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Fêtes religieuses dans l’Égypte antique : 1 jour sur 3

Célébration de la vie et du divin, et leurs parallèles avec la Franc-maçonnerie

Dans l’Égypte antique, la religion était le cœur battant de la société, tissant un lien indissoluble entre le divin, le cosmos et l’existence humaine. Les fêtes religieuses, nombreuses et variées, rythmaient l’année, célébrant les dieux, les cycles naturels et les événements dynastiques. Ces moments sacrés, bien plus que de simples réjouissances, étaient des actes rituels visant à maintenir l’ordre cosmique, ou Maât. Leur richesse symbolique et leur dimension initiatique offrent des parallèles fascinants avec la franc-maçonnerie, une tradition initiatique moderne qui, à travers ses rituels et ses symboles, explore des thèmes similaires d’harmonie, de transformation intérieure et de quête de la lumière.

Cet article examine le nombre de jours consacrés aux fêtes religieuses dans l’Égypte antique, leur matérialisation, et les liens possibles avec les pratiques maçonniques, en particulier dans les rites d’inspiration égyptienne comme Misraïm et Memphis.

Les Fêtes Religieuses dans l’Égypte Antique : Une Estimation du Nombre de Jours

Un Calendrier Structuré par le Sacré

Le calendrier égyptien civil, basé sur un cycle solaire de 365 jours, était divisé en trois saisons de quatre mois de 30 jours chacune – Akhet (inondation), Peret (émergence) et Shemou (récolte) – auxquelles s’ajoutaient cinq jours épagomènes pour aligner le calendrier sur l’année solaire.

Selon les inscriptions du temple funéraire de Ramsès III à Medinet-Habou (XIIe siècle av. J.-C.), environ 105 jours par an étaient officiellement chômés pour des fêtes religieuses ou des commémorations, soit près d’un tiers de l’année. Ces jours incluaient des célébrations dédiées aux divinités majeures, aux cycles agricoles (crue du Nil, semailles, moissons) et aux événements dynastiques, tels que les couronnements ou les jubilés royaux. Les jours fériés fixes comprenaient les 1er, 2, 4, 6, 8, 15, 29 et 30 de chaque mois, auxquels s’ajoutaient des fêtes spécifiques variant selon les régions, les époques et les cultes locaux.Les cinq jours épagomènes, situés du 14 au 18 juillet, étaient particulièrement sacrés, marquant les naissances mythiques des grands dieux d’État : Osiris, Horus l’Ancien, Seth, Isis et Nephtys.

Considérés comme hors du temps ordinaire, ces jours étaient empreints de rituels solennels et de célébrations. Les grandes fêtes nationales, comme la fête d’Opet à Thèbes ou la Belle Fête de la Vallée, pouvaient s’étendre sur plusieurs jours, voire semaines, augmentant le nombre total de jours dédiés au sacré. Par exemple, la fête d’Opet, sous le Nouvel Empire, durait jusqu’à 27 jours sous Ramsès II, bien que sa durée ait varié selon les règnes.

Variabilité selon les Époques et les Régions

Le nombre de jours chômés fluctuait selon les périodes et les localités. Sous l’Ancien Empire (env. 2686-2181 av. J.-C.), les fêtes étaient souvent liées aux cycles agricoles et aux divinités locales, tandis que sous le Nouvel Empire (env. 1550-1070 av. J.-C.), les célébrations nationales, comme celles dédiées à Amon-Rê à Thèbes, prenaient une ampleur spectaculaire. Hérodote, dans son Histoire (Livre II), décrit la fête de Bastet à Bubastis comme attirant jusqu’à 700 000 pèlerins, bien que ce chiffre soit probablement exagéré.

À la Basse Époque (env. 664-332 av. J.-C.), le culte des animaux sacrés, comme le taureau Apis, donnait lieu à des rituels prolongés, notamment des jeûnes lors de la mort de l’Apis, ajoutant des jours de dévotion. Ainsi, si 105 jours constituent une moyenne, certaines années pouvaient inclure davantage de jours fériés en fonction des événements dynastiques ou des cycles lunaires, qui influençaient certaines fêtes.

Matérialisation des Fêtes Religieuses

Les fêtes religieuses égyptiennes étaient des manifestations complexes du sacré, intégrant processions, rituels, pèlerinages et festins pour actualiser les mythes et renforcer l’ordre cosmique. Voici comment elles prenaient forme :

  • Processions et Barques Sacrées

Les grandes fêtes, comme la fête d’Opet ou la Belle Fête de la Vallée, étaient marquées par des processions spectaculaires. La statue d’un dieu, comme Amon-Rê, était transportée dans une barque sacrée, souvent en bois doré ou incrustée de pierres précieuses, depuis le temple de Karnak jusqu’à Louxor ou les nécropoles de la rive ouest du Nil. Ces processions, accompagnées de musique (harpes, flûtes, sistres), de danses et de chants, permettaient aux fidèles d’approcher le divin, un privilège rare, car l’accès aux sanctuaires était généralement réservé aux prêtres. La Belle Fête de la Vallée, par exemple, voyait la triade thébaine (Amon, Mout, Khonsou) visiter les tombes royales, honorant les défunts et renforçant le lien entre les vivants et l’au-delà.

  • Mystères et Représentations Mythiques

De nombreuses fêtes incluaient des « mystères », des représentations théâtrales des mythes divins, comme la passion d’Osiris, la quête d’Isis ou le combat entre Horus et Seth. Ces performances, jouées ou narrées par des prêtres, permettaient aux participants de revivre symboliquement la victoire de l’ordre (Maât) sur le chaos (Isfet). La fête de Wepet-Renpet, marquant le Nouvel An égyptien, incluait des rituels liés à la mort et à la renaissance d’Osiris, accompagnés de chants comme les Lamentations d’Isis et Nephtys, qui évoquaient la résurrection du dieu. Ces mystères, souvent réservés à une élite initiée, avaient une dimension spirituelle profonde, comparable à des rituels initiatiques.

  • Oracles et Interaction avec le Divin

Lors des processions, les fidèles pouvaient consulter les dieux via des oracles. Ils posaient des questions oralement ou par écrit, sur des fragments de papyrus ou de poterie, l’un affirmatif, l’autre négatif. Les porteurs de la barque sacrée, guidés par la volonté divine, avançaient ou reculaient pour indiquer la réponse, un processus décrit par Hérodote et attesté par des inscriptions. Ces oracles renforçaient la foi en une interaction directe avec le divin, liant la communauté à la Maât.

  • Pèlerinages et Dévotion Populaire

Les pèlerinages étaient un aspect clé des fêtes. À Abydos, centre du culte d’Osiris, les fidèles érigeaient des stèles votives pour obtenir la faveur du dieu dans l’au-delà. À Bubastis, la fête de Bastet attirait des foules pour des célébrations joyeuses, mêlant danses, musique et consommation de vin, comme le rapporte Hérodote. Ces fêtes, associées à la fertilité et à la crue du Nil, combinaient dévotion spirituelle et liesse populaire, renforçant le lien entre le peuple et les dieux.

  • Festins, Danses et Offrandes
peinture égyptienne
décoration égyptienne

Les fêtes s’accompagnaient de festins, où la bière et le vin coulaient à flots, et de danses, comme les performances rythmées par des claquettes et des flûtes lors de la fête de Bastet. Les offrandes, allant de nourriture (pain, oies, fruits) à des objets votifs, étaient déposées dans les temples pour apaiser les dieux. À la mort du taureau Apis, des jeûnes et des pratiques ascétiques marquaient la dévotion, illustrant la diversité des expressions religieuses.

  • Fêtes Dynastiques et Rituels de Renouveau

Les fêtes dynastiques, comme la fête Sed (Heb-Sed), célébrée après 30 ans de règne ou plus tôt pour certains pharaons, renouvelaient la force vitale du roi à travers des rituels complexes, incluant des courses symboliques et l’érection du pilier djed, symbole de stabilité et de renaissance. La fête Sokar, l’une des plus anciennes, impliquait des processions de bateaux et des rituels liés à la mort et à la résurrection, souvent associés à Osiris.

Parallèles avec la Franc-Maçonnerie

Bien que séparées par des millénaires et des contextes culturels, les fêtes religieuses égyptiennes et la franc-maçonnerie partagent des affinités dans leur approche du symbolisme, de l’initiation et de l’harmonie cosmique, particulièrement dans les rites maçonniques d’inspiration égyptienne comme Misraïm et Memphis. Voici une exploration détaillée de ces parallèles :

  • Le Symbolisme Initiatique
Dieu Egyptien Isis
Egypte, Isis, Dieu, Deese, symbole, lune, soleil, oiseau, statue agenouillée, tradition, baton, représentation

Les fêtes égyptiennes, avec leurs mystères et processions, étaient des expériences initiatiques permettant aux participants de se connecter au divin à travers des rituels symboliques. Les représentations de la mort et de la renaissance d’Osiris, par exemple, offraient une expérience transformative, où le fidèle revivait le mythe pour s’aligner avec la Maât. Dans la franc-maçonnerie, l’initiation est au cœur de la démarche, notamment dans le cabinet de réflexion, où le néophyte médite sur sa condition humaine face à des symboles comme le sablier, le crâne ou VITRIOL. Cette épreuve, marquant le passage de l’obscurité à la lumière, évoque les rituels égyptiens où la renaissance spirituelle était centrale.

