Dans un monde fragmenté, où les voix se croisent sans toujours s’entendre, où les destins s’ignorent ou s’éloignent, une question se pose avec acuité : la Loge peut-elle encore être le centre de l’union des hommes ?
Peut-elle, dans sa simplicité rituelle, dans la lenteur de ses travaux, incarner ce lieu symbolique où les âmes, comme des pierres disjointes, retrouvent leur juste place ?
« La Franc-Maçonnerie est le Centre de l’Union, le moyen de concilier une amitié sincère entre des personnes qui, autrement, seraient restées à jamais étrangères. »
Constitutions d’Anderson, 1723
Mais ce centre est-il réel ou rêvé ?
Mon questionnement s’est déployé en trois temps : d’abord, un constat, parfois amer, de ce qui se vit dans nos Loges. Puis une analyse, sociologique et fraternelle, de cette réalité. Enfin, une quête plus intime : celle d’un sens plus haut, d’un principe invisible qui transcenderait les imperfections du groupe.
Dans sa structure, la Loge est un groupe. Comme tout groupe, elle connaît les tensions, les silences, les absences. Pourtant, lors de notre initiation, ces mots nous ont été confiés : « Ne condamne pas hâtivement ce qui te semble faux ; peut-être n’as-tu pas compris. »
Alors, nous avons voulu comprendre.
La Loge possède des règles, un espace, un temps, une finalité. Elle est une société en miniature, mais aussi un laboratoire d’idées et de transformations intérieures. Elle n’est pas un simple club. Ce qui la distingue, c’est son objectif transcendant :
« Travailler à l’amélioration matérielle et morale, au perfectionnement intellectuel et social de l’humanité. »
(Article 1er de la Constitution)
C’est dans cet effort partagé que naît l’union.
Mais l’union est fragile. Elle ne s’impose pas ; elle se construit. Trois forces doivent la nourrir : l’intégration, la cohésion, l’adaptation. Et si les conflits surgissent — car ils surgissent —, ils ne sont pas des échecs. Ils sont des révélateurs. À condition que la force émotionnelle des dissensions n’éclipse pas l’élan fraternel.
Au-delà des structures visibles, la Loge est animée par un souffle. Ce souffle, les anciens l’appelaient l’Égrégore : une énergie invisible, née de la convergence des volontés, des pensées, des présences sincères.
« L’homme est supra-individuel. »
Jean-Pierre Bayard.
Ainsi, la Loge devient ce centre symbolique :
La Montagne sacrée, où se rencontrent le Ciel et la Terre ;
Le Temple, où l’homme s’élève par l’initiation ;
Le Point fixe, où les dualités s’apaisent.
« Tous les cercles des choses connues peuvent être concentriques et par conséquent avoir le même Centre. »
Doctrine traditionnelle
C’est là, dans ce centre, que naît la lumière. C’est là que s’opère la renaissance de l’homme intérieur.
Notre mission, nous la connaissons : « Rassembler ce qui est épars. »
Devoir fondamental du Maître Maçon
Comme Isis reconstituant Osiris, notre travail est d’unir ce qui fut dispersé. D’ordonner nos âmes dissonantes en une fraternité vivante. Chaque pierre, chaque frère, vient s’ajuster, non en dépit de sa singularité, mais grâce à elle.
Alors… La Loge est-elle le centre de l’union ?
Oui. Non parce qu’elle est parfaite. Mais parce qu’elle aspire à l’être. Parce qu’elle est un foyer spirituel, une dynamique, un creuset. Elle est ce lieu où l’homme, déposé dans le cercle, apprend à devenir citoyen de l’univers.
« Être Franc-Maçon, c’est le devenir. »
La Loge est le Centre de l’Union — non comme un point d’arrivée, mais comme un point de départ toujours renouvelé vers l’unité.
Le 15 mai 2025, la branche d’Essex de l’association caritative maçonnique de pêche à la truite et au saumon (MTSFC) a organisé une journée de pêche exceptionnelle à Chigborough Lakes, près de Heybridge, pour un groupe d’élèves de l’école Thriftwood de Chelmsford. Cet événement s’inscrit dans les nombreuses initiatives des Francs-Maçons visant à offrir des moments de joie et d’épanouissement aux enfants et jeunes défavorisés, en particulier ceux ayant des besoins spéciaux.
Au cours de cette journée, les jeunes participants ont découvert la pêche à la mouche grâce à une initiation pratique encadrée par des bénévoles passionnés. Cette expérience en plein air, qui favorise l’inclusion, le renforcement de la confiance en soi et la création de souvenirs inoubliables, a été complétée par un savoureux déjeuner barbecue, apprécié par tous.
L’événement, parrainé par la Mersea Island Lodge, a mobilisé 12 bénévoles qui ont accompagné les enfants tout au long de la journée. À l’issue de cette aventure, chaque participant a reçu un certificat, une médaille commémorative et un stylo aux couleurs du MTSFC, remis par Dennis Baum, franc-maçon de l’Essex. Ces petits gestes symboliques ont scellé une journée empreinte de fierté et de satisfaction pour tous les jeunes impliqués.
Un engagement caritatif au service des jeunes
Cette journée à la campagne illustre l’engagement continu de la MTSFC à offrir des expériences enrichissantes à des jeunes qui, sans de telles initiatives, n’auraient peut-être jamais l’opportunité de vivre de tels moments. L’association, qui s’appuie sur des bénévoles de tous horizons, lance également un appel particulier aux femmes pour rejoindre ses rangs. Que vous puissiez consacrer un jour ou deux par an, votre participation peut faire une différence significative dans la vie de ces enfants.
Le prochain rendez-vous de la branche Essex du MTSFC est déjà fixé : il aura lieu le mardi 7 octobre 2025. Si vous souhaitez vous impliquer en tant que bénévole ou soutenir l’association, vous pouvez contacter Mick Behan à l’adresse mickfbehan@aol.com ou Peter Ashton à peterashton180@gmail.com pour plus d’informations.
Cette initiative des Francs-Maçons d’Essex montre une fois de plus comment des actions solidaires peuvent transformer une simple journée en un souvenir précieux, tout en favorisant l’inclusion et le bien-être des jeunes les plus vulnérables.
Il convient de revenir, sans lassitude, sur la différence entre progressisme et progressivité. En effet, si l’on arrive à faire abstraction de ce « linéarisme » censément inéluctable propre au mythe du Progrès, autre manière de parler de l’idéologie progressiste, et si l’on sait mettre en œuvre ce que Joseph de Maistre nommait « le bon sens et la droite raison réunis », l’on est obligé de constater qu’il y a des cycles, des époques.
Ce dernier terme, en particulier, est instructif, en ce qu’il signifie, au plus près de son étymologie : « suspens des valeurs en cours », ou, plus trivialement, « parenthèse ». Cela nous force à constater qu’une parenthèse s’ouvre, et une autre se ferme. En bref, la parenthèse moderne est en train de se fermer, et une autre époque, une autre parenthèse, est en train de s’ouvrir. C’est ce que certains, et j’en fais partie, appellent la « postmodernité ».
Une époque dure trois à quatre siècles. Et entre deux époques, il y a des périodes qui durent quelques décennies. Périodes crépusculaires, aux lumières clignotantes. Périodes durant lesquelles se vit la fatigue d’une époque qui s’achève, et où l’on perçoit les balbutiements de la nouvelle en gestation. Ainsi, dans l’histoire, tout comme dans la nature, existe un rythme. Une « relève rythmique » des histoires (Nicolas Berdiaev), faite de flux et de reflux, de montées et de descentes. Qualité rythmique caractérisant la vie personnelle et la vie collective. C’est ce qui fait que le monde moderne, par exemple, que l’on continue à appeler ainsi par habitude, est maintenant devenu vieux et quelque peu caduc. Sa fin arrive. Il se décompose. Mais impermanences et continuité, un nouveau monde naît, encore inconnu.
Pour reprendre une distinction proposée par notre frère et ami, le grand anthropologue qu’était Gilbert Durand, il est des époques diurnes et d’autres nocturnes (Gilbert Durand, Les Structures anthropologiques de l’imaginaire, 1960). Certaines sont sacrales et d’autres séculières. D’où le balancement entre des attitudes mécaniques et d’autres, organiques. Matérialistes et économicistes ou spirituelles. Pour ma part, je considère que les principes politiques de l’époque moderne se sont usés. Le crépuscule arrive, notre heure est vespérale. Et c’est une époque nocturne qui est en gestation. Heure d’angoisse indicible. Mais en se souvenant que le nocturne peut être plus symboliste, peut-être pourrait-on dire plus ontologique que le diurne.
