jeu 25 décembre 2025 - 05:12
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L’énigme des Maîtres -16- Sous la surface

Pour lire l’épisode précédent : ici

Lyon

Idéalement placé au début du quartier historique du Vieux-Lyon classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, à quelques pas de la gare Saint-Paul, l’Hôtel de l’Académie devint leur quartier général. Ils avaient été séduits par les informations que Parker leur avait données pour qu’ils choisissent le lieu de leur séjour : « Occupant un bâtiment datant de 1406, cet hôtel de luxe propose 12 chambres et suites à la décoration soignée, inspirée de l’univers des académiciens français qui ont façonné la connaissance du monde ».

Dans le salon qu’ils avaient choisi pour s’y retrouver après leurs divagations dans la ville, d’où ils ramèneraient expériences et documentations pour en faire la synthèse, placée sur un guéridon parmi des revues sur la ville de Lyon, la thèse de Ferdinand Buisson, Sébastien Castellion, sa vie et son œuvre, était offerte à la lecture des visiteurs ; un marque-page entre les pages 54 et 55.

Alexander ne manqua de l’ouvrir et en comprit la raison. C’était une évocation des Académies de Lyon qui avaient sans doute inspiré le nom de leur hôtel. Il lut à haute voix pour en partager le contenu avec ses amis.

– « On a fait justice depuis quelques années de la légende de l’académie de Fourvière ; mais cette légende, comme d’autres, était plus vraie que l’histoire : elle renaît à travers toutes les pages de Dolet, de Voulté, de Bourbon : s’il n’y avait pas là une « académie » au sens du XVIIe siècle, il y en avait dix au sens du XVIe, bien vivantes et bien libres, pleines de jeunesse, de fraîcheur, d’enthousiasme. Ce beau sodalitium amicorum lugdunensium que Voulté célèbre avec tant d’abandon, auquel Nicolas Bourbon, quoique plus froid, fait aussi de fréquentes allusions, c’est une suite de petites réunions où se rencontrent tous les amis de toutes les choses de l’intelligence, lettrés, savants, érudits, poètes, où l’élite de la jeunesse studieuse se groupe autour des hommes qu’elle considère déjà comme ses maîtres et comme l’honneur du pays. » Quelle synchronicité n’est-ce pas ?

– Sacré Parker ! Il a eu de l’esprit en nous proposant cet hôtel dit Guido en riant avec un regard complice à Caris.

Première visite à la bibliothèque municipale de Lyon.

Le matin du lendemain de leur arrivée à Lyon, Alexander et Archibald se rendirent en premier lieu à la Bibliothèque Municipale d’où ils rapportèrent les conclusions le soir  de leur visite.

Alexander commença

– La tradition du secret et de l’occulte est ancienne à Lyon. Ésotérisme et franc-maçonnerie s’y sont largement développés ; la Bibliothèque en conserve de multiples traces, plusieurs milliers, dans son fonds « imprimé et manuscrit ».

C’est sur le thème plus particulier de l’alchimie à travers les livres anciens que nous avons concentré nos recherches.

Remarquons qu’au cours de la Renaissance italienne, il y avait des artistes qui, en plus de leur engagement dans la peinture, étaient également impliqués dans des recherches alchimiques et ésotériques. Voici quelques exemples de peintres et d’alchimistes qui partageaient parfois les mêmes espaces créatifs ou qui étaient influencés par des idées similaires :

L’un des esprits les plus polymathes de la Renaissance, Leonardo da Vinci était non seulement un artiste de renom, mais aussi un inventeur, scientifique et philosophe. Ses carnets révèlent des esquisses alchimiques et des explorations dans le domaine des sciences occultes.

L’art de Botticelli, connu pour des œuvres telles que « La Naissance de Vénus » et « La Primavera », porte souvent des éléments symboliques et mythologiques qui peuvent être liés à des concepts alchimiques et ésotériques.

Michel-Ange, célèbre pour ses sculptures comme le David et ses fresques comme la chapelle Sixtine, était également influencé par la pensée néo-platonicienne qui avait des liens avec des idées ésotériques de son époque.

Les artistes vénitiens Giovanni Bellini  et Giorgione  ont été associés à la Renaissance magique, un courant qui combinait l’art avec la mystique et l’alchimie.

Ces artistes, bien que principalement connus pour leur contribution au monde de l’art, ont souvent été inspirés par des idées ésotériques, alchimiques et philosophiques de leur époque, établissant ainsi des liens entre la création artistique et la recherche mystique.

Archibald voulut préciser en levant un doigt comme un enfant à l’école

– L’alchimie, dont l’origine pourrait remonter à l’égyptien ancien « Kemet » (Terre Noire), est un art qui allie mystique, science et spiritualité. Ses racines se retrouvent dans plusieurs langues, comme l’hébreu et l’arabe, et elle est souvent associée à la quête de transformation, tant matérielle que spirituelle. Les Égyptiens ont pratiqué l’alchimie pour comprendre la nature et l’univers, notamment dans le contexte de la momification.

Au fil des siècles, l’alchimie a été considérée comme un moyen de transmutation des métaux, avec l’or comme objectif ultime, et a évolué pour devenir une discipline philosophique liée à l’évolution et à la perfection de l’être. Ses pratiques impliquent la séparation de l’impur du pur, utilisant des éléments comme le soufre (principe actif) et le mercure (principe passif).

L’alchimie se distingue par son langage codé et ésotérique, réservé à ceux qui possèdent les compétences nécessaires pour le déchiffrer. Ses méthodes, à la fois humides et sèches, visent à unir les opposés pour atteindre une purification et une compréhension plus profondes de la matière et de l’esprit.

Ainsi, l’alchimie se présente non seulement comme une science de la transformation matérielle, mais aussi comme un chemin de réalisation personnelle et spirituelle.

Alexander reprit la narration de leur visite.

– Devoir consulter des milliers d’ouvrages anciens nous parut prendre trop de temps. La plupart ont un titre en latin. Lesquels sélectionner nous laissa perplexe un long moment. Finalement on approcha par commodité ceux écrits en français.

– Évidemment, nous n’y cherchions pas des procédés de fabrication de l’or, mais ce qui aurait pu faire un lien avec la carte trouvée à Istanbul, précisa Archibald. D’ailleurs, les alchimistes lyonnais du XVIème siècle sont presque tous médecins[1].

– Comme saint François d’Assise demandant la lumière en ouvrant la Bible, non je plaisante mais tout de même, je pris le livre d’alchimie qui m’était le plus connu de renom, Les Douze Clefs de Philosophie de Basile Valentin au rayon des livres rares. Autre intérêt, il date de 1624. Comme seul le hasard sait offrir de l’inattendu, en l’ouvrant, je tombais page 157 sur ce texte : « L’ordre de la nature est souvent changé en moi, en couleur, nombre, poids et mesure, contenant la lumière naturelle, obscur et clair, sortant du ciel et de la terre, connu et n’étant rien du tout, c’est-à-dire dire de stable. Toutes les couleurs et tous les métaux reluisent en moi par les rayons du soleil, le rubis solaire, terre très noble, clarifiée, par laquelle tu pourras transmuter en or le cuivre, le fer, l’étain et le plomb. [2] » Nous primes cela comme un signe validant le choix de l’ouvrage, non par naïveté crédule mais en pensant, comme Friedrich Engels, que « la causalité ne peut être comprise qu’en liaison avec la catégorie du hasard objectif, forme de manifestation de la nécessité ».

– Et le voilà !

Comme le roi mage Gaspard apportant de la myrrhe, Alexander présenta un fac-similé de l’ouvrage traduit en français. Il le sortit précautionneusement d’un carton où il avait été déposé pour le transporter.

– Nous devons à Archibald, et à son incroyable tissu amical international, l’autorisation du conservateur de le sortir de la Bibliothèque. Nous mettrons des gants pour le lire. Je suis sûr que nous y trouverons des indices et si nous faisons confiance à la nécessité du hasard, les premiers mots que nous comprendrons seront aussi des messages indicateurs.

Après avoir donné à chacun des gants en vinyle achetés à la pharmacie du quartier, Alexander commença.

– Vers la fin de l’avant-propos du traité Les douze clefs de philosophie traictant de la vraye médecine métalique, Basile Valentin a écrit et je vous lis : «Fais que ce qui est dessus soit dessous, que le visible soit invisible, le corporel incorporel, et fait derechef que ce qui est dessous soit dessus, l’invisible rendu visible, et l’incorporel corporel, et de cela dépend entièrement toute la perfection de l’art, où néanmoins habitent la mort et la vie, la génération et la corruption».

Cela ne rejoint-il pas nos conversations à Eaton ? Nous devrions alors chercher dans un cimetière ? Proposa en conclusion Alexander.

– Sans doute mais lequel ?

Tous étaient perplexes, tandis que délicatement Caris continuait de feuilleter l’ouvrage après avoir revêtu les gants.

– Regardez, là, il y a une annotation bizarre. À côté de la phrase du dernier paragraphe « c’est assez dit à celui à qui Dieu ouvre les yeux, on pourrait bien ici comprendre l’or ».

Une suite de nombres était manuscrite dans la marge :

Pendant qu’Archibald et Alexander échafaudaient des hypothèses sur l’auteur de cette glose, persuadés que c’était manifestement un lien pour leur jeu de piste, Guido fut le plus excité à l’idée de la déchiffrer.

– Des nombres ? 

Inventoriant ce qu’ils peuvent remplacer pour faire sens d’un lieu à trouver, il dressa une liste, supprimant au fur et à mesure les solutions impossibles : pas des numéros de page, pas des coordonnées géographiques de latitude et de longitude, pas des lettres dans un alphabet. Des initiales de mots écrivant une phrase, peut-être ? Où existe-t-il alors une correspondance entre nombres et initiales ?

Se poser la question, c’était y répondre. L’important c’est la question comme pourrait l’illustrer cette plaisante histoire narrée par Isaac Bashevis Singer : un hassid sort de chez lui en courant dans la rue du shtetl[3], très agité il crie : vite une question, j’ai la réponse !

Guido fit une rapide recherche sur son téléphone, vous l’avez deviné, du tableau où sont représentés tous les éléments chimiques ordonnés par nombre atomique croissant : le tableau de Mendeleïev. Il trouva Carbone, Hydrogène, Astate, Oxygène, Lanthane, Molybdène, Thorium et notant leur symbole il obtint :

– L’un d’entre vous aurait-il entendu parler du château Lamoth ? demanda-t-il à la cantonade, pas peu fier d’avoir trouvé une potentielle solution.

– Un instant. Je vais regarder sur le guéridon parmi les revues, j’ai aperçu quelque chose comme cela dit Caris en se levant pour rejoindre le petit meuble.

Effectivement une revue touristique faisait état dans un article à propos d’un Château Lamothe qu’elle lut à ses amis :

Parmi toutes les routes se nouant autour de Lyon, deux ont une importance commerciale toute particulière : celle de la vallée du Rhône qui met Lyon en rapport avec Marseille et la Méditerranée (avec le Languedoc et l’Espagne); celle de l’Italie par Chambéry et le Mont Cenis. Au Moyen Âge, un château baptisé La Motte est érigé pour conforter la position stratégique du lieu. Aujourd’hui, le château de la Motte représente un ensemble civil très cohérent, représentatif des grandes demeures du début du XVIe siècle des environs de Lyon, à l’époque aux mains d’une famille d’aristocrates collectionneurs d’antiques.

Situé sur une motte qui domine la plaine du Rhône, le château se compose de trois corps de logis irréguliers autour d’une cour intérieure quadrangulaire. Six tours rondes et une carrée complètent la fortification.

L’entrée au sud est constituée par une arcade brisée surmontée par une bretèche à laquelle on accède par une galerie en bois.

La cour est dominée par la tour du grand escalier en vis, encore pourvue de ses fenêtres anciennes, de son dôme à tuiles en écaille et d’une porte d’entrée moulurée ornée d’un médaillon à l’antique de belle qualité représentant l’empereur Commode.

