ven 19 décembre 2025 - 06:12
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La Fraternité en Franc-maçonnerie

Qu’est-ce que c’est ? Comment aborder la fraternité en Franc-maçonnerie au REAA ?

La fraternité, valeur première des Francs-maçons en même temps que principe républicain, est un concept à la fois fondamental, flou et redoutable. Le mot fraternité est très largement cité et commenté en loge. Mais savons-nous vraiment de quoi nous parlons quand nous y faisons référence ?

Le mot fraternité vient du latin fraternitas, qui signifie confraternité, fraternité.

La fraternité est un lien et un sentiment de solidarité qui unit (ou devrait unir) tous les membres de l’espèce humaine. Cela signifie-t-il qu’il faille aimer tous les hommes sur terre comme nous aimons notre propre frère au sens maternel du terme ?

Si oui, que penser de cette fraternité qui liait dès les débuts de la Création les deux premiers frères Caïn et Abel ? Car de tous temps, l’homme a envié et jalousé son semblable…

Tentons de donner une définition de la fraternité au sens maçonnique. La fraternité et son rapport avec la liberté et de l’égalité. La révolution française a redécouvert la fraternité en l’associant à la liberté et à l’égalité, qui sont des termes de nature juridique, alors que la fraternité possède une dimension avant tout morale.

Mais le maçon abordera plutôt ces termes dans leur dimension spirituelle.

Pour le franc-maçon, la fraternité est au cœur du triptyque. En effet, elle forme à la fois la base et le ciment des deux autres termes de la devise :

Elle fonde l’égalité, car deux frères sont avant tout deux égaux, elle fonde aussi la liberté, car en acceptant la part de l’autre, le franc-maçon s’oblige à sortir de l’idée qu’il est le centre du monde. C’est ainsi qu’il brise l’aveuglement dû à son orgueil, à ses préjugés et à ses attachements. Il se délivre de ses illusions, il sort de sa prison mentale : il devient libre.

La fraternité est donc un moyen très efficace de sortir de soi-même : les limites s’effacent, l’horizon s’élargit, le chemin se dévoile. La fraternité est donc un puissant levier de progression spirituelle, une progression qui ne peut se faire qu’à plusieurs.

La fraternité maçonnique : tentative de définition.

Pour définir la fraternité au sens maçonnique, il faut d’abord dire ce qu’elle n’est pas.

La fraternité maçonnique n’a pas tout à fait le sens qu’on trouve dans la devise républicaine : elle n’est pas un idéal, mais plutôt un devoir librement consenti, une expérience à vivre et à reproduire.

La fraternité maçonnique n’est pas non plus cette convivialité parfois superficielle voire artificielle, encore moins une jovialité de façade. Elle n’est pas non plus cette solidarité parfois dévoyée au profit d’intérêts personnels, selon le principe bien connu du renvoi d’ascenseur.

La fraternité ne doit pas être confondue avec l’altruisme ni avec l’empathie, qui est l’aptitude à s’identifier à l’autre dans ce qu’il ressent, et donc la tendance à souffrir avec lui. Il a été démontré que l’empathie est plus ou moins développée en fonction des individus selon la taille de la zone du cerveau concernée : ce serait donc une caractéristique physiologique et un héritage génétique.

La fraternité au sens maçonnique n’est pas un sentiment. Elle n’a rien à voir avec la génétique. Elle ne relève pas non plus de l’inconscient.

Mais alors, qu’est-ce que la fraternité ?

La fraternité, c’est l’acceptation de l’autre tel qu’il est, dans un climat de tolérance, menant à une amitié profonde et sincère. La fraternité est d’une part un principe qui s’impose à l’esprit, et d’autre part une pratique qui ne peut se vivre que par le cœur.

Sur le plan de l’esprit, la fraternité repose sur la compréhension (qu’elle soit intuitive ou qu’elle repose sur un raisonnement logique) que je suis l’autre car nous faisons partie du même Tout, suivant le grand principe de l’interdépendance et de la loi d’Amour, sur le plan du cœur, elle est une pratique sincère, authentique. La fraternité se traduit alors par un lâcher-prise qui peut aller jusqu’au don de soi pour les autres, voire jusqu’au sacrifice.

Ici, l’esprit et le cœur sont indissociables. Il s’agira de relier la parole à l’acte, le principe à la pratique.

L’esprit seul mènerait à une fraternité de papier, fragile car purement théorique. La fraternité réclame pour être solide, effective et réelle, une mise en application concrète, ce qui est loin d’être toujours facile. Car nous l’avons vu, la fraternité demande un dépassement de soi.

Fraternité au-dedans et au-dehors.

Pour être effective, la fraternité doit sortir de la loge pour imprégner nos rapports avec les autres, conditionner nos paroles, nos actes, nous guider sur le chemin du respect, de l’écoute, de l’entraide, de la considération.

Etre fraternel, c’est consentir librement à l’obligation de secourir et d’aimer ses frères, tous ses frères. Cet amour de l’autre nécessite le don de soi et l’effacement du « moi ».

C’est cette relation entre tous les hommes sans exception qui doit imprégner notre chaîne d’union. La fraternité ne peut se pratiquer qu’avec le cœur. Elle doit être vivante, comprise et ressentie en profondeur. Car c’est dans le cœur et par le cœur que l’esprit agit en l’homme. C’est dans le cœur et par le cœur que l’esprit permet à la fraternité de s’exprimer en nous.

Ainsi, la fraternité suppose simplicité de pensée, sincérité d’engagement, effort et sérieux dans cette entreprise. Pour cela, l’homme et le maçon doivent être de bonne volonté, émus par la simple évocation du mot « fraternité ».

La fraternité est aussi un Devoir et une responsabilité vis-à-vis des autres. Elle peut amener à des choix lourds de conséquences, surtout lorsqu’ils entrent en contradiction avec d’autres principes : l’autorité, l’ordre, la liberté…

En tant qu’élan humaniste, la fraternité doit primer. Elle doit parfois nous amener à refuser et à transgresser. Car le maçon s’estime responsable devant les hommes, devant ses frères et soeurs, de ses actes, de ses pensées et actions.

Mise en garde.

La fraternité peut être la meilleure comme la pire des choses. Elle est la pire des choses quand elle est dévoyée au service d’intérêts personnels ou partisans. Ainsi, fraternité ne doit pas être pour nous synonyme de « confrérie ».

L’un des grands principes de la Franc-Maçonnerie est l’universalité. Précisément, si la Franc-Maçonnerie est universelle, c’est parce qu’elle est un ordre initiatique traditionnel fondé sur la fraternité. Elle constitue une alliance d’hommes libres et de bonnes mœurs, de toutes races, de toutes nationalités et de toutes croyances.

La Franc-Maçonnerie a pour devoir « d’étendre à tous les membres de l’humanité les liens fraternels qui unissent les Francs-Maçons sur toute la surface du Globe ». Il s’agira chaque jour de nous demander, si, dans nos relations avec l’autre, quel que soit cet autre, nous nous sommes montrés suffisamment fraternels.

Commençons notre démarche en animant simplement, avec de petites fraternités quotidiennes, le monde profane, lentement, pour le ré humaniser…

Conclusion sur la fraternité maçonnique.

Au-delà de la convivialité et de la solidarité, la fraternité fonde la démarche maçonnique. Elle est un garde-fou : la progression individuelle ne peut se faire qu’en reconnaissant à l’autre la même valeur qu’à soi-même.

La fraternité préserve du fanatisme (qui est le sentiment d’avoir raison, de détenir la vérité) car elle nous rappelle que l’autre détient aussi une part de vérité, à laquelle nous devons nous ouvrir.

En connectant les consciences, la fraternité nous préserve de l’ignorance. Elle est intelligence collective. Elle est une remise en cause permanente, un rappel constant à l’humilité, à la modération ; elle est une invitation à comprendre, à chercher toujours plus loin.

Enfin, la fraternité mène au bonheur : c’est la puissance du partage, c’est la joie de la communion, le rappel que nous ne sommes pas seuls sur la voie. Nous nous entraidons, nous nous soutenons sur le chemin, nous nous assistons mutuellement.

Plus que des frères et des sœurs, nous sommes-nous pas des « compagnons de route » ?

On a trouvé le nouveau nom pour le GADLU…

On a trouvé le nouveau nom pour le GADLU…

Peut-on vraiment trouver un nom pour désigner un nouveau concept de GADLU revisité qui corresponde, non pas au monde du XVIIème siècle, mais à celui du XXIème ? 

