ven 29 mars 2024 - 07:03

Amande Pichegru Grand Maître : “DH est un ordre mixte et international depuis 130 ans”

De notre confrère midilibre.fr – Par Jean-Pierre Souche

Entretien avec Amande Pichegru, Grand Maître du premier ordre maçonnique mixte, baptisée Droit humain. Elle a donné une conférence publique, ce samedi 25 mars, à 10 h, à la salle de l’Orangerie à Lunel-Viel.

Comment et pourquoi est née l’obédience mixte Droit humain, il y a 130 ans, alors que la franc-maçonnerie défendait une identité exclusivement masculine ?

Oui, la franc-maçonnerie était effectivement exclusivement d’origine masculine avant Droit humain mais ce qui s’est passé, c’est que Maria Deraismes, qui militait pour les Droits de l’enfant et l’émancipation féminine à cette époque, était invitée par les obédiences et faisait salle comble.

Des frères se sont dit : pourquoi ne peut-on pas initier cette femme qui a finalement les mêmes objectifs que nous, à savoir travailler pour le progrès de l’humanité.

Mais les francs-maçons de l’époque n’arrivaient pas à transgresser cette loi jusqu’à ce qu’une petite bande de courageux, dont Georges Martin, décide d’initier Maria Deraismes. Ils ont été sanctionnés et il a fallu onze ans pour arriver à créer Droit humain dont l’objectif était : le même droit pour tous les êtres humains.

Comment décrire votre obédience, quel est le profil de ses membres ?

La différence avec les autres obédiences, purement françaises, c’est que Droit humain est un ordre maçonnique international et mixte depuis ses débuts. Ses membres sont des fédérations nationales au nombre de 24. Et dans plus de 60 autres pays, il y a des loges qui ne sont pas encore des fédérations. On peut adhérer à Droit humain dès sa majorité et avec une carte d’électeur qui montre l’engagement à participer au débat public.

Il n’y a pas de limite d’âge ni de caractéristique sociale ou professionnelle, nous sommes inclusifs avec tous les genres et adogmatiques. Nous respectons toutes les orientations. Nous acceptons les options politiques et religieuses différentes et on considère que chacun s’enrichit de la différence de l’autre.

De quels sujets d’actualité débattez-vous en ce moment : retraites, genre, fin de vie… ?

On a différentes commissions qui travaillent sur les sujets comme les Droits de l’homme et la vague d’exclusion de l’autre dont on peut être témoin actuellement, la perspective sociétale en particulier la transition écologique, les questions européennes aussi. Et effectivement, parmi les questions actuelles, il y a la fin de vie assistée. On a différentes options et on participe à ces débats. Avec d’autres Grands Maîtres, nous avons été invités par le ministère de la Santé en septembre puis début janvier à la Convention citoyenne et, en février, à l’Assemblée pour partager notre réflexion. Sur ce point, nous considérons tous que la liberté de conscience de chacun doit être inaliénable.

Parlez-moi du “tour de France” que vous effectuez et qui passe par Lunel-Viel ce samedi matin…

Ce n’était pas du tout prévu comme un tour de France mais, à la sortie du confinement, comme toutes les associations, les membres ont perdu l’habitude des réunions et le nombre a baissé. Pour reconstruire, j’ai proposé aux loges de les rencontrer et de les rebooster. J’ai commencé il y a un mois et ça a plu et elles m’invitent. Ce qu’elles apprécient je crois, c’est que je me déplace autant dans les grandes villes que les toutes petites.

À Lunel-Viel, vous n’allez pas seulement rencontrer les membres de la loge locale de Droit humain, mais vous invitez le grand public, pourquoi ?

En fait, j’ai entamé ces rencontres à la fois pour répondre à l’invitation des loges mais également parce qu’ont fleuri sur les réseaux sociaux des trucs dingues sur la franc-maçonnerie. Il faut donc expliquer ce que c’est, quel est notre objectif. Donc cette conférence publique c’est d’abord pour connaître Droit humain, son internationalisme, ses membres, son travail, pourquoi la discrétion et le secret…

Quel sens peut avoir, en 2023, le fait d’entrer en franc-maçonnerie ?

C’est un choix personnel, ça se fait individuellement. Peut-être parce qu’on est dans une quête, ou en réflexion et que nous permettons d’aller au-delà de ce que nous promet le maelstrom. Parce qu’on a besoin d’un peu de recul, de se poser. En franc-maçonnerie on débat calmement sur un sujet. Et par notre méthode symbolique et initiatique, on travaille sur soi avec le collectif.

Pas comme chez un psychologue mais en se frottant à la différence des autres. On voit nos défauts et on les travaille. On tend un miroir à l’autre qui permet d’évoluer soi-même et, en même temps, on approfondit certaines questions et des problématiques sociétales qui nous amènent à devenir des citoyens éclairés.Amande Pichegru est issue de la loge Fleurs d’humains à Strasbourg, elle est entrée en franc-maçonnerie il y a 22 ans et descendra de sa charge de Grand Maître en août.

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- fédération française - Le DROIT HUMAIN
- fédération française - Le DROIT HUMAINhttps://www.droithumain-france.org
Créé à la suite de l’initiation de la toute première femme (Maria Deraismes) aux mystères de la franc-maçonnerie en pleine égalité entre hommes et femmes, LE DROIT HUMAIN est depuis 130 ans l’obédience historique des mixités. Avec plus de 15000 membres travaillant dans plus de 740 loges de métropole et d’outre-mer, la Fédération française est la composante hexagonale de l’Ordre Maçonnique Mixte International LE DROIT HUMAIN, qui, présent en 2023 dans plus de 60 pays, est ainsi la première organisation maçonnique mixte au monde. Sous toutes les latitudes, ses membres fraternellement unis dans leur diversité, sans distinction d’ordre social, ethnique, philosophique ou religieux, travaillent à la réalisation d’un même idéal de progrès grâce aux vertus initiatiques d’un rite universel constructeur d’individualités libres et engagées

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