Alexander l’interrompit gentiment

– Pardonne-moi de te couper dans ta lecture. Je me souviens avoir aperçu dans le musée à Istanbul un buste de Marc-Aurèle, le père de Commode. Encore une synchronicité qui pourrait nous laissé penser que nous sommes sur la bonne piste. Je te prie de m’excuser, continue s’il te plaît.

– Écoutez cela : en 2019, des fouilles archéologiques ont permis de mettre au jour, enfoui à plus d’un mètre sous terre du Château Lamothe, un mausolée datant de l’époque romaine…Compléta Caris

Un silence entendu suivi ces dernières paroles. Cela pouvait bien être le cimetière à rechercher.

– Voilà bien un but d’expédition pour demain. Nous irons au Château Lamothe conclut Archibald. Et maintenant Guido si tu nous racontais votre journée.

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[1] Allusion à – Symphorien Champier(1472-1539) : médecin et astrologue, il est l’auteur de plusieurs traités d’alchimie, dont De la vraye et parfaicte science des secrets des philosophes.

– Oronce Fine (1494-1555) : mathématicien et cartographe, il s’est également intéressé à l’alchimie et a publié un traité sur la distillation.

– Jean de La Bruyère (1530-1588) : médecin et alchimiste, il est l’auteur de plusieurs traités sur la transmutation des métaux.

– Denis Zacaire (1510-1556) : médecin et alchimiste, il est l’auteur d’un traité sur la pierre philosophale.

– Antoine Duchesne (1584-1648) : médecin et alchimiste, il est l’auteur d’un traité sur l’élixir de vie.

Sans oublier Bernard Trévisan, cet alchimiste italien du XVe siècle connu pour ses travaux sur la pierre philosophale et l’élixir de vie. Il est décédé à Lyon en 1507 et a été inhumé dans l’église Saint-Nizier. Il est possible que ses restes se trouvent dans le cimetière de Loyasse à Lyon.

[2] Basile Valentin, Les douze clefs de philosophie de frère Basile Valentin,… traictant de la vraye médecine métalique . Plus L’azoth ou le moyen de faire l’or caché des philosophes : <gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k656300/f157>.

[3] Ce terme était principalement utilisé avant la Seconde Guerre mondiale, faisant référence aux villes ou quartiers regroupant une population majoritairement juive dans l’Europe de l’est.

Féminisme et Spiritualité : une alliance possible ?

Article inspiré par rtbf.be – Fait par les Grenades – Aileen Vandendooren

À l’heure où les luttes féministes et les aspirations spirituelles s’affirment comme des forces majeures dans nos sociétés, une question émerge : ces deux dimensions peuvent-elles s’accorder pour nourrir un projet commun ? En ce 24 avril 2025, à la veille de la Journée internationale des droits des femmes, cette réflexion prend une résonance particulière. Longtemps perçus comme antagonistes – le féminisme dénonçant les hiérarchies patriarcales des religions, et la spiritualité étant parfois accusée d’enfermer les femmes dans des rôles stéréotypés –, ces deux univers se croisent aujourd’hui dans des initiatives novatrices.

Des cercles de femmes aux réinterprétations des traditions anciennes, des voix s’élèvent pour montrer que féminisme et spiritualité peuvent non seulement coexister, mais aussi s’enrichir mutuellement. Cet article explore cette alliance possible, à travers une analyse historique, des témoignages contemporains et des perspectives d’avenir.

Une histoire de tensions et de résistances

Les relations entre féminisme et spiritualité ont été marquées par des tensions profondes, enracinées dans l’histoire des grandes religions monothéistes. Dans le christianisme, des textes comme la Première épître à Timothée (2:12) – « Je ne permets pas à la femme d’enseigner ni de prendre autorité sur l’homme » – ont été utilisés pendant des siècles pour justifier l’exclusion des femmes des rôles de pouvoir religieux. Dans l’islam, des interprétations rigoristes du Coran, comme celles limitant la participation des femmes à la prière publique, ont souvent renforcé leur marginalisation. De même, dans le judaïsme orthodoxe, les femmes sont traditionnellement exclues de certaines pratiques, comme la lecture de la Torah en public. Ces structures patriarcales ont conduit les féministes, notamment lors de la deuxième vague des années 1960-1970, à rejeter les religions institutionnelles. Mary Daly, théologienne américaine et autrice de Beyond God the Father (1973), a qualifié le christianisme de « nécrophile » et d’incompatible avec l’émancipation des femmes, appelant à une rupture radicale.

Pourtant, cette opposition n’a jamais été universelle. Certaines traditions spirituelles offrent des visions plus égalitaires. Dans le bouddhisme, des figures comme Kuan Yin, bodhisattva de la compassion, incarnent une puissance spirituelle féminine, et des textes comme le Sutra du Lotus affirment l’égalité fondamentale des genres dans la quête de l’éveil. Les spiritualités païennes, telles que la Wicca, qui a connu un renouveau dans les années 1970 sous l’impulsion de figures comme Starhawk, célèbrent la Déesse et valorisent le féminin sacré. Starhawk, dans son ouvrage The Spiral Dance (1979), propose une spiritualité écoféministe où la connexion à la nature et la sororité deviennent des piliers de l’émancipation. De même, les traditions animistes, comme celles des peuples autochtones d’Amérique du Nord, honorent souvent les femmes comme gardiennes de la sagesse spirituelle, à l’image des « femmes-médecine » chez les Lakota.

Des figures historiques inspirantes

L’histoire regorge de femmes qui ont concilié spiritualité et résistance féministe, défiant les normes de leur époque. Hildegarde de Bingen, mystique et compositrice du XIIe siècle, est un exemple emblématique. Abbesse, théologienne et visionnaire, elle a écrit des traités théologiques et des compositions musicales qui célèbrent la féminité divine, tout en défiant l’autorité masculine de l’Église par son indépendance intellectuelle. Une autre figure notable est Jeanne d’Arc, qui, au XVe siècle, a affirmé avoir été guidée par des voix divines pour libérer la France, défiant les rôles traditionnels assignés aux femmes. Plus récemment, au XXe siècle, Dorothy Day, fondatrice du mouvement catholique des Catholic Workers, a combiné une foi profonde avec un engagement radical pour la justice sociale, défendant les droits des femmes et des travailleurs dans une perspective spirituelle.

Ces figures montrent que la spiritualité, lorsqu’elle est réinterprétée à travers une lentille féministe, peut devenir un outil de résistance et de transformation. Elles ont inspiré des générations de femmes à chercher dans la spiritualité une source de pouvoir intérieur, loin des dogmes oppressifs.

Une réconciliation contemporaine

Aujourd’hui, de nombreuses femmes explorent des voies pour réconcilier féminisme et spiritualité. Camille Froidevaux-Metterie, philosophe et autrice de Plaidoyer pour un féminisme spirituel (2024), défend l’idée que le féminisme doit intégrer la dimension spirituelle pour être pleinement émancipateur. « Le féminisme ne peut se limiter à des revendications matérielles ou sociales. Il doit aussi nourrir l’âme, répondre à notre besoin de sens et de transcendance », explique-t-elle dans une interview à La Croix (8 mars 2025). Elle propose une spiritualité féministe qui célèbre le corps, la sororité et la connexion à la nature, tout en rejetant les structures patriarcales.

Des initiatives concrètes illustrent cette réconciliation. À Bruxelles, des cercles de femmes, comme ceux animés par l’association Les Filles de Lilith, mêlent méditation, rituels et discussions féministes. Marine, 34 ans, participante régulière, témoigne : « Ces rencontres me permettent de me reconnecter à ma féminité et à une énergie spirituelle, tout en partageant mes luttes féministes. C’est un espace où je me sens complète. » Ces cercles s’inspirent de pratiques comme les rituels de pleine lune, où les femmes se réunissent pour méditer, chanter et échanger sur leurs expériences. En France, des groupes comme Sœurs de Cœur organisent des retraites spirituelles axées sur l’écoféminisme, combinant des ateliers sur la justice sociale avec des pratiques comme le yoga et la méditation en nature.

À l’échelle internationale, des figures comme Vandana Shiva, écoféministe indienne, incarnent cette alliance. Dans son livre Staying Alive (1988), Shiva lie l’exploitation de la nature à celle des femmes, plaidant pour une spiritualité qui honore la Terre-Mère et les savoirs féminins traditionnels, comme ceux des agricultrices indiennes. En 2025, son mouvement Navdanya continue d’inspirer des femmes à travers le monde, en promouvant une agriculture durable et une spiritualité ancrée dans la justice environnementale.

Les défis d’une alliance

Malgré ces avancées, des obstacles subsistent. Certaines féministes, comme Mona Chollet, autrice de Sorcières : la puissance invaincue des femmes (2018), restent méfiantes envers la spiritualité, qu’elles associent à un « essentialisme » risquant de réduire les femmes à leur biologie. « Parler de féminin sacré peut renforcer des stéréotypes, en enfermant les femmes dans des rôles de mères ou de prêtresses, au détriment de leur liberté individuelle », écrit-elle dans un essai récent (Le Monde, 15 février 2025). À l’inverse, des courants spirituels conservateurs continuent de prôner des rôles traditionnels pour les femmes. Par exemple, dans certaines communautés évangéliques américaines, des pasteurs comme John Piper prônent la « soumission » des femmes, une vision qui s’oppose frontalement aux idéaux féministes.

Un autre défi réside dans l’appropriation culturelle. Certaines pratiques spirituelles féministes, comme l’usage de rituels amérindiens ou africains, sont parfois critiquées pour leur manque de respect envers les cultures d’origine. La théologienne féministe Rosemary Radford Ruether, dans Gaia and God (1992), appelle à une spiritualité féministe qui soit inclusive et respectueuse des traditions non occidentales, sans les réduire à des clichés exotiques.

Perspectives pour une spiritualité féministe

En 2025, la quête d’une spiritualité féministe est plus pertinente que jamais. Elle répond à un besoin de sens dans un monde en crise – climatique, sociale, politique – tout en s’inscrivant dans les luttes pour l’égalité. Comme le souligne Camille Froidevaux-Metterie, « la spiritualité peut être un outil de résistance et de transformation, un espace où les femmes se réapproprient leur pouvoir intérieur ». Des initiatives comme celles des Filles de Lilith ou de Sœurs de Cœur montrent que cette alliance est possible, à condition de rester ancrée dans une démarche d’émancipation.

L’écrivaine Clarissa Pinkola Estés, autrice de Femmes qui courent avec les loups (1992), offre une perspective inspirante : « La spiritualité féministe, c’est redonner aux femmes leur instinct sauvage, leur capacité à écouter leur âme profonde. » En 2025, des festivals comme Sacred Women Gathering, prévu en juillet à Lisbonne, témoignent de cette vitalité, réunissant des femmes du monde entier pour des ateliers mêlant spiritualité, art et activisme féministe. Alors, féminisme et spiritualité : incompatibles ou complémentaires ? À chacune de tracer son chemin, dans un dialogue intime et politique entre le corps, l’esprit et le monde.

Sources

  • Clarissa Pinkola Estés, Femmes qui courent avec les loups : Histoires et mythes de l’archétype de la femme sauvage, 1992.
  • Camille Froidevaux-Metterie, interview dans La Croix, 8 mars 2025.
  • Mona Chollet, Sorcières : la puissance invaincue des femmes, 2018, et essai dans Le Monde, 15 février 2025.
  • Témoignage de Marine, recueilli par l’association Les Filles de Lilith, 2025.
  • Starhawk, The Spiral Dance : A Rebirth of the Ancient Religion of the Great Goddess, 1979.
  • Vandana Shiva, Staying Alive : Women, Ecology, and Development, 1988.

Di Bernardo – ancien GM du GOI : « Les Calabrais gouvernent la Franc-maçonnerie italienne »

De notre confrère italien quotidianodelsud.it – Par ANTONIO ANASTASI

Entretien avec Giuliano Di Bernardo, ancien grand maître du Grand orient d’italie, sur la prolifération des loges et des tabliers en Calabre et sur l’infiltration criminelle. « Forte présence de la ‘ndrangheta ».

