieux.

La 4e de couverture

L’article « L’homme et la nature, une approche anthropologique », par Alain Froment, directeur des collections d’anthropologie du musée de l’Homme, adopte une perspective différente en se concentrant sur les aspects culturels et sociaux de la relation entre l’homme et son environnement. Il examine comment différentes cultures perçoivent et interagissent avec la nature, et comment ces interactions influencent les pratiques environnementales. Cette approche anthropologique offre des insights précieux sur la diversité des réponses humaines aux défis écologiques.

« Les réfugiés climatiques » aborde une des conséquences les plus dramatiques du changement climatique. L’article examine les causes, les impacts et les solutions potentielles pour les millions de personnes déplacées par des catastrophes naturelles et des dégradations environnementales. Il met en lumière les aspects humanitaires et juridiques de cette crise, appelant à une action internationale coordonnée pour protéger les plus vulnérables.

Le dossier se termine par une note poétique avec « Ode à Dame Nature », une célébration de la beauté et de la majesté de la nature par Gisèle Mayet-Albagnac. Cet hommage littéraire rappelle aux lecteurs l’importance de préserver notre planète, non seulement pour sa survie mais aussi pour sa capacité à inspirer et à nourrir l’âme humaine.

Le dossier « Habiter la Terre » livre une réflexion riche et multidimensionnelle sur la relation complexe entre l’homme et son environnement. À travers plusieurs perspectives, il invite les lecteurs à reconsidérer leur rôle et leur responsabilité envers la planète, en mettant en avant des solutions et des actions concrètes pour un avenir plus harmonieux et durable.

Chemins de traverse se termine avec la rubrique « Place de la lecture », offrant des recommandations littéraires et des ressources supplémentaires pour approfondir les thèmes abordés dans ce numéro. ce segment final propose également une information précieuse sur les émissions du droit humain sur France culture, une plateforme essentielle pour la diffusion de la pensée maçonnique et des valeurs humanistes du Droit Humain.

L’émission intitulée « Divers aspects de la pensée contemporaine » est diffusée le dimanche matin à 9h42. Elle ouvre son micro au DH quatre fois par an, permettant de sensibiliser un public plus large aux enjeux et aux valeurs maçonniques. Ces émissions abordent divers thèmes, allant au-delà des frontières géographiques et générationnelles, en invitant des personnalités engagées à partager leurs perspectives.

Parmi les interventions marquantes, Sylvain Zeghni, Grand Maître National, débat avec Daniel Menshaert, Grand Maître de la Fédération belge du Droit Humain, sur les élections européennes et les valeurs communes qui transcendent les frontières. Une autre émission met en lumière les échanges entre Mathieu, jeune apprenti de 22 ans, et Danièle Juette, franc-maçon depuis 50 ans, illustrant la continuité des valeurs maçonniques à travers les générations.

Daniel Herrero, une figure emblématique du rugby, est invité à discuter des valeurs partagées entre ce sport et la franc-maçonnerie, soulignant l’importance de l’éthique, du respect et de la fraternité, même dans des domaines aussi différents que le sport et les pratiques maçonniques.

Enfin, la revue propose un abonnement annuel de 40 euros pour recevoir les deux numéros par an. Cet abonnement permet aux lecteurs de rester informés des grands sujets d’actualité, éclairés par les valeurs du Droit Humain et les questionnements maçonniques, tout en soutenant une publication dédiée à la réflexion et à l’engagement humaniste.

En conclusion, ce premier numéro de Chemins de traverse offre une lecture enrichissante, éclairante et stimulante, invitant les lecteurs à réfléchir et à agir en harmonie avec les valeurs maçonniques et les défis environnementaux contemporains. Tout en encourageant une participation active à travers ses émissions et son abonnement.

La revue succède à Perspectives, apportant un nouveau regard et des inspirations pour un avenir éclairé et harmonieux.

Chemins de traverse-Revue Maçonnique de la Fédération française du Droit Humain

Habiter la Terre

Éditions Numérilivre, N°1, juin 2024, 80 pages, 22 €

Disponible chez NumérilivreLe Doit Humain, le sitePour s’abonner

Le soufisme en Europe : « Islam, ésotérisme et New Age »

Article issu du site journals.openedition.org – Par Francesco Piraino

Le soufisme en Europe. Islam, New Age et ésotérisme, ouvrage issu de la thèse de Francesco Piraino1, constitue un jalon important des recherches contemporaines sur le soufisme en Europe de l’Ouest en proposant une observation systématisée des différentes confréries françaises et italiennes – Būdshīshiyya, ʿAlāwiyya,  Naqshabandiyya Haqqaniyya et Aḥmadiyya – Idrīsiyya Shādhiliyya.

F. Piraino appréhende le soufisme de ces confréries transnationales comme un phénomène expansif, plastique et attractif. La perspective intègre ainsi des jeux d’échelles entre espace national (Italie, France) et logiques transrégionales (Maroc, Algérie, Chypre), et fait dialoguer socio-anthropologie du religieux et islamologie appliquée.

Les enquêtes de terrain menées sur le temps long, entre Paris et Milan, et fondées sur de nombreux entretiens qualitatifs, mettent en perspective les parcours biographiques des adeptes, les fonctionnements des organisations confrériques et les activités sociales, politiques et culturelles qui leur sont liées. Les entretiens sont complétés par des ethnographies des assises rituelles, quotidiennes et ponctuelles (ijtimāhziyārat ou mawled al-nabawī) ainsi que de diverses activités organisées par les confréries (conférences, rencontres-débats ou soirées-concerts).

