Dans le prologue de la quête de l’Ibis vert, Avant l’aven[t], 🐇 je vous ai invité à passer de l’appel du Coq 🐇 à celui de l’Ibis, dépasser l’Œuvre au Rouge en répondant au sel de [l’aime • rode] de vair. Ce Chemin qui nous mènera peut-être à la pantoufle perdue 🐇. Voyager ainsi, « ni nu, ni vêtu » nous invite à abandonner nos préjugés et à découvrir, puis discerner le chant des sirènes du [par • être] de celui des [six • reines] faisant tournoyer les [six • lances] 🐇 des murmures par delà l’écho devenu muet. C’est dans le premier épisode “L’intuition et le fol qui s’y fie” 🐇 que le chemin du fou en quête de sa majuscule a été abordé. Dans cet épisode il restera toujours une interrogation laissée en drapeau flottant dans le vent : qui, du pêcheur ou du poisson tient l’autre ?
Si la réponse appartient à chacun et peut varier en fonction des solstices et des équinoxes, la roue du Tarot appréhendée en fonction de nos âges rituels (3, 5 et 7 ans et +) peut peut-être nous apporter un [plan • (i) • sphère] nous permettant de nous ré-appairer consciemment au Chemin. Se sentir perdu, c’est peut-être ne plus percevoir la Voie. Cependant, c’est lorsque nous nous sentons rationnellement perdu que nous ressentons [l’Art • canne] de la Voix sur laquelle, en aveugle, nous nous reposons lors de notre première entrée dans le Temple.
Il n’en demeure pas moins important de savoir nous situer en trois dimensions dans ce plan en deux dimensions. Comme disait Paul Valery « il est beaucoup plus simple de construire un monde que d’expliquer comment un homme tient sur ses pieds ». Saisissons-nous donc de l’arcanne, la craie rouge du charpentier, et traçons notre propre carte dans ce désert apparement immaculé et sans trace.
Une boussole
Pour évoluer dans l’Univers que nous explorons il nous faut nous repérer. Pour cela nommons nos 6 points cardinaux. La verticale s’étendra du Nadir au Zénith, la profondeur de l’Orient à l’Occident et la largeur du Septentrion au Midi. L’aire de cette sphère plane dont le rayon est infini est et sera toujours égal à [4 • Pi • r²] soit “quatre pierres carrées”.

Au centre, trône la spirale [angée]. Elle assure la cohérence de notre monde. Ce G est enluminé d’un pentacle rouge en hommage aux 5 sens tels que décrits par Aristote : la vue, l’odorat, l’ouïe, le goût et le toucher.
Notons qu’aujourd’hui la science en ajoute quatre : la proprioception, l’équilibrioception, la thermoception, la nociception. La science et la voie initiatique symbolique et intuitive se rejoignent ici.
En effet, grâce à la proprioception nous savons où se trouvent nos propres membres, ce qui est primordial dans nos gestes et postures. Cheminer c’est aller de déséquilibres en déséquilibres et l’équilibrioception nous permet maintenir l’aplomb de notre centre de gravité dans des forces parfois contraires et violentes. A l’alchimiste pratiquant la Voie Royale, chemin que nous affirmons, la thermoception est essentielle au ressenti de ses températures internes nécessaires à a transmutation. Enfin, la nociception, cette connaissance de la douleur, dont les seuils sont toujours uniques à chacun, est un sens qui doit absolument être développé sous la responsabilité et par le partage d’expériences des plus anciens. Cette transmutation du pentagone en ennéagone doit inviter celui qui n’est pas que géomètre à [l’Art-reflexion]1 dans [l’e • tain] du miroir 2 .
Une règle
Nous savons que pour qu’un univers fonctionne il lui faut des cycles. Des cycles découlent toujours des règles. Je crée donc une Règle symbolisant toutes les autres. Elle commencera par mesurer la durée d’un cycle. Ceci permettra d’appréhender le mouvement. Elle sera graduée en espaces noirs et blancs.