  • L’Harmonie Cosmique et l’Ordre Universel

Les Égyptiens organisaient leurs fêtes pour maintenir la Maât, l’ordre cosmique, face au chaos (Isfet). Les processions et offrandes étaient des actes rituels pour soutenir les dieux, qui préservaient l’univers. La franc-maçonnerie partage cette vision d’un ordre universel, incarné par le Grand Architecte de l’Univers (GADLU). Le pavement mosaïque, avec ses carrés noirs et blancs, symbolise l’harmonie des opposés, un concept proche de la Maât. Les rituels maçonniques, rythmés et ordonnés, alignent l’initié avec cet ordre, tout comme les fêtes égyptiennes reliaient la communauté au cosmos.

  • La Fraternité et l’Égrégore
temple égyptien illuminé
temple des Ramsès à Louxor

Les fêtes égyptiennes, comme celles de Bastet ou d’Opet, réunissaient des communautés dans une célébration collective, créant une énergie spirituelle partagée. Les tenues maçonniques, où les frères et sœurs s’unissent dans un égrégore, reflètent cette dynamique. Les agapes, repas fraternels suivant les tenues, évoquent les festins égyptiens, où la nourriture, la musique et la danse renforçaient les liens communautaires. Dans les deux traditions, le collectif transcende l’individu, favorisant une communion spirituelle.

  • Le Temps Sacré et Cyclique

Les fêtes égyptiennes, comme Wepet-Renpet ou les jours épagomènes, soulignaient la nature cyclique du temps, où la mort et la renaissance se répétaient éternellement. La franc-maçonnerie adopte une vision similaire à travers ses tenues régulières, rythmées par les cycles lunaires ou solaires, où chaque rituel est une opportunité de renouveler l’initiation. Cette cyclicité, proche du concept grec d’Aion (l’éternité cyclique), relie l’homme au divin dans les deux traditions, transformant le temps en un espace sacré.

  • L’Influence Hermétique et le Rôle de Thot

Les rites maçonniques égyptiens s’inspirent de l’hermétisme, qui synthétise les traditions égyptiennes et grecques. Thot, dieu égyptien de la sagesse, de l’écriture et du temps, associé à Hermès Trismégiste, jouait un rôle clé dans les fêtes égyptiennes, notamment en tant que scribe des dieux et gardien de la mémoire. Dans la franc-maçonnerie, Thot est évoqué dans les rites égyptiens, où il donne son nom au secrétaire, gardien des archives, et inspire le symbolisme du fil à plomb, outil d’alignement avec la vérité. La maxime hermétique « ce qui est en haut est comme ce qui est en bas », centrale dans les rites maçonniques, relie les fêtes égyptiennes, qui unissaient le terrestre et le divin, au travail initiatique de la loge.

  • La Dimension Initiatique des Rituels

Les mystères égyptiens, joués lors des fêtes d’Osiris, étaient des rituels initiatiques réservés à une élite, où les participants revivaient la mort et la renaissance pour s’élever spirituellement. La franc-maçonnerie, avec ses grades progressifs (apprenti, compagnon, maître), adopte une structure similaire, où l’initié traverse des épreuves pour accéder à une compréhension plus profonde. Les oracles égyptiens, permettant une communication avec le divin, trouvent un parallèle dans les débats maçonniques, où la parole circule pour éclairer la vérité collective.

  • La Transformation Intérieure

Les fêtes égyptiennes, en actualisant les mythes, invitaient les participants à se transformer en s’alignant avec la Maât. La franc-maçonnerie, à travers le travail sur la pierre brute, propose une transformation similaire, où l’initié polisse ses imperfections pour atteindre la lumière. Les deux traditions partagent une vision de l’homme comme un être perfectible, capable de s’élever par l’effort et la discipline spirituelle.

Une Quête Intemporelle de Lumière

Dans l’Égypte antique, environ 105 jours par an étaient consacrés à des fêtes religieuses, des moments sacrés où processions, mystères, oracles, pèlerinages et festins reliaient l’homme au divin et au cosmos. Ces célébrations, loin d’être de simples réjouissances, étaient des actes rituels pour maintenir l’ordre universel et célébrer la vie, la mort et la renaissance. La franc-maçonnerie, avec ses rituels symboliques et sa quête d’harmonie, partage des affinités profondes avec ces pratiques, notamment dans les rites égyptiens comme Misraïm, où les influences de Thot et de l’hermétisme sont prégnantes.

Entre les barques sacrées du Nil, portant les dieux à la rencontre des fidèles, et les colonnes du temple maçonnique, encadrant la quête de lumière, se dessine une vision commune : celle d’un homme cherchant à transcender sa condition par le rituel, la fraternité et l’alignement avec un ordre supérieur. Comme les Égyptiens renouvelaient la Maât à travers leurs fêtes, les francs-maçons construisent leur temple intérieur, unissant le terrestre et le divin dans une quête intemporelle de vérité et d’harmonie.


Sources :

  • Lachaud, René. L’invisible présence, Les dieux de l’Égypte pharaonique Kybalion.
  • Hérodote, Histoire, Livre II.
  • Bunson, Margaret. Encyclopedia of Ancient Egypt.
  • Meskell, Lynn. Cité dans Nardo, Living in Ancient Egypt.
  • Encyclopædia Universalis, « Égypte antique : La religion ».
  • World History Encyclopedia, « Fêtes dans l’Égypte ancienne ».
  • Wikipédia, « Fêtes dans l’Égypte antique ».
  • jfbradu.free.fr, « L’Égypte antique ».
  • Egyptian Wisdom Center, « Les anciennes fêtes égyptiennes/chrétiennes ».
  • Bonardel, Françoise. L’hermétisme.
  • Gordon, Pierre. Le Mythe d’Hermès.

Femmes alchimistes

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Dans cet ouvrage sont exposées les particularités biographiques de douze femmes alchimistes. À peine quelques rares écrits et essentiellement dans la littérature anglo-saxonne, sont consacrés à cette thématique. Et pourtant ! Une des premières références relatives à l’Alchimie, en grec alexandrin du IIIe siècle après Jésus-Christ, sous la plume de Zosime, donne Marie la Juive comme pionnière du domaine : « initiée par Dieu ».

D’autre part, celles dont nous pouvons suivre la trace jusqu’au XIXe siècle, au moins, présentent des caractéristiques exceptionnelles. Non seulement leur conception de l’Alchimie est extrêmement riche, mais, de surcroît, elle touche pratiquement toujours les zones du pouvoir.

Il peut être remarqué que, contrairement à leurs homologues masculins, qui se retrouvent eux en tout siècle, les femmes alchimistes se rencontrent en majorité pendant la Renaissance. Mais même si elles se font discrètes durant le Moyen Âge, les femmes initiées au Grand Art n’en transparaissent pas moins dans les nobles romans de cette ère, sous le masque de la Demoiselle magique.

Auteur

Grégoire Brissé est alchimiste opératif depuis 1974.- Devenu historien des traditions hermétiques, il explore ici un pan méconnu de l’histoire de l‘Alchimie : la trajectoire de 12 femmes adeptes du Grand Œuvre de l’antiquité jusqu’au XIXe siècle.

Le Dalaï-Lama célèbre ses 90 ans

Le 6 juillet 2025, Dharamsala, la ville himalayenne qui abrite le gouvernement tibétain en exil, s’est transformée en un épicentre de ferveur spirituelle pour célébrer le 90e anniversaire de Sa Sainteté le 14e Dalaï-Lama, Tenzin Gyatso. Des milliers de bouddhistes tibétains, accompagnés de dignitaires indiens, de diplomates occidentaux, de moines en robes safran et de figures comme l’acteur Richard Gere, se sont réunis au temple Tsuglakhang pour rendre hommage à ce leader spirituel, lauréat du prix Nobel de la paix en 1989.

Dalaï Lama

Malgré les pluies torrentielles de la mousson, l’enthousiasme des fidèles a illuminé l’événement, rythmé par des danses culturelles, des prières et des chants, avec un message de compassion, d’unité et d’espoir. Cette célébration, marquée par des déclarations sur la réincarnation du Dalaï-Lama et son souhait de vivre jusqu’à 130 ans, a aussi ravivé les tensions avec la Chine, qui revendique un contrôle sur sa succession. Bien que le Dalaï-Lama n’ait jamais explicitement abordé la franc-maçonnerie, ses enseignements bouddhistes partagent des parallèles profonds avec les principes maçonniques, notamment dans leur quête d’harmonie, de transformation intérieure et de fraternité universelle. Cet article explore les festivités du 90e anniversaire du Dalaï-Lama et tisse un dialogue entre sa voie spirituelle et les idéaux de la franc-maçonnerie.