Il est des forces nocturnes de l’histoire à très forte dynamique, ce qui nous incite à nous arracher à l’obscurantisme moderne. À l’obscurantisme des Lumières ! Et ce, pour accéder, comme c’est toujours le cas dans les cycles historiques, à une Renaissance. L’heure de la relève arrive toujours, rendant l’humanitarisme abstrait on ne peut plus obsolète. Ce qui en appelle à une révolution des esprits qui savent prendre acte du pourrissement, de la décomposition de l’ancien monde.
La fin d’une ère spécifique préfigure la suivante, et ce parce que les choses les plus fixes sont toujours fugitives. Pour reprendre la sentence bien connue d’Anaximandre de Milet : « Genèse et déclin, déclin et genèse. » On pourrait traduire cela ainsi : apocalypse et réenchantement. Continuité et rupture. Cela est dans l’ordre des choses, tant naturelles que sociales. Là encore, la progressivité n’a rien à voir avec l’obscurantisme progressiste ! Et il convient donc, au-delà du narratif officiel, d’ajuster notre langage au Réel en cours. En effet, notre espèce animale est ce qu’elle est parce qu’elle parle. Mais il faut ajuster les mots que nous utilisons en fonction des cycles et des transmutations époquales. Souvenons-nous ici de ceux de Milan Kundera : « Il en est des amours comme des empires. Que cesse l’idée sur laquelle ils reposent et ils s’effondrent avec elle. » Et quand Jean-François Lyotard analyse la postmodernité naissante, il rappelle que celle-ci est consécutive à ce qu’il nomme judicieusement « la fin des grands récits de référence » (La Condition postmoderne, 1979)
Dès lors, il convient de trouver les mots qui sont en pertinence avec l’époque en gestation, et de ne pas se contenter de quelques incantations reprenant l’opinion commune, ou l’Opinion Savante. Or, ces incantations sont légion : progrès, laïcité, démocratie, contrat social, société, politique, et autres mots n’étant plus du tout en phase avec le moment présent. Il faut trouver ceux de la « parole perdue » qui peuvent devenir paroles fondatrices. Ne l’oublions pas, l’incantation est ce que l’on « chante » sans en être convaincu. Autre manière de nommer le mensonge.
À ce propos, problème éternel, Joseph de Maistre rend attentif au « talent onomaturgique » propre à la franc-maçonnerie. Et ce, en référence à la pensée de saint Thomas d’Aquin : « Verba efficiunt significant » (« Les mots réalisent ce qu’ils expriment »). C’est parce que la Parole est le berger de l’Être qu’il faut revenir aux mots fondateurs, fournis par la Tradition, et ce en leur sens plénier. C’est on ne peut plus important en ces temps de détresse théorique, ce qui est la caractéristique des périodes de décadence. Cette détresse est confortée par les facilités journalistiques oubliant le subtil rapport existant dans les moments fondateurs entre les savants et les publicistes. L’ésotérique et l’exotérique. Cela nécessite de prendre soin des idées. De retrouver les idées mères, les idées-principes permettant de dévoiler ce qui est caché. On n’insistera jamais assez là-dessus. Car l’absence de pensée est un hôte inquiétant, c’est la caractéristique essentielle du « narratif » officiel. Cette absence permet de comprendre le décalage entre les élites, ceux qui ont le pouvoir de dire et de faire, et ceux qui, tout simplement, vivent la vie courante et que l’on appelait, quand on n’avait pas peur des mots, le peuple. D’où le « conformisme logique » (Émile Durkheim) ou « l’effet de structure » (Claude Lévi-Strauss) rendant le discours de la société officielle tout à fait incompréhensible à la société officieuse – celle, justement, de ce peuple. D’où la nécessité de se purger des évidences théoriques, afin d’être en mesure de voir ce qui est tout simplement évident. C’est ce qu’oublie de faire certaines pseudos-obédiences maçonniques qui, mimant le monde politique, suivent la « Voie substituée » dont Jean Baylot a bien montré les méfaits !
À l’opposé du pouvoir institué, j’ai nommé cette puissance instituante la « centralité souterraine ». La nappe phréatique, qu’on ne voit pas, mais qui sustente la vie en sa totalité — faune, flore… —, peut en être la métaphore. C’est ainsi que le pouvoir continue de développer un discours et une pratique égotistes, c’est-à-dire économicistes, alors qu’une autre époque est en gestation, préfigurant un ordo amoris dont on n’a pas fini de mesurer l’importance. Cette expression est de Max Scheler, et son analyse est on ne peut plus d’actualité. Car si transmutation il doit y avoir, elle est bien là. Et c’est certainement aussi ce qui caractérise une authentique vie maçonnique : être moins attentif à la « vita activa » qu’à la « vita contemplativa ». Comme le note Hannah Arendt, c’est la dilectio proximi – l’amour du prochain –, qui est le fondement de la cité des hommes (Le Concept d’amour chez Augustin, 1999). Et c’est en mettant l’accent sur cette vita contemplativa qu’il sera possible de renouveler un « enchantement » quelque peu perdu. L’accent doit être mis sur les « pierres essentielles » du temple en construction : la pensée libre, l’initiation, l’acceptation de la finitude.
Aucune étymologie certaine, un emploi strictement latin. Le mot est péjoratif dans l’antiquité romaine. *Pudor, c’est la honte, le mouvement de répulsion que suscitent certains spectacles, paroles, comportements. « Me pudet », j’ai honte ! A tel point que les organes dénudés se nomment les *pudenda, parties honteuses.
Les Romains n’ont aucunement le culte de la nudité propre à la culture grecque des héros et athlètes masculins. La représentation du corps nu en sculpture n’interviendra qu’après la conquête de la Grèce, vers le IIe siècle avant notre ère.
Impudiques sont les femmes romaines qui osent porter des robes à transparence suggestive, fendues sur le côté jusqu’à la taille, héritées de la mode dévoyée d’Athènes ! Le moraliste Caton les fustige avec virulence comme fauteuses de tous les maux de Rome ! A tel point qu’une telle impudence ne mérite rien d’autre que la répudiation !
Dès l’ère chrétienne, le discours ecclésiastique s’acharnera contre les entorses féminines à la pudeur conjugale et sociale. D’autant plus déconcertant que la vie collective y est un déballage de crasse, de puanteur et d’immondices, dont l’exemple vient du plus haut de la hiérarchie des châteaux…
On se choque d’une parole jugée déplacée, mais aucune intimité n’est respectée dans les lieux de vie, publics et privés. Le Concile de Trente, en 1563, recommande que toute impudeur soit évitée dans l’art religieux, par exemple les fresques de la Sixtine se voient recouvertes de voiles pudiques, les statues sont drapées. Au XVIIe siècle, les Précieuses parisiennes, quant à elles, cultiveront l’art de la litote, de la métonymie, pour sublimer ce qui a trait au corps et à sa trivialité. Nourriture, sensualité, sexualité, quelle horreur ! Tartuffe, la voie est libre !
Avec l’époque victorienne en Angleterre, l’hypocrisie langagière atteindra des sommets dans le détournement du langage féminin et la détestation de tout ce qui a trait au corps, à la peau, à la lingerie. Ah ces « tuyaux de modestie » que sont pantalons et culottes…
Le mot est étrangement ambivalent, ambigu. Ce qui dénote le scrupule qu’on éprouve à l’utiliser.
Timidité, embarras, vergogne, gêne et honte. Tout autant que réserve, retenue et tact. Décence et pudibonderie.
La pudeur ressortit moins à la réalité de ce qui est dit qu’à la suggestivité qu’on peut en inférer. De l’ordre du féminin, des charmes sulfureux et diaboliques que tisse cette tentatrice. Nicolas Restif de la Bretonne (1734-1806) définit ainsi la pudeur des femmes qui « n’est que leur politique ; tout ce qu’elles cachent ou déguisent n’est caché ou déguisé que pour en augmenter le prix quand elles le révèlent. »
Pudeur, une honte honnête, disent les dictionnaires, quel bel oxymore ! Dommage que ce soient les femmes qui en fassent généralement les frais !
Nos sociétés contemporaines se montrent particulièrement impudiques dans le déballage sans vergogne de la vie privée, verbalement et physiquement, mais ne réfléchissent toujours pas aux conséquences assassines du mot…
« Un homme, ça s’empêche », merci Albert Camus.
