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GLMF : Le nouveau Grand Maître répond aux questions de la presse corse

De notre confrère corse corsenetinfos.corsica – Par Patrice Paquier Lorenzi

Félix Natali, un Ajaccien de 48 ans, a été élu Grand Maître de la Grande Loge Mixte de France, il y a moins d’un mois. Conseiller en gestion de patrimoine entre Paris et la cité impériale, il succède ainsi à Christiane Vienne, pour un mandat de trois ans. Félix Natali est donc le troisième corse à prendre la tête de cette obédience qui compte 266 loges et près de 5 000 membres, après Jean-Pierre Orsoni et François Padovani.

La rédaction de 450.fm en avait parlé le jour de cette élection (lire l’article)

Que représente pour vous cette élection de Grand Maître de la GLMF ? 

– Cela fait naître chez moi un double sentiment. Tout d’abord, je ressens beaucoup de joie de sentir la confiance des gens qui me confient cette responsabilité-là. Mais ce n’est pas le plus important. Ce qui compte c’est de pouvoir partager ces responsabilités avec un collège avec qui je vais avoir la chance de travailler. Nous sommes 18 dans ce collège, à travailler ensemble. Nous devons faire en sorte que tous les membres des loges de la GLMF puissent travailler le plus sereinement possible.

Que représente aujourd’hui la GLMF dans la franc-maçonnerie française ?

 – La GLMF est une obédience qui a été créée en décembre 1982, et dont nous venons de fêter récemment les 40 ans d’existence. Notre ADN c’est la mixité. Aujourd’hui, nous sommes 49,9% de Frères et 50,1% de Sœurs avec une mixité de genre quasi parfaite. C’est une obédience qui défend la laïcité et des valeurs d’humanisme et de solidarité, qui sont très poussées pour nous. Nous comptons aujourd’hui 266 loges réparties sur la quasi-totalité du territoire. Nous sommes très présents en métropole, mais aussi dans les DOM-TOM. Nous avons une dizaine de loges en Corse et nous sommes à peu près 5 000 membres au total en France.

Quelles sont les caractéristiques de la GLMF ? Qu’est-ce qui la distingue des autres loges ?

 – Ce qui nous distingue, c’est avant tout notre mixité, mais aussi les multiples façons de travailler, offertes aux différentes loges. Les francs-maçons travaillent avec des rites et des rituels. Si vous voulez travailler avec un rituel très encadré ou un autre plus souple, avec quelque chose d’ésotérique, très symbolique ou même sociétal, vous pouvez le faire. Il y a également des loges qui travaillent de toutes les manières que je vous ai évoquées. La seule exigence que nous avons, c’est que nos loges soient mixtes. Depuis quelques années, nous avons fait voter en assemblée générale, l’impossibilité d’être soit exclusivement masculin, soit féminin.

La Franc-maçonnerie en général a souffert de la crise du Covid avec une perte du nombre de membres, comment se porte la GLMF en 2024 ?

 – Il y a des obédiences qui ont souffert plus que d’autres. De notre côté, nous avons subi également une baisse de nos effectifs, mais nous avons été plutôt préservés. La Franc-maçonnerie n’a pas peut-être pas encore retrouvé la totalité de ses membres, mais nous nous y sommes parvenus. Nous étions à 5 030 membres avant la crise Covid pour arriver à 4 991 aujourd’hui. Nous avons donc réussi à reconstituer nos effectifs grâce au travail effectué par nos vénérables maîtres, notamment au niveau de l’animation des loges, de faire en sorte qu’elles puissent être encore attractives. Ce qui a permis de passer ce cap difficile, c’est la proximité entre toutes les loges de notre obédience. Le Grand Maître doit rester proche de ses membres, c’est en tout cas ma vision de la franc-maçonnerie. Je ne veux pas un Grand Maître seul, isolé et qui fait tout tout seul. Cela ne m’intéresse pas, et c’est une autre caractéristique de la GLMF. Les échanges humains sont indispensables pour progresser. L’objectif de la franc-maçonnerie c’est d’améliorer l’humanité.

Comment jugez-vous l’évolution de la franc-maçonnerie depuis que vous y êtes entrés en 2008 ?

 – Il faut savoir que nous avons été percutés par beaucoup de choses depuis toutes ces années. Les francs-maçons sont des personnes qui vivent au cœur de la société. Tout comme quelqu’un qui est président d’un club de volley, de ping-pong ou d’un club de lecture et qui fait partie de la société. Nous avons donc connu les crises économiques ou financières ainsi que les difficultés sociales. Ce qui m’a le plus marqué durant ces 15 dernières années, c’est l’apparition des fake news et donc la mauvaise qualité de l’information qui circule. Jean Grenier, le professeur de philosophie d’Albert Camus a écrit dans les années 60, un traité sur l’esprit d’orthodoxie où il dit notamment qu’on ne peut pas apporter une réponse simple à une problématique compliquée et qu’il y a aujourd’hui de plus en plus de lumières, mais qui éclairent de plus en plus en mal. C’est quelque chose qui a été écrit il y a longtemps, mais que je trouve très contemporain. On peut s’informer de millions de manières, mais la qualité n’est plus au rendez-vous.

La Corse a toujours été une terre maçonnique, comment l’expliquez-vous ?

 – C’est le cas c’est vrai, comme beaucoup d’îles d’ailleurs. Les Antilles et la Réunion sont également des fiefs de la franc-maçonnerie. L’insularité, la solidarité et le fait que dans ces petites sociétés, tout le monde se connaît, font que l’on a envie de faire partager au plus grand nombre, quelque chose qui porte des valeurs saines. En Corse, il y aurait à peu près 1 200 francs-maçons sur 170 000 au total en France. La proportion est deux fois plus importante dans la société corse que dans le reste du pays. Je suis d’ailleurs le troisième Grand Maîître de la GLMF après Jean-Pierre Orsoni et François Padovani, qui était d’ailleurs Président d’une instance internationale de la Franc-maçonnerie.

Quels vont être les axes de travail que vous allez développer durant votre mandature ?

 – Je suis élu pour un mandat au conseil d’administration d’une durée de trois ans. J’ai envie de porter un message qui est double. Je vais organiser des rencontres avec toutes les loges pour approfondir ces deux axes de travail qui me sont chers. Premièrement, il faut continuer à porter nos valeurs à l’intérieur de l’obédience, que sont l’humanité, la solidarité et le principe de laïcité. Il faut continuer à creuser ce sillon pour que nos membres continuent d’aller véhiculer à l’extérieur, ce qu’ils ont appris à l’intérieur de nos loges. Deuxièmement, il va falloir que la franc-maçonnerie sorte de son temple pour aller collaborer avec l’ensemble de la société, pour faire reculer les idées néfastes.

Écoutez l’interview de Felix Natali sur France 3 Corse

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Le fonds maçonnique de la BnF (Par Sylvie Bourel et Francis Delon)

Dossier spécial Bibliothèque Nationale de France

Le fonds maçonnique de la BnF est l’un des plus importants au monde. L’apport du Grand Orient de France dans sa constitution est premier, et primordial. Le département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France conserve un certain nombre de documents extraits du fonds maçonnique. La richesse et l’intérêt de cet ensemble étonnant, atypique, sont peut-être encore méconnus, bien que de plus en plus de chercheurs chaque année, notamment des historiens, et en général de plus en plus d’universitaires demandent à le consulter pour les études les plus sérieuses.

Il faut tout d’abord signaler que ce fonds maçonnique est l’un des plus importants au monde. Il l’est par sa taille d’une part (environ mille mètres linéaires), par la valeur des documents qui y ont été rassemblés depuis son entrée à la Bibliothèque nationale, en 1945, d’autre part.

Un bref historique est nécessaire pour rappeler les circonstances, liées aux grands événements d’une époque, dans lesquelles le fonds maçonnique du département des Manuscrits s’est constitué.

La confiscation des archives maçonniques sous Vichy

Fin 1940, à la suite des mesures prises contre les sociétés secrètes par le gouvernement de Vichy, les archives des obédiences furent raflées en masse et déposées pour l’exploitation qu’on sait par les services de Bernard Faÿ, d’abord dans les locaux du Grand Orient de France, puis en 1944 à la Bibliothèque nationale.

À la fin de la guerre, quand il fut question de rétrocéder leurs archives aux obédiences, le Grand Orient de France jugea que ses locaux sinistrés n’étaient plus en mesure d’abriter la totalité des siennes dans les conditions requises pour leur bonne conservation. Il fut donc décidé, par un contrat passé entre le grand maître, Arthur Groussier, et l’administrateur de la BN, Jean Laran, le 14 septembre 1944, que toute la partie des archives allant des plus anciennes (1735) à 1851 resteraient – assez naturellement puisqu’elles y étaient déjà – à la Bibliothèque nationale. Ce n’était pas fini, car en 1954, le 8 décembre, un premier avenant au contrat fut signé à nouveau entre le GODF et la BN afin qu’à la suite du premier don un deuxième fût fait par l’obédience de ses archives allant de 1852 à  875. Le dernier avenant en date est celui qui fit entrer à la Bibliothèque nationale de France en 2001 les archives du Grand Orient de France couvrant la période 1876-1900.

Fichier antimaçonnique de Vichy
Fichier antimaçonnique de Vichy | Bibliothèque nationale de France
Fichier antimaçonnique de Vichy
Fichier antimaçonnique de Vichy | © Bibliothèque du GODF

L’apport du Grand Orient de France dans la constitution du fonds maçonnique est donc, on le voit, premier, et primordial. D’autant que le contrat passé en 1944 reste ouvert. Il ne faut pas oublier cependant d’autres apports moins importants numériquement, mais dont la valeur historique et l’intérêt pour les chercheurs ne sont assurément pas moindres.

Les dons

Outre les archives centrales du Suprême Conseil restées à la Bibliothèque nationale en vertu du premier accord de septembre 1944 – dont on voit qu’il fut signé aussi par la Grande Loge de France pour cette partie de ses archives –, on doit citer les principaux ensembles entrés au fil des années, par dons ou par achats, au département des Manuscrits pour le fonds maçonnique.

Dans l’ordre chronologique, sont entrées par don, en 1 979, la collection d’archives maçonniques de Jean Baylot (fondateur en 1964, à la Grande Loge nationale française, de la loge de recherche Villard de Honnecourt) ainsi que sa bibliothèque. Ce don a notablement enrichi le fonds maçonnique d’un ensemble iconographique (gravures, aquarelles, recueils), qui contenait l’extraordinaire « Géométrie du maçon », de François-Nicolas Noël.

