mer 24 décembre 2025 - 20:12
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La Grande Loge du Chili rend hommage au Frère Emilio Morgado et honore d’éminents dirigeants syndicaux

De notre confrère chilien granlogia.cl

En présence des autorités syndicales, politiques et maçonniques, la Grande Loge du Chili et la Fondation Moisés Poblete Troncoso ont organisé une cérémonie solennelle en l’honneur du Frère Emilio Morgado Valenzuela, éminent avocat du travail, universitaire et ancien fonctionnaire de l’Organisation internationale du travail (OIT), dont la carrière a laissé des traces tant au Chili qu’à l’étranger.

La cérémonie a eu lieu au siège de la Grande Loge du Chili à l’occasion de la Fête du Travail. « Un universitaire, un homme de paix, un grand franc-maçon », a déclaré Sebastián Jans Pérez, Grand Maître de la Grande Loge du Chili. Dans son discours, il a rappelé la préoccupation constante du lauréat pour le renforcement des droits collectifs du travail et la promotion de réformes garantissant les droits des travailleurs dans des contextes de transformation sociale. « À chaque fois qu’il venait au Chili, il me rendait visite et m’apportait un livre en cadeau. Il avait toujours des commentaires sur l’évolution du droit du travail. Même pendant les mois du processus constituant, il a publié un livre contenant des propositions importantes que nous avons présentées à divers électeurs », a raconté le Grand Maître. Il a ajouté : « Des personnalités comme Emilio Morgado fournissent une éducation qui n’est pas seulement technique, mais aussi éthique et nécessaire à notre vie publique. »

« Don Emilio Morgado était un juriste exemplaire, un brillant universitaire et un franc-maçon engagé, dont la vie a été consacrée aux droits des travailleurs et aux principes de liberté, d’égalité et de fraternité », a déclaré Eduardo Saavedra Torres, président de la Fondation Moisés Poblete Troncoso. Il a également souligné sa carrière de professeur de droit du travail à l’Université du Chili, son passage à l’Université Cornell et son doctorat honorifique de l’Université de Bordeaux. Il a souligné son passage à l’Organisation internationale du travail (OIT), en tant que directeur régional pour l’Amérique latine, et a participé activement à des organisations telles que l’OEA, la CEPALC et l’Organisation ibéro-américaine de sécurité sociale.

Il a également souligné son travail dans le domaine maçonnique, notant qu’il a rejoint la Loge Cóndor n° 9 en 1962 et a atteint les plus hauts degrés du Rite Écossais Ancien et Accepté, étant couronné Grand Inspecteur Général Degré 33 en 2017. Il a occupé divers postes au sein de la Grande Loge du Chili, notamment celui de Premier Grand Vice-Président et de Président du Tribunal d’Éthique.

Son héritage est resté dans les mémoires comme « impossible à résumer en quelques minutes », a déclaré le directeur de l’OIT pour le Cône Sud, Fabio Bertraneau, qui a ajouté : « Son grand héritage en tant qu’universitaire, en tant que fonctionnaire international, mais fondamentalement en tant que personne chaleureuse et généreuse, continue de marquer ceux d’entre nous qui œuvrent pour la justice sociale. »

Emilio Morgado Valenzuela, récemment décédé à Lima, au Pérou, a écrit plus de 120 publications. Parmi ses contributions les plus récentes, se distingue l’ouvrage « Le droit collectif du travail au Chili. Sa relation avec le droit international du travail et les droits de l’homme », publié par Ediciones Occidente en 2021.

Au cours de l’hommage, des distinctions ont également été décernées à des personnalités éminentes du mouvement ouvrier chilien. Raúl de la Puente Peña, ancien président de l’Association nationale des employés fiscaux (ANEF), a reçu la médaille « Grand Maître Sótero del Río Gundian » pour ses deux décennies de carrière à la tête du syndicat. La même distinction a été décernée à l’avocat Rodolfo Caballero Muñoz pour sa contribution à la formation en droit du travail et à la réforme procédurale au Chili et dans d’autres pays. La médaille est décernée par la Grande Loge du Chili par accord du Conseil de la même institution.

De même, des Diplômes d’Honneur pour le Mérite Syndical ont été décernés aux dirigeants syndicaux Arturo Martínez Molina et Carlos Díaz Marchant, en reconnaissance de leur engagement dans la défense des droits du travail.

Dans son discours, au nom des personnes honorées, le leader De la Puente s’est adressé aux personnes présentes avec des mots émouvants, rappelant son passage dans le mouvement syndical et soulignant la valeur de cette distinction :

« C’est un jour très heureux pour moi. Et le bonheur, pour moi, c’est de donner du sens à ce qui m’a rendu heureux : pouvoir apporter ma contribution aux travailleurs, en l’occurrence aux procureurs », a-t-il déclaré. Visiblement ému, il a ajouté : « Je reviens après une longue maladie de trois ans. Aujourd’hui, j’ai pu chanter l’hymne national avec vous pour la première fois et m’exprimer brièvement, car je suis encore en convalescence. » L’ancien dirigeant a également souligné la fraternité qu’il a trouvée dans l’institution maçonnique, notant : « J’ai pu voir comment ils suivent ses enseignements afin de devenir de meilleures personnes et aussi de rendre service à la société, dans ce cas, au Chili. » Dans son discours, il a rappelé d’autres personnalités présentes : « Arturo Martínez, un grand leader qui a lutté contre la dictature, qui a souffert de relégation et a été persécuté pendant longtemps… tous ces gens sont des travailleurs, et je fais une distinction entre les travailleurs et le travail, car le travail permet le développement des personnes. »

La journée a été encore plus agrémentée par la performance musicale du pianiste et compositeur Miguel Antonio, qui a présenté deux de ses propres compositions : Tango en Marzo et Festejo Monoocular, des pièces qui fusionnent les rythmes traditionnels latino-américains avec une sensibilité contemporaine, renforçant la nature réfléchie et émotionnelle de la cérémonie.

L’événement s’est conclu par la présentation du livre du Frère Morgado aux autorités présentes et le chant de l’hymne maçonnique, lors d’une journée marquée par la reconnaissance d’une figure clé de l’histoire du droit du travail et de la franc-maçonnerie chilienne.

La cérémonie s’est déroulée en présence du député Diego Ibañez, membre de la commission du travail de la Chambre ; Claudio Reyes Barrientos, sous-secrétaire à la Sécurité sociale ; Pablo Zenteno Muñoz, directeur national du Travail ; Laura Vásquez Rodríguez, directrice nationale adjointe du Travail ; le Souverain Grand Commandeur du Conseil Suprême, Carlos Soto Concha, la Grand Maître de la Grande Loge Féminine du Chili, Soledad Torres Castro ; la Souveraine Grande Commandeuse du Conseil Suprême des Femmes, Jimena Muñoz Muñoz ; la trésorière de l’Association des femmes laïques du Chili, Cecilia Rebeco Ormazábal ; le président de l’Association nationale des employés fiscaux, José Pérez Benelli, représentant le président de la CUT, Andrea Palacios ; des membres du Gouvernement Supérieur de l’Ordre de la Grande Loge du Chili, ainsi que des dirigeants syndicaux de notre pays.

Festival du Chamanisme 2025 à Septvallons : une célébration mondiale de la sagesse ancestrale dans l’Aisne

Du 30 avril au 4 mai 2025, la commune de Septvallons, dans l’Aisne, a accueilli la 15e édition du Festival International du Chamanisme, un événement unique au monde qui réunit des représentants des traditions et spiritualités ancestrales des cinq continents. Organisé par le Cercle de Sagesse de l’Union des Traditions Ancestrales, ce festival a attiré des centaines de participants au Domaine des 7 Vallons, dans un cadre propice à la reconnection spirituelle et à la célébration de la diversité culturelle.

Cette année, sous le thème « Guérir, trouver la paix et la sagesse intérieurement, pour participer à l’équilibre et l’harmonie de notre Humanité », le festival a offert une expérience immersive mêlant cérémonies, ateliers, concerts et conférences, tout en mettant à l’honneur l’Asie et les traditions européennes à travers la fête celtique de Beltaine. À travers cet article, plongeons dans les détails de cet événement exceptionnel et explorons la richesse du chamanisme, une pratique millénaire qui continue de résonner dans notre monde contemporain.

Un Rassemblement Planétaire pour la Paix et la Sagesse

Le Festival du Chamanisme, qui se tient depuis plus de 15 ans en France, est bien plus qu’un simple événement culturel : il s’agit d’une véritable rencontre des peuples, traditions et arts chamaniques des cinq continents. Cette 15e édition, qui s’est déroulée du 30 avril au 4 mai 2025 à Septvallons (02160), a réuni 140 délégués issus de 30 pays, représentant une mosaïque de cultures ancestrales. Chamans, guérisseurs, druides, mages et artistes ont partagé leurs savoirs et pratiques avec des centaines de participants venus chercher un sens plus profond à leur vie et une connexion authentique avec les traditions spirituelles.

Le festival s’est tenu au Domaine des 7 Vallons, un lieu qui, depuis 2023, est devenu le théâtre de cette célébration annuelle. Situé à seulement 30 km de Soissons et 29 km de Reims, ce domaine offre un cadre naturel et paisible, idéal pour les cérémonies et les ateliers en plein air. Cette année, les organisateurs ont mis en place des nouveautés logistiques, notamment un parking bétonné sécurisé à 15 minutes à pied du festival, afin de faciliter l’accès tout en respectant les contraintes locales – le stationnement dans le village étant interdit sous peine d’amende.

Video de la 13e édition il y a deux ans.

Le thème de cette édition

« Guérir, trouver la paix et la sagesse intérieurement, pour participer à l’équilibre et l’harmonie de notre Humanité »

a résonné profondément dans un monde marqué par les crises écologiques, sociales et spirituelles. Patrick Dacquay, chef coutumier du Cercle de Sagesse et fondateur du festival, a rappelé l’objectif de cet événement : « C’est un rassemblement des peuples traditionnels qui témoignent de leurs cultures et de leur spiritualité naturelle. En participant à notre festival, vous nourrissez vos racines culturelles et vous soutenez les Peuples Premiers. » Cette mission, qui anime le Cercle de Sagesse depuis plus de vingt ans, s’est traduite par un programme riche et varié, conçu pour offrir une expérience transformative.

Le Chamanisme : Une Sagesse Millénaire au Service de l’Humanité

Vera Sazhina, chamane authentique de la République de Touva en Sibérie et Vice Présidente de l’association des Chamanes de Touva

Avant de plonger dans les détails du festival, il est essentiel de comprendre ce qu’est le chamanisme, une pratique spirituelle qui trouve ses racines dans les origines de l’humanité. Le chamanisme est une tradition universelle, présente dans presque toutes les cultures du monde, des steppes de Mongolie aux forêts amazoniennes, en passant par les plaines d’Afrique et les montagnes des Andes. Les chamans, souvent appelés « guérisseurs », « sages » ou « intermédiaires », jouent un rôle central dans leurs communautés : ils sont les gardiens de la sagesse ancestrale, les médiateurs entre le monde visible et les mondes invisibles, et les soignants de l’âme et du corps.

Un chamane est généralement reconnu par sa communauté pour ses capacités à entrer en contact avec les esprits, les ancêtres ou les forces de la nature. Ces capacités, souvent développées à travers des initiations rigoureuses, lui permettent de guérir, de conseiller et de maintenir l’équilibre au sein de son clan. Comme l’explique le Cercle de Sagesse,

« les chamans sont toujours liés à une culture traditionnelle et n’existent que parce qu’ils sont reconnus par leur communauté. Ils sont les gardiens de la sagesse conservée dans la mémoire de leur lignée. »

Ils honorent les éléments fondamentaux – la terre, l’eau, le feu et l’air – et travaillent à restaurer l’harmonie entre l’homme et la nature.

Le chamanisme repose sur une vision holistique du monde, où tout est interconnecté : les êtres humains, les animaux, les plantes, les esprits et les éléments naturels forment un tout sacré. Les pratiques chamaniques incluent des rituels, des danses, des chants, des voyages spirituels (souvent aidés par des plantes sacrées ou des tambours), ainsi que des soins énergétiques. Contrairement à certaines idées reçues, le chamanisme n’est pas une religion, mais une spiritualité pratique, ancrée dans une relation directe avec le sacré. Dans un monde moderne souvent déconnecté de la nature et des valeurs spirituelles, le chamanisme offre une voie pour retrouver du sens, guérir des blessures intérieures et renouer avec une sagesse oubliée.

Un Programme Riche et Diversifié

Le Festival du Chamanisme 2025 a proposé un programme dense, avec plus de 180 cérémonies, ateliers, soins individuels et concerts sur quatre jours. Les participants ont pu s’immerger dans des pratiques ancestrales, assister à des conférences et tables rondes, et découvrir des expositions d’artistes et d’artisans inspirés par les traditions chamaniques. Voici un aperçu des temps forts de cette édition.

Cérémonies et Rituels : Une Immersion Spirituelle

Le cœur du festival résidait dans ses 180 cérémonies, menées par des chamans et guérisseurs des cinq continents. Ces rituels, souvent accompagnés de chants, de danses et de tambours, ont permis aux participants de vivre des expériences spirituelles profondes. Parmi les moments marquants, la célébration de la fête celtique de Beltaine, le 1er mai 2025, a été un temps fort. Beltaine, une fête traditionnelle européenne marquant le début de la saison lumineuse, a été honorée à travers des rituels de purification, des danses autour de feux sacrés et des offrandes à la terre. Cette célébration, qui mettait à l’honneur les traditions européennes, a offert une connexion puissante avec les cycles de la nature.

L’Asie a également été mise en lumière avec une soirée dédiée, où des délégués de traditions asiatiques – notamment de Mongolie, du Népal et du Tibet – ont partagé leurs pratiques chamaniques. Les participants ont pu assister à des cérémonies impliquant des mantras, des danses sacrées et des offrandes aux esprits, illustrant la richesse spirituelle de ces cultures. Comme l’a souligné Jean-Loup Dewaele, un chaman participant au festival en 2023,

« on s’aperçoit que tout le monde honore les mêmes éléments, la terre, l’eau, le feu et l’air. Sous des aspects différents, on pratique tous la même chose. On forme une grande famille. »

Ateliers et Soins : Une Exploration Personnelle

En parallèle des cérémonies, le festival a proposé de nombreux ateliers pratiques, permettant aux participants de s’initier à des techniques chamaniques. Ces ateliers, animés par des experts des traditions ancestrales, incluaient des sessions sur le voyage chamanique (une pratique où l’on entre en transe pour explorer les mondes spirituels), la fabrication d’objets rituels, et l’utilisation de plantes médicinales. Des soins individuels étaient également disponibles, offrant aux participants la possibilité de recevoir des guérisons énergétiques ou des conseils personnalisés de la part des chamans.

Ces ateliers ont attiré des personnes en quête de sens, comme Manon, venue d’Angers en 2023, qui avait déclaré : « Je ne me retrouve plus dans la société dans laquelle on vit. Là, c’est un parcours de recherche des traditions. » En 2025, cet élan s’est poursuivi, avec des participants exprimant un besoin similaire de « revenir à quelque chose de plus simple, à des valeurs humaines de partage, de bienveillance, d’amour », comme l’avait formulé Marine lors d’une édition précédente.

Concerts et Expositions : L’Art au Service de la Spiritualité

Le festival a également mis l’art à l’honneur, avec des concerts, des spectacles et des expositions. Chaque jour, des concerts chamaniques ont résonné au Domaine des 7 Vallons, mêlant chants traditionnels, tambours et instruments ancestraux comme le didgeridoo ou la flûte amérindienne. Le 4 mai 2025, un concert-gala pour la Paix et la Sagesse a clôturé le festival, réunissant les différentes délégations dans une célébration vibrante de l’unité humaine. Ce spectacle de 2h30, qui rendait hommage à Grand-Père William, un « Homme de Paix » selon les organisateurs, a été un moment d’émotion partagé par tous les participants.

Des expositions d’artistes et d’artisans ont également enrichi l’événement. Les visiteurs ont pu découvrir des peintures, des photographies et des objets rituels fabriqués par les chamans, tels que des amulettes, des tambours chamaniques et des sculptures. Ces œuvres, souvent empreintes de symbolisme, ont offert un aperçu de la richesse esthétique des traditions ancestrales.

Conférences et Tables Rondes : Nourrir la Curiosité Intellectuelle

Pour ceux qui souhaitaient approfondir leur compréhension du chamanisme, des conférences et tables rondes ont été organisées tout au long du festival. Ces sessions, animées par des chamans, des chercheurs et des spécialistes des traditions ancestrales, ont abordé des thèmes variés : l’histoire du chamanisme, son rôle dans les sociétés modernes, les plantes sacrées, et la relation entre spiritualité et écologie. Une remise de prix a également eu lieu, récompensant un film, une œuvre musicale et un livre sur les sagesses ancestrales, dans le but de soutenir les créateurs qui contribuent à la transmission de ces savoirs.

Une Expérience Transformatrice pour les Participants

Le Festival du Chamanisme n’est pas un événement où l’on vient simplement consommer des spectacles ou des activités. Comme le souligne Patrick Dacquay,

« vous n’êtes pas des clients ni des consommateurs, vous êtes des co-organisateurs qui permettent la réalisation de ce rassemblement. »

Cette philosophie participative a créé une atmosphère de partage et de bienveillance, où chaque personne a pu trouver sa place, qu’elle soit novice ou initiée.

