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Morale ou éthique (2ème partie) : Bâtir la fraternité universelle

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Du site de la GLIF

Ce texte est présenté en trois parties pour en alléger la lecture. Ceci est la deuxième partie, la première a été publiée antérieurement.

L’écrivain Albert Camus, disparu accidentellement, et trop tôt pour compenser par sa pensée l’intellectualisme totalitaire débridé qui régnait alors, est resté dans les mémoires, entre autres, pour avoir écrit cette célèbre sentence : « un homme, ça s’empêche[1] ! ».

Cet appel à la morale conduit à se poser la question : « Au fait, qu’est-ce qui fait qu’un Franc-maçon s’empêcherait, et sur quoi ? »

Le « secret maçonnique »

On peut penser, en tout premier lieu, à s’empêcher de dévoiler le fameux « secret maçonnique ».

Albert Camus – Portrait de la collection de photographies du New York World-Telegram et du Sun, 1957

Cela est de notoriété publique, et cela a provoqué de la méfiance à son encontre tant de la part de certains régimes politiques que de l’Église catholique surtout, que la Franc-maçonnerie exige de chaque nouveau membre la prestation d’un serment de garder secret ce qui va lui être confié, sur ce qu’il a vu ou verra, sur ce qu’il a entendu ou entendra. C’est ce qu’en Maçonnerie on appelle : « prendre ou prêter une Obligation (solennelle) ».

Dans les pays francophones, on aurait plutôt préféré dire « prêter serment » ou « prendre un engagement (solennel) ». D’ailleurs le Rite Français utilise les deux mots « Obligation » et « Engagement », et uniquement le mot « Engagement » dans le Rite Écossais Rectifié.

Dans le sens le plus proche de la source anglaise, « Obligation » signifie « Devoirs ». Prendre une Obligation, c’est donc accepter et observer les devoirs qu’elle impose. Et plutôt, comme nous le verrons, les devoirs que chaque Maçon s’impose à lui-même par lui-même.

Tout le monde ne peut pas devenir Franc-maçon, parce que la Franc-maçonnerie est une organisation avec des normes et des exigences plus élevées que d’ordinaire et que tout le monde ne veut pas les respecter.

L’obligation de « secret » suppose que le Maçon qui révèlerait des informations liées à l’initiation, au-delà des « secrets du Métier », non seulement trahirait son engagement, mais surtout s’emploierait à égarer son interlocuteur. Car celui-ci serait incapable d’en décrypter l’intention et encore moins d’en apprécier ou d’en comprendre le sens et le fond des termes, puisque n’étant pas lui-même Franc-maçon. N’ayant pas été intégré à cette organisation pourvue des normes et d’exigences plus élevées que d’ordinaire et que tout le monde ne veut pas respecter, il n’a donc pas bénéficié de l’instruction indispensable à la bonne lecture des textes et rituels (vocabulaire, sens des mots, origine, étymologie …). Ce dernier ne peut se sentir lié aux Maçons par une même procédure cérémonielle d’entrée dans la fraternité et par des pratiques communes  (forme) ni par le partage d’un fond commun de principes, de valeurs et, en un mot, par une Éthique universelle unificatrice. Il peut même se retourner contre la Franc-maçonnerie par ignorance de quoi on parle.

L’observation du secret, c’est-à-dire l’obligation de secret, est donc une mesure de protection vis-à-vis de l’intégrité du contenu déposé dans la Fraternité.

Alors le mot « Obligation » : une inattention de traduction ?

… non ! parce qu’un Franc-maçon, ça s’oblige !

Une famille unie par les mêmes valeurs, principes et pratiques.

Pour tenter d’y voir clair, il convient de remonter au XVIIIe siècle, période où la Franc-maçonnerie spéculative s’est formée. Et elle n’est pas sortie de rien ; rien ne sort jamais de rien. Tout mouvement sociologique est imprégné du contexte sociétal, politique, philosophique, religieux, idéologique, etc., de son époque.

Et au XVIIIe siècle, la Franc-maçonnerie s’est formée dans le berceau de la philosophie des Lumières et a été de ce fait fortement imprégnée des idées en cours ; elles furent amalgamées avec celles de la Renaissance finissante et des mouvements d’idées, c’est-à-dire de l’humanisme.

Le projet de la Franc-maçonnerie à l’origine était bien de créer une société fraternelle universelle, au moins dans l’espace occidental judéo-chrétien, composé de personnes étrangères les unes aux autres, voire opposées, par leurs cultures : statut social, leur religion, leurs opinions politiques, dans un but de pacifier l’humanité par la voie de l’élévation morale, civique et intellectuelle de leur être. C’était là en quelque sorte la reprise du projet du mouvement rosicrucien de la Renaissance.

Mais pour « faire famille et fraternité », il est nécessaire que tous les membres, rappelons-le tous étrangers les uns aux autres, se sentent liés a minima par une même procédure cérémonielle d’entrée dans la fraternité et des pratiques communes (forme) et un fond commun de principes, des valeurs (fond) ; en un mot, sur le fond, par un corpus de valeurs universelles unificatrices, car « partageables » sans restriction…

C’est pourquoi les fondateurs britanniques ont fait passer la Franc-maçonnerie spéculative successivement d’une société sur le modèle d’une confrérie de Métier à un Ordre de société (donc social), et donc à un Ordre doté de valeurs partagées. Et pour ce faire, ils ont intitulé le socle, le ciment commun unificateur de tous les membres de cette société fraternelle « un système particulier de morale, voilée par l’allégorie et illustrée par des symboles. » Mais s’agit-il vraiment de « morale » ?

Et c’est ici qu’intervient l’Obligation,  c’est-à-dire les devoirs du Maçon …

… oui, parce qu’un Franc-Maçon, ça s’oblige !

Fin de la deuxième partie.

La troisième partie « La Franc-maçonnerie : une éthique universelle »), suite et fin,

sera publiée ultérieurement.

[1] Albert Camus(1913-1960) Prix Nobel de Littérature en 1957, Le premier homme.

Un Congolais élu au bureau du Grand Orient de France

De notre confrère adiac-congo.com – Par Marie Alfred Ngoma

Jean-Edouard Ombetta a été élu Grand secrétaire aux Affaires extérieures lors du scrutin dans le cadre du Convent 6024 du Grand Orient de France, du 21 au 24 août à Lille-Grand Palais, dans les Hauts de France. Nicolas Penin, élu Grand maître du Grand Orient de France (GODF), devient Président du Conseil de l’Ordre de ladite obédience maçonnique, première française et première libérale dans le monde.