Les Célébrations du 90e Anniversaire : Une Semaine d’Unité et de Résilience

Dalai Lama et Matthieu Ricard
Dalaï Lama et Matthieu Ricard

Le 6 juillet 2025, Dharamsala s’est parée de drapeaux de prières flottant dans le vent et d’effluves d’encens pour honorer le Dalaï-Lama. Au temple Tsuglakhang, cœur spirituel de la communauté tibétaine en exil, des milliers de personnes ont bravé la mousson pour participer à une cérémonie vibrante. Le Dalaï-Lama, vêtu de sa robe safran, a été accueilli par des danses traditionnelles tibétaines, des prières pour sa longévité et la coupe d’un gâteau à sept étages, symbole de la grandeur de l’occasion. Des enfants en uniforme, des résidents en costumes traditionnels et des dignitaires, dont des ministres indiens et Richard Gere, fidèle soutien de la cause tibétaine, ont ajouté une dimension internationale à l’événement.

À travers le monde, des célébrations ont eu lieu, de Tokyo à Katmandou, en passant par Taipei et les communautés tibétaines en exil. À Tokyo, des membres des communautés chinoise, ouïghoure et de Hong Kong se sont joints aux Tibétains pour rendre hommage au Dalaï-Lama, tandis qu’à Katmandou, le moine Chuwar Kyabje Kuntse Rinpoche a présidé une cérémonie empreinte de spiritualité. Le Premier ministre indien Narendra Modi a adressé ses vœux, saluant le Dalaï-Lama comme

« un symbole durable d’amour, de compassion, de patience et de discipline morale ».

Cette déclaration a provoqué une protestation de la Chine, qui perçoit le Dalaï-Lama comme une menace à son autorité sur le Tibet, soulignant les tensions géopolitiques qui entourent sa figure.Dans son discours, le Dalaï-Lama, se décrivant comme un « simple moine bouddhiste », a réaffirmé son engagement à servir les êtres sensibles et le dharma. Avec une pointe d’humour, il a exprimé son espoir de vivre jusqu’à 130 ans, déclarant : « Avec les bénédictions d’Avalokites hvara, j’espère vivre encore 30 ou 40 ans pour continuer à servir. » Il a également abordé la question sensible de sa réincarnation, affirmant que le prochain Dalaï-Lama serait choisi par le Gaden Phodrang Trust, une organisation qu’il a établie, rejetant ainsi les prétentions de la Chine à contrôler ce processus.

Cette annonce, qualifiée de « coup de poing au visage » par l’activiste tibétain Tenzin Tsundue, a renforcé l’autonomie spirituelle du bouddhisme tibétain.Le décor de la cérémonie, orné de portraits de Nelson Mandela, Gandhi, Martin Luther King Jr. et Mère Teresa, proclamait une « Année de Compassion », reflétant l’universalité du message du Dalaï-Lama. Rev. Ueda Shoudou, président de la Super Samgha au Japon, a partagé des anecdotes sur la simplicité du Dalaï-Lama, tandis qu’un projet de plantation de cerisiers (Sakura) avec Tibet House a été lancé pour commémorer cet anniversaire. Ces festivités, mêlant spiritualité et résilience, ont mis en lumière la capacité du Dalaï-Lama à fédérer des communautés autour de valeurs universelles.

Une Vie au Service de la Compassion

Dalaï-lama
Dalaï-lama

Né Lhamo Dhondup le 6 juillet 1935 dans le village de Taktser, dans le nord-est du Tibet, le Dalaï-Lama est identifié à deux ans comme la réincarnation du 13e Dalaï-Lama à travers des visions et des tests spirituels. Couronné à 15 ans en 1950, il assume la direction spirituelle et politique du Tibet au moment de l’invasion chinoise. En 1959, après un soulèvement raté contre l’occupation, il s’exile en Inde avec des dizaines de milliers de Tibétains, établissant son siège à Dharamsala. Depuis, il prône la « Voie du Milieu », une approche non violente visant l’autonomie culturelle et religieuse du Tibet, tout en diffusant un message universel de compassion, de paix et de dialogue interreligieux.Incarnation d’Avalokiteshvara, le bodhisattva de la compassion, le Dalaï-Lama a consacré sa vie à améliorer l’humanité. Ses dialogues avec des scientifiques, via le Mind and Life Institute, qu’il a cofondé avec Francisco Varela et R. Adam Engle, explorent les convergences entre bouddhisme et science. Ses rencontres avec des leaders religieux, comme lors de la Rencontre d’Assise pour la paix en 1986 avec le Pape Jean-Paul II, témoignent de son engagement pour l’harmonie interreligieuse. Son humilité, illustrée par son autoproclamation de « simple moine bouddhiste », contraste avec son influence mondiale, reconnue par des figures comme le président taïwanais Lai Ching-te, qui a salué son dévouement à la paix et aux droits humains.

Parallèles entre la Voie du Dalaï-Lama et la Franc-Maçonnerie

Bien que le Dalaï-Lama n’ait jamais explicitement commenté la franc-maçonnerie, comme le confirment les recherches effectuées, ses enseignements bouddhistes partagent des affinités profondes avec les principes maçonniques. Ces convergences, ancrées dans des valeurs universelles et une vision initiatique, permettent d’établir un dialogue entre la voie bouddhiste tibétaine et la franc-maçonnerie, notamment dans leur approche de la transformation intérieure, de la fraternité et de la quête de la lumière. Voici une exploration détaillée de ces parallèles.

1. La Transformation Intérieure : Une Quête de Perfection

Le bouddhisme tibétain, tel qu’enseigné par le Dalaï-Lama, met l’accent sur la transformation intérieure à travers la méditation, la pleine conscience et la compassion. L’objectif est de surmonter l’ignorance et les attachements pour atteindre l’éveil (bodhi), une conscience libérée des illusions du moi. Dans L’Art du bonheur (1998), il écrit : « La confiance en soi et la capacité de se tenir debout seul sont essentielles pour réussir notre vie. » Cette idée résonne avec la franc-maçonnerie, où l’initié travaille à « tailler sa pierre brute » pour atteindre une perfection intérieure, symbolisée par la lumière du Grand Architecte de l’Univers (GADLU).Le cabinet de réflexion maçonnique, où le néophyte médite sur sa condition humaine face à des symboles comme le sablier ou la formule VITRIOL (« Visite l’intérieur de la terre, et en rectifiant tu trouveras la pierre cachée »), évoque les pratiques méditatives tibétaines. Les deux traditions invitent à une introspection rigoureuse pour transcender l’ego, transformant les faiblesses humaines en forces spirituelles. Le Dalaï-Lama, en enseignant la discipline intérieure, partage avec la franc-maçonnerie l’idée que la transformation personnelle est un processus actif, exigeant effort et persévérance.

2. La Compassion et la Fraternité Universelle

La compassion (karuna), au cœur du bouddhisme tibétain, est une aspiration à soulager la souffrance de tous les êtres sensibles. Lors de son 90e anniversaire, le Dalaï-Lama a réaffirmé son engagement à « servir les êtres sensibles », un principe qui transcende les frontières religieuses et culturelles. La franc-maçonnerie, avec son idéal de fraternité universelle, partage cette vision d’un lien profond entre tous les êtres humains. Les tenues maçonniques, où les frères et sœurs s’unissent dans un égrégore, reflètent une forme de compassion collective, où l’on œuvre pour le bien commun et l’amélioration de l’humanité.Les agapes, repas partagés après les tenues, sont des moments de communion fraternelle, semblables aux célébrations tibétaines où danses et prières renforcent les liens communautaires. Le Dalaï-Lama, en prônant la tolérance et la bienveillance, incarne des valeurs maçonniques fondamentales, comme l’acceptation de l’autre dans sa diversité. Son message lors de la Rencontre d’Assise – « la vérité religieuse peut être unique, mais jamais exclusive » – pourrait être une devise maçonnique, où la tolérance est une clé de l’harmonie.

3. La Lumière et la Vérité

Dans le bouddhisme tibétain, l’éveil est la réalisation de la vérité ultime, une lumière intérieure qui dissipe l’ignorance. Le Dalaï-Lama, en tant qu’incarnation d’Avalokiteshvara, guide ses disciples vers cette lumière à travers l’étude du dharma et la méditation. La franc-maçonnerie, quant à elle, utilise le symbolisme de la lumière pour représenter la connaissance et la vérité, accessibles par l’initiation et le travail sur les symboles. Le passage de l’obscurité à la lumière, central dans le rituel maçonnique d’initiation, évoque l’éveil bouddhiste, où l’initié transcende les illusions pour atteindre une conscience supérieure.Le concept bouddhiste de prajna (sagesse pénétrante) trouve un parallèle dans la quête maçonnique de la vérité, où l’initié explore les symboles pour comprendre les lois universelles. Les rites égyptiens, comme Misraïm, influencés par l’hermétisme, intègrent des notions similaires à celles du bouddhisme, comme la correspondance entre le microcosme (l’homme) et le macrocosme (l’univers), reflétée dans la maxime hermétique « ce qui est en haut est comme ce qui est en bas ».