Annick DROGOU
Dans nos temps brutaux d’exhibition permanente, réhabilitons la pudeur. Non comme un “cachez ce sein“ hypocrite, non comme un père la pudeur répressif, mais comme une respiration nécessaire. La pudeur n’est d’ailleurs pas réductible à la question du corps. C’est ce qui rend nos relations humaines respirables. C’est l’art de laisser à l’autre son mystère, son espace intérieur, son jardin secret. Pudeur des sentiments, pudeur des mots, pudeur des gestes qu’on retient pour ne pas blesser. Elle est cette délicatesse qui fait qu’on approche l’autre non pour le dévorer, mais pour l’accueillir.
La honte doit changer de camp. Elle n’est plus chez les timides, les silencieux, les discrets. Elle est chez les cyniques, les voyeuristes, ceux qui s’exposent sans pudeur, qui brutalement étalent, dénudent, déchirent, qui confondent sincérité et exhibition, et détruisent l’espace du lien. Sans vergogne.
Contre cette brutalité, nous avons besoin de voile. Voile d’Isis, ce que la nature nous montre en se cachant, ce qu’elle dévoile en se voilant. Le bourgeon fermé annonce la fleur. La brume sur la mer la rend plus vaste. Le mystère n’est pas un refus, c’est une invitation, une découverte progressive, patiente, respectueuse. Nous avons besoin de passages subtils, de la discrétion au secret, de la retenue à l’offrande, de la distance à l’approche, pour redonner à nos existences souffle, grâce et profondeur. La pudeur comme une fidélité : à soi, à l’autre, à la beauté fragile des mondes.
Soyons clairs : le « secret maçonnique » n’existe pas. Il y a longtemps que tous les rituels sont sur Internet, comme les éléments du décor des loges ou des insignes propres à chaque degré. Mais, une chose est de connaître les mots et les phrases, les légendes de chaque degré, les instruments et les décors, et bien autre chose est de les mettre en œuvre ou de les voir mis en œuvre dans une loge, après y avoir été initié.
La Franc-maçonnerie est une école, un lieu de perfectionnement de soi parmi les autres et grâce à eux. C’est aussi une école faisant largement appel à des symboles, dont le sens maçonnique n’est totalement perçu que par les Maçons. Non pas que les non-Maçons ne puissent y accéder, mais il leur manque cette clé significative qui n’est acquise que par l’initiation.
Plusieurs fois, le Franc-Maçon entendra la phrase « Ici, tout est symbole ».
Qu’est-ce à dire ? Le dictionnaire le Robert donne au mot « symbole » trois acceptions : 1 – Être, objet ou fait perceptible, identifiable, qui, par sa forme ou sa nature, évoque spontanément (dans un groupe social donné) quelque chose d’abstrait ou d’absent et propose comme exemple « La colombe, symbole de la paix ». 2 – Image ou énoncé à valeur évocatrice, ce qui évoque des mots tels que « allégorie », « image » ou »métaphore ». 3 – Ce qui, en vertu d’une convention arbitraire, correspond à ce qu’il désigne. Et de donner pour exemple « O, symbole chimique de l’oxygène ».
Mais pour comprendre il nous faut aller plus loin, tant il est vrai que la phrase « Ici, tout est symbole «, comme le notait avec justesse Pierre Rabaté dans un article paru en 2020 dans la revue La Chaîne d’Union, peut servir de fil conducteur pour questionner la place des symboles dans le parcours des Maçons, place qui n’est ni évidente ni consensuelle.
Il est en effet difficile de faire coïncider une vision « poétique » et par tant non nécessairement assujettie aux contraintes de la logique et de la raison à la vison rationnelle ou à tout le moins raisonnable que veulent cultiver les Francs-Maçons.
On doit à Roger Dachez, Grand Maître des Loges nationales françaises unies et directeur de la revue d’études maçonniques Renaissance traditionnelle , d’avoir montré combien la diversité des symboles présentés en loge et le degré d’importance qui leur est accordé ont varié dans le temps ; on pourrait ajouter selon les obédiences et les loges. En effet, lorsque furent créées les premières loges de la maçonnerie spéculative, la place relative du symbolisme était encore modeste. L’influence des bâtisseurs de cathédrales était encore grande, incitant au rationalisme. Mais peu à peu la rigueur se mêla de symbolisme, en même que les Maçons étaient invités à développer une méthode interprétative, considérée comme un support de leur progression initiatique.
Chaque moment, chaque phase de l’initiation depuis le passage dans le cabinet de réflexion jusqu’à l’intégration dans la chaîne d’union, met le candidat en présence de symboles, qui sont explicités au cours du cérémonial. On ne cesse en effet d’expliciter le sens que les Maçons donnent à l’amertume d’un breuvage, ou aux cendres d’un testament… En fait, il s’agit bien d’intégrer ces pratiques symboliques au nouveau dictionnaire qui sera celui qu’adoptera le nouvel initié et qui sera l’un des vecteurs de sa progression.
Comme l’explique fort bien Pierre Rabaté, déjà cité, le tout nouvel Apprenti est appelé à « méditer » sur les symboles, « à s’inspirer de leur sens profond » et donc à s’engager dans une triple progression, simultanée et voulue parallèle. Il s’avère en effet pour lui ou pour elle de progresser dans l’interprétation des symboles, relativement ouverte mais aussi encadrée par une méthode. On incite par exemple le nouveau Maçon à envisager pour chaque symbole d’abord l’aspect opératif originel, puis un aspect moral dérivé, enfin un aspect spirituel ou initiatique. L’équerre est ainsi à la fois un instrument servant à tracer ou à vérifier un angle droit, mais aussi l’emblème de la rectitude morale. Mais l’équerre peut aussi être compris comme représentant une forme de connaissance plus spirituelle, au sens où les deux branches de l’équerre renvoient à la dualité qui se réconcilie dans l’unité, ou encore comme l’équerre symbolisant l’union et la réconciliation des contraires, et donc en quelque sorte l’équilibre et l’entente. Puis le nouveau maillon de la Chaîne doit s’intégrer dans une compréhension globale du système de correspondances entre symboles : l’équerre s’associant au compas, tous deux empruntés aux maçons opératifs. Ainsi, le symbole devient un outil de la « vraie vie », en dehors de la vie maçonnique et du temps des tenues.
Mais on est en droit de se poser la question : jusqu’où aller dans la voie symbolique ?
Globalement, la démarche maçonnique semble s’opposer à la démarche philosophique. Celle-ci part de questions pour essayer d’en déduire quelques affirmations utiles, notamment en morale. La maçonnerie au contraire semble partir d’affirmations. En fait, l’opposition n’est qu’apparente ou plutôt doit être nuancée, car ces affirmations conduisent rapidement à des questions multiformes, sans imposer les réponses.
Dès lors, qu’est-ce qu’un symbole ? Finalement, et quelle place relative doit-on réserver à la démarche symbolique dans la progression initiatique ? On aurait pu espérer que la formule « ici, tout est symbole », soit une réponse, à défaut d’être LA réponse ? En fait, pas vraiment. D’abord parce qu’on ne spécifie pas clairement ce qu’on entend par « ici » : en loge ? Dans la conscience du Maçon ou de la Maçonne ? Dans la vie entière de l’initié.e ?
Peut-être le symbolisme est ce que certains appellent un métalangage, comme le suggère le modèle proposé par Roland Barthes, sémiologue et acteur majeur de la discipline des sciences de l’information et de la communication, dans la conclusion de « Mythologies ». Ce modèle consiste à expliquer qu’il ne faut pas confondre deux systèmes de communication, proches dans leur architecture générale apparente mais distincts quant à leur champ et à leurs fonctions, l’un étant de l’ordre du signifiant, l’autre de l’ordre d’un signifié potentiel Barthes écrit à propos du mythe ou de tout système symbolique : « le mythe ne peut se définir ni par son objet, ni par sa matière, car n’importe quelle matière peut être dotée arbitrairement de signification : la flèche que l’on apporte pour signifier un défi est elle aussi une parole ». Pour Roland Barthes, le mythe a « un caractère impératif, interpellatoire » (…), il « ne cache rien et il n’affiche rien : il déforme » (ou il informe).
On conçoit bien que le mythe est essentiel dans la démarche maçonnique
N’oublions pas en effet l’importance de la mutation culturelle qui s’est produite en Europe au 18ème siècle, engagée dès 1715 avec en France la querelle dite « des Anciens et des Modernes ». Cette mutation s’est développée surtout dans les autres pays européens avec l’invention de mythologies supposées nationales : la découverte ou plutôt l’invention du cycle d’Ossian par le jeune poète James Mac Pherson dans son épopée Fingal, en 1761, a constitué le prototype d’une production mythologique et épique considérable.
