La Gironde, héritière d’une longue tradition maçonnique depuis le début du XVIIIème siècle a accueilli d’illustres Francs-maçons tels Martinez de Pasqually, Louis Claude de Saint-Martin (le Philosophe inconnu), Cagliostro, La Fayette, Victor Louis, Émile et Isaac Pereire, Gustave Eiffel, lesquels ont contribué à la richesse culturelle et architecturale de la capitale girondine.

C’est également à Bordeaux qu’ont vécu le philosophe humaniste Michel de Montaigne et le penseur des Lumières Charles de Montesquieu.
Dans la lignée de cet héritage philosophique, le samedi 24 mai prochain à partir de 15h à Saint-André-de-Cubzac (33), les maçons de la Loge Saint-Jean-d’Aquitaine organisent une conférence/débat sur le thème « La Franc-maçonnerie de nos jours, un engagement humaniste, spirituel« . Cette rencontre sera l’occasion pour les participants de découvrir la démarche maçonnique et le Rite Écossais Rectifié. Une opportunité également pour lever le voile sur cette société discrète (et non secrète) qu’est la Franc-maçonnerie. Ce temps de discussion sera suivi d’un pot de l’amitié.
Pour plus d’informations : Association CREOS Aquitaine – sja.conference33@gmail.com – 07 66 27 41 42
Adresse conférence : « Salle DANTAGNAN » – 41 rue Dantagnan – 33240 St-Andrés-de-Cubzac
Le Centre de Recherches Opératives et Scientifiques Aquitaine (CREOS Aquitaine) est une association déclarée, enregistrée sous le numéro RNA W332001597, et dont le siège social est situé 8 Rue Ségalier à Bordeaux.
Ce lieu, connu pour abriter un temple maçonnique bordelais historique, est souvent associé à des travaux de réflexion initiatique. C’est dans ce cadre que s’inscrit l’annonce d’une conférence évoquant – entre autres – une prétendue appartenance maçonnique de Gustave Eiffel.
Mais cette affirmation, séduisante au regard de l’imaginaire collectif, ne résiste pas à l’examen rigoureux des sources. La question de l’appartenance maçonnique de Gustave Eiffel, telle une ritournelle des imaginaires symboliques, revient régulièrement hanter les couloirs de l’histoire. Il est vrai que la silhouette élancée de la Tour Eiffel, dressée comme un compas défiant les cieux, offre au regard de l’initié mille et une résonances. Par sa verticalité, son alliance du fer et du feu, son élévation vers la lumière, elle semble incarner l’idéal d’un édifice intérieur, patiemment bâti par l’homme sur les plans de l’esprit. Pourtant, la fascination qu’elle exerce ne saurait suffire à faire de son auteur un Franc-Maçon.
À ce jour, aucune preuve tangible, ni lettre de demande d’initiation, ni trace dans les registres des Loges, ni convocation à une Tenue ou à un Banquet rituel, ne vient attester que Gustave Eiffel aurait franchi les colonnes du Temple. Il demeure un homme des Lumières républicaines, certes, un bâtisseur de génie et un ingénieur visionnaire, mais étranger aux mystères de l’Art royal. Ce constat, les spécialistes de l’histoire maçonnique s’accordent à le confirmer, non par volonté d’exclusion, mais par rigueur archivistique.
La confusion provient peut-être d’un nom, ou plutôt d’un patronyme double : Bonickhausen dit Eiffel. Ce nom germanique, que la famille porta longtemps avant de l’amputer de sa racine rhénane en 1879, fut celui d’un ancêtre, Jean-Baptiste Bonickhausen, avocat et clerc de notaire, dont la présence est attestée dans la Loge
« Saint-Jean de Palestine » à l’Orient de Paris entre 1780 et 1781. La fiche issue du Fichier Bossu de la Bibliothèque nationale de France le mentionne sans équivoque. Il y eut donc un Franc-Maçon du nom de Bonickhausen, mais un demi-siècle avant la naissance du célèbre ingénieur. Le sang initiatique aura peut-être coulé dans les veines de la lignée, mais non dans le parcours de Gustave lui-même.
Il faut alors renoncer à ce raccourci flatteur qui verrait en Eiffel l’un des nôtres. Certes, plusieurs de ses collaborateurs étaient initiés – tel Maurice Koechlin, l’ingénieur qui participa à la conception de la tour, ou Eugène Milon, chef de chantier.
Certes, des milieux proches de la Franc-Maçonnerie apportèrent leur soutien au projet. Mais cela ne saurait suffire à inscrire Eiffel dans le Livre d’Architecture de nos Ateliers.
Ainsi, l’on doit, avec humilité, distinguer la projection symbolique de la réalité biographique. Gustave Eiffel n’était pas Franc-Maçon. Ce qu’il a bâti, pourtant, résonne parfois comme une cathédrale moderne, dressée au cœur de Paris, saluant le ciel au nom de la science, de l’audace et de l’ingéniosité humaine. Peut-être est-ce là, dans cette œuvre de fer qui touche à l’absolu, que gît le vrai mystère : celui d’un homme qui, sans être Frère, parla néanmoins à l’âme de la Fraternité.
Et sauf à ce que l’on nous produise, de manière rigoureuse, des documents tangibles, vérifiés et vérifiables – lettre de demande, dossier de réception, convocation à une Tenue d’initiation ou mention dans un Tableau de Loge –, il convient de tenir cette rumeur pour ce qu’elle est : une séduisante construction imaginaire, mais non un fait initiatique établi.