4. L’Harmonie et l’Ordre Cosmique

Le Dalaï-Lama enseigne que la compassion et la pleine conscience permettent de s’aligner avec l’ordre naturel de l’univers, un thème central dans le bouddhisme tibétain, où les mandalas symbolisent l’harmonie cosmique. La franc-maçonnerie, avec son temple symbolique et son pavement mosaïque, représente également cet ordre, où les opposés (noir et blanc, force et sagesse) s’unissent dans une harmonie universelle. Les colonnes Jakin et Boaz, qui canalisent l’énergie entre le ciel et la terre, évoquent la vision bouddhiste de l’interconnexion de toutes choses.Dans les rites maçonniques, le travail collectif en loge crée un égrégore, une énergie spirituelle qui transcende les individualités, semblable à l’unité communautaire prônée par le Dalaï-Lama lors des cérémonies tibétaines. Les deux traditions valorisent l’idée que l’individu, en s’harmonisant avec les autres et avec l’univers, contribue à un ordre plus grand.

5. Le Dialogue Interreligieux et l’Universalisme

Le Dalaï-Lama est un champion du dialogue interreligieux, comme en témoignent ses rencontres avec des leaders chrétiens, musulmans, juifs et hindous. Sa conviction que toutes les religions mènent à la vérité résonne avec l’universalisme maçonnique, qui accueille des membres de toutes croyances pourvu qu’ils adhèrent à l’idée d’un principe supérieur (le GADLU). La franc-maçonnerie, dans ses obédiences libérales, prône une spiritualité non dogmatique, un trait partagé avec l’approche du Dalaï-Lama, qui insiste sur la convergence des traditions spirituelles vers des valeurs communes comme l’amour et la compassion.

6. Les Rituels et la Transformation par l’Action

Les pratiques bouddhistes tibétaines, comme la méditation sur les mandalas ou les prosternations, sont des rituels visant à transformer l’esprit. De même, les rituels maçonniques, avec leurs gestes précis et leurs symboles, sont des actes transformateurs qui éveillent la conscience. Les danses culturelles lors des célébrations du 90e anniversaire du Dalaï-Lama, chargées de significations spirituelles, trouvent un écho dans les processions maçonniques, où chaque mouvement est porteur de sens. Les deux traditions utilisent le rituel comme un moyen d’aligner l’individu avec une réalité supérieure.

En guise de conclusion :

Une Convergence Spirituelle

Les célébrations du 90e anniversaire du Dalaï-Lama, marquées par une ferveur spirituelle et un message de compassion universelle, ont mis en lumière sa capacité à unir les cœurs et les esprits à travers le monde. Bien qu’il n’ait jamais abordé directement la franc-maçonnerie, les parallèles entre sa voie bouddhiste et les principes maçonniques sont frappants. La transformation intérieure, la fraternité, la quête de la lumière, l’harmonie cosmique et l’universalisme sont des ponts entre ces deux traditions, qui, chacune à sa manière, invitent à transcender l’ego pour s’élever vers une vérité plus grande.Comme le Dalaï-Lama, qui voit dans chaque être sensible une opportunité de compassion, la franc-maçonnerie considère chaque initié comme une pierre dans l’édifice universel. Entre les prières tibétaines et les rituels maçonniques, entre le mandala et le pavement mosaïque, se dessine une quête commune : celle de l’amour, de la sagesse et de l’unité, guidée par la lumière d’un idéal supérieur. À 90 ans, le Dalaï-Lama continue d’inspirer, et son héritage, tout comme celui de la franc-maçonnerie, invite à construire un monde où l’humanité s’élève ensemble vers la paix et l’harmonie.


Sources :

  • René Lachaud, L’invisible présence, Les dieux de l’Égypte pharaonique Kybalion.
  • Articles sur le 90e anniversaire du Dalaï-Lama, notamment The Hindu, Phayul, Central Tibetan Administration (CTA).
  • Dalaï-Lama, L’Art du bonheur (1998).
  • Mind and Life Institute, www.mindandlife.org.
  • Françoise Bonardel, L’hermétisme.
  • Pierre Gordon, Le Mythe d’Hermès.

Les maçons cubains expulsent Mayker Filema le candidat imposé par le gouvernement à la Grande Loge

De notre confrère cubain cibercuba.com

Le 7 juillet 2025, un événement historique a marqué la communauté maçonnique cubaine : des dizaines de francs-maçons ont expulsé Mayker Filema Duarte, accusé d’avoir usurpé le poste de Grand Maître de la Grande Loge de Cuba avec le soutien du gouvernement cubain. Cet épisode, survenu au siège de la Grande Loge, à l’intersection des rues Belascoaín et Carlos III à La Havane, symbolise la lutte des maçons cubains pour préserver l’autonomie de leur institution face à l’ingérence étatique.

Cette crise, relayée dès le printemps 2025 par des sources comme 450.fm et Cibercuba, met en lumière les tensions entre les principes maçonniques d’indépendance et les tentatives de contrôle par le régime cubain. Cet article explore en détail cet événement, ses origines, ses implications, et les parallèles avec les valeurs universelles de la franc-maçonnerie, notamment son engagement pour la liberté et la justice.

Contexte : Une Crise de Légitimité au Sein de la Grande Loge

La crise au sein de la Grande Loge de Cuba s’enracine dans une lutte pour le respect des principes démocratiques et autonomes de la franc-maçonnerie. En mars 2025, Mayker Filema Duarte, alors Grand Maître, a suspendu arbitrairement les élections internes prévues pour renouveler les hauts postes de l’institution, invoquant des « menaces personnelles » et des risques de « scandales publics » comme justification. Cette décision, perçue par de nombreux maçons comme une tentative de prolonger illégalement son mandat, a été qualifiée de « dictature maçonnique » par les dissidents, selon un rapport de Cubanet publié le 26 mars 2025.Le 25 mai 2025, des centaines de maçons, représentant 209 des 320 loges du pays, se sont réunis à La Havane pour exiger une session extraordinaire de la Haute Chambre Maçonnique, l’organe législatif de la Grande Loge. Avec un quorum valide de 117 représentants et 121 membres, ils ont voté la destitution de Filema, dénonçant son refus de respecter les statuts maçonniques. Juan Alberto Kessell Linares, alors Grand Maître adjoint, a été nommé Grand Maître par intérim jusqu’aux élections prévues en septembre 2025.

Cependant, le Ministère de la Justice cubain (MINJUS), dirigé par Miriam García à la tête de la Direction des Associations, a soutenu Filema, refusant de reconnaître sa destitution. Cette intervention a été perçue comme une violation de l’autonomie de la Grande Loge, exacerbant les tensions. Le 15 juin, les maçons ont réaffirmé leur position en publiant une « Déclaration de Principes », réitérant la légitimité de la destitution de Filema et leur engagement pour la souveraineté institutionnelle.

Mayker Filema Duarte

Le point culminant de cette crise s’est produit le 7 juillet 2025, lorsque des dizaines de maçons se sont rassemblés au siège de la Grande Loge pour expulser physiquement Mayker Filema. Selon Cibercuba, Filema a été forcé de quitter le bâtiment sous les huées et les cris de « Dehors ! », un moment capturé dans une vidéo publiée par le maçon Luis Rafael Zamora sur les réseaux sociaux. Cette action, décrite comme un « tournant historique » par les maçons, symbolise leur détermination à défendre l’autonomie de leur institution face à l’ingérence du gouvernement.Le MINJUS a aggravé la situation en imposant Lázaro Cuesta Valdés comme Commandeur du Suprême Conseil, remplaçant José Ramón Viñas, une figure critique du régime. Cette décision, assortie de menaces de gel des comptes bancaires de la Grande Loge et de perte de son statut légal, a été rejetée par les maçons, qui ont réaffirmé : « La Grande Loge de Cuba est souveraine et se régit par sa Constitution. Si le gouvernement veut nous dominer, nous ne le permettrons pas. »

Une Seconde Crise en Deux Ans

Ancien Grand Maître Mario Alberto Urquía Carreño (Photo : Cubanet)

Cette crise n’est pas un événement isolé. En 2024, la Grande Loge de Cuba avait déjà été secouée par un scandale de corruption impliquant l’ancien Grand Maître Mario Alberto Urquía Carreño, accusé d’avoir détourné 19 000 dollars. Ce scandale avait terni la réputation de l’institution, mais la réponse des maçons en 2025, marquée par une mobilisation unie, contraste avec la résignation précédente. La destitution de Filema et l’opposition à l’ingérence étatique témoignent d’une volonté de restaurer les principes fondamentaux de la franc-maçonnerie : liberté, égalité, fraternité, et autonomie. Les maçons cubains, en s’appuyant sur leurs statuts et leur « Déclaration de Principes », ont démontré une résilience remarquable, mobilisant 209 loges sur 320 pour défendre leur institution.

La Franc-Maçonnerie Cubaine : Une Tradition enracinée dans la Liberté

Grande Loge de cuba

La franc-maçonnerie à Cuba, introduite à la fin du XVIIIe siècle, a joué un rôle clé dans les luttes pour l’indépendance contre l’Espagne. Des figures comme José Martí, bien que son affiliation maçonnique soit débattue, ont été influencées par les idéaux maçonniques de liberté et de justice. Les loges cubaines, souvent persécutées sous les régimes coloniaux et autoritaires, ont servi de refuges pour les idées progressistes, tout comme elles l’ont fait en Amérique latine au début du XIXe siècle, notamment sous l’influence de Simón Bolívar, initié en 1803 à Paris.Sous le régime castriste, la franc-maçonnerie cubaine a dû naviguer entre autonomie et contrôle étatique. Le MINJUS, chargé de superviser les associations, a souvent exercé une pression pour aligner les institutions sur les intérêts du régime, comme en témoigne son soutien à Filema. Cette crise révèle un conflit plus large entre les principes maçonniques universels et les tentatives de mainmise gouvernementale. L’expulsion de Filema incarne le principe maçonnique de « rassembler ce qui est épars », qui appelle à l’unité et à la conciliation, mais aussi à la défense de la justice face à l’abus de pouvoir. La mobilisation collective des maçons cubains, soutenue par une majorité écrasante des loges, reflète l’idée d’égrégore, une énergie spirituelle née de l’union des membres dans un but commun.