Les témoignages des participants reflètent l’impact profond de cette expérience. Beaucoup ont exprimé leur désir de se reconnecter à des traditions anciennes pour retrouver du sens dans un monde moderne souvent dénué de spiritualité.

« Je suis venue pour essayer de comprendre comment, dans le quotidien de nos vies très rythmées, on peut retrouver du sens », avait confié Marine en 2023, un sentiment partagé par de nombreux visiteurs en 2025. D’autres ont été touchés par la diversité des délégations, comme cette participante qui, en 2023, avait trouvé « sublime qu’il y ait ces délégations des 5 continents ».

Les enfants de moins de 16 ans n’étaient pas autorisés à participer, une mesure visant à préserver l’intensité spirituelle des cérémonies et ateliers. Les billets, disponibles à partir de 90 € pour l’entrée sur plusieurs jours, étaient non remboursables mais cessibles, et pouvaient être achetés sur place en chèque ou en espèces, une option offerte à titre exceptionnel après la clôture des ventes en ligne sur HelloAsso.

Le Chamanisme dans le Contexte Contemporain : Une Réponse aux Crises Modernes

Le succès du Festival du Chamanisme, qui attire chaque année un public de plus en plus nombreux, témoigne d’un regain d’intérêt pour les spiritualités ancestrales dans un monde marqué par les crises. À une époque où la déconnexion avec la nature, le stress et la perte de sens sont omniprésents, le chamanisme offre une alternative : une spiritualité pratique, ancrée dans la relation avec les éléments naturels et les forces invisibles. Les pratiques chamaniques, qu’il s’agisse de rituels, de soins ou de voyages spirituels, permettent de guérir des blessures émotionnelles, de renforcer la résilience et de retrouver une harmonie intérieure.

Cependant, le chamanisme contemporain n’est pas sans controverses. Certains critiques dénoncent une forme de « néo-chamanisme » qui, en s’adaptant aux attentes modernes, perdrait son authenticité. Les chamans traditionnels, profondément enracinés dans leurs communautés, peuvent être sceptiques face à des pratiques qui, dans certains cas, sont commercialisées ou détournées de leur contexte culturel. Le Festival du Chamanisme, en mettant l’accent sur des délégués reconnus par leurs communautés, cherche à éviter cet écueil, en favorisant une transmission respectueuse et authentique des traditions.

Septvallons : Un Lieu d’Accueil pour une Tradition Mondiale

Le choix de Septvallons comme lieu d’accueil du festival depuis 2023 n’est pas anodin. Cette commune rurale de l’Aisne, proche de Soissons et de Reims, offre un cadre naturel préservé, propice à la méditation et à la célébration. Le Domaine des 7 Vallons, avec ses espaces verts et ses infrastructures adaptées, a permis d’accueillir les 140 délégués et les centaines de participants dans des conditions optimales. Bien que le domaine ne propose pas d’hébergements pour les festivaliers, une liste de logements à proximité (à Fismes, Reims ou Soissons) était disponible sur le site du festival, facilitant l’organisation des visiteurs.

L’événement a également bénéficié du soutien logistique de la commune, qui a su s’adapter à l’afflux de participants tout en préservant la tranquillité des habitants. La proximité de Septvallons avec des villes comme Soissons (30 km) et Reims (29 km) a permis aux visiteurs de combiner leur participation au festival avec la découverte du patrimoine local, comme la cathédrale de Reims ou les caves de champagne.

Une Immense Cérémonie pour la Paix et la Sagesse

Le Festival du Chamanisme 2025 s’est achevé le 4 mai par une « immense cérémonie planétaire » pour la paix et la sagesse, un moment de communion où toutes les délégations ont uni leurs voix et leurs énergies pour adresser une prière collective à l’humanité. Ce rituel, qui a rassemblé chamans, guérisseurs et participants dans une célébration de l’unité, a été le point culminant de quatre jours d’échanges et de transformations.

En quittant Septvallons, les participants ont emporté avec eux bien plus que des souvenirs : ils ont ramené un sentiment de connexion, une compréhension plus profonde des traditions ancestrales, et peut-être un nouvel élan pour intégrer la sagesse chamanique dans leur quotidien. Comme le souligne le Cercle de Sagesse,

« le chamanisme est un projet social, économique et culturel inspiré par une Sagesse Spirituelle qui trouve ses racines dans l’origine de notre humanité. »

À Septvallons, en 2025, cette sagesse a rayonné, offrant un espace de guérison, de partage et d’espoir dans un monde qui en a grand besoin.

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Houzzé, houzzé, houzzé ! Liberté – Egalité – Fraternité

A l’ouverture des travaux, comme lorsqu’il convient de saluer un événement tel que l’arrivée d’un nouveau maillon dans la chaîne d’union d’une Respectable Loge, le Vénérable Maître invite à ponctuer le déroulement de la cérémonie par la formule « A moi mes Frères, par la batterie, l’acclamation écossaise et la devise ».

AU R.E.A.A. l’acclamation écossaise est, comme chacun le sait, « Houzzé, houzzé, houzzé ». Que signifie-t-elle ?

Toutes sortes de propositions ont été faites à ce sujet, se référant principalement à des origines anglaises. La plus plausible consiste à considérer Houzzé comme une acclamation de joie et d’approbation dont le livret d’Apprenti assure que l’orthographe anglaise serait une ancienne forme de Hurrah, sans véritablement expliquer pourquoi cette origine, quelle relation à la franc-maçonnerie, et pourquoi répéter ce mot trois fois.
Il semble qu’il se soit agi d’un usage emprunté aux marins lors de l’embarquement ou débarquement d’un visiteur à bord faisant ressortir l’exultation.

Crédit Photo : Jean-Laurent Turbet

Notre regretté Frère Michael Segall, auteur entre autres d’un remarquable ouvrage dont la seconde édition, parue en 2014, porte le titre de Dictionnaire maçonnique : Terminologie des rituels maçonniques, penchait pour sa part pour une explication beaucoup plus simple et faisant référence à un élément du rituel que tous les Frères Maîtres connaissez bien : Hou Zé signifie en effet tout simplement en hébreu « C’est Lui ! ».
C’est lui, tout simplement.

Vous pouvez voir derrière ce « lui » le Grand Architecte de l’Univers, ou un homme particulièrement éclairé qui aurait eu connaissance de cet Absolu sacré vers lequel le Maçon tente de progresser…

Cela dit, les explications étymologiques diverses ne manquent pas d’intérêt.

Minute humour

Certaines sources évoquent une origine biblique, faisant référence au mot Uzza qui désigne un personnage mentionné au deuxième livre de Samuel comme ayant été l’un des deux conducteurs du chariot qui ramenait l’Arche Sainte vers Jérusalem après la victoire de David sur les Philistins.

Cependant, la référence hébraïque la plus plausible et la plus intéressante se réfère au mot « oz », qui signifie appui, soutien, force, gloire, honneur, puissance. Ce sont là naturellement des attributs que la Bible confère à l’Éternel. On peut ainsi lire dans les Chroniques 16 :28 : « Familles des peuples, rendez à l’Éternel, Rendez à l’Éternel gloire et honneur » (kavod ve oz).

C’est en tous cas la référence préférée par Jules Boucher dans son ouvrage sur La Symbolique maçonnique, en faisant un rapprochement entre force et vie, donc entre Houzzé et Vivat.

De savants auteurs ont proposé d’autres explications, sans aller jusqu’à ce que proposent certains qui se réfèrent à l’acclamation juive passée dans la liturgie chrétienne « Hosh ‘ana » pour la rapprocher d’ « Hoshé’a » (« salut, sauvetage, rédemption »), puis à « Yeshu’ah » qui signifie également « salut », « rédemption » et/ou finalement à « Yeshu’a»: « Dieu est sauveur »).

Sans aller aussi loin, citons par exemple l’origine égyptienne selon laquelle le mot Ouser signifie feu actif du monde, pouvoir vital de l’homme. On peut noter aussi le nom de Osée, un prophète hébreu qui vécut au 8ème siècle avant J-C et dont le nom signifie Yahvé sauve, Dieu sauve.

Les livres au fort contenu ésotérique de ce prophète peuvent être compris comme un symbole de la délivrance, de la sécurité
On peut également penser, selon certains, à un roi légendaire d’Israël qui se serait nommé Houzzé et qui serait associé à la tradition alchimique.

D’aucuns parlent encore du mot arabe Uzza qui est l’un des 99 noms de Dieu dans le Coran.
Il est affirmé par certains auteurs que le mot al uzza désigne l’acacia, également appelé l’épine d’Égypte, qui serait également un symbole solaire.
En fait, il semble plutôt qu’Uzza soit le nom d’une déesse pré-islamique, une des trois divinités mecquoises que la tradition nomme les « filles d’Allah ». Mahomet avait, dans une première version, recommandé qu’on leur rendît un culte, ce sont ces versets, qui furent un temps prononcés avant d’être abrogés, et que l’on connaît sous leur nom de versets sataniques, la fameuse expression reprise par Salman Rushdie.

D’autres encore vont chercher des origines celtes faisant référence à l’Écosse ou tout simplement à l’équivalent de hourrah sans dire pour autant d’ailleurs ce que pourrait signifier Hourrah au-delà de l’acclamation de félicitations que chacun connaît.

En fait, le mot apparaît dès 1725 : « ..the Grand Lodge had chosen the Rt.Hon.Earl of Ross, Grand Master for the year ensuing and Sir Thomas Pendergrass, and Mak Morgan, Esq. Grand Wardens, and the Grand Master has appointed… at the naming of each of these, the Society gave their approbation by three Huzzas… »
(Gould’s history of freemasonry throught the world, vol. II Chapter VII Freemasonry in Ireland)

On lit également que quelques années plus tard, en 1738, lors de l’inauguration de l’Hospice Royal d’Edimbourg : « …chaque maçon frappa à son tour trois coups sur la pierre. Les trompettes sonnèrent trois fois et les Huzzas et les applaudissements des mains se firent entendre trois fois ».

Puis Huzza est mentionné pour la première fois dans un rituel en 1753 sous la forme Houzzai.

L’acclamation franchit la Manche et traverse la France, puisqu’1774, les Houzzai sont signalés dans le Compte Rendu de la Tenue d’Installation de la Loge d’Avignon. Une des hypothèses avancées est que les Houzzai ont été importés par la Mère Loge du Contrat Social.

Le Guide des Maçons Écossais, qui date de 1804, donne « Houzze! Houzze! Houzze!« . (p.87, Maître)
En 1820, Vuillaume, dans son Manuel Maçonnique, écrit: « on s’écrie ensuite par trois fois Huzza ! » Et Vuillaume précise qu’il faut prononcer houzzai.

Par ailleurs, on trouve en 1825 dans le Dictionnaire Maçonnique de Quantin, l’information selon laquelle « « Houzé »(Huzza) est le cri de joie des Maçons du Rite Écossais. II signifie Vive le roi. Ainsi, les Maçons écossais accusés d’être hostiles au trône, manifestent leur allégresse par le cri de Vive le roi. »

Photo prise du dessin d’Albert Lantoine repris dans son roman Elisçuah édité en 1896 (Bibliothèque Artistique & Littéraire).

Enfin, en 1930 Albert Lantoine énonce que le mot Huzza (Houzé) est tout simplement synonyme de Hourra en usage en Europe centrale, et précise qu’il existe dans la langue Anglaise le verbe to Huzzah qui veut dire acclamer. Pour lui, Huzza prononcé trois fois est une vieille acclamation écossaise, dont l’origine anglaise signifie « Vive le roi » par analogie avec le terme « Vivat », plus communément pris dans le sens de « bravo », pendant que vivat garde néanmoins le sens de « vie ».

Certains rites et certaines obédiences complètent l’acclamation en disant : « Vivat, vivat, vivat, semper vivat ! » Qu’il vive, qu’il vive, qu’il vive éternellement.
C’est la formule donnée par le Régulateur du Rite Français qui date de 1801, tandis que le Rite dit « Groussier » en vigueur dans la majorité des Loges du GODF et qui date de 1938, se rallie à « Liberté-Égalité-Fraternité », qu’il qualifie de ternaire révolutionnaire.

Naturellement, un Maçon écossais ne saurait acclamer quiconque ainsi, et c’est bien de glorifier le Grand Architecte de l’Univers qu’il est question.
En tout état de cause nous retiendrons donc que cette acclamation « Houzzé, houzzé, houzzé » est une acclamation symbolique de glorification du Grand Architecte de l’Univers, commune à l’ensemble des traditions maçonniques d’origine écossaise.

Plusieurs obédiences de notre pays font suivre l’acclamation par la devise Liberté Égalité Fraternité qu’a également adoptée cinquante ans plus tard la République française.

On sait en effet que la République a adopté cette devise en 1848 alors qu’elle figurait un demi-siècle auparavant dans le Grand Livre d’Architecture de la Grande Loge de France. Mais il est juste de dire que la liberté et l’égalité avaient été posées comme principe dans l’article 1er de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789.
Les trois mots Liberté Égalité Fraternité apparaissent peu après parmi de nombreuses autres formules, pendant la Révolution française, la première fois dans le Discours sur l’organisation des gardes nationales de Robespierre, jamais prononcé mais rédigé mi-décembre 1790.

En 1793, la commune de Paris impose d’inscrire « La République une et indivisible – Liberté, Égalité, Fraternité ou la mort » sur la façade de l’hôtel de ville, sur tous les édifices publics de la ville et aussi sur des monuments aux morts.
Cette devise est adoptée officiellement en France une première fois le 27 février 1848 par la Deuxième République, et surtout après 1879 par la Troisième République, avant d’être inscrite aux frontons des édifices publics français à l’occasion de la célébration du 14 juillet 1880.

Albert Lantoine a écrit que l’origine maçonnique de la devise « est une légende devenue tellement vivace qu’elle est acceptée par d’excellentes gens qui ne font profession, ni de maçonnisme ni d’antimaçonnisme ».

Liberté Egalite Fraternité
devise France : Liberté Egalite Fraternité

La devise ne naquit pas en loge. Mais « Liberté, Égalité, Fraternité » est devenue la devise d’une très grande partie de la franc-maçonnerie latine, en Europe, notamment en Belgique, mais aussi en Amérique.

La patente de la loge « La bonne foy », constituée à l’orient de Saint – Germain-en-Laye, en 1688, aurait porté la devise : « Liberté, Égalité, Fraternité », mais toutes les copies produites, car il n’y a pas d’original, ont été reconnues apocryphes.

Un seul texte, fait de la liberté, de l’égalité, et de la fraternité les trois vertus cardinales à la foi révolutionnaires, et de la maçonnerie, et déclare de l’antériorité, dans la pratique, de notre Ordre en cette matière, comme le montre une planche de Saint-Jean d’Écosse du Contrat Social, en date du 20 janvier 1791.

Enfin on peut lire le Grand livre d’architecture de la Très Respectable Grande Loge de France, du 9 février 1789 au 5 juin 1798. Si nous l’ouvrons aux pages qui correspondent à l’année 1795, nous y lisons très clairement la formule « Liberté, Égalité, Fraternité »

Convenons cependant qu’en tout état de cause, le sens maçonnique de cette devise ne se superpose pas et ne doit pas être confondu avec son sens patriotique historique ou politique et c’est en cela que cette devise d’une Grande Loge peut-être celle de tout franc-maçon de toute obédience, même dans un Orient éloigné, par exemple dans un pays dont les libertés démocratiques sont garanties par un souverain et non pas par une Constitution républicaine.

Cela dit et bien entendu, les Français font pleinement leur la devise de leur République, et les valeurs démocratiques et humanistes dont elle fait l’idéal commun. Mais il nous faut aller au-delà car le premier champ d’application de cette devise est notre propre comportement. Ces trois valeurs majeures sont les premières qu’il nous faut conquérir.

La démarche maçonnique est une démarche de libération. Je veux être un homme libre, dégagé des préjugés et des dogmes. Et si je revendique la liberté pour moi, je me dois de la revendiquer pour chacun.

Pour tous et pour chacun car l’autre est mon égal. En tant qu’homme, je ne suis l’inférieur de quiconque, ni son supérieur. Ce principe d’égalité commande que je le respecte comme je souhaite qu’il me respecte moi-même.
L’Autre et moi sommes libres et égaux, comme le dit la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. L’Autre et moi, nous sommes Frères en humanité. Et cette fraternité crée le devoir de solidarité.

Notre attention portée à l’Autre est l’un des piliers essentiels de notre engagement en Franc-maçonnerie, comme le disent les Constitutions : La Franc-maçonnerie est un ordre initiatique traditionnel et universel fondé sur la Fraternité.
Au-delà de la fraternité entre initiés, la Franc-maçonnerie invite naturellement à la fraternité entre tous les hommes, au nom des valeurs qu’elle développe chez ceux et celles qui y adhèrent et cherchent à s’y perfectionner. Il va de soi que « homme » est ici à considérer au sens générique d’ «être humain » et que nos Sœurs ne sauraient en être exclues !

Mais la moindre des choses, la première étape, c’est bien d’avoir un comportement véritablement fraternel à l’intérieur de la Loge, vis-à-vis de chacun de ses Frères ou Sœurs.