  • 2 Danièle Hervieu-Léger, La religion pour mémoire : Paris, Cerf, 1993.
  • 3 Stefano Allievi, Les convertis à l’islam. Les nouveaux musulmans dEurope : Paris, L’Harmattan, 199 (…)
  • 4 Elliott Bazzano & Marcia Hermansen (eds), Varieties of American Sufism: Islam, Sufi Orders, and Aut (…)

Partant du cadre conceptuel de la modernité religieuse2 et de la construction d’un islam européen3, les recherches de F. Piraino illustrent le fait que la diffusion du soufisme en Europe s’articule dans une tension constante avec le référentiel et la normativité islamiques. Le soufisme est appréhendé dans sa dimension vécue, quotidienne et sociale, tout en prenant en compte ses dimensions historique, doctrinale et philosophique, à rebours d’une vision présentiste. F. Piraino observe différents groupes confrériques dans lesquels se côtoient des musulmans socialisés à l’islam dans l’enfance et l’adolescence, des convertis devenus musulmans à l’âge adulte et des adeptes soufis qui ne s’identifient pas comme musulmans.

Il démontre la façon dont l’espace d’implantation d’une confrérie, le fait générationnel et les enjeux de transmission d’une tradition participent à sa mutation. In fine, ce travail permet à F. Piraino de déconstruire un certain nombre de présupposés – le soufisme et l’islam seraient deux éléments distincts ; le soufisme serait un islam « light », « domestiqué » (p. 235) ; le soufisme serait ouvert, libéral ; le soufisme serait apolitique. En s’inspirant des recherches menées sur les espaces anglo-saxons4, F. Piraino rend compte des imbrications des registres discursifs – islamique, ésotérique et New Age – associés à des pratiques – dhikr, méditation ou usage d’ennéagramme – dans la formulation d’un soufisme européen qui revêt les contours d’une religion universelle.

  • 5 Danièle Hervieu-Léger, Le pèlerin et le converti : Paris, Flammarion, 1999, p. 71-78.
  • 6 Notion empruntée à Talal Asad qui exprime un discours liant éthique, pratique et rapports de pouvoi

Les observations de terrain révèlent que les formes d’organisation soufies correspondent peu aux catégories de la sociologie des religions (église, secte, groupe mystique, nouveaux mouvements religieux) et aux idéaux-types qui en émanent (prêtre, sorcier, prophète). À l’inverse, les structures soufies se caractérisent par une certaine fluidité et nécessitent une conceptualisation souple afin d’éviter toute catégorisation trop rigide ou de relativiser la pluralité des formes qui les composent.

Ce faisant, F. Piraino analyse le soufisme par une double tension, inspirée du modèle de Danièle Hervieu-Léger et remaniée, qui fait l’objet des deux premiers chapitres5. Le soufisme est d’abord entendu comme une Scientia experimentalis, une expérience mystique, comprise comme une mystique, une imagination vivificatrice et indépendante de toute structure religieuse – ce type d’expérience jouant un rôle moteur dans la construction des phénomènes religieux (p. 29-50). Il est aussi compris comme une Sacra doctrina, une doctrine sacrée, entendue comme « tradition discursive6 », théodicée et structure religieuse, inscrite sur le temps long, des débuts du soufisme dès le viiie siècle au « soufisme global » contemporain.

Qom en Iran Palais

Ainsi, la doctrine soufie serait à la fois porteuse d’une « régénération-revivification » du message religieux et d’une force créatrice qui déborde le cadre religieux lui-même (p. 51-66). Le troisième chapitre est dédié aux origines du soufisme en Europe (p. 67-111) et présente les différents vecteurs ayant participé à sa diffusion et sa construction. Migrants soufis, acteurs et théoriciens de l’ésotérisme européen, du New Age et universitaires religieux ont contribué au développement du soufisme en Europe au long du xxe siècle.

Les quatre chapitres suivants constituent des monographies des confréries et couvrent les configurations et déclinaisons possibles des organisations soufies, les modalités d’initiation et de transmission, l’éventail des positions doctrinales et de pratiques rituelles promues et adoptées, la position du curseur vis-à-vis du fiqh, de la sharīʿa et du référentiel islamique mais aussi de la sociologie des acteurs et des activités sociales, culturelles et politiques.

  • 7 Sophia Rose Arjana, Buying Buddhas, Selling Rumi: Orientalism and the Mystical Marketplace : London
  • 8 Merin Shobhana Xavier, The Dervishes of the North. Rumi, Whirling, and Making of Sufism in Canada :
  • 9 Ron Geaves, The Sufis of Britain: An Exploration of Muslim Identity : Cardiff, Cardiff Academic Pre
Homme des Derviches tourneurs
Homme Derviche tourneur

Les enquêtes de terrain menées par F. Piraino font écho à celles dédiées aux mouvements soufis aux États-Unis7, au Canada8 et au Royaume-Uni9. L’enquête menée sur la Būdshīshiyya démontre que le type de confrérie « transplantée », caractérisée par la dimension ethnique, s’avère modulable en fonction de l’espace de transplantation ; hybride en France, transplantée en Italie. L’étude de l’Aḥmadiyya-Idrīsiyya Shādhiliyya illustre un autre aspect de cette fluidité puisqu’il s’agit d’une confrérie guénonienne, dans laquelle le soufisme est intellectuel et élitiste (les discussions métaphysiques prennent le pas sur les rituels soufis), mais qui va progressivement revenir à une dimension plus centrée sur les référentiels islamiques lors de la succession du maître – d’Abd al-Wahid Pallivicini à son fils Yahya Pallivicini.

