jeu 25 décembre 2025 - 03:12
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L’initiation, pourquoi ? Pour quoi faire ?

Qu’est-ce que l’initiation ? Qu’est-ce que la démarche initiatique ?

Initier, c’est commencer. Le mot vient du latin initium, qui signifie commencement, sens que l’on retrouve par exemple dans le mot français « initial ».
Le dictionnaire de l’Académie française donne pour le verbe initier le sens d’amorcer, engager, mettre en œuvre la phase initiale d’un processus.
L’initiation est donc un commencement.

Celui qui est initié entame une nouvelle phase, accède à un nouveau statut.

Dans de très nombreuses sociétés, l’initiation marque encore de nos jours le passage de l’irresponsabilité de l’enfance aux droits et devoirs de l’âge adulte. On connaît ainsi les rites et les épreuves, les cérémonies, qui marquent l’initiation des jeunes membres de la plupart des tribus du continent africain. Leur initiation fait d’eux des membres à part entière de la société. Bien qu’il y ait presque toujours une part spirituelle, au cours d’un rituel fondé sur des archétypes mythiques auxquels s’associe l’évocation du divin et du sacré, l’initiation est avant tout un rite de passage profane, qui a ici une fonction d’intégration sociale.

Il faut également évoquer d’un mot les initiations magiques ou magico-religieuses, qui font abandonner la condition humaine normale pour accéder à la possession de pouvoirs surnaturels. On peut citer ici les initiations des rites incas ou encore les initiations vaudoues. De telles initiations qui confèrent à l’initié des pouvoirs qui le rendent supérieurs aux autres hommes le distinguent et le séparent par là – même de la société.

Plus proches de nous, non seulement par la géographie mais aussi par le jeu des influences philosophiques et historiques, les initiations de l’ancienne Égypte et surtout de la Grèce antique doivent retenir notre attention

On sait que le culte d’Amon Râ et des dieux égyptiens est largement à l’origine du Panthéon des Grecs, sous l’autorité de Zeus. La vie quotidienne était rythmée par de multiples rites religieux.
Les Mystères d’Éleusis étaient les plus importants de ces rites. Le culte sacré se déroulait dans le secret du temple de Déméter, déesse de la fécondité et du cycle des naissances et des morts.
Seuls y étaient admis les initiés, qu’ils fussent homme, femme ou esclave.
Tout hellène présenté par un parrain pouvait être initié, sous réserve de ne pas être souillé par un meurtre ou toute autre faute grave et notoire.
On connaît l’essentiel des rituels de ces initiations, basées sur la symbolique de la mort et de la résurrection.

Quittant un monde pour entrer dans un autre, l’impétrant doit mourir pour renaître transfiguré.

Bien qu’il fût possible à tout citoyen grec d’être initié à ces Mystères, ils devaient conserver leur caractère à la fois sacré et secret. Il n’était donc point permis d’en révéler le contenu exact.

La Grèce antique pratiquait aussi les initiations tribales, ou plutôt civiques : à Sparte, les jeunes gens n’étaient admis aux repas sacrificiels que l’on nommait Syssities qu’après avoir subi de dures épreuves, qui marquaient ainsi leur entrée dans le monde des citoyens adultes.

temple égyptien illuminé
temple des Ramsès à Louxor

De L’Égypte et de la Grèce à Rome, les rites se sont transmis en même temps que les croyances. Amon Râ devenu Zeus prenait le nom de Jupiter, sans que sa toute-puissance en fût diminuée ni altérée. Ceux qui connaissaient les mystères après avoir été instruits en étant initiés à l’ordre divin continuaient de se transmettre les connaissances propres à servir de fondement à l’érection des temples et autres édifices sacrés.

On retrouve ainsi des rites d’initiation parmi les artisans et bâtisseurs admis dans les Collegia fabrorum romains. Comme leurs devanciers égyptiens et grecs, ils se transmettaient, selon un mode progressif, les secrets des justes dimensions et de la juste orientation des sanctuaires qu’ils érigeaient et décoraient à la gloire des dieux.
Ils s’efforçaient de créer le beau et l’harmonieux en respectant les proportions, les angles, les rapports de la Nature elle-même, telle que la divinité les avait déterminés.

Ainsi ce qui était en bas était comme ce qui était en haut. Le microcosme était homothétique au macrocosme.

Quelques siècles plus tard, même si la continuité historique n’est pas parfaitement établie, les bâtisseurs des cathédrales du Moyen-âge ont sans nul doute hérité de ces connaissances sacrées. Ils ont aussi hérité de leur mode de transmission, en en conservant en particulier le caractère progressif. La transmission se faisait sous le sceau du secret car il convenait que ces connaissances liées à l’essence même du projet divin ne soient pas divulguées à qui n’aurait pas eu qualité pour les connaître.
Au temps des maçons opératifs, les connaissances nécessaires à la conception et à la construction d’un édifice « juste et parfait », comme devait l’être un édifice sacré bâti à la gloire de Dieu, n’étaient révélées qu’à ceux des ouvriers qui s’en montraient dignes.

De nombreux documents attestent que ces bâtisseurs, charpentiers, tailleurs de pierre et autres maçons appartenaient à des associations pratiquant des rituels d’initiation, respectant le secret et faisant vœu de solidarité.

On sait ainsi que l’initiation au grade de Compagnon, le degré auquel parvenaient ceux qui s’engageaient sérieusement et durablement dans l’un ou l’autre des métiers utiles à l’édification et à la décoration d’une cathédrale, comportait la transmission d’enseignements concernant la géométrie et l’art de bâtir à la Gloire de Dieu.
On communiquait également au nouveau Compagnon les « mots, signes et attouchements » qui lui permettraient désormais de se faire reconnaître de ses pairs. Enfin, il recevait un enseignement ésotérique lui donnant le moyen de progresser dans sa recherche intellectuelle et spirituelle, de mieux conformer son travail – de sa conception à son exécution – aux prescriptions de l’ordre divin.
Les rites d’admission encore en vigueur chez les Compagnons du Devoir témoignent de l’importance de ces passages, qui marquent pour l’admis, pour l’accepté, le commencement d’une nouvelle phase, d’une nouvelle vie.

Divers textes font explicitement allusion aux Loges, terme qui désigne à la fois le local des ouvriers – leur logement – et leur assemblée. Les siècles passent, la Tradition se perpétue.
On retrouve formellement dans les Statuts Schaw datant de 1598 les détails du fonctionnement de trois Loges, trois assemblées d’hommes se réunissant ainsi régulièrement pour se transmettre, selon ce processus initiatique traditionnel, les fondements de cette architecture sacrée qu’on appelle « Art Royal ».

Peu à peu, des membres n’appartenant pas au métier furent cooptés au sein des Loges. Clercs, érudits, membres de la noblesse des villes où s’érigeaient les cathédrales et basiliques, ils avaient à cœur de partager la Connaissance qui gouvernait la construction de l’édifice qu’ils avaient commanditée. Ainsi les Loges s’enrichirent-elles de membres « acceptés ».
Le premier dont le nom nous soit parvenu est un certain Élias Ashmole, initié en 1646.

Les rituels les plus anciens qui nous soient parvenus datent de 1696. La première fédération de Loges qui ne soient plus du tout des Loges de métier (opératives) mais des Loges dites spéculatives, fût crée à Londres en 1717. Des Loges dites spéculatives fonctionneront en France quelques années plus tard.

C’est en 1743 que la première fédération de Loges fût fondée dans notre pays, elle ne prit le nom de Grande Loge de France qu’en 1756. D’autres obédiences furent progressivement créées au cours des décennies et des siècles suivants.

Dans tous les cas, l’essentiel est ce que l’on nomme le rite, c’est-à-dire un ensemble cohérent constituant un enseignement traditionnel, dispensé de manière progressive et discontinue, formant ainsi, palier après palier, un système à degrés.

La méthode initiatique pratiquée dans toutes les Loges maçonniques du monde transmet ainsi graduellement à la fois le fond de l’enseignement – son contenu – et la forme traditionnelle qui véhicule cet enseignement – son contenant -. Cette forme pluri-centenaire, pluri-millénaire même pour certains de ces composants essentiels, est constituée par les rituels correspondant à chaque degré. Il existe ainsi un rituel pour ouvrir, conduire et fermer les travaux ordinaires d’une Loge, à chacun des degrés auxquels elle peut travailler.

Il existe naturellement, pour chacun de ces degrés, un rituel spécifique. Ainsi, le mode de transmission de la Tradition est lui-même inscrit dans la tradition, et le Rite se pérennise.

Aux degrés des Maçons opératifs du Moyen-âge, essentiellement les degrés d’Apprenti et de Compagnon, la Maçonnerie spéculative a peu à peu ajouté d’autres grades, notamment sous l’influence du Chevalier de Ramsay qui, en 1736, publia un Discours établissant une filiation entre l’Ordre maçonnique et la tradition chevaleresque telle qu’elle s’était illustrée au cours des Croisades.

Ainsi, le travail sur la loi universelle qui inspirait les bâtisseurs gagna-t-il une dimension spirituelle.

Chevalier templier devant des ruines

Les degrés introduits dans le continuum maçonnique vont donc peu à peu intégrer des éléments issus des Ordres chevaleresques, de leurs traditions et de leur symbolisme.

Quel que soit le degré qu’il est atteint dans son cheminement, le Franc-maçon progresse selon une démarche initiatique qui est une quête spirituelle lui ouvrant, progressivement, la voie vers la Connaissance.

De quelle connaissance s’agit-il ici ?
De la connaissance de soi et du rapport du soi aux autres et au monde, d’une compréhension, d’une perception à la fois intime et profonde, d’une conscience.
C’est aussi la conscience de l’ordre universel, de l’unité de la Création, du caractère absolu du « Un – Tout » fondamental que les francs-maçons appellent la Vérité. C’est la Lumière vers laquelle ils s’efforcent de progresser et qui éclaire leur chemin.

Pour chacun des degrés, il existe un rituel d’initiation extrêmement particulier.
Lorsqu’un Maçon a fait suffisamment la preuve qu’il a acquis l’essentiel du contenu du degré qu’il a atteint, il peut être proposé puis initié au degré supérieur.

Chaque cérémonie d’initiation tout au long de son parcours maçonnique sera pour lui un événement marquant, unique. Elle sera également un temps fort et privilégié pour chacun des Frères et des Sœurs de la Loge déjà admis à ce degré et qui auront activement participé à cette cérémonie.
Chaque initiation est un passage, l’ouverture à un nouvel espace de la conscience, de la pensée et de l’action. C’est dans un Ordre universel que l’initié prend peu à peu conscience, en même temps que de son rôle, de sa mission.

En fait, chacune de ces initiations est bien un passage, un tournant, une mutation. Elle est une mort à l’état antérieur, immédiatement suivie d’une renaissance à un état nouveau.
Chaque initiation transforme celui qui la vit.

L’initiation maçonnique est ainsi au cœur même de l’éthique, c’est-à-dire relative aux conduites humaines et aux valeurs qui les fondent.

On dit parfois : « On n’est jamais initié que par soi-même« .
Peut-être, si l’on donne à cette expression le sens d’une démarche délibérée, volontaire, d’une détermination à se remettre en question, à aller à la recherche de soi.
On pourrait dire aussi : « On n’est jamais initié que pour soi-même« .

Cabinet de réflexion maçonnique
Cabinet de réflexion maçonnique

En effet, la méthode initiatique va conduire le maçon ou la maçonne à découvrir non seulement l’importance de l’écoute de l’Autre, en invitant l’Apprenti à garder le silence, à se taire pour mieux écouter et mieux entendre, mais aussi et peut-être surtout le silence intérieur, qui loin d’être une attitude passive et inerte, permet d’être à l’écoute de l’Être à l’intérieur de soi. Ce silence actif, cet éveil, cette écoute, conduit à l’Être intérieur, d’où l’on peut percevoir le Tout, le Un, l’Universel. La démarche initiatique est donc une démarche de l’Homme en lui-même, pour lui-même.