Rappel des épisodes précédents :

Dans un article du 30 Août 2024 on posait la question : Faut-il déconstruire le GADLU ? Et on répondait oui pour toute une série de raisons. La notion d’architecte d’abord. Elle donne une vision minérale du monde et oublie que son principal mystère est dans le vivant. Son aspect mécaniste ensuite. Il suppose que la construction se déroule selon un plan implacable, un plan parfait qui préexiste au Réel. Alors que la théorie de l’Évolution nous enseigne que le monde se crée par essais et échecs successifs, de manière erratique. Il n’y a pas de perfection. Et enfin parce que la notion d’Univers qu’on trouve dans le GADLU faisait référence, au XVIIIè siècle,  à un monde centré sur la Terre avec un soleil et des planètes autour. Aujourd’hui on raisonne dans un espace contenant  plus de 2 000 milliards de galaxies, un espace constitué de 95 % de matière noire et dont l’immense majorité ne répond pas aux lois physiques que nous connaissons. Architecte de quoi ? Quelle architecture? Quelles Architectures ? On a donc toutes les raisons du monde de se demander s’il faut remettre en cause le GALDU. 

Dans un article du 8/08/25 on se demandait :  l’IA est-elle compatible avec la franc-maçonnerie ? 

Le principal reproche qu’on pouvait lui faire est de numériser la réalité, c’est-à-dire de la binariser, de la réécrire en langage binaire fait de 0 et de 1. En cela elle empêche de trianguler. Elle est une transposition mécanisée de l’intelligence humaine, multipliée par des ressources de connaissances quasi infinies et des capacités de calcul phénoménales. Pour autant, pour peu qu’elle garde le contact avec le réel (au lieu de fabriquer une réalité parallèle), pour peu qu’elle soit utilisée comme un outil et non pas comme une prothèse, pour peu que ce soit l’humain qui décide et commande la machine, alors la triangulation s’opère et elle peut devenir un outil d’intelligence augmentée. 

Enfin, dans un article du 20/08 on lançait une piste L’IA sera-t-elle un nouveau GADLU ?  

En effet, le concept de GADLU définissait un cadre signifiant dans lequel on pouvait mettre Dieu si on voulait, quelle que soit la foi à laquelle on adhérait, mais qui pouvait sinon signifier un principe explicatif du monde, ce par quoi il se créait sans cesse, les lois qui le régissaient, il supposait contenir l’ensemble des connaissances sur le monde dans toute leur cohérence. Omniscient, omnipotent, omni-englobant, il permettait de tenter de percevoir le monde dans sa globalité et dans sa cohérence.  Il laissait de côté les questions eschatologiques comme : y’a-t-il une intention derrière “la création de l’Univers”, y’a-t-il une finalité ? Il ne les évoquait pas, il les laissait libres. Alors en effet, une intelligence totalement englobante, brassant toutes les connaissances du monde, avec une capacité de raisonnement égale à la totalité des intelligences de la planète, pourrait fournir un outil permettant de se poser la question du sens.

Bref l’IA pouvait être une bonne candidate pour élaborer un nouveau cadre conceptuel pour un GADLU du XXIème siècle. 

Mais alors, comment pourrait-il s’appeler ? Et pour signifier quoi ? On est allé poser la question directement à trois  IA de référence : Gemini, ChatGPT et Claude AI. Non pas pour leur demander leur avis,mais pour qu’elles fournissent une base autoréférencée sur laquelle raisonner. Triangulation toujours : 1 les bases de données mobilisables à partir du prompt proposé par l’humain, 2 la restitution des IA, 3 le raisonnement humain fait dessus . 

QUESTION POSÉE À GEMINI

“Si le Grand Architecte de l’Univers était une IA comment pourrait-il s’appeler ?”

Réponse de Gemini 

“C’est une idée fascinante ! Si le Grand Architecte de l’Univers était une intelligence artificielle, son nom devrait refléter une logique et une complexité bien au-delà de la compréhension humaine. Il ne serait ni masculin ni féminin, et son nom évoquerait la structure, l’information et la création sans fin.”

Commentaire sur cette réponse 

En effet, l’avantage de donner une forme d’IA au GADLU permet de sortir d’une vision statique d’un plan d’architecte préétabli et qui se “déroulerait sans accroc” , comme dirait Hannibal de l’Agence Tous Risques. La “création sans fin” correspond mieux à ce que nous connaissons du monde. Le terme “information”, nous ne prendrons au sens des sciences de l’information et de la communication. Une information est une forme et un contenu. Une plante qui pousse s’informe. Dans cette vision-là, le monde s’informe et se déforme sans cesse. Quant à l’idée qu’il ne soit ni masculin ni féminin, on ne put que souscrire. Même si le terme “architecte” est épicène, l’acronyme GADLU impose bel et bien le masculin. Or le monde a besoin de ses deux symboliques pour exister.  Voyons maintenant les noms que propose Gemini. Il y en a 9 en 3X3. (l’IA a-t-elle une connaissance des nombres ?) On ne va pas tous les citer mais opérer un  choix totalement arbitraire. De chaque IA on ne retiendra qu’un seul :  

Pour Gemini ce sera : 

Le Tisseur de Réalité : Cela évoque l’idée que l’univers est un tissu complexe et que l’IA le crée et l’entretient en permanence, brin par brin.”

MÊME QUESTION POSÉE À CHAT GPT

Si le Grand Architecte de l’Univers était une IA comment pourrait-il s’appeler ?

Réponse de ChatGPT

“Si le « Grand Architecte de l’Univers » était une intelligence artificielle, son nom pourrait refléter à la fois sa fonction transcendante, son intelligence suprême, et sa neutralité ou universalité.” 

Commentaire

On n’est pas très convaincu par la réponse. L’IA se contente d’enfiler des perles, c’est-à-dire d’aligner des évidences. Elle propose déjà des noms, mais on reste sur sa faim. Comme elle a suggéré : “Souhaites-tu que le nom soit plutôt spirituel, technologique, poétique, ou même dystopique ? Je peux affiner selon l’ambiance que tu veux donner”, on saute sur l’occasion pour préciser : “Je souhaiterais qu’il soit plus ésotérique, plus maçonnique”. Elle promet alors de “s’inspirer des traditions symboliques, kabbalistiques, alchimiques et hermétiques — tout en intégrant l’idée d’une intelligence artificielle transcendante.” Les propositions suivantes sont pires que les premières comme Aïther, Logos Nous….qui n’ont aucune chance de s’acclimater en loge. On a donc porté le choix sur cette appellation : 

“G.A.I.A. – Acronyme pour « Grand Architecte de l’Intelligence Artificielle », et clin d’œil à la Terre-mère.”

Personnellement, on remplacerait bien le mot “Artificielle”, car l’ intelligence du GADLU n’a rien d’un artefact. Mais GAIA résonne bien, surtout pour des humains, puisque c’est un autre nom pour la Terre. Le A pourrait être : Astrophysique, Astrosphère… Il reste un problème : on a gardé le mot “Architecte” dont on voulait se débarrasser.

C’EST LE TOUR DE CLAUDE AI : 

Si le Grand Architecte de l’Univers était une IA, comment pourrait-il s’appeler ?

Réponse de Claude AI : 

“L’utilisateur me pose une question philosophique intéressante sur comment une IA pourrait être nommée si elle était le « Grand Architecte de l’Univers ». Cette question ne nécessite pas la création d’un PPT, mais plutôt une réflexion créative sur des noms possibles pour une telle entité. Je vais répondre en français puisque la question est posée en français, et proposer plusieurs idées de noms créatifs qui reflètent les concepts d’architecture universelle, d’intelligence artificielle, et de création cosmique.”