Ensuite, comme l’écrit avec justesse Anne-Marie Thiesse, directrice de recherche au CNRS et spécialiste de la formation des identités nationales et régionales en Europe, « du Portugal à l’Estonie, de l’Islande à la Bulgarie, les publications de ballades, de chansons de geste, de romances, de chants populaires se comptent au XIXe siècle en milliers de volumes (…). Pour les populations dépourvues de littérature et parfois même d’une langue écrite moderne, ces publications sont la base de toutes les revendications d’existence nationale, culturelle et politique ». Et de poursuivre : « L’invention » de la maçonnerie spéculative au début du 18ème siècle, ou plutôt sa réinvention à partir d’un modèle de corporation professionnelle tombé en désuétude, a libéré un fonds mythologique jusque-là figé et étroitement codifié (dans un système où chaque corporation avait sa « lignée » et déclinait des variantesmythologiques prudentes, à l’intérieur d’un cadre contraint). On peut dès lors supposer qu’elle a libéré un matériau potentiel, symbolique et mythique, jusque-là inerte. La maçonnerie constituerait ainsi une sorte de chaînon discret entre les premières impatiences des lettrés européens du début du siècle et l’effervescence désordonnée qui a conduit à la création de symboles et de mythologies nationales et a pris son essor à la fin du siècle. La maçonnerie aurait contribué, avec d’autres mouvements, à ranimer et à réactualiser des mythologies et à revivifier des symboles, en rupture avec une tradition classique antiquisante devenue pesante. »
On peut alors s’interroger sur les mythes fondateurs de la Franc-maçonnerie.
On sait que la maçonnerie a dès 1730 inventé des légendes qui ont fourni le socle de la Maîtrise et des hauts-grades. Certains seront gênés par la prolifération apparente dans le corpus maçonnique de sources utilisées en apparence de manière éclectique : traditions de métiers, mais aussi traditions chrétiennes et des écoles philosophiques antiques, tradition hermétique par exemple alchimique… L’évocation de symboles renvoie donc à des traditions multiples.
La conclusion que portent les Maçons expérimentés est que l’expérience maçonnique vaut justement par la découverte qu’elle offre d’une forme de plénitude de sens liée aux symboles.
Il y aurait donc en Maçonnerie « des mythes fondateurs » partagés, supports d’une expérience à la fois individuelle et collective. Ainsi, dès le premier degré, l’Apprentie(e) est confronté(e) à un premier mythe, celui de la construction du Temple de Salomon. Mais s’agit-il d’un mythe véritable ou plutôt d’une sorte de référence imprécise ? Pour qu’il y ait mythe, il faudrait que les maçons y « croient », d’une certaine manière, suffisamment. Or nul ne peut sérieusement croire que l’on se trouve dans le Temple de Salomon dans chacun des « temples » utilisés par les Maçons pour se réunir!
Néanmoins, tout est fait pour que les Maçons prennent à cœur cet idéal d’une construction dont l’horizon temporel dépasse leur propre vie. En cherchant un peu mieux, on trouve un autre mythe, une autre croyance suffisamment partagée : celle selon laquelle les Maçons se conformeraient à une « tradition orale », potentiellement immémoriale, qui les relierait ainsi au passé et, vers l’avenir, qu’elle travaillerait à « établir la concorde universelle », un thème ou déjà un mythe présent chez Saint Paul.
La maçonnerie revendique la dimension symbolique, comme le suggère l’expression « ici tout est symbole ») mais ne développe guère la dimension du mythe. Pourtant, les mythes maçonniques ne sont pas des fables ni des marques de faiblesses : ils sont bel et bien autant de sources fécondes, de leviers de compréhension profonde. Sans doute est-il excessif voire infondé de parler d’une tradition immémoriale, mais il est certain qu’il s’agit plus sûrement d’un héritage culturel à la fois riche et complexe.
Il est alors possible de s’interroger sur les sens portés par chaque mot : ici, tout, symbole… dans la phrase que nous avons citée à plusieurs reprises et que Goethe a retranscrit dans le Second Faust à sa manière lorsqu’il écrivit « Tout ce qui se passe n’est que symbole » Il est utile – et à dire vrai indispensable – de voir un Surveillant demander aux Apprentis dont il a la charge ce que signifie la mise à l’ordre; les pas mystérieux d’Apprenti, la Chaîne d’Union,… et comment donner à ces moments en Loge leurs pleins sens.
Finalement, on aura bien compris et, comme le dit Solange Sudarskis, que l’important n’est pas tant dans la perfection du geste que dans la perfection de l’intention.
Article en rapport avec le sujet : Ici tout est symbole
Il ne s’agit pas d’un simple essai technique ou d’un manifeste technophile. Le dernier opus de Franck Fouqueray se présente comme un miroir tendu à notre temps, une lanterne posée au seuil du Temple, là où les Frères s’interrogent encore sur l’avenir de leur propre démarche initiatique. L’ouvrage explore un monde en bascule, suspendu entre deux époques : celle du silence symbolique et celle de la voix algorithmique. Et il le fait avec une conscience aiguë des enjeux profonds qui sous-tendent ce passage.
Franck Fouqueray, figure bien connue du paysage maçonnique contemporain, n’est pas seulement éditeur, organisateur de salons, créateur de plateformes fraternelles ou chroniqueur affûté. Il est aussi, et peut-être avant tout, un vigile de la tradition dans l’ère numérique. Par sa plume, il poursuit une œuvre cohérente : celle d’un veilleur qui ne craint pas les ruptures mais qui cherche toujours à les mettre en lumière, non pour en faire spectacle, mais pour en tirer sens. De ses premiers essais sur les outils maçonniques à l’expérience communautaire du Manoir d’Hiram, il bâtit, livre après livre, les fondations d’une réflexion vivante sur la place de l’initié dans le monde qui vient.
Ce monde-là, dans les pages qu’il nous livre ici, est celui d’une intelligence non humaine, mais bien réelle – celle que nous appelons IA, sans toujours savoir ce que nous désignons. Et ce n’est pas un hasard si le questionnement naît en Loge, là où la parole se ritualise, là où l’homme devient sujet d’une transformation intérieure. C’est justement cette intériorité que l’ouvrage vient interroger. Si l’Intelligence Artificielle (IA) modifie notre rapport au savoir, à la mémoire, au langage, que reste-t-il du travail maçonnique, fondé sur l’effort, la lenteur, la progression ? L’IA n’est pas ici une menace, elle est une question. Et cette question est posée à voix haute, dans la clarté d’une formulation sans détours.
Car tout au long de son exploration, Franck Fouqueray évite les écueils du sensationnalisme. Il ne prophétise pas la fin de la Maçonnerie. Il refuse aussi de la sanctuariser hors du temps. Il se place dans une posture d’équilibre, entre lucidité technologique et fidélité initiatique. Son pari ? Que la Franc-maçonnerie a toujours su intégrer les mutations de son époque, dès lors qu’elle ne trahit pas sa vocation première : celle de l’homme en quête. La Loge n’est pas un musée. Elle est un laboratoire de l’esprit. Et si elle sait se relier aux courants profonds de la transformation humaine, elle pourra accueillir l’IA non comme une idole, mais comme un nouvel outil… tel un ciseau afin de polir la pierre de demain.
La réflexion devient alors plus large, plus ample, plus grave aussi. Car il ne s’agit plus seulement de demander à l’IA de rédiger une planche ou d’assister un Frère dans ses recherches. Il s’agit de savoir si la transmission initiatique elle-même peut subsister dans un monde où la pensée est assistée, générée, prédite. Que devient la voix intérieure dans un monde d’assistance vocale ? Que devient le secret dans un monde de transparence absolue ? Que devient l’épreuve dans un monde sans obstacle ? C’est à ces questions, éminemment symboliques, que le livre répond ! Non par des certitudes, mais par des pistes, des visions, des intuitions.
Et c’est peut-être là que réside sa plus grande force. Car en proposant même de demander« l’avis de l’IA » sur la Franc-maçonnerie, Franck Fouqueray retourne le miroir. Il nous renvoie à notre propre regard, à nos propres peurs, à nos propres projections. L’IA devient le révélateur, non pas de ce qu’est la Maçonnerie, mais de ce que nous attendons d’elle. Sommes-nous encore capables de penser par nous-mêmes ? Sommes-nous encore capables de ressentir, d’interpréter, de méditer ? L’IA ne menace pas le Temple. C’est notre confort qui le fait trembler.
Dans un style limpide, sans jargon, mais traversé de fulgurances, l’auteur tisse ainsi un fil entre le monde profane et le monde sacré, entre la modernité technologique et l’héritage initiatique. Il appelle à une vigilance fraternelle, à une conscience augmentée, non par les algorithmes, mais par l’esprit. Il invite à ce qu’il nomme une nouvelle Renaissance – non pas celle des machines, mais celle de l’homme réconcilié avec ses mystères.
