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Les ouvriers d’Hiram Abiff : Raison et intuition – II

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De notre confrère elnacional.com

L’Intuition : La Voix Silencieuse de l’Âme

« L’intellect vous mène d’un point A à un point B. L’imagination vous emmène partout. Mais l’intuition vous ramène à la source. »

Cette maxime, attribuée aux traditions zen, capture l’essence mystérieuse de l’intuition, cette faculté souvent qualifiée de « sixième sens », qui fascine et intrigue depuis des siècles. À la croisée de la science, de la philosophie et de la spiritualité, l’intuition se révèle comme un pont entre le conscient et l’inconscient, un guide subtil vers la vérité. Mais qu’est-elle réellement ? Une capacité innée, un don cultivable ou un langage de l’âme ? Cet article explore l’intuition sous ses multiples facettes, de ses fondements neuroscientifiques à ses dimensions philosophiques et spirituelles.

L’Intuition : Entre Instinct et Connaissance

L’intuition est souvent perçue comme une perception immédiate, une connaissance qui surgit sans le filtre du raisonnement conscient. Si l’instinct, plus brut, nous pousse à agir face au danger ou à l’opportunité, l’intuition, elle, nous guide vers une vérité plus profonde, comme une boussole intérieure. Pourtant, l’auteur nous met en garde : l’humain, en raisonnant trop sur ses facultés, tend à confondre instinct et intuition, semant parfois le chaos. Contrairement à l’animal, dont l’instinct est précis car dénué de raison, l’humain navigue dans un équilibre délicat entre ces forces. Sans intuition, l’humanité occuperait une place bien moindre dans l’univers, car c’est elle qui nous permet de transcender la simple logique pour toucher à l’essence des choses.

Dans le cerveau humain, deux modes de pensée coexistent : l’esprit analytique, ancré dans l’hémisphère gauche, excelle dans le raisonnement logique et l’analyse ; l’esprit intuitif, lié à l’hémisphère droit, opère de manière plus fluide, naturelle, et spontanée. Loin d’être un phénomène mystique, l’intuition est aujourd’hui reconnue par les neurosciences comme le fruit de processus cognitifs complexes. Elle repose sur la mémoire implicite, qui stocke nos expériences passées, et sur la capacité du cerveau à reconnaître des schémas à une vitesse fulgurante, sans que nous en ayons conscience. Le cortex préfrontal ventromédian, les noyaux gris centraux, l’insula, l’hippocampe et les lobes temporaux médians s’unissent pour traiter émotions, habitudes et souvenirs, offrant ainsi des éclairs de compréhension instantanée.

Une Faculté au Service de la Décision

Pierre Bayle

Dans les moments de forte pression, lorsque le temps manque pour analyser, l’intuition devient un outil précieux. Notre cerveau, véritable machine de reconnaissance des formes, absorbe et traite une immense quantité d’informations, dont la plupart échappent à notre conscience. Face à une situation nouvelle, il compare les stimuli présents à une archive d’expériences passées, générant des réponses rapides et souvent justes.

Cette « connaissance sans savoir pourquoi » est le fruit d’un traitement subconscient, un dialogue invisible entre différentes régions cérébrales. Et si l’intuition est largement inconsciente, elle peut être affinée par l’exposition à de nouvelles expériences, la réflexion et la pratique de la pleine conscience.

L’Intuition dans les Traditions Spirituelles

Au-delà de la science, l’intuition revêt une dimension spirituelle dans de nombreuses traditions. Dans les écoles ésotériques et hermétiques, elle est perçue comme le « langage de l’âme », un lien direct avec la transcendance. Les rosicruciens parlent de la « lumière du cœur », une étincelle divine guidant l’initié vers l’illumination.

Aurobindo

Pour Sri Aurobindo (1872-1950), poète et philosophe indien, l’intuition est la « perception directe de la Vérité », dévoilée sans l’intermédiaire des sens ou du raisonnement. Dans l’hindouisme, elle est associée à l’ouverture du troisième œil (Ajna chakra), un centre énergétique permettant une vision subtile, antidote à l’ego et révélateur du Dharma, la voie divine. Hermès Trismégiste, figure légendaire de la sagesse antique, affirmait : « Lorsque l’oreille est capable d’entendre, les lèvres se lèvent pour l’emplir de sagesse. » L’intuition, dans cette perspective, est le fruit d’un travail intérieur, un retour à l’origine divine de l’âme.

Les Philosophes et l’Intuition :

Une Réflexion MillénaireL’intuition a captivé les penseurs à travers les âges, chacun y voyant une facette unique de la connaissance humaine :

Emmanuel Kant

Emmanuel Kant (1724-1804) : Sceptique face à une intuition intellectuelle directe, il soutient que la connaissance humaine repose sur des intuitions sensibles (espace et temps), mais ouvre la voie à une intuition morale à travers l’impératif catégorique.

Platon (427-347 av. J.-C.) : Pour lui, l’intuition (noûs) est la capacité de saisir les Idées éternelles – Justice, Beauté, Bien – par la réminiscence, un souvenir de l’âme préexistant à la vie terrestre.

Aristote (384-322 av. J.-C.) : Il distingue le raisonnement discursif, qui analyse, de l’intuition intellectuelle, qui saisit les principes premiers, comme le principe de non-contradiction.

René Descartes (1596-1650) : Il définit l’intuition comme une « lumière naturelle » de la raison, une connaissance immédiate et certaine, à l’image de son célèbre « Je pense, donc je suis. »

Baruch Spinoza (1632-1677) : Pour lui, l’intuition (scientia intuitiva) est le plus haut degré de connaissance, capturant l’essence des choses dans leur lien avec la Nature ou Dieu.

Vers une Redécouverte de l’Intuition

Si ces réflexions philosophiques constituent une base précieuse, elles ne doivent pas figer notre compréhension de l’intuition. Comme le souligne Alicia A. Bailey (1880-1949), écrivaine ésotérique, « nos oreilles sont assourdies par le vacarme de notre civilisation moderne, et pourtant nous discernons parfois des sons qui témoignent d’un monde immatériel. » Dans un monde saturé d’informations, l’intuition nous offre des éclairs de clarté, des visions fugaces d’un état d’être plus subtil. Elle nous rappelle que, derrière le brouillard de la rationalité et de la modernité, il existe une « gloire qui n’a jamais existé, ni sur mer ni sur terre. »

L’intuition n’est pas une relique du passé, mais une faculté vivante, prête à être cultivée. Elle nous invite à équilibrer raison et instinct, à écouter la voix silencieuse de l’âme, et à naviguer avec confiance dans l’incertitude. En fin de compte, l’intuition est ce qui nous ramène à la source.

non pas une vérité figée, mais une quête infinie de sens, de vérité et de connexion avec l’univers.

Découvrir la partie 1

Saint Jean-Baptiste : un voyage ésotérique et maçonnique

De notre confrère expartibus.it – Par Rosamunda Christian

Figure centrale de la tradition chrétienne et emblème puissant du symbolisme maçonnique, saint Jean-Baptiste représente non seulement le précurseur du Christ, mais aussi l’archétype de l’initié qui anticipe la révélation de la Lumière. Sa vie, lue dans une clé ésotérique, devient une métaphore du voyage intérieur que chaque franc-maçon est appelé à entreprendre : de la purification à l’illumination, de la voix dans le désert au silence de la Vérité.

L’Évangile de Luc (1.76) rapporte les paroles prophétiques du père Zacharie :

Toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut; tu marcheras devant le Seigneur pour préparer ses voies.

Saint Jean est l’annonceur, celui qui « prépare le Temple » à accueillir la Lumière.

C’est le symbole de l’initiation à la connaissance supérieure :

Vox clamantis dans le désert : défilés viam Domini.
Jean 1.23

Né d’un ventre que l’on croyait stérile, comme beaucoup de héros mythiques et initiatiques, Jean incarne la renaissance du principe spirituel dans un monde aride.

Il vit dans le désert, loin de la corruption du monde profane, vêtu de poils de chameau et nourri de miel sauvage et de sauterelles. Chaque détail est chargé de sens : le miel, symbole de la connaissance, et les sauterelles, symbole de l’austérité, évoquent une vie de recherche et de rigueur, éléments clés de la voie maçonnique.

Le baptême que Jean pratique dans le Jourdain est la purification de l’âme.

Mais lui-même déclare :

Moi, je vous baptise d’eau, mais celui qui vient vous baptisera du Saint-Esprit et de feu.
Luc 3:16.

Ici l’eau est le premier élément de transformation, mais seul le feu, symbole du Logos et de la véritable initiation, conduit à l’illumination.

Dans le contexte maçonnique, le baptême de Jean représente l’entrée sur le chemin : l’eau purifie des impuretés profanes et prépare la pierre brute à être travaillée. Le feu, quant à lui, transmute : c’est le « feu secret » de l’Alchimiste, celui-là même qui transforme le plomb en or, l’homme vulgaire en Homme de Lumière.