L’initié, étape après étape, degré après degré, va se construire et construire le monde autour de lui, bâtir son temple intérieur et participer au Grand Œuvre, concourir à l’édification du temple de l’humanité, et à l’accomplissement du projet que les francs-maçons attribuent au Grand Architecte de l’Univers dans les obédiences de la Franc-maçonnerie traditionnelle.

La démarche initiatique est donc simultanément individuelle et universelle.

La première initiation, celle qui fait passer de l’état de profane à celui d’Apprenti franc-maçon, est naturellement la plus importante. Elle marque le début du parcours que chacun parcourra ensuite selon son rythme, selon son besoin.
Cette cérémonie qui va ouvrir à l’impétrant l’accès à la voie maçonnique le fait passer, symboliquement et concrètement, de l’obscurité à la Lumière.
Et c’est vers cette Lumière que ses pas se dirigeront désormais.

Nous pouvons à ce stade faire un constat : cette méthode, venue du passé, est suffisamment attractive aujourd’hui pour que des hommes et des femmes de plus en plus nombreux choisissent d’y adhérer.

En pleine liberté de conscience, en pleine responsabilité, ils vont travailler sur eux-mêmes, à leur propre perfectionnement en même temps qu’au perfectionnement de l’humanité.
Ils feront vivre ces valeurs qui ne sont hélas pour beaucoup que des paroles vides de sens gravées au fronton de nos édifices publics et auxquelles nous nous vouons solennellement dans nos Loges : Liberté – Égalite – Fraternité.

Oui il faut le dire et le faire savoir : la méthode initiatique attire toujours, et de plus en plus. On peut donc s’interroger sur les raisons de cette permanence, sur les motivations qui sous-tendent cet engouement. Nous pouvons y voir une raison essentielle : nous pouvons faire ensemble, assurément, le constat que le monde contemporain est en quête de valeurs, en quête de repères, en quête de sens. Il est aussi, ce qui n’est peut-être qu’une manière de dire la même chose, en quête de spiritualité.

Mais il est aussi en quête de liberté, prônant l’épanouissement des potentialités individuelles, l’abolition des carcans idéologiques, la responsabilité au travers du libre-arbitre.

Les diverses religions, prises dans leurs particularismes et non pas dans ce que leur message a d’universel, et sans même parler des dérives sectaires ou fondamentalistes, les idéologies politiques, souvent contraintes par démagogie d’osciller ou de choisir entre radicalisation et compromis, pour ne pas dire compromission, sont des philosophies de la réponse. Elles se nourrissent de dogmes, de certitudes, de visions pré-établies et de vérités descendantes.

À l’inverse, la Franc-maçonnerie et sa démarche initiatique constitue une philosophie de la question.

Elle ne procède que d’elle-même, réfute les affirmations dogmatiques, invite chacun de ses membres à faire preuve d’une absolue liberté de conscience.
Les laissant libres de leur foi et de leur pratique religieuse, elle n’impose rien et n’exclut personne du fait de ses croyances ou convictions métaphysiques.
Concrètement, la Franc-maçonnerie traditionnelle ne requiert de ses membres – qui doivent être reconnus libres et de bonnes mœurs – qu’une seule croyance : celle dans la conception selon laquelle l’Univers procède d’un Principe Créateur, à l’origine de toute chose, ordonnateur du chaos primordial.
Libre à chacun de rapprocher ou non cette vision de la foi en un Dieu, révélé ou non.
Libre à chacun de pratiquer ou de ne pas pratiquer la religion de son choix.
La croyance des francs-maçons en ce principe qu’ils nomment Grand Architecte de l’Univers leur offre le champ infini d’une spiritualité ouverte, qui ne leur interdit ni ne leur impose aucune appartenance, croyance ou pratique.

maître, apprenti, plans de construction

C’est dans ce cadre ouvert, adogmatique, sans prise aux conflits qu’engendre immanquablement les débats politico-religieux, que s’épanouit librement la conscience et la spiritualité du franc-maçon ou de la franc-maçonne.

Personne ne juge personne. Personne ne censure personne.
Chacun cherche la vérité, sa vérité.
Chacun chemine en lui-même, pour lui-même, l’esprit et le cœur ouverts, en présence des autres Frères ou Sœurs de la Loge qu’il fait également progresser en sollicitant leur écoute et en les écoutant à son tour.

On voit donc que l’initiation maçonnique n’est pas la transmission d’un savoir secret, de fragments d’une vérité révélée qui se reconstituerait à la manière d’un puzzle, degré après degré. Elle est encore moins la clé d’un quelconque pouvoir, si ce n’est, bien sûr, une meilleure emprise sur soi-même, fruit du travail sur soi.

Le secret des rituels n’existe plus depuis bien longtemps. Tout ce qu’ils renferment se trouve dans des ouvrages en vente libre dans n’importe quelle librairie ou sur Internet. S’il persiste un secret, s’il demeure une part d’incommunicable, c’est bien le vécu de l’Initié ou de l’Initiée.

Rien n’est plus intime et personnel qu’un vécu de cette sorte. Et rien, par nature, n’est aussi peu communicable, partageable.
La franc-maçonne ou le franc-maçon va donc échanger et partager, dans sa Loge comme au dehors, à partir d’expériences non échangeables et non partageables.
Il va, cependant, échanger et partager le fruit de son travail, de sa réflexion, de son niveau de compréhension ; échanger et partager la Connaissance telle qu’il ou elle l’appréhende peu à peu.

Il va offrir la part de sagesse qu’il aura acquise, et qu’il ne saurait garder pour lui seul.

Ainsi, on comprend que la méthode initiatique pratiquée en Franc-maçonnerie n’est d’aucun lieu, ni d’aucun temps.
Elle emprunte naturellement le référentiel dont elle a besoin aux grands récits mythiques de l’humanité – et notamment aux récits bibliques. D’autres emprunts évoquent des faits saillants de l’histoire. Mais au-delà de ces supports, elle est fondamentalement universelle en même temps qu’elle est intemporelle.

Les spirales initiatiques d’un vieux franc-maçon
Les spirales initiatiques d’un vieux franc-maçon

Certes, le concept même d’initiation s’inscrit dans la tradition, remontant aux civilisations les plus anciennes.
Dans l’application qu’en fait la Franc-maçonnerie, loin d’établir des divisions entre les Hommes, la voie initiatique s’attache à les rassembler.
L’engagement maçonnique diffère fondamentalement de la plupart des idéologies profanes en ce qu’il n’est ni d’une époque ni d’une contrée, pas plus que d’une croyance ou d’un système de gouvernement.

Surtout, la progression initiatique du maçon ne restreint nullement sa liberté ; au contraire, l’initiation maçonnique est émancipation, conquête progressive de la liberté intérieure.
La franc-maçonne ou le franc-maçon ne sont pas asservis à une idéologie mais fondamentalement libres, pour créer davantage de liberté donc de responsabilité, et s’approcher de l’Homme réalisé, en harmonie avec la Vérité éternelle et universelle.

La voie initiatique se situe en dehors et au-dessus des querelles religieuses et autres rivalités politiques ou économiques.
Plusieurs courants s’en réclament à travers le monde. S’appuyant sur les enseignements de la Tradition, sans que cela signifie nostalgie ni passéisme, l’initiation maçonnique demeure une voie de progression pour les hommes et les femmes d’aujourd’hui.
En Occident, la Franc-maçonnerie en est sans conteste la manifestation la plus importante, témoignant par son dynamisme de la permanence de cette voie qui traverse notre culture, depuis Pythagore et Platon jusqu’à nous.

Ne doutons pas qu’elle le demeurera demain.

« Chaise vide » pour un Franc-maçon de Nouvelle Zélande honoré

De notre confrère de Nouvelle Zélande cambridgenews.nz

Les francs-maçons de Cambridge ont fait leurs adieux à l’un des leurs ce mois-ci lors d’une cérémonie inhabituelle qui remonte à la fin des années 1800.

La cérémonie de la « Chaise vide » a été célébrée par les membres de la Loge Copernicus pour commémorer le décès de John Mace. Ce franc-maçon de longue date, qui a reçu son insigne maçonnique de 60 ans de service en 2021, avait joué un rôle central dans une initiative de collecte de fonds qui a permis aux 12 loges maçonniques de Waikato de collaborer pour soutenir le Waikato-Hauraki-Coromandel Rural Support Trust à hauteur de 26 000 $.

John Mace lors de son investiture en 2018.

La Loge Copernicus a mené la collecte de fonds en faisant un don important au Rural Support Trust. Ce don a été également soutenu par les autres loges de Waikato et l’association caritative des francs-maçons.

Ce don au Rural Trust est le troisième de la Loge Copernicus. L’argent servira à financer l’accompagnement professionnel des bénéficiaires de Rural Support, leur garantissant ainsi l’accès à des services essentiels tels que le soutien en santé mentale, les conseils financiers et la gestion de crise.

La veuve de John Mace, Kaye Lillico, a assisté à la cérémonie rarement vue de la chaise vide, tout comme le Grand Maître du district franc-maçon de Waikato, Len Jeffrey, et Wanda Leadbeater, basée à Matamata, qui représentait le Waikato Hauraki Coromandel Rural Support Trust.

Mace, décédé à Auckland le 29 décembre, était une figure emblématique des milieux agricoles, forestiers et de la natation. Il était également membre à vie de Swimming NZ et, en 2018, il a été nommé membre de l’Ordre du Mérite de Nouvelle-Zélande pour services rendus à la natation, dans la liste des distinctions honorifiques du Nouvel An.

Il a été vice-président puis président de la Fédération néo-zélandaise de natation de 1992 à 1996 et chef de mission de l’équipe aquatique néo-zélandaise à Rome en 1994, supervisant la natation, le plongeon, le water-polo et la natation synchronisée. Il a joué un rôle majeur dans la restructuration de ce sport, ce qui a conduit à la révision de Swimming NZ en 2012 et à son élection à la présidence de Swimming NZ jusqu’en 2015.

L’aventure de Mace avec la franc-maçonnerie a débuté à Taumarunui en 1961. Il est ensuite devenu membre de deux loges d’Auckland avant de rejoindre la Loge Copernicus de Cambridge en 2008 en tant qu’administrateur et membre fondateur. Il a joué un rôle essentiel dans les œuvres caritatives de la loge et a ardemment défendu ses dons au Rural Support Trust, qui a chaleureusement remercié ce soutien, affirmant qu’il améliore significativement la vie de ceux qui traversent des moments difficiles.

La cérémonie de la Chaise Vide remonterait à environ 1875, une décennie après la fin de la guerre de Sécession, lorsqu’elle était utilisée dans les loges maçonniques pour rendre hommage à ceux qui n’étaient pas revenus de la guerre. Depuis, elle a été utilisée par de nombreuses loges pour rendre hommage aux membres morts à la guerre.

La cérémonie de ce mois-ci, empreinte de rituel et de précision, a vu une chaise vide apportée dans la loge, symbole de la présence spirituelle de Mace. Après les discours de divers membres de la loge, son tablier maçonnique a été déposé sur la chaise, puis les membres et les invités ont défilé en y déposant des brins d’acacia.

Sur la photo, lors du dîner qui a suivi la cérémonie, Marc Dresser, ancien maître de la Loge Copernicus, Wanda Leadbeater, du Rural Support Trust, et Len Jeffrey, grand maître du district. Photo : fournie

Dans son éloge funèbre, Warwick Roberts, membre de la Loge, a déclaré que l’adhésion de John Mace était restée inébranlable jusqu’à son décès.

« Il a servi comme Maître durant l’année 2011-2012 et son leadership était empreint de compassion et d’intégrité », a-t-il déclaré. « Il comprenait l’importance du service aux autres et a travaillé sans relâche pour y parvenir. »

L’ancien maître Marc Dresser, sous la direction duquel les fonds ont été collectés, a remercié le Rural Support Trust pour le travail qu’il accomplit dans les communautés rurales.