Il n’est pas possible de se contraindre à avoir la même sympathie, la même affection pour chacun. Avoir un comportement fraternel c’est respecter son Frère ou sa Soeur pour ce qu’il est, aller vers lui, lui prêter attention et assistance si cela est nécessaire.
Vous voyez ainsi que le sens du triptyque pour un Maçon écossais va au-delà de ce qu’exprime tout républicain, et en fait tout démocrate.

Nous voyons en effet que liberté pour le franc-maçon écossais c’est liberté de la pensée de la parole, la liberté de l’esprit, la liberté de croyance et de conviction métaphysiques ; c’est le refus des dogmes quels qu’ils soient et d’où qu’ils viennent, le refus du « prêt-à-penser ». C’est de cette liberté que je tiens le privilège que constitue le fait de pouvoir véritablement me déterminer, c’est-à-dire choisir, et donc d’être par là-même responsable de mes choix, véritablement humain.

Nous voyons qu’égalité signifie conscience de l’identité de sa valeur propre avec celle de chaque autre membre de la communauté humaine, avec chaque créature sur cette terre. Les convictions d’autrui, ses choix, ses caractéristiques quelles qu’elles soient, valent les miennes, par principe. Et méritent d’être respectées comme telles et doivent pouvoir être exprimées. Ce qui ne m’empêche pas de m’y opposer.
Ou en tous cas de faire valoir ce que j’estime juste, vrai et bon.

Nous voyons enfin que fraternité signifie naturellement non seulement compassion mais aussi solidarité, don de soi. Nous sommes Frères et Sœurs en humanité, et de cette fraternité découle un devoir de solidarité.

Gardons à l’esprit que la Fraternité va au-delà de la solidarité.

L’article 22 de la Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée à Paris le 10 décembre 1948 précise à cet égard que « »Toute personne, en tant que membre de la société, a droit à la sécurité sociale ; elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits économiques, sociaux et culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité, […] »

La fraternité est le lien fraternel et naturel ainsi que le sentiment de solidarité et d’amitié qui unissent ou devraient unir les membres de la même famille que représente l’espèce humaine. Elle implique la tolérance et le respect mutuel des différences, contribuant ainsi à l’harmonie et à la paix entre les hommes et entre les peuples.

On voit donc que le mot fraternité a donc bien une signification qui va au-delà de la seule solidarité. La fraternité ne peut méconnaître l’objectif d’une plus juste répartition pour le plus grand bien de tous.

Précisément, la fraternité se distingue de la solidarité par la dimension affective de la relation inter-humaine, liée au sentiment d’appartenance à la même espèce.
Parler d’universalité et d’universalisme n’a de sens que parce que l’humanité est une, et que nous appartenons à une seule et même espèce.

Parler d’universalité, se réclamer de la Fraternité, c’est en fait simplement nous relier à notre origine commune, tous engendrés que nous sommes par le principe que nous appelons Grand Architecte de l’Univers.

L’objet de cet article a été de mettre en évidence que pour les Maçons écossais que nous sommes, les deux éléments que sont l’acclamation écossaise et la devise sont deux réitérations, joyeuses et collectives, de l’invocation énoncée par le VM consacrant nos travaux « à la Gloire du Grand Architecte de l’Univers ».

Houzzé, houzzé, houzzé est une acclamation symbolique de glorification du Grand Architecte de l’Univers.

Liberté, Egalité, Fraternité sont pour le Maçon écossais trois valeurs, trois vertus qui rendent compte de son aspiration à reconnaître en lui comme en chaque autre être vivant la marque du même principe créateur.

Voilà ce que chacune et chacun peut et doit avoir à l’esprit à chaque fois que le Vénérable Maître inviter à ponctuer nos travaux par la batterie, l’acclamation écossaise et la devise, ces éléments basiques de nos rituels qui n’ont de portée que si nous en ressentons le sens à chaque fois que nous les prononçons.

Transformer le Plomb en Or : C’est possible… le CERN réalise le rêve des Alchimistes

Avec nos confrères francetvinfo.fr et 20min.ch

Une annonce fascinante a secoué le monde scientifique : des physiciens du CERN, l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire basée à Genève, ont réussi à transformer du plomb en or. Cette prouesse, bien que limitée à une infime fraction de seconde, marque une étape symbolique dans l’histoire de la science, réalisant un rêve millénaire des alchimistes. Cependant, au-delà de l’exploit technique, cette découverte nous invite à revisiter le mythe de l’alchimie, non seulement dans son sens littéral, mais aussi dans sa dimension symbolique et spirituelle, notamment à travers l’alchimie spéculative des francs-maçons.

Une Transmutation Scientifique Éphémère au CERN

Illustration d’une collision ultrapériphérique où deux faisceaux d’ions plomb (208Pb) au LHC passent à proximité l’un de l’autre sans entrer en collision. (Image : CERN)

Selon les informations publiées, les équipes du CERN ont utilisé le Grand Collisionneur de Hadrons (LHC), un accélérateur de particules de 27 kilomètres de circonférence, pour réaliser cette transmutation. Le processus repose sur une manipulation complexe de la structure atomique :

le plomb, qui contient 82 protons, doit en perdre trois pour devenir de l’or, qui en compte 79.

Les chercheurs ont accéléré des atomes de plomb à une vitesse proche de celle de la lumière, provoquant des quasi-collisions qui génèrent des champs électromagnétiques intenses. Ces champs, décrits comme « aplatis comme une crêpe » par le CERN, déclenchent une dissociation électromagnétique, au cours de laquelle un atome de plomb éjecte quelques protons. Lorsqu’il en perd précisément trois, il se transforme brièvement en or.

Cependant, cette transformation est loin de ressembler aux rêves de richesses des alchimistes médiévaux.

L’or produit n’existe que pendant une fraction de seconde avant de se fragmenter en particules plus petites, comme des protons et des neutrons, lorsqu’il heurte les parois du tube de faisceau du LHC.

De plus, la quantité générée est infime : entre 2015 et 2018, seules quelques dizaines de picogrammes d’or ont été créées, soit des trillions de fois moins que ce qui serait nécessaire pour fabriquer un bijou. Cette découverte, bien que spectaculaire sur le plan scientifique, n’a donc aucune application pratique pour produire de l’or à grande échelle. Elle illustre néanmoins les avancées extraordinaires de la physique des particules et notre capacité à manipuler la matière à un niveau fondamental, un exploit qui aurait été inimaginable il y a seulement un siècle.

Le Mythe de l’Alchimie : Une Quête Millénaire

Cette percée scientifique ramène inévitablement à l’esprit le mythe de l’alchimie, une pratique qui, pendant des siècles, a fasciné les esprits en quête de savoir, de richesse et d’immortalité. Dès l’Antiquité, en Égypte gréco-romaine, en Chine et en Inde, les alchimistes ont cherché à découvrir la pierre philosophale, un artefact légendaire censé posséder des pouvoirs extraordinaires. Cette pierre, parfois décrite comme une substance ou un savoir ésotérique, était supposée capable de transmuter les métaux vils, comme le plomb, en métaux nobles, comme l’or. Mais ses promesses ne s’arrêtaient pas là : elle était aussi considérée comme une panacée universelle, capable de guérir tous les maux, et comme un élixir de longue vie, conférant l’immortalité ou l’invisibilité à celui qui la maîtrisait.

L'Alchimie, Paracelse et Hippolyte Baraduc...
L’Alchimie, Paracelse et Hippolyte Baraduc…

Des figures mythiques comme Hermès Trismégiste, Paracelse ou Nicolas Flamel ont incarné cette quête alchimique, mêlant science, philosophie et mysticisme. À une époque où la chimie moderne n’existait pas encore, les alchimistes expérimentaient dans leurs laboratoires, manipulant des substances comme le mercure, le soufre ou le plomb dans des cornues, espérant découvrir le secret de la transmutation. Si leurs efforts pour transformer littéralement le plomb en or ont échoué, l’alchimie a néanmoins posé les bases de la chimie moderne, avec des découvertes comme l’acide sulfurique, l’antimoine ou le phosphore. Cependant, ses dérives occultes et son incapacité à produire des résultats concrets ont fini par la discréditer aux yeux de la science naissante des Lumières.

Avec l’avènement de la physique nucléaire au XXe siècle, le rêve des alchimistes est devenu techniquement réalisable, mais à un coût prohibitif et sans viabilité économique. Glenn Seaborg, lauréat du prix Nobel de chimie en 1951, avait déjà réussi à transmuter de petites quantités de bismuth en or en 1980, en utilisant un accélérateur de particules. Aujourd’hui, le CERN a repris ce flambeau, prouvant que la transmutation est possible, mais confirmant aussi ses limites pratiques. Ironiquement, cette réalisation scientifique donne raison aux alchimistes sur le principe, tout en montrant que leur quête matérielle était vouée à l’échec dans les conditions de leur époque.

L’Alchimie Symbolique : Une Quête Spirituelle

Au-delà de la transmutation littérale des métaux, l’alchimie a toujours porté une dimension symbolique et spirituelle, qui trouve un écho particulier dans les traditions maçonniques. Pour de nombreux alchimistes, la transformation du plomb en or n’était pas seulement un processus matériel : elle représentait une métaphore de la transformation intérieure, un voyage spirituel vers la perfection. Le plomb, métal lourd, gris et terne, symbolisait l’état brut de l’âme humaine, marquée par l’ignorance, les vices et les imperfections. L’or, métal noble, lumineux et inaltérable, représentait l’âme purifiée, illuminée par la sagesse, la vertu et la connaissance. La quête de la pierre philosophale devenait ainsi une quête de l’illumination, une tentative de transcender les limites de la condition humaine pour atteindre un état de perfection spirituelle.

Cette alchimie symbolique, souvent appelée alchimie spirituelle, a profondément influencé les traditions ésotériques, notamment la franc-maçonnerie. Les francs-maçons, qui se considèrent comme des « bâtisseurs » à la fois matériels et spirituels, ont intégré cette métaphore alchimique dans leurs rituels, leurs symboles et leur philosophie. Dans la franc-maçonnerie, le processus de transformation du plomb en or est interprété comme une allégorie du travail initiatique : le maçon, à travers son parcours, cherche à polir sa « Pierre Brute » – symbole de son état initial, imparfait – pour en faire une « Pierre Cubique » – symbole de perfection et d’harmonie. Ce travail, qui passe par l’étude, la réflexion, les rituels et l’engagement fraternel, vise à transformer l’individu, à le rendre plus sage, plus tolérant et plus éclairé.

L’Alchimie Spéculative des Francs-Maçons

Alchimie sur la table de l'alchimiste
Alchimie sur la table de l’alchimiste

Dans la franc-maçonnerie, cette alchimie symbolique prend une forme spéculative, c’est-à-dire qu’elle se concentre sur la réflexion et la quête intérieure plutôt que sur des expériences matérielles. Les maçons ne cherchent pas à transformer littéralement le plomb en or, mais à opérer une transformation morale et spirituelle, tant au niveau individuel que collectif. Les outils maçonniques, comme l’équerre, le compas ou le maillet, sont utilisés comme des symboles de ce travail : l’équerre représente la droiture et la justice, le compas l’ouverture d’esprit et la quête de l’idéal, et le maillet l’effort constant pour façonner et améliorer soi-même.

Les rituels maçonniques, riches en symboles alchimiques, reflètent cette quête de transformation. Par exemple, le passage du maçon de l’état d’Apprenant à celui de Compagnon, puis de Maître, est souvent comparé aux trois grandes étapes de l’alchimie : le nigredo (l’œuvre au noir, qui symbolise la purification et la confrontation aux ténèbres intérieures), l’albedo (l’œuvre au blanc, qui représente l’illumination et la purification), et le rubedo (l’œuvre au rouge, qui marque l’achèvement de la transformation et l’atteinte de la perfection). Ces étapes, bien que symboliques, sont vécues de manière concrète à travers les rituels, les méditations et les échanges en loge, où les maçons apprennent à surmonter leurs défauts, à cultiver des vertus et à s’élever spirituellement.

L’alchimie spéculative des francs-maçons s’étend également à une dimension collective. En prônant des valeurs comme la fraternité, la tolérance et la quête de vérité, la franc-maçonnerie aspire à transformer la société elle-même, à faire de l’humanité un « édifice » plus harmonieux et plus juste. Cette vision résonne avec l’idéal alchimique d’un monde parfait, où les divisions et les conflits seraient transcendés par la lumière de la sagesse et de l’amour fraternel. Ainsi, la franc-maçonnerie, tout comme l’alchimie spirituelle, voit dans la transformation du plomb en or une métaphore de la construction d’un monde meilleur, un monde où l’ignorance, la haine et l’égoïsme seraient remplacés par la connaissance, la compassion et la solidarité.

Un Pont entre Science et Symbolisme

L’exploit du CERN, en transformant brièvement du plomb en or, agit comme un pont entre la science moderne et les aspirations ancestrales des alchimistes. D’un côté, il montre que la transmutation, autrefois considérée comme un mythe, est techniquement possible grâce aux avancées de la physique des particules. D’un autre côté, il nous rappelle que la quête alchimique n’a jamais été uniquement matérielle : elle portait en elle une dimension spirituelle, une aspiration à la perfection et à l’unité, qui continue d’inspirer des traditions comme la franc-maçonnerie.

Vieux grimoire d'alchimiste avec ses symboles
Vieux grimoire d’alchimiste avec ses symboles

Aujourd’hui, alors que le CERN repousse les limites de notre compréhension de la matière, la franc-maçonnerie, à travers son alchimie spéculative, nous invite à poursuivre une autre forme de quête : celle de la transformation intérieure et collective. Transformer le plomb en or, c’est peut-être, au fond, transformer nos cœurs et nos sociétés, en remplaçant la lourdeur de l’ignorance par la lumière de la sagesse et de la fraternité. Dans cette perspective, le rêve des alchimistes, loin d’être une chimère, reste une source d’inspiration intemporelle, un appel à tendre vers la lumière, dans tous les sens du terme.

À l’intérieur de trois

Deux aristocrates hongrois avaient décidé de jouer à un jeu où le gagnant serait celui qui prononcerait le nombre le plus élevé. Bien dit l’un d’eux, c’est à vous de commencer. Après quelques instants d’intense réflexion il annonça : trois. C’est vous qui avez gagné reconnut l’autre en abandonnant.

Si les deux hommes avaient été des Hottentoth, aux dire des explorateurs, l’histoire eût pu être la même. En effet, plusieurs tribus hottentoth, n’ont, dans leur vocabulaire, de nom pour désigner les nombres supérieurs à trois. Au-delà ils utilisent l’adverbe «beaucoup».

La nature indique qu’il n’y a que trois dimensions dans le corps, écrit Claude-Louis de St Martin, qu’il y a trois divisions possibles dans tout être étendu, qu’il n’y a que trois figures dans la géométrie, qu’il n’y a que trois facultés innées dans quelque être que ce soit, qu’il n’y a que trois mondes temporels ou trois grades dans la vraie Franc-maçonnerie ; en un mot que sous quelque face que l’on envisage les choses créées, il est impossible d’y trouver rien au-dessus de trois.

Trois est un nombre fondamental. Il exprime un ordre intellectuel et spirituel en Dieu, dans le cosmos et a fortiori dans l’homme.

Tout procède nécessairement par trois qui n’en font qu’un. En tout acte se distingue ; 1- le principe agissant comme sujet de l’action, 2- l’action de ce sujet, son verbe, 3- l’objet de cette action, son résultat.

D’une manière générale, le premier principe est actif par excellence, le deuxième est intermédiaire, passif par rapport à lui mais actif par rapport au suivant, quant au troisième il est strictement passif. En réalité, tout phénomène, sur quelque échelle, dans  quelque monde, est le résultat de la combinaison ou de la rencontre de forces différentes. C’est la loi des trois forces. La pensée contemporaine reconnaît l’existence de deux forces et leur nécessité pour la production d’un phénomène (force et résistance, magnétisme positif et négatif, cellule mâle et femelle). Quant à la troisième force, elle est souvent ignorée et pourtant nécessaire car c’est uniquement avec son aide que les deux premières peuvent produire leur résultat, la première active, la deuxième passive et la troisième… neutralisante. Elles n’apparaissent comme telles qu’au seul moment où elles rentrent en relation les unes avec les autres.

On retrouve dans diverses écoles, sous diverses formes, cet aspect plus intelligible de l’unité qui est un ternaire.

Le trinitaire apparaît dans la pensée religieuse chrétienne à la fin du IIe siècle en orient chez Théophile d’Antioche (trias) et en occident chez Tertillien (trinitas).  Avec l’avènement du Fils proclamé, au concile de Nicée (325), de même nature que le Père, consubstantiel, coéternel, engendré et non créé, l’Unique des Hébreux a éclaté en se divisant. C’est à trois «êtretés» que le concile de Constantinople (381) attribue subtilement les rôles de la trinité : le Père créateur ou intelligence, le Fils ou verbe rédempteur et le Saint Esprit ou amour sanctificateur.
Le fils devient la face visible de l’invisible ; la Renaissance picturale, en couvrant de chair l’idée de Dieu, a fait chuter l’absolu dans le relatif.