La confrérie Naqshbandiyya Ḥaqqāniyya (en Italie plus qu’en France) oscille quant à elle entre le modèle de confrérie islamique et celui d’une confrérie désislamisée, perméable aux influences du New Age, et pratiques de « bricolage » religieux. Cette tendance s’observe tant par les figures de leadership (« spiritual trainers », p. 271) que par les modalités d’initiation ou les doctrines et rituels eux-mêmes ou par les activités proposées (des « purifications spéciales » du Burhanuddin Hermann, p. 279, au « spectacle soufi » de Hassan Dyck, p. 280).

  • 10 Mark Sedgwick, « In Search of a Counter-Reformation: Anti-Sufi Stereotypes and the Budshishiyya’s R
  • 11 Ron Geaves, « A Case of Cultural Binary Fission or Transglobal Sufism? The Transmigration of Sufism

F.Piraino aborde la diffusion du soufisme au prisme des différentes formes discursives – l’islam-soufi des migrants, l’ésotérisme traditionaliste, les études universitaires du soufisme et le New Age – qui contribuent collectivement à la fabrique du soufisme européen sans (forcément) impacter sa dimension doctrinale, rituelle et organisationnelleC’est le cas pour les confréries ʿAlāwiyyaBūdshīshiyya et Naqshbandiyya qui conservent leurs doctrines, rituels et organisations en proposant un format discursif aux couleurs d’un islam intellectuel, éthique et spirituel pour une audience européenne.

Une telle entreprise, promotrice d’un « humanisme islamique » (p. 345), est portée par des leaders soufis (tels que Khaled Bentounes, Faouzi Skali ou encore Abdelhafid Benchouk) dans l’optique de répondre aussi bien à la quête individualisée de musulmans qu’au souci de transmission générationnelle ou de participation citoyenne10. Par exemple, au nom de ce même humanisme, le cheikh Bentounes, président de l’AISA ONG, est à l’initiative de la Journée Mondiale du Vivre Ensemble en Paix (JIVEP) adoptée par l’ONU et célébrée le 16 mai depuis 2017.

Quelques cas font exception, notamment dans le soufisme transplanté qui apparait de manière subsidiaire dans cette enquête, pour lesquels le discours soufi peut s’avérer bien plus totalisant et structurant d’un point de vue doctrinal, rituel et organisationnel. Dans ces cas-là, on retrouve l’idée de « cultural binary fission11 » où l’organisation confrérique constitue un miroir reproduisant des communautés d’origine et où la société environnante n’exerce que peu d’influence. Le soufisme éclaté ou New Age, lui, s’apparente au format du pick and mix et marque (souvent) une séparation entre islam et soufisme.

L’offre proposée par les « entrepreneurs spirituels » fait état de la malléabilité doctrinale et rituelle qui laisse aux disciples une grande latitude dans l’accommodation de pratiques tournées vers le bien-être mental, corporel et l’esthétique. Ici, c’est donc la perméabilité et l’imbrication des courants ésotériques (« cultic milieu ») et New Age qui sont observées dans ces formes de soufisme européen.

Les recherches menées sur les cas français et italien témoignent de la façon dont le soufisme européen contemporain se ramifie, se restructure et se réinvente en mobilisant des registres variés et des processus créatifs qui dépassent souvent l’identification revendiquée par les acteurs et les jeux d’assignations. Si l’exhaustivité n’est pas recherchée, elle soulève des interrogations et mobilise des outils conceptuels qui méritent d’être étendus au paysage confrérique européen marqué par le morcellement et la multiplication du maillage soufi.

Appréhender les soufismes européens en mobilisant les confréries soufies ayant une renommée moins diffuse, par les « petites confréries », permettrait également d’enrichir le tableau ici présenté, de proposer d’autres formes de déclinaisons possibles de ces « langages » et ces structures et d’éclairer dynamiques et enjeux de ce marché religieux.

Notes

1 Francesco Piraino, Le développement du soufisme en Europe. Au-delà de l’antinomie modernité et tradition : thèse de doctorat, EHESS/Scuola Normale Superiore, France/Italie, 2016.

2 Danièle Hervieu-Léger, La religion pour mémoire : Paris, Cerf, 1993.

3 Stefano Allievi, Les convertis à l’islam. Les nouveaux musulmans dEurope : Paris, L’Harmattan, 1999.

4 Elliott Bazzano & Marcia Hermansen (eds), Varieties of American Sufism: Islam, Sufi Orders, and Authority in a Time of Transition : New York, SUNY Press, 2020 ; Theodore Gabriel & Ron Geaves, Sufism in Britain : London, Bloomsbury, 2014.

5 Danièle Hervieu-Léger, Le pèlerin et le converti : Paris, Flammarion, 1999, p. 71-78.

6 Notion empruntée à Talal Asad qui exprime un discours liant éthique, pratique et rapports de pouvoir autour de l’idée de « croyance correcte » ou d’orthodoxie qui influence le présent, se voit légitimée par le passé et se projette vers le futur (p. 53-54). Voir Talal Asad, « L’idée d’une anthropologie de l’islam », traduit de l’anglais par Mattia Gallo & Pierre Lassave, Archives des sciences sociales des religions 180 (2017) (« The Idea of an Anthropology of Islam », Washington, Georgetown University, Occasional Papers Series, 1986, p. 117-137).