Jean Edouard Ombeta

Le Franco-Congolais Jean-Edouard Ombetta occupe désormais le poste de Grand secrétaire aux Affaires extérieures, l’équivalent du ministre des Affaires étrangères au sein d’un gouvernement d’une République. Il effectuera son mandat maçonnique à ce prestigieux poste en se lançant dans une expérience délicate, étant donné la complexité de l’activité diplomatique du moment. Il aura en charge de respecter la feuille de route du GODF, fidèle à son engagement pour la République et l’humanisme, avec, en ligne de mire, la réaffirmation d’une volonté de jouer un rôle central dans la défense des valeurs démocratiques et de promouvoir une politique internationale en phase avec ses idéaux.

Jean Edouard Ombetta était, jusqu’alors, Grand officier délégué aux Questions africaines au Conseil de l’Ordre du Grand Orient de France. Il avait effectué la première tournée africaine en 2023 en compagnie du Grand maître du GODF, Guillaume Trichard. Leur périple les avait conduits en Afrique centrale et occidentale, particulièrement en Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Gabon, au Congo et au Togo. Ils avaient rencontré les présidents Denis Sassou N’Guesso et Brice Clotaire Oligui Nguema.

Le nouveau Grand secrétaire avait été initié le 20 mai 1988. Passé compagnon le 13 septembre 1990, il est devenu Maître à la Loge Fraternité 1877 à l’Orient de Besançon où il a occupé, au fil des années, divers plateaux. Par la suite, installé en Ile de France, il a rempli, au sein du Congrès des Loges de cette Région, les fonctions de Secrétaire adjoint en 2017-2018, second surveillant 2018-2019, et secrétaire 2019-2021 ; et ce, parallèlement à la qualité de responsable de la Lettre régionale d’information Région île-de-France durant les années 2021-2022.

Universitaire de formation, Jean Edouard Ombetta est un personnage d’un grand esprit, au bon caractère. L’homme est constant et sait ce qu’il veut, fidèle à ses convictions. Par ailleurs, discret, modeste, une figure de tolérance attachée aux valeurs universelles qui sanctuarisent l’humanité. Pas du tout préoccupé par ces passions qui dégradent l’espèce humaine, l’assombrissent et tirent les sociétés vers le bas. Il nourrit de plus un dédain pour ces choses de la vie, d’essence violente qui brisent la fraternité et la solidarité entre les communautés humaines. Il demeure attaché à son pays d’origine, le Congo, où il a eu dernièrement  le grand plaisir de découvrir à Brazzaville l’école de peinture de Poto-Poto, fondée par Pierre Lods.

21-22/09/24 : Découvrez les secrets du Temple de la GLDF à Piolenc (84)

À l’occasion des Journées européennes du patrimoine (JEP) 2024, Piolenc, située dans la vallée rhodanienne à 6 km au nord d’Orange (département du Vaucluse en région Provence-Alpes-Côte d’Azur), se prépare à dévoiler toute la richesse de son patrimoine culturel, historique… et maçonnique à travers un événement qui s’annonce inoubliable. La ville, membre de la fédération des sites Clunisiens, invite les visiteurs à plonger au cœur de l’art royal.

Ces JEP sont une invitation à explorer un des trésors cachés de la ville : le temple maçonnique de la Grande Loge de France (GLDF), à l’orient de Piolenc. Ce lieu, habituellement fermé au public, ouvrira exceptionnellement ses portes pour l’occasion. Des frères de la GLDF vous accueilleront, vous convieront à une visite guidée et vous exposeront ce qu’est la franc-maçonnerie et ce qu’elle n’est pas…

La franc-maçonnerie est une organisation initiatique et fraternelle qui vise à l’amélioration morale et spirituelle de ses membres. Elle repose sur des valeurs fondamentales telles que la tolérance, la liberté de conscience, la recherche de la vérité, la fraternité et l’égalité. Apolitique et non dogmatique, elle laisse à chacun la liberté de ses croyances religieuses tout en encourageant un dialogue respectueux.

Quant à la Grande Loge de France, elle s’inscrit dans cette tradition maçonnique et est l’une des obédiences les plus anciennes en France. Fondée sur la pratique du Rite Écossais Ancien et Accepté, elle incarne les principes fondamentaux de la franc-maçonnerie. Indépendante et souveraine, elle fédère 935 loges et 31 000 membres à travers le monde, et se consacre au perfectionnement de l’humanité par la voie initiatique tout en respectant les traditions maçonniques universelles.

Un bref historique du temple

Ce sanctuaire, édifié au début des années 2000, s’élève en héritier du temple maçonnique d’Orange, tragiquement détruit par un incendie. À l’origine de ce projet se trouve un frère de la loge Sagesse et Persévérance, affiliée à la Grande Loge de France, qui, en sa qualité de professeur d’arts plastiques, a impulsé une dynamique créative dans la conception du lieu. Lui et son épouse ont généreusement proposé leur expertise pour contribuer à l’élaboration du décor.

Ainsi, durant plusieurs mois, les frères et sœurs se réunissaient chaque mois pour enrichir, de leurs mains, les fresques murales. Ces œuvres, aujourd’hui, forment une véritable constellation de symboles mêlant traditions orientales et occidentales. Ce temple, exceptionnel en tous points, ouvre donc ses portes lors des Journées européennes du patrimoine, du samedi après-midi au dimanche soir. Les frères de la loge Sagesse et Persévérance nourrissent l’espoir de voir affluer un grand nombre de visiteurs, attirés par la beauté singulière de leur temple et l’aura mystérieuse de ses symboles. Ils souhaitent ardemment partager avec le plus grand nombre l’essence de leur œuvre, révélant ainsi les secrets d’une tradition qui leur est chère.

Infos pratiques

Zone d’aménagement concertée Crepon sud – 380 avenue de l’Aygies 84420 Piolenc

Contact Loge Sagesse et Persévérance

Le Dessin de François Morel « La serveuse profane »

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Cette semaine, le crayon de François Morel est venu croquer nos petits travers lorsqu’une « profane » entre pour faire le service dans une salle humide ou aucun des présents ne songe à l’aider. Si si, cela arrive paraît-il dans certains Ateliers.

La Franc-Maçonnerie en Afrique : une perspective analytique

De notre confrère thesquaremagazine.com

La franc-maçonnerie est l’une des organisations fraternelles les plus anciennes et les plus connues au monde. Ses racines remontent aux tailleurs de pierre médiévaux qui ont construit certaines des cathédrales et des châteaux les plus impressionnants d’Europe. Aujourd’hui, la franc-maçonnerie est une organisation mondiale comptant des millions de membres qui s’efforcent de défendre les principes d’amour fraternel, de secours et de vérité.

La franc-maçonnerie est présente en Afrique depuis l’époque coloniale, lorsque les colons européens ont établi des loges dans leurs colonies. Malgré sa longue histoire sur le continent, la franc-maçonnerie en Afrique reste relativement méconnue et souvent mal comprise.