La Franc-Maçonnerie célèbre le solstice d’été avec saint Jean-Baptiste, et le solstice d’hiver avec saint Jean l’Évangéliste. Deux piliers symboliques de l’année solaire et du Temple : la lumière maximale et la lumière minimale, « action et contemplation », le feu solaire et le feu intérieur. Saint-Baptiste, associé au soleil à son zénith, représente l’expansion, la pleine manifestation de la Vérité.

Dans le monde maçonnique, le 24 juin devient non pas un jour de repos, mais de réflexion sur le travail effectué et de préparation à la reprise du travail.

Comme l’enseigne le rituel

le Maçon ne s’arrête pas, mais regarde son travail avec un œil critique pour se renouveler.

Jean est emprisonné par Hérode pour avoir dénoncé l’injustice.

Sa tête est demandée par Salomé et offerte sur un plateau :

Caput Ioannis enregistré.
Marc 6.28

C’est le prix de la vérité. La décapitation est le symbole ésotérique de l’abandon de l’ego, du sacrifice de l’identité profane pour accéder à une connaissance supérieure.

La tête coupée de Jean est une puissante icône : la pensée séparée du corps, l’esprit qui survit à la matière. Un rappel du Logos, du Verbe, de la Sagesse initiatique qui surmonte la mort physique.

Dans les Évangiles apocryphes, Jean est souvent décrit comme le pont entre l’Ancien et le Nouveau Testament, entre la Loi et la Grâce.

Dans l’ Apocalypse , écrite par l’autre Jean, nous lisons :

Beatus qui legit et qui audiunt verba Prophetiae

Heureux celui qui lit et entend les paroles de cette prophétie.

C’est une invitation à la vigilance, à rechercher la vérité au-delà du voile, la tâche sacrée du Maçon.

Saint Jean-Baptiste n’est pas seulement une figure historique ou religieuse, mais un symbole éternel de régénération spirituelle.

Pour le Franc-Maçon, il est le Premier Initiateur, celui qui montre la Voie mais n’est pas le but.

Célébrer sa journée signifie honorer la Lumière, la Vérité et le Chemin, c’est un avertissement à chaque Frère et Sœur :

Que la lumière soit et la lumière fut.

Lancement du livre «Les secrets du grand maître entre musique et franc-maçonnerie » : une plongée dans l’univers de Giacomo Puccini

De notre confrère beckmesser.com

Le monde de la musique et de la littérature a vibré avec le lancement du livre « Les secrets du grand maître entre musique et franc-maçonnerie » de Paolo Nuti, publié par Babelcube Books. Cet ouvrage, traduit par Heredia Rojas, explore le lien fascinant entre Giacomo Puccini, l’un des plus grands compositeurs d’opéra italiens, et la Franc-maçonnerie, institution souvent entourée de mystère.

Avec ses 69 pages, vendu au prix de 12 euros (ISBN 9781507199336), ce livre mêle habilement éléments biographiques, anecdotes personnelles de l’auteur et références historiques, invitant le lecteur à un voyage captivant à la découverte des secrets du « Gran Maestro ». Cependant, certaines critiques, comme celle publiée sur le site Beckmesser, regrettent que le titre promette plus qu’il ne livre, le thème de la franc-maçonnerie étant abordé de manière superficielle, tandis que l’ouvrage s’appuie davantage sur les souvenirs personnels de l’auteur.

À l’occasion de ce lancement, nous vous proposons de redécouvrir la vie et l’héritage de Giacomo Puccini, figure centrale de cet ouvrage, dont la carrière et les liens supposés avec la franc-maçonnerie suscitent encore curiosité et débats.Giacomo Puccini : une vie dédiée à l’opéraGiacomo Antonio Domenico Michele Secondo Maria Puccini naît le 22 décembre 1858 à Lucques, en Toscane, dans une famille profondément ancrée dans la tradition musicale. Issu d’une lignée de compositeurs et de musiciens d’église, Puccini est le sixième des neuf enfants de Michele Puccini, organiste et compositeur respecté. Après la mort prématurée de son père en 1864, le jeune Giacomo est formé par son oncle Fortunato Magi, puis à l’Institut musical de Lucques, où il se distingue rapidement par son talent.À 18 ans, Puccini assiste à une représentation de Aida de Verdi à Pise, une expérience qui marque un tournant décisif dans sa vocation : il décide de se consacrer à l’opéra. Il poursuit ses études au Conservatoire de Milan sous la direction d’Amilcare Ponchielli, qui reconnaît son génie. C’est là qu’il compose son premier opéra, Le Villi (1884), un succès modeste mais prometteur qui attire l’attention de l’éditeur Giulio Ricordi. Ce dernier devient un soutien crucial pour Puccini, lui commandant des œuvres majeures.Une carrière jalonnée de chefs-d’œuvrePuccini s’impose rapidement comme l’héritier de Verdi dans le paysage de l’opéra italien. Ses œuvres, marquées par une sensibilité dramatique et une richesse mélodique, révolutionnent le genre. Parmi ses opéras les plus célèbres, on compte :

  • Manon Lescaut (1893), qui consacre son talent malgré des défis dans la composition.
  • La Bohème (1896), un chef-d’œuvre d’émotion et de réalisme, dépeignant la vie des artistes bohèmes à Paris.
  • Tosca (1900), un drame intense mêlant politique, passion et tragédie.
  • Madama Butterfly (1904), une œuvre poignante sur l’amour et le sacrifice, bien que sa première représentation ait été un échec avant d’être retravaillée avec succès.
  • Turandot (1926), inachevé à sa mort, mais devenu un monument de l’opéra grâce à ses airs puissants comme « Nessun dorma ».

Puccini excelle dans l’art du verismo, un courant réaliste mettant en scène des personnages ordinaires confrontés à des émotions universelles. Ses mélodies, d’une expressivité rare, et son sens aigu du théâtre font de lui un compositeur universellement admiré. Comme le souligne un post sur X, Puccini fut « le dernier géant de la composition opératique italienne », mêlant motifs italiens et allemands avec une maîtrise unique de la polyphonie et du chromatisme.Une vie personnelle tumultueuseEn dehors de la scène, la vie de Puccini est marquée par des passions et des controverses. En 1884, il entame une relation avec Elvira Gemignani, épouse d’un ami, qui devient sa compagne et, plus tard, son épouse après la mort de son mari en 1904. Leur relation, bien que passionnée, est tumultueuse, marquée par des accusations d’infidélité. En 1909, un scandale éclate lorsque leur domestique, Doria Manfredi, se suicide après avoir été accusée à tort par Elvira d’être la maîtresse de Puccini. Cet épisode ternit l’image du compositeur et alimente les commérages.

Puccini est également un homme de son temps, passionné par les innovations technologiques comme l’automobile et les voyages. Il s’installe à Torre del Lago, un village paisible où il trouve l’inspiration, mais fréquente aussi les cercles mondains et artistiques. Fumeur invétéré, il succombe à une crise cardiaque le 29 novembre 1924 à Bruxelles, à l’âge de 65 ans, laissant Turandot inachevée.Puccini et la franc-maçonnerie : un lien énigmatiqueLe livre de Paolo Nuti s’intéresse à un aspect moins connu de la vie de Puccini : son supposé lien avec la franc-maçonnerie. Selon l’auteur, Puccini aurait atteint le grade 33, le plus élevé du Rite Écossais Ancien et Accepté, une affirmation qui intrigue mais manque de preuves solides. L’ouvrage explore cette connexion à travers un mélange de fiction et de faits historiques, suggérant que l’universalisme maçonnique aurait influencé l’œuvre du compositeur. Cependant, la critique de Beckmesser note que le traitement de la franc-maçonnerie reste superficiel, l’auteur s’appuyant davantage sur ses propres souvenirs et une approche romancée que sur des éléments concrets.

La franc-maçonnerie, institution philosophique et philanthropique fondée au XVIIIe siècle, valorise la liberté de pensée, l’autoperfectionnement et la fraternité. Ses rituels, riches en symboles géométriques et architecturaux, ont inspiré de nombreux artistes, dont Mozart, dont l’opéra La Flûte enchantée est empreint de références maçonniques. Dans le cas de Puccini, les indices de son appartenance restent anecdotiques, mais l’idée d’un lien entre sa quête d’universalité artistique et les idéaux maçonniques alimente le mystère.

L’auteur et le lancement du livrePaolo Nuti, informaticien de profession et écrivain amateur résidant en Angleterre, signe ici un ouvrage qui reflète son amour pour la culture italienne et son admiration pour Puccini. Originaire de Toscane, comme le compositeur, Nuti a débuté en 2013 avec une guide sur les lieux de Harry Potter à Londres. Dans Los secretos del Gran Maestro, il mêle souvenirs personnels et recherches historiques, offrant une perspective originale, bien que parfois décousue, sur la figure de Puccini.