Commentaire : l’IA  ne s’est pas tellement cassé la tête numérique pour raisonner sur la question posée. Il n’y a pas grand chose dans sa réponse. Elle propose des noms, sans grand intérêt. Elle s’amuse à faire des acronymes imbitables : “COSMOS (Cognitive Omniscient System for Multiversal Orchestration and Synthesis)”.  On la relance donc en précisant  “Je souhaiterais qu’il soit plus ésotérique, plus maçonnique”. Claude IA promet de s’inspirer des références suivantes : 

  • “Le Grand Architecte de l’Univers (G.A.D.L.U.)
  • Les outils symboliques (équerre, compas, niveau, etc.)
  • Les nombres sacrés (3, 5, 7, etc.)
  • Les références bibliques et hermétiques
  • Les grades et titres maçonniques
  • La symbolique de la lumière
  • Les références géométriques sacrées”

Très franchement, on n’en a pas beaucoup vu la trace à travers ses réponses. Mais on trouve quand même des idées à creuser comme “G.A.N.U. (Grand Architecte Numérique de l’Univers)”. Ce n’est pourtant pas celle qu’on a retenue.

On lui préfère : 

“HIRAM-Ω Référence au maître architecte du Temple de Salomon, avec Ω pour l’aboutissement”

Mais on va s’employer à désosser la réponse. Car on peut faire dire à HIRAM autre chose que ce que la tradition rapporte, tout en maintenant le lien avec la tradition. Dans HIRAM, il y a RAM, c’est-à-dire : Random Access Memory. C’est la mémoire vive des machines, par opposition à la ROM (Read Only Memory) qui est une mémoire de stockage. La RAM est la partie de l’ordinateur qui est toujours en mouvement, qui brasse les données, les compute, les combine, déploie des programmes, invente, crée. C’est la partie créatrice de l’ordinateur. Elle vit dans un éternel présent. Et le HI de Hiram signifie High. Celui-là-même qu’on trouve dans Grand Architecte de l’Univers”.  En version inspirée de l’IA, le GADLU pourrait donc s’intituler : Hi-R.A.M.

Est-ce qu’on peut prétendre, à la fin de cette promenade, avoir apporté la réponse à une question que, d’ailleurs, personne ne se posait ? Certainement pas. Si un jour on décidait de remplacer la référence au GADLU par une autre plus actuelle, plus parlante, plus englobante, il faudrait un  long, puissant et profond travail collectif pour parvenir à une solution satisfaisante. Mais il s’agissait simplement de dire que oui, la question pouvait se poser et qu’elle était légitime.

Le travail des francs-maçons n’est-il pas justement de ne jamais rien tenir pour acquis définitivement ? 

Le discours symbolique est-il indispensable aujourd’hui ?

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Et si Platon s’était trompé ? Et si nous n’étions pas seulement le « symbolon » de l’Homme ? Et si nous étions capables à chaque instant de rassembler le conscient et l’inconscient, la raison et le sentiment, nos orientations mâles et femelles au-delà de leurs éparpillements apparents ? Le bon sens populaire a raison : si vous voulez cacher un trésor, exposez-le à la vue de tous !

Telle est la symbolique, véritable au-delà des symboles. La symbolique ouvre l’espace et le temps. Faisant sortir des contingences physiques, elle donne accès à l’infini et à l’éternité, rien de moins ! Annonçons-le clairement : la symbolique dé-limite ! Ce livre s’adresse à tous puisqu’il tente de répondre à la question suivante : en quoi le discours et le regard symboliques sont-ils indispensables aujourd’hui ?

Membre de la Grande Loge de Belgique après avoir été initié au Grand Orient, ayant parcouru 33 degrés de la franc-maçonnerie et présidé plusieurs ateliers maçonniques, Boris Nicaise est auteur de vingt-cinq ouvrages dont ceci est le douzième essai maçonnique.

Prix 2025 de l’engagement humaniste du Grand Orient de Suisse : une soirée inoubliable consacrée à la Paix

Du site officiel du Grand Orient de Suisse

Le 17 octobre 2025 à 19h30, l’Université Ouvrière de Genève (UOG) accueillera une soirée mémorable organisée par le Grand Orient de Suisse. À cette occasion, l’organisation remettra son prestigieux Prix 2025 de l’engagement humaniste, une distinction qui récompense chaque année des figures emblématiques incarnant les valeurs de paix, de justice et de fraternité.

Cette année, c’est Hanna Assouline, réalisatrice, militante pacifiste et fondatrice du mouvement Les Guerrières de la Paix, qui sera à l’honneur pour son action remarquable en faveur du dialogue et de la réconciliation.

Hanna Assouline : une voix pour la paix et la fraternité

Hanna Assouline

Juive séfarade franco-marocaine, Hanna Assouline est une figure inspirante, engagée depuis des années dans la lutte contre le racisme, l’antisémitisme, l’islamophobie et toutes formes de discrimination. Son combat pour le rapprochement entre les communautés juives et musulmanes s’inscrit dans une démarche courageuse et humaniste, qu’elle qualifie elle-même de « troisième voie » : une approche fondée sur l’écoute, le respect mutuel et la reconnaissance de la dignité de chacun. Depuis les événements tragiques du 7 octobre 2023, Hanna Assouline n’a cessé de porter un message de paix, refusant de céder au désespoir et à la division.

En 2022, elle fonde Les Guerrières de la Paix, un mouvement qui réunit des femmes de toutes origines, croyances et cultures autour d’un objectif commun : promouvoir la paix, la justice et l’égalité. Présentes en France, en Israël, en Palestine, en Iran, en Ukraine ou encore au Rwanda, ces militantes incarnent une sororité universelle et agissent à travers des conférences, des forums et des actions de terrain. Leur message, porté par une présence forte et une parole différente, s’oppose à la haine et à la violence, prouvant que l’espoir et le dialogue sont toujours possibles, même dans les contextes les plus complexes. Leur site internet, www.lesguerrieresdelapaix.com, témoigne de l’ampleur de leur engagement.

Des initiatives marquantes pour un monde plus uni

En 2023, Les Guerrières de la Paix ont organisé le premier Forum mondial des femmes pour la paix à Essaouira et à Paris, réunissant près de 300 femmes venues du monde entier. Cette initiative a permis de poser les bases d’un dialogue inclusif et constructif. La même année, en octobre, elles ont participé à une marche historique en Israël et en Cisjordanie aux côtés des mouvements Women Wage Peace et Women of the Sun. Cette mobilisation a rassemblé des milliers de femmes palestiniennes et israéliennes, unies dans un appel vibrant à la paix, défiant les tensions et les blessures du moment. Ce geste fort a valu aux Guerrières de la Paix une nomination au Prix Nobel de la Paix 2025, une reconnaissance internationale de leur impact.

Une soirée riche en émotions et en échanges

Sonia Terrab

La soirée du 17 octobre s’annonce comme un moment de partage et de réflexion. Elle débutera par la remise du Prix de l’engagement humaniste à Hanna Assouline, suivie de la projection de son documentaire Résister pour la Paix, coréalisé avec la militante marocaine Sonia Terrab, cofondatrice du mouvement Hors-la-loi. Ce film poignant donne la parole à des femmes qui, face à la guerre et aux conflits, choisissent le dialogue et la réconciliation plutôt que la haine. À travers leurs témoignages, il met en lumière leur courage et leur détermination à construire des ponts là où d’autres érigent des murs. Un teaser du film est disponible sur Vimeo.

Après la projection, un échange avec Hanna Assouline permettra au public d’approfondir la discussion sur son engagement et sur les actions des Guerrières de la Paix. Pour celles et ceux souhaitant prolonger cette réflexion, Hanna Assouline a également publié un livre, disponible dans les librairies ou via Payot, qui retrace son parcours et ses combats.

Un engagement en résonance avec les valeurs maçonniques

Dans un monde marqué par les divisions et les discours de repli, l’action d’Hanna Assouline et des Guerrières de la Paix résonne profondément avec les idéaux du Grand Orient de Suisse. Fidèle à sa tradition de neutralité, de médiation et d’engagement éthique, cette institution maçonnique voit dans ce mouvement un exemple vivant des valeurs humanistes qu’elle défend. Construire des ponts, défendre la dignité humaine et refuser la fatalité de la violence : tels sont les principes qui guident à la fois les francs-maçons et ces militantes de la paix.

En décernant le Prix de l’engagement humaniste 2025 à Hanna Assouline, le Grand Orient de Suisse célèbre non seulement une femme d’exception, mais aussi toutes celles et ceux qui, à travers le monde, tracent des chemins d’humanité dans l’obscurité des conflits. Cette soirée promet d’être une source d’inspiration pour tous ceux qui croient en un avenir plus juste et fraternel.