La Physique du maçon
La Physique du maçon | Bibliothèque nationale de France
La croix d’or « Pauzé [sic] moi comme un sceau sur votre cœur »
La croix d’or « Pauzé [sic] moi comme un sceau sur votre cœur » | Bibliothèque nationale de France

Le « fichier Bossu »

Arrivé par legs en 1987, le « fichier Bossu » est l’une des grandes attractions du fonds maçonnique de la Bibliothèque nationale de France. Ses plus de cent trente mille petites fiches brunes, aujourd’hui numérisées et accessibles en ligne, sont plébiscitées par les chercheurs de tout poil. Son auteur, lui, y aura consacré sa vie entière. Jean Bossu était maçon à la Grande Loge nationale française, et ami de Jean Baylot. Il eut d’ailleurs accès à la collection de celui-ci avant qu’elle n’entre dans les fonds publics. Pour constituer ses fiches, nominatives, il a commencé avant 1945 par sonder les collections de brochures anciennes, ainsi que les archives et les bibliothèques des départements. Après 1945, il puisa dans les archives du Grand Orient données à la BN.

Le « fichier Bossu » est réputé exhaustif, compte tenu en tous les cas des sources actuellement accessibles, jusqu’en 1850. Les maçons les plus célèbres y sont répertoriés, ainsi que les détails de leur carrière maçonnique, à côté de personnages illustres dont l’appartenance à la franc-maçonnerie n’est pas confirmée, d’inconnus, et enfin de tous les maçons français rencontrés par Jean Bossu au fil des archives qu’il dépouilla systématiquement. Le dernier apport de taille (et le mot n’est pas vain) à signaler au fonds maçonnique de la BnF est l’énorme et précieux fonds de la Revue internationale des sociétés secrètes, magistralement étudié et classé par Emmanuel Kreis. Témoins exceptionnels de l’antimaçonnisme allié à l’antisémitisme en France au début du 20e siècle, les archives de Mgr Jouin, fondateur en 1912 de la fameuse Revue internationale des sociétés secrètes, qui traque sans relâche ce qu’elle appelle le « complot judéo-maçonnique », notamment dans l’entre-deux-guerres, y côtoient les archives de la Revue et celles de la Ligue franc-catholique. S’y ajoute une bibliothèque considérable non seulement par la quantité des ouvrages qu’elle rassemble, mais aussi par l’extrême rareté de certains des volumes, monographies ou périodiques, notamment étrangers, qu’elle recèle.

Le classement des archives maçonniques

Cette nébuleuse, dont la nature de type « archives » resta longtemps atypique pour le département des Manuscrits, s’organise matériellement en une dizaine de grandes séries : « FM1 » pour les archives centrales des obédiences (Grand Orient de France, Suprême Conseil) ; « FM2 », la série la plus consultée, pour la correspondance des loges avec les obédiences, qui contient par exemple les très courus « tableaux » qui indiquent chaque année la liste des membres de la loge ; « FM3 » pour les registres, notamment de procès-verbaux des tenues de loge (livres d’architecture) ; « FM4 » pour les rituels ; « FM5 » pour les diplômes (diplômes personnels et « patentes » pour l’installation des loges) ; « FM6 » pour les archives des historiens de la franc-maçonnerie ; « FM7 » pour l’antimaçonnisme ; « FM8 » pour les obédiences autres que le Grand Orient de France, et notamment les obédiences étrangères ; « FM9 » pour la documentation sur la franc-maçonnerie ; « FM-Iconographie » pour tous les documents iconographiques ; « FM-Photos » pour tous les documents photographiques ; « FM-Musique » pour les documents musicaux ; « FM-Imprimés » pour le fonds, très considérable, et notamment alimenté par le dépôt légal, des imprimés traitant de franc-maconnerie.

Du côté des outils mis à la disposition des chercheurs pour son exploitation, le fonds maçonnique du département des Manuscrits entre peu à peu dans le 21e siècle. L’indispensable « fichier Bossu » est numérisé et accessible en ligne, de chez soi, à partir du site Web de la BnF, depuis 2013. Une partie des inventaires, essentiellement pour les séries « FM1 » (accessible intégralement) et FM2 (accessible en partie), est visible dans le catalogue BnF Archives et Manuscrits. Le reste, qui n’est encore consultable par le public que sous la forme d’un fichier manuel en salle de lecture, fait l’objet d’un projet de rétroconversion intégrale à court terme.

Le fonds maçonnique du département des Manuscrits est de plus en plus consulté et, depuis quelques années maintenant, par un public de plus en plus varié. Des seuls maçons auxquels son accès était réservé à l’issue du premier contrat de 1944, il s’est assez vite ouvert aux chercheurs, qui se sont multipliés, des universitaires spécialistes de l’histoire de la franc-maçonnerie aux particuliers curieux de leur généalogie, en passant par beaucoup d’historiens en général, notamment les biographes, parmi les plus sérieux et attachés aux domaines les plus divers. L’intérêt de ce fonds n’est donc plus à démontrer.

Deux donateurs du fonds maçonnique

Jean Baylot

Employé des postes et militant syndical actif au sein de la Fédération postale CGT, Jean Baylot (1897-1976) rejoignit, dès 1923, au Grand Orient de France, la loge La Fraternité des Peuples puis celle des Amis de l’humanité, dont il tint le premier maillet (1936-1938) avant d’être élu grand maître adjoint au cours des années 1950. Engagé très tôt dans la Résistance, il poursuivit ensuite une brillante carrière préfectorale (il fut préfet de police de 1951 à 1955). Influencé par les œuvres de Wirth et de Guénon, il créa, en 1954, une loge fortement empreinte de christianisme, L’Europe unie. Député indépendant de Paris après son ralliement au général de Gaulle, il refusa de suivre les consignes de vote du Conseil de l’ordre et passa, avec la majorité de son atelier, à la Grande Loge nationale française. Le grand maître Van Hecke lui confia aussitôt d’importantes fonctions : grand orateur (1961-1963) et grand maître provincial de Guyenne (1966-1968). Il fonda en 1964 une loge d’études et de recherches, Villard de Honnecourt, dont il fut le premier vénérable puis l’inamovible secrétaire et l’éditeur des Travaux. Il publia également, en 1968, son principal ouvrage historique, La Voie substituée, recherche sur la déviation de la franc-maçonnerie en France et en Europe. Appelé au Suprême Conseil pour la France en 1965, il servit aussi comme grand chancelier (1962-1973) puis grand prieur (1973-1976) du Grand Prieuré des Gaules.

Jean Bossu

Issu d’une ancienne famille vosgienne, fils d’un magistrat républicain franc-maçon, Jean Bossu (1911-1985) interrompit ses études de droit en raison d’une timidité maladive. Libre-penseur devenu compagnon de route du mouvement libertaire, il collabora à l’Encyclopédie anarchiste de Sébastien Faure. Journaliste à la Liberté de l’Est d’Épinal, il fut un des rédacteurs du Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier tout en se consacrant surtout à l’élaboration d’un fichier exhaustif des francs-maçons français des origines à 1850. Après avoir sollicité son admission, il fut reçu, le 28 octobre 1961, par la loge rectifiée Marianne n° 75, fondée à Maubeuge par Jean Baylot pour accueillir les frères belges en quête de régularité. Affilié à L’Europe unie dès janvier 1962, il ne participa pas toutefois à la création de Villard de Honnecourt en raison de son éloignement géographique.

[NDLR : Titulaire d’une Maîtrise d’Histoire Contemporaine de l’Université Paris IV (1981) et d’un D.E.S.S. « Histoire et Métiers des Archives » de l’Université d’Angers (1999), Francis Delon est Chargé d’études documentaires principal aux Archives de Paris Il a reçu en 2010 la distinction de Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres.

Archiviste bénévole de la Grande Loge Nationale Française depuis 2000, il a obtenu, en 2013, le classement de ses archives par le Service interministériel des Archives de France. Collaborateur régulier, depuis 1997, de sa revue Les Cahiers Villard de Honnecourt, membre du Comité Scientifique des expositions Le Franc-Maçon en habit de Lumière (Château de Tours, 2002) et La Franc-Maçonnerie (Bibliothèque nationale de France, 2016), il a soutenu, le 19 juin 2018 à l’Université Bordeaux-Montaigne une Thèse de Doctorat en Études anglophones sous la direction du Professeur Cécile Révauger, sur « La Grande Loge Nationale Indépendante et Régulière pour la France et les Colonies Françaises (1910-1940) ». En 2021, Francis Delon éditait chez La Tarente un ouvrage au titre éponyme. Fidèle à son éditeur, fin septembre, il nous livrera Chroniques d’Histoire de la Grande Loge Nationale Française-Des faits et des hommes.] 

Mythes, contes & légendes : « Le maillon » vous emmène en voyage maçonnique

La revue Le maillon de la chaîne maçonnique choisit de se concentrer sur les mythes, contes et légendes, des éléments essentiels dans la tradition maçonnique. Ces récits jouent un rôle fondamental dans l’enrichissement des pratiques et des enseignements maçonniques.

Les mythes sont des récits symboliques qui racontent des histoires fondamentales sur les origines, les divinités, les héros et les grandes questions existentielles de l’humanité. Ils sont souvent ancrés dans les cultures et les religions anciennes.

Les mythes véhiculent des connaissances profondes sur l’univers, la nature humaine et les valeurs éthiques. Ils transmettent des sagesses ancestrales qui sont toujours pertinentes aujourd’hui.

Les mythes sont remplis de symboles que les francs-maçons utilisent pour méditer et réfléchir sur des concepts spirituels et philosophiques. Par exemple, le mythe d’Adam, souvent revisité dans la maçonnerie, est riche en symbolisme sur la création, la chute et la rédemption.

Les mythes fournissent des modèles de comportement et des leçons de vie. Ils montrent comment les héros mythiques ont surmonté des défis, offrant ainsi des exemples à suivre pour les initiés maçonniques. Dans cette dernière livraison du maillon, ils sont traités sous la plume érudite d’André Benzimra. Dans « Comment se forment les mythes ? », en rubrique « Philosophie », il explore les mécanismes de formation des mythes, analysant leur origine, leur évolution et leur rôle dans la structuration des croyances collectives.