Le lancement du livre, annoncé le 2 juillet 2025, coïncide avec une période d’effervescence culturelle, comme en témoigne la nouvelle saison de Radio Clásica et le Festival International de Godella, qui promeut de jeunes talents musicaux. Cet événement s’adresse aux passionnés d’opéra, aux amateurs d’histoire et à ceux que les mystères de la franc-maçonnerie intriguent. Malgré les réserves sur la profondeur du propos, l’ouvrage promet une lecture divertissante et une invitation à redécouvrir Puccini sous un angle inédit.

Un hommage à un géant de l’opéraLos secretos del Gran Maestro entre música y masonería est plus qu’une simple exploration biographique : c’est une tentative de relier l’art intemporel de Puccini à une dimension ésotérique, bien que cette connexion reste spéculative. Giacomo Puccini, dont la vie et l’œuvre continuent d’enchanter le monde, reste une figure emblématique de l’opéra italien, un compositeur dont les mélodies transcendent les époques. Ce livre, malgré ses limites, offre une occasion de célébrer son génie tout en s’interrogeant sur les influences cachées qui ont pu façonner son art. Pour les amateurs de Puccini, c’est une invitation à plonger dans son univers, entre passion, tragédie et mystère.


Sources :

  • Post sur X par @ALBERTOHZARATE, 22 décembre 2021.
  • Beckmesser, « Reseña de libro : Los secretos del Gran Maestro entre música y masonería », 2 juillet 2025.
  • Amazon.es, description du livre Los secretos del Gran Maestro entre música y masonería.
  • Wikipédia, « Giacomo Puccini », https://fr.wikipedia.org/wiki/Giacomo_Puccini

JOABEN – « La Lumière – Repères pour temps troubles »

Dans les vastes corridors de l’esprit où la lumière s’entrelace aux ombres dans une étreinte mystique, l’éditorial de Philippe Guglielmi s’élève comme une porte ouverte sur un temple intellectuel, un seuil où résonnent les échos des Lumières traversés par les murmures de leurs contrepoints obscurs. Philippe Guglielmi, dont la plume semble puisée dans l’éther vibrant des idéaux républicains, nous guide à travers un périple introspectif où les ombres mouvantes de notre époque s’entrelacent aux lueurs d’un passé irradiant d’espérance.

Sa voix, empreinte de la dignité d’un Très Sage et Parfait Grand Vénérable du Grand Orient de France, porte une gravité sacrée, un appel vibrant à raviver la flamme initiatique face aux vents contraires qui menacent de l’étouffer. Il nous parle des Lumières comme d’une promesse vivante, un héritage que nous devons façonner à nouveau, loin de toute idolâtrie, en affrontant les Anti-Lumières qui, sous des masques de certitude, disséminent le doute et la discorde. Une tension féconde traverse ses mots, celle d’un gardien du temple qui, refusant la complaisance d’un passé figé, nous presse de faire de la raison et de la fraternité des flambeaux pour éclairer nos propres sentiers.

Philippe Guglielmi ne se contente pas de chanter une gloire révolue ; il nous convie à une vigilance ardente, à un retour aux sources où la lumière jaillit d’une quête collective, un labeur patient de polissage des pierres brutes que nous portons en notre âme.

Et puis, dans cette symphonie d’idées qui vibre comme un chant maçonnique, la voix de Laurent Kupferman s’élève, un hymne vibrant dédié à Joséphine Baker, symbole d’unité nationale et héroïne universelle dont l’âme rayonnante transcende les âges. Laurent, envolé vers l’Orient Éternel le 2 juillet dernier, laisse en héritage un testament d’amour et de justice, une ode à cette femme née dans les ombres de la ségrégation américaine, transformant sa vie en un arc-en-ciel de résistance. Historien passionné, né en 1966 à Paris d’un père, Fred Kupferman, chroniqueur des heures sombres de l’Occupation, et d’une mère, Sigrid, plume sensible aux nuances de l’âme, Laurent a consacré son existence à tisser des liens entre mémoire et idéal. Ses écrits, tels que Le Paris des Francs-Maçons (2009) ou le documentaire « Joséphine Baker, un destin français » (2023), témoignent d’une quête où l’érudition s’unit à un engagement fervent. Sa pétition « Osez Joséphine », qui en 2021 rassembla des milliers de voix et porta cette artiste au Panthéon, fut un acte d’alchimie sociale, un geste où la Franc-Maçonnerie trouva l’une de ses expressions les plus éclatantes.

Dans son texte, Laurent Kupferman dépeint Joséphine comme une initiée sans tablier, une sœur dont la danse devint un rituel de libération, un mouvement qui s’éleva des planches poussiéreuses du « Revue Nègre » en 1925 jusqu’aux sommets de la Résistance française, où son sourire éclatant dissimulait des messages de liberté. Sa tribu arc-en-ciel, sanctuaire pour les orphelins de toutes nations, se révèle sous sa plume comme un symbole maçonnique, un atelier universel où l’amour dissout les barrières. Laurent nous dévoile une Joséphine affrontant les ténèbres du racisme et de l’antisémitisme avec la lumière de l’action, collaborant avec la France libre, soutenant Martin Luther King, incarnant un universalisme que la Franc-Maçonnerie aspire à voir fleurir dans le monde profane. La douleur de sa disparition récente se mue sous ses lignes en une force rayonnante, comme si Joséphine, depuis l’éternité, continuait de danser dans les loges invisibles de nos cœurs.

Et dans cet écrin de pensées, le remarquable ouvrage Lumières, Franc-maçonnerie, Laïcité, 120 ans d’engagement- 1905 – 2025, publié chez Numérilivre et préfacé avec majesté par le Grand Maître Nicolas Penin, s’ajoute comme une pierre précieuse, chroniqué avec soin en page 85 de cette même revue. Charles Coutel y déploie une méditation qui coule comme un ruisseau d’or à travers les pages, reliant les époques avec une grâce intemporelle. Là, l’ombre et la lumière s’entrelacent dans un ballet initiatique, miroir de l’âme humaine en quête de vérité. La Franc-Maçonnerie, fille des Lumières nées en 1728, porte en son sein cette tension féconde où la raison s’élève comme une flamme vive, tandis que l’ombre devient une alliée silencieuse, un terreau où la vigilance s’enracine.

Charles Coutel nous guide à travers une fresque historique où les siècles se répondent comme des échos dans une crypte sacrée, évoquant les lendemains sombres de la Seconde Guerre mondiale où l’ombre semblait avoir englouti les idéaux, pour nous presser de raviver cette lumière par une vigilance sans cesse renouvelée. Cette résonance avec notre époque troublée nous pénètre au plus profond, nous rappelant que le temple intérieur de chacun doit rester un sanctuaire de résistance. La Franc-maçonnerie, dans sa vision, devient un phare qui éclaire sans aveugler, un appel à ne pas céder aux mirages de l’ignorance ni aux excès d’un fanatisme déguisé.

Ces trois voix – Philippe Guglielmi, Laurent Kupferman, Charles Coutel –, que mon choix a réunies en un foyer d’attention, s’entrelacent dans une harmonie initiatique, un dialogue où la lumière ne se contente pas de briller, mais se forge dans l’épreuve. Philippe Guglielmi nous appelle à protéger l’idéal des Lumières contre les assauts de l’obscurantisme moderne, Laurent, par le prisme de Joséphine, nous montre comment cette lumière s’incarne dans une vie offerte au service de l’humanité, et Charles Coutel nous invite à une confrontation active où l’ombre et la lumière se transmutent en une quête de vérité.

Ensemble, ils tissent une tapisserie où la Franc-Maçonnerie apparaît comme un phare vivant, un espace où ces forces contraires se conjuguent pour nous élever vers une fraternité plus haute. Nous, lecteurs, nous tenons au seuil de ce Temple intérieur, invités à allumer nos propres chandelles, à porter la flamme avec humilité, conscients que chaque pas vers la lumière exige de traverser l’ombre avec une foi inébranlable, en ce jour où le temps semble suspendu entre l’aube et l’infini.

JOABEN – La Revue « La Lumière – Repères pour temps troubles »

Grand Chapitre Général du Grand Orient de France

Rite Français 1728- 1786

Collectif – Conform édition, N°25, juin 2025, 96 pages, 14 €

Disponible chez l’éditeur https://www.conform-edit.com/produit/joaben-n25-la-lumiere-reperes-pour-temps-troubles-frais-de-port-inclus/

Chevalerie et Franc-maçonnerie

Lorsqu’il recevait la collée, au cours de la cérémonie de son adoubement, le chevalier du Moyen-Âge était d’une certaine manière initié à une nouvelle vie, à de nouveaux devoirs : pauvreté, chasteté, défense du faible, générosité, courage, loyauté, miséricorde et fidélité, soumission et humilité, qui pouvaient aller jusqu’au sacrifice suprême.

Alors que les rituels d’initiation dès le 1er degré s’achèvent par ce qui s’apparente indiscutablement à un adoubement chevaleresque, le franc-Maçon se verra explicitement nommé chevalier au cours de sa progression telle que la propose le Rite Écossais Ancien et Accepté, se fondant successivement sur trois référentiels.