7 Sophia Rose Arjana, Buying Buddhas, Selling Rumi: Orientalism and the Mystical Marketplace : London, One World Academic, 2020 ; E. Bazzano & M. Hermansen (eds), Varieties of American Sufism, op. cit.

8 Merin Shobhana Xavier, The Dervishes of the North. Rumi, Whirling, and Making of Sufism in Canada : Toronto, University of Toronto Press, 2023.

9 Ron Geaves, The Sufis of Britain: An Exploration of Muslim Identity : Cardiff, Cardiff Academic Press, 2000.

10 Mark Sedgwick, « In Search of a Counter-Reformation: Anti-Sufi Stereotypes and the Budshishiyya’s Response », in Michaelle Browers & Charles Kurzman (eds), An Islamic Reformation ? : Oxford, Lexington Books, 2005, p. 125-146.

11 Ron Geaves, « A Case of Cultural Binary Fission or Transglobal Sufism? The Transmigration of Sufism to Britain », in Ron Geaves, Markus Dressler & Gritt Klinkhammer (eds), Sufis in Western Society: Global Networking and Locality : London, Routledge, 2009.

Pour citer cet article

Référence électronique

Samir Abdelli, « Francesco Piraino, Le soufisme en Europe. Islam, ésotérisme et New Age », Cahiers d’études du religieux. Recherches interdisciplinaires [En ligne], 26 | 2024, mis en ligne le 01 janvier 2024, consulté le 14 juillet 2024. URL : http://journals.openedition.org/cerri/9327 ; DOI : https://doi.org/10.4000/120gw

Auteur

Samir Abdelli

Doctorant en histoire contemporaine à l’EHESS au sein du CETOBaC (UMR 8032) sous la direction de Sabrina Mervin et Rachida Chih-Faulks, Samir Abdelli mène des travaux sur l’histoire intellectuelle de l’islam en France durant la seconde moitié du xxe siècle. Il s’intéresse aux figures intellectuelles, à leurs trajectoires d’engagements et aux dynamiques de circulation des savoirs à partir du parcours d’une femme convertie du catholicisme à l’islam et initiée au soufisme, Eva de Vitray-Meyerovitch (1909-1999). Il est membre du projet ANR ISLAMSOC Socialisations Islamiques, dans lequel il participe à une recherche collective sur les intellectuels musulmans en France (projet ANR-23-CE41-0006).

« GeoHistoire » N°76 : Les origines et l’impact des grandes théories du complot

Le numéro de GeoHistoire de juillet-août 2024 (N°76) intitulé « Illuminati, 11-septembre, Pandémies… Comment sont nées les grandes théories du complot » se concentre sur l’origine et l’impact des théories du complot dans l’histoire moderne.

Dossier principal : Le complotisme, meilleur ennemi de l’histoire

Le dossier principal examine comment les théories du complot émergent et influencent la perception publique des événements historiques. Les articles explorent diverses théories, notamment autour des Illuminati, des attaques du 11 septembre, et des pandémies, mettant en lumière leur naissance, leur propagation et leur résilience dans la culture populaire.

Réflexions sur le complotisme

L’article conclut que le complotisme prospère en partie grâce à la méfiance généralisée envers les autorités et les médias traditionnels. Le développement d’Internet a facilité la diffusion rapide de ces théories, exacerbant leur impact sur le débat public et alimentant une méfiance croissante à l’égard des institutions démocratiques.

En somme, ce numéro de GeoHistoire offre une analyse approfondie de la manière dont les théories du complot émergent et se développent, avec un accent particulier sur les Illuminati et les symboles conspirationnistes. Il illustre l’impact persistant de ces idées sur la société moderne et la difficulté de lutter contre leur propagation.

Prise de la Bastille

« Des rumeurs tenaces – Des siècles de fausses conspirations » nous offrent 22 pages d’images concernant quelques grandes théories du complot puis l’article « La Révolution française – 1789 a été orchestré par des puissances occultes » discute des différentes théories du complot autour de la Révolution française. Des accusations ont été portées contre les Anglais, les francs-maçons et les protestants pour expliquer la chute rapide de la monarchie française. Ce fut l’un des premiers exemples de complotisme à grande échelle, cherchant à rationaliser des événements historiques complexes à travers des récits simplifiés et souvent erronés.

Macron Illuminati
Macron Illuminati

La société secrète : « Les Illuminati sont parmi nous »

L’article sur les Illuminati explique comment cette société secrète bavaroise, fondée au XVIIIe siècle et dissoute peu après, a été ressuscitée dans l’imaginaire collectif par la culture populaire et certains théoriciens du complot. Aujourd’hui, certains les accusent de manipuler les événements mondiaux pour dominer le monde. Le texte souligne l’évolution de cette théorie, qui est devenue une sorte de « super théorie du complot » synthétisant diverses craintes et méfiances envers les institutions politiques et économiques.

Le mythe de la Terre plate – Wikimedia Commons

L’astronomie :  « On nous cache que la Terre est plate »

L’article explore la résurgence de la théorie de la Terre plate, une croyance qui date du XIXe siècle en Angleterre. Malgré les preuves scientifiques accablantes, cette idée continue d’avoir des adeptes aujourd’hui, alimentée par la méfiance envers les institutions scientifiques et les médias.