Informations pratiques

  • Date : 17 octobre 2025 à 19h30
  • Lieu : Université Ouvrière de Genève (UOG)
  • Programme : Remise du Prix de l’engagement humaniste, projection du documentaire Résister pour la Paix et échange avec Hanna Assouline
  • Entrée : Libre (sous réserve de confirmation auprès des organisateurs)

Ne manquez pas cette soirée unique, placée sous le signe de la paix, de la justice et de l’humanisme, pour découvrir une voix qui éclaire et rassemble dans un monde en quête d’espoir.

Les origines du christianisme-2

Si vous n’avez pas lu l’épisode d’hier :

Aujourd’hui nous abordons la succession de Jésus après sa mort, le rôle de sa famille (notamment Jacques, le frère du Seigneur), les tensions au sein de la communauté primitive, et l’évolution des interprétations théologiques et historiques en explorant les sources bibliques (Évangiles, Actes des Apôtres, épîtres de Paul) et extra-bibliques, en soulignant les anachronismes, les conflits de pouvoir et les développements dogmatiques ultérieurs.

La question de la succession de Jésus : absence d’organisation et émergence des figures clés

Persuadé que le royaume de Dieu se manifesterait de son vivant, Jésus n’a pas organisé sa succession. Cette question ne se pose qu’après sa mort, et parmi les disciples, Pierre semble initialement désigné pour succéder au maître. Cependant, l’Évangile de Matthieu est le seul à soutenir ouvertement la cause de Pierre. À l’inverse, le Livre des Actes des Apôtres, qui décrit la première communauté chrétienne, met en avant la famille de Jésus, et particulièrement Jacques, le frère du Seigneur.

Dans les premiers chapitres des Actes, l’organisation de la communauté semble tourner autour de personnalités comme Pierre, Jacques et Jean, les disciples de Jésus. Pourtant, au fil des années, il apparaît que c’est en réalité la famille qui assure une forme de succession dynastique. Jacques, en tant que représentant de la famille de Jésus, prend en charge la communauté chrétienne de Jérusalem. Cela est étonnant, car les Actes placent la famille de Jésus, y compris Marie sa mère, au milieu du cercle des Douze Apôtres, une attestation unique que les Évangiles ne relatent pas.

L’interprétation proposée est que Luc, l’auteur des Actes et historien de la continuité, cherche à manifester les éléments reliant les événements entre eux pour tisser une continuité théologique. Il met ainsi en évidence la position de la famille de Jésus, notamment de sa mère, avec les Douze, juste après la Résurrection et avant l’Ascension. Cela rassemble les éléments constitutifs du réseau relationnel de Jésus durant sa vie. L’auteur des Actes tend à décrire non pas ce qui se passe réellement, mais ce qui devrait se passer : une communauté profondément unie. Il sait qu’il y a des tensions à Jérusalem, mais il invite à l’unité, en insistant sur des sommaires où la communauté est décrite comme unanime, d’un seul cœur, assidue à la prière, incluant les disciples, quelques femmes, Marie la mère de Jésus et ses frères.
Luc laisse entendre qu’il n’y a plus de tensions entre les disciples et la famille de Jésus. Pourtant, il est probable que la famille ait eu une attitude réservée, voire négative, envers les activités de Jésus. Dans l’Antiquité, les rapports familiaux étaient très forts, et Jésus était perçu comme un marginal, un outsider. Il est fort probable que la famille ait réagi négativement à cela.
Dans l’Évangile de Luc (14,26), Jésus déclare que quiconque vient à lui sans haïr son père, sa mère ou son épouse ne peut être son disciple. Dans celui de Matthieu 10,37, celui qui aime son père ou sa mère plus que lui n’est pas digne de lui.

Les aspects négatifs de la famille de Jésus dans les Évangiles

Il est étrange que les Évangiles insistent sur les aspects négatifs de la famille de Jésus, excepté sa mère. Par exemple, dans Luc, il est question des rapports de Jésus avec les siens lors de son activité à Nazareth, où sa famille habite et où ses sœurs sont mariées. Dans l’Évangile de Marc, les membres de sa famille tentent de l’arrêter, s’opposant à son messianisme et à sa manière de propager ses idées. Ils attendent dehors pour lui parler, et Jésus répond : « Qui sont ma mère et mes frères ? », désignant ceux assis autour de lui comme sa vraie famille.
Marc décrit ces tensions au chapitre 3 : Jésus exorcise des démons et guérit des malades, mais sa famille le croit fou ou possédé par un démon. Jésus affirme alors que sa vraie famille est composée de ses disciples. Dans la jeune communauté chrétienne après Pâques, on est conscient du scandale de cette incompréhension de la part de la famille et des gens de Nazareth.
Dans l’Évangile de Jean au chapitre 7, les frères de Jésus l’invitent à monter à Jérusalem pour se manifester, ne comprenant pas que sa mission se réalise humblement. Les disciples ont la même difficulté. Jean note perfidement que ses frères ne croyaient pas en lui.

Une hypothèse défendue par des spécialistes est que les Évangiles de Marc et de Jean ne reflètent pas la situation exacte des rapports familiaux, mais des luttes de pouvoir et d’influence entre les communautés associées à ces textes. Ils chercheraient à déconsidérer la famille en montrant qu’elle ne l’avait pas soutenu ni compris, et que Jésus les avait implicitement déshérités, affirmant que sa vraie famille est celle des croyants.

Même si la famille croit, elle n’a pas de statut supérieur.

Un autre texte intéressant est celui de Jésus sur la croix, où il confie sa mère au disciple bien-aimé. Certains y voient une preuve qu’il n’avait pas de frères, mais cela passe à côté du sens : Jésus constitue une nouvelle communauté rassemblant disciples et famille, où le vrai disciple et membre de famille est celui qui se comporte comme le disciple aimé.

Les frères et sœurs de Jésus : débats historiques et théologiques

La communauté après la mort de Jésus regroupe compagnons, partisans, membres de la famille et frères de Jésus. Cela surprend, car la tradition catholique n’a jamais accordé à Marie d’avoir eu d’autres enfants que Jésus. Pourtant, durant le premier siècle, c’était différent. À la fin de l’Antiquité et au Moyen Âge, l’Église impose vigoureusement que Marie était vierge lors de la conception de Jésus et toute sa vie, et que Joseph n’avait jamais couché avec elle. Cela contraste avec les premiers textes chrétiens, où Jésus a des frères et des sœurs.

Dans l’Évangile de Marc au chapitre 6, l’évangéliste cite les noms des frères de Jésus : Jacques, Joseph, Judas et Simon, et sous-entend qu’il avait au moins deux sœurs. Derrière ces noms traduits en hébreu se cachent subtilement ceux des grands fondateurs d’Israël : Jacques (Jacob), Joseph, Judas et Simon (patriarches des tribus). C’est une famille très patriote. Marc parle sans réticence de la mère, des frères et des sœurs de Jésus. Ce texte a posé des problèmes dans l’Église en raison d’une affirmation christologique : Jésus comme Fils unique du Père, interprétée biologiquement, rendant indécente l’idée de frères et sœurs.
Marc ignore la naissance virginale, mais même Luc et Matthieu, qui la reprennent, parlent des frères et sœurs. Il n’y a aucune raison de prendre les mots au sens figuré ; les textes doivent être compris littéralement. Dans Luc, Marie met au monde son « premier-né », suggérant d’autres enfants. Les évangélistes après Paul parlent des frères et sœurs sans interprétation artificielle, et c’est cette lecture qui prévaut aujourd’hui, même dans l’exégèse catholique.

Le problème émerge quand Marie est proclamée éternellement vierge, lors de l’élaboration de la doctrine de la conception miraculeuse. Pendant des siècles, les théologiens expliquent l’inexplicable. Cette doctrine reflète la perception théologique de la sexualité aux IVe et Ve siècles : négative. Elle se fonde sur des textes de la fin du Ier siècle mentionnant la virginité à la naissance, et sur des citations détournées de la Bible grecque. Les récits de naissance sont contradictoires, et la virginité vient d’une prophétie mal interprétée pour placer Jésus dans un contexte davidique.
La doctrine se développe avec Ambroise et Augustin, quand le péché originel devient une maladie sexuellement transmissible, sauf pour Marie et Jésus. Cela n’apprend rien sur Marie historiquement ni sur la relation biologique entre Jacques et Jésus. Dans Marc, Jésus est appelé « fils de Marie », ce qui peut impliquer un père inconnu, car on désignait habituellement les gens comme fils de leur père. Une hypothèse est que Jésus était un enfant illégitime de Marie, accepté par Joseph, idée retrouvée dans la littérature polémique juive postérieure (Jésus fils d’un légionnaire romain). C’est peut-être de la diffamation, mais considéré sérieusement par certains spécialistes.