Comme le Noir absorbe les couleurs il représentera l’inconscient, la nuit et l’inaccompli. Par opposition féconde le Blanc reflétant la lumière représentera le conscient, le jour et l’accompli. Chaque espace sera d’égale proportion. Ainsi naîtra la mesure des temporalités et des équilibres.
Cette Règle aura 24 divisions. J’ai déjà développé un symbolisme de la Règle 🐇 et comme la roue tourne je vous laisse le soin de suivre le Lapin Blanc 🐇 pour en savoir plus.

Dans cet Antremonde, il y aura un moment où la lumière sera soit à son apogée soit à son hypogée. Ce sera l’axe vertical des solstices d’été et solstice d’hiver 🐇. L’axe horizontal symbolisera les moments où jour et nuit sont d’égales proportions. Ils seront nommés équinoxes d’automne et de printemps.
Comme il fera jour longtemps en été, il fera chaud. Son élément sera le Feu 🜂. Par opposition, l’hiver sera froid et humide. Son élément sera l’Eau 🜄. Pour passer progressivement de l’hiver à l’été il y aura le printemps. La Terre contenant la potentialité de la vie en chemin vers la lumière sera son élément 🜃. Enfin, lorsque le feu aura distillé l’eau de la vie la nature s’affaiblira. Ce sera l’automne. Le vent chassera les feuilles des arbres qui nourriront la terre. L’élément de l’automne sera l’Air 🜁.
Une voûte étoilée
Dans notre Antremonde 🐇 l’humain devra de temps en temps lever le nez des lumières éphémères du [pas • sait] pour voir plus grand que lui et s’élancer du sillon où il a germé puis éclos vers son ailleurs terre promise. Je lui construis donc une voûte étoilée afin qu’il se pose des questions et qu’il ne confonde pas nuit et néant, néant et ténèbres. Cette voûte est ici architecturée sur un carré car c’est une construction humaine que d’associer les étoiles en constellations et leur donner des noms qui leurs sont familiers. C’est pourquoi la Roue du cycle zodiacal est ici quadrature du Cercle d’une Parole [dys • parue].
Afin de pouvoir trouver le juste équilibre des opposés il y aura un juste milieu, neutre. Il formera un triangle idéalement équilatéral. Dans le dessin, à chaque angle de ce triangle est représenté un élément fondamental de l’Antremonde : le mercure ☿ métal liquide, passif, lunaire, opposé au soufre 🜍 minerai actif, solaire. Ils sont équilibrés par le sel 🜔 , neutre, distillé de la rosée sacrée des alchimistes.
L’humain discriminera 7 luminaires de la vaste immensité des feux célestes : le Soleil☉, la Lune ☽, Mars ♂︎, Mercure ☿, Jupiter ♃, Vénus ♀︎ et Saturne ♄. Il lui semblera qu’ils tournent autour de [l’huis]. Il comprendra peu à peu que le Cercle est la forme idéale d’un Tout humainement indéfinissable qu’il ne peut appréhender autrement que par une Unité fractale obtenue par quadrature.
Ainsi, pour l’expansion centrifuge de l’humanité, l’architecte tracera les [plans-temples] et l’agriculteur la nourrira selon les cycles expérimentés. Tandis que pour son expansion centripète les alchimistes, les philosophes, les artistes et les devins penseront eux en sphères, réminiscences des [grottes-ombres] des origines.
Au point de tension entre ces deux Forces le maçon affranchi de leurs dogmes taillera et élèvera les pierres de cette humanité en temple. En bâtissant les desseins des autres il s’affranchira de son destin par son Travail opératif qu’il nommera Grand-Œuvre, le Temple.
Un rai de Lumière au travers du dais noir
Le Tarot divinatoire serait donc né de l’union des artistes, des alchimistes et des mages aventuriers de l’Antremonde tandis que le tarot [devinatoire] serait né des devins et augures répondant aux peurs archaïques des [lents • demain] incertains au cœur de [l’âme • hors].