Cet article examine de manière analytique l’histoire, la croissance et l’influence de la franc-maçonnerie dans divers pays africains, en mettant l’accent sur son rôle dans la société et les défis auxquels elle est confrontée.

Les origines et la diffusion de la franc-maçonnerie en Afrique

L’introduction de la franc-maçonnerie en Afrique remonte aux puissances coloniales européennes, en particulier aux Britanniques, qui ont établi des loges maçonniques dans leurs colonies. La première loge maçonnique en Afrique a été consacrée au Ghana au début du XIXe siècle.

De là, la pratique s’est répandue dans d’autres colonies britanniques, notamment le Nigeria, la Sierra Leone et l’Afrique du Sud.

En Afrique du Sud, la franc-maçonnerie a été introduite par des membres du Grand Orient des Pays-Bas en 1772. Les francs-maçons britanniques et néerlandais ont finalement fusionné leurs efforts, conduisant à la formation de la Grande Loge d’Afrique du Sud (GLSA).

Parmi les premiers francs-maçons sud-africains éminents, on compte CJ Brand, le premier maire du Cap, M. van Breda et JH Hofmeyer, le maître de la Cour suprême.

À mesure que les puissances coloniales européennes étendaient leur présence en Afrique, la franc-maçonnerie s’est également développée. Aujourd’hui, il existe des loges sous l’égide de la Grande Loge Unie d’Angleterre , de la Grande Loge d’Écosse , de la Grande Loge d’Irlande , de la Grande Loge d’Afrique du Sud et de l’Ordre international de la franc-maçonnerie masculine et féminine Le Droit Humain .

Le rôle de la franc-maçonnerie dans la société africaine

L’un des aspects clés de la franc-maçonnerie est son engagement envers les dons de charité et le service communautaire. En Afrique, cela s’est traduit par une attention particulière portée à l’éducation, aux soins de santé et à la protection sociale.

De nombreuses loges à travers le continent ont créé des écoles, des hôpitaux et des orphelinats, fournissant des services essentiels aux communautés locales.

En plus de ses activités philanthropiques, la franc-maçonnerie a également joué un rôle dans la promotion du dialogue sur des questions sociétales importantes. Les loges servent souvent de forums pour discuter de questions telles que la gouvernance, le développement économique et les relations interconfessionnelles.

Dans l’Afrique postcoloniale, ce phénomène a été particulièrement significatif, car de nombreux pays ont dû faire face aux défis de la construction nationale et de l’établissement d’institutions démocratiques.

Il est toutefois essentiel de noter que la franc-maçonnerie en Afrique est apolitique et non religieuse. L’adhésion est ouverte à tous, sans distinction d’origine ethnique, de statut social ou de croyances religieuses, et l’organisation n’est affiliée à aucun parti politique ni à aucune institution religieuse.

Défis et controverses autour de la franc-maçonnerie en Afrique

Malgré ses nombreuses contributions positives, la franc-maçonnerie en Afrique a dû faire face à un certain nombre de défis et de controverses. L’un des problèmes les plus importants est la perception de secret et d’exclusivité qui entoure l’organisation.

De nombreux Africains considèrent la franc-maçonnerie comme une société élitiste et secrète qui exerce un pouvoir et une influence considérables en coulisses. Cela a donné lieu à de nombreuses théories de conspiration et à des soupçons sur les véritables intentions de l’organisation.

L’opposition religieuse constitue également un défi majeur pour la franc-maçonnerie en Afrique, en particulier de la part des groupes chrétiens et musulmans conservateurs. Ces groupes considèrent souvent la franc-maçonnerie comme une menace pour leur foi et accusent l’organisation de promouvoir des croyances hérétiques et de se livrer à des pratiques occultes.

Dans certains cas, cette opposition a conduit à l’interdiction ou à la restriction de la franc-maçonnerie dans certains pays.

Un autre défi auquel la franc-maçonnerie est confrontée en Afrique est la question de l’inclusion raciale. Historiquement, certaines loges en Afrique – en particulier celles liées aux puissances coloniales européennes – étaient exclusivement blanches.

Bien que cela ait changé au fil du temps, de nombreuses loges accueillant désormais des membres de toutes les races, l’héritage de l’exclusion raciale a laissé un impact durable sur la perception de l’organisation.

L’avenir de la franc-maçonnerie en Afrique

Malgré les défis et les controverses auxquels elle est confrontée, la franc-maçonnerie continue de perdurer et d’évoluer en Afrique. De nombreuses loges s’efforcent de résoudre les problèmes de secret et d’exclusivité en s’engageant dans des initiatives de sensibilisation et d’éducation du public.

Ces efforts visent à promouvoir une meilleure compréhension et sensibilisation à l’égard de l’organisation et de ses valeurs, ainsi qu’à dissiper les idées fausses et les théories du complot.

Des efforts visant à promouvoir l’inclusion raciale et la diversité au sein des loges sont également en cours, de nombreuses Grandes Loges africaines mettant fortement l’accent sur les principes d’amour fraternel et d’égalité.

Ceci est important non seulement pour la croissance et le développement futurs de la franc-maçonnerie en Afrique, mais aussi pour favoriser une plus grande cohésion sociale et une meilleure compréhension dans des sociétés qui ont été historiquement divisées par la race et l’ethnicité.

En fin de compte, l’avenir de la franc-maçonnerie en Afrique dépendra de la capacité de l’organisation à s’adapter aux changements sociaux, politiques et religieux du continent.

En restant fidèle à ses valeurs fondamentales d’amour fraternel, de secours et de vérité, la franc-maçonnerie a le potentiel de poursuivre son impact positif sur les sociétés africaines pour les générations à venir.

Conclusion

La franc-maçonnerie en Afrique a une histoire riche et complexe, jouant un rôle important dans le développement du continent.

Grâce à des œuvres caritatives, au service communautaire et à la promotion du dialogue sur des questions importantes, la franc-maçonnerie a apporté des contributions durables aux sociétés africaines.

Cependant, l’organisation est confrontée à des défis, notamment des perceptions de secret, une opposition religieuse et des problèmes d’inclusion raciale.

En relevant ces défis et en restant fidèle à ses valeurs fondamentales, la franc-maçonnerie a le potentiel de poursuivre son influence positive en Afrique.

Morale et Éthique (1ère partie), L’idéal de l’Universel

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Du site de la GLIF

Ce texte est présenté en trois parties pour en alléger la lecture. Ceci est la première partie, la deuxième sera publiée demain et la troisième sera publiée prochainement.