En cette icône de la Sainte Trinité, Œuvre d’art par excellence, réalisée par André Roublev au début du XVe siècle, se condensent des trésors de connaissance, de méditation et de savoir-faire. Entre autres significations symboliques, elle représente le Nom divin. L’Ange du milieu figure le Père, et l’Ange de gauche, le Fils. Tournés l’un vers l’autre, ils se contemplent et leurs regards se reflètent. Voilà le Bipôle. La couleur mauve caractéristique du Fils annonce la «septième race», violette, des hommes surévolués. L’Arbre des Vies, derrière le Père, signifie l’Un qui se multiplie ; la Cité, derrière le Fils, c’est le multiple qui s’unifie. L’Ange de droite, qui est à part, personnifie l’Esprit. C’est le plus féminin des trois, son bâton est le plus incliné, ses mains sont parallèles, son visage, fort penché, est illuminé par un regard intérieur. :

On retrouve les trois états de la manifestation en la personne des trois rois mages, Melchior, Gaspard et Balthazar. Ils symbolisent les trois fonctions du roi du monde dans la personne du Christ naissant, roi, prêtre, prophète. À souligner l’absence du 4ème roi mage, Artaban, égaré et toujours à la recherche de l’étoile qui fait penser au 4ème pilier occulté du temple maçonnique.

L’hommage, rendu à ce dogme de la trinité, perdure dans certaines interprétations du Delta lumineux maçonnique.

Dans le brahmanisme, la tri-unité se manifeste avec Brahma le créateur dont il n’existe en Inde que deux temples tant il est difficile à adorer, Vishnou le conservateur et Shiva le destructeur.
Les kabbalistes utilisent trois points triangulés, en remplacement du tétragramme (des 4 lettres, ils n’en retiennent que trois primordiales, la lettre hé apparaissant deux fois). Pour Reuchlin, les trois points sont à mettre en relation avec les trois plus hautes séphiroth de l’Arbre de vie, Kéther, Hochmah et Binah.

« Corps, Esprit, âme » représente les trois façons d’être au monde, sensible, intelligible et mystique. Depuis les Égyptiens de la plus haute antiquité jusqu’à nous, l’homme a toujours pensé receler dans la partie la plus haute et la plus lumineuse de lui-même, un principe différent du corps, qui lui commande et lui survivrait. De là à se poser la question : sommes-nous un corps ou avons-nous un corps ? Autrement dit composition ou union entre corps et esprit ?
Pour Platon, l’âme est une entité immortelle et divine, distincte du corps, qui est sa prison temporaire. L’esprit (ou la partie rationnelle de l’âme) est le moyen par lequel l’âme peut se libérer du corps et accéder à la vérité éternelle des Idées. Cette vision a profondément influencé la philosophie occidentale et les traditions religieuses. Les philosophies existentialistes et phénoménologiques (Sartre, Merleau-Ponty) insistent sur l’unité de l’expérience humaine, où corps et esprit sont indissociables dans la perception et l’existence.
La neuroscience tend à rejeter la séparation, expliquant l’esprit (conscience, émotions) comme un produit du cerveau (corps). L’âme, concept non mesurable, est absente des modèles scientifiques.

En alchimie on retrouve le ternaire avec le soufre, principe actif qui agit sur le mercure et le sel leur résultante.

D’autres ternaires combinent les opposés en les synthétisant en un troisième terme réalisant l’équation 1+1=3 : soleil, lune, triangle ; Osiris, Isis, Horus ; Niveau, perpendiculaire, équerre…

De nombreux peuples ont donné au nombre trois une importance magico-religieuse que l’on peut illustrer de quelques exemples:
Dans la religion de l’Iran ancien, on retrouve dans les textes de ses rituels -l’Avesta- des rites où le trois tient une place non négligeable. Ainsi pour se purifier de l’attouchement d’un cadavre, un homme doit creuser trois séries de trois trous que l’on remplit d’eau ou d’urine et bœuf. Il commence alors par se laver trois fois les mains puis le prêtre asperge  les parties de son corps souillées pour en chasser le mauvais esprit.
Le nombre trois se retrouve dans le tirage au sort au moyen de flèches divinatoires. L’intérêt de ce rite réside dans le fait qu’il recouvre une grande aire géographique de l’Iran jusqu’aux bédouins arabes. Hésitant devant une décision à prendre, l’homme choisit trois flèches, inscrivant sur l’une «mon seigneur m’ordonne», sur une autre «mon seigneur m’interdit» et rien sur la troisième. Il replace les flèches dans son carquois, en tire une au hasard, tire au sort, et suit les conseils prescrits.
Une coutume légendaire rapporte que lorsqu’un roi mourrait sans descendance, il fallait laisser s’envoler un aigle, et l’homme sur la tête duquel l’oiseau se poserait trois fois serait choisi comme souverain.

Le nombre trois donne donc à l’acte divinatoire un sens de participation au monde invisible supra-conscient qui décide d’un événement de façon étrangère à la logique humaine, trois actes successifs en conditionnant l’accomplissement.

On trouve également dans notre domaine culturel une foule d’actes dont nous ne pouvons indiquer la raison, même s’ils sont accomplis personnellement par jeu ou avec un certain sérieux. Dans tous les cas, il y a une relation logique entre l’acte et son but apparent. Tylor a donné à ce genre de phénomène le nom de «survivals» qui s’apparente à la superstition. On frappe trois fois sur le bois pour dire «pourvu que cela dure», on lève trois doigts en l’air pour prêter serment, le pompier frappe trois coups avant la levée du rideau, les scouts lèvent trois doigts pour saluer.

Dans le domaine moral des vices chrétiens, le ternaire revêt également une importance particulière. Les forces qui détruisent la foi de l’homme sont le mensonge, l’impudence et le sarcasme. Sont également trois les forces qui mènent l’homme vers «l’enfer», la calomnie, l’endurcissement et la haine. Enfer que Jean-Paul Sartre décrit dans Huit-clos comme étant la condamnation de trois êtres à vivre ensemble et toujours à travers une relation du type A privilégie B, B privilégie C et C ignore B. La triangulation des personnages au théâtre, et dans la vie, est presque toujours source de drame.

La perception du monde se fait à travers le ternaire : pensées, émotion, sensations. Chacune de ces fonctions psychiques est un instrument de connaissance. La plus complète que l’on puisse avoir d’un sujet ne peut être obtenue que si ce ternaire est actif simultanément.

En Franc-maçonnerie, parmi les nombres présents dans le temple qui se donnent à voir, le nombre trois paraît le plus utilisé de tous au 1er grade, représenté par une multitude de symboles : les trois grandes lumières, le triangle du delta lumineux, les trois piliers, les pas de l’apprenti, les coups de maillet. Parfois le trois est un nombre d’énumération, parfois un ternaire.  

Avec le Delta lumineux, schéma de l’être dans la multiplicité infinie de ses manifestations, on trouve le triangle portant en son centre l’œil, l’intelligence et principe conscient, les rayons exprimant l’activité, l’expansion constante de l’Être, enfin les nuages figurant le retour sur elles-mêmes des émanations expansives.

C’est avec la figure du triangle que les francs-maçons illustrent le mieux leur attachement au nombre trois.

«Il est singulier de rencontrer dans l’écriture accadienne le triangle comme signe de la syllabe rou qui a le sens de faire, bâtir. Si ce n’est qu’une simple coïncidence, elle est tout au moins frappante, et les Maçons enthousiastes pourront y voir un indice de la haute antiquité de leur symbolisme, car les monuments chaldéens dont il s’agit remontent à plus de 4500 ans avant notre ère.» (Oswalt Wirth, Le livre de l’apprenti,p.4/57).

Le triangle est une ligne brisée à trois côtés. Avec le cercle, c’est la forme géométrique la plus simple pour délimiter un espace intérieur et un espace extérieur. Il est l’insertion de l’initiation dans le monde profane. Il est le rapport de sa signification symbolique du ternaire avec tout ce qui est à l’extérieur, notamment le vieil homme qu’il faut abandonner.
Dans un triangle, on peut toujours trouver un point en relation avec les deux autres qui donne la solution à une affirmation confrontée à une négation.
Aux dires de Plutarque, le philosophe Xénocrate symbolisait dieu par un triangle équilatéral, qui est parfait puisque pourvu d’angles et de côtés égaux; les Génies (c’est-à-dire les hommes d’exception, les Héros…) étaient comparés à des triangles isocèles, à la perfection incomplète; quant aux simples mortels, ils n’étaient que des triangles scalènes.

Le triangle peut se rencontrer chaque fois qu’il s’agit de symboliser des triades. Trois lignes forment, par leur jonction, le triangle ou la première figure régulièrement parfaite, et c’est pourquoi il a servi et sert encore à caractériser l’éternel, qui, infiniment parfait dans sa nature, est, comme créateur universel, le premier être ; par conséquent, la première perfection.

Les trois points disposés en triangle équilatéral, ou triponctuation, dont un sommet est dirigé vers le haut, sont souvent employés pour abréger les mots spécifiquement francs-maçons, ce qui a valu aux maçons d’être appelés «frères trois points». En même temps qu’elle devenait l’un des éléments de la signature, cette abréviation s’est fixée en forme triangulaire, sans doute pour des raisons d’ordre symbolique. Probablement issue du delta lumineux, cette figure a été introduite dans les imprimés à partir de 1775.

Pour Pythagore, le triangle signifie la triple nature de la première substance apicale (qui est au sommet) différenciée en consubstantialité de l’Esprit manifesté, de la matière et de l’Univers leur fils. Cette consubstantialité émane du point, le véritable logos ésotérique, c’est ce que dit aussi Hermès Trismégiste. Le point unique du haut du triangle est l’unité d’où tout procède ; tout est de la même essence que lui. Le sommet pythagoricien est dit le père, le côté gauche est la duade, la mère, le côté droit représente le fils que l’on retrouve comme époux de la mère dans beaucoup de cosmogonies. La base est l’univers, naturé en père-mère-fils dans le monde phénoménal et, en même temps, unifié dans le monde hypersensuel de l’unité.


Les Scandinaves symbolisaient l’Esprit universel par un triangle dessinant une tête à triple face animée d’un perpétuel mouvement rotatoire.

Le triangle est un ternaire qui réconcilie, dans l’unité, deux termes au-delà de la dualité.

Deux termes complémentaires peuvent être, suivant les cas, en opposition horizontale (2 et 3) ou verticale (1 et 4).  L’opposition horizontale est celle de 2 termes qui se situant à un même degré de réalité sont symétriques sous tout rapport.

René Guénon présente dans son livre La Grande Triade les divers types de rapports que peuvent entretenir les termes d’un ternaire. Trois fondamentaux se rencontrent dans la tradition : un principe se polarisant en deux complémentaires (comme c’est le cas pour l’unité dont dérivent le principe masculin, le ciel, et le principe féminin, la terre: 1 en 2 et 3), un ternaire composé de ces deux complémentaires et de la résultante de leur union (comme c’est le cas pour le ciel, la terre et l’Homme, fils de la terre et du ciel: 2 et 3 en 4), un ternaire linéaire où un terme engendre le deuxième qui engendre le troisième (comme c’est le cas pour les «trois mondes», la manifestation informelle, la manifestation subtile et la manifestation corporelle). Le ternaire incluant la terre, le ciel et l’homme, place ce dernier en position de médiateur entre les deux premiers ; autrement dit entre équerre et compas signalé comme étant le lieu où se trouve le maître signalé comme étant le lieu où se trouve le maître  comme étant aussi le lieu où se trouve le maître en Franc-maçonnerie.
L’opposition verticale marque, au contraire, une hiérarchisation entre les 2 termes qui, tout en étant symétriques, doivent cependant être considérés l’un comme supérieur, l’autre comme inférieur. En effet l’essence et la substance sont respectivement le pôle supérieur et le pôle inférieur de la manifestation et l’on peut dire que l’une est proprement au-dessus et l’autre au-dessous de toute existence. D’ailleurs on les désigne par ciel et terre.

La manifestation se situe donc toute entière entre ces 2 pôles et il en est de même de l’homme qui, non seulement fait partie de cette manifestation, mais en constitue symboliquement le centre même et qui pour cette raison la synthétise dans son intégralité. Ainsi l’homme, placé entre le ciel et la terre, doit être envisagé comme la résultante de leurs influences réciproques, et ensuite, par la double nature qu’il tient de l’un et de l’autre, il devient le terme médian ou médiateur qui les unit, en quelque sorte le pont qui va de l’un à l’autre. C’est l’aleph  ou aspiration vers le ciel complété de dameth, la terre, c’est l’Adam étymologique!

Dire que le franc-maçon est placé entre équerre et compas indique justement cette place. Elle ouvre la voie au développement initiatique célébré dans la symbolique de toutes les maçonneries : l’usage du trois (3). Par le passage au troisième point et la réduction à l’unité, le franc-maçon se préservera du poison du dualisme profane.

Dans la Maçonnerie de Marque (La), le triangle équilatéral a une signification particulière, indiquant l’approbation du Maître sur le travail qui lui est soumis.

Par rapport à tout triangle, le triangle équilatéral, aux trois côtés et trois angles égaux, réalise l’égalité, il est la perfection, il est le divin tandis que le triangle isocèle (deux côtés seulement égaux) est l’humain. Le triangle équilatéral entier signifie éternité, les trois sommets désignent la passé, le présent et le futur, ses trois angles sont la sagesse, la force et la beauté mais également naissance, vie et mort. Le ternaire cosmique, temps, ténèbres lumière se réalise dans le triangle maçonnique. Sa base est la durée, le temps ; les côtés qui se rejoignent au sommet ténèbres et lumière. Sens de la création, ce triangle est aussi celui de l’initiation. Pour la Franc-maçonnerie latine, il évoque «liberté, égalité, fraternité». En 1877, le pasteur Frédéric Desmons propose la formulation suivante qui va être adoptée «La Franc-maçonnerie est une institution essentiellement philanthropique, philosophique et progressive, elle a pour objet la recherche de la vérité, l’étude la morale universelle, des sciences et des arts et l’exercice de la bienfaisance. Elle a pour principe la liberté absolue de conscience et la solidarité humaine. Elle n’exclue personne pour ses croyances. Elle a pour devise Liberté, Égalité, Fraternité» ; cette liberté qui garde les francs-maçons des préjugés parce qu’elle procède de l’esprit, cette égalité qu’ils affirment dans leurs attitudes parce qu’elle contient tout le respect de la nature humaine, cette fraternité qui restitue le sens de l’humanité.

La loi du ternaire se retrouve dans les bijoux distinctifs des trois premiers officiers d’une loge (le vénérable et les deux surveillants) à savoir l’équerre, le fil à plomb et le niveau sur lesquels on peut s’attarder.

La perpendiculaire est aussi appelée fil à plomb en Maçonnerie. Du latin perpendiculum, ce qui pend à la verticale et perpendere, peser attentivement, apprécier avec exactitude, évaluer avec précision.,
Indiquant la verticale, la perpendiculaire est à rapprocher de la colonne caractérisée par sa hauteur. Elle invite dans un mouvement descendant à l’introspection tourné vers le passé, complétant la visite du cabinet de réflexion ; la matière domine l’esprit. Sa remontée est une libération des contraintes antérieures et prépare au futur avec l’ascension, le dépassement, l’élargissement, la montée vers l’au-delà et tout ce qui exprime l’élan invincible et toujours recommencé vers l’inaccessible, avec l’amour ardent qui promeut la vie ; la matière s’équilibre avec l’esprit.
Le second surveillant qui a une fonction d’éveilleur des apprentis porte en sautoir la perpendiculaire, symbole actif de la recherche sur soi, de la profondeur de la connaissance et de sa rectitude. Il invite l’apprenti à descendre dans les tréfonds de la conscience de soi, mesurant la pesanteur de ses pensées, de ses actes et de ses propos, puis à s’élever, libéré, régénéré, apaisé et confiant, ayant accédé à un niveau de conscience nouveau.

Partie complémentaire de l’horizontalité dans l’équerre, la verticalité doit être marquée dans toute gestuelle maçonnique qui veut faire référence à la rectitude, à la droiture et à l’équilibre.

La perpendiculaire c’est la décomposition du nom d’A-dam en aleph aspiration vers l’infini et dameth, la terre, entre lesquels l’homme essaie de résoudre ses contradictions. Actif par nature, la perpendiculaire est le symbole de la profondeur, de la connaissance de soi, de la rectitude telle que l’officier chargé de l’instruction doit la rapporter à l’apprenti. Le fil à plomb est la voie de l’élévation spirituelle.