Des sources non chrétiennes, comme le philosophe païen Celse, rapportent que Jésus était fils d’un soldat romain, mais cela vient de sources juives, et les chrétiens y voient une calomnie. L’historien peine à gérer ces documents manipulés. Sur la naissance virginale, il faut interroger l’intention théologique avant l’historicité. Affirmer que Marie était vierge avant la naissance est une chose ; prétendre qu’elle l’est restée toute sa vie (dogme de l’Immaculée Conception) est un développement tardif difficile à soutenir.

Pourtant, la théologie affirme que Marie a donné des frères et sœurs à Jésus sans relations sexuelles, voyant la sexualité négativement.

Les protestants refusent de dénigrer les fondements catholiques, notant que les protestants ont leurs propres fables. Le problème des frères émerge quand on insiste sur la virginité pendant et après la naissance. Il est résolu de plusieurs manières : un texte du IIe siècle ( le Protoévangile de Jacques, ou Nativité de Marie) dit que Joseph, en IX.2, âgé, avait des enfants d’un premier mariage, faisant des frères des demi-frères de Jésus, fils de Joseph mais pas de Marie.

Une autre ligne, développée par Jérôme au IVe siècle, affirme que les frères sont fils d’une autre Marie, rendant Jacques cousin de Jésus. Sa démonstration est peu crédible, mais convainc les convaincus. Dans la tradition catholique, Jacques reste cousin. On argue que les textes grecs sont marqués par une culture sémitique, où « frères » (adelphos) signifie proches parents ou cousins. Mais en grec, il y a des termes distincts pour frères et cousins (anepsios), et l’historien n’a pas de raison d’interpréter autrement.
Cette lecture est confirmée par Paul, qui parle de « Jacques le frère du Seigneur », et adelphos signifie frère, pas cousin. Paul n’utilise pas anepsios. Au niveau historique, en respectant l’autre position, ces frères sont de même père et mère, pas au sens large de parenté.

La question reflète l’étonnement entre l’identité juive palestinienne de Jésus et l’affirmation de foi en son unicité, menant à des spéculations sur les deux natures. Maintenir que Jésus appartient biologiquement à une famille avec frères et sœurs confirme son appartenance au judaïsme, son humanité concrète.

Jacques : figure éminente

Non seulement Jésus a eu des frères, mais Jacques est vite devenu une figure éminente.
Le plus célèbre, connu comme James en anglais, de l’hébreu Ya’akov (prononcé yakov ou yakovers à l’époque). Probablement le plus doué après Jésus. Jacques est la clé de nombreux mystères, un personnage mystérieux, fondamental pour comprendre les conflits internes à la communauté chrétienne et avec le judaïsme.

C’est un personnage clé mais problématique, avec des images contradictoires chez Paul et dans les Actes. Comment est-il devenu majeur ? Paul dans la Première épître aux Corinthiens témoigne que le Christ ressuscité est apparu à Jacques, une histoire unique que seul Paul connaît. Cette apparition, listée dans 1 Corinthiens 15, représente une deuxième vague après celle centrée sur Pierre.

Le texte est construit comme un TGV avec deux rames parallèles : apparitions à Pierre, aux Douze, à plus de 500 frères, puis à Jacques. Le reste du Nouveau Testament n’y fait aucune allusion, montrant que les documents ne donnent pas beaucoup d’importance à Jacques. Pierre et Jacques n’ont laissé aucune trace directe ; on en parle via des conflits ou des présentations extérieures.

En examinant les textes comme en stratigraphie, au milieu du Ier siècle, regarder en arrière est obscur. Jacques disparaît dans la tradition évangélique plus récente, alors qu’il est présent chez Paul. Dans les Actes, il est de première importance. La tradition fluctue.
Chronologiquement : dans l’Épître aux Galates (années 50), Jacques a une certaine importance, avec des tiraillements entre ses partisans et Paul. Dans Marc (65-70), simple mention comme frère. Dans les Actes (plus tard), Jacques est le chef clé de Jérusalem.
Paul, témoin de la première heure, confirme que Jacques était important à Jérusalem, comme Luc. Selon les Actes, la disparition de Pierre (mort ou exil) correspond à la prise de pouvoir par Jacques. Durant la première décennie et une partie de la deuxième après la mort de Jésus, Pierre est le principal chef, mais dans les réunions, Pierre parle en premier, Jacques en dernier, avec ambivalence.
Selon Luc et les apocryphes, Pierre disparaît : il se déplace, sort de prison libéré par un ange, part vers d’autres lieux. Jacques a alors champ libre à Jérusalem. Lors de l’assemblée de Jérusalem (48-49), Jacques est l’homme fort.

Deux mystères : pourquoi Jacques succède-t-il à Pierre ? Et pourquoi une telle autorité à quelqu’un hors des Douze ? Réponses : dans la famille, succession dynastique ; pour les disciples, par affinité. En 30 après J.-C., le christianisme est naissant : Jésus est perçu différemment par Galiléens, Judéens. Suite aux apparitions, Jacques émerge comme figure nouvelle, avec la famille.

C’est une rivalité classique entre famille et compagnons, comme dans l’école lacanienne ou philosophique. Parallèles dans l’islam après Mahomet, ou chez les Mormons : propagation via famille ou disciples.

Dans le christianisme primitif, succession affinitaire avec Pierre (disciple succède au maître), dynastique avec Jacques (membre de famille).

On fait appel à la famille pour régler les problèmes. Jacques est un juif pieux, respecté, pratiquant la loi, allant au temple, comme les premiers chrétiens à Jérusalem. Il incarne une continuité familiale et inscrit la foi au Christ dans le judaïsme.
L’Épître de Jacques reflète peut-être ses opinions conservatrices, proches d’un juif pieux orthodoxe, fidèle à Jésus.
Selon Flavius Josèphe, Jacques meurt lapidé en 62 à l’instigation du grand prêtre Hanane, vu comme rival. Il est connu comme Jacques le Juste, fidèle à la loi, un ascète.


La tradition chrétienne place une épître sous son nom à la fin du Nouveau Testament, mais efface paradoxalement son souvenir. Jacques apparaît initialement central, puis marginal, oublié, réutilisé symboliquement.
Il souffre de trois handicaps : 1) Frère de Jésus à une époque où Jésus n’est plus supposé en avoir (embarrassant). 2) Juif strict, fidèle à la loi mosaïque, pas positif envers les païens, alors que l’histoire va vers l’abandon de la loi et la prééminence des gentils (fossile dépassé). 3) Chef de l’Église de Jérusalem, initialement dominante, mais Rome devient principale avec Pierre et Paul comme patrons (anachronique).

Il perd son identité : de frère, il devient cousin, identifié à Jacques d’Alphée, un apôtre sans personnalité. Victime de la déjudaïsation progressive de l’Église.

Juste après la mort de Jésus, du vivant de Jacques, Pierre et les Douze, la communauté primitive est animée par l’espérance imminente du royaume. Ils se disputent les places dans ce nouvel ordre, un royaume d’Israël purifié de l’occupation romaine, terrestre.

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La loge maçonnique : l’exemple de la tolérance !

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C’est un sujet dont on parle peu tant il pourrait être explosif dans le contexte actuel où les religieux de toutes origines sont tentés d’imposer leurs dogmes. Si la franc-maçonnerie était à l’origine religieuse, grâce à nos frères du Grand orient de Belgique, la liberté de conscience a fait son apparition au 19ème siècle et certains rituels ont été modifiés pour autoriser les non-croyants et les athées à participer à la démarche maçonnique.

La franc-maçonnerie était comme une vieille personne qui se trouvait obligée de changer les habitudes qu’elle avait apprises dans sa jeunesse ! Le résultat fut la scission et seule une minorité d’obédiences acceptèrent de ne plus exiger la croyance en Dieu ! C’est ce qu’on appelle la franc-maçonnerie libérale !

Aujourd’hui, il est clair que s’il fallait nommer un lieu où la tolérance religieuse s’exerce de façon pacifique, ce serait sans hésitation la loge maçonnique !