L’écrivain Albert Camus, disparu accidentellement, et trop tôt pour compenser par sa pensée l’intellectualisme totalitaire débridé qui régnait alors, est resté dans les mémoires, entre autres, pour avoir écrit cette célèbre sentence : « un homme, ça s’empêche[1] ! ».

Cet appel à la morale conduit à se poser la question : « Au fait, qu’est-ce qui fait qu’un Franc-maçon s’empêcherait, et sur quoi ? »

L’imposition à lui d’une Loi ou Morale « universelle ».

Parler de l’homme en général fait référence à l’être en tant que catégorie homogène, à pratiques communes cohérentes et légitimes. Donc astreint à un code moral commun, autrement dit à une « morale universelle ». Par « universel », on entend ce sur quoi tous les hommes peuvent s’accorder, parce que cela ne contredit pas leur expérience de vie.

Quelle serait donc cette « Loi ou Morale Universelle » ou, autrement dit, quels seraient les interdits, acceptables par tous les humains, quelles que soient leur culture, leurs croyances, leurs pratiques ?

Cette tentative de « Morale universelle » intitulée « Loi universelle » avait déjà été identifiée aux « Lois Noachides (ou Noahides) ». Quels étaient les interdits « noachides » ? ; ils étaient au nombre de sept[2].

1.     Interdiction de se faire justice soi-même, mais se soumettre aux jugements des tribunaux ;

2.     Interdiction du blasphème ;

3.     Interdiction de l’idolâtrie;

4.     Interdiction des unions illicites : inceste, sodomie, zoophilie, relations sexuelles avec une femme mariée (« adultère ») ;

5.     Interdiction du meurtre ;

6.     Interdiction du vol ;

7.     Interdiction de manger la chair d’un animal vivant.

D’après la Bible, où ces interdits sont sinon explicités en totalité mais certains clairement décrits, on constate que ces Lois Noachides ont été conçues avant la Loi Écrite (les interdits et prescriptions de la Torah). Ce sont les commentaires rabbiniques qui ont explicité la liste des sept interdits.

Dans les Actes des Apôtres, Luc raconte que, lors du Concile de Jérusalem, sous la présidence de Jacques et en présence de Pierre, on convint d’imposer aux païens qui se convertissaient en la foi en Jésus-Christ (qui ne s’appelait pas encore le christianisme), des obligations dont il donne à trois reprises la liste (Ac 15, 20-29; 21, 25) :

• s’abstenir des viandes immolées aux idoles (comparer la troisième loi noahide : interdiction de l’idolâtrie) ;

• s’abstenir de l’impudicité (comparer la quatrième loi noahide : interdiction des unions illicites, c’est-à-dire les relations hors mariage et l’inceste) ;

• s’abstenir des animaux étouffés, c’est-à-dire des viandes non saignées (comparer la dernière loi noahide, dont la formulation rabbinique, toutefois, ne correspond pas exactement : interdiction d’arracher un membre d’un animal vivant) ;

• s’abstenir du sang (comparer la cinquième loi noachide ; interdiction de l’assassinat).

Les Livres Sibyllins[3] (ou « Livre des Sibylles)  (fin du Ier siècle) présentent les Lois Noachides comme des lois morales que toutes les nations ont l’obligation (notons le terme !) d’observer[4]. L’Antiquité les concevait donc comme ayant valeur de « Loi ou Morale universelle ».

La Première épître aux Corinthiens fera allusion aux deux premières (I Co. 5, 1 : allusion à l’interdit de l’inceste ; I Co. 8, 1ss : allusion à l’interdit des viandes offertes aux idoles), mais aussi à la première loi noachide (obligation de respecter les décisions des tribunaux et  de ne pas se faire justice soi-même, v. I Co. 6, 1-10) et à la sixième (interdiction du vol, v. I Co. 6, 10) ; quant à la deuxième (interdiction de blasphémer), elle pourrait être évoquée dans d’autres passages pauliniens, comme l’épître aux Romains, 2, 24[5].

Une Morale universelle est-elle possible ?

Arche de Noé, Edward Hicks, 1780 – 1849.

Tout système de morale est composé d’interdits, imposés de l’extérieur ; les interdits peuvent être, selon les cas, d’origine sacrée, théologique, religieuse, imposés par une autorité civile extérieure ou autre. Et les interdits et leurs sanctions varient naturellement selon les lieux, les temps et les cultures. Il apparaît donc que le concept de « morale universelle » est un oxymore, aucune morale ne pouvant prétendre raisonnablement à l’universalité, même au sein d’un même espace civilisationnel homogène. 

Si un tel concept d’universalité de mœurs à obéir existe au niveau universel, il ne peut s’agir de « morale » mais d’autre chose : d’un mode de pensée unique et de vie imposé par un régime totalitaire, d’un terrorisme idéologique, voire d’un conditionnement politico-économique. Fondé sur l’égarement, la fabrication de la terreur et la coercition de la sanction, l’application forcée d’une forme « sanitaire » de « morale universelle » s’est accompagnée d’un contrôle social à surveillance technologique, avec matraquage de slogans moralisateurs culpabilisants (« tous vaccinés, tous protégés ! »), comme la crise du Covid nous a donné de la subir ; avec l’exclusion hors de l’« universalité », tous ceux qui n’ont pas voulu se soumettre au « diktat moralisateur universel ».

Au XVIIIe siècle, l’idée d’universalité donc de « Morale Universelle » était dans l’air du temps.

Le sujet de l’existence possible d’une Morale Universelle a fait l’objet aux XVIIe et XVIIIe de travaux de plusieurs philosophes : Montaigne, Rousseau, Voltaire, Kant, Hume, etc., et cela, à une époque où Newton bouleversait la connaissance scientifique par une théorie sur la Nature que l’on pourrait qualifier « d’absolue » (temps, espace, lois de l’univers). Son influence sur l’universalité de la Morale, devenant absolue, renvoyait à l’erreur l’idée de moralités « relatives » selon les peuples et les circonstances. En tous cas, une Morale relative ne pouvait convenir pour soutenir intellectuellement et pratiquement le projet d’une « république universelle » composés de « citoyens du monde », auquel s’associera la Maçonnerie spéculative naissante, en le dotant du caractère de fraternité universelle.

C’est alors, et dans ce but que le concept de « morale » trop relatif et particulier, fait place à celui d’« éthique », au sens spinozien du terme.

C’est Spinoza en particulier, dont l’œuvre philosophique s’intitule … « L’Éthique », reprenant des pensées antérieures (Hobbes par exemple), qui a théorisé l’éthique comme facteur de liberté et réduit la morale à celui de servitude volontaire sous apparence d’engagement et de liberté.

Penser « Éthique Universelle », c’est penser que les multiples points de vue moraux divisent les hommes plus qu’ils ne les unissent. L’éthique, c’est penser que ce qui est bon pour soi doit aussi être bon pour autrui, et que ce qui est mauvais pour soi doit aussi l’être pour autrui.