« Les Calabrais gouvernent le Grand Orient d’Italie depuis des années. Et ils continueront à le faire, si ce n’est à partir de maintenant et pour l’éternité, du moins pendant longtemps encore. » La prophétie est de Giuliano Di Bernardo, ancien grand maître du Goi, qu’il a quitté en 1993, lorsqu’il a décidé de collaborer avec le procureur de Palmi Agostino Cordova, qui avait mis au jour des liens inquiétants entre la franc-maçonnerie et le crime organisé.

Aujourd’hui, Di Bernardo dirige un nouvel ordre ésotérique, qu’il appelle Dignité. À l’époque où il était au sommet du Goi, il y avait 32 loges en Calabre, dont la plupart – 28 – auraient été infiltrées par la ‘ndrangheta. Depuis lors, les loges de Calabre ont triplé et, avec ses 3 500 frères (mais ce chiffre ne concerne que les deux principales obédiences), c’est la région italienne avec la plus forte concentration de membres de la franc-maçonnerie. « Une infinité. « En Calabre, les loges prolifèrent comme des champignons », a déclaré Di Bernardo au Quotidiano.

Grand connaisseur de la Franc-Maçonnerie, fondateur de la Grande Loge Régulière d’Italie, Di Bernardo sait encore beaucoup de choses sur ce qui se passe à l’intérieur et à l’extérieur du Goi, qui a élu il y a un an un Calabrais, Antonio Seminario de Rossano, comme grand maître pour succéder à Stefano Bisi. Le Tribunal civil de Rome a ensuite suspendu les élections suite à l’appel de Leo Taroni de Romagne, qui avait axé sa campagne électorale sur la lutte contre l’infiltration criminelle. Mais Di Bernardo est certain que les francs-maçons calabrais, qui sont également nombreux dans d’autres régions, continueront à détenir la direction.

Un fait qu’il faut peut-être prendre en compte pour prendre conscience de l’énorme influence du pouvoir maçonnique et surtout de ces centaines de loges secrètes qui constituent l’intermédiaire entre les clans et les institutions et influencent les carrières universitaires, aplanissent les problèmes juridiques et couvrent les affaires sales. Également à la lumière de ce lien structurel entre la franc-maçonnerie et la ‘ndrangheta suite à l’institution du degré de « saint ». Le dôme de l’invisible, où la ‘ndrangheta et la franc-maçonnerie s’entremêlent et fusionnent jusqu’à ne faire plus qu’un. Nous en avons parlé avec Di Bernardo.

Elle a indiqué que 28 des 32 loges étaient contrôlées par la ‘Ndrangheta. C’était en 1993, une année au cours de laquelle un système politique s’est effondré et une révolution a également eu lieu au sein de la franc-maçonnerie. Comment avez-vous appris l’infiltration criminelle de la franc-maçonnerie calabraise ?

Quand Ettore Loizzo de Cosenza, mon assistant grand maître et alors figure suprême du Goi en Calabre, a fait cette déclaration au conseil, j’avais déjà décidé de démissionner. La déclaration de Loizzo faisait suite à une autre information que j’avais reçue de 23 grands maîtres d’Europe et des États-Unis. J’étais à Londres pour célébrer le 275e anniversaire de la fondation de la franc-maçonnerie. Un grand maître d’une loge européenne m’a dit de passer par Vienne car 23 grands maîtres étaient heureux de me parler. Ils m’ont dit qu’ils savaient avec certitude qu’un scandale plus grand que le P2 était sur le point de se produire au Goi.

Une certitude venue des services secrets et des ambassades. Ils parlaient d’infiltration criminelle, mais la référence était à la mafia et à la ‘Ndrangheta. Je suis retourné à Rome et j’ai convoqué le concile. J’ai répété exactement ce qu’ils m’avaient dit. Personne ne m’a cru. « Vous voyez des lucioles en guise de lanternes », ont-ils dit. C’est arrivé en juin. Quelques mois avant l’enquête Cordova. En septembre, Cordoue a commencé l’enquête et m’a demandé la liste des loges calabraises. Il avait des raisons de croire que des crimes étaient commis au sein des loges. J’ai accepté la demande. J’ai remis au magistrat la liste des francs-maçons calabrais.

Cordoue m’a alors demandé la liste de tous les francs-maçons d’Italie. Parce que les francs-maçons calabrais opéraient dans le Nord, notamment en Lombardie. Cordoue s’est rendu compte que la ‘Ndrangheta, plus que la mafia, occupait les régions du nord. Je ne pouvais pas accéder à sa demande car la décision devait être prise par le conseil. « Si vous étiez venu avec un mandat de saisie, j’aurais été obligé de vous remettre la liste », lui ai-je dit. Il m’a dit qu’il reviendrait avec le mandat et qu’en attendant, il avait placé deux policiers pour garder l’ordinateur qui stockait les listes. Le lendemain, il les saisit.

Après avoir examiné les listes, il commença une enquête sur la franc-maçonnerie, en se référant particulièrement au Goi. « Goi a fait l’objet d’une enquête du parquet de Palmi », ont écrit les journaux. En tant que représentant légal de l’organisation, j’ai eu des réunions secrètes avec Cordova. Au cours d’une de ces réunions, Cordova a défini la franc-maçonnerie comme un marécage. Il m’a montré un paquet d’un demi-mètre de haut. « Choisissez une feuille de papier au hasard », dit-il.

J’étais incrédule après avoir lu quelque chose. Des figures calabraises au sommet de la franc-maçonnerie avaient dénoncé d’autres frères pour divers crimes, notamment celui d’avoir accueilli des membres de la ‘ndrangheta dans leurs loges. J’ai tout dit au conseil. J’ai demandé aux dirigeants calabrais, dirigés par Loizzo, mon assistant grand maître, de participer à la réunion. Je l’ai regardé dans les yeux. Il m’a dit « oui ». « Nos loges sont non seulement infiltrées mais contrôlées par la ‘ndrangheta. »

« Le retour de la Lumière » : Christianisme ésotérique ?

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Deux Francs-maçons du Grand Prieuré Des Gaules se retrouvent pour dialoguer et confronter leurs expériences sur le chemin spirituel. Partant des questionnements de frères fondateurs du XVIIIe?siècle, ils mettent en évidence que ce sont ces mêmes questions qui continuent d’interroger les Francs-maçons d’aujourd’hui… Ils nous proposent, par leur témoignage,  de montrer que la Franc-maçonnerie et sa chevalerie peuvent être une école de restauration du  face à face avec soi-même, avec nos semblables, mais surtout avec la Divinité.

Interviews par Jacques Carletto , les auteurs démontrent que ce livre offre ainsi une réflexion sur le rôle de la franc-maçonnerie en tant que voie d’accomplissement personnelle et surtout spirituelle.

Gilles Ducret a été reçu au Rite Ecossais Rectifié en 1978. Son engagement pour la spiritualité et la recherche initiatique, au sein du Rite Ecossais Rectifié mais aussi au sein du Rite Ecossais d’Ecosse, a marqué de nombreux événements et initiatives au sein de la communauté maçonnique.

Pierre-Éric Parizot a été initié en 1992 et a vécu tout le parcours du Rite Ecossais Ancien et Accepté et du Rite Ecossais Rectifié. Par ses fonctions maçonniques et ses nombreuses conférences, il a toujours tenté de faire partager sa passion pour les rites maçonniques.

Vers une Tradition intégrale au XXIe siècle

À la croisée des symboles, des sciences et du sacré

« Ce qui monte converge. »

Pierre Teilhard de Chardin
Pierre Teilhard de Chardin

Il est des temps où la Tradition semble lointaine, voilée, réduite à un passé figé dans des rites sans souffle. Il est d’autres temps où elle se fait source vivante, chemin opératif, voix intérieure dans le tumulte du monde.

Notre époque, en apparence désenchantée, est paradoxalement assoiffée de sens. Elle cherche à conjuguer savoir et sagesse, technologie et intériorité, science et sacré. C’est dans ce contexte que peut émerger une Tradition intégrale, c’est-à-dire une voie de réconciliation, d’ouverture, et de plénitude — non pas pour fuir le monde, mais pour l’éclairer de l’intérieur.

I. Qu’est-ce qu’une tradition intégrale ?

La Tradition véritable n’est ni nostalgie ni fixité. Elle n’est pas le culte des cendres, mais la transmission du feu. Elle est mémoire vivante, savoir sacré, chemin de transformation. Une Tradition intégrale n’oppose pas le passé à l’avenir, le symbolique au rationnel, la contemplation à l’action.

Elle est intégrale au sens où elle intègre :

René Guénon

• La profondeur du symbole, selon Guénon, Schuon ou Eliade ;
• La dynamique de l’évolution spirituelle, selon Teilhard de Chardin ;
• La voie du Soi, selon Jung, dans le langage vivant de l’individuation ;
• La construction du sens, selon Granger ou Ricœur ;
• Et la rencontre des traditions, selon Panikkar ou Burckhardt.

Une telle tradition ne se contente pas d’un héritage, elle l’incarne et le renouvelle, dans la fidélité à l’essentiel et l’ouverture à l’universel.

II. La Franc-Maçonnerie : un laboratoire de cette tradition vivante

La Franc-Maçonnerie initiatique est l’un des rares espaces où la Tradition peut encore se dire, se vivre et se transmettre.

Simone Weil

Elle est :

• Symbolique, car elle parle le langage de l’âme ;
• Initiatique, car elle engage l’être dans un processus de transformation ;
• Universelle, car elle relie les hommes au-delà des dogmes et des frontières.

Mais à condition qu’elle ne devienne ni décorative, ni mondaine, ni désincarnée. Il ne s’agit pas seulement de répéter des gestes anciens, mais de les habiter. Comme le dit Simone Weil, “le symbole ne parle qu’à celui qui l’écoute avec toute son âme dépouillée.

L’initiation n’est pas une série de grades : elle est un mouvement intérieur, un passage de l’ego au Soi, du moi dispersé à la conscience unifiée. Le rituel ne vaut que s’il est intériorisé, intensifié, transfiguré par le travail de chacun.

III. Une pensée du lien : science, spiritualité, complexité

Henri Bergson

La Tradition intégrale n’exclut pas la science. Elle la complète. À la logique analytique, elle ajoute une intelligence symbolique, intuitive, contemplative.

Des penseurs contemporains comme Edgar Morin, Henri Bergson, Teilhard, ou Berdiaev ont ouvert des voies de pensée de la complexité, où l’homme est un passeur, un être de relation entre matière et esprit.

La noosphère de Teilhard de Chardin et l’inconscient collectif de Jung désignent tous deux une conscience partagée, une matrice invisible où l’humanité œuvre à son propre dépassement. La Franc-Maçonnerie, par sa fraternité rituelle, en est une incarnation microscopique mais réelle.

IV. La mission d’un Franc-Maçon aujourd’hui

Être Maçon au XXIe siècle, c’est peut-être cela :

Carl Jung

• Être fidèle sans être figé,
• Symbolique sans être superstitieux,
• Spirituel sans être dogmatique,
• Ouvert sans être dilué,
• Libre sans être coupé de toute autorité intérieure.

Le Maçon véritable est passeur de lumière. Il ne proclame pas des certitudes, mais fait signe vers l’Essentiel. Il est le veilleur, le pont, le traducteur du silence en geste, du mystère en présence, de la verticalité dans l’horizontalité du monde.

Conclusion : l’Arche du Sens

« La Tradition n’est pas ce que l’on transmet, mais ce qui transforme. »

La Tradition intégrale n’est pas à inventer. Elle est là, en germe dans nos rituels, dans nos temples, dans nos silences.

Elle demande une chose : la présence intérieure, le feu, la fidélité au réel, et surtout, la transfiguration de soi-même.

Et si, comme l’écrivait Teilhard de Chardin, “le sens de l’évolution, c’est de rendre l’univers conscient de lui-même,” alors peut-être que notre mission, à nous Maçons, est de rendre la Tradition consciente d’elle-même, et l’homme conscient de sa vocation spirituelle.