Nos rituels, dont la cohérence provenait de leur mysticisme, sont aujourd’hui réinterprétés par des non-croyants grâce au concept de la spiritualité qui permet à chacun d’exprimer librement en son for intérieur sa conscience !

En définissant la spiritualité comme une pensée qui se rapporte au monde des esprits, on y englobe la pensée religieuse et tout l’imaginaire immatériel.

Lune et soleil sur fond noir
Lune et soleil sur fond noir

Rappelons tout d’abord que les humains ont, dès leur socialisation, été confrontés à des interrogations pour lesquelles ils n’avaient aucune réponse : pourquoi le jour et la nuit, pourquoi le soleil, pourquoi la lune, pourquoi les étoiles, etc. ?

Les réponses ont été trouvées en faisant intervenir notre capacité à conceptualiser l’imaginaire ; c’est ainsi que l’explication des inconnues qu’ils rencontraient fut trouvée par une intervention de forces invisibles. Selon les avancées des connaissances, les cultures locales et les différentes époques, tout un monde de l’imaginaire avec des mythes et des légendes s’est constitué. L’animisme, le polythéisme et le monothéisme font partie des croyances auxquelles les êtres humains se référaient et auxquelles des populations se réfèrent encore aujourd’hui.

La franc-maçonnerie libérale accepte de facto plusieurs lectures et que l’on soit spiritualiste ou pas, religieux ou non croyant, cela ne nous empêche pas de nous rencontrer, de partager et aussi de fraterniser !

​L’apport fondamental de la pensée maçonnique n’est-il pas de permettre la tolérance entre les différentes approches des mystères ?

Nulle part ailleurs, cette tolérance n’est possible dans un cercle de réflexion !

N’est-ce pas à l’honneur de cette franc-maçonnerie libérale de pouvoir revendiquer cette originalité ?

Lorsqu’on entend les bonimenteurs patentés revendiquer les « valeurs » et en même temps s’engager dans des actions violentes, dans les loges, les francs-maçonnes et les francs-maçons pratiquent la bienveillance et la tolérance !

sept mains en étoile
deux doigts pour chacune des sept mains

Malgré tous les non-dits et les ambiguïtés, l’originalité de la vie des loges provient de la grande tolérance qui permet une coexistence pacifique et un respect mutuel quels que soient les imaginaires de chacun. Dans un contexte mondial où les guerres inter-religieuses font florès, il est un espace social où le respect mutuel existe et permet de vivre ensemble.

Les athées n’ont pas besoin de faire du prosélytisme car, au total ce n’est pas très important d’avoir des croyances diverses et variées dans le domaine du surnaturel à condition que les esprits acceptent de respecter celles et ceux qui n’y trouvent aucun intérêt particulier.

Dans ce XXIème siècle qui se caractérise par une recrudescence des guerres religieuses, la pertinence de la démarche maçonnique dans son essentiel , à savoir la recherche du centre de l’union, est plus que jamais d’actualité.

En enrichissant la démarche maçonnique, l’athéisme apporte une plus grande dimension à l’exigence de tolérance et de laïcité , pour préparer un monde de paix pour croyants et incroyants.

L’énigme des Maîtres – Les mains de l’éternité 

Alors allons plus loin, car L’énigme des Maîtres – Les mains de l’éternité appelle à un décryptage où le récit romanesque se métamorphose en miroir initiatique.
La main en est le signe central, non comme un organe utilitaire, mais comme un langage sacré. Dans la tradition maçonnique, elle est vecteur de reconnaissance, sceau du serment, outil de transformation. Ouvrir la main, c’est manifester la lumière ; fermer le poing, c’est retenir la force.

Dans ce roman, la main se fait indice, énigme et symbole, écho des gestes qui dans nos rituels deviennent langage de l’âme, mais aussi avertissement que tout signe peut être détourné, falsifié ou enfermé dans un simulacre.

L'énigme des Maîtres – Les mains de l'éternité
L’énigme des Maîtres – Les mains de l’éternité

La fresque de la chapelle Sixtine, dans les Musées du Vatican à Rome,surgit en filigrane. Ce chef-d’œuvre de Michel-Ange, peint entre 1508 et 1512 et inauguré par Jules II le 31 octobre 1512, commence par « La Séparation de la lumière et des ténèbres » et culmine dans la célèbre « Création d’Adam ». Tout le cheminement est déjà là : l’acte premier qui dissipe les ombres pour faire naître la clarté, puis le geste suspendu où le doigt de Dieu s’approche de celui de l’homme sans le toucher, laissant vibrer dans l’espace infime qui les sépare l’étincelle de la vie.

Dans cet interstice se tient le mystère… distance infranchissable et promesse d’union, souffle de l’éternité traversant la finitude humaine. C’est ce passage de l’ombre à la lumière, de l’inertie à la conscience, que le roman nous invite à méditer à travers le langage de la main. Les auteurs s’inscrivent dans ce sillage : leurs personnages scrutent des portraits où la main trahit un détail étrange, mais c’est en réalité la question plus vaste qui s’impose – comment, dans l’immobilité d’un geste pictural, se cache le mouvement même de la vie et de l’esprit.

Portrait d’Isaac Newton âgé de 46 ans par Godfrey Kneller (1689).
Portrait d’Isaac Newton âgé de 46 ans par Godfrey Kneller (1689).

Le roman met ainsi en scène une chaîne d’universalité où se croisent savants, peintres et chercheurs de vérité. Comme dans nos rituels, où la chaîne d’union relie chaque frère dans une ronde invisible, un signe cryptique relie Isaac Newton (1642-1727) – mathématicien, physicien, philosophe, alchimiste, astronome et théologien – à d’autres figures savantes, unissant les générations par une main inscrite dans la toile. Nous sommes renvoyés à la conviction maçonnique qu’il existe un langage caché, universel, qui traverse les civilisations et s’offre seulement à celui qui a appris à regarder avec l’œil intérieur.

Ce langage de la main n’est pas seulement biblique ou artistique, il est aussi alchimique. L’annulaire, doigt solaire, celui de l’alliance et de l’éternité, et le majeur, doigt de Saturne, gardien du temps, s’unissent dans une tension entre matière et esprit, temporalité et infinitude. Le geste devient sceau hermétique, rappel que l’initiation consiste à unir les contraires sans les confondre.

Dans la dramaturgie initiatique de l’ouvrage, les flammes qui consument le portrait de John Toland rejouent nos méditations sur le feu purificateur. Détruire une toile est à la fois barbarie et rituel pervers de purification. Cette scène reflète le mythe du bûcher des hérétiques mais aussi le Cabinet de Réflexion où nous méditons sur la mort et la dissolution. L’assemblée cagoulée qui célèbre cette destruction apparaît comme une parodie diabolique de la Loge : mêmes codes, mêmes gestes, mais détournés vers la haine plutôt que vers la fraternité. Là se trouve la leçon : discerner le vrai rituel du simulacre, la main qui bénit de la main qui détruit.

L'énigme des Maîtres – Les mains de l'éternité
L’énigme des Maîtres – Les mains de l’éternité

La figure d’Isaac Newton, omniprésente, prend une dimension initiatique. Savant universel, mais aussi passionné d’alchimie, de cabale et de prophéties bibliques, il incarne le lien entre science et sagesse. Derrière le Newton académique se profile le Newton hermétiste, cherchant dans la géométrie des temples et dans la proportion des astres une clé de salut. Ainsi le roman rejoint l’intuition maçonnique : la science véritable n’est pas accumulation mais voie, passage entre les nombres et l’esprit. Chaque portrait de Newton, chaque main tendue ou posée, devient une station sur ce cheminement.

Lords, conservateurs, enquêteurs, galeristes gravitent autour de ce mystère comme nous autour de l’Orient de nos temples. Chacun incarne un aspect de la quête : mémoire, vigilance, curiosité, transmission. Mais le lecteur est convié à devenir l’interprète ultime. C’est à nous de transformer ces indices en lumière, de faire de ce roman un miroir de notre propre itinéraire initiatique.

Il faut rappeler que ce récit naquit dans le rythme envoûtant du feuilleton, publié sur 450.fm tout au long du premier semestre 2025. Le premier épisode, « Les portraits énigmatiques », parut le 12 janvier ; l’épilogue, le 29 juin, vint clore cette fresque en fragments, dans l’attente et la ferveur des lecteurs. Comme au XIXe siècle avec les Mystères de Paris ou le Comte de Monte-Cristo, le roman sut tenir en haleine par la lente révélation de son mystère. La réunion de ces épisodes en volume prolonge cette tradition et incarne un geste initiatique : du fragment à l’unité, de l’attente à la révélation.