Pourquoi Socrate est-il devenu une référence pour la Franc-maçonnerie ?

La question de savoir si Socrate peut être véritablement considéré comme un initié, au sens que nous attribuons communément à ce terme, est complexe et mérite une réflexion approfondie. Rien n’est certain à ce sujet, et je vais m’efforcer d’expliquer pourquoi cette hypothèse, bien que séduisante, reste sujette à débat. Pour Platon, son disciple et fervent admirateur, Socrate incarne l’archétype de l’initié. Dans ses Dialogues, Platon met en scène Socrate non seulement comme son maître à penser et à vivre, mais aussi comme une figure quasi mythique, un porte-parole à travers lequel il exprime ses propres idées.

Socrate devient alors, sous la plume de Platon, l’emblème intemporel du philosophe accompli, un modèle de sagesse absolue, une incarnation de la vertu sans faille, un homme qui, dans chaque instant de sa vie, assume une exigence éthique d’une rigueur exemplaire. Cette vision idéalisée de Socrate, telle que Platon la construit, fascine et exalte son disciple, qui voit en lui l’idéal de perfection humaine, celui d’un initié ayant achevé sa quête spirituelle et philosophique, un être parvenu au sommet de la connaissance de soi et de la vérité. Mais cette image, bien qu’inspirante, est-elle fidèle à la réalité historique de Socrate, ou est-elle davantage une projection des idéaux de Platon lui-même ? C’est une question essentielle que nous devons examiner pour comprendre la place de Socrate dans une perspective initiatique et maçonnique.

Socrate, tel que Platon le dépeint, s’inscrit dans une tradition philosophique intemporelle, celle que l’on pourrait qualifier de « philosophia perennis », une quête de sagesse universelle qui transcende les époques et les cultures. Cette quête commence par l’injonction delphique bien connue : « connais-toi toi-même ». Cette maxime, gravée sur le fronton du temple d’Apollon à Delphes, est au cœur de la démarche socratique. Elle invite à une introspection rigoureuse, à une réflexion méthodique, attentive et mesurée, qui pousse l’individu à chercher la vérité sans jamais céder à l’orgueil de la connaissance. Cette quête de vérité, humble et exigeante, est précisément ce qui fait de Socrate une figure si vénérée dans la franc-maçonnerie, une tradition qui valorise l’introspection, le questionnement et la recherche de la lumière intérieure. Mais ce respect maçonnique pour Socrate ne se limite pas à sa méthode philosophique. Depuis la Renaissance, Socrate est perçu comme un modèle de sagesse purement humaine, une figure détachée des dogmes religieux, ce qui en fait un symbole universel de la raison et de la moralité. Cependant, cette perception est partiellement erronée. Si l’on examine de plus près la personnalité de Socrate, on découvre des aspects religieux dans sa pensée, notamment sa croyance en une divinité ordonnatrice et en l’immortalité de l’âme, des éléments qui le rapprochent davantage d’une spiritualité que d’une rationalité purement laïque.

Raphaël : Platon et Aristote devisant sur la politique ?

Dans le contexte culturel de la chrétienté, Socrate, bien qu’étranger au christianisme, devient paradoxalement une figure d’une sainteté laïque, un modèle de vertu qui transcende les barrières religieuses. Cette perception conduit à un rapprochement surprenant avec la figure de Jésus, malgré les différences théologiques évidentes qui les séparent. Ce parallèle, qui peut sembler audacieux, s’explique par des similitudes dans leur destin : tous deux ont été jugés, condamnés à mort et ont accepté leur sacrifice pour témoigner de la vérité et de la lumière qu’ils incarnaient. Socrate, comme Jésus, est perçu comme un martyr de la vérité, un homme qui, face à un monde hostile, a choisi de mourir plutôt que de renier ses principes. Ce parallèle, bien que contestable sur le plan théologique, témoigne de l’immense prestige de Socrate dans la pensée occidentale. Il y a quelques années, un philosophe chrétien, dans un ouvrage intitulé Nous l’avons tous tué, ce juif de Socrate, a même souligné la persistance de cette image messianique de Socrate, illustrant combien cette association avec Jésus reste ancrée dans l’imaginaire collectif, même des siècles après leur mort.

Pourtant, un paradoxe fondamental entoure la figure de Socrate. Ce héros, dont la gloire a traversé les millénaires, serait resté un personnage presque inconnu sans l’œuvre de Platon, son disciple le plus fervent. Platon a consacré toute son œuvre à mettre en scène Socrate, en faisant de lui l’interprète exclusif de sa pensée philosophique. Socrate, lui, n’a rien écrit de son vivant. Son enseignement, s’il a réellement existé sous la forme que nous connaissons, était exclusivement oral, et son action se limitait à une influence morale exercée dans les rues d’Athènes, à travers des dialogues et des échanges directs avec ses contemporains. En termes maçonniques, on pourrait dire que Socrate était un opératif, un homme d’action morale, préoccupé avant tout par l’utilité pratique de sa philosophie et par son efficacité dans la vie quotidienne. Il ne s’intéressait pas à la spéculation abstraite ou à la construction de systèmes philosophiques complexes, mais à l’application concrète de la morale dans la vie de la cité. Cette absence d’écrits de sa part rend difficile une connaissance précise de sa pensée véritable. Tout ce que nous savons de lui repose sur des témoignages, souvent incertains et parfois contradictoires, laissés par ceux qui l’ont connu ou qui ont entendu parler de lui.

Buste de Platon. Marbre, copie romaine d’un original grec du dernier quart du IVe siècle av. J.-C.

Outre Platon, le principal témoin de Socrate est l’historien Xénophon, qui offre une perspective différente sur le philosophe. Xénophon dépeint Socrate comme un homme de devoir, un ancien soldat rigoureux envers lui-même, luttant avec discipline contre ses passions, un moraliste préoccupé par les problèmes concrets de la cité athénienne, et un critique virulent des vices de ses contemporains. Cette image contraste avec celle de Platon, qui met l’accent sur l’aspect spirituel et initiatique de Socrate. Mais pour d’autres observateurs, moins bienveillants, Socrate n’était qu’un sophiste parmi tant d’autres, un de ces penseurs grecs à la mode qui parcouraient les places publiques, prétendant tout savoir et tout enseigner, usant de rhétorique pour démontrer n’importe quelle idée, même la plus absurde. Ces sophistes, souvent moqués pour leur vanité, étaient des cibles privilégiées des comiques de l’époque. Aristophane, dans sa comédie Les Nuées, ridiculise Socrate en le présentant comme un philosophe rêveur, perdu dans la contemplation des cieux, un personnage à la fois comique et pathétique, laid, mal vêtu, négligé dans son hygiène, et connu pour son ironie, son insolence et ses provocations. Cette caricature, bien que satirique, reflète la notoriété de Socrate dans la cité : ses diatribes publiques et ses polémiques ne laissaient personne indifférent, et il s’attirait autant d’admirateurs que d’ennemis.

Sans le témoignage de Platon, l’image de Socrate serait donc bien plus floue et ambiguë. Pendant huit ans, Platon a été l’auditeur émerveillé de Socrate, son disciple dévoué, et il est raisonnable de penser qu’il a rapporté dans ses Dialogues une part authentique des enseignements de son maître. Cependant, Platon ne se présente jamais comme un simple témoin ou un transmetteur fidèle. Il transforme Socrate en un personnage de théâtre, une fiction philosophique qui sert de porte-parole à ses propres idées. Platon s’efface complètement derrière Socrate, au point qu’on peut dire qu’il s’incarne en lui. Cette fusion entre le maître et le disciple rend difficile la distinction entre ce qui appartient réellement à Socrate et ce qui est une création de Platon. Une chose est certaine : Platon a entrepris de construire une métaphysique idéaliste pour justifier la sagesse morale et l’héroïsme de Socrate, lui prêtant une logique fondamentalement initiatique. Mais il est douteux que Socrate ait pleinement partagé cette logique. Selon Xénophon, Socrate invoquait souvent une divinité ordonnatrice, distincte des dieux multiples du panthéon grec, et croyait en la Providence, la Sagesse divine, l’immortalité de l’âme et sa vie dans l’Hadès. Ces éléments révèlent un esprit religieux, mais la théologie ou l’ontologie n’étaient pas au centre de sa démarche. Pour Socrate, les questions sur le divin, l’ordre cosmique ou la nature de l’Être dépassaient l’entendement humain, et il jugeait vaine toute spéculation métaphysique sur ces sujets.

Statue de Socrate en penseur Grec
Statue de Socrate en penseur Grec assis dans un grand fauteuil sur fond de ciel bleu

Socrate commence toujours par proclamer son ignorance : « je sais que je ne sais rien ». Cet aveu d’humilité est au cœur de sa pensée et constitue le point de départ pour approcher le Socrate authentique. Pour lui, la pire erreur est de croire posséder un savoir assuré, de ne jamais soumettre au doute ce que l’on pense savoir. Sa philosophie est une recherche inquiète, scrupuleuse, une espérance de vérité qui s’efforce de débusquer les mensonges, les faux-semblants et les illusions de l’imaginaire. Par une interrogation inlassable des discours, des comportements et des pseudo-savoirs, Socrate met à nu les contradictions et les égarements de ses interlocuteurs. Cette approche marque une rupture avec la tradition philosophique grecque antérieure, qui se concentrait sur la construction de théogonies et de cosmogonies, souvent nourries de mythologie et de récits initiatiques. Socrate, lui, ne cherche pas à questionner le monde ou à élaborer un système pour le déchiffrer. Il juge cette spéculation inutile, car elle ne peut aboutir à des certitudes. Ce qu’il interroge, c’est l’homme – soi-même et les autres –, partant de l’injonction delphique « connais-toi toi-même ». Pour l’initié, cette maxime va plus loin : elle mène à la découverte de l’univers et des dieux. L’homme, formé des mêmes éléments que le cosmos, porte en lui le divin. En se tournant vers son être intérieur, il découvre le logos, la lumière de la raison, qui exige rigueur dans la pensée comme dans la conduite, une quête de perfection, de purification et de sagesse, un cheminement initiatique que Platon attribue à Socrate.

Buste d’Aristote

Aristote, dans ses écrits, note que Socrate « s’occupait d’éthique et n’avait nul souci du grand tout ». Ce jugement, bien que partiellement vrai, doit être nuancé. Pour Socrate, la mission philosophique qui donnait sens à sa vie était de s’interroger et d’interroger les autres sur ce qui mérite d’être vécu, sur la manière d’atteindre un bonheur durable et profond. Il considérait cela comme son « unique nécessaire », reléguant tout le reste – les biens matériels, les honneurs, les plaisirs – à l’inutile et au léger. Dans l’Apologie de Socrate, rédigée par Platon, on trouve une restitution poignante de son plaidoyer devant ses juges, lors du procès qui marqua l’heure la plus tragique de sa vie. Face à des accusateurs iniques, Socrate défend avec éloquence la légitimité et la grandeur de sa mission, tout en sachant que la mort est inéluctable. Ses accusateurs – des sophistes, des artisans, des politiques – représentent tous ceux qu’il a déstabilisés en dénonçant leur rhétorique vaine, leur ignorance des causes profondes, ou leur asservissement de la pensée aux désirs et aux intérêts. Ils lui reprochent son impiété, son manque de respect pour les dieux de la cité, et son désintérêt apparent pour les affaires publiques, malgré ses critiques des mœurs de ses contemporains. Socrate répond que sa mission, inspirée par le dieu de Delphes, Apollon, est ailleurs. Il n’était pas fait pour la politique, où il aurait échoué et n’aurait rendu aucun service à la cité. C’est en tant que chercheur de sagesse, défenseur de l’éthique et témoin de l’esprit qu’il pouvait servir au mieux sa patrie, même si cela signifiait refuser les responsabilités publiques que tout citoyen grec était censé assumer.