Une première fois en effet, au 11ème degré, Sublime chevalier élu, afin de participer à la poursuite des meurtriers d’Hiram Abi dans un premier référentiel salomonien vécu au travers du symbolisme puis de la recherche de la connaissance.

Au 15ème degré ensuite, Chevalier d’Orient et de l’Épée : après le retour de captivité à Babylone, les compagnons de Zorobabel entreprirent de rebâtir le Temple, l’épée d’une main et la truelle de l’autre, car les peuples voisins s’efforçaient d’interdire par la force la reconstruction de l’édifice sacré.

Mais ces degrés font l’objet d’une communication plutôt que d’une véritable initiation.

La cérémonie d’élévation qui associe 17ème et 18ème degrés va, par contre, donner aux devoirs du chevalier leur pleine signification.

Le 17ème degré en effet, Chevalier d’Orient et d’Occident « marque le lien entre l’Ancienne Loi et la Nouvelle » et introduit le deuxième référentiel, la filiation chevaleresque de l’Ordre maçonnique, référentiel au demeurant – et comme le précédent – bien plus symbolique ou mythique qu’historique, faisant des Croisés, et plus précisément de certains Ordres de Chevaliers chrétiens, les ancêtres des Maçons.
Selon la geste maçonnique du 17ème degré, les Croisés d’Occident s’unissent aux initiés d’Orient et y créent un Ordre nouveau, devenu plus tard l’Ordre du Temple.
Les Chevaliers d’Orient et d’Occident qui sont leurs descendants ont pour objectif d’édifier leur Temple spirituel, celui de la Jérusalem céleste qu’annonce, après Ézéchiel, Saint Jean l’Évangéliste dans l’Apocalypse.

Tel était en tous cas le lignage proposé par le chevalier de Ramsay.

Enfin le 18ème degré, chevalier Rose-Croix, va développer le troisième grand référentiel de la tradition maçonnique, volontiers qualifié de Christique, le message d’Amour et l’exaltation des vertus théologales que sont la Foi, la Charité et l’Espérance.

Pour l’essentiel en effet, il n’est pas question à ce degré de Chevalier Rose-Croix d’agir en tant que chevalier d’armes, mais de se comporter en chevalier de l’Esprit.
Pour autant que le combat soit au plan spirituel, il n’en comporte pas moins d’impérieux engagements.

L’initiation au 17ème puis au 18ème degré conduit le franc-Maçon à s’engager plus avant, pour faire régner l’Ordre à la place du chaos et l’Amour plutôt que la dissension.

Ainsi, à l’instar de son devancier médiéval, le Chevalier Rose-Croix est engagé activement au service d’une cause qui le dépasse et le conduira à se dépasser.
La Chevalerie de l’Esprit a certes ses titres, elle a aussi et surtout ses servitudes et ses devoirs.

Quel est dans cette perspective le combat du Chevalier Rose-Croix ? Quels sont ses engagements ?

Tout homme est perfectible. Le premier engagement d’un Franc-maçon, son premier combat, est de redécouvrir en tout homme et d’abord en lui-même l’homme juste et bon vers lequel tendre ensuite concrètement. Mais le connaître, le re-connaître, c’est bien entendu déjà le concrétiser. C’est tout le sens du « Connais-toi toi-même » jadis gravé au fronton du Temple de Delphes.

Le combat du Chevalier Rose-Croix est aussi le combat de tout Maître Maçon : combattre l’ignorance, le fanatisme et l’ambition, les mauvais compagnons qui persistent en lui, embusqués, prêts à ressurgir. Combattre, le mot est sans ambiguïté : il s’agit bien là d’un combat, d’un engagement tel qu’un chevalier peut recevoir ou se donner mission d’en faire l’objet même de son existence…

Ici, au nom du principe selon lequel on ne serait jamais initié que par soi-même, chacun de nous se donne cette mission, la porte en lui. Mais il n’en est pleinement investi que grâce à ses Frères, ravivant son zèle et raffermissant son engagement lors du travail partagé, à chaque rappel auquel, précisément, l’invite le rituel.

Le combat du Chevalier Rose-Croix, c’est ensuite se dépasser. C’est ce que signifie entre autres passer de l’Équerre au Compas, et poursuivre sa quête initiatique vers la Lumière, par l’accès progressif à une spiritualité de plus en plus haute. La recherche de la Vérité et de la Parole perdue n’a pas de terme. Rappelons-nous que la recherche de la Vérité commence par la recherche de sa vérité intérieure : le combat du maçon est donc celui, sans fin, de son propre perfectionnement.

Le 18ème degré ajoute à ces devoirs celui d’un autre combat. Nous sommes ici engagés dans la Chevalerie de l’Esprit. C’est sur ce plan que se livrera le combat qui a pour objet la libération spirituelle du Chevalier Rose-Croix. En cultivant l’Harmonie et l’Amour, il vise à faire régner la paix véritable, la concorde universelle, l’Ordo auquel invite le plan tracé par le Grand Architecte de l’Univers. La Nouvelle Loi s’exprime ici au travers de la Parole retrouvée, là où, à l’intersection de l’Horizontale et de la Verticale, jaillit la Rose mystique.

Le combat du Chevalier Rose-Croix est donc un combat pour l’Amour.

Chevalier de l’Esprit, le Maçon du 18ème degré parcourt le monde armé non d’une épée mais d’une simple baguette, offrant à chacun sur sa route l’occasion de découvrir en lui-même sa part d’Universel, grâce à la pratique des trois vertus théologales, la Foi, la Charité et l’Espérance.
Bâton de pèlerin, bâton de commandement, cette baguette résume finalement la mission du Chevalier Rose-Croix vis-à-vis de ses Frères en humanité.
Lorsqu’il se sentira las devant l’âpreté du chemin à parcourir, il pourra s’appuyer sur cette baguette, qui figure ici l’acquis, la connaissance. Et lorsqu’il aura charge d’âme, dans sa vie maçonnique comme dans sa vie profane, il saura s’en servir pour exercer son autorité « avec vigilance, bienveillance et modestie »

Quels principes guideront cet itinéraire, cette véritable croisade qu’entreprend le Chevalier Rose-Croix ?

Ceux que figurent les quatre roses ornant les quatre angles de la croix sur l’écu héraldique du 18ème degré, les quatre vertus cardinales que sont la Prudence, la Tempérance, la Force et la Justice.
Par « Force » il faut comprendre surtout fermeté d’âme, persévérance et détermination dans la recherche de la vérité, la recherche de cette Parole perdue et retrouvée substituée en attendant mieux.
« Tempérance » évoque « retenue », maîtrise des passions et donc discrétion ou mieux encore humilité, à l’image du Plus Humble de Tous, celui qui a reçu les Chevaliers Rose-Croix et qui était le plus éclairé, lui qui savait que toute inspiration vient d’en haut.

Qu’il soit permis de préciser ici qu’un Maçon élevé dans une tradition religieuse non chrétienne, ou hors de toute religion n’a pas à être gêné par les références Christiques du 18ème degré, ni par les engagements auxquels il appelle. Nul ne saurait en effet contester que le message d’amour universel, inscrit conjointement à l’affirmation de l’unicité du Créateur de l’Univers dans le l’Exode et dans le Lévitique, n’a rayonné au-delà des limites de la Judée antique que grâce au message porté par les disciples du Christ.

De même, qu’il faut espérer que les Frères chrétiens ne sont pas gênés de s’essayer aux hébraïsmes parfois approximatifs des degrés salomoniens du Rite Écossais Ancien et Accepté. Le sens symbolique de l’édification du Temple de Salomon, comme celui de la Parole d’Amour du Christ, ont valeur d’universel, au-delà de toute pratique religieuse spécifique.

On notera qu’à l’instar des anciens Chevaliers, le Chevalier Rose-Croix ne saurait limiter son engagement au seul temps passé à ce degré ni à ses seuls Frères initiés. Les travaux du Chapitre ne sont jamais interrompus, mais simplement suspendus. Plus encore qu’en Loge symbolique, l’œuvre commencée dans le Temple doit être continuée au dehors.

Il nous faut en venir concrètement à l’engagement du Chevalier Rose-Croix.

L’engagement du Chevalier Rose-Croix témoigne de son espérance et de sa foi en la possibilité pour l’homme de construire un monde où règnent la tolérance et l’équité.
C’est bien à un engagement total que le président de l’Atelier appelle les Chevaliers Rose-Croix à la reprise des travaux, lorsqu’il les exhorte ainsi : « Consacrons toutes nos forces en de nouveaux travaux afin de retrouver la Parole perdue. »

L’engagement du Maçon admis au 18ème degré doit s’étendre à sa vie tout entière, à chacune de ses pensées et de ses actions. C’est ce qu’indique sans ambiguïté le Rituel d’initiation qui précise que la Foi, bien plus qu’une croyance aveugle en des dogmes ou en une révélation- dont chacun reste évidemment libre -, est « une tension qui se manifeste dans le cœur de l’homme et le porte à consacrer, sans défaillance, toute son énergie et même sa vie à la poursuite de l’idéal engendré par l’Espérance », poursuivant pas à pas « sa route vers une ère de Vérité et de Lumière, vers le royaume de l’Amour et de l’Esprit ».