Quant aux contes, ils sont des histoires plus courtes et souvent plus simples que les mythes. Ils sont transmis oralement ou par écrit et contiennent généralement une morale ou une leçon de vie.

Les contes sont souvent utilisés pour illustrer des leçons morales. Ils peuvent être des outils puissants pour enseigner les valeurs maçonniques telles que l’honnêteté, la justice et la fraternité.

Les contes, avec leur structure narrative simple et directe, sont accessibles à tous les niveaux d’initiation. Ils peuvent être utilisés pour introduire les nouveaux membres aux concepts maçonniques.

Même les contes les plus simples sont souvent riches en symbolisme. Les francs-maçons peuvent utiliser ces histoires pour explorer des idées plus profondes et complexes, en interprétant les symboles et les métaphores qu’ils contiennent.

Les légendes, enfin, sont des récits traditionnels qui se situent entre les faits historiques et la fiction. Elles sont souvent liées à des personnages ou des événements historiques, mais embellies par des éléments fantastiques ou surnaturels.

Les légendes préservent l’héritage culturel et les traditions. Elles rappellent aux francs-maçons les racines historiques de leur pratique et l’importance de préserver ces traditions.

Les légendes, avec leurs héros et leurs aventures, peuvent inspirer les francs-maçons dans leur chemin d’initiation. Elles montrent comment les individus peuvent surmonter les obstacles et réaliser de grandes choses, reflétant le parcours initiatique maçonnique.

Les légendes permettent aux francs-maçons d’explorer des questions d’identité et de communauté. Elles relient les membres à une histoire commune et renforcent le sentiment d’appartenance à une tradition plus grande.

Quelle belle thématique car mythes, contes et légendes sont des éléments essentiels de la franc-maçonnerie d’aujourd’hui, chacun apportant une richesse particulière à la pratique de l’art royal. Ils fournissent un cadre symbolique et narratif pour l’enseignement des valeurs, l’exploration spirituelle et la préservation des traditions. En se concentrant sur ces récits, Le maillon offre aux francs-maçons des outils précieux pour leur réflexion et leur développement personnel, enrichissant ainsi leur compréhension de l’univers et de leur propre parcours initiatique.

Christine Ribes

Christine Ribes ouvre ce numéro en invitant les lecteurs à un voyage estival au cœur des mythes et légendes. À l’approche des Jeux olympiques de Paris, elle propose une exploration des racines maçonniques et de leurs inspirations, offrant une échappatoire aux réalités quotidiennes. Son édito souligne l’importance des mythes comme source de réflexion et de connaissance universelle.

Didier Ozil

Le chapitre « À l’extérieur du temple » nous vaut une entrevue avec Frédéric Vincent.

Dans la sérénité de la réflexion, Didier Ozil nous conduit dans une promenade intellectuelle en compagnie de Frédéric Vincent, auteur du fascinant ouvrage Le Complexe de Gaïa (Dandelion, 2023). Leurs échanges, d’une profondeur philosophique et poétique, résonnent comme un écho lointain dans le temple de la pensée maçonnique.

Frédéric Vincent, illuminé par une fascination pour la nature et l’humanité, nous dévoile l’origine de son œuvre. Gaïa, déesse de la Terre, incarne le cœur battant de son livre. Ce terme symbolise la danse complexe et souvent conflictuelle entre l’homme et la nature. Vincent nous invite à un voyage introspectif, où mythes anciens et réalités modernes s’entrelacent. L’auteur éclaire le titre de son ouvrage : le « complexe » représente la toile tissée de contradictions et de connexions entre l’homme et son environnement. La perception d’une séparation entre l’humanité et la nature engendre des tourments intérieurs et des déséquilibres extérieurs. En déconstruisant cette dichotomie, Vincent propose une vision où l’harmonie et l’interdépendance deviennent les guides vers une coexistence plus sereine et équilibrée.

Frédéric Vincent au micro d’Europe 1

Les thèmes majeurs de Le Complexe de Gaïa sont des piliers universels : l’interconnexion, l’équilibre et la responsabilité. Vincent exhorte à reconnaître notre interdépendance avec la nature, à retrouver un équilibre perdu, et à embrasser une responsabilité collective. Les mythes de Gaïa, porteurs de sagesse intemporelle, deviennent des phares guidant vers une compréhension et un respect renouvelés de la Terre.

Une belle résonance maçonnique quand la conversation glisse naturellement vers la franc-maçonnerie, où Frédéric Vincent trouve une résonance profonde entre ses idées et les principes maçonniques de fraternité, de quête de vérité et de respect de la nature. La franc-maçonnerie, avec sa tradition de réflexion et de quête spirituelle, s’aligne harmonieusement avec les messages écologiques et philosophiques de l’auteur.

Dans un dernier souffle poétique, Frédéric Vincent espère que son livre incitera à voir la Terre non plus comme une simple ressource, mais comme une partie essentielle de notre être. Il aspire à une perspective de symbiose et de respect, ouvrant la voie à un avenir harmonieux et durable. L’entretien se clôt sur cette note d’espoir, résonnant comme une mélodie apaisante dans l’esprit des lecteurs.

Didier Ozil, tel un guide bienveillant, nous a menés à travers les méandres de la pensée de Frédéric Vincent. Le Complexe de Gaïa se révèle être une œuvre lumineuse, invitant à une réflexion profonde et nécessaire sur notre rapport à la nature. Par cet entretien, Le maillon renforce son rôle de gardien des sagesses ancestrales et modernes, offrant aux francs-maçons et aux chercheurs de vérité des clés pour une réconciliation avec l’univers.

Le chapitre « Symbolisme » nous donne notamment, sans oublier celui de Dominique Segalen sur « Le projecteur et la chandelle : regard sur le Lumière », un texte sur « À propos du mythe d’Adam Franc-maçon ».

Permettez-nous un focus sur le texte de R. Brochéro. Le maillon est dédiée à l’exploration des significations profondes et cachées derrière les symboles maçonniques. Cette section se distingue par son approche analytique et introspective, visant à décoder les messages ésotériques et spirituels contenus dans les récits, les objets, et les rituels maçonniques. Le symbolisme est au cœur de la franc-maçonnerie, servant de pont entre le monde matériel et les réalités spirituelles.

R. Brochéro propose une étude approfondie du mythe d’Adam sous l’angle maçonnique. R. Brochéro commence par rappeler que le mythe d’Adam est l’un des récits fondateurs de l’humanité. Dans la tradition maçonnique, ce mythe n’est pas seulement un conte religieux, mais une allégorie riche en symboles. Adam, le premier homme, est une figure qui incarne l’initiation, la chute et la quête de rédemption.

L’auteur souligne que la création d’Adam peut être vue comme une métaphore de l’initiation maçonnique. Adam est façonné à partir de la terre, symbolisant l’origine humble et matérielle de l’initié. La vie insufflée en Adam par Dieu représente l’étincelle divine ou la lumière de la connaissance qui éveille l’initié.

Le jardin d’Éden est présenté comme un symbole de l’état d’innocence et d’unité avec le divin. La présence de l’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal est particulièrement significative. Selon Brochéro, cet arbre représente la dualité inhérente à l’expérience humaine et la nécessité de la connaissance pour atteindre la sagesse. La consommation du fruit défendu par Adam et Ève symbolise l’acte de franchir les limites imposées par l’ignorance et de rechercher activement la vérité.

Albrecht Dürer, 1504

L’expulsion d’Adam et Ève du jardin d’Éden est interprétée comme la perte de l’état d’innocence et l’entrée dans le monde de la dualité et de la souffrance. Pour les francs-maçons, cet exil n’est pas seulement une punition, mais une étape nécessaire dans la quête de la sagesse et de la réintégration spirituelle. L’exil symbolise le voyage de l’initié à travers les épreuves de la vie, une quête constante pour retrouver l’harmonie perdue.

Brochéro met en lumière le rôle de la franc-maçonnerie dans la réinterprétation du mythe d’Adam. Pour les maçons, Adam est perçu comme le prototype de l’initié, un modèle de la condition humaine en quête de lumière. La franc-maçonnerie offre un cadre symbolique et rituel permettant à l’individu de comprendre et de transcender cette condition. Les rituels maçonniques, les enseignements symboliques et les pratiques ésotériques sont autant d’outils pour guider l’initié sur le chemin de la réintégration spirituelle.

L’article se conclut sur une réflexion philosophique sur la nature humaine et son potentiel infini. Adam, en tant qu’homme, représente la capacité de transcender les limites matérielles et de s’élever vers la connaissance divine. Pour Brochéro, l’essence de l’initiation maçonnique est cette quête perpétuelle de l’infini, la recherche de l’absolu et de la vérité ultime.

L’article de R. Brochéro offre une perspective riche et nuancée sur le mythe d’Adam. En le réinterprétant à travers le prisme maçonnique, Brochéro démontre comment les récits anciens peuvent continuer à offrir des enseignements précieux et des sources d’inspiration. Le symbolisme de l’histoire d’Adam, de la création à la chute, résonne profondément avec les valeurs et les objectifs de la franc-maçonnerie, soulignant l’importance de la quête de la connaissance, de la sagesse et de la réintégration spirituelle.

Puis, c’est dans « Ésotérisme », deux textes nous sont donnés, à savoir « Un conte Andersen: La petite sirène » par Élisabeth Fiebig-Betuel qui revisite le conte de « La Petite Sirène » d’Andersen sous un angle ésotérique, révélant les symboles cachés de transformation et d’élévation spirituelle. La sirène, aspirant à l’âme humaine, incarne la quête de l’immortalité et de la transcendance. Ce conte devient une allégorie de l’initiation maçonnique, où la souffrance et le sacrifice mènent à une rédemption spirituelle. Et « Apollon Chaos et lumière » par Élisabeth Rochlin. Cette dernière explore la figure d’Apollon, dieu de la lumière et de la vérité, en lien avec le concept de Chaos. L’auteure met en lumière comment Apollon symbolise la quête de la connaissance et l’éveil spirituel. En tant qu’incarnation de l’harmonie et de l’ordre, Apollon guide les initiés vers la clarté et la sagesse, illuminant le chemin de la transformation intérieure.

Dans « Philosophie », après « Comment se forment les mythes ? » d’André Benzimra, Marcel Bolle de Bal examine la notion de « Passage à l’Orient éternel » comme une œuvre maçonnique, réfléchissant sur son symbolisme et sa signification dans le cheminement spirituel des francs-maçons.