Implications et Perspectives

L’expulsion de Mayker Filema marque un moment de résistance rare dans le contexte cubain, où les institutions indépendantes sont souvent sous pression. Cependant, la réponse du MINJUS, menaçant de sanctions financières et légales, suggère que la lutte pour l’autonomie de la Grande Loge est loin d’être terminée. Les maçons, sous la direction de Juan Alberto Kessell Linares, préparent des élections en septembre 2025 pour rétablir une gouvernance légitime, mais la vigilance reste de mise face aux tentatives d’ingérence.Cet événement a une portée symbolique mondiale. À une époque où les institutions démocratiques sont menacées par l’autoritarisme, la mobilisation des maçons cubains illustre la résilience des principes maçonniques face à l’oppression.

Conclusion :

Une Lutte pour la LumièreL’expulsion de Mayker Filema Duarte de la Grande Loge de Cuba le 7 juillet 2025 est un acte de résistance pour préserver l’autonomie d’une institution séculaire face à l’ingérence étatique. En s’unissant pour destituer un leader accusé d’usurpation, les maçons cubains ont incarné les valeurs fondamentales de la franc-maçonnerie : liberté, égalité, fraternité, et le refus de la domination.

Sources :

  • Cubanet, « Golpe de Estado en la Gran Logia de Cuba? », 26 mars 2025.
  • Cibercuba, « Masones cubanos expulsan de la Gran Logia a Mayker Filema, impuesto por el Gobierno », 7 juillet 2025.
  • Cibercuba, « Masones cubanos se plantan para recuperar su Gran Logia », 6 juillet 2025.
  • Cibercuba, « Masones de toda Cuba exigen destitución de Gran Maestro de la Logia », 25 mai 2025.
  • Cibercuba, « Gran Maestro of the Masonic Lodge of Cuba expelled », 25 mai 2025.
  • Cibercuba, « Masons reaffirm institutional sovereignty and demand legality in the Grand Lodge of Cuba », 15 juin 2025.

Le roman de l’été : L’énigme des Maîtres

Enfin en format roman, 254 pages

L’Énigme des Maîtres, Les mains de l’éternité, écrit par Solange Sudarskis et Frédéric Béatrix, une enquête où l’art, la philosophie et l’ésotérisme s’entrelacent dans le symbolisme.

Le roman s’ouvre sur une scène troublante où un groupe d’hommes cagoulés assiste à une cérémonie inquiétante. Leur chef, Silvestro Buonvincini, ordonne la destruction d’un tableau représentant le philosophe John Toland, prélude à une série de vols et de destructions d’autres œuvres d’art.

En parallèle, dans une galerie parisienne un dossier de photos de tableaux révèle des portraits dont la posture des mains présente une particularité : le majeur et l’annulaire des sujets sont toujours accolés, signature récurrente d’artistes de diverses époques.  Cette découverte amène Alexander Van De Meïr, érudit quadragénaire à plonger dans une énigme complexe impliquant la Royal Society, la Franc-maçonnerie et une mystérieuse société secrète. C’est le comte Archibald Winston, mentor discret et descendant d’un membre influent de la Royal Society qui apporte son éclairage sur l’existence d’un groupe nommé Mensura, héritier des savants et penseurs qui ont cherché à comprendre l’univers au-delà des dogmes religieux. Mensura va s’opposer à l’organisation fanatique surnommée le Groupe Savonarole, désireuse d’anéantir tout ce qui symbolise la pensée libre et scientifique, en projetant de détruire d’autres tableaux portant le fameux geste codé.

Grâce à son ami Guido Lhermitt, un expert en criminologie de l’art travaillant pour Interpol, Alexander se retrouve rapidement embarqué dans l’enquête qui le mènera de Paris à Londres, puis à Prague, Istanbul, Lyon, Milan…

Au fil des indices trouvés, il devient évident que les œuvres visées ne sont pas choisies au hasard, mais portent un message dissimulé depuis des siècles : le pouvoir d’un diamant alchimique, cristallisation parfaite de la pierre philosophale, censée conférer la vie éternelle et une connaissance infinie, créé par Marsile Ficin et transmis à Léonard de Vinci.

Des portraits de la Renaissance aux archives secrètes de Mensura, société née de l’esprit des Lumières, chaque page dévoile une toile tissée de symboles et d’Histoire, transportant le lecteur dans des lieux où le passé murmure à travers les ombres.

Ce thriller, mâtiné de Franc-maçonnerie, de kabbale, d’alchimie, de science et de philosophie, nous entraîne dans un tourbillon de découvertes. Pour les amateurs d’art, et de mystères, L’Énigme des Maîtres est un puzzle à déchiffrer, une promesse de surprises.

En voici les thèmes principaux

Histoire de l’Art et Symbolisme : Le roman explore la signification cachée des tableaux et la manière dont l’art peut être porteur de messages cryptés Le geste des mains (majeur et annulaire collés) est un code discret mais puissant, un signe de reconnaissance dissimulé dans les œuvres entre la Renaissance et le XVIIIe siècle.

Sociétés secrètes et Connaissance ésotérique : L’intrigue repose sur l’existence d’une société intellectuelle occulte inspirée des idéaux de la Royal Society et du rationalisme des Lumières.

Opposition entre dogme et raison : Le conflit entre la liberté de penser et les idéologies totalitaires est un thème central, illustré par la lutte entre Mensura et le Groupe Savonarole. Des connaissances auraient été partagées au sein de groupes restreints et de sociétés secrètes, comme la sodalité socratique désignée par l’acronyme M de Mensura. Des membres de la Royal Society et possiblement de l’Institution maçonnique y seraient associés. Des figures historiques éminentes, qu’ils soient artistes (Léonard de Vinci, Botticelli, Michel-Ange, Dürer, Bronzino), scientifiques (Newton, Wren, Huygens), philosophes ou théologiens (Pic de la Mirandole, Marsile Ficin, Saint-Augustin, John Dee, Spinoza), sont cités comme ayant participé à cette tradition.

Enquête et thriller historique : L’intrigue suit un schéma proche d’un roman d’investigation, où les indices sont disséminés dans des lettres, des cryptologies et dans les œuvres d’art. Les documents et objets qui permettent de retracer cette quête de connaissances secrètes incluent les portraits avec le signe des mains, des dessins alchimiques et cabalistiques, des carnets secrets contenant des schémas complexes et des équations alchimiques, des lettres de correspondance entre érudits évoquant des rencontres secrètes, des connaissances ésotériques et des rituels alchimiques, une carte mystérieuse où les astres marquent des portails vers des lieux importants, un coffret avec un alphabet crypté, une lettre cachée de Léonard de Vinci évoquant le diamant, et un échantillon textile lié à un blason.

Alchimie et la Pierre Philosophale : Le diamant alchimique introduit une quête de la connaissance ultime, en lien avec les traditions hermétiques et la compréhension du monde quantique.

Des jeux de cryptologie : le lecteur pourra s’amuser à trouver les solutions avant qu’elles ne lui soient offertes.

L’énigme des Maîtres ravira les amateurs de thrillers intellectuels et d’histoire de l’art. Mêlant enquête, mystère et réflexion sur la transmission du savoir.

Ce roman s’impose comme une lecture passionnante pour quiconque s’intéresse aux liens entre art, science et ésotérisme.

Disponible dès maintenant . Détails sur le produit
Nombre de pages de l’édition imprimée  ‏ : ‎ 254 pages
Éditeur ‏ : ‎ LOL
Date de publication ‏ : ‎ 6 juillet 2025
Langue ‏ : ‎ Français

10 formes d’Amour chez les Grecs et leur écho dans la Franc-maçonnerie

Dans la riche tapisserie de la pensée grecque antique, l’amour n’est pas un concept monolithique, mais une mosaïque de dix formes distinctes, chacune révélant une facette unique de la relation humaine et divine. De Pornéïa, l’amour charnel et transgressif, à Agapè, l’amour inconditionnel et sacré, ces déclinaisons explorent la complexité des liens affectifs, spirituels et philosophiques. Ces catégories, bien plus que de simples sentiments, sont des clés pour comprendre l’âme humaine et son aspiration à l’harmonie.

Dans la franc-maçonnerie, tradition initiatique qui puise dans les sagesses antiques, ces formes d’amour résonnent profondément, guidant les frères et sœurs dans leur quête de lumière, de fraternité et de perfection intérieure.

temple dédié à Athéna Erechtheion acropole d'Athènes grèce
temple d’Athéna ERechteion acropole Athènes

Cet article explore les dix formes d’amour grecques et leur lien avec la franc-maçonnerie, où l’amour devient un outil de transformation et un reflet de l’ordre cosmique.