Le niveau du premier surveillant se présente sous la forme d’un  châssis triangulaire auquel est suspendu un fil à plomb qui vient battre une marque quand l’instrument est en position horizontale. Il est la seconde polarité par rapport à la verticalité, donc passif.
Ce mot provient de l’ancien français nivel, déformation de livel, du latin libella, qui désigne précisément le niveau maçonnique. L’outil, composé de deux jambages et d’une traverse graduée, est surmonté d’un fil à plomb oscillant ; stabilisé à la verticale, à équidistance de son piétement, il nous indique la rectitude de l’horizontale. L’archipendule est l’ancêtre du niveau, constitué d’un cadre et d’un fil à plomb.
Le niveau est l’outil de base sans lequel aucune construction ne saurait être bâtie sans risque de s’effondrer.
Le niveau dit «de maçon» est un outil de la Maçonnerie opérative. Il sert à mesurer l’horizontalité d’une surface, bien qu’il indique aussi la verticalité, s’entendant alors comme la droiture d’esprit. Il existe plusieurs types d’outils nommés  niveau, servant à vérifier la planéité : niveau à bulle, de charpentier, de paveur… Celui de la Franc-maçonnerie est un bijou, emblème de l’un des deux surveillants, variant selon les rites, avec la perpendiculaire. Ils s’appuient l’un et l’autre sur le fil à plomb. Ainsi ils permettent de vérifier la conformité de la réalisation, de l’élévation aux principes énoncés par le plan de l’œuvre, porteurs de signifiants philosophiques et de devoirs de fonction.
Pour le Chinois, le niveau est le symbole des magistrats, des hommes de justice, des justes, de ceux qui sont équitables… des hommes de droiture, ceux dont on dit parfois, en accolant le pouce et l’index et en traçant une droite dans le vide, qu’ils sont à niveau. On retrouve cette idée d’équité chez les Hébreux avec Isaïe 28.17 «Je prendrai le droit pour règle et la justice pour niveau».
Le niveau symbolise l’égalité fondamentale des hommes. Le règne de ce principe d’égalité, dans les droits et dans la valeur humaine, est la condition sine qua non de l’épanouissement de cet esprit de fraternité qui distingue la Franc-maçonnerie. Le niveau ne décrit pas l’homme, ce serait un leurre que de considérer l’égalité comme nature, il est son modèle d’action, signifiant que par son comportement l’homme institue l’égalité en se montrant équitable dans ses relations avec les autres ; c’est l’attitude seule qui donne un sens à l’égalité. Parce qu’il évoque avant tout l’égalité, le niveau convie les francs-maçons à inventer les relations qui permettront de manifester l’idéal humaniste et fraternel.
Commencé dans la verticalité avec le fil à plomb, l’apprentissage se poursuit dans le plan transversal avec le niveau. En passant de la perpendiculaire au niveau, le jeune maçon quitte le deux du dualisme, celui des oppositions, pour découvrir le deux de la multiplication, celui de la dualité.
Ce bijou, intégrant à la fois l’horizontale et la verticale, comme l’équerre, indique que seul le premier surveillant est qualifié pour remplacer le vénérable.

Au cadran solaire, le niveau se déduit de la verticale par un déplacement de l’ombre de la lumière.

L’équerre est portée en bijou par le vénérable. L’origine étymologique du mot vient du bas-latin exquadrare, dessiner des angles droits, rendre carré, équarrir. En latin classique, l’équerre se disait norma, d’où le mot français norme. Outil d’origine compagnonnique, l’équerre, croisée avec le compas, forme le plus connu des symboles maçonniques. Dans la Franc-maçonnerie spéculative, le symbole de l’équerre est attesté dès 1725.
Elle est l’union de l’actif et du passif dans la dynamique manifestée par ses branches. Ragon dit : l’équerre suspendue au cordon du vénérable signifie que la volonté d’un chef de loge ne peut avoir qu’un sens, celui des statuts de l’Ordre et qu’elle ne doit agir que d’une seule manière, celle du bien. L’équerre est considérée comme étant l’emblème de la perfection des travaux d’une loge dont le Vénérable Maître doit diriger toutes les orientations. Elle indique au maçon que s’il remplit avec exactitude tous ses devoirs, il pourra espérer parvenir à la vraie lumière.
Au niveau de la gestuelle, le signe, après la mise à l’ordre, rappelle au frère ou à la sœur l’obligation de respecter son serment lors de son initiation, il invite à la droiture. Par ailleurs, mettant les pieds en équerre, un frère (ou une sœur) doit toujours avoir en vue l’équité, la justice, la fidélité et l’irréprochabilité dans ses mœurs. Se mettre à l’ordre est l’incarnation même de l’équerre. En effet le maçon se tient droit, il est en équerre par rapport au sol, ses pieds sont en équerre et son pouce forme une équerre par rapport aux autres doigts de la main. L’équerre apparaît dans les signes d’ordre qui doivent tracer l’horizontale puis la verticale, marquant ainsi l’union des complémentaires. Elle représente l’action de l’homme sur la matière comme sur lui-même ; elle est reconnue comme symbole de bonnes mœurs.
Le maniement de l’équerre permet d’approfondir les concepts de droiture, d’équité et d’équilibre. L’utilisation mentale de l’équerre permet de donner aux mots leur sens propre afin qu’ils expriment des idées précises suivant des raisonnements droits. Grâce à l’équerre, le travail des maçons, pierre qu’il est, pourra lui faire bénéficier d’une juxtaposition parfaite sans laquelle la construction du temple serait impossible pour un vivre ensemble harmonieux. C’est parce que son rôle est de former de parfaits maçons que le vénérable maître porte l’équerre, outil indispensable pour transformer la pierre brute en pierre cubique.

Une forme de triangulation particulière est celle de la demande de parole : en loge, on ne prend pas la parole, on la demande. On ne s’adresse pas directement au Vénérable Maître dirigeant la loge, qui peut seul l’accorder, mais à un intermédiaire, le 1er Surveillant ou le 2nd Surveillant (suivant la place occupée sur les colonnes) qui la demande pour lui. Le Vénérable Maître informe que la parole est accordée en passant par l’un des deux intercesseurs sus-cités, lequel relaie l’autorisation au requérant. Ce dernier peut alors s’exprimer.

Une autre forme de triangulation est celle de la conservation d’un secret par la réunion de trois personnes. Un homme meurt, refusant de livrer un banal mot de passe pour se faire payer, connu de tous les maîtres, et un secret dont il était détenteur, par ailleurs, disparaît. Le secret n’est donc pas le mot de passe. La «parole» perdue apparaît comme un ensemble d’éléments répartis entre plusieurs détenteurs dont la méconnaissance d’un seul entraînerait l’inefficacité du tout ? Un morceau de code en somme, un morceau de symbole !

Dans la légende, de fait, trois personnes forment un triangle : Salomon, Hiram roi de Tyr, et Hiram, les trois grands maîtres, chacun assigné à un rôle particulier et indispensable dans la construction du Temple. La légende dit que le Roi Salomon, Hiram Abiff, Roi de Tyr (1 Rois: 7:13), et Hiram Abi de la tribu de Dan (2 Chr.: 2:13) se sont réunis pour concevoir les plans de la construction du Temple, Salomon conçut, Hiram de Tyr fournit les moyens et Hiram réalisa l’œuvre. Nous apprenons que le grand savoir devait être gardé par ces trois personnes jusqu’au parachèvement du Temple. La parole leur aurait-elle été confiée en trois parties. Chaque membre du ternaire serait détenteur du mot sacré ou d’une fraction de celui-ci.
Il fallait le concours des «trois premiers Grands-Maîtres», de sorte que l’absence ou la disparition d’un seul d’entre eux rendait cette communication impossible, et cela aussi nécessairement qu’il faut trois côtés pour former un triangle. Cela veut dire que chaque membre du triangle constitue la pointe d’une figure doté d’un centre commun. Ce centre, c’est le point de concordance des trois sensibilités magique, spirituelle et rationnelle qu’ils incarnent. Ce centre est donc l’essence de l’homme et de la nature c’est-à-dire l’essence de la vie qui se traduit concrètement en force de vie ou élan vital.
Comment se fait-il que, sachant que la parole ne pouvait être que par la réunion du 3 (le roi Salomon, le roi de Tyr et Hiram), comment se fait-il qu’aucun d’entre eux n’ait pensé à transmettre sa propre connaissance à un disciple pour que la chaîne ne se brise pas en cas de disparition? Était-ce se croire immortel ?
Compléter avec  l’ouvrage d’Hugues Berton et Christelle Imbert, Les enfants de Salomon, Approches historiques et rituelles sur les compagnonnages et la Franc-maçonnerie, p.457-462,  Dervy, 2015).

Tel Ulysse pénétrant à l’intérieur de «Trois», le franc-maçon sera victorieux des épreuves qu’il a subies que s’il comprend que dans le temple tous les symboles de la dualité, et ceux du ternaire, montrent, à l’évidence, une vision de la complémentarité des contraires et de leur coïncidence dans l’unité. À lui d’être capable de porter ce message hors du temple.

Cependant, on ne peut manquer de remarquer une ambiguïté dans l’usage du nombre trois. Tantôt trois est un processus qui permet de rendre compte de la multiplicité, trois demeure et un n’est atteint qu’en conclusion ou à la limite n’est jamais atteint. Dans d’autres cas, trois n’est qu’un processus de l’unité en action (christianisme). On pourrait dire que 3 est mineur par rapport à 1 dans le cas du monothéisme et que 3 reste trois dans le cas du polythéisme puisque les dieux peuvent être plus que trois. Il n’est pas inutile d’évoquer au-delà de trois les grands nombres, soit divins, soit démoniaques (légions lucifériennes) et au plan de la sensation, la désagrégation de la conscience sous les affects répétés.

L’unité de la conscience se trouve compromise par la croyance aux grands nombres dont trois et un nous protège.

Autre article en rapport avec le sujet  

L’initiation et le perfectionnement de l’Homme

A première vue, il pourrait sembler que ce genre de question ne peut être que le fait du profane.

Toutefois, l’initié à l’heure où il ressent le besoin de s’engager dans une voie initiatique peut se poser une telle question car s’il éprouve le désir de s’arracher à la vision profane des choses et à en acquérir une autre plus propre à résoudre les problèmes existentiels qui l’inquiètent, il ne perçoit pas nécessairement où la démarche initiatique peut le conduire ni surtout tout ce qu’elle peut lui apporter au niveau de son être le plus profond, de son rapport au monde et aux autres.

Ce travail est une rapide réflexion sur le bénéfice spirituel, souvent mal perçu au départ de l’aventure, que l’initiation maçonnique peut apporter à chaque initié, tant sur le plan spéculatif, que sur le plan opératif. Si la Maçonnerie modeme est devenue spéculative, elle reste sous des formes diverses opérative. Je veux insister sur l’opérativité de l’initiation, sur le fait que ce n’est pas en fait une recherche intellectuelle pour la simple satisfaction de déchiffrer le sens du symbolisme ou du rituel. Ici nous cherchons un pain de vie, un autre sens de la vie et une initiation qui serait entreprise sans la volonté constante de changer sa vie n’aurait de sens.

0n n’entre pas en initiation sans un premier effort pour changer sa conscience profane. Il y a deux conditions préliminaires à remplir pour que le décollage spirituel soit un jour possible : c’est d’une part une volonté de purification et de maîtrise de son être et d’autre part la capacité d’intégrer les principes et les règles de vie de la communauté maçonnique. C’est exactement ce que nous révèle la cérémonie d’initiation qui marque notre entrée dans le Temple.

Il est hautement significatif que toute initiation commence par une purification symbolique au contact des quatre éléments: Terre- Air- Eau et Feu, qui sont tous à des degrés divers des éléments purificateurs et régénérateurs, des figures de l’énergie cosmique, peut-être les énergies constitutives de ce que nous nommons Grand Architecte de l’Univers.

La descente au sein de la Terre, ces trois voyages où nous devons affronter les périls de l’Air, de l’Eau et du Feu sont la préfiguration de notre longue marche vers les sources secrètes et sacrées du monde, de l’homme, de la vie, et de notre être profond, Toute initiation commence par la purification, c’est-à-dire l’immersion progressive de l’âme dans la vie spirituelle, et pas seulement en Maçonnerie, mais dans de nombreuses traditions que nous avons reçues en héritage.

Concrètement la purification implique un effort continu pour maîtriser nos métaux sensibles, pour nous dégager des passions, des préoccupations de la vie profane, nous mettre dans un certain état de réceptivité, de disponibilité pour la connaissance et les choses de l’esprit.

En même temps on nous demande de nouer des liens définitifs avec l’ordre maçonnique, de lui jurer fidélité, d’accepter ses règles et ses lois. C’est là une autre dimension de l’effort moral car l’entreprise initiatique doit se vivre dans la fraternité des initiés, le respect des autres que nous appelons tolérance, l’obéissance au devoir. Le Maçon n’est jamais un individu solitaire, il sera d’abord guidé, pris en charge par la loge et dans la mesure de ses moyens il aidera à son tour les autres et portera sa pierre à l’édifice. La loge est son maître et elle lui apprend dès le départ çà vivre selon les principes dont il ne découvrira que bien plus tard les raisons d’être véritables, les fondements sacrés. Elle lui apprend à être solidaire d’une société d’égaux où les seules différences prises en compte sont celles de la qualité humaine, de la volonté de travail sur sa pierre brute, de l’élan vers la lumière.

C’est de ce point de vue et dans cet esprit qu’il faut apprécier les interprétations moralisantes du symbolisme notamment au ler degré. La loge est par vocation un lien d’échange et de partage et pour que la recherche initiatique commune puisse s’y développer dans des conditions optimales, il faut qu’elle crée un égrégore favorable et chaque Sœur et Frère apprenne à respecter son caractère libre, communautaire et fraternel. D’où la valeur permanente de la moralité en Maçonnerie.

L’effort de maîtrise, d’autodiscipline, de patience, de modération qui nous est demandé dès le ler degré, préfigure la sagesse de l’initié, sans lui la démarche initiatique ne peut atteindre son but.

Léo TaxilMystères de la Franc-Maçonnerie (Source Wikipedia)

 Et le but c ‘est de progresser vers la connaissance des mystères du monde et de l’homme en remontant vers la Tradition et en nous engageant dans cette longue et difficile entreprise de décryptage des symboles qu’elle nous a légués.

A partir d’un certain degré dans la recherche, il est certains que la lecture morale du symbolisme n’est plus suffisante, si nous nous en contentions, elles nous masquerait l’essentiel de ses richesses et son enseignement véritable.

Appréhender le sens des symboles, c’est passer au delà des miroirs fallacieux de la réalité sensible pour pénétrer au Centre de l’Etre, qu’il s’agisse de l’être de l’univers cosmique, ou de l’être de l’homme, c’est mettre à jour les rapports harmoniques qui relient l’âme pensante de chaque entité humaine à la grande âme qui anime toute l’œuvre de la Création.

Les symboles sont comme un alphabet magique qui constitue les mots sacrés grâce auxquels nous pouvons essayer de retrouver ce sens perdu de l’existence, recomposer pierre par pierre le Grand Temple de l’Univers au sein duquel s’édifie sur la base d’un principe analogique, le Temple de l’Homme.

Il reçoit du Temple cosmique édifié par le Grand Architecte de l’Univers ses mesures, ses lois, son élan, son énergie et sa beauté. Le langage symbolique nous permet de composer un texte plus ou moins incomplet, décousu, grâce auquel nous pouvons entrevoir les éléments de cette connaissance primordiale qui nous donne la lumière, le sens véritable du monde et de la vie. Certains s’interrogeront sur l’utilité d’une telle connaissance.

Miroir magique dans la nature
Miroir magique dans la nature

Si elle réduisait à la compréhension du secret, elle aurait déjà l’avantage de fournir quelques réponses aux éternelles questions de 1’homme sur sa destinée, de satisfaire cette exigence de vérité qui anime celui qui a pris le chemin de l’initiation.

Mais l’enjeu est infiniment plus important car il s’agit pour l’initié de reprendre à son compte le cri célèbre d’Arthur Rimbaud répercuté par les innombrables voix du siècle: Changer la vie !

Là où le poète, de son propre aveu, a échoué dans son effort pour aller au delà du décor des apparences, l’initié peut réussir.

Le but réel de l’initiation, c’est à travers la maîtrise d’une connaissance symbolique, réaliser

un changement d’être radical et un renversement des valeurs dans le sens de la spiritualité:

Celui qui a vu à travers la symphonie inachevée des symboles la dimension spirituelle et sacrée de l’Etre, celui qui sait que rien n’est accident, que l’homme n’est pas cet être insignifiant jeté là par hasard dans l’immensité déserte de l’espace, que la vie n’est pas ce chaos de «bruit et de fi1reur››, «cette histoire absurde racontée par un fou›› (Shakespeare) ne peut pas vivre comme celui pour qui le monde est sans profondeur ni mystère, réduit aux limites étroites de sa petite expérience personnelle, des données sensibles et de son pauvre « bon sens››.

La connaissance initiatique n’est pas de l’ordre de la science, non seulement parce qu’elle se réfère à une réalité ésotérique, un plan de l’invisible peu accessible à l’expérimentation, mais surtout parce qu’elle ne saurait se réduire à un pur savoir.

Les symboliques de l’eau, du feu, de la lumière, du soleil et de la lune, nous rappellent sans cesse ce pouvoir régénérateur de l’initiation.

Elle est avant tout transmutation, transfiguration de l’être qui découvre que le non-sens est une apparence et une illusion, que dans un monde où tout semble lié par une nécessité, où tout dans le cosmos et la nature découle d’une pensée créatrice et d’une volonté de perfection inscrite dans les choses, où l’ordre obéit à des lois constitutives et inviolables, tout a nécessairement un sens et une raison d’être métaphysique, rien n’est objectivement absurde.

Le Grand Maître Michel BARAT a écrit que : « l’initiation est un pari sur le sens ». Un pari au départ, ensuite c’est un progressif dévoilement d’une totalité qui nous échappe.

A mesure que s’éclaire par bribes, petit à petit, le sens incertain de la création, émerge aussi une certitude, celle d’avoir une vocation, une finalité en ce monde : éveiller la partie spirituelle de notre être, l’élever dans le sens de cette exigence de perfection et de rigueur inscrite dans l’ordre cosmique, comme dans la loi sacrée, marcher dans le sens de la perfection pour valoriser notre être et notre vie. Toute initiation véritable porte en elle un devoir de perfectionnement continu.