L’intelligence artificielle va-t-elle transformer la franc-maçonnerie ? est un livre qui ne répond pas, mais qui réveille. Un livre qui ne prédit pas, mais qui oriente. Un livre qui n’affirme pas, mais qui appelle. Il faut le lire comme une planche ouverte, comme une convocation silencieuse à repenser nos Rites à la lumière d’un monde qui s’éclaire autrement. Un livre qui nous rappelle, en creux, que rien ne remplacera jamais la lente montée de l’initié vers la Lumière.
L’intelligence artificielle va-t-elle transformer la franc-maçonnerie ?
Le 28 mai 2025, la ville de Chapecó, située dans l’État de Santa Catarina au Brésil, a été le théâtre d’un événement radiophonique marquant : l’édition la plus écoutée de l’année du programme Sala de Debates sur Condá FM. Ce jour-là, le thème abordé était l’organisation maçonnique à Chapecó, une discussion qui a suscité un engouement exceptionnel auprès des auditeurs, comme l’a souligné le journaliste André de Lazzari, animateur de l’émission. « Honnêtement, je ne m’attendais pas à un si bon accueil de la part du public de Condá FM, et je suis très satisfait des taux d’audience élevés », a-t-il déclaré dans sa chronique, avant d’ajouter que les réactions variées des auditeurs méritaient d’être analysées en détail.
Un sujet qui divise et intrigue
La Franc-Maçonnerie, institution séculaire souvent entourée de mystère, a récemment entrepris une démarche d’ouverture envers les médias, cherchant à démystifier son fonctionnement et ses valeurs. Cependant, à Chapecó, une ville où la ferveur religieuse, notamment chrétienne, est profondément ancrée, cette ouverture a généré des débats animés, révélant des divergences d’opinions marquées. Les auditeurs de Condá FM, après avoir entendu les représentants de l’organisation maçonnique locale, ont exprimé des points de vue variés, oscillant entre curiosité, méfiance et critique.
L’un des premiers auditeurs à réagir a posé une question qui reflète un scepticisme partagé : « Si la Franc-Maçonnerie est une bonne chose, pourquoi n’est-elle pas ouverte au public tous les jours ? À mon avis, elle devrait être ouverte à tous, car, comme le dit la Bible, le bien ne doit pas être caché, mais montré. » Ce même auditeur a également critiqué la séparation entre hommes et femmes dans les réunions maçonniques, une pratique qui, bien qu’historique dans certaines obédiences, est souvent mal comprise par le grand public. Cette séparation, qui existe encore dans certaines loges traditionnelles, contraste avec l’évolution de la Franc-Maçonnerie dans d’autres parties du monde, où des obédiences mixtes comme Le Droit Humain (fondée en 1893) prônent l’égalité des genres.
Des interrogations spirituelles et des malentendus
Un autre point de débat a porté sur la terminologie utilisée par les francs-maçons, notamment leur référence à Dieu sous le nom de « Grand Architecte de l’Univers ». Un auditeur s’est interrogé : « Pourquoi ne pas appeler Dieu par des noms spécifiques comme Jéhovah ou Jésus ? » À cette question, le colonel Flávio Pansera, représentant de l’organisation maçonnique invitée à l’émission, a répondu que l’usage de cette expression vise à éviter les conflits religieux au sein de la Franc-Maçonnerie. En effet, l’organisation se veut un espace de tolérance où des personnes de différentes croyances peuvent se réunir sans que leurs divergences spirituelles ne deviennent des sources de division. Cette approche, bien que louable dans son intention, semble avoir du mal à convaincre certains auditeurs, notamment ceux issus de milieux chrétiens conservateurs.
Un leader évangélique a également pris la parole pour exprimer une vision radicalement opposée. Dans un message envoyé à l’émission, il a déclaré : « Les personnes handicapées, les esclaves et les femmes n’étaient pas rejetées par Jésus, contrairement à certaines règles de la Franc-Maçonnerie. Tous les êtres humains sont esclaves d’eux-mêmes et du péché, seul Jésus peut résoudre cela, sans Lui c’est comme faire un saut dans le noir. » Ce commentaire met en lumière une tension fondamentale entre la vision universaliste de la Franc-Maçonnerie et les convictions exclusivistes de certains courants religieux. Historiquement, la Franc-Maçonnerie a été accusée de sécularisme ou de syncrétisme par des groupes religieux, une critique qui semble persister à Chapecó en 2025.
La Franc-Maçonnerie face aux accusations et aux idées reçues
Au cours de l’émission, d’autres préoccupations ont émergé, notamment autour de la légitimité et de l’authenticité des invitations à rejoindre l’organisation. Un auditeur a mentionné avoir reçu une invitation via Facebook, une pratique que les représentants maçonniques ont qualifiée d’escroquerie. En effet, la Franc-Maçonnerie, qui recrute traditionnellement par cooptation et avec une grande discrétion, est parfois victime de fraudes qui exploitent son image pour tromper le public. Cet incident illustre les défis auxquels l’organisation est confrontée dans un monde numérique où la désinformation peut rapidement se propager.
Un autre auditeur a rappelé un principe fondamental de la Franc-Maçonnerie : la liberté religieuse. « Chacun a le droit d’exprimer ses croyances, à condition de ne pas interférer dans la vie des autres », a-t-il affirmé, soulignant que cette valeur a contribué à façonner les sociétés modernes. En effet, la Franc-Maçonnerie a joué un rôle historique dans la promotion de la laïcité et de la liberté de conscience, notamment en Europe et en Amérique latine. Cependant, cette liberté est parfois perçue comme une menace par ceux qui craignent une dilution des valeurs religieuses traditionnelles.
Religion, politique et malentendus persistants
La discussion a également abordé des questions plus spécifiques, comme la croyance des francs-maçons au retour de Jésus, une interrogation qui reflète une tentative de rapprocher les principes maçonniques du cadre théologique chrétien. Les invités n’ont pas répondu directement à cette question, mais ont réaffirmé la neutralité spirituelle de l’organisation, qui ne s’aligne sur aucune doctrine religieuse particulière.
Un auditeur a ensuite fait référence à un verset biblique, Jean 8:32 – « Et vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres » –, popularisé au Brésil par l’ancien président Jair Bolsonaro. Ce commentaire a conduit les représentants maçonniques à rappeler une règle essentielle de l’organisation : l’interdiction de discuter de politique ou d’idéologies lors des réunions. Cette règle, instaurée pour préserver l’harmonie au sein des loges, contraste avec l’engagement historique de la Franc-Maçonnerie dans des causes sociétales, comme le droit de vote des femmes ou la création de la sécurité sociale, des combats souvent menés par des maçons progressistes.
Enfin, un auditeur a averti que « n’importe quel élément important de la Bible sorti de son contexte suffit à créer une église ou une religion douteuse », une réflexion qui souligne la méfiance d’une partie de la population envers les institutions perçues comme opaques ou ésotériques. Cette méfiance est renforcée par le fait que, pour beaucoup, la Franc-Maçonnerie et le christianisme semblent incompatibles, une perception que l’animateur André de Lazzari résume ainsi : « La Franc-Maçonnerie et la religion la plus forte du monde [le christianisme] sont comme de l’eau et de l’huile. »
Une organisation influente mais incomprise
Malgré ces critiques, André de Lazzari conclut sa chronique sur une note nuancée : « Nous devons reconnaître que la Franc-Maçonnerie est une organisation très importante. » En effet, à Chapecó comme ailleurs, la Franc-Maçonnerie continue d’exercer une influence discrète mais significative, notamment à travers ses valeurs de tolérance, de réflexion philosophique et d’engagement civique. Cependant, cet événement radiophonique montre que l’organisation doit encore relever le défi de clarifier son image auprès du public, en particulier dans des contextes où les sensibilités religieuses sont fortes.
Le succès de cette édition de Sala de Debates témoigne de l’intérêt et de la curiosité que suscite la Franc-Maçonnerie dans une ville comme Chapecó. Alors que l’organisation cherche à s’ouvrir davantage, elle devra continuer à naviguer entre son héritage de discrétion et les attentes d’une société moderne avide de transparence. Ce débat, riche et passionné, est une étape dans ce dialogue complexe entre tradition et modernité.
La transgression, comme rupture des normes établies, a souvent été un moteur de la création artistique.L’art a toujours entretenu un rapport complexe avec les règles, oscillant entre respect de l’esthétique et rupture violente avec les traditions. La transgression, entendue comme le franchissement délibéré des limites établies, semble être un puissant carburant de la création.