Indignation à Dublin : une vidéo de rap controversée filmée au siège des francs-maçons

De notre confrère Irlandais belfasttelegraph.co.uk

Le 24 avril 2025, une controverse a éclaté en Irlande suite à la sortie d’un clip vidéo du rappeur irlandais Eskimo Supreme, de son vrai nom Alex Sheeran, pour son nouveau single intitulé Spit in it !. Ce clip, tourné à l’intérieur du Freemasons’ Hall de Molesworth Street à Dublin, siège historique des francs-maçons irlandais, a suscité une vague d’indignation. La vidéo met en scène des républicains dissidents crachant sur une image de la reine, un acte perçu comme profondément offensant par de nombreux observateurs. Cet article explore les détails de l’affaire, les réactions qu’elle a provoquées, le contexte historique et culturel, ainsi que les implications plus larges pour les relations communautaires en Irlande.

Le contexte de la vidéo et son contenu

Eskimo Supreme, signé chez Greenback Records, une maison de disques fondée par Conor McGregor, a choisi un lieu emblématique pour filmer son clip : le Freemasons’ Hall, siège de la Grande Loge d’Irlande depuis 1869. Ce bâtiment, connu pour son architecture néoclassique et son rôle dans l’histoire maçonnique, est un lieu symbolique pour les francs-maçons, une organisation souvent entourée de mystère et de controverses dans l’imaginaire collectif. La vidéo s’ouvre sur des plans intérieurs de ce lieu, mettant en avant ses décors ornés, avant de montrer des scènes choquantes où des républicains dissidents – certains identifiés comme des détenus – crachent sur une image de la reine Elizabeth II, figure historique de la monarchie britannique.

Le titre du morceau, Spit in it !, semble refléter directement cet acte provocateur. Les républicains dissidents représentés dans la vidéo appartiennent probablement à des factions comme l’Óglaigh na hÉireann (ONH), un groupe connu pour son opposition à l’influence britannique en Irlande du Nord. Ces dissidents, souvent impliqués dans des activités criminelles et des violences sectaires, ont une longue histoire de conflit avec les symboles de la Couronne britannique, comme en témoignent des incidents récents rapportés par le Belfast Telegraph, tels que des fusillades à Belfast impliquant des membres de l’ONH.

Une réaction immédiate et un tollé général

La sortie de la vidéo, le 24 avril 2025, a immédiatement suscité une vague de condamnations. Un membre de la Grande Loge d’Irlande, s’exprimant dans le Belfast Telegraph, a qualifié le clip de « moralement répugnant ». Il a dénoncé l’utilisation du Freemasons’ Hall pour un contenu jugé offensant, déclarant : « C’est une insulte non seulement à notre organisation, mais aussi à des valeurs fondamentales de respect et de dignité. » La Grande Loge d’Irlande a publié un communiqué officiel, précisant qu’elle n’avait pas autorisé le tournage et qu’elle enquêtait sur la manière dont l’équipe de production avait obtenu l’accès au bâtiment.

Sur les réseaux sociaux, notamment sur X, les réactions ont été vives. Des utilisateurs ont exprimé leur indignation face à ce qu’ils perçoivent comme une provocation gratuite, tandis que d’autres ont critiqué la franc-maçonnerie elle-même, accusant l’organisation de manque de transparence. Un post sur X, daté du 21 avril 2025, avait anticipé la polémique, un utilisateur se demandant si les francs-maçons d’Irlande considéraient comme une « erreur » d’avoir permis à Eskimo Supreme de tourner dans leur siège. Cette question a pris une résonance particulière après la sortie officielle du clip.

Le contexte historique : une blessure encore vive

Pour comprendre l’ampleur de la controverse, il est essentiel de replacer cette affaire dans son contexte historique et politique. L’Irlande a une histoire complexe marquée par des siècles de domination britannique, culminant dans la guerre d’indépendance (1919-1921) et la partition de l’île en 1921, qui a créé l’Irlande du Nord, restée sous la couronne britannique, et la République d’Irlande, indépendante. Les tensions entre républicains, qui militent pour une Irlande unie, et loyalistes, fidèles à la Couronne, ont engendré des décennies de violence, notamment pendant les Troubles (1968-1998), un conflit qui a fait plus de 3 500 morts.

La reine Elizabeth II, bien qu’elle ait été un symbole de réconciliation lors de sa visite historique en Irlande en 2011 – la première d’un monarque britannique depuis l’indépendance –, reste une figure controversée pour les républicains dissidents. Ces derniers, souvent issus de factions comme l’IRA ou l’ONH, rejettent l’Accord du Vendredi saint de 1998 et continuent de s’opposer à toute présence britannique. Les actes symboliques, comme cracher sur une image de la reine, sont des provocations délibérées visant à raviver ces tensions historiques.

Les francs-maçons au cœur de la polémique

La franc-maçonnerie, bien que distincte des conflits politiques irlandais, n’échappe pas aux critiques dans cette affaire. En Irlande, les francs-maçons ont souvent été perçus avec suspicion, en particulier par les républicains, qui les associent à l’élite protestante et à l’influence britannique. Cette perception, bien que largement infondée, trouve ses racines dans l’histoire : au XVIIIe et XIXe siècles, de nombreux francs-maçons irlandais étaient des membres de l’aristocratie anglo-irlandaise, et certains ont soutenu l’Union avec la Grande-Bretagne en 1801. Cependant, la Grande Loge d’Irlande a toujours affirmé son apolitisme et son ouverture à toutes les confessions, comptant aujourd’hui des membres catholiques, protestants et d’autres origines.

Le choix du Freemasons’ Hall comme lieu de tournage n’est donc pas anodin. Pour Eskimo Supreme et son équipe, il pourrait s’agir d’une provocation supplémentaire, associant un symbole perçu comme « britannique » (les francs-maçons) à l’acte de cracher sur la reine. Cependant, cela soulève des questions sur la sécurité et la gestion des lieux par la Grande Loge d’Irlande. Comment une équipe de production a-t-elle pu accéder à un bâtiment aussi symbolique sans autorisation apparente ? Cette faille a alimenté les spéculations sur X, certains utilisateurs accusant les francs-maçons de négligence, voire de complicité.

Eskimo Supreme et Greenback Records : une stratégie de provocation ?

Eskimo Supreme, de son vrai nom Alex Sheeran, est un rappeur connu pour sessheeran ses paroles crues et ses prises de position controversées. Signé chez Greenback Records, une maison de disques fondée par Conor McGregor, ancien champion de l’UFC et figure controversée en Irlande, Eskimo Supreme s’inscrit dans une mouvance artistique qui mise sur la provocation pour attirer l’attention. McGregor lui-même est connu pour ses déclarations incendiaires et son soutien à des causes nationalistes irlandaises, ce qui pourrait avoir influencé la direction artistique de la vidéo.

Le clip de Spit in it ! semble conçu pour choquer, un choix qui reflète une stratégie marketing courante dans l’industrie musicale contemporaine. En provoquant un scandale, Eskimo Supreme s’assure une visibilité immédiate, comme en témoignent les nombreuses réactions dans les médias et sur les réseaux sociaux. Cependant, cette stratégie n’est pas sans risques : en Irlande, où les sensibilités historiques restent vives, un tel contenu pourrait exacerber les tensions communautaires, voire inciter à des actes de violence.

Implications et perspectives

Cette affaire soulève des questions plus larges sur la liberté d’expression, les limites de la provocation artistique et les responsabilités des institutions comme la Grande Loge d’Irlande. D’un côté, Eskimo Supreme et Greenback Records pourraient arguer qu’il s’agit d’une œuvre d’art protégée par la liberté d’expression, visant à dénoncer l’histoire coloniale britannique. De l’autre, les critiques estiment que le clip franchit une ligne en insultant un symbole respecté par une partie de la population, notamment les unionistes d’Irlande du Nord, pour qui la reine Elizabeth II représentait un lien avec la Couronne.

L’incident pourrait également avoir des répercussions sur les relations entre communautés en Irlande. Les récents événements rapportés par le Belfast Telegraph, comme l’érection de bannières sectaires à Belfast-Est en octobre 2024 ou les fusillades impliquant des dissidents républicains en février 2025, montrent que les tensions entre républicains et loyalistes restent vives. Dans ce contexte, un clip comme celui d’Eskimo Supreme risque d’attiser les divisions, surtout à l’approche de dates sensibles comme le 12 juillet, jour de célébration loyaliste.

Pour les francs-maçons, cette affaire est un rappel des défis auxquels ils font face dans la gestion de leur image publique. La Grande Loge d’Irlande pourrait être amenée à renforcer ses mesures de sécurité et à clarifier sa position sur l’utilisation de ses locaux, afin de restaurer la confiance de ses membres et du public. Par ailleurs, une action en justice contre Eskimo Supreme et Greenback Records pour utilisation non autorisée du Freemasons’ Hall n’est pas à exclure, bien que cela risque d’amplifier encore la visibilité du clip.

Conclusion

L’affaire du clip Spit in it ! d’Eskimo Supreme illustre les défis d’une société irlandaise encore marquée par son passé conflictuel. Entre liberté artistique et respect des sensibilités historiques, entre provocation marketing et responsabilité sociale, les débats suscités par cette vidéo reflètent les tensions persistantes autour de l’identité, de la mémoire et de la coexistence en Irlande. Alors que les réactions continuent d’affluer, une chose est certaine : ce clip, par son caractère provocateur, a réussi à faire parler de lui, mais à quel prix pour la paix sociale ?

Le Grand Maître de la Grande Loge d’Italie rend hommage au Pape

Du site officiel de la granloggia.it

Le 21 avril 2025, le monde a appris avec émotion la disparition du pape François, né Jorge Mario Bergoglio, à l’âge de 88 ans, dans sa résidence de Santa Marta au Vatican. Quelques heures après avoir béni les fidèles lors de la messe de Pâques, il a succombé à un ictus, aggravé par une pneumonie bilatérale qui l’avait affaibli ces dernières semaines. La Grande Loge d’Italie des Anciens, Libres et Acceptés Maçons (GLI-ALAM), une des principales obédiences maçonniques italiennes, s’est associée au deuil universel dans un communiqué signé par son Grand Maître, Luciano Romoli, le 22 avril 2025.

Cet hommage, publié sur le site officiel de la GLI-ALAM, célèbre un pasteur qui, par son magistère et sa vie, a incarné des valeurs chères à la franc-maçonnerie : la fraternité, l’humilité et la quête d’un humanisme planétaire. Cet article revient sur cet hommage, explore les convergences entre l’héritage de François et les principes maçonniques, et réfléchit à l’actualité de son message dans un monde en crise.

Jorge Mario Bergoglio : un Pape venu du « bout du monde »

pape François

Élu le 13 mars 2013, Jorge Mario Bergoglio est entré dans l’histoire comme le premier pape latino-américain, le premier jésuite et le premier non-européen depuis le VIIIe siècle. Né le 17 décembre 1936 à Buenos Aires, dans une famille d’immigrés piémontais et ligures, il a grandi dans le barrio de Flores, marqué par une foi profonde et un engagement social dès son jeune âge. Devenu archevêque de Buenos Aires en 1998, puis cardinal en 2001, il s’est distingué par sa simplicité et sa proximité avec les pauvres, vivant dans un modeste appartement et refusant les fastes de sa charge. « La mia gente è povera e io sono uno di loro », disait-il, expliquant son choix de renoncer aux privilèges pour partager le quotidien des plus démunis.

En choisissant le nom de François, en hommage à saint François d’Assise, il a annoncé dès son élection un pontificat placé sous le signe de l’humilité, de la miséricorde et de la fraternité. « Venu de la fin du monde », comme il l’a déclaré en s’adressant à la foule place Saint-Pierre le soir de son élection, il a su ramener l’enseignement révolutionnaire de saint François à l’actualité, en plaçant les « derniers » – les pauvres, les migrants, les marginalisés – au cœur de son magistère. Comme le souligne Luciano Romoli, « Jorge Mario Bergoglio a su changer l’Église », en renouvelant son message pour répondre aux défis du XXIe siècle.