Face à l’accusation d’impiété, Socrate se défend en affirmant que sa mission philosophique lui a été confiée par l’oracle de Delphes. Selon la légende, Socrate aurait consulté l’oracle, qui aurait déclaré : « Socrate est le plus sage de tous les hommes ». Avec une ironie brillante, Socrate démonte cette accusation d’orgueil en expliquant que, face à la divinité, aucun homme n’est sage. Si l’oracle l’a distingué, c’est précisément parce qu’il a toujours reconnu son ignorance, contrairement à ses contemporains, persuadés de leur savoir. Cette humilité est conforme à sa position initiale : « ma supériorité, c’est de ne pas me figurer savoir ce que je ne sais pas ». Cette attitude révèle une profonde foi en la divinité, une soumission constante à la volonté et à la sagesse divine, mais sans jamais en faire l’objet d’une spéculation métaphysique. Pour Socrate, le sacré est au-delà de la raison humaine, et il accepte la mort comme l’aboutissement de son intransigeance morale, un ultime témoignage de sa mission. Dans le Phédon de Platon, qui rapporte ses derniers propos sur la mort et l’âme, Socrate fait preuve d’une sérénité émouvante, exprimant une confiance en la divinité et une croyance dans les traditions grecques sur l’Hadès, bien que Platon y mêle sans doute ses propres idées. Pour les maçons, ce discours résonne avec les initiations des 1er et 3e degrés, qui parlent de mourir au monde profane pour accéder, par la purification, à une connaissance spirituelle.

Socrate mentionne souvent son « daïmon », une voix intérieure qu’il décrit comme une présence divine, un guide qui le détourne de certaines actions, notamment de s’engager en politique. Il ne voit pas cette voix comme une manifestation de sa conscience, mais comme une intervention du divin, une sorte d’ange gardien dont il suit les injonctions sans discussion. Si l’on interprète ce phénomène dans une perspective rationaliste, on pourrait y voir un symbole de l’impératif moral et de la sacralité du devoir. Mais dans une lecture religieuse ou ésotérique, on pourrait croire, comme Socrate, qu’il était guidé par une transcendance, un phénomène que l’on retrouve chez d’autres sages ou initiés. Socrate professait que bien penser mène à bien vivre, que la vertu est un savoir, et la sagesse une science. Pour lui, celui qui agit mal est simplement ignorant du bien, incapable de connaître l’essence de son être. L’injonction « connais-toi » signifie que la vertu ne peut être fortuite : elle est le fruit d’une réflexion consciente, et non des sentiments, de l’expérience ou de raisonnements abstraits. La connaissance socratique est une révélation à soi-même que l’homme est esprit, une intuition illuminant la pensée pour atteindre l’harmonie intérieure. Obéir à l’esprit, c’est conquérir une liberté véritable, résister aux passions, aux craintes, aux désirs matériels – plaisirs, richesses, honneurs – qui asservissent l’homme profane.

Par sa parole et par l’exemple de sa vie, Socrate exalte la spiritualité et le perfectionnement inlassable de soi. Mais, bien qu’il proclame son désintérêt pour les affaires de la cité, il s’engage dans une mission à haut risque : améliorer la conscience et la conduite d’autrui. Il est convaincu que tous les hommes possèdent la raison et l’esprit, et que ceux qui s’égarent dans la quête de faux biens ignorent simplement leur véritable nature. C’est là qu’intervient sa célèbre maïeutique, une méthode d’accouchement des esprits qui a contribué à sa gloire. Socrate ramène ses interlocuteurs à l’aveu d’ignorance – « je sais que je ne sais rien » – pour les guider vers la vérité par un jeu de questions apparemment naïves. Il déconstruit les certitudes des pédants, des politiques, des sophistes, révélant leurs contradictions et leurs faux-semblants, parfois jusqu’à les humilier, mais souvent pour les aider à mieux penser. Il montre qu’un esclave ignorant peut raisonner, prouvant que chacun porte en soi la lumière. Pourtant, face à des hommes comme Calliclès, dans le Gorgias de Platon, il échoue à convertir ceux que leurs passions aveuglent, mesurant les limites de son optimisme spirituel.

Son procès, qui marque la fin de sa vie, illustre cette tension entre l’esprit et les passions profanes. Incapable de convaincre une majorité de ses juges, Socrate choisit la provocation, sachant sa cause perdue. Mais cette défaite apparente exalte sa lumière : son héroïsme traverse les siècles, le liant à Jésus comme symbole de résistance aux forces des ténèbres. Pour nous, maçons, Socrate est un modèle par sa démarche initiatique, modeste mais exigeante, soumise au devoir jusqu’au sacrifice. Platon a compris cette vision initiatique, liant la quête de Socrate à un ordre sacré. Sans transcendance, comment expliquer l’esprit et l’aspiration humaine à la perfection ? La foi de Socrate, proche de traditions initiatiques et du christianisme naissant, continue d’habiter les initiés, nous inspirant à poursuivre cette quête de lumière.

Le Dessin de Jissey : « La bonne version du GADLU »

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Le Grand Architecte de l’Univers : un casse-tête maçonnique !

Certains Francs-maçons, malins comme des renards, brandissent le Grand Architecte de l’Univers (GADLU pour les intimes) comme un joker divin, une sorte de « Dieu 2.0 » pour narguer le clergé avec un sourire en coin : « Regardez, on a notre propre patron cosmique, pas besoin de vos sermons ! » D’autres, plus pieux dans leur genre, le vénèrent comme le saint patron des Francs-maçons, un chef spirituel qui guide leurs travaux avec une équerre et un compas célestes…

…Et puis, il y a les sceptiques, ceux qui jurent que le GADLU n’existe pas… mais qui passent leur temps à bouder contre lui, comme s’il leur avait fait une crasse personnelle – un comble pour un être imaginaire ! Entre les provocateurs, les dévots et les râleurs, on se demande bien comment s’y retrouver dans ce chantier métaphysique. Peut-être que le vrai secret du GADLU, c’est qu’il construit plus de confusion que de temples !

Imaginons une Franc-maçonnerie sans obédiences et sans Temples : « Des loges Libres et Souveraines »

Dans l’imaginaire collectif, la Franc-maçonnerie évoque des temples majestueux, des rituels mystérieux et des structures hiérarchiques complexes. Pourtant, au cœur de cette tradition séculaire, un élément demeure essentiel et irréductible : la loge maçonnique. Sans elle, la Franc-maçonnerie ne serait qu’une coquille vide, une abstraction administrative dénuée de sens. À l’inverse, des maçons réunis sur une île déserte pourraient, armés de leur seule fraternité et de leurs rituels, perpétuer l’essence de l’Ordre, loin des pesanteurs bureaucratiques des obédiences. Au risque d’en déranger certains (ce qui prouverait que ce thème n’est pas neutre), envisageons ensemble la pertinence de nos structures actuelles en rappelant qu’elles n’ont pas toujours existées.

Explorons pourquoi les loges sont le véritable moteur de la Franc-maçonnerie, tandis que les obédiences, bien qu’utiles, risquent de devenir des entraves lorsqu’elles s’éloignent de leur mission originelle, notamment dans leur gestion problématique des temples maçonniques.

Les loges : l’âme de la Franc-maçonnerie

The Mother Lodge of Scotland

La Franc-maçonnerie trouve ses racines dans les loges, ces assemblées de maçons où se déploie le travail initiatique. Les premières traces documentées remontent à l’Écosse du XVe siècle, avec les statuts de la loge de Kilwinning en 1475, qui attestent de réunions organisées de tailleurs de pierre. Ces loges, à l’origine corporatives, évoluent au fil des siècles pour devenir des espaces de réflexion spirituelle et philosophique, notamment avec la création de la Grande Loge de Londres en 1717, marquant la naissance de la maçonnerie spéculative.

Une loge maçonnique est un microcosme sacré, un espace clos où les profanes n’ont pas accès. Ici, les discussions politiques, religieuses ou mercantiles sont proscrites, conformément aux principes énoncés dans les Constitutions d’Anderson de 1723. Le rituel, rigoureusement orchestré, guide les travaux : il structure les échanges, canalise les énergies et favorise une introspection collective. Comme le souligne l’historien Pierre-Yves Beaurepaire, « la loge est le lieu où la Franc-maçonnerie prend vie, où l’individu se transforme par le collectif » (La Franc-maçonnerie en Europe, 2018).

Imaginons un groupe de maçons échoués sur une île déserte. Munis de leur savoir rituelique, ils pourraient dresser un temple symbolique, tracer un tableau de loge et tenir des tenues. Ni registre, ni cotisation, ni conseil de l’ordre ne seraient nécessaires. Leur travail, centré sur l’initiation et la fraternité, resterait intact. Cette image illustre une vérité fondamentale : la loge est autosuffisante, car elle incarne l’essence même de la Franc-maçonnerie.

Les obédiences : une nécessité devenue pesante

Auberge Goose and Gridiron « L'Oie et le Grill »
Auberge Goose and Gridiron « L’Oie et le Grill »

Les obédiences, ou suprastructures maçonniques (Grand Orient, Grande Loge, Suprême Conseil, etc.), apparaissent plus tard, au XVIIIe siècle, pour répondre à des besoins pratiques. Leur mission initiale était claire : coordonner les loges, harmoniser les rituels, protéger la tradition et promouvoir les valeurs maçonniques. La Grande Loge de Londres, fondée en 1717, est souvent considérée comme la première obédience moderne, suivie en France par le Grand Orient de France en 1733.

Cependant, ces structures ont progressivement instauré un rapport de pouvoir. En imposant des règles, des cotisations et des hiérarchies, elles ont parfois relégué les loges au rang de subordonnées. Comme le regretté frère Daniel Béresniak l’écrivait dans Le Choix maçonnique (1997),

« la cratophilie, cette fascination pour le pouvoir administratif, est une maladie qui guette les obédiences ».

Daniel Béresniak
Daniel Béresniak

Les instances dirigeantes, absorbées par la gestion comptable, les rivalités internes et les ambitions personnelles, s’éloignent souvent de la spiritualité qui anime les loges.

Un constat s’impose : les obédiences dépendent des loges, et non l’inverse. Sans loges, une obédience n’est qu’une coquille vide, un bureau sans raison d’être. Les capitations des loges financent les obédiences, leurs membres alimentent leurs conseils et leurs travaux donnent un sens à leur existence. À l’inverse, une loge peut fonctionner en parfaite autonomie, comme le démontrent les loges « sauvages »… ou plutôt indépendantes, qui, bien que trop rares, existent hors de toute obédience.

Les profils administratifs : un fossé spirituel ?

Un autre paradoxe émerge lorsqu’on examine les profils des maçons qui gravissent les échelons des obédiences. Souvent, ceux qui s’investissent dans les conseils de l’ordre ou les grandes maîtrises ont des compétences administratives, juridiques ou managériales, mais pas nécessairement une inclination pour la quête spirituelle. Comme le notait Béresniak,

« les frères les plus spirituels consacrent leur temps à l’étude des symboles, à la méditation et au travail en loge, pas à la gestion des ego ou des budgets ».

Daniel Béresniak

Cette divergence de priorités peut créer un fossé. Les loges, lieux d’introspection et de fraternité, attirent des maçons en quête de sens, tandis que les obédiences, par leur nature bureaucratique, séduisent ceux qui trouvent dans l’administration un terrain d’expression. Ce phénomène, bien que non systématique, interroge : « Les obédiences servent-elles encore les loges, ou cherchent-elles à les dominer ? »

La gestion des temples : un fardeau moderne pour les obédiences

Un problème plus récent vient compliquer la relation entre loges et obédiences : la gestion des temples maçonniques. Historiquement, les loges se réunissaient dans des lieux variés, souvent éphémères : arrière-salles de tavernes, maisons privées, ou même granges, comme en témoigne l’histoire des loges écossaises du XVIIe siècle (Histoire de la Franc-maçonnerie écossaise, André Combes, 1999). Ces espaces, loués ou prêtés, n’appartenaient pas aux maçons et ne nécessitaient ni propriété ni gestion lourde. Ce n’est qu’au XIXe siècle, avec l’essor des obédiences modernes et l’enrichissement de certaines d’entre elles, que la construction de temples dédiés s’est généralisée, notamment en France avec des édifices en pierre, fort dispendieux.