Marie-Dominique Massoni, en « Histoire », nous plonge dans l’univers de François Rabelais à travers son étude de l’abbaye de Thélème. L’auteure analyse ce lieu utopique comme une métaphore de la liberté et de la quête de connaissance, des valeurs chères à la franc-maçonnerie. Elle explore comment Rabelais, par cette création littéraire, critique les institutions et propose une vision humaniste où l’individu s’épanouit en harmonie avec ses semblables.

Tablier Apprenti-Compagnon – DETRAD

Dans « Les Pages du Compagnon » Anne de Garils explore le mythe de Déméter et Perséphone, mettant en lumière ses symbolismes de cycle de la vie, mort et renaissance. Elle révèle comment ce récit mythologique illustre la transformation personnelle et spirituelle, essentiels dans le parcours maçonnique du compagnon.

Tablier de Maître REAA – DETRAD

Puis « Les Pages du Maître », grâce à Élisabeth Moreau, détaille le symbolisme de l’androgyne, représentant l’unité des opposés et l’harmonie entre les énergies masculine et féminine. Ce concept ésotérique souligne l’idée de complétude et de perfection spirituelle dans le cheminement maçonnique. Moreau analyse comment cette figure mythique incarne la quête de l’équilibre intérieur et l’aspiration à une transformation holistique.

Le chapitre « Livres, revues et bibliographie » offre une revue critique des publications récentes, couvrant une variété de sujets pertinents pour les francs-maçons. Elle inclut des recommandations de lectures essentielles, des analyses détaillées des ouvrages et des revues qui enrichissent la réflexion symbolique et philosophique. Les contributeurs partagent leurs perspectives éclairées pour guider les lecteurs dans leur quête de connaissances et d’inspiration

La vie des loges et des obédiences est abordée dans l’avant-dernier chapitre. Il propose un aperçu des activités à avenir ou en cours, notamment les salons maçonnique du livre (Nantes, Bruxelles, Lyon, Limoges et Toulouse) et exposition.

Enfin, un récapitulatif des derniers numéros du maillon est présentée ici, permettant aux lecteurs de voir les thèmes abordés et de rattraper les éditions qu’ils auraient pu manquer.

Ce dernier opus du maillon révèle une revue riche et variée, où chaque chapitre et chaque article apporte sa pierre à l’édifice de la connaissance maçonnique. Le maillon, nominé par l’Institut Maçonnique de France en 2019 – catégorie Revues » – se distingue par son approche multidimensionnelle, couvrant des domaines aussi divers que l’histoire, la philosophie, l’ésotérisme, et les arts. Chaque contribution est soigneusement conçue pour offrir au lecteur non seulement des informations, mais aussi des pistes de réflexion profonde.

Les articles sont rédigés avec une prose soignée, parfois poétique, et une érudition manifeste. Les auteurs utilisent des références symboliques et historiques pour ancrer leurs arguments, tout en laissant place à l’interprétation personnelle du lecteur. Le maillon réussit ainsi à créer un espace de dialogue intellectuel et spirituel, fidèle à l’esprit de la franc-maçonnerie.

Le maillon de la chaîne maçonnique – Mythes, contes & légendes

Revue indépendante d’information et de documentation inter-obédientielles

DETRAD aVs, N°155, Juin 2024, 116 pages, 15 €

Disponible chez DETRAD.

La 4e de couverture

« Sombre Moyen Âge » : Par Laurent Ridel

Du site de Laurent Ridel decoder-eglises-chateaux.fr

Encore aujourd’hui, une partie du public le voit comme une période obscure où règnent l’ignorance, le fanatisme et l’intolérance religieuse. Des stéréotypes qu’un film assez populaire comme Le Nom de la Rose alimente en cochant toutes les cases : dans une abbaye bénédictine, théâtre de meurtres mystérieux, s’affrontent des paysans réduits à l’état de bêtes, des moines stupides et des inquisiteurs despotiques, qui règlent les problèmes par le bûcher et la torture. Guillaume de Baskerville, interprété par Sean Connery, semble le seul être raisonnable dans cette faune humaine. 

Un monde de méchants ?

Sorina cible trois facettes du Moyen Âge, qui méritent d’être nuancées.

Déjà la chasse aux sorcières. Certes, des dizaines de milliers de personnes, en grande majorité des femmes, sont exécutées en France pour sorcellerie. Cependant les persécutions se concentrent après le Moyen Âge, sur les XVIe et XVIIe siècles. Autrement dit, elles sont plus représentatives du règne de Louis XIV que du règne de saint Louis.

Sorcières vaudoises, Martin le Franc, Champion des Dames, manuscrit 12476, 1451, BNF/Gallica

Quant aux livres, il est vrai que l’Église en incendiait, notamment ceux qui contenaient des propos jugés hérétiques. Par exemple, vers 1140, l’intellectuel Abélard — qui formait un couple célèbre et dramatique avec Héloïse — est forcé, après le jugement d’un concile, à jeter son livre de théologie au feu. En 1242, à l’invitation du pape, saint Louis fait brûler à Paris des volumes du Talmud (commentaires de la Bible par les rabbins) après les avoir confisqués et entassés dans 24 chariots.

En même temps, évoquer ces exemples, c’est faire peu de cas des entreprises de conservation du livre. Au Moyen Âge, les livres sont des objets extrêmement précieux. Avant l’imprimerie, étant donné le temps, l’effort et les ressources nécessaires pour produire un seul livre, ils sont généralement très protégés.

Le savoir qu’ils contiennent les rend aussi précieux. Conscients de cette valeur, les moines recopient des textes anciens, qu’ils soient écrits par des auteurs chrétiens ou païens de l’Antiquité romaine ou grecque. Ces œuvres sont ensuite conservées dans les bibliothèques monastiques ou princières. Sans cet effort, une partie du savoir antique aurait disparu. On ne connaîtrait pas aujourd’hui la Guerre des Gaules de Jules César ou Histoires naturelles de Pline l’Ancien.

Dans ces conditions, je ne peux pas considérer le Moyen Âge comme une époque malheureuse pour les livres.

Copiste, Liber de informatione principum, Manuscrit Français 1950, 1379, Gallica/BNF

Enfin Sorina déplore le traitement des orphelins dans les monastères. C’est la première fois que je lis cet argument négatif sur le Moyen Âge. Je doute qu’il tienne la route. Un orphelin, pris en charge par un monastère, avait sûrement une vie plus heureuse qu’un autre orphelin. Dans ce type d’établissements riches, il était assuré de vivre à l’abri des famines et de la violence. Rien n’indique que les moines éduquaient plus durement que des parents. Au contraire, leur instruction offrait des perspectives de promotion. Suger, donné aux moines après la mort de sa mère, en est le plus brillant exemple : il est élevé à la fonction d’abbé de Saint-Denis et devient le conseiller très écouté des rois Louis VI et Louis VII.
Un discours biaisé sur le Moyen Âge

Ne tombons pas dans le piège de ceux qui, depuis des siècles, aiment nous vendre un Moyen Âge sombre :

Les humanistes de la Renaissance, qui regrettaient la culture de l’Antiquité classique
Les Lumières autrefois et certains athées aujourd’hui, hostiles à l’Église
Les films et la littérature, en quête de scénarios dramatiques et de scènes violentes. 

Pour autant, je ne recommande pas un retour au Moyen Âge. En termes d’injustice, d’insécurité et d’inconfort, cette longue période a de larges parts d’ombre.

Le Dernier duel, film de Ridley Scott

Lieu symbolique : Carentoir, l’Église Saint-Jean-Baptiste du Temple (Morbihan)

En Bretagne, dans le département du Morbihan, se dresse à Carentoir l’Église Saint-Jean-Baptiste du Temple, vestige de la commanderie templière de la région.

Annonce 2022

Fondée en 1182, l’existence de cette commanderie est attestée par une charte du duc de Bretagne, sous le nom de Karantoe. Le premier édifice roman, dont aucune trace ne subsiste, occupait probablement l’emplacement du chœur actuel de la chapelle. Au XIVe siècle, les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem héritèrent des biens des Templiers et transformèrent ce lieu en commanderie dépendant du Grand Prieuré d’Aquitaine. Au XVIe siècle, cette commanderie possédait des dépendances dans soixante-six paroisses réparties sur six diocèses.

L’histoire des ordres militaires en Bretagne reste à écrire

Certes, cette reste à écrire mais les procès-verbaux de visite et d’amélioration permettent de connaître l’aspect du village et de l’église du Temple à partir de cette époque. Ces données ont inspiré un projet de restauration visant à redonner au bâtiment sa lisibilité historique. Avant cette restauration, l’ancienne église paroissiale se composait d’un grand vaisseau unique à chevet aveugle, surmonté d’une voûte en plein cintre, et d’une sacristie attenante.

Le sol était pavé de schiste bleu, la toiture en ardoise reposait sur une corniche moulurée, et un clocher à huit pans sur base carrée ornait l’édifice. La façade occidentale, avec sa petite fenêtre et sa porte d’entrée appareillée, s’ouvrait directement sur la voirie communale. Les murs gouttereaux nord et sud étaient éclairés par quatre fenêtres en plein cintre et une porte de service. Les maçonneries en moellons de schiste de La Gacilly étaient malheureusement rejointoyées au ciment, et un soubassement de ciment ceinturait l’édifice.

Le bâtiment en lui-même

Le bâtiment, bien que d’une taille remarquable pour un si petit village, était extrêmement simple. Au début du XXe siècle, des interventions lourdes avaient modifié l’église des Hospitaliers, lui faisant perdre son sens et ses qualités esthétiques. Vers 1920, le porche d’entrée en bois fut supprimé, la sacristie incendiée puis reconstruite avec des proportions différentes. En 1935, le clocher et le mur de refend intérieur furent démolis, les proportions des baies modifiées, et la charpente remaniée.

L’expo temporaire

Les travaux de restauration

Ils avaient pour objectif principal l’assainissement des murs, le changement de la couverture, et la restitution de la charpente d’origine, notamment pour le chœur. En 1921, des photographies montrent l’église des paroissiens, la nef, et l’église dite « du commandeur », le chancel ou sanctuaire, espace noble. Lors des travaux, la dépose de la voûte permit une découverte renforçant la double identité de l’édifice. Les fermes étaient chaulées et sculptées sur toute leur hauteur, sans aucune trace de clous sur les arbalétriers. Le pignon du chœur était enduit jusque dans sa partie sommitale, indiquant que le chancel n’avait pas connu de voûte avant l’uniformisation des charpentes de la nef et du chœur. La charpente du XVIIe siècle a donc été restaurée dans ses dispositions originelles, en conservant au maximum les bois anciens.

