ven 22 novembre 2024 - 14:11

Ces animaux qui nous humanisent

Colombe, Phénix, Pélican, Aigle. Exception faite du serpent, il est observable que la franc-maçonnerie n’a principalement introduit à ce jour dans son bestiaire figuratif que des volatiles pour illustrer ses mythes et légendes. Or, nous le savons, nombre d’animaux « terrestres » accompagnent la vie des humains depuis des lustres. Ils pourraient parfaitement figurer dans le « narratif » maçonnique. Un inventaire par loge ne démentirait pas cette réalité : Les frères et les sœurs aiment aussi la gente canine ou féline. Il n’est d’ailleurs pas rare qu’un compagnon de route – vigilant gardien ambulatoire – les attendent sagement dans leur voiture pendant la tenue.

15 millions de chats, 10 millions de chiens : c’est le nombre estimé – certainement bien en dessous de la réalité – que possèderaient les foyers français ! Sans compter les oiseaux en cage, les poissons en aquarium, les singes, hamsters, lapins, tortues, écureuils ou autres serpents, espèce rampante précitée – qui font partie de beaucoup de familles. Bref avec quelque 100 millions d’animaux de compagnie, la France serait le 3ème pays d’Europe au classement du nombre de ces « proches » de l’Homme.

Pas si bêtes

Pourquoi cet engouement pour nos amies les bêtes ? Pas si bêtes que çà d’ailleurs ! Il est certain que chacun, chacune de nous se souvient de son premier Medor en peluche ou d’un malicieux Félix le chat. Ces adorables animaux aux yeux brillants et aux museaux rieurs, presque plus vrais que nature et à qui nous avions carrément donné vie, ne nous étaient-ils pas devenus indispensables ? Aussi bien dans nos jeux diurnes que pour nous rassurer dans le noir soudain de notre chambre, avant que ne passe le marchand de sable ! Nous ne savions pas alors que ces « doudous » étaient porteurs de symboles : Muets par définition, ils nous apprenaient déjà les vertus du silence, la sécurité de leur compagnonnage, l’oeil du maître, même si nous n’étions encore que des apprentis de la vie !

Ces doux souvenirs peuvent expliquer qu’à une occasion festive, l’enfant demande à ses parents la reproduction en « chair et en os » de son toutou ou de son minet. La preuve n’est plus à faire qu’un animal – bien mal nommé « domestique » – favorise l’épanouissement de l’enfant. Quelle joie profonde pour le petit garçon ou la petite fille de pouvoir caresser un nouveau partenaire sur pattes, bien vivant et jouer avec lui. Nouvel apprentissage : la fidélité que lui témoigne le chien en se blottissant contre lui, la liberté que prend le chat en s’en écartant momentanément ! Et le petit bonhomme s’enhardit en caressant son vrai Médor allongé sur le tapis. Quand la petite bonne femme découvre la générosité en partageant son gâteau avec son vrai Félix, revenu de sa promenade.

Ainsi, le petit d’homme qui jusqu’à maintenant était servi par un plus grand, s’aperçoit qu’un être vivant a besoin de lui, comme il éprouve le même besoin. Il comprend que cet animal compte sur lui pour recevoir non seulement à manger et à boire, mais aussi de l’attention, des soins, de la tendresse, en un mot de l’affection. Ainsi s’établit, avec le sens de la responsabilité pour l’enfant, une relation de confiance, une fraternité, une complicité entre les deux partenaires. Au vrai, ne sont-ils un couple d’animaux sociaux, les deux s’éduquant et se récompensant mutuellement ?!

C’est ce même rapport affectif qui unit nombre d’adultes à leur animal – ou à leurs animaux – de compagnie. Qu’il s’agisse de couples qui adorent s’en occuper et en être entourés. Ou qui ne peuvent pas avoir d’enfants. Car l’animal est à même de jouer aussi ce rôle substitutif. Les personnes malades, seules ou âgées, réservées ou très discrètes, trouvent un précieux réconfort, une réassurance, une sécurité, dans la présence de la bête aimée – qui n’a de bête que le nom, répétons-le !

Un mélodieux jappement

Comment ne pas être ému devant le bon regard d’un chien, sensible à cette patte qu’il vous tend et qui vaut tous les discours ?! Comment ne pas être réceptif au frôlement insistant d’un chat et à son ronronnement sur vos genoux. Ne vous sentez-vous pas à cet instant précis, fier, confiant, heureux d’être à la fois son protecteur et son élu ?

 Je disais plus haut l’animal silencieux parce qu’il ne parle pas. Mais un mélodieux jappement ou un musical « miaou » ne valent-ils parfois mieux que nos interminables paroles verbeuses qui finalement, « abiment » le silence ! A l’image des trop longs développements en loge ou dans les médias qui résonnent sans raisonner et s’entendent davantage qu’ils ne s’écoutent !

On ne peut éviter d’évoquer ici les effets pervers qu’entraîne trop souvent la possession d’animaux. Précisément, le besoin d’autorité compensatrice de certains « maîtres »… qui ne sont pas toujours maîtres chez eux, voire trop soumis professionnellement. Ou l’égoïsme, sinon l’inconscience de certains « propriétaires » sans cœur qui considèrent leur chien ou leur chat comme un objet de plaisir, un gadget passager qui sera abandonné sur quelque route déserte aux prochaines vacances !