Aujourd’hui, de nombreuses obédiences sont propriétaires ou gestionnaires de temples, ce qui engendre des défis majeurs :

  1. Détournement de mission : La gestion immobilière accapare les obédiences, les éloignant de leur rôle initial de soutien aux loges. Les investissements dans la rénovation, l’entretien ou la construction de temples, ainsi que la gestion des pertes financières en cas de sous-occupation, mobilisent des ressources humaines et financières considérables. Par exemple, en 2019, le Grand Orient de France a dû engager des travaux coûteux pour la mise aux normes de ses bâtiments parisiens, détournant des fonds initialement prévus pour des projets culturels ou éducatifs (Source : La Franc-maçonnerie en France, Alain Bauer, 2020).
  2. Explosion des coûts : Le financement des temples repose en grande partie sur les capitations, ces cotisations annuelles versées par les maçons via leurs loges. Dans certaines obédiences, jusqu’à 50 % du budget annuel des loges est consacré à la location ou à l’entretien des temples, selon une étude interne du GODF (non publiée, citée par Roger Dachez, 2018). Cette charge financière alourdit la pratique maçonnique, rendant l’adhésion moins accessible, surtout pour les jeunes ou les maçons aux revenus modestes. Comme le note l’ancien Grand Maître du GODF Daniel Keller, « la Franc-maçonnerie, jadis démocratique, risque de devenir un privilège bourgeois si les coûts continuent d’augmenter » (Le Défi maçonnique, 2021).
  3. Instrument de pouvoir : Les temples, contrôlés par les obédiences, deviennent des leviers de domination. Certaines obédiences utilisent leur droit de propriété pour faire pression sur les loges, en menaçant de leur refuser l’accès aux locaux si elles s’écartent des directives. Ce contrôle immobilier est aux antipodes de l’idéal des loges libres et souveraines, qui, au XVIIIe siècle, choisissaient elles-mêmes leurs lieux de réunion sans dépendre d’une autorité centrale.
  4. Centralisation géographique : La concentration des temples dans les grandes villes (Paris, Lyon, Marseille…) limite l’accès à la Franc-maçonnerie pour les maçons vivant en zones rurales. Les « temples homologués », souvent soumis à des normes strictes imposées par les obédiences, renforcent cette centralisation, marginalisant les loges périphériques.

Face à ces problèmes, une solution émerge : le retour aux lieux éphémères.

Réunir les loges dans des salles municipales, des arrière-salles de restaurants, ou des espaces privés, comme au temps des premières loges, offrirait plusieurs avantages :

  • Démocratisation : En réduisant les coûts de location, la Franc-maçonnerie redeviendrait accessible à tous, renouant avec son universalisme originel.
  • Flexibilité géographique : Les loges pourraient s’implanter partout en France, y compris dans des régions dépourvues de temples, favorisant une maçonnerie de proximité.
  • Autonomie renforcée : En s’affranchissant des temples obédientiels, les loges échapperaient aux pressions immobilières, retrouvant leur souveraineté.
  • Retour à l’essentiel : Les lieux éphémères, par leur simplicité, recentreraient le travail maçonnique sur le rituel et la fraternité, loin des préoccupations matérielles.

Ce modèle n’est pas sans précédent. Les loges anglaises du XVIIIe siècle, réunies dans des tavernes comme la Goose and Gridiron à Londres, prouvent que la Franc-maçonnerie peut prospérer sans temples dédiés. De même, certaines loges contemporaines, dites « itinérantes » (Exemples : Foire du Trône à Paris, Chapiteau de Cirque Porte d’Aubervilliers, Paquebot durant les croisières maçonniques du Cercle Azuréa…), adoptent ce fonctionnement avec succès, notamment en Scandinavie, où les Tenues dans des lieux neutres sont courantes (Freemasonry in Scandinavia, Henrik Bogdan, 2019).

Cependant, le retour aux lieux éphémères pose des défis : la sécurité, la confidentialité des travaux et l’absence d’un cadre symbolique fort, propre aux temples, pourraient freiner certains maçons. Une solution hybride, combinant temples partagés (gérés par des coopératives de loges) et lieux éphémères, pourrait répondre à ces préoccupations tout en limitant l’emprise des obédiences.

Une Franc-maçonnerie sans obédiences : un scénario viable ?

Pour répondre aux questions posées, commençons par envisager une Franc-maçonnerie sans obédiences. Historiquement, les loges ont existé avant les suprastructures, et certaines, comme les loges écossaises du XVe siècle, fonctionnaient sans autorité centrale. Aujourd’hui, une loge indépendante pourrait, en théorie, perpétuer la tradition maçonnique, à condition de préserver la rigueur des rituels et la qualité des initiations. Les outils numériques, comme les plateformes sécurisées, permettraient même à des loges dispersées de collaborer sans intermédiaire. Parmi les exemples de Loges libres :

Parlons de la Rudyard Kipling Lodge de Suresnes (92) qui fêtait justement cette semaine sa 134e Tenue régulière sans aucune Obédience. De nombreux témoignages attestent de la haute qualité de leurs travaux et de leur sérieux.

En revanche, une Franc-maçonnerie sans loges est inconcevable. Les obédiences, privées de leurs loges, perdraient leur légitimité et leur raison d’être. Elles ne sont que des cadres au service des loges, et non des entités autonomes. Comme le souligne Roger Dachez, historien de la Franc-maçonnerie, « une obédience sans loges, c’est comme un général sans armée » (Histoire de la Franc-maçonnerie française, 2015).

Vers une maçonnerie en réseau : l’avenir de l’Ordre ?

Face à ces constats, une question audacieuse se pose :

et si la franc-maçonnerie abandonnait son modèle vertical pour adopter un mode réseau ?

Visage de femme et biométrie
Visage de femme et biométrie

Une maçonnerie décentralisée, où les loges coopéreraient directement, pourrait redonner la primauté à l’initiation et à la fraternité. Les technologies modernes offrent des opportunités inédites : des plateformes numériques pourraient faciliter les échanges, l’étude des rituels, l’organisation de réunions virtuelles ou l’instruction des membres à tous les degrés… sans passer par une autorité centrale.

Jean-Baptiste Colbert, ministre de Louis XIV, en tant que contrôleur général des finances (1665-1683)

Un tel modèle, inspiré des réseaux collaboratifs comme les coopératives ou les blockchains, permettrait aux loges de rester souveraines tout en mutualisant leurs ressources. Les obédiences, si elles subsistaient, se limiteraient à un rôle de facilitateur, garantissant par exemple l’authenticité des rituels ou la sécurité des échanges. Ce passage du vertical à l’horizontal rappellerait l’esprit originel des loges, où la hiérarchie cédait la place à la fraternité. Est-il utile de rappeler qu’en France comme ailleurs, l’état se désengage d’une grande partie des services que le privé assure à moindre coût avec plus de professionnalisme. Il n’y a donc aucune raison que le colbertisme s’acharne sur la Franc-maçonnerie.

Cependant, ce scénario n’est pas sans défis. Une maçonnerie en réseau exigerait une discipline collective pour éviter la dispersion ou la perte de cohérence. De plus, les obédiences, malgré leurs défauts, jouent un rôle dans la reconnaissance internationale et la défense des loges face aux critiques extérieures. Une transition vers un modèle décentralisé devrait donc être progressive, combinant l’autonomie des loges avec une coordination légère.

La loge, éternelle matrice

Cabinet de réflexion maçonnique
Cabinet de réflexion maçonnique

La Franc-maçonnerie, dans son essence, est une aventure humaine qui se vit en loge. C’est là, dans le silence du temple – ou dans l’intimité d’une salle prêtée – que les maçons se réunissent pour travailler à leur perfectionnement et à celui de l’humanité. Les obédiences, bien qu’utiles pour structurer cet élan, ne doivent jamais oublier qu’elles existent pour servir, et non pour régner. La gestion des temples, en alourdissant les finances et en renforçant le contrôle, illustre les dérives d’un système qui s’éloigne de ses racines.

Les 2 premiers maçons mixtes : Adam et Eve

Sur une île déserte, des maçons pourraient recréer une loge avec trois pierres et un serment ; une obédience, elle, s’éteindrait sans un souffle. L’avenir de la Franc-maçonnerie réside peut-être dans un retour à cette simplicité originelle, où les loges, libérées des pesanteurs administratives et immobilières, redeviendraient les véritables gardiennes de l’initiation. Comme le disait Daniel Béresniak,

« la franc-maçonnerie n’est pas une institution, c’est une expérience ».

Et cette expérience, c’est en loge qu’elle s’écrit…


Sources :

  • Bogdan, Henrik. Freemasonry in Scandinavia. Leiden, Brill, 2019.
  • Beaurepaire, Pierre-Yves. La Franc-maçonnerie en Europe. Paris, Armand Colin, 2018.
  • Béresniak, Daniel. Le Choix maçonnique. Paris, Detrad, 1997.
  • Dachez, Roger. Histoire de la Franc-maçonnerie française. Paris, PUF, 2015.
  • Anderson, James. Les Constitutions d’Anderson. 1723, rééd. Paris, Conform, 2017.
  • Combes, André. Histoire de la Franc-maçonnerie écossaise. Paris, Dervy, 1999.
  • Bauer, Alain. La Franc-maçonnerie en France. Paris, Que Sais-Je ?, 2020.
  • Van Hille, Jean-Marc. La Crise de la GLNF. Paris, Conform, 2012.

Création du fonds René Guilly au Grand Orient de France : un hommage à un géant de la Franc-maçonnerie

Le 18 avril 2025 – Une cérémonie empreinte d’émotion s’est tenue au siège du Grand Orient de France (GODF), rue Cadet, marquant la création officielle du fonds René Guilly. Evelyne Guilly, fille de l’éminent historien et franc-maçon, a signé, aux côtés du Grand Maître Nicolas Penin, l’acte de donation des archives, de la bibliothèque et des objets maçonniques de son père, décédé il y a trente-trois ans.

Ce fonds, désormais abrité par le Musée de la Franc-Maçonnerie, constitue un trésor pour les chercheurs et les passionnés de l’histoire maçonnique, tout en réalisant les dernières volontés de René Guilly : préserver l’intégrité de son œuvre et la rendre accessible aux générations futures.

Un legs au service de la mémoire maçonnique

La création du fonds René Guilly s’inscrit dans un projet ambitieux visant à réunir l’ensemble des composantes du travail de cet érudit : une bibliothèque riche de milliers de volumes, des archives manuscrites retraçant quarante années de recherches, et une collection d’objets maçonniques d’une grande valeur historique. Ce legs, soigneusement conservé, permettra aux chercheurs de plonger dans l’univers intellectuel de René Guilly, dont la rigueur et la curiosité ont marqué l’étude de la franc-maçonnerie au XXe siècle.

Evelyne Guilly, lors de la cérémonie, a partagé une vision émouvante de l’héritage de son père :

« Je vois un jeune chercheur, animé par la même curiosité que mon père, explorer cette masse de documents. Il découvrira peu à peu sa méthode, son acharnement, ses questionnements, mais aussi ses découvertes, qui ont jalonné ses quarante années de travail. Ses interrogations ont débuté dès son initiation à la loge La Clémente Amitié en mai 1951, à l’âge de 30 ans, et ne se sont éteintes qu’avec lui, en 1992. »

Pierre Mollier

Elle a également rendu hommage à Pierre Mollier, directeur du Musée de la Franc-Maçonnerie et rédacteur en chef de la revue Renaissance Traditionnelle durant 30 ans de 1993 à 2022, dont le soutien a été déterminant pour la réalisation de ce projet.