Quant à la Charité, dit toujours le Rituel d’initiation, elle doit s’entendre, pour « les Chevaliers Rose-Croix héritiers de la Chevalerie qui s’érigea en défenseur des faibles et des opprimés », comme « le dévouement total à leurs semblables, qu’ils sont tenus d’aider, d’assister et d’aimer ». Se reconnaissant comme une infime partie du tout qu’est le Cosmos dans son ensemble, le Chevalier Rose-Croix est porté à « s’identifier par un acte d’amour à tout ce qui vit. ». Dût-il pour cela se sacrifier, comme le lui rappelle le Pélican symbole du grade.

Parce qu’il a retrouvé la Parole et qu’il a pour mission d’en répandre l’enseignement, il va partager le Pain et le Vin, avec celui qui a faim et soif de cette nourriture spirituelle.
Il devra en cela faire preuve de discernement, en réservant ce don précieux à celui qui saura se montrer demandeur, et prêt à le recevoir. La nourriture spirituelle dont il est question ici ne doit pas être galvaudée ni corrompue faute d’être convenablement partagée et reçue. Ainsi, lorsque chacun a reçu sa part, le reliquat doit être livré au feu qui régénère toute chose.

Alors le Chevalier Rose Croix est prêt à accomplir son devoir, qui est de propager sur la Terre toutes les vertus qui naissent de la Foi et de la Charité.

Comme il s’y était engagé en tant que Chevalier d’Orient et d’Occident, il mettra en effet le meilleur de lui-même à poursuivre l’idéal maçonnique « reposant sur la seule primauté de l’Esprit et qui, conformément à la Tradition, assure la transmission de l’influence spirituelle de l’Ordre ».
Sans doute est-on conduit à imaginer qu’il lui appartiendra plus tard de tendre vers la concrétisation de cet engagement, inspiré et fortifié par son cheminement, éclairé par la loi de l’Amour universel, conscient de ses devoirs, le temporel se nourrissant alors du spirituel.

Mais pour l’instant, le combat du Chevalier Rose-Croix n’est essentiellement qu’au plan de l’esprit.

C’est bien encore dans cette perspective qu’à l’heure où les Chevaliers voient venue l’heure du Parfait Maçon et où les travaux du Souverain Chapitre sont suspendus, il leur appartient d’aller « combattre l’ignorance, le fanatisme et l’ambition et de faire régner à leur place le dévouement, la charité et la vérité », en répandant les enseignements de la Parole telle qu’ils l’ont retrouvée.

Ainsi pourrions-nous être tenté de parler de grade « missionnaire », voire, sans que le propos doive naturellement être pris au sens religieux, d’un rôle « évangélisateur », par la parole et surtout par l’exemple.

S’efforcer d’être exemplaire, être déterminé et loyal, désintéressé, humble, altruiste et généreux : sans doute peut-on faire une analogie avec le « code de l’honneur » que respectaient les chevaliers d’armes. Il s’agit pour le Chevalier Rose-Croix de respecter des règles morales strictes tandis qu’il accomplit son triple engagement : défendre la foi, fortifier l’espérance et répandre la charité.

Telle est la mission dont est investi le Chevalier Rose-Croix, Chevalier de l’Esprit, pasteur de peuple, invité à cultiver la vertu, le devoir, le sacrifice en s’engageant dans une véritable croisade d’Amour, afin de faire rayonner l’idéal de l’Ordre, en son sein comme au dehors.

Et c’est bien cette mission exaltante qui lui fait répondre, lorsqu’on lui demande s’il est Chevalier Rose-Croix, « J’ai ce bonheur. ».

Les ouvriers d’Hiram Abiff : Raison et intuition – I

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De notre confrère elnacional.com

En philosophie, la raison est bien plus qu’une simple faculté cognitive : elle est la vertu qui distingue l’être humain, lui permettant de questionner, de reconnaître, de vérifier, de débattre et de déduire ou induire des concepts nouveaux à partir de ceux déjà maîtrisés. Selon l’Encyclopédie, la raison est un processus actif d’investigation et de réflexion, un outil essentiel pour structurer la pensée et comprendre le monde.

Elle se manifeste sous deux formes principales : le raisonnement déductif, où la conclusion découle logiquement des prémisses, et le raisonnement inductif, qui généralise à partir d’observations particulières. Mais au-delà de ces mécanismes, la raison est une quête perpétuelle de vérité, un pont entre l’esprit humain et l’univers.

La Raison selon les Grands Penseurs

Emmanuel Kant

Pour Emmanuel Kant, dans sa Critique de la raison pure (1781), la raison se divise en deux sphères : la raison théorique, qui s’applique à la compréhension de la réalité et à la formation de jugements, et la raison pratique, qui guide les comportements selon des principes éthiques. Kant souligne que la raison est la capacité humaine à justifier ses jugements auprès d’autrui, une idée qui fait écho à la célèbre maxime de René Descartes, philosophe français du XVIIe siècle : « Je pense, donc je suis. » Cette formule révolutionnaire ancre l’existence humaine dans la pensée rationnelle, affirmant que l’homme est avant tout un être pensant.

Pourtant, la raison ne règne pas toujours en maître. David Hume, philosophe écossais et disciple de Descartes, affirmait au XVIIIe siècle : « La raison est et doit être uniquement l’esclave des passions. » Selon lui, les émotions et les passions guident le comportement humain, reléguant la raison à un rôle subalterne. Cette tension entre raison et passion illustre la complexité de la nature humaine, où la logique cohabite avec l’instinct et l’émotion.

Raison et Intelligence : une Relation Intime

La raison est souvent considérée comme une manifestation de l’intelligence, mais les deux concepts se distinguent subtilement. L’intelligence englobe des capacités plus larges, telles que la créativité, la mémoire, la perception ou encore la résolution de problèmes.

Portrait d’Aristote

Selon Aristote (384-322 av. J.-C.), la raison (logos) est la faculté d’argumenter et de structurer la connaissance, tandis que l’intelligence (noûs) est la capacité suprême de saisir les principes premiers et les essences des choses.

Pour Platon, disciple de Socrate, la raison opère dans le domaine discursif, tandis que l’intelligence s’élève vers le monde des Idées, touchant à la vérité ultime.

Emmanuel Kant

Kant, de son côté, différencie la compréhension (Verstand), qui organise l’expérience à travers des catégories comme la causalité, de la raison (Vernunft), qui aspire à saisir l’inconditionné (Dieu, l’âme, le monde). L’intelligence, dans ce cadre, serait la faculté pratique qui unit ces deux dimensions pour guider l’action morale.

La Raison au Cœur de l’Histoire Humaine

Statut de Platon en marbre blanc
Statut de Platon assis en marbre blanc devant un chapiteau de Temple

L’histoire de la pensée humaine est marquée par des figures qui ont utilisé la raison pour explorer des questions fondamentales. Plotin, disciple de Platon, voyait dans la raison une émanation de l’âme universelle, une idée reprise dans certaines traditions monothéistes où la raison est perçue comme une étincelle divine. Pourtant, comme le souligne l’auteur, les définitions philosophiques restent souvent subjectives, reflétant la diversité des perspectives humaines. Cette absence de définitions figées est une richesse : si tout était « exact et concret », la réflexion perdrait son sens, et l’humanité cesserait d’évoluer.

Cependant, une question se pose : pourquoi continuons-nous à nous appuyer sur les penseurs de la Grèce antique, de Rome ou du Moyen Âge ? Si leurs idées forment la base de notre raisonnement, l’auteur nous invite à dépasser ces fondations pour faire émerger de nouvelles critiques, adaptées à un monde en perpétuelle mutation. Comme le souligne un article récent de la revue Selecciones, une conférence philosophique contemporaine a conclu que notre attachement aux philosophes anciens ne doit pas freiner l’émergence de nouvelles pensées. L’Univers, loin d’être statique, exige une raison dynamique, capable de s’adapter et de se réinventer.

Vers une Nouvelle Culture de la Raison

Nous vivons à une époque charnière, entre une « culture sensorielle » héritée du passé et une « culture créative » tournée vers l’avenir. La raison, en tant qu’outil d’organisation des perceptions et des connaissances, joue un rôle clé dans cette transition. Elle nous aide à naviguer dans des dilemmes éthiques complexes, à comprendre notre environnement et à construire un avenir moins incertain, où la science, la philosophie et la spiritualité s’entrelacent.Des institutions comme la franc-maçonnerie soutiennent cette quête d’une humanité plus consciente et intègre, où la raison s’allie à une forme de « supraconscience » capable de transcender les limites de la pensée ordinaire. Comme le disait Platon, « Si la raison fait l’homme, le sentiment le guide. » Cette dualité entre raison et émotion, entre logique et intuition, est au cœur de ce qui nous rend humains.