Affiche de propagande nazie de l’exposition antimaçonnique de Belgrade, 1941-1942

L’antisémitisme : « Les Juifs contrôlent le monde »

L’antisémitisme a engendré plusieurs théories du complot à travers l’histoire, accusant les Juifs de divers maux, depuis les crimes rituels jusqu’à la domination de la finance mondiale. Cet article examine comment ces accusations haineuses persistent encore aujourd’hui, exacerbées par des moments de crise et de tension sociale.

Première de couverture du péril juif, édition française des Protocoles des Sages de Sion.jpg

Le document : « La fabrique d’un faux : Les Protocoles des Sages de Sion »

Les Protocoles des Sages de Sion, un faux document du début du XXe siècle prétendant dévoiler un plan juif de domination mondiale, est analysé ici. L’article explique comment ce faux a été fabriqué et continue d’être diffusé comme une « preuve » par les conspirationnistes.

Les élites : « La finance a causé la débâcle de mai 1940 »

Cet article explore la théorie selon laquelle des banquiers et des technocrates auraient orchestré la défaite de la France en 1940. Cette idée a été relayée par les éléments les plus radicaux du régime de Vichy ainsi que par le Parti communiste.

La conquête spatiale : « On n’a pas marché sur la Lune »

Cette section examine la théorie du complot qui prétend que l’alunissage de 1969 a été une mise en scène orchestrée par la NASA. Malgré les preuves et les témoignages, certains sceptiques continuent de croire que l’événement a été fabriqué pour gagner la course à l’espace contre l’Union soviétique.

mosaïque maçonnique

Les symboles : « Les signes du fantasme »

Cette section présente cinq emblèmes souvent cités par les conspirationnistes comme preuves de complots occultes. Ces symboles, tels que l’Œil de la Providence et la pyramide tronquée sur le billet de 1 dollar américain, sont interprétés comme des marques de l’influence des Illuminati. L’article explique que ces symboles, bien qu’antérieurs aux Illuminati, sont réinterprétés dans le cadre des théories conspirationnistes pour soutenir l’idée d’un contrôle secret par une élite cachée.

La santé : « Les Américains ont créé le sida »

En pleine guerre froide, les Soviétiques ont propagé la rumeur que les États-Unis avaient créé le virus du sida pour cibler les Noirs et les homosexuels. Cet article explore l’origine de cette théorie et son impact durable.

Les attentats : « Le 11-Septembre n’a rien à voir avec le terrorisme »

Les attaques du 11 septembre 2001 ont donné naissance à de nombreuses théories du complot, suggérant que le gouvernement américain était impliqué ou avait connaissance des attaques à l’avance. L’article analyse les différentes facettes de cette théorie et ses partisans.

Le cinéma : « Hollywood parano »

Cette section examine comment les théories du complot ont inspiré de nombreux films hollywoodiens, contribuant à instiller un sentiment de doute et de méfiance chez les spectateurs.

La série TV : « X-Files : La vérité est ailleurs »

Les aventures des agents Mulder et Scully dans la série télévisée « X-Files » ont popularisé de nombreuses théories du complot dans les années 1990, renforçant l’idée que des vérités cachées existent au-delà de la perception commune.

L’entretien : « Le complotisme est le symptôme d’une démocratie malade »

Tristan Mendès France, enseignant et essayiste, discute de l’impact d’Internet et des réseaux sociaux sur la diffusion des théories du complot, affirmant qu’ils représentent une menace pour l’équilibre des régimes démocratiques.

Ces chapitres offrent une exploration approfondie de diverses théories du complot et de leur influence sur l’histoire et la société contemporaine, illustrant comment ces idées persistent et se transforment à travers les âges.

Par ailleurs, la partie « L’ACTU DE L’HISTOIRE » nous offre 4 chapitres supplémentaires, à savoir :

« Exposition : Culture mexica au Quai Branly, les trésors du Templo Mayor »

   – Le musée du Quai Branly nous invite à un voyage fascinant au cœur de la civilisation mexica (aztèque), avec une exposition qui dévoile près de 500 objets archéologiques précolombiens, pour la plupart encore inédits en Europe. Ces artefacts, datant du XIIIe au XVIe siècle, comprennent des statuettes, des divinités miniatures, des minéraux précieux, des plantes sacrées, et même des squelettes d’animaux. L’exposition met en lumière les rituels de sacrifice des Mexicas et leur vision complexe de l’univers, découpée en trois royaumes distincts : le monde céleste, la surface terrestre et l’inframonde. Chaque objet raconte une histoire, chaque artefact est une clé pour comprendre la richesse et la profondeur de cette culture millénaire.

« À Lire, À Voir : La sélection de la rédaction »

La rédaction de Geo Histoire nous propose une sélection culturelle éclectique et enrichissante, comprenant des expositions, des ouvrages littéraires et des recommandations artistiques. Parmi les suggestions, on découvre des livres explorant des sujets variés comme le bagne des Annamites et les femmes corses, ainsi qu’une exposition captivante sur les cathares à Toulouse. Chaque recommandation est une porte ouverte sur des univers historiques et culturels à la fois intrigants et émouvants.