« Sans Pierre, ce fonds n’aurait jamais vu le jour. Il a ouvert les portes du Musée et compris l’importance de cet héritage »

a-t-elle déclaré.

Le choix du Musée de la Franc-Maçonnerie, labellisé « Musée de France », n’est pas anodin. René Guilly, ancien conservateur en chef des Musées de France, aurait sans doute apprécié cette reconnaissance institutionnelle. Le musée, situé au cœur du siège du GODF, offre un cadre idéal pour la conservation et la valorisation de ce fonds, tout en garantissant son accessibilité aux chercheurs et au public.

René Guilly, un pionnier de l’histoire maçonnique

Mais qui était René Guilly, connu sous le pseudonyme de René Désaguliers ? Né en 1921 et décédé en 1992, cet homme aux multiples facettes – journaliste, historien de l’art, conservateur de musée et franc-maçon – a consacré sa vie à explorer les origines et les traditions de la franc-maçonnerie. Initié en 1951 à la loge La Clémente Amitié du Grand Orient de France, il s’est rapidement interrogé sur les racines historiques et symboliques de l’Ordre. Influencé par la revue Le Symbolisme et par son mentor Marius Lepage, Guilly a découvert les Early Masonic Catechisms et les sources anglaises, qui ont bouleversé sa compréhension de la franc-maçonnerie française et de ses liens avec la tradition anglaise.

Son approche, résolument historique et rigoureuse, l’a conduit à jouer un rôle majeur dans la revitalisation du Rite Français traditionnel. Convaincu que les ajouts et déformations ultérieurs avaient altéré son essence initiatique, il a œuvré pour en retrouver la pureté originelle. Dans les années 1950, il s’est également intéressé au RER, et a été initié au martinisme en 1961, approfondissant ainsi sa réflexion sur les courants ésotériques chrétiens.

En 1968, René Guilly a fondé la Loge Nationale Française (LNF), une fédération visant à promouvoir une maçonnerie traditionnelle ancrée dans des recherches historiques solides. Deux ans plus tard, en 1970, il a créé la revue Renaissance Traditionnelle, qui demeure une référence incontournable pour l’étude des rites, des symboles et de l’histoire maçonnique. Sous sa direction, la revue a publié des analyses approfondies, souvent basées sur des sources primaires, contribuant à renouveler le regard porté sur la franc-maçonnerie.

Guilly a également laissé une empreinte durable dans le domaine patrimonial. Entre 1986 et 1991, il a joué un rôle clé dans le classement des rituels maçonniques à la Bibliothèque nationale de France, assurant leur préservation pour les générations futures. Ses nombreux articles, réunis posthumément dans des ouvrages comme Les Pierres de la Franc-Maçonnerie (1995), continuent d’éclairer les symboles fondamentaux de l’Ordre. Traditionaliste dans l’âme, René Guilly a marqué la franc-maçonnerie par son érudition, son retour aux sources et son exigence intellectuelle.

Un fonds au service de la recherche

Bernard Dat, Évelyne Guilly, Paul Paoloni et Pierre Mollier (de gauche à droite)

La création du fonds René Guilly s’inscrit dans une dynamique plus large de valorisation du patrimoine maçonnique. Le Musée de la Franc-Maçonnerie, dirigé par Pierre Mollier, s’est imposé comme un acteur majeur dans ce domaine, accueillant des collections uniques et organisant des expositions qui attirent un public varié. L’intégration du fonds Guilly renforce cette mission, en offrant aux chercheurs un accès privilégié à des documents rares, tels que des correspondances, des notes manuscrites et des éditions anciennes.

Ce projet n’aurait pu aboutir sans les liens étroits entre la famille Guilly et le GODF, notamment à travers Pierre Mollier, qui a accompagné Evelyne Guilly tout au long du processus.

« Pierre a compris l’importance de ce legs, non seulement pour l’histoire de la franc-maçonnerie, mais aussi pour perpétuer l’esprit de mon père »

a souligné Evelyne lors de la cérémonie.

Une résonance contemporaine

Au-delà de sa dimension historique, la création du fonds René Guilly soulève des questions d’actualité sur la préservation du patrimoine intellectuel et la transmission des savoirs. Dans un monde où les archives numériques côtoient les documents papier, le choix de confier ce fonds à une institution comme le GODF garantit sa pérennité tout en respectant les valeurs de René Guilly : rigueur, curiosité et respect de la tradition.

Ce legs est également un rappel de l’importance de la franc-maçonnerie comme champ d’étude académique. Les travaux de Guilly, en croisant histoire, symbolisme et anthropologie, ont ouvert la voie à une nouvelle génération de chercheurs. Le fonds, en rendant ses archives accessibles, encourage ces explorations et perpétue l’héritage d’un homme qui, selon les mots de Pierre Mollier :

« a su poser les bonnes questions, même lorsque les réponses étaient difficiles à trouver ».

Un pont entre passé et avenir

Musée de la FM - GODF
musee de la Franc-maçonnerie rue Cadet à Paris

La cérémonie du 18 avril 2025 restera gravée dans les annales du Grand Orient de France comme un moment de communion autour des idéaux de René Guilly. En créant ce fonds, Evelyne Guilly et le GODF honorent la mémoire d’un homme dont la vie fut dédiée à la compréhension et à la transmission de la franc-maçonnerie. Pour les chercheurs, les francs-maçons et les curieux, le fonds René Guilly est une invitation à explorer un univers riche de symboles, d’histoire et de questionnements intemporels.

Comme l’a si bien résumé Evelyne Guilly :

« Mon père aurait été heureux de savoir que ses travaux continueront d’inspirer ceux qui, comme lui, cherchent à comprendre. »

Grâce à ce fonds, l’héritage de René Guilly, alias René Désaguliers, est désormais ancré dans l’avenir.


Sources :

  • Site officiel du Musée de la Franc-Maçonnerie : www.museefm.org.
  • Archives du Grand Orient de France, Musée de la Franc-Maçonnerie, Paris.
  • Renaissance Traditionnelle, numéros dirigés par René Guilly et Pierre Mollier.
  • Guilly, René. Les Pierres de la Franc-Maçonnerie. Paris, 1995.
  • Mollier, Pierre. « René Guilly et l’histoire de la franc-maçonnerie », conférence au GODF, 2010.
  • Entretien avec Evelyne Guilly, 18 avril 2025 (témoignage recueilli lors de la cérémonie).

Que faut-il pour être Franc-maçon ? Conditions requises en Uruguay au XIXe siècle

De notre confrère espagnol nuevatribuna.es

Comme source, nous avons utilisé le « Code maçonnique pour les bureaux du Cercle du Grand Orient de l’Uruguay », imprimé en 1864 à Montevideo.

Bien que la Franc-maçonnerie soit universelle, il existe toujours un degré d’autonomie dans les obédiences et les loges. Pour enrichir nos connaissances sur cette institution, nous plongeons dans le XIXe siècle pour découvrir ce qu’était la Franc-Maçonnerie et quelles étaient les conditions à remplir pour entrer dans le Grand Orient d’Uruguay vers 1864. Comme source, nous avons utilisé le  Code maçonnique des bureaux du Cercle du Grand Orient d’Uruguay, imprimé cette année-là à Montevideo.

La franc-maçonnerie dans la République orientale de l’Uruguay était définie comme une société d’hommes libres et indépendants qui observaient les lois du pays et qui se réunissaient dans des sociétés régies par les principes universels de l’institution maçonnique, « réparties sur toute la surface du globe ».

L’illumination et l’amélioration de l’espèce humaine, l’exercice de la bienfaisance et de la charité, ainsi que la pratique de toutes les vertus sociales qui constitueraient « le véritable homme bon »

Mais ces principes n’énonçaient pas quel était l’objectif de la franc-maçonnerie ; ils énonçaient simplement, et selon des principes très universels, qui étaient ses membres, en se basant sur les principes de liberté et d’indépendance, sans oublier le respect de la loi, principe qui a toujours été clairement exprimé dans l’ordre, malgré la réputation conspiratrice que l’anti-maçonnerie a cherché à faire sortir de l’ordre.

Or, le deuxième article du Code précité nous parle bien du principe fondamental de la Franc-Maçonnerie, qui serait, dans l’interprétation de ce Grand Orient, l’illumination et le perfectionnement de l’espèce humaine, l’exercice de la bienfaisance et de la charité, ainsi que la pratique de toutes les vertus sociales qui constitueraient « le véritable homme de bien ». 
Nous parlerions donc d’une triple fonction : l’illumination, l’amélioration et la philanthropie.

Et maintenant sont venus les articles sur les conditions d’adhésion à la franc-maçonnerie. Il s’agirait d’exigences que nous pourrions classer comme objectifs et d’autres comme morales :

« 1. Être âgé de vingt et un ans ou plus, tel qu’attesté par un certificat d’âge ou par une déclaration signée par le candidat et garantie par le promoteur.

2°. Bénéficier des privilèges d’un homme bien considéré ou intelligent.

3ème. Prouver avoir reçu une éducation honnête.

4ème. Avoir un emploi libre et décent qui vous assure vos moyens de subsistance. « 

La franc-maçonnerie dans la République orientale de l’Uruguay était définie comme une société d’hommes libres et indépendants qui respectaient les lois du pays.

Une exception fut soulevée, qui était celle de l’âge, puisque le candidat pouvait avoir dix-huit ans s’il était le fils d’un franc-maçon proposé par son père ou son tuteur.

Pour démontrer les exigences, un document prouvant l’âge devait être présenté au moment de la proposition par le membre proposant, tandis que les autres exigences seraient vérifiées par un document écrit assermenté par trois francs-maçons, qui traiterait du « comportement social de l’individu proposé ». Si ces documents n’étaient pas présentés, le candidat ne pourrait pas être admis. De plus, si le candidat proposé et les francs-maçons qui devaient l’admettre se soustrayaient aux exigences, ils seraient poursuivis par la justice maçonnique, et si la fraude était prouvée, ils seraient expulsés.

Accusations de rituels sataniques : elle est condamnée à franchir les portes du temple maçonnique

Une TikTokeuse belge condamnée pour avoir accusé un temple maçonnique de rituels sataniques : une affaire qui interroge les dérives des réseaux sociaux

Une affaire inhabituelle a secoué Bruxelles, mêlant réseaux sociaux, accusations infondées et tensions communautaires. Yousra J., une jeune esthéticienne de 23 ans connue sur TikTok, a été condamnée à une peine de probation autonome après avoir publié une vidéo dans laquelle elle accusait un temple maçonnique du centre de Bruxelles d’organiser des « rituels sataniques ». Cette vidéo, postée le 25 janvier 2025, a eu des conséquences dramatiques : le temple a été caillassé, des individus s’y sont introduits, et le concierge a échappé de justesse à toute atteinte physique.

Cette affaire, qualifiée par le parquet de Bruxelles d’« archétype de la bêtise » dans le contexte des réseaux sociaux, soulève des questions sur la responsabilité des influenceurs, les préjugés autour de la franc-maçonnerie, et les dérives de la désinformation en ligne.

Les faits : une vidéo TikTok aux lourdes conséquences

Le 25 janvier 2025, Yousra J., qui vit actuellement des aides du CPAS (Centre Public d’Action Sociale), a publié une vidéo sur TikTok devant un temple maçonnique situé dans le centre de Bruxelles. Dans cette vidéo, elle affirmait que des « rituels sataniques » y étaient organisés, alimentant des théories conspirationnistes souvent véhiculées sur les réseaux sociaux. La vidéo, qui a rapidement circulé, a déclenché une vague de réactions hostiles. Quelques jours plus tard, le temple a été la cible de jets de pierres, mettant en danger le concierge, qui a failli être touché par un projectile. Des individus se sont également introduits dans le bâtiment, ignorant que des particuliers y résident, ce qui a exacerbé la gravité de l’incident.