Historiquement, les grands mouvements artistiques naissent fréquemment d’une opposition aux normes en place : l’art sacré lui-même, comme les nus de Michel-Ange, a choqué avant d’être sanctifié. En effet, les nus de Michel-Ange ont d’abord brûlé les regards avant d’élever les âmes. Ils ont heurté, dérangé, fait rougir les dogmes et vaciller les vertus bien habillées. Car aucun sacré n’existe sans trouble, pas de lumière sans vertige. Le marbre s’est fait chair. Une chair qui palpite encore sous la main du maître, trop humaine pour les cœurs craintifs, trop divine pour les esprits tièdes.
Dans le silence blanc des blocs de Carrare, Michel-Ange n’a pas sculpté des corps : il a libéré des présences.
Il a percé la pierre comme on déchire un ciel trop bas, pour que la lumière jaillisse, non pas autour, mais au travers. Il n’a rien dissimulé : ni la tension des muscles, ni l’abandon des gestes, ni cette nudité première, originelle, par laquelle l’homme se souvient qu’il fut créé à l’image d’un Dieu nu.
Et, c’est cela qui scandalise, la vérité sans drapé, la beauté sans prétexte, l’âme, toute nue. Michel-Ange a convoqué l’Invisible dans la matière. Il n’a pas cherché à plaire, mais à toucher l’Indicible. Ses nus sont des prières taillées à vif, des oraisons sans paroles, des révélations.
Puisque tout ce qui effleure le mystère commence par déranger.
Un autre exemple avec les avant-gardes (Dada, le surréalisme) qui ont fait de la provocation un manifeste esthétique. Ainsi, ils ne cherchaient pas à construire, mais à détruire les certitudes telles l’art bourgeois ou la logique rationnelle. L’art contemporain (de Duchamp à Banksy) repose également souvent sur le détournement des codes. Deux figures majeures de l’art provocateur, critiques de leur époque. Duchamp a quand même retourné un urinoir et l’a nommé fontaine. Bansky, lui, a pulvérisé les murs du monde pour en faire des miroirs.
Pas des toiles, pas des vitrines, mais des miroirs. Des surfaces rugueuses où le réel se reflète sans fard, où chacun, passant distrait ou puissant, maquillé, se voit soudain tel qu’il est : nu, absurde, complice ou réveillé. Il n’a jamais cherché à décorer les rues, mais à les faire parler, à leur arracher des aveux. Chaque bombe de peinture était une vérité jetée à la figure du monde, un cri d’encre, un sarcasme sacré. Il ne peignait pas pour plaire, il peignait pour faire vaciller. Vaciller les certitudes, vaciller l’ordre, vaciller la bienséance.
Banksy’s « The Little Girl and the Soldier », 2008, Bethlehem (Source Site officiel Banksy)
Il semait des doutes comme d’autres jettent des pierres, mais ses pierres étaient des idées. Banksy a rendu au mur son rôle ancien de messager, non pour le remplir, mais pour le fissurer. Pour que de cette fissure jaillisse une conscience. La transgression n’est pas seulement un rejet : elle est un acte de libération, permettant à l’artiste d’explorer de nouveaux territoires.
L’artiste, en défiant les conventions, interroge la société : politiquement, tel Goya dénonçant la guerre, par exemple, socialement, tel que le hip-hop, comme art marginal, devenu dominant. En ce sens, la transgression n’est pas gratuite : elle révèle ce que la norme cache. Mais, toute transgression n’est pas artistiquement féconde. Certaines œuvres choquent pour choquer, d’autres s’enferment dans une posture de rébellion vide (le scandale pour le scandale).
La vraie force de la transgression réside dans sa capacité à ouvrir un dialogue, pas seulement à détruire. Par exemple, la transgression initiatique, c’est briser pour mieux créer. Dans une perspective symbolique maçonnique, la transgression n’est pas anarchie, mais une transformation : déconstruire pour reconstruire, comme le sculpteur qui brise la pierre pour en faire émerger une forme. Elle nous fait dépasser les apparences pour toucher à l’essentiel. L’artiste, comme l’initié, doit savoir franchir les interdits, non pour les nier, mais pour les dépasser. La Franc-Maçonnerie, bien que structurée par des rituels, reconnaît la nécessité de bousculer les certitudes pour progresser. Le symbole du « pavé mosaïque » (noir et blanc entrelacés) rappelle que l’harmonie naît de la tension entre opposés.
Cependant, la transgression pour la transgression peut tomber dans le vide ou la provocation stérile. La Maçonnerie insiste sur le sens du symbole : briser les formes doit servir une quête de vérité, non un simple rejet. Le rite maçonnique lui-même est une codification rigoureuse : la liberté se déploie dans le cadre, mais non contre lui.
En Loge, le ou la franc-maçonne apprend que la vraie transgression est intérieure :
Il lui faut dépasser ses préjugés (la « pierre brute » à tailler).
De même, l’artiste authentique ne détruit pas gratuitement : il transforme le réel pour en révéler une dimension cachée (à l’image de l’alchimiste, figure chère aux maçons et aux maçonnes). L’art peut se nourrir de transgression, mais celle-ci n’est féconde que si elle sert une quête de sens. Comme en Franc-Maçonnerie, où la rupture avec l’ego permet une reconstruction spirituelle, l’artiste véritable transgresse les apparences pour toucher à l’universel. En effet, L’art, dans sa quête la plus haute, ne se contente pas de reproduire le visible : il cherche à en révéler l’invisible.
L’artiste véritable est donc un passeur, celui qui brise les illusions du monde superficiel pour atteindre une vérité plus profonde, universelle. Cette démarche relève d’une transgression essentielle – non pas un simple rejet des règles, mais une rupture initiatique avec les apparences.
L’artiste ne se satisfait pas des formes établies. Les peintres tels que Rembrandt ou Turner ont dépassé la simple représentation pour toucher à la lumière, à l’émotion pure. Les écrivains tels que Kafka ou Borges ont brisé les logiques narratives pour explorer l’absurde et le mystère. Les musiciens tels que Beethoven ou Coltrane ont franchi les limites harmoniques pour exprimer l’indicible.
Cette transgression n’est pas anarchie, mais alchimie, c’est-à-dire, transformer le réel pour en extraire l’essence.
Dans de nombreuses traditions, voir au-delà des apparences est une conquête spirituelle.
L’artiste, comme l’initié, doit « mourir » à ses certitudes pour renaître à une perception plus vaste. Son œuvre devient alors un symbole autrement dit un pont entre le visible et l’invisible.
Picasso disait : « Je ne peins pas ce que je vois, je peins ce que je pense. »
La vraie transgression artistique n’est pas dans le scandale, mais dans la capacité à unir les contraires : le laid et le beau (comme dans les visages torturés de Bacon).
L’ordre et le désordre (comme dans les compositions de Pollock).
L’éphémère et l’éternel (comme dans les mandalas de sable bouddhistes). C’est ainsi que l’art rejoint le sacré : en révélant, derrière le chaos des formes, une unité cachée.
Petit aparté avec l’improvisation jazz quand le chaos devient langage. Improviser, c’est risquer. Dans le jazz, l’improvisation est en même temps un art de la liberté et un acte de transgression consciente : transgression des structures harmoniques, des formes établies, des attentes de l’auditeur, et parfois même des limites de l’instrument.
Le jazz ne détruit pas les règles : il joue avec elles.
Il les déplace, les déconstruit, les contourne, les tord jusqu’à ce qu’elles chantent autrement. C’est là que naît le style, cette signature de l’instant, qui ne peut être reproduite.
Avec Coltrane, il n’était plus question de gamme, de cadence, de structure : il avait franchi les murailles de l’harmonie pour s’aventurer dans un royaume invisible, là où la musique cesse d’être musique pour devenir offrande.
Dans ses solos vertigineux — A Love Supreme, Ascension, Interstellar Space — il ne racontait plus, il invoquait. Les modes, les chromatismes, les dissonances s’échappaient de sa colonne d’air comme des incantations. Il ne cherchait plus à plaire, ni à démontrer : il creusait, il transperçait, il brûlait. Chaque note était une larme, une prière, une lumière. Il jouait l’indicible. Ce que les mots n’osent toucher, Coltrane l’avait confié à son souffle.
Il n’était plus un homme avec un saxophone, mais un canal. Un passeur. De la virtuosité, il avait fait un pont vers l’infini. De Charlie Parker à Ornette Coleman, de Thelonious Monk à Cecil Taylor, l’histoire du jazz est marquée par des artistes qui ont osé transgresser l’harmonie classique, l’unité rythmique, voire le respect du silence.