« Le Jour Où… : Chamonix accueillit les premiers Jeux d’hiver »

 Plongeons dans l’histoire de Chamonix, ce petit village alpin qui, en 1924, releva le défi d’organiser les premiers Jeux olympiques d’hiver. Malgré les défis logistiques imposés par des chutes de neige abondantes à la veille de l’événement, Chamonix parvint à préparer les installations à temps. Cet exploit marqua l’histoire du sport en France et accueillit des athlètes venus des quatre coins de l’Europe et de l’Amérique du Nord. L’article rend hommage aux efforts de la communauté locale et aux infrastructures mises en place, rappelant comment un petit village a réussi à briller sur la scène internationale.

Logo du film « Le nom de la rose »

« Les Oubliés de l’Histoire : Bernard Gui, chasseur d’hérétiques »

L’article nous emmène à la rencontre de Bernard Gui, inquisiteur français du XIIIe siècle, qui a inspiré le personnage dans le célèbre roman Le Nom de la rose d’Umberto Eco. Contrairement à l’image populaire du juge sanguinaire, Bernard Gui aspirait avant tout à la conversion des hérétiques. Un tiers de ses procès se terminaient par des libérations, et une minorité seulement par des exécutions par le feu. Ce portrait nuancé met en lumière ses contributions en tant que juriste et historien, révélant un homme de son temps, complexe et souvent mal compris.

Geo Histoire, numéro 76

Illuminati, 11-septembre, Pandémies… Comment sont nées les grandes théories du complot

Prisma Media, Juillet-Août 2024, 120 pages, 7,50 €

Géo Histoire est un magazine à sortie irrégulière vous permettant de décrypter l’histoire des territoires et de l’humanité. Géo Histoire retrace des événements qui ont changé la face du monde avec les plus grands experts de la rédaction Géo et des journalistes du monde entier. À retrouver chez votre Maison de la Presse, à côté de son grand frère Géo.

Pour vous abonner sur Internet, connectez-vous sur geohi.club. Abonnement six numéros Geo Histoire (1 an) : 39,90 €

Le Dessin de… François Morel : « Le Silence »

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Les grecs avaient un dieu du silence, Harpocrate. Ovide dit de lui : «Quique premit vocem digitoque silentia suadet ; celui qui contrôle la voix et persuade le silence avec son doigt.» “Il est vrai que dans tous les monuments où il est représenté, son attitude est de porter le doigt sur la bouche, pour marquer, dit Plutarque, que les hommes qui connaissaient les Dieux, dans les temples desquels Harpocrate était placé, ne devaient pas en parler témérairement”. (Lire la suite du travail de Solange Sudarskis)

Urgence d’un lieu où penser ensemble : la loge

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(Les « éditos » de Christian Roblin paraissent le 1er et le 15 de chaque mois.)

Comme vous l’aurez remarqué si vous avez la faiblesse de me lire de temps à autre, j’ai un penchant irrésistible, une tendre vénération pour le vocabulaire. J’éprouve, en effet, quelque dilection et, je l’avoue, quelque délectation à disséquer le lexique. Parce que je crois profondément que la maîtrise des mots est la façon la plus juste d’en nourrir l’amour, tant ils ne sont, en fait, que le reflet de notre histoire, de notre pensée et de notre sensibilité.

L’art du verbe n’a de sens qu’en raison et à raison du sens qui oriente et construit cet art. Tout cela, pour moi, forme un tout qui se contrôle et se libère, à la fois : pleine et saine respiration de l’esprit et du cœur. Je cède donc, si vous le voulez bien – et avec une feinte innocence –, à mon péché mignon de ce jour.

Sans doute influencé par l’ambiance du bac dont les épreuves se sont étirées sur la période récente, je réfléchissais à la portée ambiguë du verbe « recaler » et – puissance du subconscient – en élargissant la focale à l’actualité générale, m’est venu le sentiment qu’on voulait, de toutes parts, recaler la République, dans un double sens, c’est-à-dire avec l’idée, tantôt, de la déclarer non-admise, tantôt, de la remettre d’aplomb… Même si elle ne résout rien, cette polysémie sied à merveille à la situation. Elle en révèle à elle seule plusieurs aspects. C’est en quoi il ne faut, je le crois, jamais rien occulter mais bien tout ausculter. Les mots ont une histoire, cette histoire nous parle et la diversité qui s’y incarne investit l’ensemble des représentations symboliques.

Il y a, en ces mêmes circonstances, quelque curiosité à observer la proximité des mots « flegme » et « flegmon », par exemple. Dans le premier cas, on évoque le caractère d’une personne calme et imperturbable, qui garde son sang-froid, quoi qu’il arrive ; dans le second, on désigne une inflammation purulente du tissu conjonctif (on ne saurait nier que le libellé même d’une telle définition suggère bien des métaphores…). Bref, toutes choses quelque peu opposées dans l’usage, qui procèdent, cependant, de la même origine, comme souvent dans la langue, au gré des fluctuations temporelles.

En effet, « flegme » provient du latin phlegma (« humeur, mucus »), lui-même décalqué du grec φλέγμα ; il se rapportait anciennement à une des quatre humeurs de la médecine antique, tandis que « flegmon » ou phlegmon, dans sa forme savante, est emprunté au grec φλεγμονή, qui dérive tout aussi bien du verbe φλέγω : « brûler », « enflammer ». D’ailleurs, un mot de même source, la flemme, cette grande paresse qui pointe son nez dans la langue, à la fin du XVIIIe siècle, et qui n’a cessé d’y prospérer depuis lors, semble, en quelque sorte, combiner les effets des deux mots précédents, s’assimilant à un désœuvrement volontaire, à une excessive lenteur voire à une placidité suspecte…  Ainsi, la scrutation des mots sur le pavé mosaïque ne manque pas de manifester combien le flegme, dont on se refuse à se départir, peut n’en pas moins cacher de violentes colères. Voilà qui pourrait être d’une actualité… brûlante, si je puis dire.