Face à ce déchaînement de violences, la police bruxelloise a ouvert une enquête pour identifier l’auteure de la vidéo. Le 28 février 2025, Yousra J. a été interpellée et déférée devant le parquet de Bruxelles, qui l’a citée à comparaître devant la 67e chambre correctionnelle. Lors de l’audience, qui s’est tenue le 23 avril 2025, le parquet a requis une peine de quinze mois de prison avec sursis, dénonçant une vidéo qui incarne « l’archétype de la bêtise dans laquelle vivent les réseaux sociaux actuellement ».

Le procès et la condamnation

Temple maçonnique des Amis philanthropes à Bruxelles (Source Wikipedia)

Lors du procès, Yousra J. a plaidé l’irresponsabilité, affirmant qu’il s’agissait d’une « blague » et qu’elle n’avait pas l’intention de provoquer du harcèlement ou de la violence. Cependant, le tribunal a jugé que ses actes avaient eu des conséquences graves, mettant en danger la sécurité des résidents du temple et alimentant des préjugés dangereux. Le 23 avril 2025, la jeune femme a été condamnée à une peine de probation autonome, assortie de conditions strictes : elle doit trouver un emploi et s’abstenir de publier tout contenu sur les réseaux sociaux susceptible de constituer une infraction pénale. Mais la sanction la plus symbolique est ailleurs : Yousra J. a été condamnée à visiter le temple maçonnique qu’elle avait accusé, une mesure éducative visant à lui faire prendre conscience des réalités de la franc-maçonnerie et à déconstruire ses préjugés.

Cette condamnation, bien que clémente par rapport à la peine initialement requise, a suscité des réactions contrastées. Certains saluent une approche pédagogique, tandis que d’autres estiment qu’une peine plus lourde aurait envoyé un message plus fort contre la désinformation en ligne.

La franc-maçonnerie sous le feu des préjugés

Cette affaire met en lumière les préjugés persistants à l’égard de la franc-maçonnerie, une organisation souvent mal comprise et entourée de fantasmes. En Belgique, la franc-maçonnerie compte environ 25 000 membres, répartis entre plusieurs obédiences, dont le Grand Orient de Belgique (GOB) et la Fédération belge du Droit Humain. Contrairement aux idées reçues, la franc-maçonnerie n’est pas une organisation secrète, mais une société discrète qui promeut des valeurs humanistes, la réflexion philosophique et la fraternité. Ses temples, comme celui ciblé par Yousra J., sont souvent des lieux ouverts à des activités culturelles ou éducatives, bien loin des clichés de « rituels sataniques » véhiculés par les théories conspirationnistes.

Ces stéréotypes ne datent pas d’aujourd’hui. Dès le XVIIIe siècle, la franc-maçonnerie a été accusée de pratiques occultes ou de complots, notamment par l’Église catholique, qui l’a longtemps excommuniée. Plus récemment, des rumeurs similaires ont circulé sur les réseaux sociaux, comme en 2018, lorsqu’une vidéo virale affirmait que des « rituels pédo-sataniques » avaient lieu dans les sous-sols de La Défense à Paris, une rumeur infondée relayée plus de 937 000 fois. En Belgique, des temples maçonniques ont également été la cible d’actes de vandalisme, comme à Morlanwelz en 2024, où une loge a été taguée, ou à Marbaix-la-Tour, où des dégradations ont été signalées.

Les réseaux sociaux : un amplificateur de désinformation

Cette affaire illustre également les dérives des réseaux sociaux, où la quête de visibilité peut conduire à des comportements irresponsables. TikTok, plateforme prisée par les jeunes générations, est souvent critiquée pour sa modération laxiste et la viralité de contenus problématiques. Dans le cas de Yousra J., sa vidéo s’inscrit dans une tendance plus large de théories conspirationnistes qui associent la franc-maçonnerie à des pratiques occultes, une narrative alimentée par des figures comme Alain Soral ou Youssef Hindi, qui ont dénoncé des « rituels sataniques » lors de la cérémonie des JO 2024. Ces discours, bien que marginaux, trouvent un écho auprès d’un public jeune et influençable, comme l’a montré une étude de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) en 2023, qui alertait sur la montée des théories conspirationnistes sur les réseaux sociaux.

Le parquet de Bruxelles a d’ailleurs insisté sur la responsabilité des créateurs de contenu dans la diffusion de telles rumeurs. La vidéo de Yousra J. n’était peut-être qu’une « blague » selon ses dires, mais elle a eu des conséquences bien réelles, illustrant le pouvoir des réseaux sociaux à transformer une rumeur en acte de violence. Ce phénomène n’est pas isolé : en 2008, une affaire similaire avait défrayé la chronique en Belgique, lorsqu’une jeune Hollandaise avait été tuée par une secte satanique près de Louvain, un crime lié à des rumeurs de rituels occultes qui avaient mobilisé la police fédérale.

Une condamnation éducative, mais des questions en suspens

La décision du tribunal de condamner Yousra J. à visiter le temple maçonnique est une mesure rare, qui vise à confronter la jeune femme à la réalité de l’organisation qu’elle a diffamée. Cette approche, qui mise sur l’éducation plutôt que sur la répression, a été saluée par certains observateurs comme une tentative de déconstruire les préjugés à la source. Cependant, elle soulève aussi des questions : est-ce suffisant pour dissuader d’autres créateurs de contenu de propager des rumeurs similaires ? Et comment les autorités peuvent-elles mieux réguler les plateformes comme TikTok pour éviter que de tels incidents ne se reproduisent ?

Pour les francs-maçons belges, cette affaire est un rappel des défis auxquels ils font face dans un climat de méfiance croissante. Comme l’expliquait un membre du GOB dans une interview à La DH en 2024, « des tas de temples maçonniques ont encore subi des dégradations ces derniers temps, en France comme en Belgique. Des gens pensent que les francs-maçons complotent et se partagent le pouvoir, ce qui suscite parfois des réactions de haine. » Cette affaire pourrait inciter les obédiences maçonniques à renforcer leur communication et leurs efforts de transparence, afin de contrer les stéréotypes qui alimentent de tels incidents.

Conclusion : un appel à la responsabilité collective

L’affaire Yousra J. est un cas d’école des dangers de la désinformation à l’ère des réseaux sociaux. Ce qui a commencé comme une « blague » sur TikTok s’est transformé en un incident violent, mettant en lumière les préjugés tenaces à l’égard de la franc-maçonnerie et le pouvoir des plateformes numériques à amplifier les rumeurs. Alors que la justice a opté pour une sanction éducative, cette affaire invite à une réflexion plus large sur la responsabilité des créateurs de contenu, le rôle des réseaux sociaux dans la diffusion de théories conspirationnistes, et les moyens de promouvoir un dialogue apaisé autour de sujets aussi sensibles. En attendant, le temple maçonnique de Bruxelles pansera ses blessures, espérant que cette visite imposée à Yousra J. marquera le début d’une prise de conscience, tant pour elle que pour ses abonnés.

Savoir garder ses distances

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A quoi ça sert, moi j’ai l’compas dans l’oeil !

Vous me direz, dans la vie de tous les jours, il y a toujours des propos pour illustrer cette expression.

Vous conduisez il vous faut garder vos distances avec la voiture qui est devant afin d’éviter un choc en cas de freinage, c’est un exemple simple et utile. Par contre dans les rapports avec les personnes que nous côtoyons, c’est plus complexe. D’où cette petite anecdote que j’ai vécu il y a une vingtaine d’années.

« Je viens de m’installer en Italie, plus exactement en Sardaigne. Mon italien est loin d’être parfait et je dois dire que je souffre un peu pour m’exprimer dans cette belle langue que j’écorche, normal, cheminement classique. Aussi première réaction dès que je côtoie des personnes qui parlent français je me sens revivre, encore une fois, normal on s’accroche à ses racines…

Un jour j’apprends que les propriétaires d’un local où je me rends souvent sont français bien qu’ils parlent toujours en italien. Arrive le jour où je me rends chez eux pour faire quelques achats et j’ai l’idée de leur parler en français pour passer ma commande. »

Quelle surprise! Ils m’ont répondu en italien. J’ai payé ma commande en italien, remarquez ça ne change rien c’est en euro, mais un peu vexé, tel le corbeau qui a lâché son fromage, j’ai juré que l’on ne m’y reprendrait plus.

« Ils venaient de garder les distances »

Nous avons tous vécu des expériences similaires. Jeune apprenti, nous sommes peut être parfois, allés trop vite en besogne auprès d’un frère ou d’une sœur pour lui faire découvrir notre appartenance d’une façon un peu maladroite. Le fait d’être maçon est aussi une charge. L’expérience montre aussi que notre retenue, le fait de garder ses distances avec le monde profane peut nous servir et nous aide à rester serein dans notre comportement. On peut le voir ainsi comme une protection pour la sauvegarde de notre discrétion.

Ceci dit, on sait aussi par expérience que toutes les protections ne sont pas efficaces…

Garder ses distances en franc-maçonnerie me semble en contradiction avec notre façon d’exister, nous qui sommes à l’écoute des autres, qui cherchons à comprendre et à améliorer notre existence… Garder ses distances devient alors un refuge qui me semble incompatible avec l’évolution.

Je serai tenté de parodier les paroles du dernier vers de cette chanson de Georges Brassens: “Mourir pour des idées”, paroles qui sont, “mourir pour des idées d’accord, mais de mort lente” avec la phrase en couleur ci-dessous, (que Georges Brassens me le pardonne):

“Mourir pour garder ses distances, d’accord mais de mort lente”…

D’accord mais de mort lente…

Allons voir ce qu’en pense Le Grand René dans sa video ! :

L’énigme des Maîtres -16- Sous la surface

Pour lire l’épisode précédent : ici

Lyon

Idéalement placé au début du quartier historique du Vieux-Lyon classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, à quelques pas de la gare Saint-Paul, l’Hôtel de l’Académie devint leur quartier général. Ils avaient été séduits par les informations que Parker leur avait données pour qu’ils choisissent le lieu de leur séjour : « Occupant un bâtiment datant de 1406, cet hôtel de luxe propose 12 chambres et suites à la décoration soignée, inspirée de l’univers des académiciens français qui ont façonné la connaissance du monde ».

Dans le salon qu’ils avaient choisi pour s’y retrouver après leurs divagations dans la ville, d’où ils ramèneraient expériences et documentations pour en faire la synthèse, placée sur un guéridon parmi des revues sur la ville de Lyon, la thèse de Ferdinand Buisson, Sébastien Castellion, sa vie et son œuvre, était offerte à la lecture des visiteurs ; un marque-page entre les pages 54 et 55.

Alexander ne manqua de l’ouvrir et en comprit la raison. C’était une évocation des Académies de Lyon qui avaient sans doute inspiré le nom de leur hôtel. Il lut à haute voix pour en partager le contenu avec ses amis.

– « On a fait justice depuis quelques années de la légende de l’académie de Fourvière ; mais cette légende, comme d’autres, était plus vraie que l’histoire : elle renaît à travers toutes les pages de Dolet, de Voulté, de Bourbon : s’il n’y avait pas là une « académie » au sens du XVIIe siècle, il y en avait dix au sens du XVIe, bien vivantes et bien libres, pleines de jeunesse, de fraîcheur, d’enthousiasme. Ce beau sodalitium amicorum lugdunensium que Voulté célèbre avec tant d’abandon, auquel Nicolas Bourbon, quoique plus froid, fait aussi de fréquentes allusions, c’est une suite de petites réunions où se rencontrent tous les amis de toutes les choses de l’intelligence, lettrés, savants, érudits, poètes, où l’élite de la jeunesse studieuse se groupe autour des hommes qu’elle considère déjà comme ses maîtres et comme l’honneur du pays. » Quelle synchronicité n’est-ce pas ?

– Sacré Parker ! Il a eu de l’esprit en nous proposant cet hôtel dit Guido en riant avec un regard complice à Caris.