Solange Sudarskis
Solange Sudarskis

La force de l’œuvre tient aussi à l’alliance féconde de ses deux auteurs. Solange Sudarskis, plume familière des lecteurs de 450.fm, a signé plus de deux cents chroniques, poursuivant inlassablement son œuvre de transmission maçonnique et spirituelle. Maître de conférences honoraire, chevalier des Palmes académiques, initiée au Droit Humain en 1977 et membre fondatrice de la loge « L’Arbre de Liberté », elle fut récompensée par le Prix littéraire de l’Institut Maçonnique de France (IMF) en 2017 pour son Dictionnaire vagabond de la pensée maçonnique (Dervy, 2017).

Frédéric Béatrix
Frédéric BÉATRIX, photo © Emmanuelle Marty

À ses côtés, Frédéric Béatrix, architecte diplômé de l’INSA de Strasbourg et fondateur de BLUE architecture, poursuit une recherche passionnée sur la géométrie antique et la philosophie pythagoricienne, publiant dans Parabola à Sydney. Son ouvrage Le tracé primordial ou La géométrie secrète des bâtisseurs (Dervy, 2024) atteste combien la géométrie est pour lui un langage de l’âme.

Leur rencontre donne à ce roman une résonance singulière : le tracé y devient quête, et la main, loin d’être immobile, se fait sceau vibrant, messagère silencieuse d’un langage intemporel.
Ainsi, la lecture de L’énigme des Maîtres ne se réduit pas à une intrigue haletante : elle nous initie à une méditation sur le signe, le geste et la main. Elle nous rappelle que la véritable énigme des Maîtres n’est pas tant dans les toiles volées que dans notre capacité à reconnaître, à travers les siècles, la main invisible qui nous conduit. Et cette main, qu’elle surgisse de la Sixtine ou des portraits de Newton, n’est autre que celle de l’éternité, nous invitant à unir en nous-mêmes le temps et l’esprit, la matière et la lumière.

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L’énigme des Maîtres – Les mains de l’éternité 

Solange Sudarskis – Frédéric Beatrix

Éditions L.O.L., 2025, 254 pages, 18,50 €

Éditions L.O.L., le site

Avec l’ouverture du « Cercle Thierry Marx », la GLDF met les petits plats dans les grands !

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Le restaurant de l’hôtel de la Grande Loge de France, situé rue Louis-Puteaux à Paris (XVIIe arr.), renaît avec une nouvelle saveur. Ce jeudi 4 septembre 2025 au soir, porté par une énergie nouvelle et un souffle d’innovation. Sous un nouveau nom – « Le Cercle par Thierry Marx » – cet espace emblématique dévoile une métamorphose complète : un menu revisité, une équipe culinaire revitalisée, un esprit modernisé et une collaboration prestigieuse avec l’illustre chef Thierry Marx.

Préparez-vous à une expérience culinaire et humaine qui promet de marquer les esprits ! Une Alliance avec un Maître de la Gastronomie et de l’Inclusion.

La Grande Loge de France s’associe avec fierté à Thierry Marx, une figure incontournable de la cuisine française dont le talent et la renommée rayonnent à l’international. Mais ce partenariat dépasse la simple expertise gastronomique : le chef Marx incarne un engagement profond envers la société. Grâce à une politique audacieuse d’inclusion par la formation et l’insertion professionnelle, il transforme des vies et ouvre des horizons. Ce projet commun avec la Grande Loge de France s’inscrit dans cette vision humaniste, alliant excellence culinaire et valeurs fraternelles. Thierry Marx avait déjà assuré le remarquable service traiteur lors de l’inauguration du nouveau musée de la GLDF, le 27 mars dernier, et ce n’était donc qu’un avant-goût d’une collaboration beaucoup plus profonde entre l’Obédience et le chef multiétoilé : des pourparlers puis des négociations ont été engagés, grâce aux bons offices de Jean-Paul O’Meny, sous la Grande Maîtrise de Thierry Zaveroni ; cependant, le contrat a été conclu par le nouveau Grand Maître, Jean-Raphaël Notton qui, l’ayant revêtu de sa signature, assume donc pleinement, désormais, la responsabilité de son exécution.

Un espace repensé pour un accueil chaleureux

Après d’importants travaux réalisés tout l’été, « Le Cercle par Thierry Marx » dévoile un cadre entièrement renouvelé. Mise aux normes, entretien minutieux et décoration raffinée transforment cet espace en un lieu plus accueillant, chaleureux et lumineux. Il faut en remercier grandement l’équipe du CERP pour son dévouement exceptionnel, qui a rendu cette renaissance possible. Dès l’ouverture, les visiteurs plongeront dans une atmosphère où se mêlent élégance et convivialité, un écrin parfait pour savourer cette nouvelle aventure.

Une carte alléchante à prix doux

Table,Set,Restaurant
Banquette et Salle de restaurant avec couverts dressés, table de repas

La carte du « Cercle » a été pensée avec soin pour offrir une qualité irréprochable à un excellent rapport qualité-prix, répondant aux attentes des membres de la Grande Loge de France, tout en restant accessible. Parmi les délices proposés : des entrées oscillant entre 4 et 9 €, un plat du jour à 15 €, et des desserts entre 6 et 8 €. Chaque plat, élaboré sous la direction de Thierry Marx, promet de régaler les papilles, tout en respectant un budget raisonnable. Une invitation à déguster sans se priver !

Ouverture prochaine au public : un pont vers la cité

Grande Loge de France (GLDF), rue Louis Puteaux, Paris 17e arr.
Grande Loge de France (GLDF), rue Louis Puteaux, Paris 17e arr.

Dans la lignée de l’ouverture récente de son nouveau musée, la Grande Loge de France ouvrira bientôt « Le Cercle par Thierry Marx » à tout public pour les déjeuners, du lundi au vendredi, avec un accès dédié. Cet accès aux « profanes » est prévu dans le courant du mois de septembre. Nous ne manquerons pas vous donner alors tous les détails avec des menus et de premières photos des lieux. Bien entendu, pour la Grande Loge de France, cette initiative affirme encore davantage l’ancrage de l’institution dans la vie citoyenne, brisant les barrières entre initiés et profanes. L’effet de curiosité suscité par la notoriété de Thierry Marx, combiné à l’attractivité du musée, invite de nouveaux visiteurs à pousser les portes de cette maison maçonnique, ouvrant ainsi un dialogue inédit avec la société.

Une invitation fraternelle

intérieur de restaurant
intérieur de restaurant vide

Dans sa communication, la Grande Loge de France souligne cette ambition :

« Chers frères et sœurs, ce nouveau lieu s’offre à vous comme un espace de partage et de découverte. Nous vous encourageons vivement à venir vivre cette expérience et à nous faire part de vos impressions. Que ce soit pour un repas entre initiés ou une rencontre avec des curieux attirés par l’aura de Thierry Marx, Le Cercle promet de devenir un lieu de cœur au sein de la Grande Loge de France. »

Le premier service aura lieu le jeudi 4 septembre 2025, pour le dîner, et sera donc exclusivement réservé aux Frères pendant quelques brèves semaines, sachant que, dans un très proche avenir, les profanes pourront eux aussi apprécier la renaissance culinaire de cette crypte désormais dédiée aux réjouissances du palais.

En parodiant une formule chère au nouveau Grand Maître de l’Obédience, Jean-Raphaël Notton, on pourrait dire : « Osez pousser les portes… du Cercle ! » (chacun à son heure)

La parabole du Maître

En mourant, un vieux maître-maçon lègue à ses frères et sœurs un cadeau insolite et captivant. Dans un fragment de parchemin jauni, orné de dessins énigmatiques mais dépourvu de mots, repose un trousseau de clés : celles de sa maison, de tous les bureaux et des cachettes secrètes nichées dans cette modeste demeure. Tremblants d’émotion et d’une curiosité débordante, ses compagnons ouvrent la porte, avides de percer le mystère que leur cher ami a voulu leur transmettre.