L’épisode templier

Celui-ci a profondément marqué les esprits locaux, et la tradition orale regorge de récits sur les « moines rouges » de Carentoir. Cette influence se manifeste également dans le décor du mobilier. Le retable monumental en bois, datant des XVIIIe et XIXe siècles, arbore encore les symboles templiers, avec une devise sur le fronton : non nobis domine non nobis sed nomini tuo dei gloriam. L’église, paroissiale jusqu’à la Révolution, conserve un ensemble de statuaire des XVIe et XVIIe siècles, dont la plus belle pièce est un gisant en bois sculpté et anciennement polychrome, daté de la fin du règne de Saint Louis.

Au commencement, deux nefs existaient…

Pour les travaux de couverture et charpente du chœur et du clocher, la Sauvegarde de l’Art français a accordé un don de 10 000 € en 2008. Initialement, deux nefs existaient, séparant une église paroissiale d’une chapelle réservée aux Templiers par un mur de refend percé d’une arcade romane. Supprimé en 1935, ce mur a été rebâti au début des années 2010. L’église abrite également une collection d’œuvres d’art qui associe la thématique de l’ordre militaire et religieux à celle de l’église paroissiale à travers les siècles.

Le retable

Un retable remarquable est exposé, et derrière lui se trouve une croix trilobée. L’un des derniers gisants de France, daté de la fin du XIIIe siècle, est également présent dans l’église Saint-Jean-Baptiste du Temple.

Classé Monument Historique, il est décrit comme un templier ou un seigneur local. Les visites gratuites ont lieu en juillet et août uniquement, ainsi que lors des Journées du Patrimoine en septembre. Pour plus de renseignements, il est possible de contacter l’Office de Tourisme ou la mairie de Carentoir.

Le 19 juillet 2022 déjà, nous vous indiquions ce « Bon plan anti-canicule : Visitez l’église du Temple et son exposition à Carentoir (56) »

Commémorons la disparition de Nicolas avec Béatrice le 5 Septembre

Béatrice, la maman de Nicolas, assistante de direction dans les services administratifs de la Grande Loge de France et ancienne Franc-maçonne de la GLFF, née Maçonniquement à Riom dans la RL Koré, fait preuve d’un courage et d’une détermination admirables, pour transformer cette tragédie en une force pour le changement.

Frères et Sœurs de toutes obédiences et Amis Profanes, qui êtes parents ou futurs parents, grands-parents, oncles ou tantes ou encore adolescents,

Le jeudi 5 septembre 2024, le collectif « Tous avec Nicolas contre le harcèlement scolaire ! » organise à Poissy une marche blanche en mémoire de Nicolas Nébot, jeune lycéen, qui s’est suicidé, victime de harcèlement scolaire. Le harcèlement scolaire est un problème grave qui peut avoir des conséquences dévastatrices, comme en témoigne la tragique histoire de Nicolas.

Ce harcèlement se manifeste sous diverses formes : moqueries, insultes, menaces, agressions physiques et exclusion sociale. Il peut également se dérouler en ligne, à travers le cyberharcèlement. Les victimes peuvent éprouver de l’anxiété, de la dépression, une baisse de l’estime de soi et, dans les cas les plus extrêmes, des pensées suicidaires.

Les effets du harcèlement peuvent persister bien au-delà des années scolaires, affectant la santé mentale, la réussite académique et professionnelle et les relations sociales des victimes.

Comme l’écrivait Antoine de Saint-Exupéry : « On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. » Il est donc crucial de se rappeler que derrière chaque sourire d’enfant peut se cacher une douleur invisible et qu’il est de notre devoir de regarder avec le cœur pour comprendre et aider.

En France, une enquête de l’UNICEF estime qu’un enfant sur dix est victime de harcèlement !

Certes des programmes sont mis en place dans les écoles pour sensibiliser les élèves, les enseignants et les parents aux signes de harcèlement et à la manière d’y répondre. Certes les lois contre le harcèlement scolaire, obligeant les établissements scolaires à mettre en place des mesures préventives et réactives ont été renforcées mais le combat est loin d’être gagné.

Marche Blanche à Poissy

L’organisation de la Marche Blanche en hommage à Nicolas est une initiative puissante pour sensibiliser davantage le public et les autorités à cette cause.

Voici les détails de la marche :

  • Date et heure : Jeudi 5 septembre 2024, début à 13 h 30.
  • Lieu de départ : Cimetière de la Tournelle à Poissy.
  • Itinéraire : Passera par le lycée Adrienne Bolland, puis se terminera vers 15 h 30 sur la place de la République, devant la Mairie.

Cet événement est apolitique et universel, visant à rassembler toutes les personnes souhaitant lutter contre le harcèlement scolaire. C’est un rappel de l’importance de la solidarité et de la vigilance collective pour protéger nos enfants et assurer leur bien-être à l’école.

Frères et Sœurs de toutes obédiences et Amis Profanes, le collectif « Tous avec Nicolas contre le harcèlement scolaire ! » compte sur vous.

Le paysage maçonnique français de nos jours (Par Yves Hivert-Messeca et Michel Maffesoli)

Dossier spécial Bibliothèque Nationale de France

Au-delà des différences politiques, sociétales, religieuses et philosophiques (qui relèvent du choix de chacun), jamais les usages dans les loges ne se sont autant diversifiés, de l’esprit libertaire à la stricte observance traditionnelle. Le courant libéral y est cependant, comme en Belgique, largement majoritaire.

Une représentation allégorique du Grand Orient de France
Une représentation allégorique du Grand Orient de France | Bibliothèque nationale de France

Avant de la décrire telle qu’elle apparaît aujourd’hui, il convient de préciser que la franc-maçonnerie française est, par sa nature, sa pratique et son patrimoine culturel, depuis cent cinquante ans, nettement particulière au sein du Landerneau maçonnique mondial. Le courant libéral, comme en Belgique, y est largement majoritaire.

Ledit paysage maçonnique français tire ses caractéristiques présentes des décennies 1870 à 1910. Ainsi, au convent dit « international » de Lausanne (1875), rassemblant une minorité de suprêmes conseils – juridictions gérant les grades post-magistraux du rite écossais ancien et accepté (REAA) –, est définie une maçonnerie représentée aujourd’hui par la Grande Loge de France (GLDF). En 1877, le Grand Orient de France supprime (il ne l’interdit pas) l’obligation de la référence au Grand Architecte, faisant de cette obédience le référent de la maçonnerie libérale adogmatique. En 1893-1894 naît à Paris l’Obédience mixte internationale Le Droit humain. Des loges d’adoption souchées auprès d’ateliers masculins de la GLDF, à compter de la décennie 1900, formeront l’Union maçonnique féminine de France (1945), transformée en 1952 en obédience dite « Grande Loge féminine de France » (GLFF). Enfin, en 1913, deux ateliers sécessionnistes donneront naissance à la Grande Loge nationale indépendante et régulière pour la France, devenue en 1948 la Grande Loge nationale française (GLNF), seule obédience reconnue par Londres, sauf de 2012 à 2014.

Les traits spécifiques à la France

Depuis plus d’un siècle, la franc-maçonnerie en France présente ainsi des traits spécifiques, dont certains se sont précisés, redessinés ou accentués.

De larges effectifs

D’abord, ses effectifs n’ont jamais été aussi importants (17 0000 membres, dont un sixième de maçonnes, répartis en 5 500 à 6 000 loges) en nombre et en pourcentage par rapport à la population globale. Cette situation est relativement récente : la répression conduite par l’État de Vichy et l’occupant allemand (1940-1944) a eu des effets négatifs sur son développement pendant de nombreuses années. Ce ne fut que dans la décennie 1960 que les obédiences françaises retrouvèrent leur étiage d’avant-guerre. Ensuite, la progression fut massive. Il semble qu’elle s’accompagne néanmoins d’un certain turnover, tant et si bien qu’il se murmure que le nombre maçons d’ex-maçons est équivalent à celui des maçons actifs. Néanmoins, en quarante ans, les effectifs ont été multipliés par quatre. Les causes de ce succès sont multiples, variées et cumulatives, de la fin des grands récits métapolitiques et du déclin de deux institutions structurantes de la société française que furent l’Église romaine et le parti communiste (toutes deux hostiles à la franc-maçonnerie) au désir individuel de se construire et d’habiter une identité singulière, éclectique et adaptable. Parmi les motifs d’adhésion, on trouve la recherche d’un engagement civique et sociétal, le sens de l’autre, l’appétence pour la sociabilité associative, les besoins d’accomplissement, d’estime, d’action, de réflexion, d’identification et/ou de sécurité, la recherche d’un capital culturel, d’une expérience émotionnelle intense, d’une confiance mutuelle et de services partagés, la quête de soi, l’attrait pour le mystère, la tradition familiale, le plaisir d’être inclus dans un monde à la fois de plus en plus globalisé et individualisé, sans oublier toutes les motivations particulières de chaque impétrant. Sans être exclusif, le recrutement maçonnique s’opère largement dans les classes moyennes diplômées urbaines d’âge également moyen (40 à 50 ans le plus souvent).

La balkanisation

Bijou de sublime maître du Grand Œuvre
Bijou de sublime maître du Grand Œuvre | © Musée de la Franc‑maçonnerie

Présentement, à côté des institutions historiques ou d’importance majeure citées ci-dessus et de quelques nouvelles institutions qui ont trouvé leur place, on peut estimer à une centaine le nombre de micro-obédiences. Leur naissance, leur vie et leur disparition s’enchaînent de façon souvent rapide. Si le sérieux de quelques-unes d’entre elles est facilement admis, la conformité aux usages maçonniques de beaucoup n’est pas toujours évidente. À cela s’ajoute le phénomène des loges « indépendantes » ou « sauvages ». Une partie de cette multiplication est liée à la refondation / création de diverses obédiences issues de l’éparpillement de la mouvance « égyptienne » (rite de Memphis-Misraïm) à compter de la décennie 1990 ; une autre provient de miniscissions dans les grandes obédiences ; une troisième s’explique par le parcours buissonnier et zigzagant de certains maçons. Aussi les actions communes sont-elles quelquefois difficiles et éphémères et les œuvres partagées, rares. Néanmoins, les relations interpersonnelles entre sœurs et frères suppléent largement à cette division obédientielle.