De ce point de vue, la valeur éthique d’une pensée, d’une volonté et d’une action doit être appréciée en fonction de sa capacité d’universalisation.

L’éthique est une obligation intérieure, au-delà du respect de la morale « locale » que tout bon citoyen ou « bon « croyant » se doit par ailleurs de respecter pour ne pas se mettre hors la loi.

Le foyer de l’éthique se trouve dans la raison humaine, et non dans des interdits imposés de l’extérieur, donc accessible à chacun, car la raison se trouve en tout homme, d’où sa valeur universelle. Il s’ensuit que les interdits moraux, corollaires de l’Éthique Universelle, sont dans notre raison. Ils sont intériorisés. Si ces interdits étaient d’origine sacrée, théologique, religieuse, ou imposés par une autorité extérieure, la Morale et les interdits correspondants ne pourraient être universels, mais seulement relatifs. Il s’ensuit que l’appréciation du caractère d’universalité ne se trouve pas dans le sentiment personnel, mais dans la raison, voire dans l’intuition que chacun peut avoir, comme indiqué supra, de la capacité d’universalisation de ses pensées, de ses volontés et de ses actes, et non dans les interdits de morale, toujours relatifs aux hommes et aux lieux.

La place manque ici pour développer ces grandes idées. Nous nous contenterons de citer trois pensées, d’Immanuel Kant[6], philosophe de référence sur le sujet, pour illustrer le propos :

« Agis uniquement d’après une maxime telle que tu puisses vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle. »[7]

« Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature. »

« Agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans la personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen. ».

Cela s’appelle l’éthique !

Il n’y a universalité de l’éthique que s’il y valeur d’universalisation des fins de l’intention !

Fin de la première partie.

La deuxième et la troisième parties seront publiées successivement prochainement.

[1] Albert Camus(1913-1960) Prix Nobel de Littérature en 1957, Le premier homme.

[2] Il existe quelques variantes de nombre et de traduction de ces interdits (cf. Talmud de Babylone Sanhédrin 56a, sqq. et Genèse Raba 24, 5).

[3] À ne pas confondre avec Les Oracles Sibyllins »

[4] Cf. Naomi G. Cohen, “Taryag and the Noahide Commandments”, University of Haifa, Israel. Journal of Jewish Studies Spring 1992 | vol. 43 | no. 1 | pp. 046–057

[5] In Wikipedia, Article « Lois Noahides” [sic].

[6] Fondement de la métaphysique des mœurs (Première section, 13)

[7] Les maximes (…) du sens commun (…) sont les maximes suivantes : 1. Penser par soi-même; 2. Penser en se mettant à la place de tout autre; 3. Toujours penser en accord avec soi-même. La première maxime est la maxime de la pensée sans préjugés, la seconde maxime est celle de la pensée élargie, la troisième maxime est celle de la pensée conséquente. La première maxime est celle d’une pensée qui n’est jamais passive. On appelle préjugé la tendance à la passivité et par conséquent à l’hétéronomie de la raison (…). En ce qui concerne la seconde maxime de la pensée nous sommes bien habitués par ailleurs à appeler étroit d’esprit (borné, le contraire d’élargi) celui dont les talents ne suffisent pas à un usage important (…). Il n’est pas en ceci question des facultés de la connaissance, mais de la manière de penser et de faire de la pensée un usage final; et si petit selon l’extension et le degré que soit le champ couvert par les dons naturels de l’homme, c’est là ce qui montre cependant un homme d’esprit ouvert que de pouvoir s’élever au-dessus des conditions subjectives du jugement, en lesquelles tant d’autres se cramponnent, et de pouvoir réfléchir sur son propre jugement à partir d’un point de vue universel (qu’il ne peut déterminer qu’en se plaçant au point de vue d’autrui). C’est la troisième maxime, celle de la manière de penser conséquente, qui est la plus difficile à mettre en œuvre; on ne le peut qu’en liant les deux premières maximes et après avoir acquis une maîtrise rendue parfaite par un exercice répété. In maphilosophie.fr.

Aux origines des mystères maçonniques : Trois siècles de rituels dévoilés

Martin Gandoff, dans son ouvrage monumental – en anglais – intitulé Over 300 Years of Masonic Ritual (Plus de 300 ans de Rituel Maçonnique), nous propose une plongée fascinante et érudite dans les mystères de la franc-maçonnerie. Loin d’être un simple exposé chronologique des événements, ce livre s’aventure à retracer l’évolution des rituels maçonniques à travers les siècles, en s’appuyant sur une rigueur historique remarquable et une analyse pénétrante des changements culturels et sociaux qui ont influencé la pratique de la franc-maçonnerie.

Le livre s’ouvre sur une question fondamentale : qu’est-ce que le Craft ( le Métier) de la franc-maçonnerie et d’où vient-il ? Pour répondre à cette interrogation, Martin Gandoff remonte aux origines les plus anciennes, explorant les pratiques maçonniques entre 1200 et 1700. Il met en lumière les transformations profondes qui ont marqué cette période, montrant comment la franc-maçonnerie est passée d’une série de pratiques artisanales secrètes à une organisation philosophique et fraternelle influente. Martin Gandoff, avec une plume précise et une érudition sans faille, décrit les différentes étapes qui ont mené à la formation de la Première Grande Loge en juin 1717, un moment crucial qui marque le début d’une nouvelle ère pour la franc-maçonnerie.

L’ouvrage continue en explorant les raisons de la formation de cette Grande Loge et les conséquences qu’elle a eues sur l’organisation et la pratique de la franc-maçonnerie. L’auteur ne se contente pas de décrire les événements ; il cherche à comprendre et à expliquer les motivations profondes qui ont conduit à ces changements. En analysant les influences sociales, politiques et religieuses de l’époque, Martin Gandoff offre une perspective riche et nuancée sur les dynamiques internes et externes qui ont façonné le rituel maçonnique tel qu’on le connaît aujourd’hui.

Un des aspects les plus captivants de ce livre est l’analyse minutieuse des variations rituelles à travers l’Angleterre. Martin Gandoff, avec une rigueur presque archéologique, examine les différentes pratiques rituelles qui ont coexisté, se sont opposées ou ont fusionné au fil du temps. Il offre ainsi un panorama détaillé des divers courants qui ont traversé la franc-maçonnerie, tout en les replaçant dans le contexte plus large des évolutions culturelles et historiques.