Le pari sur le sens nous trace une finalité : le travail obstiné de soi sur soi vers l’obtention de la pierre cubique. Un homme peut-il continuer à mener une existence de termite muré dans ses intérêts mesquins et ses préoccupations égoïstes quand il sait qu’il est un artisan actif du

Grand Œuvre, qu’il participe à sa place, dans son travail de Maçon comme dans sa vie d’homme à la création ou plutôt à la re-création du Monde; quand il a mesuré que l’initiation ne s’arrête pas aux limites de la vie terrestre, qu’elle est une aventure de l’âme toute entière qui peut embrasser plusieurs durées et s’achever au plan de l’éternité?

L’être de l’initiation n’est pas celui du monde profane ou alors il n’y a pas eu d’initiation. Ce changement d’être, nous l’appelons dans notre langage symbolique: «la mort du vieil homme» mais en fait ce vieil homme meurt-il vraiment ? Ne laisse-t-il pas toujours en nous quelques racines pernicieuses toujours prêtes à produire de mauvais surgeons ?

Mieux vaut parler d’une régénérescence, d’un renouvellement de tout notre être, ce qui ne va pas sans une vigilance permanente à l’égard du vieil homme qui résiste à l’ascension initiatique, qui a plus d’un tour dans son sac pour nous ramener vers le bas. Et si jamais nous lui permettons de reprendre le dessus il a vite fait de nous faire perdre en un moment «le gain de cent parties» comme disait notre Frère Kipling.

Tout serait trop simple si le vieil homme s’éteignait en nous au moment où nous débutons notre odyssée initiatique. L’important c’est qu’à partir de cet instant et d’une manière définitive « je ›› veuille devenir un autre bien meilleur. Mais «rien n’est jamais acquis à l’homme, le vieil homme nous menace encore longtemps et «vigilance et persévérance» sont les prix à payer pour une victoire toujours incertaine.

Un Maçon en quête de lumière est une pierre du Temple de la création, 1’indispensable élément d’une cathédrale inachevée ouverte sur l’infini. Mais nous avons coutume aussi de dire de lui qu’il est un maillon de la chaîne éternelle qui unit depuis les origines toutes les générations d’initiés, ouvriers permanents du Grand Œuvre.

Victor Hugo

« J’ai porté mon chaînon de la chaîne éternelle »

a écrit Victor Hugo. C’est très exactement ce que nous ambitionnons de pouvoir dire au crépuscule de notre vie.

Progresser dans la voie de la spiritualité, c’est être capable d’un certain détachement par rapport aux biens et aux préoccupations du monde profane, c’est aussi faire l’expérience de l’amour, du don de soi, de la communication authentique et de l’échange avec les autres.

Plus on avance dans la connaissance, plus l’initiation s’épanouit en exigence éthique, plus elle nous fait ressentir le devoir d’humanité. Cette modalité de la sagesse apparaît en nous dès que l’esprit s’éveille sous la radiation vivifiante des grands symboles, dès que la tradition devient la chair et le sang de l’Etre.

Autrement, que signifieraient les termes de notre rituel:

« achever au dehors l’œuvre commencée dans le Temple ».

La connaissance ésotérique est secrète, mais la sagesse véritable ne peut que rayonner par un mouvement naturel de l’âme, de moins en moins par un effort et une raideur de la volonté au fur et à mesure que cette sagesse augmente. Elle devrait nous rendre ouverts, compréhensifs, attentifs aux autres, disposés à les soutenir, à les aider en cas de besoin.

Elle modifie aussi notre relation avec nos proches, nos amis, nos compagnons de travail. La fraternité maçonnique devient un modèle de conduite que nous nous efforçons de transposer dans toutes les sphères de la vie profane, dans la totalité de nos rapports humains. L’initié se doit d’être un ouvrier du Bien, un constructeur d’unité et d’harmonie. Il diffuse la lumière par l’exemple de sa vie, par 1’équilibre et l’harmonie interne des énergies et des potentialités de son être, tant il est vrai que ce sont les déchirures de la conscience, ses ruptures d’équilibre qui entraînent les tensions et les déchirures entre les hommes.

Les grandes chaînes d’union que les Maçons ne cessent de reformer et de tendre inlassablement à travers pays et continents ont-elles le pouvoir d’enrayer le flôt renaissant des maux qui prolifèrent dans le monde profane?

Nous pouvons œuvrer à changer notre être et notre vie, ceci est du domaine de notre liberté, mais nous mesurons notre impuissance à changer un monde plongé dans les ténèbres et nous sommes souvent enclins de ce fait à nous réfugier dans notre quête de perfectionnement spirituel. Mais la Franc Maçonnerie n’a t-elle pas toujours manifesté des ambitions de plus grande amplitude ? Est-ce que son universalisme puisé aux sources du judéo-christianisme, ses principes de fraternité ne lui imposent pas un devoir d’humanité envers tous les hommes ?

Est-ce que la Maçonnerie n’a pas la mission de répandre dans le monde ces valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité qui nous font vivre et qui sont le produit de notre spiritualité et de notre conception ésotérique de l’homme ?

Ce qui est sûr c’est que la mission est inscrite en tête de notre Constitution.

« La Franc-Maçonnerie a pour but le perfectionnement de l’humanité ».

A cet effet, les Franc-maçons travaillent à l’amélioration constante de la condition humaine, tant sur le plan spirituel et intellectuel que sur le plan du bien-être matériel.

Certes nous pouvons diverger sur les méthodes de ce perfectionnement de l’homme, mais ce qui est indéniable, c’est que la Maçonnerie a toujours œuvré dans le passé à la production d’idées et de solutions susceptibles d’harmoniser la société et de faire progresser les institutions comme les rapports humains vers plus de liberté, d’égalité et d’humanité.

Pythagore et son Delta

Il est intéressant de noter que dans plusieurs traditions initiatiques, au terme de l’ascèse et de l’ascension initiatiques on a la devoir de retourner vers la cité des hommes pour tenter, non sans risques, d’y faire pénétrer la Lumière de notre éthique et de notre humanisme. Tels sont les enseignements des pythagoriciens auxquels la Franc-maçonnerie doit beaucoup de ses conceptions et ses pratiques. C’est pourquoi les Maçons ne peuvent se détourner de la vie de la cité et des communautés dans lesquelles ils vivent parce qu’ils manifestent ainsi leur sentiment de responsabilité et la conscience de leurs obligations envers la société.

Le Maçon s’engage dans la fraternité citoyenne pour tenter d’incarner les valeurs d’universalité au sein des communautés socio-économiques et politiques de la société profane. Et il assume pleinement cette citoyenneté parce qu’il attribue aux entités collectives une valeur analogue à celle qu’il projette sur les personnes. On n’est responsable que de ce qu’on aime, du groupe dont on se sent responsable parce que nous identifions son esprit à notre esprit, sa volonté à notre volonté.

Le Maçon citoyen applique à la gestion de la chose publique les principes qui régissent ses rapports au sein de nos Loges. Agissant dans l’intérêt du collectif, il prend en charge avec un esprit de générosité et d’abnégation la vie de tous les membres de la communauté abstraite. La Maçonnerie ne cesse de réaffirmer sa volonté de

« rassembler ce qui est épars ».

En conclusion, les Maçons citoyens n’ont sans doute pas de politique maçonnique à proposer, mais ils disposent d’une éthique assez claire pour savoir ce qu’ils ont à promouvoir et ce qu’ils ont à refuser.

Leurs choix de citoyens sont ouverts mais guidés par les trois principes de notre devise commune:

Liberté-Égalité-Fraternité

L’adolescence : une maladie dont nous serions censés guérir ?

(Il faut bien que jeunesse se passe !)

« Le signe de la jeunesse, c’est peut-être une vocation magnifique pour les bonheurs faciles. Mais surtout, c’est une précipitation à vivre qui touche au gaspillage ».

ALBERT CAMUS
(Noces « L’été à Alger ».1938)

Comme épisodiquement, le problème de l’adolescence revient dans l’actualité avec son lot d’inquiétudes devant la violence ou le désespoir des jeunes. Problème éternel de passage entre l’enfance et l’âge adulte qui est mis en exergue par une information omniprésente, donnant soit dans le sensationnel qui fait vendre ou une réflexion sérieuse.

Marie Rose Moro

Dans le denier cas, l’article de Marie Rose Moro, psychiatre d’enfants et d’adolescents, psychanalyste et enseignante à l’université de Paris Cité, intitulé « La santé mentale des adolescents » (1) est passionnant. Elle évoque le rajeunissement de la notion d’adolescence vers 11 ans et sa finalité vers 25, quand le sujet arrive à la finalité de sa constitution physique et psychique. Temps considérable qui voit se dérouler un spectre considérable de constantes et de variantes dans cette longue période de passage à l’âge adulte. Marie-Rose Moro soulignant qu’en dehors des problèmes classiques de l’adolescence, la question du genre vient hanter les jeunes qui ont de plus en plus de mal à évaluer les limites de leur corps et de leur personnalité, cela remettant en cause leurs tentatives d’insertion dans la société. Cependant, reste la constance des tendances à l’idéalisme et à une violence, un rejet d’un monde décevant.

Il est fondamental pour la Franc-Maçonnerie que nous puissions avoir une réflexion sur l’adolescence et son « passage chrysalidale », car nos futurs Frères et Soeurs sont encore dans cette transformation et que nous-mêmes y avons laissés quelques illusions sur le bas-côté du chemin !

I-NAVIGUER A GRAND PEINE SUR L’OCEAN DES DESIRS ET DE L’IMAGINAIRE.

Être adolescent c’est résister aux tempêtes qui le ballottent dans l’océan du devenir en quittant le sentier de l’irréel pour celui d’un réel qui n’a rien d’une route faite de pavés lisses, traversant un paysage harmonieux et ensoleillé ! Ce n’est pas automatiquement un voyage sûr comme cela est souvent prétendu, sinon espéré et attendu. Au contraire c’est un voyage dangereux dont le voyageur ne sort pas toujours indemne. Il peut même y perdre la vie physique ou mentale, parce que les pièges sont aussi nombreux que les faiblesses du voyageur et à cause de celles-ci, il devient lui-même son pire ennemi, rejetant sa révolution interne sur l « ennemi » extérieur, en se posant la question s’il existerait un Sentier universel (religion, philosophie, engagement politique) qui pourrait cohabiter avec celui qu’il tente de tracer et qui va sans doute déboucher sur la question momentanée de savoir si « la » vérité et « sa » vérité ne seraient pas un pays sans chemins, une jungle ou le maniement de la machette est plus utile que celui des nobles idéaux !

L’adolescence est le temps où l’on se perçoit comme un être unique, irremplaçable, profondément original. Tout ce qui apparaît comme médiocre devient étranger. L’adolescent se met à discuter de l’existence de « Dieu-Le-Père » et refait le monde à sa convenance. Au seuil de sa vie d’homme, il ne voit sa vie qu’en terme de destin. C’est l’âge du tout ou rien, l’âge où l’on ne donne rien si l’on ne donne pas tout. C ‘est l’heure des choix héroïques, où l’on embarque si le voyage en vaut la peine et qu’on peut s’y jeter corps et âme, tout entier, quel que soit le prix à payer au terme de l’aventure et que l’adolescent paiera. Les périls ne l’effrayent pas : ils l’exciteraient plutôt ! François Mauriac écrit, dans son livre « Le jeune homme » : « La jeunesse pardonne à celui qui l’immole, pourvu qu’il le délivre de cette force surabondante et dont elle étouffe, pourvu qu’elle agisse enfin et qu’elle domine ». L’écrivain montre avec force tout ce que l’adolescent comporte d’excessif, de dangereux, d’inadaptable à la vie en société. Il vit une saison trouble, aux frontières indistinctes, que beaucoup d’hommes n’arrivent pas à franchir et qu’ils restent prisonniers de ce qu’ils furent à cette période.

La perspective de mourir précocement ne modère pas son enthousiasme, mais l’exalte au contraire, car la pensée de la mort est familière : avec la découverte de son corps et le sentiment de la nature, cette attirance vers la mort, vers thanatos, est tenu par les psychologues comme l’une des caractéristiques de la crise juvénile. Par son caractère brutal et définitif, elle satisfait chez l’adolescent son besoin d’absolu. Il aura, parfois, recours à elle, quand sa vie ne prendra pas la hauteur à laquelle il prétend, et elle viendra lui conférer cette gloire que le monde lui refuse. L’adolescence est un moment où l’on se suicide beaucoup. Même quand on ne l’appelle pas prématurément, la mort est ce majestueux accord qui met fin à une vie que l’on souhaite plus intense que longue. Elle est une échéance à laquelle l’adolescent ne cesse de penser, si Eros ne contrebalance pas cette orientation mortifère.

La seule inquiétude de l’adolescent est de ne pas trouver le champ où sa valeur peut s’exercer, l’aventure qui comblera ses vœux. Il est prêt à conquérir le monde, le détruire et le reconstruire. En fait, il veut laisser une trace. Une adhésion à une entreprise collective dépendra alors des possibilités de réalisation individuelle que cette entreprise lui paraîtra présenter. Quand il se met à l’héroïsme, ou parfois au martyre, ou si plus banalement il milite, c’est toujours en vue de son propre accomplissement. Il veut bien mourir, mais à condition d’avoir été le héros de la pièce. Il refuse de n’être seulement qu’un figurant. Un poète allemand nous dit que l’adolescence est « une ivresse sans vin » ! Ce qui pourrait illustrer au mieux ce vécu de l’adolescent serait, étrangement, la prière des parachutistes (2) :

« Donnez-moi, mon Dieu, ce qui vous reste
Donnez-moi ce qu’on ne vous demande jamais

Je ne vous demande pas la richesse
Ni le succès, ni même la santé

Tout ça, mon Dieu, on vous le demande tellement
Que vous ne devez plus en avoir
Donnez-moi, mon Dieu, ce qui vous reste
Donnez-moi ce que l’on vous refuse

Je veux l’insécurité et l’inquiétude
Je veux la tourmente et la bagarre
Et que vous me les donniez, mon Dieu
Définitivement

Que je sois sûr de les avoir toujours
Car je n’aurai pas toujours le courage
De vous les demander »

Existe, chez l’adolescent, une suprématie de l’instinct sur la raison, de l’action sur la réflexion et du corps sur l’esprit. Elle est ce temps où le corps aspire au mouvement. La supériorité se mesure alors à la maîtrise que l’on possède sur son corps et aux périls qu’on lui fait volontairement courir. Il est plus rassurant de rechercher son accomplissement personnel dans la prouesse physique que dans les progrès spirituels indécis, exceptée pour une minorité qui va s’investir dans des orientations religieuses, philosophiques, ou tenter la voie artistique.

II- APPARTENIR A UN CLAN POUR AFFRONTER LA SOCIETE.

Humains préhistoriques dans la grotte près du feu
Humains préhistoriques dans la grotte près du feu

L’évolution des âges conduit l’adolescent et l’adulte à s’affronter jusqu’à ce que le premier (à part quelques cas relevant souvent du pathologique et de la volonté névrotique de « rester dans l’enfance ») soit obligé de rejoindre le « camp » des adultes, en faisant souvent le deuil de son imaginaire de toute-puissance. La société des adultes n’a que faire des exigences : à ceux qui arrivent avec des vocations, elle offre le plus souvent que des métiers, car les héros lui sont moins indispensables que les employés ponctuels. Elle va être le rouleau compresseur qui va broyer les forces vives de l’adolescence. Toute la littérature évoque cette reddition fatale de la jeunesse face à l’alignement de la jeunesse : Le Rastignac de Balzac et son célèbre « Paris à nous deux » est vaincu d’avance ! Le quarantenaire ne peut que s’étonner, avec dérision, sur ce qu’était son corps à vingt ans et sur l’écart qui sépare les aspirations du jeune âge de la monotonie de l’existence quotidienne, de la médiocrité de ses besognes et de la petitesse de ses plaisirs. D’autant que parent, il constate avec dérision, sa propre image en révolte contre lui à-travers ses propres enfants, tout en sachant d’expérience qu’ils vont rejoindre tôt ou tard la banalité nécessaire au fonctionnement de la société qui ne peut se permettre les écarts que dans des temps très contrôlés.

2 jeunes moines bouddhiste dans un Temple
2 jeunes moines bouddhiste dans un Temple en marche et souriants

Le problème actuel de la jeunesse est que les aînés ne savent plus tuer ses rêves et qu’ils ne savent plus lui créer des rêves provisoires, de passage initiatique d’un état à un autre. L’adolescent, lui, continue à chercher une révolution, un grand dessin, un projet qui ne soit pas médiocre, quelque chose qui séduise la raison, comble l’âme et enflamme le coeur. La jeunesse voudrait un chantier et on ne lui offre qu’un self-service ! Une forme de « cauchemar climatisé » dont parle Henry Miller, ou déjà Antoine de Saint-Exupéry, auparavant, quand il écrivait : « Nous vivons le temps des mares, il n’y a plus de torrents ». Pour faire face à l’alignement et le retarder au maximum, les adolescents vont se constituer en bandes, en clans. La jeunesse est un monde clos dont les lois et les motivations échappent aux adultes, même si ceux-ci, avec sympathie, cherchent à en percer les secrets. L’adolescent reste inintelligible tant qu’on ne reconnaît pas, une fois pour toutes, son complet divorce d’avec les valeurs qui lui sont proposées par notre société et qui reflètent un matérialisme désespérant. Jean Rousselet écrit (3) : « Leur soi-disant fureur de vivre moderne semble alors se transformer en une fatigue de vivre ».