L’hétérogénéité

Au-delà des différences politiques, sociétales, religieuses et philosophiques des maçons (qui relèvent du choix de chacun), jamais les usages dans les loges ne se sont autant diversifiés, de l’esprit libertaire à la stricte observance traditionnelle. Jamais le panel des rites pratiqués n’a été aussi riche.

Dieu créateur
Dieu créateur | Bibliothèque nationale de France

Ainsi, dans l’ensemble des loges françaises, le rite écossais ancien et accepté (REAA) est devenu majoritaire dans la décennie 1990. À côté de ce dernier, du rite français (lui-même pratiqué dans diverses versions), du régime écossais rectifié (RER) et des rites égyptiens sont apparus et se sont développés des systèmes nouveaux notamment venus du monde anglo-saxon, comme le style émulation ou le rite standard d’Écosse (RSE).

Autre nouveauté : depuis ces mêmes années 1990, la majorité des loges françaises travaille à nouveau « à la gloire du Grand Architecte de l’univers » – il est vrai avec des conceptions fort diverses, d’une simple interprétation symbolique pour les uns à une affirmation théiste pour les autres. Au-delà de cette diversification liturgique, on note les positionnements (parfois changeants ou flous) des obédiences entre tradition, régularité, reconnaissance, intervisites, libéralisme, mixité, spiritualité, engagement sociétal, philanthropie, mémoire, transmission, transgression et modernité. Depuis deux décennies, la plupart des obédiences ont également connu des questionnements internes, diverses évolutions et remises en cause, voire certaines turbulences, qui n’ont pas été sans influencer le paysage maçonnique français, dont il n’est pas sûr que la présente recomposition soit achevée. Aujourd’hui, il offre un large panel d’obédiences masculines, mixtes et féminines qui se veulent régulières, traditionnelles et / ou libérales.

Les obédiences présentes en France

L’empreinte maçonnique

Un laboratoire pour la socialité postmoderne

L’imaginaire moderne, qui avait pris naissance avec le cartésianisme, s’était conforté avec la philosophie des Lumières et avait trouvé son apogée dans les grands systèmes sociaux du 19e siècle, reposait ainsi que l’a dit avec justesse le sociologue Auguste Comte sur la reductio ad unum. Les institutions sociales sont progressivement devenues homogènes, et, en politique, la République s’est constituée comme une et indivisible. Pourtant, à côté de la « rationalisation généralisée de l’existence », cette spécificité des « temps modernes » (Max Weber), on voit revenir de multiples représentations et donc organisations privilégiant non pas l’irrationnel, mais ce que le grand anthropologue de la culture Gilbert Durand, par ailleurs remarquable théoricien de la franc-maçonnerie, a appelé le « non-rationnel ».

C’est à partir de cette mise en perspective théorique que l’on peut comprendre que la franc-maçonnerie, qui regroupe des individus en petites entités (les loges) et favorise la recherche de ce non-rationnel, puisse exercer une fascination / répulsion. Fascination parce qu’elle est en phase avec l’esprit du temps, répulsion parce que d’une certaine manière ceux qui n’y participent pas expriment ainsi un désir inconscient.

Scène se déroulant à la loge Les Trois Globes de Berlin
Scène se déroulant à la loge Les Trois Globes de Berlin | © GLDF

Discrétion, secret, appartenance

Précisions que la franc-maçonnerie se caractérise moins comme une « société secrète » que comme une société discrète. Mais reconnaissons tout de même que la thématique du secret est tout à fait prospective, précisément en ce qu’elle privilégie le sentiment d’appartenance et le fait qu’au-delà d’un universalisme fleurant bien le siècle des Lumières elle rend attentif à la nécessité des regroupements affinitaires. En un moment où l’idéologie de la transparence tend à prévaloir, il est important de rappeler que de plus en plus la vraie appétence sociétale va vers les « mystères » que l’on partage à quelques-uns. D’où la vision fantasmatique que ne manque pas de susciter une franc-maçonnerie qui, qu’elle le veuille ou non, favorise discrétion, voire loi du secret dans sa constitution même.
Une manière de relativiser le fantasme ayant trait à la franc-maçonnerie consistera peut-être à pratiquer un équilibre entre l’extériorisation et la discrétion.

Le secret maçonnique essentiel est justement qu’il n’y a pas de secret. Comme la « lettre volée » d’Edgar Poe, les grandes valeurs maçonniques sont si évidentes – le sens de la fraternité, l’importance de la solidarité, la recherche de l’entièreté de l’être, etc. – que ce sont des « secrets », pour reprendre une expression d’un grand franc-maçon, Joseph de Maistre, que « le bon sens et la droite raison réunis » comprennent aisément. Un goût pour le scandale pousse à voir du secret là où il n’y a qu’une évidence de bon sens. Là encore, la franc-maçonnerie correspond bien à l’esprit du temps : la multiplicité des microgroupes, ce que j’appelle « tribus », montre à loisir que le lien social est aujourd’hui quelque chose de mystérieux. Peut-être le secret maçonnique rappelle-t-il avec justesse cette constante anthropologique qu’est le clair-obscur de toute existence, c’est-à-dire le fait d’intégrer la part d’ombre dans le vivre-ensemble.

L’arc-boutant de Reims
L’arc-boutant de Reims | Bibliothèque nationale de France
Rose dite de l’église de Lausanne - Homme barbu assis tenant son pied.
Rose dite de l’église de Lausanne – Homme barbu assis tenant son pied. | Bibliothèque nationale de France
Plans de chevets d’église
Plans de chevets d’église | © Bibliothèque nationale de France
Élévation intérieure des chapelles absidales de la cathédrale de Reims
Élévation intérieure des chapelles absidales de la cathédrale de Reims | Bibliothèque nationale de France

Une quête spirituelle en phase avec les aspirations de la postmodernité

Le monde rationaliste et désenchanté, bien décrit par Max Weber et caractérisant notre société officielle, est en voie de saturation. La société officieuse en gestation, elle, est traversée par un véritable réenchantement du monde auquel participe le développement technologique. Il est évident que la franc-maçonnerie, qui a conservé un tel trésor par le biais de ses rituels, de ses secrets, de son ordre symbolique, ne peut qu’intéresser les jeunes générations en quête d’une expression spirituelle.
Une des spécificités de la socialité maçonnique repose sur cette vieille structure anthropologique qu’est l’entraide, l’idéal communautaire, ce que l’on peut nommer, au travers d’un vieux terme médiéval, l’« affrèrement ». Ce que l’on trouvait dans les sodalités des corporations ou même des ordres chevaleresques. Tout cela va à l’encontre du prétendu individualisme ambiant. Pour ma part, je pense que la fascination exercée par la franc-maçonnerie repose sur le fait qu’elle a pu garder un tel souci de l’autre propre à l’idéal communautaire. En effet, la franc-maçonnerie a été le dépositaire de ces « communautés affectuelles » qui sur la longue durée assurent la perdurance du lien sociétal. Là est peut-être le vrai secret maçonnique. La postmodernité est caractérisée par l’importance des affects, émotions et passions collectifs. L’idéal maçonnique n’est-il pas « de rassembler ce qui est épars » ?

« Maçons levez les yeux vers l’étoile mystérieuse »
« Maçons levez les yeux vers l’étoile mystérieuse » | Bibliothèque nationale de France

Il est important maintenant, à l’encontre des éternels feuillets à scandale dénonçant un prétendu complot maçonnique, de développer une vision objective propre à ce mouvement de fond, celle qui anime les hommes et femmes de bonne volonté et que l’on retrouve dans les diverses obédiences maçonniques. Pour ma part, sans pouvoir ni vouloir donner une définition précise d’un mouvement qui est par essence multiforme, complexe et d’une richesse encore insoupçonnée, je considère que la franc-maçonnerie, d’une manière prospective et grâce aux racines des traditions qui sont les siennes, constitue un vrai laboratoire pour la socialité postmoderne. L’appétence des jeunes générations pour la structure initiatique, le retour des rituels, le souci de l’entièreté de la personne individuelle, le sens de la communauté, la recherche d’un ordre symbolique, toutes ces choses mettent l’accent sur le qualitatif et sur la primauté du spirituel. Tout cela montre à loisir qu’au-delà du règne du quantitatif ayant marqué les temps modernes nous entrons dans un moment où va prévaloir le prix des choses sans prix. N’est-ce pas ainsi que l’on peut qualifier sur la longue durée ce qui fut, toujours et à nouveau, la quête maçonnique ?

Provenance

Cet article provient du site Franc-maçonnerie (2016)

62 ans de sagesse maçonnique : Marcel Bolle De Bal nous guide à travers ses « spirales initiatiques »

Préfacé par le philosophe et historien des religions belge francophone Baudouin Decharneux, Professeur à l’Université Libre de Bruxelles, membre de l’Académie royale de Belgique et franc-maçon de la Grande Loge de Belgique (GLB), Les spirales initiatiques d’un vieux franc-maçon de Marcel Bolle De Bal explore les différentes étapes de l’initiation maçonnique à travers une structure en spirales, symbolisant la progression et l’approfondissement continu du savoir et de la sagesse maçonnique.

Baudouin Decharneux, le préfacier

L’auteur divise son livre en plusieurs parties, chacune représentant une spire ou un degré de l’initiation, détaillant les enseignements et les expériences spécifiques à chaque étape.

L’ouvrage commence par une exploration de l’« Œuvre de l’Apprenti », où le néophyte est introduit aux concepts de l’identité personnelle et spirituelle. Marcel Bolle de Bal met l’accent sur la reliance à soi et le travail sur l’identité. Les thèmes de la lumière et du silence sont abordés comme des éléments essentiels de cette phase d’introspection. L’auteur invite les apprentis à méditer sur leur propre identité et sur le concept de l’identité de soi, posant des questions profondes et parfois déroutantes sur la nature de l’existence.

La deuxième spire est dédiée à l’« Œuvre du Compagnon », centrée sur la fraternité et la relation à autrui. L’auteur décrit cette étape comme un chantier de cinq voyages, chacun apportant des révélations sur la fraternité, non seulement en tant que concept anthropologique, mais aussi comme un rêve humain et une éthique maçonnique. Les expériences initiatiques sont décrites comme des moments cruciaux pour élargir la fraternité et débattre des enjeux de la mixité en franc-maçonnerie.