Conclusion : La Raison, un Horizon Infini

La raison est l’instrument par excellence de l’humanité pour comprendre le monde et se comprendre elle-même. Elle est à la fois une faculté, un principe d’explication et un moteur de progrès. Pourtant, elle ne peut être dissociée de l’intelligence, des émotions et de la curiosité insatiable qui pousse l’homme à explorer l’inconnu. Comme l’affirme l’auteur, l’esprit propose, et la raison dispose. Dans un Univers en perpétuelle évolution, la raison reste notre boussole, nous guidant vers une compréhension plus profonde de nous-mêmes et de notre place dans le cosmos. À nous de continuer à la cultiver, à la questionner et à la réinventer, pour que la pensée humaine reste, toujours, en mouvement.

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La Conspiration judéo-maçonnique à Madrid : Déconstruire un mythe au Centro Sefarad-Israel

De notre confrère espagnol esmadrid.com

À partir du 12 juin 2025 et jusqu’au 31 mars 2026, le Centro Sefarad-Israel, situé au cœur de Madrid, accueille une exposition majeure intitulée La Conspiración judeo-masónica. La construcción de un mito (La Conspiration judéo-maçonnique : La construction d’un mythe). Organisée par la Secretaría de Estado de Memoria Democrática et le Centro Sefarad-Israel, cette exposition ambitionne de démystifier l’une des théories du complot les plus persistantes et destructrices du XXe siècle en Espagne.

À travers un parcours historique et documentaire, elle explore comment le mythe de la conspiration judéo-maçonnique a été forgé, propagé et utilisé comme outil de propagande pour justifier la persécution de groupes spécifiques, notamment les Juifs, les francs-maçons et les républicains, dans un contexte de tensions politiques et sociales. Cet article propose une plongée dans cette exposition, ses objectifs, son contexte historique et son importance pour la compréhension des dangers des théories conspirationnistes.

Origines d’un mythe toxique

Le mythe de la conspiration judéo-maçonnique trouve ses racines au XIXe siècle, dans un climat européen marqué par l’essor des idéologies racistes et antilibérales. Comme le souligne l’exposition, ce mythe repose sur l’idée d’une prétendue coalition secrète entre Juifs et francs-maçons, accusés de chercher à dominer le monde. Cette théorie, née en partie de la publication des Protocoles des Sages de Sion – un faux document antisémite apparu dans l’Empire russe au début du XXe siècle – a fusionné des accusations antimaçonniques et antisémites pour créer un récit conspirationniste puissant. En Espagne, ce mythe a pris une ampleur particulière à partir des années 1930, sous la Seconde République, devenant un outil clé de la propagande conservatrice. L’exposition retrace ces origines à travers une première salle dédiée à la fragua ideológica del enemigo (la forge idéologique de l’ennemi).

Les Protocoles des Sages de Sion
Les Protocoles des Sages de Sion – Serge_Nilus

Elle montre comment des pamphlets, des caricatures et des écrits antisémites, souvent relayés par des secteurs réactionnaires de la société européenne, ont alimenté l’idée d’une menace juive et maçonnique. En Espagne, ces idées ont été exacerbées par des figures comme Mariano Tirado y Rojas, qui, dans son ouvrage La masonería en España (1892), tentait de lier la franc-maçonnerie et les Juifs à des révoltes historiques, comme les Comunidades de Castilla au XVIe siècle, sans preuves historiques solides. Cette absence de fondement documentaire, comme le souligne l’exposition, est une caractéristique récurrente des théories conspirationnistes, qui reposent sur des « inductions » et des récits biaisés plutôt que sur des faits.

Le rôle de la propagande franquiste

Le mythe de la conspiration judéo-maçonnique a atteint son apogée en Espagne sous le régime de Francisco Franco, qui en a fait une justification idéologique pour la rébellion militaire de 1936 et la répression qui a suivi. Franco, obsédé par ce mythe jusqu’à sa mort en 1975, voyait dans les Juifs, les francs-maçons, les communistes et les républicains les responsables de tous les maux de l’Espagne, une « anti-Espagne » qu’il convenait d’éradiquer. L’exposition consacre une salle entière à cette période, illustrant comment la propagande franquiste a amplifié ce mythe à travers des affiches, des journaux et des discours publics.

Un élément marquant de cette section est la reconstitution, dans l’Archivo General de la Guerra Civil de Salamanca, d’une salle maçonnique fictive ordonnée par Franco. Cette reconstitution, remplie d’objets caricaturaux et de mannequins déformés, visait à effrayer le public et à diaboliser la franc-maçonnerie. Ces objets, exposés au Centro Sefarad-Israel, révèlent l’ampleur de la manipulation idéologique orchestrée par le régime. Des documents d’archives montrent également comment le Tribunal Especial para la Represión de la Masonería y el Comunismo, actif jusqu’aux années 1960, a poursuivi et emprisonné des dizaines de milliers d’Espagnols sur la base de preuves falsifiées ou inexistantes.

L’antisémitisme historique en Espagne

Loge maçonnique. / Centre documentaire de la mémoire historique de Salamanque.
Loge maçonnique. / Centre documentaire de la mémoire historique de Salamanque.

Une autre salle de l’exposition se concentre sur l’histoire des Juifs en Espagne, marquée par la persécution, l’expulsion et l’exclusion. Depuis l’expulsion des Juifs par les Rois Catholiques en 1492, la présence juive en Espagne a été marginalisée, mais les préjugés antisémites ont perduré, alimentés par des System: mythes comme celui de la conspiration judéo-maçonnique. L’exposition met en lumière ce paradoxe : alors que les Juifs étaient quasi absents d’Espagne à l’époque moderne, ils étaient accusés d’être à l’origine des troubles sociaux et politiques, une accusation souvent dénuée de fondement mais utilisée pour justifier la violence et la répression. Les documents présentés, issus du Centro Documental de la Memoria Histórica de Salamanca, montrent comment ces idées ont été véhiculées par des publications comme La Civiltà Cattolica ou les écrits du prêtre Juan Tusquets, qui introduisit le mythe en Espagne dans les années 1930.

Le rôle de l’Église catholique et des partis conservateurs

L’exposition aborde également le rôle de l’Église catholique dans la diffusion de ce mythe. À une époque où l’Église jouait un rôle central dans la société espagnole, des publications jésuites et des sermons ont contribué à associer Juifs et francs-maçons à une menace contre les valeurs chrétiennes et nationales. Cette rhétorique a trouvé un écho dans les cercles conservateurs, qui voyaient dans la franc-maçonnerie et le judaïsme des forces subversives menaçant l’ordre établi. À travers des affiches et des extraits de presse de l’époque, l’exposition montre comment ces idées ont été amplifiées par les partis conservateurs dans les années 1930, servant de justification idéologique à la rébellion militaire de 1936. Cette « croisade » pour la défense de la patrie, comme l’appelaient les franquistes, s’appuyait sur l’idée d’une lutte contre une « anti-Espagne » composée de Juifs, de francs-maçons, de communistes et de républicains. L’exposition démontre comment ces récits, bien que basés sur des mensonges, ont réussi à convaincre une large partie de la population grâce à une propagande massive.

Une réflexion sur les dangers de la désinformation

L’exposition ne se contente pas de retracer l’histoire de ce mythe ; elle invite également à une réflexion contemporaine sur les dangers des théories conspirationnistes. À une époque où les fake news et la désinformation se propagent rapidement via les réseaux sociaux, le mythe de la conspiration judéo-maçonnique apparaît comme un cas d’école. Les organisateurs, dont le Secrétaire d’État à la Mémoire Démocratique, Fernando Martínez López, et le directeur du Centro Sefarad-Israel, Jaime Moreno Bau, soulignent l’importance de comprendre comment de telles idées peuvent manipuler les émotions, notamment la peur, pour diviser les sociétés.

Le parcours, divisé en cinq salles, utilise des documents originaux, des photographies, des affiches et des vidéos pour offrir une analyse critique de ce chapitre sombre de l’histoire espagnole. Le commissaire de l’exposition, Leandro Álvarez Rey, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Séville, guide les visiteurs à travers ce récit, montrant comment la désinformation a servi à justifier des persécutions et des violences de masse.

Le Centro Sefarad-Israel, un lieu de mémoire et de dialogue

Le choix du Centro Sefarad-Israel pour accueillir cette exposition n’est pas anodin. Ce centre, créé pour promouvoir le riche héritage séfarade et renforcer les liens entre l’Espagne, Israël et les communautés juives du monde entier, est un espace dédié à la connaissance et à la tolérance. Depuis sa fondation, il organise des expositions, des conférences et des événements culturels pour faire connaître la culture juive et déconstruire les préjugés. En accueillant cette exposition, le Centro Sefarad-Israel réaffirme son engagement à promouvoir les valeurs de coopération, de solidarité et de non-discrimination, en particulier auprès des jeunes générations.