Si le Grand Cycle du Voyage de la Vie reste le même pour tous, l’ignition initiatique dépend des nuances laissées par l’intensité des pigments du lavis sur la feuille blanche, fragile et éphémère. La simple goutte d’eau vivante fini toujours par changer d’état car son essence contient l’océan comme le nuage.
[L’Ωau] de [l’⍺me] n’est pas le [sait • dit • ment]. Elle est flux vital et ce flux fait tourner la roue du meunier et ainsi de [l’Or • riant] elle amène l’aube comme le boulanger le pain, comme la Vie nous ramènent les [légendes-embruns] venus de notre Terra Incognita.
Que ce soit avec les arcanes ou l’arcanne, la Vie trace son Chemin et le [myste • erre] sur l’escalier tournant.
Rassembler ce qui est épars
Ainsi la Roue est souvent associée au Tarot dont elle serait l’anagramme : TAROT – ROTA. Par association je me suis dit que l’on ne marquait pas toujours les angles durant nos Tenues et donc, que dans certains cas nous devions architecturer notre pensée en cercle et en cycles.
C’est la notion de cycles qui m’a permis de boucler la boucle car elle m’a ramené à l’initiation, ou réception, du premier degré. Je me suis dit que, selon mes Connaissances, il n’était pas donné les mêmes directives, les mêmes éléments de réflexions, les mêmes outils de travail selon que l’on soit Apprenti, Compagnon ou Maître, selon que l’on pratique tel ou tel rite. Ces différents rites et degrés n’ont donc pas les mêmes besoins, les mêmes étapes, les mêmes moyens. La structure devait donc s’adapter à l’ensemble tout en fonctionnant avec les mêmes règles.
Pour les Loges Bleues je trouve 3 fréquences qui, sauf erreur, méconnaissance ou omission de ma part, nous sont communes. Elles correspondent à nos [âges-fréquences] symboliques : l’Apprenti a 3 ans, le Compagnon 5 et le Maître 7 et plus. Nous avons en commun aussi 3 formes géométriques : le carré, le cercle, le triangle; quatre outils : le compas, l’équerre, la règle et la corde à douze ou treize nœuds selon la façon de compter et 5 sens aristotéliciens ou 9 sens modernes.

Une construction géométrique de la Roue du Tarot
Si on enlève le Fou de l’équation car il est sans nombre, sur 22 arcanes majeurs il en reste 21, soit 21 rayons de la roue du Tarot. On a vu avec la Règle que tout est question de régularité, de cycles, d’accompli et d’inaccompli. J’ai donc divisé les 360° du cercle par 21. Cela donne 17,142857142857142857…
Si je décompose et joue avec les nombres et leurs symboles nous avons :
- 1+7=8 soit le Principe (1) ajouté à la Connaissance (7) donne l’Infini (lemniscate) élevé (8) du Nadir au Zénith.
- Ceci se vérifie par la séquence qui se répète après la virgule : 142857 soit 1+4+2+8+5+7= 27 = 2+7= 9 . Le 9 symbolise la mesure des gestations humaines, la sortie de l’Œuf Primordial par la voie basse, celle de [l’amas • tiers]. C’est l’achèvement d’une création terrestre et ses 9 sens, la carnation des trois mondes en nous que sont le ciel, l’enfer et la terre.
- Si l’on ajoute au 8 du début le 9 de cette première séquence on retrouve un total de 17 soit encore 8. Et si on ajoute plusieurs séquences de 9 à 8, on retrouvera toujours 8 au final.
Le Chemin d’émancipation de l’humaine condition passerait donc par sa Verticalité et s’étendrait donc en tension du Nadir au Zénith depuis environ 3,5 million d’années d’après les traces de pas découvertes à Laetoli en Tanzanie.