Dans la troisième spire, l’« Œuvre du Maître », Marcel Bolle De Bal explore la reliance au monde et le travail sur la citoyenneté. Cette section aborde la construction du temple extérieur et initiatique, symbolisant le temple de l’humanité. L’auteur pose la question du progrès de l’humanité et de l’idéal maçonnique, invitant à une réflexion sur le siège du temple et la référence maçonnique actualisée. Bolle de Bal conclut cette spire en spéculant sur l’avenir de notre humanité et son temple.

L’« Œuvre du chevalier prince Rose-Croix », la quatrième spire, traite de la reliance à l’univers et au cosmos, avec un accent sur la spiritualité. Marcel Bolle De Bal discute de la connexion au cosmos à travers trois symboles : la clé, la voûte et les étoiles. Il explore les paradoxes de ces symboles et les liens entre eux, soulignant les défis et les révélations associés à la spiritualité maçonnique.

La cinquième spire, dédiée à l’« Œuvre du chevalier Kadosh », se concentre sur la lumière et le sens de la vie. L’auteur décrit trois voyages exploratoires, chacun menant à une compréhension plus profonde de la lumière et de la reliance. Cette section aborde également des thèmes tels que la déliance, la liance mythologique et le Soi, en élargissant la réflexion sur la fin de vie, la mort digne et le sens de la vie maçonnique.

« À partir et au-delà du temple », la dernière spire transcende les limites du temple maçonnique pour aborder des méditations philosophiques sur la reliance, l’existence et la sagesse. Marcel Bolle De Bal partage ses convictions philosophiques et son engagement pour une spiritualité laïque, paradoxale et humaniste. Il conclut avec des réflexions sur la spiritualité au-delà des cadres traditionnels, invitant à une quête continue de sagesse et de compréhension.

À l’âge de 93 ans et pratiquement aveugle, Marcel Bolle De Bal offre cet ouvrage comme un véritable testament philosophique.  Il représente un résumé des enseignements et des expériences accumulés au cours de sa vie. C’est une réflexion ultime sur les valeurs et les principes qui ont guidé son parcours maçonnique tout au long de sa vie. En partageant ses réflexions finales, Bolle de Bal transmet son héritage intellectuel et spirituel, aspirant à inspirer et à éclairer les générations futures de maçons.

Marcel Bolle De Bal

Marcel Bolle De Bal, la bio

Marcel Bolle de Bal, initié en 1962 au sein d’une loge du Grand Orient de Belgique (GOB), est un sociologue et franc-maçon belge renommé, connu pour ses travaux sur la psychosociologie et la franc-maçonnerie. Il a publié de nombreux ouvrages sur ces sujets, cherchant à intégrer la réflexion maçonnique avec des perspectives sociologiques et philosophiques plus larges. Sa carrière académique et ses contributions à la pensée maçonnique ont fait de lui une figure respectée dans ces domaines.

La présentation de l’éditeur

L’éditeur « La Pensée et les Hommes », dans sa collection « Penser l’humain », se consacre à la publication d’ouvrages qui stimulent la réflexion philosophique, sociologique et humaniste. Leur objectif est de promouvoir une compréhension approfondie des enjeux de notre époque à travers des perspectives variées et éclairantes.

Cette maison d’édition est réputée pour son engagement à enrichir le débat intellectuel et à soutenir des auteurs qui offrent des contributions significatives à la pensée contemporaine.

Les spirales initiatiques d’un vieux franc-maçon est un ouvrage riche en réflexions profondes et en enseignements sur la progression initiatique maçonnique. Marcel Bolle De Bal guide ses lecteurs à travers les différentes étapes de l’initiation, offrant des éléments précieux et des perspectives élargies sur la fraternité, la citoyenneté et la spiritualité. Par sa structure en spirales, le livre invite à une quête perpétuelle de connaissance et de sagesse, fidèle à l’esprit maçonnique.

Les spirales initiatiques d’un vieux franc-maçon

Marcel Bolle de BalLa Pensée et les Hommes, coll. Penser l’humain, 2023, 192 pages, 20 €

Le philosophe de la Médiation, récemment rebaptisé Philosophe en Contemplation par le musée, est le titre traditionnel d’une peinture à l’huile au Musée du Louvre, à Paris, qui est attribué à l’artiste néerlandais Rembrandt du XVIIe siècle.

L’Énigme du 39 Rue Castérès à Clichy – Acte IV : Comptes et mécomptes du GODF

La série de l’été : « L’énigme du 39 Rue Castérès : Un scandale immobilier de la Fondation du GODF à Clichy »

Acte IV  Comptes et mécomptes du GODF (Lire le N°III si vous avez manqué l’épisode précédant)

Comment tirer les conséquences d’une situation désastreuse, très mal gérée par les administrateurs de la Fondation, le Conseils de l’Ordre et les Grands Maîtres de Philippe Foussier à Guillaume Trichard en passant par Jean-Philippe Hubsch qui ont choisi l’opacité à la transparence.

Le Grand Orient de France se penserait-il au-dessus des lois de la République Française ? Elles s’appliquent pourtant en son sein… Les conséquences financières s’accumulent comme nous allons le voir.

La Fondation a perdu la somme de 300 000 euros selon Paul ROSE, le vice-président de la Fondation, dans l’opération de vente avortée du 39 rue Castérès.

Philippe Foussier, ancien Grand Maitre du Grand Orient de France. | VERNIER/JBV NEWS

En effet, vice–président en 2019 et 2020 et parfait honnête homme, Paul Rose a révélé le pot aux roses. Il fut l’artisan du fameux protocole d’accord qui a mis en rage les membres du Conseils de l’Ordre. C’est lui qui affirmait que Charles Arambourou avait coûté 300 000 euros à la Fondation : dédit de 95 000 €, frais d’avocats et frais annexes, tout çela saupoudré dans les bilans 2017, 18, 19, 20 et 21 de la Fondation.

Charles Arambourou sur Public Sénat

On ne peut que s’interroger sur les raisons qui ont poussé Philippe Foussier et Charles Arambourou à décider de la vente en 2018 avec les conséquences sur les comptes de la Fondation qui n’apparaissent qu’aujourd’hui.

Les comptes de la Fondation sont en berne en 2022 et en 2023.

39 Rue Castérès à Clichy (92)

Selon Charles Arambourou, l’immeuble était une charge pour la Fondation. Le tandem Philippe Foussier – Charles Arambourou avait inventé un concept d’amortissement pour un immeuble en donation. Or la rentabilité de l’immeuble est pourtant exceptionnelle. Dans le bilan 2020 de la Fondation, l’immeuble Castérès est valorisé 304 898 euros, valorisation faible en raison du caractère incessible d’un immeuble constitutif du fond de dotation. Il est loué principalement au Centre Médico-Dentaire du Nord-Ouest parisien. Il rapportait en 2020 en produits d’exploitation loyer et charges 63 797 euros soit une rentabilité comptable de 20 %. Les loyers et charges de 2023 sont à 67 569 soit un augmentation de 6 %.

On ne peut que s’interroger sur les raisons qui ont poussé Philippe Foussier et Charles Arambourou à décider de la vente en 2018 avec les conséquences sur les comptes de la Fondation qui n’apparaissent qu’aujourd’hui.

Il suffit de se procurer les bilans certifiés par les commissaires aux comptes qui ne sont jamais produits au convent, terme d’origine monastique – du latin conventus – désignant l’assemblée générale du GODF.

  • Le résultat net de l’exercice 2022 est de moins 78 115 euros.
  • Le résultat net de l’exercice 2023 est de moins 133 116 euros.

La variation est de moins 55 000 euros. Le trésorier de la Fondation en 2022-2023 était l’actuel Grand Maître Guillaume Trichard, actuel président de la Fondation. Or rappelons que les comptes de la Fondation ne sont jamais soumis au convent.

À ce rythme le fonds de dotation sera annulé dans 4 ans. Le président Guillaume Trichard sait prendre les décisions courageuses qui s’imposent.

Le Trésorier Trichard s’est chargé d’ouvrir le carnet de chèques de la Fondation pour favoriser les projets de ses amis. Une subvention de 150 000 euros est attribuée à « La chrysalide de Martigues et du Golfe de Fos ». Elle concerne un hébergement d’adultes handicapés pris en charge par un prix de journée fixé par l’ARS. C’est la seule subvention à 6 chiffres, il y a 13 subventions à 5 chiffres dont les deux plus élevées sont à 20 000 euros et 38 à quatre chiffres.

Cette somme faramineuse provient du legs Lesgrez (800 000 euros) dont la volonté était de venir en aide aux maçons âgés et nécessiteux. Cette attribution arbitraire à des adultes handicapés est un détournement de la volonté du donataire. Quelles sont les raisons qui ont abouti au détournement de 150 000 euros de leur destination initiale ?

Les comptes de la SOGOFIM, société immobilière du GODF sont en berne en 2023, 24 et 25.

Le vice-président de la Sogofim depuis septembre 22, Guillaume Trichard a fait le tour d’une très grande partie des quelques 120 immeubles Sogofim en France et Outre-mer. Il a recensé les desiderata des uns et des autres . Il a ouvert le carnet de chèques de la Sogofim et s’est fait une quantité d’obligés. En d’autres termes, il a pratiqué le clientélisme classique d’un candidat permanent à une Grande Maîtrise pour un an en 2023 et pour trois ans ultérieurement pour aboutir aux déficits constatés. Imagine-t-on un syndic de copropriétaires qui dépenserait plus que ce que les copropriétaires ont mis à sa disposition ?

Dans le monde profane, ça n’existe pas, au GODF, ça fonctionne comme ça.

C’est ce qui s’est passé pour aboutir aux déficits :

  • constatés en 23 : 552 000 euros
  • prévus en 24 : 568 000 euros
  • prévisibles en 25 : 572 000 euros

Le carnet de chèques grand ouvert selon la doctrine bien connue du « Quoiqu’il en coûte » a fonctionné à plein. Les déficits constatés sont payés par tous les membres à raison de plus de 11 euros par membre cotisant du GODF, y compris les membres des Loges propriétaires qui gèrent au plus juste leurs immeubles . L’augmentation de dix euros par utilisateur de la SOGOFIM ne suffira pas à combler le déficit. Il faudrait recruter à tout va.

Les comptes de la SOGOFIM sont des comptes qui ne sont pas soumis au vote du convent, tout comme les comptes de la fondation.