1. Pornéïa : L’Amour Charnel et Transgressif

Pornéïa, racine du mot « pornographie », désigne un amour dévorant, pulsionnel, où le corps et la jouissance règnent en maîtres. C’est l’amour sans restriction, une célébration de soi à travers l’autre, un désir brut et sans morale. Cet amour, souvent associé à une autovénération, est une force vitale, mais aussi un feu qui peut consumer si mal maîtrisé. Dans la franc-maçonnerie, Pornéïa pourrait être vue comme une énergie brute, semblable à la pierre brute que l’initié doit tailler. Bien que la maçonnerie valorise la discipline et la sublimation des passions, cet amour charnel rappelle la nécessité d’embrasser toutes les facettes de l’humanité, même les plus instinctives, pour les transcender.

2. Pothos : L’Amour Dépendant et Fusionnel

Pothos est l’amour qui naît du besoin vital de l’autre, une soif d’exister à travers la présence de l’être aimé. Teinté de dépendance affective, il recherche la sécurité et la béatitude dans l’amour reçu. Cet amour fusionnel, presque addictif, peut enfermer autant qu’il libère. Dans la franc-maçonnerie, Pothos évoque le lien fraternel intense qui unit les membres d’une loge. Cette dépendance, lorsqu’elle est canalisée, devient une force de cohésion, mais elle invite aussi à l’équilibre pour éviter que l’ego ne prenne le pas sur la quête collective.

3. Mania Pathé : L’Amour Fou et Dévastateur

Mania Pathé, l’amour passionnel et obsessionnel, est une flamme ardente marquée par la jalousie et la souffrance. Cet amour, qui porte en lui une pulsion de mort, peut détruire les relations par son intensité dévorante. Dans le contexte maçonnique, Mania Pathé représente les passions incontrôlées que l’initié doit surmonter. Le cabinet de réflexion, avec son invitation à l’introspection, est un espace où l’on confronte ces pulsions pour les transformer en une énergie constructive, alignée avec la quête de la lumière.

4. Éros : L’Amour Érotique et Ludique

Éros, incarné par le dieu du désir, est l’amour du mouvement, du jeu et du plaisir renouvelé. Contrairement à Pornéïa, il n’est pas centré sur l’orgasme, mais sur l’érotisme, la promesse d’une vie vibrante et joyeuse. Dans la franc-maçonnerie, Éros se retrouve dans la créativité et l’élan vital qui animent le travail en loge. Le symbolisme maçonnique, riche en images et en rituels, est une forme d’érotisme spirituel, où l’initié est attiré par la beauté des mystères et la quête de la vérité.

5. Philia : L’Amour Amitié Désintéressé

Philia est l’amour amical, empreint de bienveillance, d’empathie et de compersion – la joie de voir l’autre heureux. Cet amour désintéressé célèbre l’authenticité de l’autre sans attendre de retour. Dans la franc-maçonnerie, Philia est au cœur de la fraternité. Les liens entre les frères et sœurs, fondés sur la tolérance et le respect, reflètent cet amour qui unit sans posséder. Les tenues maçonniques, où l’on partage idées et réflexions, sont des moments de Philia, où le bonheur collectif prime sur l’ego.

6. Storgê : L’Amour Platonique et Tendre

Storgê incarne la tendresse ultime, un amour contemplatif et attentif, où l’on se perd dans le regard de l’autre sans chercher à posséder. C’est l’amour des gestes simples, comme marcher main dans la main ou offrir un réconfort désintéressé. Dans la franc-maçonnerie, Storgê se manifeste dans la bienveillance des rituels, où l’initié est accueilli avec douceur et guidé avec soin. Le temple, espace sacré, devient un lieu de tendresse spirituelle, où l’on cultive une présence attentive à l’autre et à soi-même.

7. Harmonia : L’Amour Équilibré et Complémentaire

Harmonia est l’amour de l’équilibre, où deux êtres se respectent et s’accordent dans une relation d’égalité et de complémentarité. Cet amour, souvent atteint après avoir traversé les épreuves des autres formes, brille par son harmonie. Dans la franc-maçonnerie, Harmonia est symbolisée par le pavement mosaïque, où les carrés noirs et blancs représentent l’union des opposés. Les rituels maçonniques, rythmés et ordonnés, visent à créer une harmonie collective, où chaque frère ou sœur trouve sa juste place dans l’égrégore.

8. Eunoïa : L’Amour Sacrificiel et Altruiste

Eunoïa est l’amour dévoué, où l’on s’oublie pour le bien de l’autre, sans attendre de retour. C’est un amour sacrificiel, où le plaisir de l’autre prime sur le sien. Dans la franc-maçonnerie, Eunoïa se retrouve dans l’engagement des officiers de la loge, qui œuvrent pour le bien commun, et dans l’esprit de service qui anime les travaux maçonniques. Cet amour altruiste reflète la devise « donner sans compter », un idéal qui guide l’initié dans sa quête de perfection.

9. Charis : L’Amour de la Grâce et de la Célébration

L'amour d'Hélène et Paris Jacques-Louis David
L’amour d’Hélène et Paris Jacques-Louis David

Charis, l’amour de la grâce, est une célébration collective de l’amour, non sexualisée mais empreinte de joie et d’extase. C’est un amour respectueux, où l’on s’aime les uns les autres dans une tendresse partagée. Dans la franc-maçonnerie, Charis évoque les moments d’unité en loge, où l’égrégore transcende les individualités. Les banquets maçonniques, ou agapes, sont des expressions de Charis, où les frères et sœurs célèbrent leur lien fraternel dans une joie pure et sacrée.

10. Agapè : L’Amour Inconditionnel et Sacré

Agapè est l’amour ultime, la source divine qui englobe toutes les formes d’amour. Sacré et inconditionnel, il célèbre le corps, la joie et l’autre dans une délectation raffinée. Pour les Grecs, Agapè est une quête d’immortalité, un amour qui transcende la matière pour toucher l’éternel. Dans la franc-maçonnerie, Agapè est l’amour du Grand Architecte de l’Univers, l’aspiration à une lumière universelle qui unit tous les êtres. C’est l’amour qui anime la quête initiatique, où l’initié s’élève vers une compréhension plus profonde de l’humanité et du cosmos.

Le Rapport des Formes d’Amour avec la Franc-Maçonnerie

La franc-maçonnerie, en tant que voie initiatique, s’appuie sur des valeurs universelles comme la tolérance, la fraternité et la quête de la vérité, qui résonnent avec les dix formes d’amour grecques. Ces formes ne sont pas seulement des émotions, mais des principes philosophiques qui guident l’initié dans son travail sur la pierre brute, la construction du temple intérieur, et l’harmonie avec ses frères et sœurs. Explorons comment ces amours s’intègrent dans la franc-maçonnerie.

1. Pornéïa et la Reconnaissance de l’Humanité

Bien que Pornéïa puisse sembler éloignée des idéaux maçonniques, elle rappelle que l’initié doit accepter toutes les facettes de son humanité, y compris ses instincts. Le cabinet de réflexion, où l’on confronte ses ombres, est un espace où Pornéïa peut être reconnue et sublimée. La franc-maçonnerie enseigne à canaliser cette énergie brute pour la transformer en une force créatrice, alignée avec la quête de la lumière.

2. Pothos et la Fraternité Dépendante

Pothos, avec sa dépendance affective, trouve un écho dans le lien fraternel qui unit les maçons. La loge est un espace où l’on cherche la sécurité et la reconnaissance à travers la communauté. Cependant, la franc-maçonnerie invite à équilibrer cet amour pour éviter qu’il ne devienne une entrave, en cultivant l’autonomie spirituelle et la responsabilité individuelle.

3. Mania Pathé et la Maîtrise des Passions

L’amour passionnel de Mania Pathé est un défi pour l’initié. Les rituels maçonniques, comme l’épreuve de la terre, rappellent la nécessité de surmonter les passions destructrices. La jalousie et l’obsession, contraires à la fraternité, sont des obstacles que le maçon doit transcender pour atteindre l’harmonie et la sagesse

4. Éros et la Créativité Initiatique

Éros, avec son énergie ludique et créative, est omniprésent dans le symbolisme maçonnique. Les outils du maçon – l’équerre, le compas, le maillet – sont des instruments de création, où l’initié joue avec les symboles pour façonner son temple intérieur. Éros anime la passion pour la découverte et la beauté des mystères, un moteur essentiel du travail maçonnique.

5. Philia et la Fraternité Maçonnique

Philia est l’essence même de la fraternité maçonnique. Les tenues, où les frères et sœurs partagent leurs réflexions dans un esprit de bienveillance, incarnent cet amour désintéressé. La tolérance, valeur cardinale de la franc-maçonnerie, reflète Philia en permettant à chacun d’être soi-même, dans le respect et la joie de l’autre.

6. Storgê et la Tendresse du Rituel

Storgê se manifeste dans la douceur des rituels maçonniques, où l’initié est accueilli avec soin et guidé avec tendresse. L’initiation, avec ses gestes symboliques et ses paroles apaisantes, est un moment de Storgê, où la loge enveloppe le néophyte dans une présence attentive, propice à l’éveil spirituel.