Parfois aussi, les mêmes mots nourrissent des fantasmes et sont de faux amis. Regardez le terme « vomitoire », par exemple : dans l’Antiquité, le vomitorium n’avait rien à voir avec une pièce voisine du triclinium, la salle à manger romaine, où les convives qui avaient « les dents du fond qui baignent », se seraient enfoncé des plumes dans le gosier, afin de se livrer de nouveau à leurs orgies. Cette représentation erronée est le fruit d’une imagination tardive, prompte à généraliser des pratiques ultra-marginales, tout à fait contraires aux traditions les plus attestées[1]. En revanche, issu du verbe vomere qui signifie « expulser », le vomitoire existait bel et bien mais il désignait, dans la langue courante, un large passage qui permettait à la foule d’évacuer un théâtre ou un amphithéâtre. On songerait volontiers – faute de mieux – à en aménager aujourd’hui pour que puissent s’échapper en toute sécurité ceux qui, d’eux-mêmes, auraient envie de passer par la fenêtre, sans parler, qui pis est, d’autres que certains ont envie de faire aussi passer par la fenêtre. Enfin, en cas de nausée, on dispose parfois des sacs vomitoires, à proximité des passagers sensibles au mal des transports, or il existe, ce me semble, de curieux « transports » démocratiques. Voilà comment le mot « vomitoire », selon ses acceptions et ses équivoques, peut s’accorder aux différents haut-le-cœur de nos contemporains…

Cette fois-ci, plus qu’à mon habitude sans doute – trouble de l’époque, époque de troubles ?  –, j’ai sciemment joué des valeurs sémantiques de la langue, selon les différentes conventions qu’elle définit, en liaison avec des valeurs de situation qui, dans les circonstances présentes, peuvent dériver des mêmes énoncés. C’est en vain que je m’y serais adonné, si je ne vous avais pas fait sentir, par ces détours et ces décalages, l’urgence d’un lieu où penser ensemble : la loge.


[1] Pour se faire une plus juste idée à ce sujet, cliquer ici.

Mystères et fraternité : Les Estivales Maçonniques en Pays de Luchon éclairent les Pyrénées

Le samedi 29 juin 2024, Bagnères-de-Luchon, la « reine des Pyrénées », a accueilli avec éclat la deuxième édition des Estivales Maçonniques en Pays de Luchon.

Photo © Dominique Fournier, MOF

Dès les premières lueurs du jour, l’atmosphère était imprégnée d’une anticipation palpable, les participants affluant vers le Casino de Luchon, une institution prestigieuse du XIXe siècle, et son théâtre dit à l’italienne et de style Napoléon III, un espace de spectacle moderne et confortable classé monument historique. Le cadre majestueux de ces lieux emblématiques a ajouté une touche de grandeur à cet événement exceptionnel.

La journée, marquée par une ambiance fraternelle et chaleureuse, a exploré le thème fascinant de « Franc-maçonnerie : le mythe des origines ? Templiers-Cathares-Compagnonnage-Rose+Croix ». Cette thématique a attiré un large public, désireux de plonger dans les profondeurs historiques et spirituelles de la Franc-maçonnerie. Les discussions et les présentations ont ouvert des perspectives nouvelles, nourrissant les esprits de réflexions profondes et enrichissantes.

Les Estivales, soutenues par Franc-Maçonnerie magazine et 450.fm, Journal de la FM sous tous ses angles, ont offert un programme riche et varié. Les participants ont eu l’occasion d’assister à des conférences captivantes. Chaque intervention a contribué à créer une mosaïque de savoirs et de découvertes, propulsant les auditeurs dans un voyage à travers les mystères et les légendes des origines maçonniques.

Photo © Dominique Fournier, MOF

La matinée a débuté avec des présentations inspirantes sur les Cathares par Olivier Cébe, directeur des Cahiers des Études Cathares. Ce dernier a rappelé l’histoire et les enseignements des Parfaits, soulignant l’importance de leur mise en œuvre aujourd’hui. Il a insisté sur la persistance de l’esprit cathare et a lancé un appel pour sauvegarder la stèle du « Prats dels Crémats » en commémoration du 16 mars 1244. Ce jour-là, au pied de Montségur, plus de 200 hérétiques, refusant de renier leur foi, montèrent volontairement sur le bûcher, marquant ainsi la fin de la croisade contre les Albigeois.

Roger Dachez

Elle s’acheva avec Roger Dachez et les Templiers. Lors de son intervention, le président de l’Institut Maçonnique de Franc a exploré le mythe entourant l’ordre et son lien prétendu avec la franc-maçonnerie. Il a insisté sur l’importance de distinguer la vérité historique de la fiction accumulée au fil des siècles. Roger Dachez a rappelé que l’Ordre du Temple, actif entre le XIIe et le XIVe siècle, est devenu un symbole disproportionné par rapport à son impact réel à l’époque. Les Templiers ont joué un rôle crucial dans les États latins de Palestine, mais leur ordre a été brutalement dissous, donnant naissance à de nombreuses légendes. L’idée d’une continuité secrète de l’ordre ou de doctrines ésotériques est principalement le fruit de spéculations postérieures, souvent sans fondement documentaire. Les récits modernes qui relient les Templiers à la franc-maçonnerie sont des constructions tardives, apparaissant notamment au XVIIIe siècle. Dachez a souligné l’importance de revisiter ces sujets avec un regard critique et historique pour démêler les faits des mythes.