Une résonance avec les valeurs maçonniques

Le Grand Maître de la Grande Loge d’Italie de l’ALAM, Luciano Romoli

La GLI-ALAM, dans son communiqué, met en lumière une « profonde résonance » entre l’œuvre de François et les principes fondamentaux de la franc-maçonnerie. Si l’histoire a souvent opposé l’Église catholique et la franc-maçonnerie – notamment sous le pontificat de Léon XIII, qui condamnait la maçonnerie dans l’encyclique Humanum Genus (1884) –, le règne de François a marqué une rupture, en privilégiant le dialogue et la recherche de terrains communs. « La centralité de la personne, le respect de la dignité de chaque individu, la construction d’une communauté solidaire, la recherche du bien commun » : ces valeurs, énoncées par la GLI-ALAM, sont au cœur de l’idéal maçonnique, mais aussi de l’enseignement de François.

L’encyclique Fratelli tutti, publiée en 2020 en pleine pandémie de Covid-19, illustre cette convergence. Elle appelle à une fraternité universelle qui transcende les divisions religieuses, culturelles et idéologiques. « Dépasser les divisions, les idéologies et les pensées uniques pour reconnaître la richesse des différences et construire une humanité unie dans la diversité », écrit Luciano Romoli. Ce message fait écho à la devise maçonnique – Liberté, Égalité, Fraternité – et à la mission des loges : unir les hommes par-delà leurs différences, dans une quête commune de vérité et de justice.

Foi et raison : un dialogue partagé

Un autre point de convergence réside dans l’approche de François face à la foi et à la raison. Comme le note la GLI-ALAM, le pape a renouvelé le principe anselmien du credo ut intelligam (« je crois pour comprendre »), en conjuguant foi et raison comme deux dimensions complémentaires de l’expérience humaine. François a prôné une foi ouverte, capable de se remettre en question, d’accueillir le doute et de dialoguer – une démarche qui trouve un écho dans la méthode initiatique maçonnique. En loge, les maçons s’engagent dans une recherche de la vérité libre de dogmes, fondée sur le questionnement, la réflexion et l’échange. Ce dialogue entre foi et raison, incarné par François, résonne avec le chemin maçonnique, qui invite chaque frère ou sœur à explorer les mystères de l’existence sans préjugés ni certitudes imposées.

Une « douce révolution » au service des plus démunis

Le pontificat de François s’est distingué par sa mise en avant des plus démunis, un engagement qui a marqué les esprits. Dès ses premiers gestes – refuser la limousine papale pour un minibus, laver les pieds de prisonniers ou de réfugiés lors du Jeudi saint –, il a incarné une Église « pauvre pour les pauvres ». Cette priorité accordée aux « derniers » s’est traduite dans ses encycliques, comme Laudato si’ (2015), qui appelle à protéger la « maison commune » qu’est la planète, et dans son initiative « Économie de François », un mouvement lancé en 2020 pour promouvoir un modèle économique centré sur la dignité humaine, la justice sociale et la durabilité.

La GLI-ALAM voit dans cette « douce révolution » une profonde correspondance avec la construction maçonnique du « Temple intérieur ». En franc-maçonnerie, ce temple symbolise l’âme de l’initié, polie par la tolérance, la solidarité et la résistance contre l’ignorance et la haine. François, par son humilité et son dialogue, a montré que ces vertus sont des instruments de force authentique. « L’humilité et le dialogue sont des instruments de force authentique », écrit Luciano Romoli, soulignant combien le pape a su, par sa simplicité, redonner une voix aux exclus et rappeler à l’humanité l’importance de la fraternité.

Une vision partagée : la conscience planétaire

Pape Jean XXIII

Dans un monde marqué par des crises multiples – climatiques, migratoires, sociales –, François a lancé un appel à une « conscience planétaire », une vision d’une humanité unie comme une « communauté de destin ». Cet appel résonne avec les idéaux maçonniques, qui prônent une fraternité universelle et un engagement pour un avenir juste et solidaire. La GLI-ALAM, dans son communiqué, affirme partager cette vision, en s’engageant pour « une éthique des limites, le respect d’autrui et la construction d’un Temple fondé sur la solidarité, la liberté de pensée et la fraternité universelle ».

Cette convergence n’est pas nouvelle. Déjà sous le pontificat de Jean XXIII (1958-1963), l’Église avait amorcé un dialogue avec les valeurs humanistes, notamment lors du concile Vatican II, qui a ouvert la voie à une meilleure compréhension entre catholiques et maçons. François a poursuivi cette ouverture, en rencontrant des représentants de diverses traditions spirituelles et en plaidant pour une « culture de la rencontre ». En 2016, lors d’un voyage en Arménie, il a déclaré : « Construire des ponts, pas des murs », une phrase qui pourrait être un mot d’ordre maçonnique, tant elle reflète la mission des loges de favoriser l’union et la compréhension mutuelle.

L’héritage de François : un défi pour l’avenir

Grande Loge d'Italie
Grande Loge d’Italie

Le décès de François laisse un vide immense, mais aussi un héritage riche pour l’Église et pour l’humanité. Son pontificat, marqué par des réformes audacieuses – comme la lutte contre les abus sexuels dans l’Église, la réforme de la Curie romaine, ou encore la défense des droits des migrants –, a redonné espoir à ceux qui voyaient en l’Église une institution figée. En plaçant les pauvres et la planète au centre de son magistère, il a rappelé que la spiritualité ne peut être déconnectée de l’action concrète.

Pour la franc-maçonnerie, et en particulier pour la GLI-ALAM, cet héritage est une source d’inspiration. Luciano Romoli conclut son hommage en affirmant que la GLI-ALAM honorera la mémoire de François en continuant à œuvrer pour un monde plus solidaire. Les maçons, à travers leurs travaux en loge, s’efforcent de construire ce « Temple » symbolique, où la tolérance et la fraternité sont les pierres angulaires. Comme François, ils croient en la puissance de l’humilité et du dialogue pour transformer le monde, un pas à la fois.

La Grande Loge d’Italie : une voix humaniste

Garibaldi

Fondée en 1956, la Grande Loge d’Italie des ALAM est une obédience mixte, regroupant hommes et femmes dans une quête commune de lumière et de vérité. Héritière de la tradition maçonnique italienne, marquée par des figures comme Giuseppe Garibaldi, elle se distingue par son engagement humaniste et son ouverture au dialogue interspirituel. Sous la direction de Luciano Romoli, Grand Maître depuis 2020, la GLI-ALAM a multiplié les initiatives pour promouvoir les valeurs maçonniques dans la société italienne, notamment à travers des conférences, des actions caritatives et des prises de position sur des enjeux comme l’écologie et les droits humains.

Cet hommage au pape François illustre la volonté de la GLI-ALAM de transcender les clivages historiques entre la franc-maçonnerie et l’Église catholique. En reconnaissant dans le pontificat de François un reflet de ses propres idéaux, l’obédience montre que les valeurs humanistes – fraternité, justice, dignité – peuvent unir les hommes par-delà leurs différences de croyance.

Un message intemporel pour un monde en crise

Le Pape François et le Cardinal Zuppi. Photo: Diocèse de Bologne

En cette période de deuil, l’appel de François à une « conscience planétaire » résonne comme un défi pour l’avenir. Dans un monde marqué par les inégalités, les conflits et la crise climatique, son message invite à repenser nos priorités : placer l’humain avant le profit, la solidarité avant l’égoïsme, la planète avant l’exploitation. Ces idées, portées par François tout au long de son pontificat, trouvent un écho dans les travaux maçonniques, où chaque initié est appelé à contribuer à la construction d’un monde meilleur.

En honorant la mémoire de François, la GLI-ALAM réaffirme son engagement pour un humanisme universel. Comme le pape l’a fait à travers ses gestes et ses paroles, les maçons s’efforcent, à leur manière, de bâtir des ponts entre les hommes, de cultiver la tolérance et de promouvoir la fraternité. En ce sens, François, le « pape des derniers », restera une source d’inspiration pour tous ceux qui croient en la possibilité d’un monde plus juste – qu’ils soient catholiques, maçons, ou simplement humanistes.

Luciano Romoli
Grand Maître de la Grande Loge d’Italie de l’ALAM
Rome, le 22 avril 2025

26/04/25 : « Compagnonnages et Franc-Maçonnerie » : une conférence de Jean-Michel Mathonière à Saint-Nazaire

Ce samedi 26 avril 2025, Saint-Nazaire accueillera une conférence très attendue animée par Jean-Michel Mathonière, historien de renom et spécialiste des compagnonnages. Intitulée Compagnonnages et Franc-Maçonnerie, cette rencontre se tiendra à la Galerie des Franciscains, de 15h00 à 17h30, et sera gratuite pour le public.

Organisée dans le cadre des initiatives culturelles de la ville, elle promet d’éclairer les liens historiques, symboliques et culturels entre ces deux traditions initiatiques souvent mal comprises. Alors que Saint-Nazaire se prépare à une belle journée printanière, cet article propose une plongée dans les thèmes qui seront abordés, le parcours de Mathonière et le contexte de cette conférence.

Jean-Michel Mathonière : une autorité en matière de compagnonnages

Jean-Michel Mathonière

Jean-Michel Mathonière, né en 1958 à Montluçon, est une figure incontournable dans l’étude des compagnonnages et des traditions artisanales. Après une première carrière comme dessinateur en bâtiment et génie civil, il s’est tourné vers l’édition et la librairie, avant de se consacrer pleinement à la recherche historique. En 1993, il a fondé à Dieulefit (Drôme) les éditions La Nef de Salomon, une maison spécialisée dans les traditions initiatiques et les savoirs artisanaux. Il est également le créateur du Centre d’étude des compagnonnages à Avignon, membre de l’Académie de Vaucluse et de l’Association francophone des historiens de la construction. Son expertise l’a conduit à intervenir dans des cadres prestigieux, comme la Bibliothèque nationale de France en 2015, lors d’une conférence mondiale sur le mutualisme, la franc-maçonnerie et l’histoire, où il a prononcé une intervention remarquée intitulée Savoirs et emblèmes du savoir chez les compagnons tailleurs de pierre à la fin de l’Ancien Régime.

Mathonière est l’auteur de plusieurs ouvrages de référence, parmi lesquels Travail et Honneur : les Compagnons Passants tailleurs de pierre en Avignon aux XVIIIe et XIXe siècles (1996, coécrit avec Laurent Bastard) et Le serpent compatissant : iconographie et symbolique du blason des Compagnons tailleurs de pierre (2001). En 2013, il a été le commissaire de l’exposition La règle et le compas au Musée de la Franc-Maçonnerie à Paris, une initiative qui explorait les influences opératives et spéculatives dans la franc-maçonnerie. Cette conférence à Saint-Nazaire s’inscrit dans la continuité de ses travaux, visant à démystifier les relations entre compagnonnage et franc-maçonnerie, souvent entourées de malentendus et de stéréotypes.

Compagnonnage et Franc-maçonnerie : des origines distinctes

La conférence promet de poser les bases historiques des deux traditions, en soulignant leurs origines et leurs objectifs distincts. Le compagnonnage, né au Moyen Âge, est une organisation ouvrière qui vise à transmettre les savoirs techniques et les valeurs morales aux artisans itinérants, notamment les tailleurs de pierre, charpentiers, couvreurs et autres métiers du bâtiment. Structuré autour du Tour de France, un périple initiatique permettant aux compagnons de parfaire leur art et leur caractère, le compagnonnage repose sur des rites, des symboles et une forte identité corporative. Les compagnons utilisaient des emblèmes comme l’équerre, le compas ou le serpent compatissant – un symbole de régénération et de sagesse – pour marquer leur appartenance et leur maîtrise.