Le clan, c’est l’utopie réalisée quelle tire du rêve, c’est le lieu où va s’épanouir tout ce que la société des adultes refuse. Le clan à ses codes et ses tabous, ses légendes, ses guerres et ses fêtes. Il a parfois une structure extraordinairement organisé, parfois simplement ébauchée, mais qui tend toujours à en faire une véritable société en réduction. Le clan est régi par un code moral particulier et il a ses lois rigoureuses, ses punitions souvent implacables, ses excommunications et ses persécutions sur ceux qui n’en font pas partie, le rejet de l’ « étranger au groupe » dans les ténèbres extérieurs. On assiste à la création d’une société plus ou moins parachevée, de substitution, qui remplace l’autre, celle des adultes. Cette dernière accentue le phénomène par une perte de vitalité de l’organisme social, qui n’assimile plus sa jeunesse et ne lui propose rien d’exaltant ! Le clan est soumis à une épreuve d’initiation où l’impétrant doit fournir la preuve de sa valeur qui comporte assez souvent des risques physiques. Les jeunes du clan ont des mots de passe et même des embryons d’uniforme : on se distingue aussi par le port de vêtements, mais quand le clan devient connu, les signes trop voyants sont remplacés par des détails imperceptibles : manière de se serrer la main, port d’un insigne à la boutonnière, langage codé.

Les membres se sentent solidaires et sont ensemble « à la vie, à la mort ». Les liens familiaux, ou la conscience de classe, sont relégués par rapport à cette communion où la personnalité de chacun se trouve exaltée et les forces multipliées. Qui n’était qu’impuissance quand il n’était pas dans le clan se voit tiré de l’insignifiance, sauvé de la désespérante solitude. L’objet du clan est de devenir le lieu privilégié où s’épanouissent les aspirations intimes du sujet, dans l’illusion de ne représenter qu’un seul corps (comme dans l’armée, appartenir à un « corps de troupe » !). Naturellement, ils ont le culte de l’amitié et aiment le cérémonial et les rites vaguement magiques qui renforcent l’amitié, souvent naïfs ou redoutables. Beaucoup plus que le secret dont ils aiment s’entourer, c’est un état d’esprit particulier qui rend le clan incompréhensible aux adultes : l’échelle des valeurs n’est pas la même, et la communication ne peut s’établir entre des ordres aussi différents. Le malentendu est inévitable. Les adultes ne s’aperçoivent pas que la jeunesse est une flamme qui se soucie peu de brûler pourvu qu’elle s’accomplisse en se consumant. La force de la jeunesse réside dans l’énergie dont elle déborde et qui lui permettrait, théoriquement, de changer le monde. La faiblesse est, que si on lui donne le monde à changer, elle usera cette énergie à des besognes infimes ou inefficaces. Mais cet excès de vie, il faut de toute façon qu’elle s’en libère.
L’idéal du confort matériel qui est aujourd’hui proposé au monde s’accorde mal aux profondes aspirations de la jeunesse à qui on offre la sécurité alors qu’elle n’aime que le risque…

III- LA FRANC-MACONNERIE COMME PONT SYMBOLIQUE ENTRE ADOLESCENCE ET ÂGE ADULTE ?

Alan Cockman (Trésorier de la Loge) avec Joshua et Izzie à la présidence, avec le chef de section Andy Dunsworth
Alan Cockman (Trésorier de la Loge) avec Joshua et Izzie à la présidence, avec le chef de section Andy Dunsworth

Nous savons que l’homme oscille, au gré des événements de sa vie privée et collective, entre trois instances en mouvement : le réel, l’imaginaire et le symbolique. L’adolescence se caractérise par la prépondérance de l’imaginaire et le refus du réel que les adultes proposent. Bien sûr, à terme, l’adolescent sera contraint à accepter la défaite et d’adopter la réalité peu enthousiasmante de la vie courante sans trop avoir l’espace d’une négociation avec ses « illusions perdues ». C’est cette assimilation du concept de symbolisme qui peut, chez l’adulte, faire équilibre entre réel et imaginaire et qui permet d’opérer un balancement entre les deux notions précédentes sans en rejeter une pour autant.

La Franc-Maçonnerie, de par le fonctionnement de ses structures et sa pensée représente assez ce que serait l’entrée pour eux, dans le monde des adultes, tout en conservant dans le réel, une part importante à l’imaginaire. L’institution maçonnique est le prolongement d’une structure clanique décrite précédemment : initiation, mot de passe, vêture spécifique durant les tenues, récits légendaires sur lesquels s’appuient une idéologie, attachement au groupe et recherche permanente de solidarité et d’amitié, impression d’être membre d’un seul corps, donc d’un retour dans la mère, l’ « Uma » communautaire des musulmans. Bien entendu, c’est à la Maçonnerie de traduire que cette « mise en scène » est un passage au symbolique et non une vérité de type religieux, au risque de n’apparaître que comme l’illustration d’une régression. La symbolique maçonnique rassemble des oppositions pour les élever à une transcendance, sous peine d’entrer dans le domaine du sectaire. Ce que nous pouvons malheureusement constater parfois dans le fonctionnement de certaines loges.

Si la Maçonnerie ne devenait pas cette force de proposition à la jeunesse, existerait alors le risque de la récupération par la politique extrémiste des élans provisoires de la jeunesse. En particulier l’extrême droite : les historiens et sociologues pensent que le nazisme, par exemple, fut le phénomène de la jeunesse au pouvoir. En 1933, Baldur Von Schirach, 26 ans, nommé Fürher de la jeunesse, organise pour elle la conquête du pays, avec ce slogan : « L’Allemagne a vingt ans. Ceux et celles qui sont plus âgés ne compte pas ». Devant cette mobilisation des jeunes qui se voyaient livrer, corps et âme, et qui stupéfiait le monde, il y eut la prise de conscience que les adultes étaient moralement exclus et que la société allemande régressait jusqu’au délire et ce, jusqu’à l’apocalypse de la fin du IIIe Reich. L’un des grands observateur de cette période, Robert
d’Harcourt (4), dans des cahiers clandestins de « Témoignage chrétien » écrivait : « Dans le simplisme des mots d’ordre et des impératifs du nazisme hitlérien, dans le romantisme de l’aventure de la guerre et de la mort, dans le vitalisme sommaire divinisant l’impulsion aux dépens de la réflexion, dans le culte de la dureté, dans l’amour du bruyant, du voyant et du collectif, dans la communion avec la nature et le plein-airisme, il y a une conformité naturelle avec les lignes essentielles de la psychologie de l’adolescence. Entre jeunesse et national-socialisme, on pourrait, sans exagération, dire qu’il y a une sorte d’harmonie préétablie ». Magnifique analyse !

Le fascisme, c’est le clan à la puissance mille : il n’exige pas que l’adolescent devienne un homme, il l’encourage au contraire dans les vertus et les vices de son âge, il entretient le passage au lieu de lutter contre toutes celles des tendances qui sont incompatibles avec une vie en société normale, il les exalte au contraire, il les accroît. La société fasciste n’absorbe pas sa jeunesse : elle s’organise autour d’elle comme si elle était immortelle. Nicolas Berdaïeff écrivait : « L’enthousiasme de la jeunesse nationale-socialiste tient de la pathologie ». Le dynamisme de la jeunesse devient comme une marée qui recouvrirait les imperfections de la société. Dans ce cas-là survient tout ce qui est inhérent à la jeunesse : le goût de l’action violente libératrice, le romantisme de la mort que l’on risque, que l’on donne et que l’on partage, l’ascèse d’un corps dont on exige tout, la fraternité avec ceux qui vivent, combattent et meurent côte à côte. Il convient alors de ne pas modifier sa personnalité : il suffit de la laisser se développer selon ses tendances mal refoulées à l’époque où il fallait encore donner le change ! Le discernement, voilà l’ennemi.

Puisse la Franc-Maçonnerie offrir à la jeunesse l’intérêt de partager nos chantier où elle pourra vivre le conflit propre à tout homme entre réel et imaginaire en le transcendant par le symbolique…

NOTES

(1) Moro Marie-Rose : La santé mentale des adolescents. Paris. Revue « Etudes ».N°4325. Avril 2025. (Pages 33 à 42).

(2) Perrault Gilles : Les parachutistes. Paris. Ed. Du Seuil. 1961. (Page 157).

(3) Rousselet Jean : La jeunesse malade du savoir. Paris. Ed. Grasset.1980.

(4) Robert d’Harcourt (1881-1965) : Grand intellectuel catholique. Auteur de nombreux articles et ouvrages. L’un qui concerne notre sujet s’intitule : « L’Evangile de la force, le visage de la jeunesse du IIIe Reich ». Paris. Ed. Perrin 2021.

BIBLIOGRAPHIE

  • Vasse Denis : « Le poids du réel, la souffrance ». Paris. Ed. Du Seuil. 1983
  • Debesse Maurice : « L’adolescence ». Paris. PUF. 1969.
  • Freud Sigmund : « Trois essais sur la théorie sexuelle ». Paris. Ed. Gallimard.1987.
  • Kristeva Julia et Moro Marie-Rose : « Grandir, c’est croire ». Paris. Ed. Bayard. 2020.
  • Pankow Gisela : « Structure familiale et psychose ». Paris. Ed. Aubier-Montaigne. 1977.

Rencontres autour des Troubadours à Montségur : Un Week-end de Pentecôte riche en culture et spiritualité

Les 7 et 8 juin 2025, la ville de Montségur, dans l’Ariège (09300), accueillera les « Rencontres autour des Troubadours », un événement culturel et spirituel organisé par Alcor-Éditions et soutenu par plusieurs partenaires locaux. Ce week-end de Pentecôte, qui se tiendra à la salle municipale de Montségur, proposera un programme varié mêlant conférences, concerts et visites guidées, autour de la figure emblématique des troubadours et de leur héritage dans l’histoire médiévale.

Avec des intervenants de renom et une immersion dans l’univers des cathares et des traditions occitanes, cet événement promet deux jours d’échanges et de découvertes pour un public curieux de culture, d’histoire et de spiritualité.

Un Programme Dense et Varié sur Deux Jours

Les Rencontres autour des Troubadours débuteront le samedi 7 juin 2025 avec un accueil et un café dès 9h30, suivis de l’ouverture officielle des rencontres à 10h. Le programme de cette première journée est conçu pour plonger les participants dans l’univers des troubadours, ces poètes et musiciens du Moyen Âge qui ont marqué la culture occitane par leurs chants d’amour courtois et leurs réflexions spirituelles.

  • 10h30 : Conférence 1 – « Frinéraires d’une esclave-chantante dans l’escence médiévale occitane »
    Tristan Bergerot, guide-conférencier, explorera les influences musicales des troubadours occitans et des esclaves-chanteuses venues d’Afrique et du Moyen-Orient. Cette conférence mettra en lumière les échanges culturels qui ont enrichi la musique médiévale, montrant comment ces influences ont façonné l’art des troubadours dans une région comme l’Occitanie, carrefour de civilisations.
  • 14h30 : Conférence 2 – « La trobairitz : la voix féminine de la fin’amor »
    Meritxell Simó Torres, professeure titulaire de philologie romane et directrice de recherche à l’IRCVF (Institut de Recherche sur les Civilisations de l’Occident Médiéval) de l’Université de Barcelone, abordera le rôle des trobairitz, ces femmes troubadours. Elle explorera leur contribution à la poésie de l’amour courtois (fin’amor), un thème central de la littérature occitane, et mettra en lumière leur voix féminine dans un monde dominé par les hommes.
  • 15h15 : Conférence 3 – « Un sacré cœur ! Le cœur dans tous ses états dans les cansos et vidas du troubadour roussillonnais Guilhem de Cabestanh »
    Michel Adroher, agrégé de lettres et maître de conférences en langue et littérature du Moyen Âge à l’Université Via Domitia de Perpignan, se penchera sur l’œuvre de Guilhem de Cabestanh, un troubadour roussillonnais célèbre. À travers ses cansos (chansons) et vidas (biographies), il analysera la symbolique du cœur, un motif récurrent dans la poésie médiévale, représentant à la fois l’amour, la passion et la souffrance.
  • 17h : Concert – « Le Chant des Troubadours »
    Nicolas Dedieu, musicien, conférencier et luthier, offrira un concert mettant en valeur les instruments médiévaux (vielle à roue, luth, harpe) et les chants des troubadours. Accompagné d’un petit concert en duo avec Marga Mingot, musicologue et spécialiste des musiques catalanes, cette prestation transportera le public dans l’atmosphère poétique et spirituelle du Moyen Âge occitan.

La journée se clôturera par un apéritif à 18h, offrant un moment de convivialité et d’échange entre les participants et les intervenants.

Le dimanche 8 juin 2025, les rencontres se prolongeront avec une activité en extérieur, centrée sur le patrimoine historique de la région. À 10h, une visite guidée et chantée au Château de Puivert, proposée au tarif de 10 €, permettra aux participants de découvrir ce haut lieu cathare. Le Château de Puivert, situé dans l’Aude, est célèbre pour son lien avec les troubadours et son architecture médiévale. Cette visite, qui inclut des chants traditionnels, offrira une expérience immersive, mêlant histoire, musique et paysages grandioses.

Montségur : Un Lieu Chargé d’Histoire et de Symboles

Montségur, petite commune de l’Ariège nichée au cœur des Pyrénées, est un choix emblématique pour accueillir ces rencontres. Connue pour son château, perché à 1 207 mètres d’altitude, Montségur est un lieu chargé d’histoire, étroitement associé au catharisme. En 1244, le siège de Montségur marqua la fin tragique de la résistance cathare, avec le bûcher où périrent plus de 200 hérétiques. Ce passé dramatique fait de Montségur un symbole de spiritualité et de résistance, résonnant avec les thèmes des troubadours, qui furent souvent proches des idéaux cathares dans leur quête de pureté et d’amour spirituel.

La salle municipale de Montségur, où se tiendront les conférences, est un espace fonctionnel et accessible, idéal pour ce type d’événement culturel. La commune, qui compte environ 120 habitants, est également un point de départ pour des randonnées et des visites historiques, attirant chaque année des milliers de visiteurs passionnés par le Moyen Âge et le catharisme. L’organisation des Rencontres autour des Troubadours s’inscrit dans une volonté locale de valoriser ce patrimoine, tout en dynamisant la vie culturelle de la région.

Les Troubadours : Héritiers d’une Tradition Poétique et Spirituelle

Les troubadours, figures centrales de cet événement, ont joué un rôle majeur dans la culture médiévale occitane entre le XIe et le XIIIe siècle. Poètes, musiciens et parfois chevaliers, ils composaient des chansons en langue d’oc, abordant des thèmes comme l’amour courtois (fin’amor), la chevalerie, la spiritualité et la critique sociale. Leur art, qui s’épanouit dans les cours des seigneurs du sud de la France, a influencé la littérature européenne, notamment la poésie des trouvères dans le nord et les poètes italiens comme Dante.

Les troubadours étaient souvent des esprits libres, parfois en marge des autorités religieuses, ce qui les rapprochait des hérétiques cathares. Leur poésie, empreinte de symbolisme, reflétait une quête d’idéal, qu’il s’agisse de l’amour terrestre ou d’une aspiration spirituelle plus élevée. Les trobairitz, femmes troubadours, bien que moins nombreuses, ont également marqué cette tradition, apportant une voix féminine à un art dominé par les hommes, comme le soulignera Meritxell Simó Torres dans sa conférence.

Une Organisation Soignée et des Partenaires Engagés

L’événement est organisé par Alcor-Éditions, une maison d’édition spécialisée dans les ouvrages sur l’histoire, la spiritualité et les traditions occitanes. Le soutien de partenaires locaux, tels que l’association Villes et Pays d’Art et d’Histoire, les Pyrénées Cathares, et la commune de Montségur, témoigne de l’ancrage territorial de ces rencontres. L’Hôtel Restaurant Les Minotiers, situé à Mirepoix (tél. 05 61 69 37 36), est proposé pour l’hébergement, avec des tarifs préférentiels pour les participants : 92 € pour une chambre pour une personne, 140 € pour deux personnes, incluant petit-déjeuner et taxes, pour les nuits du 6 et 7 juin. Les réservations doivent être effectuées avant le 15 mai 2025 pour bénéficier de ces conditions.

Les inscriptions, obligatoires en raison du nombre limité de places, peuvent être faites auprès de Gilbert Bonnet (tél. 06 24 71 79 30, email : alcor-editions.fr) ou via l’association Rencontres Montségur (13007 Marseille). Le coût de la journée du samedi est de 10 €, un tarif modique qui inclut les conférences, le concert et l’apéritif. La visite guidée du dimanche au Château de Puivert est proposée à 10 € supplémentaires, permettant aux participants de prolonger leur expérience dans un cadre historique exceptionnel.

Une Invitation à Plonger dans l’Héritage Occitan

Les Rencontres autour des Troubadours à Montségur offrent une opportunité unique de découvrir ou de redécouvrir l’univers des troubadours, ces artistes qui ont donné à l’Occitanie une voix poétique et spirituelle. À travers des conférences érudites, un concert immersif et une visite guidée, cet événement s’adresse à un public varié : amateurs d’histoire, passionnés de musique médiévale, ou simples curieux en quête de sens. Montségur, avec son aura mystique et son riche passé cathare, offre un écrin parfait pour cette célébration culturelle.