Jean-Michel Mathonière

Les orateurs ont captivé l’audience avec des récits mêlant histoire et mythologie, suscitant curiosité et émerveillement. La journée s’est poursuivie avec des explorations sur le compagnonnage avec l’historien plus particulièrement spécialiste des compagnons tailleurs de pierre qu’est Jean-Michel Mathonière. Il a abordé les mythes entourant l’origine du compagnonnage et son lien avec la franc-maçonnerie. Il a expliqué que bien que les deux mouvements partagent des symboles et des rituels, leurs origines et leurs objectifs sont distincts. Le compagnonnage est une tradition de transmission de savoir-faire artisanal, tandis que la franc-maçonnerie moderne, dite spéculative apparue sous forme obédientielle au XVIIIe siècle, est davantage orientée vers des objectifs philosophiques et sociaux. Jean-Michel Mathonière a souligné l’importance de démystifier ces liens pour mieux comprendre l’histoire et la spécificité de chaque mouvement.

Henri-Étienne Balssa

Henri-Étienne Balssa, lors de sa conférence sur les Rose-Croix en Europe et leur influence sur la franc-maçonnerie, a détaillé les origines historiques et mythiques de la Rose-Croix, ainsi que leurs manifestes, en soulignant leur impact durable sur la pensée ésotérique européenne. Il a expliqué que les manifestes Rose-Croix, publiés à Cassel en 1614, ont été des éléments fondateurs d’un courant qui a influencé des intellectuels comme Robert Fludd et Michael Maier, et ont suscité un vif intérêt dans les milieux ésotériques.

Henri-Étienne Balssa a mis en lumière l’absence de preuves historiques de l’existence d’un ordre de la Rose-Croix avant le XVIIe siècle, attribuant leur origine à une fiction ésotérique créée par Johann Valentin Andreae. Néanmoins, les idées rosicruciennes se sont rapidement intégrées à la culture européenne, influençant des sociétés savantes comme la Royal Society et des figures comme Isaac Newton et Elias Ashmole.

« Au cœur à l’ouvrage »

L’influence de la Rose-Croix sur la franc-maçonnerie est notable, avec des thèmes rosicruciens intégrés dans les hauts grades maçonniques, notamment le grade de Chevalier Rose-Croix qui apparaît au XVIIIe siècle. Henri-Étienne Balssa a également mentionné les mouvements rosicruciens contemporains comme l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix (AMORC) et leur rôle dans la perpétuation de la tradition ésotérique et alchimique des Rose-Croix, en insistant sur leur philosophie de transformation spirituelle et de connaissance de la nature .

Entre les sessions, les participants ont profité des pauses pour échanger leurs idées et impressions, tissant ainsi un véritable réseau de fraternité et de partage. Ils ont également eu l’occasion de visiter divers stands, dont ceux du Groupement International de Tourisme et d’Entraide (GITE), tenu par son secrétaire général Alain Béguin,  de Cépaduès et de la librairie luchonnaise « Au cœur à l’ouvrage » de Sophie Dufor.

Ces moments de détente ont permis des rencontres enrichissantes avec des auteurs comme Didier Molines et Florence Ferrari, offrant aux participants la chance d’explorer de nouvelles perspectives littéraires et d’approfondir leurs connaissances.

Dans la salle de la verrière, les discussions étaient animées et passionnées, témoignant de l’engagement et de la curiosité intellectuelle des visiteurs. À chaque stand, les échanges allaient au-delà des simples conversations, devenant des débats enrichissants et des partages d’expériences. Les auteurs ont répondu avec enthousiasme aux nombreuses questions, partageant leurs savoirs et leurs inspirations, ce qui a contribué à créer une atmosphère conviviale et stimulante.

Salle de la verrière

Ces interactions ont non seulement renforcé les liens entre les participants, mais ont aussi suscité de nouvelles idées et collaborations potentielles. La diversité des points de vue et la profondeur des échanges ont permis à chacun de repartir avec un sentiment d’enrichissement personnel et de motivation renouvelée.

Florence Ferrari

Les pauses entre les sessions se sont ainsi transformées en moments précieux de découverte et de dialogue, cimentant le sentiment d’appartenance à une communauté passionnée et engagée.

Théâtre à l’italienne, fin XIXe siècle

En fin de journée, le sentiment d’avoir vécu une expérience unique était partagé par tous. Les Estivales Maçonniques en Pays de Luchon ont une fois de plus démontré leur capacité à rassembler et à inspirer, offrant une plateforme où l’histoire et la spiritualité se rencontrent pour élever l’âme. Une tombola a permis d’offrir des ouvrages fournis par Numérilivre.

En somme, cette journée du 29 juin 2024, qui se clôtura par un pot de l’amitié, restera gravée dans les mémoires comme une célébration grandiose de la culture et de l’esprit maçonniques, un moment où l’histoire a pris vie et où la spiritualité a trouvé un écho vibrant dans le cœur de chacun.

La 3e édition aura lieu le samedi 19 juillet 2025, à confirmer toutefois. 450.fm ne manquera pas de vous tenir informé.