La Franc-maçonnerie, quant à elle, émerge au XVIIe siècle en Écosse et en Angleterre, avant de se diffuser en France au début du XVIIIe siècle. D’abord opérative, c’est-à-dire liée aux métiers de la construction (les maçons bâtisseurs des cathédrales), elle évolue rapidement vers une forme spéculative, axée sur la réflexion philosophique et morale. Les maçons spéculatifs, qui n’étaient plus des artisans mais des intellectuels et des bourgeois, adoptent les outils des bâtisseurs – l’équerre, le compas, le maillet – comme symboles de leur quête intérieure. Leur objectif n’est plus de construire des édifices matériels, mais un « temple intérieur », métaphore de l’élévation spirituelle et de la recherche de vérité.

Jean-Michel Mathonière devrait insister sur un point clé : bien que les deux traditions partagent des symboles comme l’équerre et le compas, ces outils n’ont pas la même signification. Pour les compagnons, ils représentent la maîtrise technique et la droiture morale dans le métier ; pour les maçons, ils incarnent des concepts abstraits, comme l’équilibre entre raison et intuition ou la quête de perfection.

Points de convergence et divergences

L’un des aspects les plus attendus de la conférence est l’analyse des points de convergence et des divergences entre les deux traditions. Le compagnonnage et la franc-maçonnerie partagent une structure initiatique, avec des rites de passage marquant l’évolution de l’individu. Dans le compagnonnage, le jeune aspirant devient compagnon après avoir réalisé un « chef-d’œuvre », une pièce démontrant sa maîtrise technique et artistique. En franc-maçonnerie, le profane progresse à travers les grades d’apprenti, de compagnon et de maître, chacun accompagné de rituels symboliques visant à approfondir sa compréhension des valeurs maçonniques.

Les deux mouvements valorisent également la fraternité et la transmission. Chez les compagnons, cette transmission passe par l’apprentissage direct du métier et des valeurs éthiques, souvent dans un cadre communautaire comme les « cayennes » (auberges compagnonniques). En franc-maçonnerie, elle s’effectue à travers les travaux en loge, où les symboles, les rituels et les discussions philosophiques nourrissent la réflexion collective.

Cependant, les divergences sont tout aussi significatives. Le compagnonnage reste ancré dans le monde du travail manuel et de l’artisanat, avec une finalité pratique : former des artisans compétents et vertueux. La franc-maçonnerie, en revanche, s’adresse à des individus issus de milieux sociaux variés, souvent plus aisés, et se concentre sur une quête spirituelle et intellectuelle. Mathonière devrait également évoquer les tensions historiques entre les deux traditions, notamment au XVIIIe et XIXe siècles, lorsque certains compagnons percevaient la franc-maçonnerie comme une organisation élitiste cherchant à s’approprier leurs symboles et leurs rites.

Une influence mutuelle à explorer

Un autre thème central de la conférence sera l’influence mutuelle entre compagnonnage et franc-maçonnerie, un sujet que Mathonière maîtrise particulièrement grâce à ses recherches sur les tailleurs de pierre. Au XVIIIe siècle, période charnière, les deux traditions se croisent fréquemment, notamment dans les grandes villes comme Paris ou Avignon. Certains compagnons, séduits par les idéaux maçonniques, rejoignent des loges, tandis que des maçons s’intéressent aux rites et aux symboles compagnonniques, qu’ils intègrent dans leurs propres pratiques. Par exemple, le mythe d’Hiram Abiff, central dans la franc-maçonnerie et symbolisant la quête de la lumière à travers la mort et la résurrection, pourrait avoir été influencé par les légendes compagnonniques autour de Maître Jacques et du Père Soubise, figures fondatrices du compagnonnage.

Inversement, des compagnons adoptent des éléments maçonniques, comme l’organisation en grades ou l’usage de symboles universels. Mathonière devrait toutefois nuancer cette influence mutuelle : si des emprunts existent, ils sont souvent le fruit de contextes locaux et ne reflètent pas une fusion des deux traditions. Il est probable qu’il mette également en garde contre les théories simplistes qui prétendent que la franc-maçonnerie serait une « évolution » du compagnonnage, une idée répandue mais historiquement infondée.

Saint-Nazaire : un cadre idéal pour une telle réflexion

L’événement se tiendra à la Galerie des Franciscains, située au 25 rue du Croisic à Saint-Nazaire, un lieu culturel bien connu des habitants. Saint-Nazaire, ville au riche passé industriel et maritime, est un cadre idéal pour cette conférence. Avec ses chantiers navals historiques, comme ceux de l’Atlantique (aujourd’hui STX France), elle a été un terreau fertile pour le compagnonnage, notamment pour les charpentiers et les forgerons. La franc-maçonnerie y est également implantée depuis le XVIIIe siècle, avec des loges affiliées au Grand Orient de France et à d’autres obédiences. En 2025, alors que Saint-Nazaire continue de se réinventer à travers des projets culturels et touristiques, cette conférence offre une occasion de reconnecter la ville à son héritage artisanal et initiatique.

La ville mise de plus en plus sur la culture pour diversifier son attractivité, comme en témoignent des événements à venir, tels que le Festival Les Escales, prévu du 25 au 27 juillet 2025, qui célèbre les musiques du monde. La conférence de Mathonière s’inscrit dans cette dynamique, en proposant un éclairage historique et intellectuel accessible à tous, dans un esprit d’ouverture et de dialogue.

Pourquoi assister à cette conférence ?

Cette conférence est une opportunité rare d’entendre un spécialiste de la trempe de Jean-Michel Mathonière, dont les travaux font autorité dans le domaine des compagnonnages. Elle s’adresse autant aux initiés qu’aux profanes, offrant un regard éclairé sur deux traditions qui ont façonné l’histoire sociale et culturelle de la France. Les participants pourront s’attendre à une présentation rigoureuse, enrichie d’exemples concrets tirés des recherches de Mathonière, notamment sur les tailleurs de pierre d’Avignon et leurs emblèmes symboliques.

Mathonière devrait également inviter le public à réfléchir à l’actualité des valeurs portées par le compagnonnage et la franc-maçonnerie. Dans un monde marqué par la globalisation et la standardisation, le compagnonnage rappelle l’importance de la transmission des savoir-faire artisanaux et de l’éthique du travail bien fait. La franc-maçonnerie, quant à elle, offre un espace de réflexion sur les grandes questions philosophiques et sociétales, comme la liberté, la tolérance et la fraternité – des valeurs particulièrement pertinentes en 2025, alors que l’Europe traverse des crises migratoires, climatiques et sociales.

Informations pratiques :

  • Date et horaire : Samedi 26 avril 2025, de 15h00 à 17h30.
  • Lieu : Galerie des Franciscains, 25 rue du Croisic, 44600 Saint-Nazaire.
  • Tarif : Gratuit, ouvert à tous, dans la limite des places disponibles.
  • Contact : Pour plus d’informations, contacter les organisateurs via les canaux officiels de la ville de Saint-Nazaire (www.saintnazaire.fr).

Une occasion de démystifier deux traditions

À l’approche de cette conférence, Saint-Nazaire se prépare à accueillir un moment de réflexion et de découverte. Jean-Michel Mathonière, avec son érudition et sa clarté, devrait réussir à démystifier les compagnonnages et la franc-maçonnerie, souvent entourés de clichés et de fantasmes. En montrant que ces traditions, bien que distinctes, partagent un idéal commun – l’élévation de l’individu, qu’elle soit technique, morale ou spirituelle –, il offrira au public une nouvelle perspective sur ces héritages culturels. Pour les habitants de Saint-Nazaire et les visiteurs de passage, ce rendez-vous est une occasion unique de plonger dans l’histoire, les symboles et les valeurs qui ont façonné des générations d’artisans et de penseurs. Ne manquez pas cette rencontre, ce samedi 26 avril 2025, à la Galerie des Franciscains !

ARGINY : L’histoire secrète de l’Ordre du Temple (3/4)

L’histoire secrète de l’Ordre du Temple

Le symbole de l’alambic.

Retrouvez l’épisode de la semaine dernière (cliquez ici)

Après avoir examiné les significations qu’il est possible de donner aux « S » barrés présents dans les armoiries du château d’Arginy, en ne perdant pas de vue que nous sommes loin d’avoir épuisé notre sujet, il nous reste à examiner deux symboles situés au même niveau que les « S » barrés, mieux encore, qui sont chacun encadrés par quatre de ces « S ». En bas à gauche, nous voyons un symbole qui à première vue pourrait faire penser à deux « X » enlacés car il est très abîmé, mais qui se révèle être en définitive un « Λ » (le lambda grec en capitale) et un « V », tout deux enlacés. En bas à droite, le second symbole à la forme de deux « Φ » (le phi grec en capitale) superposés l’un sur l’autre.

En ce qui concerne le premier symbole, le rapprochement le plus évident, toujours dans le cadre d’une interprétation alchimique, suggère que nous serions en présence du symbole qui désigne un alambic qui est un appareil qui permet de réaliser une distillation. Outil central en Alchimie, l’alambic permet de séparer, par chauffage et dans une enceinte fermée, les huiles aromatiques essentielles enfermées dans les fleurs, les feuilles, les racines, etc. Les alchimistes ont développé la distillation dans le cadre de la décomposition des substances, c’est-à-dire de leur purification. Notons que l’alambic n’est pas l’Athanor, c’est-à-dire le « four cosmique » où s’opèrent toutes les phases du Grand Œuvre jusqu’à la réalisation de la Pierre Philosophale. La question qui se pose alors est celle de savoir pourquoi cet alambic est entouré de quatre « S » barrés ? Encore une fois, la réponse à cette question n’est pas aisée. La logique voudrait que cette partie des armoiries indiquerait seulement une étape du Grand Œuvre Alchimique qui devrait être effectuée dans un alambic, mais ce n’est qu’une hypothèse.

Ci-dessus : En bas à gauche des armories du château d’Arginy, nous voyons un symbole qui à première vue pourrait faire penser à deux « X » enlacés car il est très abîmé, mais qui se révèle être en définitive un « Λ » (le lambda grec en capitale) et un « V » enlacés (photo, Daniel Robin, février 2024).
Ci-dessus : Le symbole de l’alambic représenté dans des ouvrages traitant d’Alchimie.

Double Phi, nombre d’or et pentagramme.

Le second symbole qui nous intéresse est situé en bas à droite dans les armoiries. Bien que très abîmé lui aussi, il est relativement facile de distinguer deux « ΦΦ » (le phi grec en capitale) superposés l’un sur l’autre. Comme pour le symbole de l’alambic, ces deux « ΦΦ » sont encadrés par quatre « S » barrés. Il ne fait pas de doute que cette disposition répond à une profonde logique interne en lien avec des opérations alchimique comme nous le supposons. Très rapidement, j’ai fait le rapprochement entre ces deux « ΦΦ » et le nombre d’or encore appelé section dorée, proportion dorée, ou divine proportion. « Phi » (Phi : initiale de Phidias, le sculpteur et architecte grec du Parthénon) est le nombre d’or. Mais la question était de savoir pourquoi il y avait deux « Phi » superposés ? Qu’est-ce que cela pouvait signifier ? Encore une fois, la réponse ne se fit pas attendre et je propose l’hypothèse selon laquelle les deux « Phi » sont Phi2, soit : 1,6180339887…2. Hors il se trouve que 1,6180339887… est l’unique solution positive de l’équation : φ2 = φ + 1 (1,6180339887… x 1,6180339887… = 2,6180339887…, c’est-à-dire 1,6180339887… +1). En réalité, les décimales qui suivent la virgule sont en nombre infini et une valeur approchée donne : 1,618 033 988 749 894 848 204 586 834 365 638 117 720 309 179 805 762 862 135 448 622 705 260 462 818 902 449 707 207 204… La connaissance du nombre d’or est très ancienne et les historiens s’accordent pour dire que sont origine connue remonte à l’école pythagoricienne fondée par Pythagore (580-495 av. J.-C.). Il s’avère cependant que ce nombre était bien connu des anciens égyptiens et qu’il est omniprésent dans la pyramide de Khéops ou Grande Pyramide de Gizeh. Un exemple : le rapport de l’apothème (hauteur d’une face latérale) de la pyramide de Khéops divisé par sa demi-base est égal au nombre d’or. En 1509, le mathématicien et moine franciscain, Luca Pacioli (1445-1517), publie un ouvrage intitulé « Divina Proportione », illustré par Léonard de Vinci, et il est le premier traité consacré pour une large part au nombre d’or.