Pour les habitants de l’Ariège et des régions voisines, ce week-end de Pentecôte est une invitation à voyager dans le temps, à la rencontre des troubadours et de leur héritage. Les 7 et 8 juin 2025, la salle municipale de Montségur et le Château de Puivert deviendront des lieux de partage et de réflexion, où l’histoire, la musique et la spiritualité se mêleront pour une expérience inoubliable. Réservez vite vos places pour ne pas manquer cette plongée au cœur du Moyen Âge occitan !

Le Dessin de Jissey : « L’Empathie envers son Obédience »

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Ah, les Francs-maçons ! Ces adeptes des tabliers brodés et des salutations codées, qui se réunissent dans des temples où l’on parle de lumière, de compas et d’équerre, tout en sirotant un thé (ou un truc un peu plus fort, avouons-le). Mais s’il y a bien une chose qui intrigue dans leur univers, c’est leur dévotion presque aveugle à leur obédience… jusqu’à ce qu’ils se retrouvent entre eux pour la critiquer avec une verve qui ferait rougir Molière !

Alors, pourquoi tant d’empathie publique et tant de critiques en privé ? Et surtout, pourquoi les « profanes » n’ont-ils pas intérêt à dire du mal de leur sacro-sainte obédience ? Décryptage avec une pointe d’humour et les illustrations savoureuses de Jissey.

Une Fidélité à Toute Épreuve… ou Presque !

Les francs-maçons, c’est un peu comme une grande famille où l’on défend l’honneur du nom, même quand Tante Germaine a encore renversé le pot de confiture sur la nappe de Noël. Leur obédience – qu’il s’agisse de la Grande Loge de France (GLDF), du Grand Orient de France (GODF) ou d’une autre – est leur maison spirituelle, leur refuge, leur club VIP. Peu importe si l’obédience a fait des choix discutables (comme organiser une conférence sur la laïcité qui finit en débat houleux sur le wifi du temple), les membres la défendront bec et ongles face aux critiques extérieures. Pourquoi ? Parce que c’est leur « bébé », leur communauté, leur identité maçonnique ! Comme le disait un vieux maçon de la GLDF,

« on peut bien râler sur notre Grand Maître, mais si un profane ose le critiquer, il va entendre parler de l’équerre et du compas ! »

Entre Eux, C’est une Autre Histoire !

Mais que les portes du temple se ferment, et c’est une tout autre musique ! Entre frères et sœurs, la critique fuse comme une loge en plein chantier.

« Le Grand Maître a encore oublié de mettre à jour le site web, on dirait un blog des années 2000 ! »

ou « Pourquoi on invite toujours les mêmes conférenciers ? On dirait un club de tricot, pas une obédience ! » Les maçons se lâchent, et pas qu’un peu. C’est leur privilège, leur safe space, leur thérapie de groupe. Ils savent qu’ils peuvent critiquer sans risquer de trahir l’esprit de fraternité, parce que, au fond, ils s’aiment… et ils aiment leur obédience, même si elle leur tape sur les nerfs parfois.

Les Profanes ? Pas Touche !

Mais malheur à celui ou celle qui, n’étant pas initié(e), ose dire du mal de l’obédience ! Si un « profane » (c’est-à-dire nous, les non-maçons) se permet une remarque, même gentillette, comme « Tiens, la GLDF, ils sont un peu trop discrets, non ? », il risque de se retrouver face à un mur de tabliers. Les maçons serrent les rangs, et gare à celui qui critique sans avoir prêté serment sur le Volume de la Loi Sacrée ! C’est un peu comme si vous disiez à un fan de foot que son équipe joue mal : il vous regardera avec des yeux noirs et vous rappellera le palmarès du club depuis 1920. Pour les maçons, critiquer leur obédience, c’est un privilège réservé aux membres, un peu comme le droit de râler sur son conjoint – on peut le faire, mais pas vous !

Alors, Pourquoi Tant d’Empathie Publique ?

Au fond, cette empathie publique des maçons pour leur obédience, c’est une question de loyauté et d’appartenance. Être franc-maçon, c’est appartenir à une communauté qui partage des valeurs, des rituels et une quête spirituelle. Critiquer son obédience devant des profanes, c’est un peu comme laver son linge sale en public – on ne le fait pas ! D’autant que les maçons savent que leur monde est souvent mal compris, caricaturé comme une société secrète ou un club d’influence. Alors, ils protègent leur obédience comme un trésor, même si, entre eux, ils ne se privent pas de pointer ses défauts.

Une Solidarité à Double Tranchant

Les francs-maçons et leur obédience, c’est une histoire d’amour-haine, mais une histoire d’amour quand même ! Ils la défendent avec cœur face au monde extérieur, mais se permettent toutes les critiques une fois à l’abri des regards profanes. Alors, si vous croisez un maçon et que vous avez une remarque sur la GLDF ou le GODF, un conseil : gardez-la pour vous… ou préparez-vous à une leçon sur la beauté du Rite Écossais Ancien et Accepté ou encore le Rite Français !

Chouette d’Or : fin d’un mythe et résultats de l’énigme… début d’une nouvelle aventure

Depuis plus de trois décennies, la Chouette d’Or a captivé l’imagination de milliers de Français, les plongeant dans une quête énigmatique à la recherche d’un trésor aussi légendaire que mystérieux. Ce vendredi 2 mai, un documentaire diffusé dans près de 400 salles de cinéma à travers la France a enfin levé le voile sur les solutions des 11 énigmes qui ont permis de localiser ce trésor, sept mois après sa découverte officielle le 3 octobre 2024.

Alors que 450.fm avait suivi cette aventure en 2022 et 2024, retraçant les péripéties d’une chasse qui aura duré 31 ans, cette révélation marque la fin d’une époque tout en ouvrant la voie à une nouvelle chasse au trésor, la « Chouette d’Or 2 », qui débutera officiellement à la fin du mois d’avril 2025. Retour sur une saga qui a marqué l’histoire des jeux de piste, avec un décryptage complet des solutions officielles des énigmes.

Une Chasse au Trésor Entrée dans la Légende

Lancée le 15 mai 1993, la Chouette d’Or est l’œuvre de Régis Hauser, connu sous le pseudonyme de Max Valentin, un spécialiste de la communication et concepteur de jeux de piste, et de Michel Becker, un peintre et sculpteur chargé d’illustrer les énigmes et de créer la fameuse statuette. À l’époque, le trésor – une chouette en or et argent ornée de rubis et de diamants, d’une valeur estimée à un million de francs (environ 150 000 euros aujourd’hui) – devait être découvert en un ou deux ans. Mais ce qui devait être une chasse éphémère s’est transformé en une quête légendaire, devenant la deuxième plus longue chasse au trésor de l’histoire, derrière The Secret, un jeu américain lancé en 1982 et toujours en cours.

Le principe était simple, mais redoutablement complexe : résoudre 11 énigmes publiées dans le livre Sur la trace de la Chouette d’Or, chacune composée d’un titre, d’un texte et d’un visuel. Ces énigmes, mêlant charades, messages sibyllins et références historiques, devaient mener à une contremarque en bronze enterrée quelque part en France métropolitaine. Le découvreur, en prouvant qu’il avait également résolu une douzième énigme cachée (issue des « reliquats » des 11 premières), pouvait échanger cette contremarque contre la véritable chouette d’or, conservée sous scellés par un huissier.

Pendant 31 ans, des milliers de « chouetteurs » – comme se surnomment les participants – se sont lancés dans cette aventure, armés de leur livre, de cartes de France, et d’une détermination sans faille. Certains y ont consacré des années, voire des décennies, sillonnant le pays à la recherche d’indices. Mais la Chouette d’Or est restée insaisissable, alimentant spéculations, théories farfelues et une communauté passionnée, unie par le mystère.

Une Quête Marquée par des Rebondissements

L’histoire de la Chouette d’Or n’a pas été un long fleuve tranquille. Dès les premières années, des polémiques ont émergé, notamment autour de la gestion du jeu. Régis Hauser, alias Max Valentin, est décédé le 24 April 2009, seize ans jour pour jour après avoir enfoui la contremarque. Sa mort a soulevé des questions sur la pérennité de la chasse, bien qu’il ait affirmé avoir pris des dispositions pour que le jeu puisse continuer. Cependant, des procédures judiciaires ont compliqué les choses, notamment après la liquidation de l’éditeur du livre en 2004. Ce n’est qu’en 2009, après un arrêt de la cour d’appel de Versailles, que la chouette d’or a été remise entre les mains d’un huissier, permettant au jeu de reprendre officiellement.

Chasse au trésor de la Chouette d’or

Michel Becker, co-créateur et illustrateur des énigmes, a repris les rênes de la chasse au début des années 2020, après avoir récupéré les solutions auprès des héritiers de Hauser. En 2021, il a ouvert un espace d’échange sur Discord, Sur la Trace de la Chouette d’Or, pour relancer l’intérêt et fournir de nouveaux indices aux chouetteurs. Cette initiative, combinée à la publication d’une nouvelle édition du livre en 2019 (Les Cahiers Secrets), a ravivé la flamme de nombreux chercheurs, certains actifs depuis les années 1990.

La Découverte : Dabo, la Clé du Mystère

Le 3 octobre 2024, après 31 ans de quête, Michel Becker a annoncé sur Discord que la contremarque avait enfin été déterrée, dans la nuit du 2 au 3 octobre. Le vainqueur, qui a requis l’anonymat, a localisé le trésor à Dabo, une commune située en Moselle, à 50 kilomètres de Strasbourg. Cette révélation a mis fin à l’une des chasses au trésor les plus longues et emblématiques de France, provoquant une vague d’émotions parmi les chouetteurs : un mélange de joie pour la résolution du mystère, de frustration pour ceux qui n’avaient pas trouvé, et de nostalgie face à la fin d’une époque.

Sept mois plus tard, le 2 mai 2025, un documentaire projeté dans 400 salles de cinéma a dévoilé les solutions des 11 énigmes, ainsi que le processus qui a conduit à la découverte à Dabo. Pour beaucoup, comme Louis, un chouetteur interrogé à la sortie d’une salle, cette révélation a été un moment de validation. « J’avais toujours travaillé uniquement avec le livre, donc je suis plutôt content », a-t-il confié.

« Il me manquait plein d’éléments, mais j’avais Dabo ! J’étais un peu trop jeune à l’époque où j’étais vraiment dans la recherche, je n’avais pas le permis. Hypothétiquement, j’avais déjà trouvé le trésor. »

D’autres, cependant, ont exprimé des sentiments plus mitigés, certains dénonçant des « incohérences » dans les solutions ou critiquant la gestion de la chasse par Michel Becker, notamment via des messages parfois menaçants adressés au réalisateur du documentaire, Alexandre Largeron.

Les Solutions Officielles des 11 Énigmes : Un Chemin vers Dabo

Le documentaire diffusé le 2 mai 2025, relayé par Ouest-France, a enfin révélé les solutions officielles des 11 énigmes de la Chouette d’Or, détaillant étape par étape le raisonnement imaginé par Max Valentin pour mener à Dabo, en Moselle. Voici une synthèse complète de ce parcours intellectuel, qui a défié des générations de chercheurs.

  • Énigme B : « Il n’est de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir »
    Cette énigme introductive donnait l’ordre des autres énigmes à résoudre : B, 780, 580, 600, 470, 500, 420, 560, 650, 530, 520. Elle servait de point de départ, établissant une méthode rigoureuse pour aborder la chasse.
  • Énigme 780 : « Premier pas… »
    Cette énigme introduit une direction clé : la marche vers l’ouest, symbolisée par un cocher et un piéton. Elle établit un axe de référence, celui de la lumière, qui sera essentiel pour la suite du parcours.
  • Énigme 580 : « Par l’ouverture, tu verras la lumière »
    Ici, les chercheurs devaient identifier une ville clé à travers un jeu sur les notes de musique et les lettres. La solution est Bourges, située à l’ouverture de la France (au centre géographique), qui devient le point de départ géographique de la chasse.
  • Énigme 600 : « De ma deuxième, par un Huit, le destin… »
    Cette énigme cryptique, avec un texte codé et une illustration d’une clé, désigne la ville de Carignan, dans les Ardennes. La « deuxième » fait référence à la lettre « O » (deuxième lettre de « Bourges »), et le « Huit » symbolise un code à déchiffrer, menant à Carignan comme étape intermédiaire.
  • Énigme 470 : « À Roncevaux… »
    Cette énigme oriente les chercheurs vers une figure historique : Roland, neveu de Charlemagne, et sa mort à Roncevaux. Elle établit un axe entre Bourges et Roncevaux, qui, projeté sur une carte, passe par Carignan et donne une direction vers l’ouest-sud-ouest.
  • Énigme 500 : « Trouve mon tout… »
    Cette énigme introduit une mesure clé : 185 km à vol d’oiseau (soit 100 milles marins, une unité souvent utilisée par Valentin). En partant de Bourges, sur l’axe défini par l’énigme 470, cette distance mène à Saumur, dans le Maine-et-Loire, une étape cruciale.
  • Énigme 420 : « Du ciel vient la lumière »
    Ici, une référence astronomique entre en jeu : l’étoile Sirius et la constellation d’Orion. L’énigme utilise une distance de 33 cm (sur une carte au 1/1 000 000e), soit 33 km, pour établir un nouveau point à partir de Saumur, orientant vers une direction liée à la lumière céleste.
  • Énigme 560 : « Là où coule l’Adour… »
    Cette énigme mentionne l’Adour, mais c’est une fausse piste. En réalité, elle utilise des « nefs » (navires) pour symboliser des lignes sur une carte. En traçant une droite de Bourges à Carignan, puis une perpendiculaire depuis Saumur, on arrive à un point précis : le rocher de Dabo, en Moselle.
  • Énigme 650 : « Là où je t’attends… »
    Cette énigme représente un personnage, « l’homme à la pelle », qui symbolise le lieu final : Dabo. L’illustration et le texte confirment que le rocher de Dabo est l’endroit où le trésor est enfoui.
  • Énigme 530 : « C’est là que tout commence »
    Bien que placée tard dans l’ordre, cette énigme confirme Bourges comme point de départ, renforçant la cohérence du parcours.
  • Énigme 520 : « Trouveras-tu ? »
    Cette dernière énigme donne la localisation précise : à 6,94 mètres du rocher de Dabo, dans une cavité naturelle. Les « reliquats » des énigmes précédentes (éléments restants après résolution) forment une douzième énigme implicite, qui guide vers cet emplacement exact.

Ces solutions, dévoilées dans le documentaire, montrent la rigueur et la complexité de la chasse imaginée par Max Valentin. Chaque énigme s’appuie sur des références historiques, géographiques et symboliques, formant un puzzle intellectuel qui a défié les chercheurs pendant plus de trois décennies.

Une Nouvelle Chasse : La Chouette d’Or 2

Si la découverte de la Chouette d’Or a clos un chapitre, elle en ouvre un nouveau. Dès la fin avril 2025, une nouvelle chasse, baptisée « Chouette d’Or 2 », a été officiellement lancée, comme annoncé dans le documentaire. Michel Becker, désormais seul aux commandes, a promis une aventure tout aussi captivante, avec un nouveau trésor à la clé. Les détails de cette chasse restent encore flous, mais elle suscite déjà des réactions contrastées parmi les chouetteurs. Certains, comme Sibylle et Jean-Renault, sont enthousiastes à l’idée de repartir à la recherche du « strigidé », tandis que d’autres se montrent plus sceptiques. « Je ne jouerai pas, c’est du bullshit », a déclaré un participant sur les réseaux sociaux, reflétant une division au sein de la communauté.

Cette nouvelle chasse intervient dans un contexte où d’autres jeux de piste émergent, comme celui lancé par le Puy du Fou en juin 2025, qui propose de retrouver une réplique d’Excalibur d’une valeur de 250 000 euros. La Chouette d’Or 2 devra donc relever le défi de captiver une nouvelle génération de chercheurs tout en honorant l’héritage de son aînée, une tâche qui s’annonce complexe au vu des attentes et des critiques.

Une Réflexion sur l’Héritage de la Chouette d’Or

Au-delà du trésor lui-même, la Chouette d’Or a été bien plus qu’une simple chasse au trésor. Elle a créé une communauté de passionnés, les « chouetteurs », qui ont partagé pendant des décennies leurs théories, leurs frustrations et leurs espoirs. Elle a également incarné une certaine idée de l’aventure intellectuelle, où le savoir, la logique et l’intuition priment sur la chance. Les énigmes, d’une complexité redoutable, ont poussé les participants à explorer l’histoire, la géographie, la littérature et même la cryptographie, transformant cette quête en un véritable voyage initiatique.

Pourtant, la fin de la chasse a aussi révélé des tensions. Certains chouetteurs, déçus par les solutions ou par la gestion du jeu, ont exprimé leur frustration, allant jusqu’à accuser Michel Becker d’avoir modifié les règles ou d’avoir manqué de transparence. Ces critiques, bien que minoritaires, rappellent que la Chouette d’Or, en devenant un mythe, a aussi suscité des attentes démesurées, parfois impossibles à satisfaire.

Un Pont entre Passé et Futur

La Chouette d’Or, en s’achevant, laisse derrière elle un héritage indéniable. Elle a prouvé que l’imagination et le mystère peuvent rassembler des milliers de personnes autour d’un objectif commun, transcendant les générations. Elle a aussi démontré la résilience d’une idée : malgré les décès, les procès et les controverses, la chasse a survécu, portée par la passion des chouetteurs et la vision de ses créateurs.

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