Ils ont fait de l’imprévu une méthode, de l’erreur un tremplin, de la rupture une respiration. Improviser, c’est donc reconnaître une tradition pour mieux s’en affranchir, tout en restant fidèle à un principe plus profond : la musique comme expression vivante du soi, de l’instant, du monde.
Transgresser le jazz, ce n’est pas trahir : c’est franchir le seuil d’un Temple invisible.
Ce Temple, fait d’accords et de silences, s’élève sur des lois harmoniques comme les colonnes d’un portique ancien. Mais, il ne se donne pas à celui qui s’y conforme aveuglément. Il s’ouvre à celui qui ose, non pas briser la règle, mais la dépasser, comme l’initié qui gravit les degrés d’une échelle intérieure.
Dans cet espace sacré, le musicien devient passeur. Il ne joue plus simplement : il révèle. Il explore, comme un frère dans la pénombre, les arcanes du chaos pour y chercher la lumière. Il ne rejette pas le jazz : il l’interroge, il le dénude, il le fait parler dans une langue plus haute. Une langue d’âmes. Une langue d’abîme et d’élévation. Coltrane, lui, ne fuyait pas les structures : il les transmutait. Il pénétrait le sanctuaire secret du son, là où les notes ne répondent plus à la logique, mais à l’esprit.
Il traversait la forme comme on traverse un voile, non pour le profaner, mais pour en éprouver la vérité nue, vibrante, sacrée. Parce que transgresser, au fond, c’est chercher la lumière au-delà du visible. Et, dans le jazz comme dans l’initiation, ce n’est jamais la désobéissance qui libère, C’est le courage d’aller au-delà. Révéler l’invisible, l’émotion brute, la pensée non dite. C’est faire de la dissonance une vérité et de la liberté une discipline.
En conclusion, je dirais que l’artiste véritable ne se contente pas de choquer ou de séduire. Il transgresse les apparences pour nous révéler à nous-mêmes. Son œuvre, si elle est authentique, ne parle pas à une époque, mais à l’humanité toute entière, car elle touche à ce qui, en nous, est universel.
Picasso disait : « L’art est un mensonge qui nous fait comprendre la vérité ».
Je pense que la transgression peut être un moteur puissant de la création, à condition qu’elle serve une vision, une quête de sens. Sinon, elle n’est qu’un bruit éphémère.
« L’art, c’est le plus court chemin de l’homme à l’homme » (André Malraux).
Et parfois, ce chemin passe par la rupture. Une question trotte dans ma tête !
La transgression est-elle encore possible dans un monde où tout semble permis ?
Dans un monde où les masques sont plus omniprésents que les visages eux-mêmes, où les faux-semblants dictent les rapports sociaux et les discours publics, vous êtes conviés à un bal singulier : Le Bal des Hypocrites.
Ce bal, qui ne connaît ni frontières ni époque, rassemble ceux qui maîtrisent l’art subtil de la duplicité, du jeu des apparences, et de la dissimulation. Mais dans cette danse feutrée où chacun préserve son rôle, une question demeure : jusqu’à quel point l’hypocrisie façonne-t-elle notre réalité ? Et à quel moment cesse-t-elle d’être une nécessité sociale pour devenir un poison insidieux ?
Le « Bal des Hypocrites » pourrait donc être une métaphore pour désigner une assemblée ou une situation où des personnes jouent un rôle de sainteté ou de droiture alors qu’elles manquent de sincérité et de justice intérieure. Cela illustre une forme de fausseté morale et spirituelle condamnée dans la Bible.
On peut analyser ce thème sous plusieurs angles philosophiques :
L’éthique et la justice : La société juge-t-elle équitablement les individus impliqués dans des scandales ? La vérité est-elle toujours accessible ou est-elle façonnée par les médias et l’opinion publique ?
L’authenticité et l’image : L’œuvre interroge la nécessité de correspondre à une image préconçue pour être crédible. Peut-on être soi-même sans subir le jugement collectif ?
Le pouvoir et la domination : L’hypocrisie est souvent liée à des rapports de force. Ceux qui détiennent le pouvoir façonnent les récits et influencent la perception des événements.
L’authenticité est un idéal, mais dans notre société, elle se heurte à de nombreux obstacles. Plusieurs facteurs expliquent pourquoi il est difficile de rester pleinement soi-même :
La pression sociale : Dès l’enfance, nous intégrons des attentes sur la manière dont nous devons nous comporter pour être acceptés. La société valorise certaines normes et punie souvent ceux qui s’en écartent. Être authentique peut donc exposer à l’exclusion ou au jugement.
L’impact des réseaux sociaux : Nous sommes constamment incités à montrer une version « optimisée » de nous-mêmes. L’authenticité devient parfois une performance, où l’on sélectionne ce qui est partagé pour correspondre à une image idéalisée.
Les rôles sociaux et professionnels : Dans un monde structuré par des codes et des statuts, chacun adopte des masques pour s’adapter aux circonstances. Au travail, dans les relations ou même au sein de la famille, nous ajustons nos comportements pour répondre aux attentes.
La peur du jugement et du rejet : Affirmer ses véritables opinions et émotions peut rendre vulnérable. Beaucoup préfèrent donc se conformer, quitte à trahir une partie de leur individualité.
Pourtant, certaines personnes parviennent à exprimer leur authenticité malgré ces contraintes. Cela passe souvent par une profonde réflexion sur soi, le courage d’assumer ses différences et parfois même l’entourage qui encourage cette sincérité.
Si l’on devait imaginer un « bal des hypocrites » du côté de la bible, ce serait une scène où ces chefs religieux paradent avec faste, affichant une piété ostentatoire tout en dissimulant leur véritable nature. Jésus, en entrant dans ce bal, briserait les illusions en révélant la vérité derrière les masques. Il dénoncerait leur avidité, leur orgueil et leur manipulation des lois divines pour leur propre bénéfice.
Cette scène qui pourrait illustrer ce thème dans la Bible est celle où Jésus dénonce l’hypocrisie des pharisiens et des scribes.
Ce passage nous invite à une réflexion profonde : sommes-nous préoccupés par notre image extérieure ou cherchons-nous une transformation intérieure authentique ?
Luc 11:37-54 est un passage puissant où Jésus dénonce l’hypocrisie des pharisiens et des docteurs de la Loi. Il critique leur obsession des apparences religieuses tout en négligeant la justice et l’amour de Dieu. Voici quelques éléments pour développer ce thème :
L’hypocrisie religieuse : Jésus reproche aux pharisiens de nettoyer l’extérieur de la coupe tout en étant remplis d’avidité et de méchanceté à l’intérieur. Cela illustre une foi superficielle qui privilégie les rites plutôt que la transformation intérieure.
Les priorités inversées : Les pharisiens sont scrupuleux dans le paiement de la dîme sur des herbes aromatiques, mais ils négligent des valeurs essentielles comme la justice et l’amour de Dieu. Cela montre comment l’hypocrisie peut détourner l’attention des véritables exigences spirituelles.
L’orgueil et la recherche de reconnaissance : Jésus condamne leur amour des premiers sièges dans les synagogues et des salutations publiques. L’hypocrisie est souvent liée à l’orgueil et au désir d’être vu comme juste aux yeux des autres.
Les conséquences de l’hypocrisie : Jésus compare les pharisiens à des tombes invisibles sur lesquelles les gens marchent sans le savoir. Cela signifie que leur influence peut corrompre les autres sans qu’ils en aient conscience.
L’enseignement pour aujourd’hui : Ce passage nous invite à examiner notre propre foi. Sommes-nous préoccupés par l’apparence extérieure ou cherchons-nous une transformation intérieure authentique ?
Le passage de Luc 11:37-54 met en lumière l’hypocrisie religieuse, où Jésus critique les pharisiens et les docteurs de la Loi pour leur obsession des apparences et leur négligence des valeurs essentielles comme la justice et l’amour de Dieu. Il les compare à des tombeaux invisibles, beaux à l’extérieur mais remplis d’impuretés à l’intérieur.
Un autre passage marquant est celui de la Cène, où Jésus annonce que l’un de ses disciples va le trahir (Matthieu 26:17-30). Judas, qui a déjà prévu de livrer Jésus, fait semblant de s’interroger comme les autres : « Est-ce moi, Maître ? » alors qu’il sait parfaitement ce qu’il va faire. Cette scène illustre une hypocrisie profonde, où un individu joue un rôle tout en cachant ses véritables intentions.