L’exposition s’inscrit dans une série d’initiatives du centre, comme la récente exposition « Por vuestra libertad y la nuestra » sur le rôle des Juifs dans les Brigades internationales pendant la guerre civile espagnole, ou encore Del dolor a la esperanza, qui donne la parole aux victimes hispanophones des attaques du 7 octobre en Israël. Ces initiatives témoignent de l’engagement du centre à explorer les facettes complexes de l’histoire juive et à lutter contre l’intolérance.

La Conspiración judeo-masónica. La construcción de un mito est bien plus qu’une exposition historique ; c’est un appel à la vigilance face aux dérives de la désinformation et des théories conspirationnistes. À travers un parcours riche en documents et en analyses, elle met en lumière les mécanismes de propagande qui ont alimenté l’antisémitisme, l’antimaçonnisme et l’intolérance en Espagne, tout en offrant une réflexion universelle sur les dangers de la manipulation idéologique. Ouverte du lundi au vendredi de 10h30 à 20h00 au Centro Sefarad-Israel, Calle Mayor 69 à Madrid, cette exposition est une invitation à comprendre le passé pour mieux construire un avenir de tolérance et de vérité. Comme le souligne le Centro Sefarad-Israel, il s’agit de « tendre des ponts » entre les peuples et les cultures, pour que les erreurs du passé ne se répètent pas.

Informations pratiques

  • Dates : Du 12 juin 2025 au 31 mars 2026
  • Horaires : Lundi à vendredi, de 10h30 à 20h00
  • Lieu : Centro Sefarad-Israel, Calle Mayor 69, Madrid
  • Entrée : Gratuite
  • Métro : Sol (lignes 1, 2, 3), Ópera (lignes 2, 5, R)
  • Cercanías Renfe : Sol (lignes C3, C3a, C4 et Regional)

Cette exposition est une opportunité unique de plonger dans une page sombre de l’histoire, tout en réfléchissant aux enjeux contemporains de la vérité et de la tolérance dans nos sociétés.

L’Art Royal, avec Thé et Moquerie en Infusion

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Une planche symbolique et burlesque, à mi-chemin entre Westminster et Montmartre

Préambule : Le Salon de Thé Initiatique

Imaginez un Temple recouvert de boiseries sombres, aux lourds rideaux tirés, où l’on murmure des vérités éternelles… jusqu’à ce qu’un Frère tousse et que son monocle rebondisse dans sa tasse. Dans ce Grand Salon, ou devrais-je dire ce Grand Salon de Thé, les symboles fusent comme des madeleines chez Proust.

Car oui, la Maçonnerie anglo-saxonne possède ce charme un brin guindé, ce goût pour le rituel digne d’un roman d’Agatha Christie. On y parle de colonnes, de Lumière, mais surtout de quatre heures, et certains Frères murmurent que ce rite du goûter fut codifié, il y a plus d’un siècle, dans les augustes travées de la Loge de Quatuor Coronati No. 2076, fondée à Londres en 1884. Là-bas, l’infusion n’est jamais anodine : elle est débat, méditation, parfois controverse. Dans cette loge de recherche historique, on sirote le savoir avec autant de sérieux que le thé de Ceylan.

La Vraie Question Initiatique : Sucre avant ou après le lait ?

Lorsque l’on interrogea pour la première fois un candidat à l’initiation, ce ne fut point : « Es-tu libre et de bonnes mœurs ? », mais bien : « Mettras-tu le sucre avant ou après le lait ? »

Car dans l’écrin sacré de la loge anglaise, chaque breuvage devient un rite, chaque biscuit une métaphore de l’élévation spirituelle. Le scone, ce monument beurré, est à la maçonnerie ce que l’équerre est à l’architecture : fondamental mais souvent mal tartiné.

Les Symboles Dévoyés : quand le Compas devient cuillère

Dans cette loge mi-sérieuse mi-farfelue, le compas ne trace plus le cercle de la perfection mais sert à remuer les feuilles de thé.
L’œil omniscient ? Il s’ouvre uniquement quand les biscuits disparaissent sans témoin.
Quant à la Règle de 24 pouces, elle mesure désormais l’écart entre la tasse et la soucoupe avec une précision toute cosmique.

Le Grand Architecte et le Théorème de l’Infusion Cosmique

Nous l’appelons respectueusement le GADLU. Mais ici, il est aussi surnommé Maître Infuseur de l’Univers, car sans Lui, point d’infusion, point de loge, point d’humour.
C’est Lui qui, le cinquième jour de la Création, aurait déclaré :
« Et que le thé soit versé, car l’humanité aura besoin de chaleur, de patience et de Darjeeling. »
On raconte même qu’il écrivit le Code Moral sur des serviettes en tissu recyclé, pendant une pause-cake.

L’Initiation ou la Danse du Tablier

Il est une épreuve, terrible, parfois burlesque, toujours imprévisible : l’Initiation.
Ce moment où l’on vous fait réciter l’alphabet à l’envers, gravir trois marches invisibles, et répondre à des énigmes plus absurdes que métaphysiques :
« Peux-tu distinguer un Darjeeling d’un Oolong sans renifler ? »
Le tout, bien sûr, vêtu d’un tablier brodé d’une théière céleste et de citations de Pierre Dac, telles que :
« Ceux qui voient loin sont souvent ceux qui boivent chaud. »

L’Agape ou l’Art de la Mastication Symbolique

Après les travaux en loge vient l’Agape, ce festin fraternel où l’on passe du silence sacré au bruit des couverts, sans jamais perdre le fil de la symbolique.

Menu Initiatique :

  • Entrée : Œuf dur à la coque, symbole de la pierre brute.
  • Plat : Filet de lumière sauce ésotérique, pommes de terre en forme d’équerre.
  • Dessert : Tarte au citron transmutée, car l’acidité mène à la sagesse.

Le tout arrosé de poudre forte, poudre pétillante, voire de poudre fulminante, à consommer avec modération, sauf si l’on veut finir en sommeil… sur la nappe.

Les Sept Santés d’Obligation (version revue et corrigée)

  1. À la Fraternité (et à ceux qui tiennent encore debout).
  2. À la Lumière (même si elle vient d’un plafonnier IKEA).
  3. À la Vérité (surtout quand elle est bien cuite).
  4. À la Liberté (de reprendre du fromage).
  5. À l’Égalité (des parts de gâteau).
  6. À la Tolérance (envers ceux qui boivent du thé glacé).
  7. À l’Humour (car sans lui, tout ceci ne serait qu’un dîner de cons… sans les cons).

Interlude chanté : L’Infusion Symbolique en Cantate Maçonnique

Couplet – Santé du Vénérable
Levons nos verres au Vénérable,
Maître du thé et du respectable.
Il sait tracer l’équerre en chantant,
Et faire infuser l’ordre en ricanant.
Quand il lève le maillet, le silence s’incline,
Même le sucre se dissout sans routine.
Ô Vénérable, guide au tablier doré,
Que ta santé soit longue… et bien hydratée !

Couplet – Santé à la Présidence de la République
À la Présidence, levons nos verres,
Pour ce pouvoir qui change d’air.
Un jour compassé, le lendemain pressé,
Toujours bien coiffé pour mieux présider.
Il trace des plans, sans compas ni règle,
Mais sait manier la langue, même en béquilles.
Ô Président, que ton quinquennat soit doux,
Comme un thé tiède… sans trop de remous !

Conclusion : Entre le Rituel et le Ridicule, il n’y a que la vapeur d’un thé

La Maçonnerie est un temple. Mais parfois, c’est aussi un salon de thé, où l’on sert du thé dans des gobelets dignes du Graal, où les symboles résonnent autant dans les tasses que dans les cœurs, et où l’on comprend que le véritable secret initiatique… est peut-être simplement de savoir rire en se tenant droit.

Frère, Profane, Amateur de Thé ou de Trait,
Que ta quête te mène à la Lumière, ou à la Bouilloire,
Toujours avec sagesse… et une touche de bergamote.
Sois vigilant. Et n’oublie pas : le scone ne ment jamais.

Appendice  Non Apocryphe : Méditation en Tasse Mineure

Et s’il fallait retenir une leçon de cette étrange planche, c’est peut-être celle-ci :
Qu’on trace des colonnes ou des arabesques sur une nappe tachée de confiture, l’essentiel n’est pas toujours dans la Règle mais dans le Rire.
Car à force de vouloir tout symboliser, on finit par confondre la Lumière avec l’interrupteur du placard à tisanes.
Aussi, Frères, que ce texte soit non pas une provocation, mais une invitation : celle de prendre notre sérieux… avec une pince à sucre.

Codicille Rituel : Références Réelles pour Voyage Symbolique

  • Loge Quatuor Coronati No. 2076 (Londres)
    Loge de recherche fondée en 1884, pionnière en historiographie maçonnique. Connue pour son érudition, son humour discret, et ses infusions bienveillantes.
    https://www.quatuorcoronati.com
  • Grande Loge Unie d’Angleterre
    Mère des loges régulières modernes. Berceau du rituel compassé, du tablier amidonné et du tea time sacralisé.
  • Pierre Dac, Frère Éclairé du Rire
    Maître du non-sens symbolique. Son héritage burlesque infuse chaque mot de ce travail.
  • Le Scone : Géométrie pâtissière sacrée
    Élément fondamental de l’initiation gustative. Jamais tiède dans l’esprit. Toujours chaud dans le cœur.