La SOGOFIM a ceci de particulier, que le GODF doit garantir l’intégralité des déficits de la SOGOFIM. Le responsable de la Société depuis septembre 2022 est l’actuel Grand Maître Guillaume Trichard.

Pour couvrir ces déficits, une augmentation de dix euros par capitation a déjà été votée par la SOGOFIM. Les Loges propriétaires qui gèrent leur immeuble au plus juste ne devraient avoir aucune raison de cautionner une société sur laquelle ils n’ont aucun droit de regard, qui les taxe et dont ils sont obligés de rembourser les déficits.

Les comptes du Grand Orient de France sont en berne en 2023 et en 2024.

Il suffit de consulter les comptes fournis par le Conseil de l’Ordre.

  • Le déficit 2023 du GODF est de 385 000 euros, en grande partie due à la commémoration du 250e anniversaire de l’appellation GODF, dont le budget a explosé.
  • Le déficit 2024 du GODF est de 664 000 euros alors qu’il n’y a pas eu de commémoration.

Fort heureusement, le report à nouveau des réserves constituées par la Covid : pas de convent en 2020, un minimum de réunions présentielles des instances et de déplacement ont permis de constituer des réserves. Soit 1,9 million d’euros. Ces réserves vont fondre de plus de 50 %.

Depuis des années, des sacoches sont fournis aux délégués au convent. Le président a donc trouvé une source d’économies : pas de sacoche cette année. Prière aux délégués d’apporter le sac recyclable de leur supermarché favori pour transporter les multiples rapports et dossiers dont le convent est un producteur.

Guillaume Trichard, Grand Maître. Photo GODF

Là aussi, le président Guillaume Trichard sait prendre des décisions courageuses : le numéro spécial de La Chaîne d’Union (LCU) sur l’Antimaçonnisme, très bien fait, devait figurer dans la sacoche. Une précommande de 2000 exemplaires devait être tirée. Plus de sacoche, plus de Chaîne d’Union.

Car, il faut montrer un esprit affiché d’économies à tout prix. Dans le rapport d’activité, on constate que le Grand Maître a consacré 144 jours ouvrables au GODF dont 45 jours en déplacement Outre-Mer et outre-France en visitant Arménie, Bénin, Cameroun, Côte d’Ivoire, Guadeloupe, Guyane, Île Maurice, Madagascar, Martinique, Pologne, Réunion, Thaïlande, Togo.

Cette frénésie touristique s’est faite en Classe Affaires en compagnie des inévitables conseillers de l’Ordre accompagnants. Il est donc normal que les délégués participent aux économies rendues nécessaires par le manque de frugalité du Grand Maître et de ses conseillers.

Ministère de l’Economie et des Finances (Mars 2022 – Crédit Wikipedia)

Le profane se posera des questions : comment le quitus financier peut-il être voté chaque année avec des déficits pareils ? C’est très simple, le quitus financier est voté très en amont dès le mois de juin par chacun des 17 congrès régionaux qui n’échangent pas entre eux. Les Commissaires du Conseil de l’Ordre sont très attentifs à contrôler les éventuels questionneurs. La réponse habituelle est la suivante « Oh mais nous ne sommes responsables que des six derniers mois ».

L’augmentation de la capitation est de 8,80 euros. Soit 440 000 euros. Chacun sait que ce sera insuffisant, car elle est établie avec une projection de 55 000 cotisants, montant qui n’est qu’une hypothèse peu réaliste . On se croirait à Bercy.

Si on additionne les déficits du GODF et de ses structures associées, on constate qu’ils ne sont pas inférieurs à un Million d’Euros par an pour les trois années considérées dont est responsable le Grand Maître Trichard par ses différentes fonctions de trésorier de la Fondation, de VP de la Sogofim et de GM du GODF

 On est littéralement dans un « Quoiqu’il en coûte » totalement désinvolte et irresponsable aux frais du contributeur involontaire qu’est le membre du GODF taillable et corvéable à merci.

Les séquelles maçonniques sont immenses pour le GODF.

La démission d’une de ses loges historiques au GODF, « Les Travailleurs » fondée en 1866, est une faute politique. C’est la seule loge à avoir fait don de ses locaux à la Fondation du Grand Orient de France. Erreur grossière que l’obédience va devoir payer au prix fort. La mise en garde d’Elie Leroy envers son fils prend tout son sens (« Tu fais une bêtise ! »).

Nicolas Penin – GODF

Ses responsables ont été traités de manière indigne alors que le Grand Maître Philippe Foussier a commis une faute légale en signant un compromis de vente qu’il n’était pas habilité à signer. La Loge et ses animateurs ont été pourchassés et exclus du GODF alors qu’ils en étaient démissionnaires. Cette chasse a été achevée sous la Grande Maîtrise de Guillaume Trichard qui a obtenu, avec Nicolas Pénin, l’exclusion des responsables de l’APP.

La contrefaçon des « Travailleurs » est toujours inscrite sur les rôles du GODF. Cette dernière a d’ailleurs payé ses capitations par tiers avec un compte bancaire obtenu frauduleusement comme l’a constaté le Tribunal de Nanterre.

Elle n’a jamais été installée, ses dix officiers (les dix administrateurs dont l’élection a été annulée) sont convaincus de faux et d’usage de faux, elle n’a pas de patente officielle. L’orateur du convent ne jugera sans doute pas de sa qualité à participer aux travaux.

L’histoire ne s’arrêtera pas là, car l’APP reste propriétaire de la parcelle que lui a transmis gracieusement Elie Leroy en 1952 et de la jouissance ad vitam du 3e étage du 39 rue Castérès à Clichy.

Comment le convent informé va-t-il réagir ? Que pourrait faire l’APP ? Que va faire la fondation ?

Que pourrait faire le convent du Grand Orient de France ?

Dans une association avec un fonctionnement classique, une telle situation ferait l’objet d’une commission d’enquête interne. Car elle ne peut pas être confiée au Conseil de l’Ordre qui deviendrait juge et partie. Tous ses membres sont actuellement responsables à la fois de la fondation et de l’exécutif.

 Les comptes de la fondation ne font jamais l’objet d’un vote du convent. Le convent peut confier cette mission à la Commission Conventuelle du budget (COCOBU) en interprétant l’article 116bis qui prévoit « qu’elle surveille la bonne gestion financière des structures associées qui pourraient engager la responsabilité financière du GODF ».

Mais la COCOBU a surtout fait la preuve de sa complaisance à l’égard de l’exécutif.

Un certain nombre de ses membres considérant qu’elle leur sert de tremplin pour y accéder. L’idéal serait de faire un audit externe de la gestion de la Fondation depuis septembre 2017, date de l’arrivée de Philippe Foussier et de Charles Arambourou qui n’ont jamais rendu compte à qui que ce soit de leurs mécomptes.

Que pourraient faire le Conseil de l’Ordre et la Fondation du Grand Orient de France ?

Les faits parlent pour eux : un compromis illégal signé par Philippe Foussier, une chasse à l’homme pour exclure les lanceurs d’alerte tel que Jean-Pierre Chanard, une action menée par la loge contrefaite « Les Travailleurs » pour les évincer et prendre le contrôle des comptes bancaires et radier des récalcitrants.

Fort heureusement, le Tribunal de Nanterre veille, les coupables sont condamnés, l’arroseur arrosé et le conseil de l’Ordre avec !

Le Conseil de l’Ordre et Fondation du Grand Orient de France ne peuvent plus rien faire.

Quelles actions vont mener Jean-Pierre Chanard et les membres de l’APP ?

Jean-Pierre Chanard

Selon nos informations, ils n’ont nulle intention de porter à nouveau cette affaire devant la Justice Maçonnique du GODF. Ils la considèrent comme une justice discrétionnaire. Elle interprète une affaire de 2018 comme irrecevable, alors que les fautes de Philippe Foussier étaient incontestables. Elle les sanctionne en 2023 alors qu’ils ne sont que des lanceurs d’alerte.

Fort heureusement, l’APP est toujours propriétaire du terrain. Elle jouit toujours de l’usufruit d’un 3e étage de 240 m2. C’est à ce titre qu’elle étudie l’hypothèse de faire « casser » juridiquement la donation initiale et de procéder à une nouvelle donation, mais cette fois à la Fondation de France ou tout autre organisme digne de confiance.

Dans ces conditions, quel serait l’avenir de la Fondation du GODF qui verrait s’évaporer la dotation initiale et les 70 000 euros de revenus annuels ? Quel serait l’avenir de la fondation du GODF alors que le GODF est à la recherche d’1 million d’euros par an pour résorber les déficits de la Sogofim et du GODF lui-même ? … surtout si on se souvient qu’en 2025, il aura consommé toutes ses réserves ?

Roger Leray – Source-INA

Les membres et les loges du GODF remercieront alors Philippe Foussier, Charles Arambourou, Guillaume Trichard, Nicolas Pénin et tous ceux qui auront laissé disparaître leur Fondation, initiée par le Grand Maître Roger Leray (1921-1991) en 1987 et confortée par le Grand Maître Gilbert Abergel en 1994, grâce à la donation du 39 rue Castérès à Clichy.

Fin

Piliers de l’islam | La prière

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Du site de l’Institut du Monde Arabe

La prière n’est ni mécanique ni dogmatique, elle se vit comme un chemin initiatique quotidien : au fil de sa gestuelle en quatre temps (station debout, inclinaison, prosternation, station assise), le corps et l’âme se trouvent engagés ensemble dans l’histoire symbolique et initiatique d’un face-à-face entre le divin et l’humain.

La prière peut culminer dans une rencontre, une union mystique qui est présence de l’infini dans le fini. Et si, finalement, la prière avait pour vocation de nous faire découvrir que les mystères du divin et de l’humain ne font qu’un ?

Auteur : Abdennour Bidar. Producteur : Institut du monde arabe. Crédits musique : Ensembles al-Mahi & al-Bura’i, Chants sacrés de Nubie et de Kordofan, 7. Al-Ba‘ûdah/Le moustique, © Institut du monde arabe, 2002. Retrouvez l’album complet sur arabosounds. Identité graphique : Lila Saddoune / IMA. Montage & mixage : Making Waves. Jingle IMA : Anthony Capelli / Making Waves.

What is Spiritualités / مسالك روحية?

L’IMA confie à des personnalités (Barbara Cassin, Abdennour Bidar…) une exploration des spiritualités et des religions du monde arabe.