Ces épisodes montrent comment l’hypocrisie peut être dénoncée dans un contexte religieux et social. Peut-on vraiment imaginer que ces scènes reflètent bien l’idée d’un « bal des hypocrites » ?
Si l’on cherche un parallèle avec la franc-maçonnerie, cela dépend de l’interprétation que l’on en fait. Certains pourraient voir une similitude dans l’idée de rites et de symboles qui, selon l’approche de chacun, peuvent être perçus comme une quête de vérité ou comme une façade dissimulant des intentions moins nobles. D’autres pourraient considérer que la franc-maçonnerie, en tant qu’organisation prônant la réflexion et la recherche de la connaissance, ne correspond pas à l’hypocrisie dénoncée par Jésus.
L’essentiel est de garder une approche nuancée et de reconnaître que toute institution ou groupe peut être sujet à des dérives si l’apparence prend le pas sur l’authenticité.
Pourrait-il y avoir un parallèle avec la franc-maçonnerie, cela dépend de l’interprétation que l’on en fait. La franc-maçonnerie est une organisation initiatique qui met l’accent sur la recherche de la vérité, la fraternité et le développement personnel. Certains pourraient voir dans les critiques de Jésus une mise en garde contre toute forme d’organisation qui privilégierait les apparences et les rites au détriment de la sincérité et de la justice. D’autres pourraient considérer que la franc-maçonnerie, en tant que système philosophique, n’est pas concernée par ces reproches.
Se servir de l’ironie serait une arme redoutable pour démonter les idées reçues ! Si certains associent Le Bal des Hypocrites à une dimension maçonnique, il n’existe aucune preuve ou lien direct qui justifierait cette interprétation.
On pourrait donc, avec un brin de sarcasme, dire que :
Si l’hypocrisie était un rite initiatique, alors bien des cercles sociaux seraient des loges secrètes.
Si les faux-semblants étaient un serment, alors nous serions tous des apprentis dans l’art de la dissimulation.
Si la manipulation était un grade, alors certains médias et figures publiques auraient atteint le niveau de Grand Maître.
Mais en réalité, Le Bal des Hypocrites est avant tout une dénonciation des jeux de pouvoir et des faux-semblants médiatiques, sans lien avec la franc-maçonnerie.
« Dans une grande loge aux lumières tamisées, des Frères, vêtus de leurs plus beaux tabliers ornés de mystères, se réunissent pour célébrer l’illusion du savoir absolu. Le maître de cérémonie, avec une certaine solennité, annonce les prix de la soirée :
Le prix du secret le mieux gardé revient à celui qui parle de lumière tout en cultivant l’ombre.
Le prix du rituel le plus impressionnant est attribué à celui qui maîtrise l’art de la symbolique sans jamais en dévoiler le véritable sens.
Le prix spécial du paradoxe couronne celui qui prône la liberté de pensée tout en imposant des dogmes implicites.
Et pour clore cette tenue magistrale, un toast est porté à l’art subtil de l’illusion bien entretenue, chacun applaudissant l’autre pour sa capacité à feindre la vertu sans jamais y adhérer réellement. »
L’ironie ici ne vise pas à juger, mais à souligner comment toute institution, quelle qu’elle soit, peut parfois se perdre dans ses propres contradictions.
Après avoir exploré avec mordant les travers de l’hypocrisie, il est essentiel de rappeler que derrière chaque satire, il y a une réflexion profonde sur l’humain et ses contradictions. L’ironie dévoile mais ne construit pas, et c’est justement là que l’on peut donner du sens à ce bal imaginaire : en revenant à la sincérité et à la quête d’authenticité.
Ainsi, cette mise en scène dubal des hypocrites n’est pas seulement un jeu intellectuel, mais une invitation à s’interroger. À quel point nos propres discours, nos propres actes, reflètent-ils une véritable intégrité ? Sommes-nous parfois prisonniers d’un rôle, d’une apparence que nous entretenons plus que nous ne vivons réellement ? La fin de l’ironie est le début de cette introspection. Là où les masques sont tombés, il ne reste que la réalité brute, et c’est dans ce retour à la vérité que l’on trouve la possibilité d’un changement sincère. Car au-delà des mises en scène, il n’y a pas de bal qui tienne : il y a seulement des choix à faire et des valeurs à incarner.
Le 21 septembre 2025, à l’occasion de la Journée Internationale de la Paix, la Grande Loge Féminine de France (GLFF), première obédience maçonnique féminine au monde habituellement discrète et sa Grande Maîtresse Liliane Mirville, appelle toutes les femmes – mères, sœurs, filles, citoyennes – à se joindre à un mouvement universel et puissant : la Marche des Femmes Engagées pour la Paix. Organisée dans de nombreuses villes en France et à l’international, cette mobilisation incarne un cri du cœur pour un monde de justice, de solidarité et de fraternité – sororité.
« Nous, femmes, refusons de regarder mourir l’humanité en silence ! »
…proclame l’appel de la GLFF, invitant chacune à devenir porteuse d’espoir et architecte de paix.
Une mobilisation portée par des valeurs humanistes
Grande Loge Féminine de France, Cité du Couvent
Depuis sa fondation en 1952, la GLFF s’engage pour l’émancipation des femmes et la défense des droits humains, en s’appuyant sur les principes de liberté, d’égalité, de laïcité et de fraternité. Cette marche s’inscrit dans la continuité de son combat pour un monde plus juste, en écho à la résolution 1325 de l’ONU « Femmes, Paix et Sécurité » (2000), qui souligne le rôle crucial des femmes dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix. Dans un contexte de tensions géopolitiques, de guerres et de montée des haines – sexisme, racisme, antisémitisme, islamophobie –, les 13 000 franc-maçonnes de la GLFF, réparties dans plus de 458 loges en France et à l’étranger, se mobilisent pour rejeter toutes les formes de violence et promouvoir une culture de la paix, telle que définie par l’UNESCO.
Cette initiative, soutenue par le Collectif National des Marches pour la Paix et des organisations comme le Mouvement de la Paix, s’inspire des huit domaines de la culture de la paix : éducation à la non-violence, respect des droits humains, égalité des genres, justice sociale, durabilité environnementale, dialogue interculturel, désarmement et sécurité collective. La GLFF, à travers sa Commission Nationale des Droits des Femmes, porte un regard critique sur les structures sociales et culturelles qui perpétuent les inégalités, tout en proposant des actions concrètes pour un avenir plus équitable.
Un élan mondial, ancré localement
La Marche des Femmes Engagées pour la Paix se déploiera simultanément dans de nombreuses villes, en France et au-delà, avec des points de départ bientôt annoncés sur le site de la GLFF (glff.org). Que vous soyez à Paris, Toulouse, Lorient ou ailleurs, cette marche est une invitation à rejoindre une chaîne humaine mondiale, à l’image d’initiatives comme la marche des Guerrières de la Paix à la mer Morte en 2023 ou le Forum Mondial des Femmes pour la Paix au Maroc. Ces rassemblements ont démontré la force unificatrice des femmes face aux divisions et aux conflits.
En France, la GLFF, forte de son engagement historique – de la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale à la création d’obédiences féminines en Europe, au Venezuela et en Afrique – mobilise ses loges pour faire de cette journée un moment de communion et d’action. Des conférences publiques, des tenues blanches ouvertes et des ateliers, comme ceux prévus à Limoges, Lyon ou Troyes en 2025, préparent le terrain pour sensibiliser à la cause pacifiste et féministe. Cette marche s’inscrit également dans la lignée des engagements de la GLFF pour la laïcité et les droits des femmes, des combats portés lors de la Journée Internationale des Droits des Femmes ou de la Journée de l’Europe.
Pourquoi marcher avec la GLFF ?
« Portons l’espoir, luttons contre la haine, créons un monde empreint de respect, d’amour et de solidarité »
exhorte la GLFF. Cette marche n’est pas seulement un acte symbolique : c’est un engagement concret pour transformer la société. En marchant, les femmes affirment leur rôle central dans la construction d’un monde pacifique, où la justice, l’égalité et la compréhension mutuelle prévalent. La GLFF, par son travail initiatique et symbolique, offre un espace unique pour réfléchir à ces enjeux, en s’appuyant sur des valeurs maçonniques comme la justice, la tempérance et l’altruisme.
Rejoignez la Marche des Femmes Engagées pour la Paix le 21 septembre 2025
…près de chez vous. Les informations sur les lieux et horaires de départ et autres modalités seront prochainement disponibles sur glff.org. Ensemble, avec la Grande Loge Féminine de France, faisons entendre la voix des femmes pour un avenir de paix et d’humanité !