Ci-dessus : En bas à droite dans les armoiries, nous voyons deux « ΦΦ » (le phi grec en capitale) superposés l’un sur l’autre. Comme pour le symbole de l’alambic, ces deux « ΦΦ » sont encadrés par quatre « S » barrés (illustration Daniel Robin).

Si nous allons plus loin dans l’analyse du symbole du double « ΦΦ », ou Phi2, nous voyons qu’il est présent dans le pentagramme régulier ou pentacle étoilé à cinq branches. Le pentagramme régulier est lié au nombre d’or et au triangle d’or. Les disciples de Pythagore par exemple, considéraient le pentagramme comme l’emblème de la perfection et comme le symbole de l’être humain (la tête et les quatre membres). Ils associaient le pentacle au nombre d’or et au dodécaèdre qui est le cinquième solide platonicien formé de douze faces pentagonales, symbole des cieux. Le pentagramme était aussi un signe de reconnaissance entre les disciples.

Si nous insérons une étoile à cinq branches dans un pentagone régulier (polygone à cinq côtés et cinq diagonales) dont chaque côté vaut une unité, les grandes diagonales (A-E, A-B, C-D, etc.) sont égales à Φ (1,618…). Les branches de l’étoile inscrite dans le pentagone régulier sont égales à 1/Φ, soit : 0,618… Le côté du pentagone interne, noté « F-E », situé dans l’étoile inscrite vaut 1/Φ2, soit 0,3819… Le côté du grand pentagone vaut Φ2 fois le côté du petit pentagone inscrit, soit 2,618 : E-B = Φ2 x F-E (voir illustration ci-dessous).

Ci-dessus : Si nous insérons une étoile à cinq branches dans un pentagone régulier dont chaque côté vaut « 1 », les grandes diagonales (A-E, A-B, C-D, etc.) sont égales à Φ, et les branches de l’étoile inscrite dans le pentagone régulier sont égales à 1/Φ (illustration Daniel Robin).

Notre hypothèse établissant un lien entre le symbole « ΦΦ » présent dans les armoiries et le pentagramme semble être confirmé par la présence d’une étoile à cinq branche (pentagramme ou pentacle) dans le Cimier des armoiries d’Arginy. Je rappelle brièvement que le Cimier est le nom donné à la partie la plus élevée dans les ornements extérieurs de l’écu et qui est placée sur le haut du casque (heaume). Généralement, cette pièce est formée, soit par des plumes ou panaches, soit par des animaux ou des monstres chimériques. La présence d’une étoile à cinq branche dans le Cimier semble plutôt rare. En ce qui me concerne, je n’ai pas trouvé d’autres exemples d’armoiries avec une étoile à cinq branches dans le Cimier.

Rien dans les armoiries n’est laissé au hasard, et tout élément « décoratif » (meuble) à sa raison d’être. Placer une étoile à cinq branches dans le Cimier des armoiries du château d’Arginy doit nécessairement avoir un sens précis en lien avec les autres parties de ces armoiries. Pour un noble de la Renaissance, cette étoile à cinq branche, ou pentagramme, est un symbole qui peut avoir plusieurs significations. Dans le dessin de « L’homme de Vitruve » par exemple, l’« initié » de la Renaissance retrouvera les proportions idéales et « divines » du corps humain inscrit dans un cercle représentant le Ciel, et un carré représentant la Terre. Le sens profond de ce dessin est donc que l’Homme, création divine vivant sur la Terre, est l’intermédiaire entre le Ciel et la Terre. Les proportions idéales de l’Homme sont comme le « module » de base à partir duquel s’organise toute l’architecture des bâtiments de la cité. L’Homme est la mesure de tout. Le symbole de cette fonction d’intermédiaire entre le Ciel et la Terre est l’étoile à cinq branches située entre le quatre du carré terrestre et le cercle de l’unité céleste.

Notons enfin qu’en Alchimie, l’étoile marque une étape importante du Grand Œuvre. A ce moment clé, elle se dessine sur la matière première cristallisée et prend le nom de « régule étoilé ». Lorsqu’elle apparaît dans la matière c’est le signe que le Grand Œuvre est prêt à s’accomplir. L’étoile c’est aussi celle du pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle, un lieu où une étoile vint marquer l’emplacement du tombeau de l’apôtre Jacques. Compostelle : une étoile (« stella ») tombée dans la terre (le « compost », issu du mot latin « campus », le champ). Compostelle (Compost stella) est le champ de l’étoile. La coquille Saint-Jacques ou Mérelle de Compostelle est portée par tous ceux qui entreprennent le travail et cherchent à obtenir l’étoile. On rencontre fréquemment dans les églises de grandes coquilles qui contiennent l’eau bénite. Mérelle signifie « mère de la Lumière ». Elle sert à désigner le principe Mercure, appelé encore Voyageur ou Pèlerin, ou encore « l’eau benoîte » des Philosophes.

Ci-dessus : Dans le Cimier des armoiries du château d’Arginy nous voyons une étoile à cinq branches ou pentagramme régulier (Pentacle). Cette étoile est celle qui est figuré dans le blason de la famille Camus : d’azur à trois croissants d’argent une étoile d’or en abyme. Cette figure a-t-elle un rapport avec les deux « ΦΦ » situés en bas à droite dans ces mêmes armoiries ? (Illustration Daniel Robin).
Ci-dessus : « L’homme de Vitruve ». Ce dessin réalisé à la plume, encre et lavis, est une étude des proportions du corps humain selon Vitruve réalisé par Léonard de Vinci vers 1492. L’homme est placé au centre, entre le carré (Terre) et le cercle (Ciel). Bras écarté et pieds presque joints, formant une croix, l’homme s’inscrit dans le carré terrestre. Bras élevés et jambes écartés, l’homme s’inscrit dans le cercle céleste. Entre le Ciel et la Terre, l’Homme est une étoile à cinq branches (un pentagramme).
Ci-dessus : A gauche, l’Homme inscrit dans un pentagramme (une étoile à cinq branches), illustration de Henri Corneille Agrippa (1486-1535), tiré de son traité « De occulta philosophia » (1531). A droite, l’étoile flamboyante à cinq branches des Francs-Maçons avec la lettre « G » au centre dont la signification reste à bien des égards mystérieuse. D’un point de vue général cette figure signifie que la réalité humaine est inscrite dans l’étoile flamboyante à cinq branches. Le chiffre 5 est comme le « sceau » qui marque le niveau humain. C’est une représentation symbolique de l’état humain. Dans certaine représentation de l’étoile flamboyante, la lettre « G » est remplacée par « l’œil qui voit tout ». La lettre « G » et « l’œil qui voit tout » spécifient en quelque sorte le centre de l’état humain, c’est-à-dire le « lieu » où s’effectue le passage vers les états supérieurs. Entre le Ciel et la Terre, entre le compas et l’équerre, l’Etoile Flamboyante figure l’Homme, assemblage d’un peu de « boue » (Terre) dans lequel a été insufflée une parcelle du souffle divin (Ciel). L’étoile permet le passage du carré au cercle, de l’équerre au compas. A noter aussi que le caractère flamboyant et rayonnant de l’étoile suggère un rapport étroit avec l’énergie, la chaleur et la lumière. La lumière est bien évidemment la Lumière spirituelle.

Comme nous l’avons signalé plus haut, les motifs (meubles) représentés sur l’écu des armoiries de Claude Camus d’Arginy, fils de Jean Camus, Trésorier général de France, pourraient bien être ceux qui figuraient sur l’écu des armoiries sculptées au-dessus de la porte du château d’Arginy. Outre l’étoile et les trois croissants, la coquille y est représentée douze fois avec une disposition singulière. La coquille est un meuble qui est fort usité en armoiries, et elle figure sur de nombreux Blasons. Bien souvent, elle désigne les voyages dans le Levant et les pèlerinages. La coquille utilisée en héraldique est stylisée de dos. Anciennement, les héraldistes distinguaient la coquille de Saint-Jacques, de grande taille, et celle de Saint-Michel, de taille plus petite. Elle est rarement représentée comme meuble principal, mais vient souvent en accompagnement ou chargement d’une pièce principale. L’utilisation du symbole de cette coquille pour les pèlerins et Croisés de Terre Sainte est avérée. Elle fut utilisée pour symboliser le nombre d’individus ou le nombre de pèlerinages, y compris les croisades, fait en Terre sainte par la famille porteuse du blason. Quant au croissant, il est le symbole de la noblesse, de l’accroissement de richesses, de l’honneur et de la renommée. Il rappelle les croisades et les expéditions contre les Sarrasins et les Barbaresques. Si les coquilles qui figurent dans des armoiries de Claude Camus d’Arginy ne sont pas forcément des coquilles de Saint-Jacques de Compostelle montrant qu’il s’intéressait au Grand Œuvre alchimique, elles pourraient tout simplement signifier que des membres de sa lignée firent le pèlerinage à Saint-Jacques ou celui de la Terre sainte.

Des Templiers alchimistes à Arginy ?

Depuis 1952, date à laquelle Jacques Breyer s’installa à Arginy pour une durée de sept ans, le château suscite l’intérêt de nombreux chercheurs venant d’horizons intellectuels fort variés et dont les motivations vont de la recherche la plus triviale du fameux trésor matériel des Templiers, jusqu’à la noble quête d’un hypothétique « trésor » spirituel (alchimique, théurgique, etc.) qui serait inscrit dans la pierre de ses murailles, dans une strate des dimensions subtiles et des autres dimensions. L’un n’excluant pas l’autre d’ailleurs. Bien qu’il ne soit pas certain que les Templiers furent un temps propriétaires des lieux et s’occupèrent du domaine, une « légende » tenace lie Arginy aux Templiers. Cette « légende » ou cette « rumeur » repose selon moi sur des faits réels qui semblent confirmés par les « expériences oniriques » de Gabrielle Carmi.

Je n’ai pas l’intention de trancher ici cette question des liens entre Arginy et les Templiers qui divise encore les chercheurs aujourd’hui. Tout ce que je puis dire, c’est que même si les Templiers ne firent pas officiellement d’Arginy leur fief, ils n’ignoraient pas l’endroit et pouvaient s’en servir comme « base de repli » par exemple. Pour que le château puisse d’ailleurs jouer ce rôle, il valait mieux que le lien entre lui et les Templiers ne soit pas clairement établi pour des observateurs extérieurs. Arginy aurait pu être ce qu’on peut appeler une « commanderies occulte » ou siégeait un « chapitre occulte ». C’est une hypothèse qui est partagée par de nombreux chercheurs et ce fut celle de Jacques Breyer et ses disciples. L’inconvénient de cette hypothèse c’est qu’il est difficile d’apporter des preuves factuelles (documents historiques, traces dans la pierre, etc.) pour l’étayer.

Ce qui est certain en tout cas, c’est que les armoiries de la porte d’entrée du château soulèvent des questions intéressantes qui vont dans le sens de ceux qui pensent que le domaine fut le repère d’une sorte de « lignée d’initiés » et d’alchimistes qui remonterait au moins au début de la Renaissance, c’est-à-dire du début du XIVe siècle, et s’étendrait jusqu’au début du XVIIe siècle.

Nous avons vu que l’entrée monumentale du château d’Arginy aurait été édifiée aux environs de 1626. Cette « lignée d’initiés » reste malgré tout fort mystérieuse et les armoiries de la porte d’entrée suggèrent qu’ils s’intéressaient de près à l’Alchimie. Peut-être étaient-ils d’authentiques Adeptes qui oeuvraient à la fois au laboratoire et à l’oratoire. Si cette hypothèse est valide, nous devrions retrouver à Arginy des traces matérielles de ce laboratoire alchimique. Ce qui ne semble pas être le cas pour le moment. Tout ce que nous pouvons dire à ce stade, c’est que notre étude des armoiries du château montrent qu’elles comportent des signes mystérieux qui semblent avoir des liens avec la quête Alchimique entreprise au château d’Arginy et plus particulièrement dans la grande tour des « 8 béatitudes ». Ce constat est factuel et peut être vérifié par n’importe quel chercher impartial. Est-ce que les alchimistes qui oeuvraient à Arginy étaient des Templiers ? C’est une question qui mérite examen, mais rien dans les armoiries permet de répondre par l’affirmative.