Ce travail n’est pas seulement une étude historique ; il est aussi une invitation à la réflexion pour tout franc-maçon ou amateur de la maçonnerie. Martin Gandoff propose des observations pénétrantes et soulève des questions intrigantes qui incitent le lecteur à contempler la signification profonde des rituels maçonniques et leur pertinence dans le monde contemporain. Son approche, bien que profondément ancrée dans l’histoire, ne manque pas de pertinence pour les débats actuels sur l’avenir de la franc-maçonnerie.

L’auteur fait également preuve d’une grande habileté dans l’art de la synthèse. Les 240 pages de cet ouvrage sont denses et riches en informations, mais Martin Gandoff réussit à les présenter de manière claire et accessible, sans pour autant sacrifier la complexité des sujets abordés. Son style, à la fois littéraire et érudit, rend la lecture à la fois agréable et stimulante.

Biographie de l’auteur

Martin Gandoff est un historien reconnu, spécialiste de la franc-maçonnerie et de ses rituels. Auteur de plusieurs ouvrages de référence sur le sujet, il est considéré comme une autorité dans le domaine de l’histoire maçonnique. Sa formation académique rigoureuse et sa passion pour l’histoire l’ont conduit à explorer en profondeur les aspects méconnus et souvent mal compris de la franc-maçonnerie. Martin Gandoff est également un conférencier respecté, souvent invité à parler de l’évolution des rituels maçonniques et de leur signification dans le contexte moderne.

Présentation de l’éditeur

Ce livre est publié par Lewis Masonic, un éditeur britannique de renom spécialisé dans les ouvrages sur la franc-maçonnerie. Fondée il y a plus de cent ans, Lewis Masonic s’est imposée comme la principale maison d’édition pour les livres traitant de la franc-maçonnerie, avec un catalogue riche couvrant tous les aspects de la tradition maçonnique, des rituels et symboles aux études historiques et analyses contemporaines. Réputé pour la qualité de ses publications et l’expertise de ses auteurs, Lewis Masonic est un nom respecté parmi les francs-maçons du monde entier.

The Complete Story of the Craft Ritual of Freemasonry from the Earliest Records to the Present Day de Martin Gandoff est bien plus qu’un simple livre d’histoire ; c’est une exploration profonde et captivante de la franc-maçonnerie, qui offre à la fois une riche analyse des rituels et une réflexion sur leur évolution au fil des siècles. C’est une œuvre essentielle pour tout franc-maçon ou chercheur désireux de comprendre les racines et l’évolution de cette ancienne tradition.

The Complete Story of the Craft Ritual of Freemasonry from the Earliest Records to the Present Day

Martin Gandoff – Lewis Masonic, 2024, 240 pages, 14,99 £ (env. 17,75 €)

Disponible à la boutique SCRIBE Librairie ésotérique – Spiritualités.

La carte postale ancienne (CPA) maçonnique du dimanche 1er septembre 2024

Cette carte postale ancienne (CPA) des funérailles de Maurice Berteaux, se présente à la fois comme une scène solennelle et un témoignage historique précieux. Elle capture un moment unique où la République française rend hommage à un de ses serviteurs dévoués, sous le regard attentif de la Franc-maçonnerie, dont les symboles et la présence imposante marquent de manière indélébile cet adieu collectif.

Au centre de la scène

Au centre de la scène, les rangs serrés des francs-maçons avancent avec gravité. Leurs costumes sombres, ornés de tabliers maçonniques et d’écharpes blanches, créent une harmonie visuelle empreinte de respect et de dignité. Les chapeaux hauts-de-forme ajoutent une touche d’élégance formelle, tandis que les visages graves témoignent du poids de l’événement. Ces hommes, figures importantes de la République et gardiens des idéaux maçonniques, sont là pour rendre un dernier hommage à Maurice Berteaux, non seulement en tant que ministre de la Guerre, mais aussi en tant que frère maçon, un homme qui partageait avec eux une vision du monde fondée sur la liberté, l’égalité, et la fraternité.

Le cadrage de la CPA

Le cadrage de la CPA, avec l’alignement précis des silhouettes, accentue la solennité du moment. La foule qui se tient en arrière-plan, presque anonyme, renforce l’idée que cet hommage dépasse le cadre personnel pour devenir un acte public, une cérémonie nationale. La présence des monuments parisiens en arrière-plan, à peine visibles dans le lointain, rappelle que cette procession a lieu au cœur de la capitale, dans un lieu où l’histoire de la République française s’est souvent écrite.

Le texte

Le texte qui surmonte l’image, « FUNÉRAILLES DE M. MAURICE BERTEAUX, Ministre de la Guerre, mort accidentellement le 21 Mai 1911. La Franc-Maçonnerie », encadre le sens de la scène avec une simplicité poignante. Il suggère non seulement la perte d’un homme d’État, mais aussi celle d’un membre éminent de la communauté maçonnique, une communauté qui, à travers ses rituels et symboles, cherche à donner du sens à la vie et à la mort dans un cadre philosophique et spirituel.

Cette image n’est pas seulement un document historique ; elle est aussi un symbole de la relation intime entre la République française et la franc-maçonnerie au début du XXe siècle. En ce jour funèbre de mai 1911, la République laïque et la franc-maçonnerie se rejoignent dans une célébration de la vie d’un homme dont l’engagement pour les valeurs républicaines était indéfectible.

Le sigle F.F. Paris visible en haut à droite indique les initiales de l’imprimeur

Le sigle F.F. correspond à Fernand Fleury, un imprimeur parisien renommé. Il a travaillé principalement pour des éditeurs locaux et était basé au 43 avenue de la République à Paris, dans le 11e arrondissement.

Fernand Fleury est particulièrement connu pour son travail sur des séries de cartes postales, et parmi celles-ci, la série « TOUT PARIS » est sans doute la plus célèbre, comptant au moins 2300 cartes. Cette série est très recherchée par les collectionneurs en raison de sa qualité et de son intérêt historique.

Fernand Fleury n’était pas seulement un imprimeur, mais un acteur clé dans la diffusion de la culture visuelle parisienne à travers ses cartes postales. Son travail d’imprimeur consistait à transformer les images fournies par les photographes ou les éditeurs en cartes postales de haute qualité, souvent colorisées ou enrichies de détails, qui étaient ensuite largement distribuées.

Le fait que cette carte postale portant la mention « F.F. Paris » ait été imprimée par Fernand Fleury ajoute une dimension supplémentaire à son intérêt, en la reliant à une figure importante de l’industrie de la carte postale en France. Cela confirme aussi que cette carte est un produit de qualité, issu d’une tradition d’excellence dans l’impression et la reproduction d’images.

Maurice Berteaux est un homme politique de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, ainsi qu’un franc-maçon actif

Maurice Berteaux

Sa vie et sa carrière politique

Maurice Berteaux est né le 3 juin 1852 à Saint-Maur-des-Fossés, dans une famille bourgeoise. Son père était un industriel dans le domaine du textile. Maurice Berteaux a suivi des études de droit avant de se lancer dans le monde des affaires en tant qu’associé dans l’entreprise familiale. Cependant, son intérêt pour les affaires publiques le pousse rapidement vers la politique.