Première visite à la bibliothèque municipale de Lyon.

Le matin du lendemain de leur arrivée à Lyon, Alexander et Archibald se rendirent en premier lieu à la Bibliothèque Municipale d’où ils rapportèrent les conclusions le soir  de leur visite.

Alexander commença

– La tradition du secret et de l’occulte est ancienne à Lyon. Ésotérisme et franc-maçonnerie s’y sont largement développés ; la Bibliothèque en conserve de multiples traces, plusieurs milliers, dans son fonds « imprimé et manuscrit ».

C’est sur le thème plus particulier de l’alchimie à travers les livres anciens que nous avons concentré nos recherches.

Remarquons qu’au cours de la Renaissance italienne, il y avait des artistes qui, en plus de leur engagement dans la peinture, étaient également impliqués dans des recherches alchimiques et ésotériques. Voici quelques exemples de peintres et d’alchimistes qui partageaient parfois les mêmes espaces créatifs ou qui étaient influencés par des idées similaires :

L’un des esprits les plus polymathes de la Renaissance, Leonardo da Vinci était non seulement un artiste de renom, mais aussi un inventeur, scientifique et philosophe. Ses carnets révèlent des esquisses alchimiques et des explorations dans le domaine des sciences occultes.

L’art de Botticelli, connu pour des œuvres telles que « La Naissance de Vénus » et « La Primavera », porte souvent des éléments symboliques et mythologiques qui peuvent être liés à des concepts alchimiques et ésotériques.

Michel-Ange, célèbre pour ses sculptures comme le David et ses fresques comme la chapelle Sixtine, était également influencé par la pensée néo-platonicienne qui avait des liens avec des idées ésotériques de son époque.

Les artistes vénitiens Giovanni Bellini  et Giorgione  ont été associés à la Renaissance magique, un courant qui combinait l’art avec la mystique et l’alchimie.

Ces artistes, bien que principalement connus pour leur contribution au monde de l’art, ont souvent été inspirés par des idées ésotériques, alchimiques et philosophiques de leur époque, établissant ainsi des liens entre la création artistique et la recherche mystique.

Archibald voulut préciser en levant un doigt comme un enfant à l’école

– L’alchimie, dont l’origine pourrait remonter à l’égyptien ancien « Kemet » (Terre Noire), est un art qui allie mystique, science et spiritualité. Ses racines se retrouvent dans plusieurs langues, comme l’hébreu et l’arabe, et elle est souvent associée à la quête de transformation, tant matérielle que spirituelle. Les Égyptiens ont pratiqué l’alchimie pour comprendre la nature et l’univers, notamment dans le contexte de la momification.

Au fil des siècles, l’alchimie a été considérée comme un moyen de transmutation des métaux, avec l’or comme objectif ultime, et a évolué pour devenir une discipline philosophique liée à l’évolution et à la perfection de l’être. Ses pratiques impliquent la séparation de l’impur du pur, utilisant des éléments comme le soufre (principe actif) et le mercure (principe passif).

L’alchimie se distingue par son langage codé et ésotérique, réservé à ceux qui possèdent les compétences nécessaires pour le déchiffrer. Ses méthodes, à la fois humides et sèches, visent à unir les opposés pour atteindre une purification et une compréhension plus profondes de la matière et de l’esprit.

Ainsi, l’alchimie se présente non seulement comme une science de la transformation matérielle, mais aussi comme un chemin de réalisation personnelle et spirituelle.

Alexander reprit la narration de leur visite.

– Devoir consulter des milliers d’ouvrages anciens nous parut prendre trop de temps. La plupart ont un titre en latin. Lesquels sélectionner nous laissa perplexe un long moment. Finalement on approcha par commodité ceux écrits en français.

– Évidemment, nous n’y cherchions pas des procédés de fabrication de l’or, mais ce qui aurait pu faire un lien avec la carte trouvée à Istanbul, précisa Archibald. D’ailleurs, les alchimistes lyonnais du XVIème siècle sont presque tous médecins[1].

– Comme saint François d’Assise demandant la lumière en ouvrant la Bible, non je plaisante mais tout de même, je pris le livre d’alchimie qui m’était le plus connu de renom, Les Douze Clefs de Philosophie de Basile Valentin au rayon des livres rares. Autre intérêt, il date de 1624. Comme seul le hasard sait offrir de l’inattendu, en l’ouvrant, je tombais page 157 sur ce texte : « L’ordre de la nature est souvent changé en moi, en couleur, nombre, poids et mesure, contenant la lumière naturelle, obscur et clair, sortant du ciel et de la terre, connu et n’étant rien du tout, c’est-à-dire dire de stable. Toutes les couleurs et tous les métaux reluisent en moi par les rayons du soleil, le rubis solaire, terre très noble, clarifiée, par laquelle tu pourras transmuter en or le cuivre, le fer, l’étain et le plomb. [2] » Nous primes cela comme un signe validant le choix de l’ouvrage, non par naïveté crédule mais en pensant, comme Friedrich Engels, que « la causalité ne peut être comprise qu’en liaison avec la catégorie du hasard objectif, forme de manifestation de la nécessité ».

– Et le voilà !

Comme le roi mage Gaspard apportant de la myrrhe, Alexander présenta un fac-similé de l’ouvrage traduit en français. Il le sortit précautionneusement d’un carton où il avait été déposé pour le transporter.

– Nous devons à Archibald, et à son incroyable tissu amical international, l’autorisation du conservateur de le sortir de la Bibliothèque. Nous mettrons des gants pour le lire. Je suis sûr que nous y trouverons des indices et si nous faisons confiance à la nécessité du hasard, les premiers mots que nous comprendrons seront aussi des messages indicateurs.

Après avoir donné à chacun des gants en vinyle achetés à la pharmacie du quartier, Alexander commença.

– Vers la fin de l’avant-propos du traité Les douze clefs de philosophie traictant de la vraye médecine métalique, Basile Valentin a écrit et je vous lis : «Fais que ce qui est dessus soit dessous, que le visible soit invisible, le corporel incorporel, et fait derechef que ce qui est dessous soit dessus, l’invisible rendu visible, et l’incorporel corporel, et de cela dépend entièrement toute la perfection de l’art, où néanmoins habitent la mort et la vie, la génération et la corruption».

Cela ne rejoint-il pas nos conversations à Eaton ? Nous devrions alors chercher dans un cimetière ? Proposa en conclusion Alexander.

– Sans doute mais lequel ?

Tous étaient perplexes, tandis que délicatement Caris continuait de feuilleter l’ouvrage après avoir revêtu les gants.

– Regardez, là, il y a une annotation bizarre. À côté de la phrase du dernier paragraphe « c’est assez dit à celui à qui Dieu ouvre les yeux, on pourrait bien ici comprendre l’or ».

Une suite de nombres était manuscrite dans la marge :

Pendant qu’Archibald et Alexander échafaudaient des hypothèses sur l’auteur de cette glose, persuadés que c’était manifestement un lien pour leur jeu de piste, Guido fut le plus excité à l’idée de la déchiffrer.

– Des nombres ? 

Inventoriant ce qu’ils peuvent remplacer pour faire sens d’un lieu à trouver, il dressa une liste, supprimant au fur et à mesure les solutions impossibles : pas des numéros de page, pas des coordonnées géographiques de latitude et de longitude, pas des lettres dans un alphabet. Des initiales de mots écrivant une phrase, peut-être ? Où existe-t-il alors une correspondance entre nombres et initiales ?

Se poser la question, c’était y répondre. L’important c’est la question comme pourrait l’illustrer cette plaisante histoire narrée par Isaac Bashevis Singer : un hassid sort de chez lui en courant dans la rue du shtetl[3], très agité il crie : vite une question, j’ai la réponse !

Guido fit une rapide recherche sur son téléphone, vous l’avez deviné, du tableau où sont représentés tous les éléments chimiques ordonnés par nombre atomique croissant : le tableau de Mendeleïev. Il trouva Carbone, Hydrogène, Astate, Oxygène, Lanthane, Molybdène, Thorium et notant leur symbole il obtint :

– L’un d’entre vous aurait-il entendu parler du château Lamoth ? demanda-t-il à la cantonade, pas peu fier d’avoir trouvé une potentielle solution.

– Un instant. Je vais regarder sur le guéridon parmi les revues, j’ai aperçu quelque chose comme cela dit Caris en se levant pour rejoindre le petit meuble.

Effectivement une revue touristique faisait état dans un article à propos d’un Château Lamothe qu’elle lut à ses amis :

Parmi toutes les routes se nouant autour de Lyon, deux ont une importance commerciale toute particulière : celle de la vallée du Rhône qui met Lyon en rapport avec Marseille et la Méditerranée (avec le Languedoc et l’Espagne); celle de l’Italie par Chambéry et le Mont Cenis. Au Moyen Âge, un château baptisé La Motte est érigé pour conforter la position stratégique du lieu. Aujourd’hui, le château de la Motte représente un ensemble civil très cohérent, représentatif des grandes demeures du début du XVIe siècle des environs de Lyon, à l’époque aux mains d’une famille d’aristocrates collectionneurs d’antiques.

Situé sur une motte qui domine la plaine du Rhône, le château se compose de trois corps de logis irréguliers autour d’une cour intérieure quadrangulaire. Six tours rondes et une carrée complètent la fortification.

L’entrée au sud est constituée par une arcade brisée surmontée par une bretèche à laquelle on accède par une galerie en bois.

La cour est dominée par la tour du grand escalier en vis, encore pourvue de ses fenêtres anciennes, de son dôme à tuiles en écaille et d’une porte d’entrée moulurée ornée d’un médaillon à l’antique de belle qualité représentant l’empereur Commode.

Alexander l’interrompit gentiment

– Pardonne-moi de te couper dans ta lecture. Je me souviens avoir aperçu dans le musée à Istanbul un buste de Marc-Aurèle, le père de Commode. Encore une synchronicité qui pourrait nous laissé penser que nous sommes sur la bonne piste. Je te prie de m’excuser, continue s’il te plaît.

– Écoutez cela : en 2019, des fouilles archéologiques ont permis de mettre au jour, enfoui à plus d’un mètre sous terre du Château Lamothe, un mausolée datant de l’époque romaine…Compléta Caris

Un silence entendu suivi ces dernières paroles. Cela pouvait bien être le cimetière à rechercher.

– Voilà bien un but d’expédition pour demain. Nous irons au Château Lamothe conclut Archibald. Et maintenant Guido si tu nous racontais votre journée.

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[1] Allusion à – Symphorien Champier(1472-1539) : médecin et astrologue, il est l’auteur de plusieurs traités d’alchimie, dont De la vraye et parfaicte science des secrets des philosophes.

– Oronce Fine (1494-1555) : mathématicien et cartographe, il s’est également intéressé à l’alchimie et a publié un traité sur la distillation.

– Jean de La Bruyère (1530-1588) : médecin et alchimiste, il est l’auteur de plusieurs traités sur la transmutation des métaux.

– Denis Zacaire (1510-1556) : médecin et alchimiste, il est l’auteur d’un traité sur la pierre philosophale.

– Antoine Duchesne (1584-1648) : médecin et alchimiste, il est l’auteur d’un traité sur l’élixir de vie.

Sans oublier Bernard Trévisan, cet alchimiste italien du XVe siècle connu pour ses travaux sur la pierre philosophale et l’élixir de vie. Il est décédé à Lyon en 1507 et a été inhumé dans l’église Saint-Nizier. Il est possible que ses restes se trouvent dans le cimetière de Loyasse à Lyon.

[2] Basile Valentin, Les douze clefs de philosophie de frère Basile Valentin,… traictant de la vraye médecine métalique . Plus L’azoth ou le moyen de faire l’or caché des philosophes : <gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k656300/f157>.

[3] Ce terme était principalement utilisé avant la Seconde Guerre mondiale, faisant référence aux villes ou quartiers regroupant une population majoritairement juive dans l’Europe de l’est.