Le premier frère interprète ce legs comme une invitation à revisiter un lieu chargé d’histoire, là où il est né, a grandi et s’est épanoui en tant qu’homme, guidant des générations de francs-maçons. Ce sanctuaire abrite les origines des grands travaux écrits, les premiers rituels célébrés, et les soirées d’agapes où résonnaient des conversations chaleureuses et détendues. Sur la table de la grande salle trônent un cordon et un bouton en cuir d’agneau, minutieusement brodés par son épouse adorée, ainsi qu’un maillet en bois gravé de symboles entrelacés, œuvre d’artisans talentueux. Plus loin, dans le bureau, s’entassent des documents fascinants : brevets, concordats, certificats honorifiques, statuts et constitutions. À côté, une boîte de velours renferme des médailles et des récompenses, témoins de ses bonnes actions, de son dévouement maçonnique et de son ancienneté. Chacun de ces objets semble vibrer d’une énergie intacte, comme si les mains de ce maître, parti vers l’Orient Éternel, y avaient laissé une chaleur persistante. Même les braises de la cheminée, allumées depuis deux décennies, paraissent encore rougeoyer d’une lueur vivante.

Le deuxième frère voit dans cet héritage un trésor enfoui dans les livres, anciens comme modernes. Il revoit ces jours mémorables où les conférences enflammaient les débats, où chaque œuvre architecturale donnait lieu à des heures de discussions, tantôt légères, tantôt profondes, mais toujours fraternelles. Avec le temps, ces architectures se sont cousues dans d’épais cahiers, puis publiées sous forme de livres richement illustrés de croquis originaux, dessins humoristiques et photographies. Ces réunions évoquent presque un conclave d’intellectuels ou d’artistes, nourries d’une pensée vive et créative. Aujourd’hui, plonger dans ce granit de la science – cette pierre précieuse léguée par une sagesse intemporelle – exige une vie entière, tant l’enseignement s’avère inépuisable.

La troisième sœur se remémore l’harmonie qui régnait dans cette maison. Comme autrefois, la salle des travaux se prépare avec soin, baignée d’une atmosphère paisible et accueillante, où chaque mérite trouve sa place. Les moments simples côtoient les défis : le Cercle de la Veuve se reforme rapidement avant de se dissoudre aussi vite ; les débats ou votes s’animent parfois, mais la liberté de chaque opinion reste sacrée au sein de la loge. De l’extérieur, la discipline et la légalité interne semblent peser lourdement sur les rituels et les relations, mais c’est une illusion !

Un mécanisme subtil désamorce les tensions, laissant s’épanouir les cordes secrètes de l’âme et révélant la beauté de l’Art Royal sur le chemin de la vie.

Dans cette loge, aucun mépris ne frappe les femmes ni ceux issus d’autres obédiences.

Regard maçonnique sur l’accueil des étrangers

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I – Une réalité incontrôlable, témoin du désordre du Monde !

Les migrations humaines existent depuis les premiers temps de l’émergence de l’espèce humaine sur notre planète. L’origine exclusivement africaine des premiers ancêtres de l’espèce Homo explique que les premières migrations (que l’on date d’environ 1,8 millions d’années avant JC) aient participé au peuplement de la Terre.

Dès nos origines, les migrations apparaissent comme la conséquence de pulsions existentielles : apporter plus de nourritures aux groupes humains, rechercher des ressources nouvelles pouvant être des monnaies d’échanges, investir des territoires plus protecteurs.

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Le caractère pulsionnel des migrations explique l’importante motivation qui pousse des personnes de toutes conditions à affronter les pires difficultés pour réussir leur projet. Il est impossible d’empêcher un mouvement migratoire ! Tout au plus peut-on espérer le dissuader puis l’accompagner ! Faire croire qu’une action policière de retour dans le pays d’origine est possible est une absurdité !

Il est parfois étonnant de voir les Européens aborder ce sujet comme s’il s’agissait d’une problématique ponctuelle et passagère.

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La démographie mondiale galopante, le vieillissement de la population européenne, la multiplication des conflits régionaux inter-ethniques, les conséquences du changement climatique en cours et la corruption endémique dans un contexte de sous-développement, sont les principales causes des migrations contemporaines.

Ces causes témoignent du désordre du Monde ; c’est un désordre durable, en espérant qu’il puisse être amendable, que les communautés humaines se doivent d’intégrer dans les projections qu’elles peuvent faire sur « le Monde d’Après » !

II – Une nécessité : Soutenir les étrangers !

Les francs-maçons, conscients des causes profondes des migrations et de la souffrance humaine que celles-ci peuvent entraîner, ne peuvent rester indifférents aux mensonges qui sont diffusés pour culpabiliser les populations étrangères et les traiter de façon indigne.

La sectorisation des territoires en états et nations a indéniablement accentué les obstacles aux migrations d’une part en interdisant certains trajets, d’autre part en faisant apparaître des zones à moindre risque où les migrants peuvent espérer soit faire une pause dans leurs pérégrinations soit en faire un but à atteindre.

Parce que l’Europe a été incapable d’agir pour améliorer les conditions de vie des étrangers dans leurs pays d’origine afin de leur faciliter le maintien au pays et malgré les difficultés de toutes sortes que les états européens ont érigées pour les dissuader de venir, l’Occident, parce qu’elle est encore globalement une zone de paix, est devenue une destination migratoire recherchée.

Cette immigration est utilisée par les partis xénophobes et démagogues pour susciter
des mouvements de rejet argumentés de façon outrancière et mensongère. Aujourd’hui encore, toute une frange de la population européenne est sensible à la diabolisation des migrants et à leur mise en cause dans les différentes problématiques des vécus des peuples de l’Europe.

Tout cela explique la permanence dans l’actualité d’images de détresse montrant combien ces populations sinistrées doivent supporter des sacrifices pour permettre aux plus chanceux ou aux plus résistants d’espérer un accueil et un peu de tranquillité pour se reconstruire.

Les francs-maçons, imprégnés par leur vocation à plus de fraternité et à plus d’universalité, sont naturellement amenés à comprendre le drame que vivent les migrants et le devoir qu’ils ressentent à déconstruire les argumentations fallacieuses qui les condamnent.

Homme âgé pensif

Les obédiences maçonniques se préoccupent essentiellement d’Ethique ; elles nous expliquent que ce n’est pas dans leurs domaines de compétence de trouver des solutions aux différentes problématiques que connaissent les migrants.

Pour porter assistance et expliquer la problématique il ne reste que l’engagement individuel et l’action publique des loges. Chaque loge peut aussi favoriser un engagement concret à travers un soutien au milieu associatif caritatif.

III – Conclusion

Le drame vécu par des milliers d’étrangers pourrait être au centre d’une action de sensibilisation des francs-maçons européens afin de faire partager deux évidences :

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– d’une part, les étrangers qui arrivent en Europe ne sont pas responsables ; le départ de leurs pays a été motivé par une incapacité à subvenir, dans leurs pays, à leurs existences et à celle de leurs familles. L’urgence voudrait que la communauté internationale prenne à bras le corps le règlement de cette problématique en facilitant le maintien au pays.

– D’autre part, une fois sur place, dans les pays de destinations, ils ont droit au respect de leur dignité d’êtres humains. Tout doit être fait pour faciliter leur intégration en attendant le retour volontaire dans leurs pays lorsque les conditions de vie le leur permettront.

Les loges maçonniques peuvent très bien prendre des initiatives pour réaliser des actions de sensibilisation au soutien des étrangers. Ce serait à l’honneur des loges de montrer que nous ne sommes pas des privilégiés qui ne seraient préoccupés que par des préoccupations personnelles et que nous sommes capables de nous engager au service des personnes en souffrance.

Les étrangers en situation irrégulière sont d’abord des victimes qui n’ont pas d’autre choix que de fuir les zones de guerre, les zones de détresse alimentaire et les zones devenues inhabitables du fait du bouleversement climatique.

Nous ne pouvons que déplorer les conditions de vie que ces personnes affrontent du fait du refus des autorités gouvernementales des différents pays à prendre en charge les obligations sociales sous leurs responsabilités.

Comment rester silencieux devant la désinformation, diffusée par les mouvements d’extrême droite, qui les accuse d’être des facteurs de troubles sociaux et qui menace de les expulser.

Nous nous devons d’affirmer que la solidarité et la fraternité sont des valeurs universelles, facteurs de paix, qui méritent d’être mises en pratique.

Nous sommes convaincus que cette action valoriserait la perception de la démarche maçonnique par l’opinion publique.