Seine-et-Oise

Il devient conseiller municipal de Chatou, une commune des Yvelines, où il montre un engagement constant pour le développement local. En 1893, il est élu député de Seine-et-Oise.

Rappelons qu’en 1968, dans le cadre de la réorganisation administrative de la région parisienne, le département de la Seine-et-Oise a été supprimé et son territoire a été divisé en plusieurs nouveaux départements dont celui des Yvelines (chef-lieu : Versailles) correspondant à la partie ouest de l’ancienne Seine-et-Oise.

Maurice Berteaux s’affirme rapidement comme un républicain radical-socialiste, une tendance politique prônant la laïcité, la démocratie parlementaire, et les réformes sociales progressistes.

Tombe de Maurice Berteaux au cimetière des Landes à Chatou (Yvelines)

Il se distingue par son engagement en faveur des réformes militaires et par son attachement aux valeurs républicaines. En 1904, il est nommé ministre de la Guerre dans le gouvernement d’Émile Combes, où il s’efforce de moderniser l’armée française tout en luttant contre l’influence cléricale dans les affaires militaires, en ligne avec la loi de séparation des Églises et de l’État.

Le 21 mai 1911, alors qu’il est redevenu ministre de la Guerre dans le gouvernement de Joseph Caillaux, et qu’il assistait au départ de la course aérienne Paris-Madrid à Issy-les-Moulineaux, il trouve la mort tragiquement, frappé par un aéroplane piloté par l’aviateur Train qui s’est écrasé.

Son parcours maçonnique

Maurice Berteaux était également un franc-maçon très actif, particulièrement au sein du Grand Orient de France, la principale obédience maçonnique en France, connue pour son engagement en faveur des valeurs républicaines, laïques, et démocratiques.

Maurice Berteaux fréquentait assidûment la loge de Saint-Germain-en-Laye, une ville située non loin de sa résidence à Chatou. Sa présence régulière et son implication dans les activités de la loge témoignent de son attachement aux principes maçonniques, qu’il transposait dans son action publique, notamment dans la défense de la laïcité et des libertés républicaines.

Ses prises de position en faveur de la laïcité et contre l’influence de l’Église dans les affaires publiques reflètent cet engagement. Il a notamment soutenu la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État, un projet soutenu par de nombreux francs-maçons de l’époque.

Par la suite, en reconnaissance de son engagement, une loge maçonnique fut créée et porta son nom. Cette loge symbolise l’héritage qu’il a laissé non seulement dans la sphère publique, mais aussi au sein de la franc-maçonnerie. Elle perpétue sa mémoire et continue d’œuvrer selon les principes et valeurs qu’il défendait, tout en rendant hommage à sa contribution à la fois à la République et à la franc-maçonnerie.

Son héritage

Maurice Berteaux a laissé une empreinte significative dans l’histoire politique et militaire de la France. Sa mort prématurée a été largement déplorée, tant pour sa contribution à la République que pour son rôle dans la modernisation de l’armée française.

Aujourd’hui, Maurice Berteaux est souvent commémoré comme un fervent défenseur de la République et un réformateur militaire engagé. Plusieurs lieux publics en France portent son nom, en hommage à son dévouement à la nation et à la République.

Pour en savoir plus sur ce grand défenseur des idées républicaines, nous vous invitions à lire Un grand parlementaire de la IIIe République, Maurice Berteaux (1852-1911) (Clio 94 n° 11, 1993, p. 139-143) que nous devons à l’un des contributeurs de 450.fm, notre TCF Jean-Pierre Thomas ou encore l’article de J. Marec « Maurice Berteaux, député et ministre de la Guerre (1852-1911) », dans le Bulletin. des Amis du Vieux Saint-Germain (n° 42, 2005).

La fin de notre feuilleton estival des CPA

Cette carte postale achève avec élégance notre série estivale. Tandis que 12 millions d’écoliers, collégiens et lycéens s’apprêtent à reprendre le chemin de l’école dès le lundi 2 septembre, cette CPA nous rappelle que pour les 169 500 francs-maçons de France, c’est aussi le retour aux temples, lieux de réflexion et de méditation, où ils poursuivront leur quête d’amélioration personnelle et sociale. Comme l’année scolaire, la vie maçonnique est rythmée par des cycles de travail, d’apprentissage et de transmission, et c’est dans ce contexte que la mémoire de Maurice Berteaux continue de vivre, non seulement comme celle d’un ministre, mais aussi comme celle d’un frère maçon dont l’héritage demeure gravé dans les cœurs et les esprits.

L’hommage de la Nation

Grosse affluence à la rentrée

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C’est reparti !

Septembre, c’est la rentrée, après parfois pour certains d’entre-vous, de longues semaines en dilettante. Notre vie est rythmée par des calendriers que l’on se plait à conserver et à utiliser dans notre vie courante.

Le mois de septembre est une période de renouveau décisif, pour repartir sur de nouvelles bases, en s’imposant des exigences influencées par un rythme souvent scolaire.

« TOUT VA BIEN, JE DOIS PASSER L’ÉPREUVE DES MARRONNIERS ! »

Il y a dans ces traditions qui nous rappellent nos rentrées scolaires, un rituel qui nous interpelle comme franc-maçon.

Nous nous laissons prendre au jeu, car nous sommes un peu joueurs. C’est aussi l’occasion de redéfinir des valeurs, d’en reparler, d’approfondir et de remettre en fonction nos modes opératoires maçonniques sur la réflexion.

C’est ce que vous propose au travers du « mini-délire » de la Minute du Grand René dans la vidéo ci-dessous :

Parvenir tous ensemble et plus pleinement à la Lumière

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 (Les « éditos » de Christian Roblin paraissent le 1er et le 15 de chaque mois.)

Les Jeux paralympiques qui viennent de s’ouvrir à Paris sont l’occasion de se poser à nouveaux frais la question de l’intégration des personnes en situation de handicap physique, sensoriel ou mental dans notre société, sans négliger une réflexion approfondie sur leur sort au sein de nos fraternités maçonniques.

Dans son vibrant discours lors de la cérémonie d’ouverture, ce 28 août, le président du Comité paralympique international, Andrew Parsons, en a appelé à la liberté, à l’inclusion et à l’égalité, déclarant notamment, au sujet des compétitions qui allaient suivre : « nous célébrerons ce qui nous rend différents, montrerons qu’il y a de la force dans la différence, de la beauté dans la différence, et que cette différence est une force puissante au service du bien [1] ».