La cohabitation intelligente

Et que dire, sinon s’attrister, s’inquiéter même, de ces gens qui, à coup de tondeuse, de ciseaux et de fer à friser, « élèvent » (je devrais dire qui « abaisse » !) des animaux uniquement pour en faire des bêtes de concours. Donc pour de l’argent et les regards gratifiants de ceux à qui échappe la vraie beauté. A moins que ces « tortionnaires » n’entraînent leurs victimes et ne les transforment en monstres menaçants, toujours prêts à vous sauter à la gorge. Sans parler des animaux de cirque qui vivraient mieux dans leur jungle naturelle que sous le fouet d’un sadique dompteur ! Nous sommes loin ici du bon compagnon avec lequel s’échange énergie et douceur, sérénité et joie de vivre !

Revenons vite à la cohabitation intelligente et bénéfique « homme-animal ». Un des meilleurs exemples qui puisse être donné de l’entente et de la complémentarité est celui des chiens-guides des non-voyants. Le chien éduqué avec son futur maître lui redonne – après quelques semaines d’un entraînement commun et d’une connaissance réciproque – les yeux qui lui manquent.

L’aveugle fait alors totale confiance à son partenaire pour contourner les pièges de la ville et prend en même temps confiance en lui. Plusieurs clubs-service, dont le Lions-Club International qui en a fait l’une de ses œuvres sociales principales – et aussi certaines loges maçonniques centrées à la fois sur la spiritualité et le don de soi, ce dans le monde entier – se dévouent pour cette action, ô combien généreuse.

Le harnais qui relie le chien et la main altruiste n’est pas une laisse mais un cordon d’Amour !

4 Commentaires

  1. Même les animaux sauvages ne tuent pas par haine ou pour le plaisir!
    C’est pourtant ce que fait une frange d’ animaux dit “sociaux” , qui malheureusement se reproduit, en s’acharnant avec barbarie sur une ethnie depuis la nuit des temps! Pourquoi faut-il que, de générations en générations, Caïn continue de tuer son frère Abel?!
    L’Homme ne deviendra vraiment Homme qu’en appliquant au quotidien cette conduite de vie qui tient en trois mots ” Liberté-Egalité-Fraternité” et que nous clamons en vain dans nos loges! Pour l’instant, il reste un être inachevé qui porte en lui les germes d’une épouvantable monstruosité! Que de chemin encore à faire à la Nature et à notre nature pour doter le cerveau humain d’un “centre de l’amour”!!! Bien fraternellement : nous savons pour notre part, que ce mot à un sens, Gilbert Garibal

  2. Merci cher frère de cet article qui adoucit un peu les cœurs meurtris du spectacle, trop présent actuellement, de la haine guerrière du genre humain.

    Soyons vigilants toutefois à ne pas trop déséquilibrer la diversité du vivant en privilégiant les espèces apprivoisées au détriment des espèces sauvages ; on raconte ainsi que les oiseaux seraient par millions (en France) victimes des plaisirs de chasse des chats .

    Mais ces amours avec nos frères animaux montrent que nous sommes capables d’accroître notre cercle d’empathie au-delà du “prochain à aimer comme soi-même”, qui fait terriblement craindre que l’amour que l’on donne aux proches, on le retire aux lointains : ce que les psys nomment “l’altruisme paroissial”.

    Amitié fraternelle, Patrick

  3. Merci pour le compliment!
    Ce n’est pas un secret de dire que le serpent est le motif du 25ème degré du REAA ( Chevalier du serpent d’airain). Donc, il fait partie du “bestiaire” maçonnique.
    Les 33 degrés dudit rite sont indiqués et détaillés dans tous livres maçonniques vendus en librairie, partant en milieu profane.
    L’ourobouros, figure de “l’éternel retour” est, à ma connaissance, un symbole alchimique “récupéréé par certaines instances de l’Art Royal. Mais mon sujet est ici “les animaux domestiques”! Bien fraternellement, Gilbert Garibal

  4. Merci pour ce bel article MTCF !
    Une petite remarque à propos du serpent.
    L’Ouroboros, le serpent qui se mord la queue, n’est peut-être pas un symbole maçonnique, mais il est parfois cité, des Morc d’Arch lui sont dédiés et Je connais au moins une Loge qui a pris le nom d’Ouroboros. Bien frat, Didine

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Gilbert Garibal
Gilbert Garibal
Gilbert Garibal, docteur en philosophie, psychosociologue et ancien psychanalyste en milieu hospitalier, est spécialisé dans l'écriture d'ouvrages pratiques sur le développement personnel, les faits de société et la franc-maçonnerie ( parus, entre autres, chez Marabout, Hachette, De Vecchi, Dangles, Dervy, Grancher, Numérilivre, Cosmogone), Il a écrit une trentaine d’ouvrages dont une quinzaine sur la franc-maçonnerie. Ses deux livres maçonniques récents sont : Une traversée de l’Art Royal ( Numérilivre - 2022) et La Franc-maçonnerie, une école de vie à découvrir (Cosmogone-2023).

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