7. Harmonia et l’Équilibre du Temple

Harmonia est au cœur de la franc-maçonnerie, où l’équilibre entre les opposés – lumière et obscurité, force et sagesse – est une quête constante. Le pavement mosaïque et les colonnes Jakin et Boaz symbolisent cet équilibre, où chaque maçon trouve sa place dans l’harmonie collective. Les rituels, orchestrés avec précision, reflètent cette recherche d’une harmonie universelle.

8. Eunoïa et l’Altruisme Maçonnique

Eunoïa, l’amour sacrificiel, est incarné par l’engagement des maçons pour le bien commun. Les officiers de la loge, qui consacrent temps et énergie au service des autres, vivent cet amour altruiste. Eunoïa rappelle que la franc-maçonnerie est une voie de don, où l’ego s’efface pour laisser place à la fraternité et à la quête collective.

9. Charis et l’Égrégore des Agapes

Charis, l’amour de la grâce, trouve son expression dans les agapes maçonniques, ces moments de partage joyeux où les frères et sœurs célèbrent leur unité. Ces instants, empreints de respect et de tendresse, transcendent les individualités pour créer un bain d’amour spirituel, où la loge devient un espace de grâce et de communion.

10. Agapè et la Quête de la Lumière

Agapè, l’amour inconditionnel, est le sommet de la démarche maçonnique. Il reflète l’aspiration au Grand Architecte de l’Univers, une force d’amour universel qui transcende les différences. Dans les hauts grades, où l’on explore la dimension spirituelle de l’initiation, Agapè devient la lumière intérieure que chaque maçon cherche à atteindre, un amour sacré qui unit l’humanité au divin.

L’Héritage Hermétique : Un Pont entre l’Amour Grec et la Franc-Maçonnerie

L’influence des formes grecques d’amour sur la franc-maçonnerie passe par l’hermétisme, une tradition philosophique qui synthétise les sagesses grecque et égyptienne. Hermès Trismégiste, figure syncrétique d’Hermès et de Thot, incarne l’amour sous ses multiples formes : Éros dans la transmission du savoir, Philia dans l’instruction des initiés, Agapè dans la quête de la lumière divine. La maxime hermétique « ce qui est en haut est comme ce qui est en bas » trouve un écho dans la franc-maçonnerie, où l’amour, sous toutes ses formes, relie le microcosme de l’initié au macrocosme de l’univers.Dans les rites égyptiens, comme Misraïm, l’influence de Thot, dieu du Verbe et de la magie, renforce le lien entre l’amour et l’initiation. Thot, en tant que gardien des archives et maître des métamorphoses, incarne Harmonia et Eunoïa, guidant les maçons vers l’équilibre et le service. Hermès, avec son caducée symbolisant l’union des opposés, évoque Charis et Agapè, un amour qui transcende les dualités pour atteindre l’unité.

L’Amour comme Voie Initiatique

Les dix formes d’amour grecques – de Pornéïa à Agapè – offrent une cartographie de l’âme humaine, où chaque facette, de la passion brute à l’amour divin, joue un rôle dans la quête de sens. Dans la franc-maçonnerie, ces amours deviennent des outils initiatiques, guidant l’initié à travers les épreuves de la pierre brute vers la lumière du temple intérieur. Philia et Storgê tissent les liens fraternels, Harmonia et Eunoïa structurent l’équilibre et l’altruisme, tandis que Charis et Agapè élèvent l’âme vers une communion universelle.Comme les Grecs voyaient l’amour comme une force cosmique, la franc-maçonnerie fait de l’amour un pilier de son édifice spirituel. Entre l’équerre et le compas, l’initié apprend à aimer – soi, l’autre, et l’univers – dans un voyage qui transforme la pierre brute en une œuvre d’harmonie et de lumière.

Ainsi, l’amour, dans toutes ses déclinaisons, devient le fil d’or qui relie le maçon au Grand Architecte, dans une quête éternelle de vérité et d’unité.


Sources :

  • René Lachaud, L’invisible présence, Les dieux de l’Égypte pharaonique Kybalion.
  • Inspiré des descriptions des dix formes d’amour grecques fournies.
  • Pierre Gordon, Le Mythe d’Hermès.
  • Françoise Bonardel, L’hermétisme.

Georges Gurdjieff : « Une vie, une philosophie et un héritage initiatique en dialogue avec la Franc-maçonnerie »

Georges Ivanovitch Gurdjieff : Une Vie, une Philosophie et un Héritage Initiatique en Dialogue avec la Franc-MaçonnerieGeorges Ivanovitch Gurdjieff (c. 1866-1877 – 29 octobre 1949) est une figure énigmatique du XXe siècle, dont l’héritage en tant que mystique, philosophe, professeur spirituel, compositeur et chorégraphe continue de fasciner et de diviser. Né à Alexandropol (aujourd’hui Gyumri, Arménie), dans l’Empire russe, et mort à Paris, Gurdjieff a développé un enseignement unique, la « Quatrième Voie », visant à éveiller l’humanité de son « sommeil éveillé » pour atteindre une conscience unifiée et un plein potentiel humain.

Cet article explore sa biographie, sa philosophie, sa méthode du « Travail », et examine les parallèles et influences possibles entre son œuvre et la franc-maçonnerie, une tradition initiatique partageant des affinités avec ses idées sur la transformation intérieure et l’harmonie universelle.

Biographie :

Une Quête d’Origines et de Vérité – Enfance et Premières Influences

Georges Gurdjieff naît dans une famille greco-arménienne à Alexandropol, une ville située à la croisée des cultures orientales et occidentales, entre la Russie, la Turquie, l’Arménie et la Perse. Son père, Ivan Ivanovitch Gurdjieff, un Grec descendant d’une famille ayant fui Byzance après la chute de Constantinople en 1453, est un ashugh (barde) renommé sous le pseudonyme d’Adash, connu pour réciter des poèmes, des chansons et des légendes, notamment l’Épopée de Gilgamesh. Georges Gurdjieff naît dans une famille greco-arménienne à Alexandropol, une ville située à la croisée des cultures orientales et occidentales, entre la Russie, la Turquie, l’Arménie et la Perse. Son père, Ivan Ivanovitch Gurdjieff, un Grec descendant d’une famille ayant fui Byzance après la chute de Constantinople en 1453, est un ashugh (barde) renommé sous le pseudonyme d’Adash, connu pour réciter des poèmes, des chansons et des légendes, notamment l’Épopée de Gilgamesh. Sa mère, probablement arménienne, bien que certains chercheurs spéculent sur une ascendance grecque, joue un rôle moins documenté mais fondamental dans son éducation. La date exacte de sa naissance reste incertaine, oscillant entre 1866 et 1877, avec des témoignages comme celui de sa nièce Luba Gurdjieff Everitt et de son petit-neveu George Kiourtzidis suggérant 1872, tandis que les archives officielles penchent pour 1877.

L’enfance de Gurdjieff est marquée par une éducation rigoureuse dans un environnement multiculturel. La ruine de sa famille, causée par une épidémie de peste bovine en 1873, les conduit à s’installer à Kars, une ville récemment reconquise par les Russes. Son père, devenu menuisier, l’imprègne de récits oraux anciens, tandis que l’archevêque de la cathédrale de Kars le guide vers une éducation scientifique et religieuse, suscitant chez le jeune Gurdjieff une fascination pour la connaissance ésotérique. Cette dualité entre science et spiritualité façonne sa quête future.

Les Années de Voyage : À la Recherche des Vérités Oubliées

Entre 1887 et 1907, période souvent qualifiée de « vingt années manquantes », Gurdjieff entreprend des voyages à travers l’Égypte, le Moyen-Orient, l’Inde, le Tibet et l’Asie centrale, cherchant les « vérités oubliées » des traditions spirituelles. Selon son propre témoignage, il se joint à un groupe de « Chercheurs de Vérité », explorant monastères, écoles mystiques et traditions comme le soufisme, le bouddhisme tibétain et le yoga. Il raconte, dans Rencontres avec des hommes remarquables (1963), une rencontre en Afghanistan vers 1897 avec un derviche de la secte Sarmouni, qui l’aurait conduit à un monastère secret au Turkestan où il découvre l’ennéagramme, les danses sacrées et des pratiques psychiques. Bien que certains considèrent ces récits comme partiellement mythiques, ils reflètent son effort pour transmettre des principes spirituels à travers des paraboles.

Pour subvenir à ses besoins, Gurdjieff affirme s’être engagé dans des activités variées, allant de la vente de tapis à des entreprises fantaisistes, comme teindre des moineaux pour les vendre comme « canaris américains ». Ces anecdotes, qu’elles soient véridiques ou symboliques, illustrent son approche pragmatique et son sens de l’humour, souvent utilisé pour défier les conventions.

Carrière et Enseignement : De Moscou à Paris

En 1912, Gurdjieff émerge à Moscou, où il attire ses premiers disciples, dont son cousin, le sculpteur Sergey Merkurov, et le philosophe Piotr Demianovitch Ouspensky. Il épouse Julia Ostrowska la même année et annonce son ballet The Struggle of the Magicians, un projet symbolisant les luttes intérieures de l’âme. La révolution russe de 1917 le pousse à quitter Petrograd pour retourner à Alexandropol, où il apprend la mort de son père, tué par les Turcs en mai 1918.