Non seulement, grâce au sport, les athlètes en cause parviennent à être bien dans leur peau, mais ils remplacent, dans le cœur des spectateurs valides, par de l’admiration et de la solidarité, la sensation de malaise que ceux-ci éprouvent d’ordinaire, face aux infirmités – quelque chose de vague, de confus, d’inavoué, ces meurtrissures de l’angoisse, immédiates et irrépressibles, qui les font regarder ailleurs, comme le relève si bien Philippe Croizon [2], athlète quadri-amputé, pour qui « c’est culturel d’avoir peur du handicap » et qui préfère parler, plutôt que de handicapés, « de femmes et d’hommes qui font autrement ».

Car ces sportifs objectivement diminués se sont confrontés à leurs déficiences ou à leurs mutilations pour accomplir un parcours qu’ils n’auraient peut-être pas entrepris sans cela. Ils ont refusé de s’achopper aux immenses difficultés qu’ils rencontraient. Ils ont grignoté jour après jour l’adversité qui les tourmentait. Par leurs combats et leurs défis, ils ont gagné la seule intégrité qui soit, celle d’une conscience profondément accomplie, qui dépasse de beaucoup la satisfaction souvent puérile et orgueilleuse de la simple totalité physique.

En réalité, il faudrait que les jeux paralympiques aient lieu au moins une fois par an, pour que nous nous souciions enfin sérieusement de l’adaptation de l’ensemble des environnements aux enfants et aux adultes porteurs de handicap [3] or cette peur subconsciente qui nous envahit nous vient du fond des âges, de l’époque où le malheur des hommes relevait, dans l’opinion commune, de la volonté de Dieu. Dans l’idéologie dominant alors, chacun méritait le destin auquel il était assigné. Il se peut bien qu’il nous en reste quelque chose…

Quant à la longue tradition de la franc-maçonnerie spéculative, elle n’est pas épargnée, non plus. Ainsi, dès l’origine, en 1723, Les Constitutions d’Anderson énoncent impérativement que : « [L’Apprenti] ne doit avoir aucune Mutilation ou Défaut en son Corps qui puissent le rendre incapable d’apprendre l’Art ou de servir le Seigneur de son Véné­rable, d’être initié comme Frère [4] […] ».

Graduellement, on en fut conduit à exclure une longue série de « B » (répétition où certains, au-delà de la curiosité d’un vocabulaire choisi, voulaient voir un céleste présage), tels les bègues (et les sourds), les bigles (ceux qui louchaient), les boiteux (les bancals et les nains aussi), les borgnes (et a fortiori les aveugles). Pour faire bonne mesure, on y ajoutait les bossus, les bâtards et les bougres (autrement appelés sodomites, c’est-à-dire les homosexuels). Quoique, dans cette dernière catégorie, on s’était montré plutôt « gay friendly » envers Cambacérès qui fut également, sous l’Empire, l’un des tout premiers dignitaires de la franc-maçonnerie… Donc, au XVIIIe siècle et au-delà, sans que l’on puisse vraiment dater la fin de ces déplorables assimilations, les déficiences physiques emportaient des déficiences morales [5].

Même quand disparurent ces amalgames accablants et ces disqualifications abruptes, le chemin des loges resta longtemps semé d’obstacles plus ou moins tortueux. La plupart des frères handicapés que l’on croisait en loge s’étaient retrouvés dans cette condition, au cours de leur existence, mais après leur initiation. Le sujet mérite encore d’être clarifié [6]. C’est, d’ailleurs, pourquoi fut créée, au Grand Orient de France – et ce, en 2021 seulement, ce qui en démontre l’actualité –, une loge de recherche dédiée à cette problématique [7], intitulée : « Héphaïstos 3H (Héphaïstos [8], handicap, humanisme) ». Elle a, d’emblée, spécifiquement orienté ses réflexions sur l’accessibilité des lieux maçonniques, la praticabilité des rituels et la mise à disposition d’outils de communication aidant à une évolution significative dans l’univers maçonnique.

Bénéfices, à mon sens, loin d’être accessoires : cette voie d’accueil et d’ouverture permet également de guérir les frères valides, des diverses « infirmités » qui les empêchent d’initier, dans toute la mesure du possible, des candidats affectés d’une insuffisance ou d’une diminution de leurs capacités physiques. De surcroît, c’est certainement un moyen de parvenir tous ensemble et plus pleinement à la Lumière.


[1] « We will celebrate what makes us different, show there is strength in difference, beauty in difference, and that difference serves as a powerful force for good. » À retrouver ici dans son discours intégral en anglais.

[2] Philippe Croizon a parrainé, ce 31 août, la nouvelle émission de Marina Carrère d’Encausse : « Carnets de santé », le samedi à midi, sur France Culture (cliquer ici pour accéder au podcast radiophonique et ici pour la captation vidéo). Pour en savoir plus sur Philippe Croizon, cliquer ici.

[3] Observons, d’ailleurs, que l’accessibilité aux Jeux s’annonçait déjà comme une « galère » pour les spectateurs handicapés et ce fut bel et bien le cas. Cliquer ici pour accéder à un article du journal Libération, publié le 20 mai 2024. 

[4] Au livre des Obligations du franc-maçon, Ch. IV, p. 2.

[5] Par exemple, on lira avec profit l’article, republié dans ce Journal, sur le symbolisme du boiteux.

[6] Sur le sujet en général, on se reportera avec intérêt à l’essai de Francine Caruel & Jean Moreau, L’Art Royal et le Petit Prince : Franc-maçonnerie et handicap, Paris : Detrad aVs (Coll. : Rencontres), déc. 2010, 208 p. (v. site de l’éditeur en cliquant ici).

Un compte rendu de l’ouvrage, accessible en ligne en cliquant ici, est paru sous la signature de Jacques Demorgon : « Le nœud gordien des handicaps, défi de l’humain », pp. 17-26, in : Humanisme [Grand Orient de France] 2011/2, № 292 (« Les invisibles, ceux que l’on ignore »), 124 p.

[7] Pour en savoir plus sur l’allumage des feux de cette loge de recherche, cliquer ici.

[8] Hḗphaistos (en grec ancien : Ἥφαιστος), ce dieu du feu, de la forge, de la métallurgie et des volcans, dans la mythologie grecque, assimilé, par syncrétisme, à Vulcain dans la mythologie romaine, est devenu boiteux, encore tout bébé, après avoir été jeté au bas de l’Olympe par sa mère, Héra, tant il lui paraissait laid et repoussant. Pour en savoir plus sur Héphaïstos, cliquer ici. Sans compter que, dieu de la forge, Hḗphaistos n’est pas sans rappeler allusivement, dans notre légendaire, le biblique Hiram Abiff, artisan bronzier…