Au vu des recoupements des chiffres et des nombres mon idée de départ semble se vérifier. Sauf qu’il y a un écart de 0,02003° (21x 17,142857=359,979997 soit un 𝝙 de 0,02003). Soit 2+3=5, ce chiffre qui symbolise l’humain est aussi l’âge du Compagnon 🐇, l’âge du pas de côté, de l’écart de conduite, de la faillibilité permettant la révélation. L’humain devient ainsi la marque de l’approximation, de l’erreur de sa perception des choses ou bien la marque du hasard, de l’accident, de sa rencontre 🐇 avec le Chaos.
Mon travail artistique s’exprime par ma main humaine, « l’instrument des instruments » selon Aristote. C’est avec mon simple compas, mes crayons et mon rapporteur que j’ai placé sur ma Roue du Tarot mes arcs afin d’en tracer les rayons. Malgré les approximations de l’épaisseur des traits, le tracé se vérifie. Bien que l’écart du parvis ne soit pas des plus exacts, au final si symboliquement on sait où commence et se termine la Loge, connait-on pour autant la dimension exacte de ce qui l’entoure symbolisé par le parvis ?
Ordonner et placer les arcanes
Ensuite, si l’on veut répartir autour du cercle les 21 arcanes en 2 parties égales cela donne une moitié qui va de l’arcane 1 à la 10, une qui va de l’arcane 21 à l’arcane 12 soit, 2 fois 10 cartes. L’arcane 11 devient donc un axe autour duquel s’articulent les autres cartes. L’arcane 11 est celle de la Force. C’est donc la Force qui axe cette répartition équilatérale des arcanes.
J’ai commencé par déterminer que c’est à l’Orient que devait siéger la Force. C’est à l’Orient qu’est placé le Vénérable Maître en Loge, notamment parce que le « Soleil [s’y] lève pour ouvrir la carrière du jour » selon le Rite Écossais Ancien et Accepté. Le Vénérable Maître transmet donc l’impulsion, l’élan initial, en invitant les œuvriers au Travail. Il incarne ainsi la Force qui meut la roue en domptant le Lion solaire des passions humaines.
Ensuite, le profane et l’impétrant entrent par l’Occident dans le cycle initiatique. C’est donc à l’Occident, sur l’axe de l’équinoxe d’automne, au cœur du vide laissé par la faille, qu’est placé le parvis qui représente ce qui est au dehors.
Au dessus nous avons le début du cycle avec le Bateleur et en dessous sa fin avec le Monde.
Apprenti, Compagnon, Maître, des cercles concentriques à la Spirale initiatique
Ensuite 3 cercles concentriques ont été tracés. De l’extérieur vers l’intérieur ont a le cercle de l’Apprenti, ensuite le Compagnon et enfin le Maître. Au centre de ce cercle est le symbole de la Pierre philosophale.

Du centre est tracé la spirale du nombre d’Or permettant d’accéder au centre du cercle.
Les tracés rouges, rappelant l’arcanne du maître charpentier, permettent d’élever cette spirale. Ils rejoignent le cercle du cycle du Maître en une succession de rectangles aux proportions dorées, représentations idéales allant du macrocosme vers le microcosme.
Il m’a fallu ensuite déterminer comment parcourir ces cycles. On sait que la marche de l’empereur n’est pas la même selon notre âge initiatique. L’Apprenti a 3 ans, le Compagnon a 5 ans tandis que le Maître en a 7 et plus encore..
Seulement, où commence le pas qui demande le plus, ce pas qui nous met en mouvement vers l’inconnu ? Et que faire de ce pas de plus ? La quête est-elle l’exploration de l’abyssale verticalité dont nos Tenues ne serait que des grotte successives où reprendre notre souffle et empêcher la narcose ? Le Centre du microcosme est-il la Porte du macrocosme ?

- https://www.radiofrance.fr/franceculture/ces-quatre-sens-que-vous-ne-connaissez-pas-8943630 🐇
↩︎ - L’étain est l’élément chimique de numéro atomique 50, c’est un métal pauvre du groupe 14 du tableau périodique, son symbole alchimique est ♃, la planète qui lui est attribuée est Jupiter. Le tain des miroirs était souvent composé d’un mélange d’étain ♃ et de mercure ☿ ↩︎