Le problème c’est, qu’aujourd’hui, le château est fermé et le propriétaire ne donne aucune autorisation pour le visiter. Il joue en quelque sorte le rôle de « gardien du seuil » (le Dragon qui crache le feu) ou de « gardien du trésor », et il ne recule devant aucune menace pour empêcher toute intrusion sur le domaine. De ce point de vue, il rempli fort bien sa « mission », et j’en ai fait moi-même l’expérience. Devant tant de précautions et de protections, la question qui se pose est celle de savoir si ce propriétaire ne serait pas en possession de quelques informations sensibles concernant un « dépôt » à Arginy. En ce qui me concerne, je pense que c’est effectivement le cas. Plusieurs indices, qu’il serait trop longs d’exposer ici, vont dans ce sens. Un indice fort concerne le lien qui semble exister entre le château d’Arginy et le château Du Sou situé à environ une vingtaine de kilomètres au Sud-Ouest du premier. Par ailleurs, près du château Du Sou se trouve la chapelle Saint-Paul qui serait une ancienne chapelle de l’Ordre du Temple. Selon certains informateurs, les « mystères » du château d’Arginy convergeraient vers le château Du Sou. Reste à savoir comment peut s’opérer cette mystérieuse « convergence ».

La conclusion qui s’impose en l’état actuel de nos connaissances, est que seule une visite méthodique et approfondie de l’ensemble du domaine d’Arginy pourrait peut être apporter des réponses aux nombreuses questions que se posent les chercheurs.

Nous ne saurions terminer cette brève étude sur le château d’Arginy sans évoquer le livre de Gabrielle Carmi 5 intitulé, Le Temps hors du Temps 6, dans lequel elle nous révèle (page 116, Editions J’ai Lu, collection « L’aventure Mystérieuse », 1973) l’existence d’une crypte située à 80 mètres environ de la tour des « 8 béatitudes » (« en face d’elle » précise le texte au bas de la page 115). Malheureusement, Gabrielle Carmi ne précise pas dans quelle direction il faut chercher pour trouver l’entrée de la crypte. Malgré tout, et en toute logique, nous pouvons déduire que l’expression « en face d’elle » signifie en face de la porte d’entrée de la tour des « 8 béatitudes », donc au Sud (Sud-Ouest) de cette porte. Il se trouve en effet que la quatrième tour de l’enceinte intérieure quadrangulaire (voir plan) a été détruite, et que selon Gabrielle Carmi une crypte se trouverait sous cette tour qui n’existe plus aujourd’hui.

Ci-dessus : Vue aérienne de l’enceinte intérieure quadrangulaire du château d’Arginy. Si nous reconnaissons la véracité des « expériences oniriques » vécues par Gabrielle Carmi, et de nombreux faits dûment vérifier matériellement vont dans ce sens, l’enceinte intérieure comportait une tour située au Sud-Ouest, tour aujourd’hui détruite (sur le montage : « ancienne tour détruite »), sous laquelle se trouverait une crypte abritant un coffre de pierre. Selon Gabrielle Carmi, la crypte se trouve à environ « 80 mètres » en face de la tour des « 8 béatitudes » (montage, Daniel Robin).

Toujours selon Gabrielle Carmi, dans cette crypte souterraine circulaire se trouverait un coffre en pierre posé sur un dallage lui-même en pierre. Ce coffre aurait la forme d’un petit sarcophage d’un mètre de long environ, et son couvercle, également en pierre, serait à deux pentes. Le coffre serait ouvert et laisserait apparaître un très épais recueil fait de feuilles de parchemin. Les feuilles du livre seraient réunies par deux plaques, l’une dessus, l’autre dessous, et reliées par une cordelette en métal sombre formant laçage. Les plaques seraient aussi faites d’un métal sombre.

Le livre décrit par Gabrielle Carmi aurait les mêmes dimensions que les gros livres de musique grégorienne. Une partie des textes se rapportaient à la règle de l’Ordre du Temple. D’autres parties traiteraient des secrets et des techniques dans l’art de bâtir, des règles à suivre pour déterminer l’orientation, la forme et les proportions des bâtiments, des temples et des églises, pour que ceux-ci aient leur pleine valeur du point de vue initiatique.

Ci-dessus : Représentation artistique d’un crypte circulaire au centre de laquelle se trouve un coffre en pierre. La crypte du château d’Arginy n’est peut-être pas très éloignée de cette vision d’artiste.

Plusieurs autres parties du livre concerneraient les enseignements secrets de l’Ordre du Temple, et demeureraient pour nous, totalement incompréhensibles.

Tout ce que nous pouvons ajouter pour le moment, c’est que consulté sur l’existence de ce livre mystérieux dissimulé dans une crypte circulaire du château d’Arginy, Jean de Sarab 7, indiqua qu’il se trouvait bien un livre (le « Livre M » ?) en lien avec l’Ordre du Temple à cet endroit. Connaissant les « capacités psychiques » de ce personnage, nous avons toutes les raisons de croire que son avis recouvre une réalité qu’il nous reste à découvrir.

Selon certains historiens, c’est en 1253 que Louis de Beaujeu (mort en 1295), choisit de quitter le château familial situé près de Monsols dans le Rhône, pour s’installer à Arginy. Ses descendants, Guichard VI le Grand en 1295, Edouard 1er en 1331 et Antoinnette de Beaujeu en 1343, feront également d’Arginy leur demeure principale. A la page 118 de son livre « Le Temps hors du Temps » 6, Gabrielle Carmi rappelle que le château d’Arginy « fut la propriété d’une noble famille de la région et fut occupée successivement, au cour du XIVe siècle, par Guichard I, Guichard II, et Guichard III ». Arginy a donc été historiquement rattaché à l’Ordre du Temple lorsqu’une parente de Guillaume de Beaujeu (1233-1291) a épousé l’un des membres de la lignée des « Guichard », propriétaires du château. Rappelons que la famille de Beaujeu a été pendant près de 20 ans à la tête de l’Ordre du Temple. Guillaume de Beaujeu, 21e Grand-maître de l’Ordre (le 13 mai 1273) appartenait à la famille des sires de Beaujolais bien que son père, Guichard, n’ait jamais été seigneur de Beaujeu. Guillaume de Beaujeu appartenait à une branche cadette de la première Maison de Beaujeu, celle des seigneurs de Montpensier. Probablement né vers 1233, Guillaume de Beaujeu était le troisième ou le quatrième fils de Guichard de Beaujeu seigneur de Montpensier en Auvergne et de Catherine de Clermont dame de Montferrand. Guillaume de Beaujeu, qui avait reçu en héritage la seigneurie de Sevens (ou peut-être Seveux en Bourgogne) choisit pour sa part de rejoindre l’Ordre du Temple vers 1253. Envoyé en Terre Sainte, Guillaume de Beaujeu y effectua une brillante carrière qui le vit occuper tout d’abord l’office de châtelain de la forteresse de Château-Pèlerin, puis celui de maître de la province de Tripoli en 1271 avant d’être rappelé en Italie l’année suivante pour finalement devenir commandeur de la province des Pouilles. Selon des récits tardifs, le frère de Guillaume de Beaujeu aurait fait rapporter son corps au château d’Arginy. La question du « corps » de Guillaume de Beaujeu est encore un mystère qui demande à être résolu.

Toujours selon Gabrielle Carmi, c’est l’un des membres de la lignée des « Guichard » (peut-être Guichard VI), qui reçu à Arginy le précieux « dépôt » des Templiers, principalement constitué de documents et d’un « livre » comme nous l’avons vu.

Daniel Robin

Ecrire à l’auteur : rencontres.sciences.inexplique@gmail.com

Notes

Note 5 : Gabrielle Carmi (de son vrai nom Andrée Fortin) est née en 1904 en Nouvelle-Calédonie, où son père, polytechnicien et officier d’artillerie coloniale, était en service. Elle perdit sa mère à 5 ans. Mariée très jeune à un officier de marine, elle eut quatre enfants. Cela ne l’empêcha pas de faire des études de droit pour se spécialiser dans les problèmes de l’enfance malheureuse ou délinquante. Elle devint Juge pour enfants et travailla pour divers tribunaux de mineurs. Elle créa, dans le Midi de la France, un foyer pour enfants abandonnés, réalisant ainsi un rêve qui lui tenait à cœur. Menacée par la Gestapo pendant la dernière guerre, elle rejoignit la Résistance dans la région lyonnaise. La musique fut de tout temps son mode d’expression préféré et le support de ses méditations. Elle portait un vif intérêt pour l’étude comparée des religions et pour la kabbale. Elle s’occupa activement d’œuvres sociales. Dès son plus jeune âge, elle manifesta des dons de télépathie, de psychométrie et de clairvoyance. Rien apparemment ne prédisposait cette femme à l’aventure intérieure qu’elle vivra des années durant. En 1952, Gabrielle Carmi acheta avec son mari une maison en ruine dans le village d’Hermé près de Provins. Après l’avoir restaurée petit à petit, ils finirent par s’y installer. C’est alors que commença pour elle une succession de rêves précis et détaillés qui la mettaient en contact avec un chevalier de l’Ordre du Temple. Cet ancien croisé devient son « guide » dans un extraordinaire voyage au cœur du Moyen Âge. Gabrielle Carmi quitta ce monde le 8 avril 1990.

Note 6 : Gabrielle Carmi, Le Temps hors du Temps, Editions Robert Laffont, 1973.

Note 7 : Daniel Robin, Les Templiers de l’Agarttha, Gardiens de la Terre Sainte et de la Tradition Primordiale, Editions JMG, 2024 (page 132).

Les autres épisodes

 22/05/25 – 8h30 à la GLDF : petit-déjeuner « enjeux et perspectives » avec Gaspard Koenig

La Grande Loge de France organise mensuellement un petit-déjeuner d’échanges avec un acteur important de la vie intellectuelle. Intitulés « enjeux et perspectives », ces petits-déjeuners sont le complément des conférences trimestrielles qui portent cette même appellation. Comme elles, ils sont ouverts aux non-maçons, à toutes et à tous.

Ces petits-déjeuners « enjeux et perspectives »ont lieu à 8 h 30 (très précises) en l’hôtel de la GLDF, 8 rue Louis Puteaux, 75017 Paris (métro Rome).

Ils durent une heure et prennent donc fin à 9 h 30. Une demi-heure de battement est ensuite possible pour des échanges.

Gaspard Koenig

La participation est ouverte à toutes et tous, maçons ou non et est gratuite.

Cependant un don aux oeuvres caritatives de la Grande Loge de France ou une participation aux frais est possible. En revanche, l’inscription préalable sur le lien de réservation est obligatoire. Le fil conducteur de la séquence 2025 de ces petits-déjeuners est

« l’humain, le vivant, la planète »

Le jeudi 22 mai, nous recevrons Gaspard Koenig, philosophe, écrivain, essayiste. 

Il se définit comme un philosophe libéral, dans une vision du libéralisme « global » qui renoue avec l’utopie progressiste qu’il fut à ses origines. Gaspard Koenig est également très attentif à la relation entre l’homme, l’animal et la nature.

En 2020, il a entrepris un grand voyage à cheval à travers l’Europe, de Bordeaux à Rome, sur les traces du périple effectué par Montaigne en 1580[. Selon lui, le voyage à cheval « réintroduit le hasard et l’inattendu dans le voyage. Et à une époque obsédée par l’efficience, il permet de retrouver le rythme lent de la pensée, afin d’atteindre (…) une forme de liberté intérieure ». Le choix du cheval était aussi une manière d’aller à la rencontre des gens tout au long de son trajet..

Il nous dira comment selon lui, il est possible de :

« Réconcilier nature et liberté »

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