Fanny Nussbaum révèle la méthode permettant à chacun de devenir un champion dans son domaine. Cela inclut de se confier à son « système 1 » spécialement entraîné à ce effet.
Performants Kézako ? Dans un article précédent nous signalions Fanny Nussbaum et son équipe : (Relire ici)
Fanny et son équipe lyonnaise ont fait un travail scientifique levant le flou entourant les « surdoués » et autres « zèbres » . Il en est sorti les définitions, nouvelles, de Philo-cognitifs, dont les deux sous-ensembles les philo-complexes et surtout les philo-laminaires semblent bien représentés dans nos loges.
Mais il faut reconnaître que ces philo-laminaires n’ont pas forcément un taux de réussite de leurs entreprises meilleur que monsieur tout-le-monde. Ils montent sans doute plus haut que la moyenne dans les hiérarchies, mais ne brillent pas forcément dans tous les cas. Cela est probablement dû en partie à leur modestie inhérente, avec ego tenu en laisse. Et puis, le sous-titre du livre sur les philo-cognitifs c’est « ils n’aiment que penser ». Fanny a donc cherché à définir une catégorie de « performants », se caractérisant cette fois par un taux de réussite élevé dans les résultats obtenus de leurs actions.
Beaucoup d’entre nous ont été marqués par les idées de Tversky et Kahneman (ce dernier fut nobélisé). Notre cerveau possède deux circuits de décision, désormais bien repérés par les neurosciences. Le système 1, nous le partageons avec tous les animaux supérieurs : automatique, rapide, relié à nos expériences précédentes. Bref c’est le système intuitif et émotionnel. Le système 2, c’est la raison, dont le raisonnement analytique. Il tient beaucoup à la précision et à la vérité, aussi il se livre à plein de vérifications et se méfie de la première impression. Plus récemment ont été définis les biais cognitifs, qui grèvent assez fort l’exactitude de nos décisions. Seul le système 2 a une petite chance de repérer et bloquer les décisions erronées suggérées par nos biais.
Nos rituels, basés sur une recherche permanente de la vérité, font la part belle à la raison.
C’est aussi la méthode maçonnique raisonnée qui permet de prendre du recul par rapport aux idées et son ego. Ainsi nous arrivons à vivre entre sœurs et frères avec bonheur même si nous avons des idées opposées.
Alors le scoop découvert par Fanny Nussbaum est le suivant : le performant se confie à son système 1 dans la phase d’action. Comme indiqué ci-dessus, il faut éviter de succomber aux faiblesses de jugement que nos biais induisent. Donc chez tous ces cas décrits dans le livre « le secret des performants », l’action est précédée d’une longue phase préparatoire. Un des objectifs de cette phase est de disposer d’une base de données d’expériences, dont des essais de méthodes permettant d’assurer le résultat. Il s’agit aussi d’entraîner le système 1 sur un domaine d’application restreint mais de le connaître à fond. Cette notion de domaine, appelée « écosystème », signifie que l’optimisation obtenue est à revoir sitôt que le domaine change. La performance ne réussira que si la préparation est progressive et parfaitement adaptée à l’écosystème. Le but de toute cette phase est que la première solution qui vient à l’esprit soit (la) bonne. Bref on entraîne l’athlète système 1 à une course d’obstacles qu’il doit sauter sans coup férir. Lors de l’action réelle l’esprit reste tendu vers l’objectif défini. Il se produira alors une espèce de synchronisation entre le performant et son écosystème, qui fera tout sembler facile. C’est l’état de « flux », vécu en pilote automatique.
En passant, notons que rester tendu de manière efficace vers l’objectif suppose faire son deuil de l’image que l’on donne.
Peu de gens acceptent de projeter une image non pensée.
C’est analytiquement que l’on vérifie que tout le « territoire » du domaine est couvert. La phase préparatoire à l’action est donc placée sous l’autorité du système 2. Mais les performants adorent la phase d’exécution, placée sous le signe de la vitesse : c’est la vitesse qui permettra la victoire. Un des témoignages raconte « l’action évite à mon cerveau de partir dans tous les sens ». Voilà qui marque une césure nette avec les philo-cognitifs, eux amoureux des longs comparatifs entre grandes théories !
Une autre différence avec les francs-maçons philo-laminaires, c’est que ces derniers cultivent la modestie. Par contraste, les performants se disent ambitieux . On se prend à craindre qu’ils ne soient adeptes du « la fin justifie les moyens » ? Au premier rang de ces moyens on trouve les abus de pouvoir et la violence…Voici que la morale s’invite dans notre propos. C’est quasiment absent du livre, qui se veut purement scientifique. Mais nous sommes conditionnés à ne jamais perdre nos valeurs de vue. L’humain a survécu grâce à son esprit de collaboration. On peut penser que la concurrence peut stimuler les acteurs en vue du progrès, mais le respect reste nécessaire ! À ce propos, le livre affirme que la performance n’empêche pas de rester en accord avec ses valeurs. Elle ne transformerait pas en monstre, mais en une version « accentuée » de soi-même. Qu’en pensez-vous ? Y a-t-il danger d’être emporté par son ambition ? Quels garde-fous voyez-vous ? Mon garde-fou perso c’est le doute, qui appartient au système 2.