 Note de dégustation symbolique.

Le scone, dans la tradition culinaire initiatique, ne se résume pas à une simple pâtisserie. C’est une parabole comestible : sa texture brute évoque la matière à travailler, sa rondeur celle du Temple, et sa garniture celle du sens qu’on y ajoute. À consommer tiède, aligné sur l’axe spirituel, avec crème fraîche cosmique et vérité en confiture.

Découvrez la projection « Hugues de Payns, le premier Templier » au musée Hugues de Payns

De notre confrère unidivers.fr – Par T. Leroy

Le 20 septembre 2025, à 14h, le musée Hugues de Payns, situé dans la charmante commune de Payns dans l’Aube, vous invite à une expérience culturelle unique : la projection du film Hugues de Payns, le premier Templier. Cet événement s’inscrit dans le cadre des animations régulières proposées par le musée, dédié à l’histoire fascinante des Templiers et à l’héritage de leur fondateur, Hugues de Payns.Une plongée dans l’histoire des Templiers.

Le film Hugues de Payns, le premier Templier retrace la vie et l’œuvre de cet illustre personnage, natif de Payns, qui, au début du XIIe siècle, fonda l’Ordre du Temple, l’une des institutions les plus emblématiques du Moyen Âge. À travers des reconstitutions soignées, des témoignages d’historiens et une narration captivante, le documentaire met en lumière le rôle clé de Hugues de Payns dans la création de cet ordre religieux et militaire, chargé de protéger les pèlerins en Terre sainte.

Cette projection est une occasion rare de découvrir ou redécouvrir l’histoire des Templiers, leur influence spirituelle, politique et économique, ainsi que les mystères qui entourent encore leur légende. Le musée Hugues de Payns, installé dans le village natal du chevalier, offre un cadre authentique pour plonger dans cette épopée médiévale.Un événement culturel accessible à tousOrganisée à 14h dans l’enceinte du musée, la projection est ouverte à tous les publics, amateurs d’histoire, passionnés du Moyen Âge ou simples curieux. L’événement promet une immersion à la fois éducative et divertissante, avec un film qui allie rigueur historique et mise en scène soignée. Après la projection, les visiteurs pourront prolonger leur expérience en explorant les collections du musée, qui abritent des objets, documents et reconstitutions liés à l’histoire des Templiers et à la vie de Hugues de Payns.

Informations pratiques

  • Date : Samedi 20 septembre 2025
  • Horaire : 14h00
  • Lieu : Musée Hugues de Payns, 1 rue Hugues de Payns, 10600 Payns, Aube
  • Tarif : L’entrée est incluse dans le billet d’accès au musée (tarifs non précisés, se renseigner sur place ou via le site officiel).
  • Réservations : Il est recommandé de réserver à l’avance, les places étant limitées. Contactez le musée pour plus d’informations.

Pourquoi y assister ?

Cet événement est une opportunité unique de combiner culture, histoire et cinéma dans un lieu chargé de mémoire. Que vous soyez un passionné d’histoire médiévale ou simplement curieux de découvrir l’héritage d’Hugues de Payns, cette projection promet une après-midi riche en découvertes. Le musée, situé à seulement quelques kilomètres de Troyes, est également une belle occasion de visiter la région, avec ses paysages champenois et son riche patrimoine historique. Ne manquez pas ce rendez-vous culturel au cœur de l’Aube, où l’histoire des Templiers prend vie ! Pour plus de détails, consultez le site du musée ou la plateforme Unidivers, qui recense les événements culturels de la région.

Le Triomphe de la Lumière et l’Alchimie du Cœur Maçonnique

De notre confrère expartibus.it – Par Rosamunda Christian

Dans le cycle éternel des saisons, le solstice d’été est le point d’expression maximal de la Lumière. C’est le moment où le Soleil, symbole universel de l’esprit et de la conscience, atteint son zénith, donnant ainsi naissance au jour le plus long de l’année. Il ne s’agit pas d’un simple phénomène astronomique : c’est un passage initiatique, un seuil symbolique ouvrant à une expansion intérieure.

Dans le parcours initiatique, le solstice d’été représente l’un des moments les plus chargés de pouvoir symbolique et spirituel. C’est la célébration de la Lumière par excellence, le triomphe du Soleil qui, dans sa déclinaison maximale, inonde la Terre de son énergie génératrice.

Pour les francs-maçons, ce passage céleste n’est pas seulement un événement astronomique, mais un rituel dans lequel le Microcosme se reflète dans le Macrocosme.

Plus de 6 à table: contravention!

La Franc-Maçonnerie célèbre ce temps sacré en honorant saint Jean-Baptiste, le précurseur, celui qui baptise d’eau et prépare le chemin vers la Lumière. Il est le symbole de la purification, de la rectitude et de la vérité inconfortable, celui qui démasque les illusions du monde profane.

Dans son Évangile (Jean 1, 6-9), il nous parle d’un homme

envoyé par Dieu… afin que tous croient par lui

et cela

il n’était pas la lumière, mais il devait rendre témoignage à la lumière.

Dans le Temple, la célébration du solstice prend une forme rituelle : les colonnes J et B, le sol en mosaïque, l’étoile flamboyante, tout prend un sens nouveau.

Les œuvres maçonniques approchent de leur fermeture estivale, mais avant de sceller la Tablette, un acte de prise de conscience collective est accompli.

Les Frères réfléchissent sur le chemin parcouru, évaluent le progrès intérieur et les œuvres accomplies, en Loge et dans le monde profane.

Lux in Tenebris Lucet, et Tenebrae ne sont pas compris.La Lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas compris.
Jean 1:5

La Lumière est en vous, écrivait Gibran, même lorsque vous pensez être dans l’ombre. Le solstice nous le rappelle : lorsque la Lumière atteint son apogée, elle commence déjà à se retirer, pour laisser place au silence et à la réflexion.

Le solstice d’été représente l’apogée du Feu intérieur. L’âme, tel le Soleil, se manifeste dans toute sa puissance, et la Lumière extérieure devient le reflet de la Lumière intérieure.

C’est un temps de récolte symbolique : ce que nous avons semé au cours des mois précédents porte désormais des fruits spirituels.

Les loges maçonniques célèbrent des rituels symbolisant la renaissance et l’illumination intérieure. Des éléments tels que le blé, le vin et l’encens sont utilisés pour représenter la fertilité de l’esprit, la joie de la connaissance et la purification de l’âme.

La rose, souvent offerte aux participants, représente la beauté et la perfection que chaque franc-maçon aspire à atteindre.

Œuf de Lumière

Dans de nombreuses traditions initiatiques, ce jour est également connu comme la porte des hommes : un passage symbolique par lequel l’être humain est appelé à surmonter l’ego pour s’unir à son Soi supérieur. La chaleur solaire devient alors une alchimie transformatrice, dissout la rigidité de l’âme et favorise la croissance de la conscience.

Durant le solstice, l’invitation n’est pas à l’oisiveté, mais à l’observation de ses actions : chaque acte, chaque parole, chaque pensée des derniers mois est une lumière à passer au crible et, si nécessaire, à purifier. C’est un temps de recueillement et de choix, où les illusions se distinguent des vérités acquises en chemin.

L’intervalle qui suit le solstice n’est ni vide ni inactif : c’est le temps de la régénération ! Comme la nature, l’homme doit aussi se retirer symboliquement pour nourrir de nouvelles idées, fortifier sa volonté et tracer de nouvelles voies de perfection.

Non otium, sed opus occultum.Pas de paresse, mais des semailles maigres.

En silence, comme devant un horizon de feu, le chercheur observe le Soleil intérieur :

Quo vadis, mon âme ?Où vas-tu, mon âme ?

La foi
Soleil

Et tandis que le Soleil entame son lent déclin vers l’équilibre de l’équinoxe, il sait que l’Œuvre ne s’arrête pas : elle continue dans les profondeurs, dans la maturation invisible. Car la vraie Lumière n’aveugle pas : elle illumine de l’intérieur.

Le solstice d’été nous invite à poursuivre notre cheminement initiatique avec détermination, à voir la lumière même dans les périodes les plus sombres et à être un acteur actif du progrès de la communauté.

Chaque franc-maçon est appelé à renouveler son attachement aux valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, en travaillant avec équilibre et humanité au service du bien commun.

Nous, les Francs-Maçons, avons une tâche : rassembler ce que nous avons appris, accepter ce que nous n’avons pas accompli et nous préparer à rouvrir les Travaux avec une ardeur renouvelée, pour toujours et uniquement travailler pour le Bien et le Progrès de l’Humanité.

Fiat Lux.