Entre 1917 et 1920, Gurdjieff établit des communautés d’étude temporaires à Essentuki, Tiflis (Tbilisi), et Constantinople, fuyant les troubles de la guerre civile. En 1919, il fonde l’Institut pour le Développement Harmonieux de l’Homme à Tiflis, qu’il réinstalle à Fontainebleau, en France, en 1922. Ce centre, situé au Prieuré des Basses-Loges, devient un laboratoire pour ses enseignements, combinant travail physique, exercices psychologiques, danses sacrées et lectures de ses textes. Parmi ses disciples figurent des figures influentes comme Thomas de Hartmann, compositeur, et sa femme Olga, ainsi que Jeanne de Salzmann, qui deviendra sa principale héritière spirituelle.

En 1924, Gurdjieff voyage aux États-Unis, où ses démonstrations de danses sacrées attirent l’attention de personnalités comme Sinclair Lewis et Jane Heap. Un grave accident de voiture la même année le conduit à fermer temporairement l’Institut et à se consacrer à l’écriture de son œuvre majeure, All and Everything, comprenant Les Récits de Belzébuth à son petit-fils (1950), Rencontres avec des hommes remarquables (1963) et La Vie n’est réelle que lorsque « Je Suis » (inachevé).

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Gurdjieff reste à Paris, enseignant dans son appartement malgré l’occupation nazie. Ses dernières années, marquées par un second accident de voiture en 1948, voient une consolidation de son enseignement, avec des groupes français, britanniques et américains convergeant vers lui. Il meurt le 29 octobre 1949 à l’Hôpital américain de Neuilly-sur-Seine, laissant à Jeanne de Salzmann la mission de perpétuer son œuvre. Son enterrement a lieu à la cathédrale orthodoxe Saint-Alexandre-Nevsky à Paris, et il est inhumé à Fontainebleau-Avon.

Philosophie et la Quatrième Voie : Éveiller l’Homme Endormi

Le Concept du « Sommeil Éveillé »Au cœur de la philosophie de Gurdjieff se trouve l’idée que l’humanité vit dans un état de « sommeil éveillé », une condition hypnotique où les individus, dépourvus d’une conscience unifiée entre esprit, émotions et corps, agissent comme des « machines » soumises à des automatismes. Selon lui, l’homme est fragmenté, dominé par de multiples « Je » conflictuels – « Je veux », « Je pense », « Je suis fatigué » – qui l’empêchent d’atteindre une conscience véritable. Gurdjieff affirme que cette fragmentation piège l’âme, la rendant inerte à la mort du corps, sauf si un travail conscient permet de la libérer.

La Quatrième Voie : Une Synthèse Initiatique

Pour surmonter cet état, Gurdjieff développe la « Quatrième Voie », qu’il distingue des trois voies traditionnelles : celle du fakir (maîtrise du corps), du moine (maîtrise des émotions) et du yogi (maîtrise de l’esprit). La Quatrième Voie intègre ces approches, mais se pratique dans la vie quotidienne, sans retraite ni ascèse extrême. Appelée « Le Travail » ou « La Méthode », elle repose sur deux piliers : le labeur conscient (agir en pleine présence) et la souffrance volontaire (lutter contre les automatismes, comme la rêverie ou les plaisirs instinctifs).

L’outil central de cette méthode est l’auto-observation, qui consiste à observer ses pensées, émotions et sensations sans jugement ni analyse, pour prendre conscience de sa fragmentation. Gurdjieff insiste sur l’effort soutenu : « L’éveil résulte d’un effort constant et prolongé, même lorsque l’on est épuisé ». Il utilise également l’ennéagramme, un symbole ésotérique qu’il attribue aux Sarmounis, pour cartographier les processus vitaux et les états de conscience.

Danses Sacrées et Musique

Les « Mouvements » ou danses sacrées, développés avec Jeanne de Salzmann, sont une composante clé de son enseignement. Ces chorégraphies, exécutées en groupe, visent à harmoniser le corps, l’esprit et les émotions, chaque geste portant une signification spirituelle. Accompagnées de musiques composées avec Thomas de Hartmann, elles s’inspirent des traditions soufies, bouddhistes et chrétiennes orientales. Gurdjieff et Hartmann produisent environ 200 pièces, allant de mélodies pour piano à des improvisations sur harmonium, notamment lors des « Toasts aux Idiots », des repas rituels où il provoquait ses élèves par des dialogues incisifs.

Œuvres LittérairesL’œuvre écrite de Gurdjieff, bien que complexe et souvent cryptique, est conçue pour défier les habitudes de pensée. Les Récits de Belzébuth à son petit-fils (1950) utilise un style allégorique pour critiquer la condition humaine, tandis que Rencontres avec des hommes remarquables (1963) mêle autobiographie et parabole pour illustrer sa quête spirituelle. La Vie n’est réelle que lorsque « Je Suis », inachevé, explore l’expérience de la conscience. Ces textes, souvent lus à haute voix lors des sessions au Prieuré, exigent un effort actif du lecteur pour en extraire le sens, conformément à la philosophie de Gurdjieff sur le « paiement » pour la connaissance.

Gurdjieff et la Franc-Maçonnerie : Parallèles et Influences Possibles

Bien qu’aucune preuve documentaire n’atteste une affiliation directe de Gurdjieff à la franc-maçonnerie, son enseignement et ses méthodes présentent des parallèles frappants avec les principes et pratiques maçonniques, en particulier dans leur approche initiatique, symbolique et transformative. Ces convergences, probablement influencées par des sources ésotériques communes (comme l’hermétisme, le soufisme et les traditions orientales), suggèrent un dialogue implicite entre la Quatrième Voie et la franc-maçonnerie. Explorons ces liens à travers plusieurs dimensions.

1. La Quête de la Connaissance de Soi

La franc-maçonnerie, tout comme la Quatrième Voie, place la connaissance de soi au centre de l’initiation. Le cabinet de réflexion maçonnique, où le néophyte médite sur sa condition humaine face à des symboles comme le sablier ou la formule VITRIOL (« Visite l’intérieur de la terre, et en rectifiant tu trouveras la pierre cachée »), résonne avec l’auto-observation de Gurdjieff, qui invite à scruter ses « multiples Je » pour unifier la conscience. Les deux traditions considèrent l’ego comme un obstacle à surmonter par un travail intérieur rigoureux, transformant la « pierre brute » (le profane) en une « pierre taillée » (l’initié éveillé).

2. Le Symbolisme et l’Ésotérisme

L’ennéagramme de Gurdjieff, qu’il présente comme un outil de divination et de compréhension des processus vitaux, partage des similitudes avec les symboles maçonniques comme l’équerre et le compas, qui représentent l’équilibre entre matière et esprit. L’ennéagramme, avec ses neuf points interconnectés, peut être vu comme une cartographie de l’harmonie cosmique, un thème cher à la franc-maçonnerie, où le temple symbolise l’ordre universel. De plus, les influences soufies et hermétiques dans l’enseignement de Gurdjieff – notamment sa vision du microcosme (l’homme) reflétant le macrocosme (l’univers) – rappellent la maxime hermétique « ce qui est en haut est comme ce qui est en bas », omniprésente dans les rites maçonniques, en particulier le Rite Écossais Ancien et Accepté et les rites égyptiens comme Misraïm.

3. Le Travail Collectif et l’Égrégore

La franc-maçonnerie et la Quatrième Voie valorisent le travail collectif comme un catalyseur de transformation. Les tenues maçonniques, où les frères et sœurs s’unissent dans un rituel pour créer un égrégore (une énergie collective), trouvent un parallèle dans les sessions de groupe de Gurdjieff, notamment les danses sacrées, qui exigent une coordination parfaite pour harmoniser le corps et l’esprit. Les « Toasts aux Idiots », repas rituels où Gurdjieff provoquait ses élèves pour briser leurs automatismes, évoquent les débats maçonniques, où la parole circule pour stimuler la réflexion et l’éveil.

4. La Souffrance Volontaire et l’Initiation

La notion de « souffrance volontaire » dans la Quatrième Voie, qui consiste à lutter contre les automatismes comme la rêverie ou les désirs instinctifs, résonne avec les épreuves initiatiques maçonniques, où le candidat doit affronter des défis symboliques pour dépasser ses limites. Gurdjieff, comme la franc-maçonnerie, insiste sur l’effort personnel et le « paiement » pour la connaissance, une idée illustrée par son affirmation : « On ne peut valoriser la connaissance si on ne fait pas d’effort pour l’obtenir ». Cette approche reflète le principe maçonnique selon lequel l’initiation exige un engagement actif et une discipline intérieure.

5. Influences Ésotériques Communes

Gurdjieff et la franc-maçonnerie puisent dans des traditions ésotériques similaires, notamment l’hermétisme, le soufisme et les écoles des mystères orientales. Gurdjieff affirme avoir été influencé par les Sarmounis, une confrérie soufie mythique, dont les pratiques rappellent les structures initiatiques des loges maçonniques, avec leurs grades et leurs enseignements progressifs. De plus, son lien avec la théosophie, via des figures comme Helena Blavatsky, qui a également influencé certains courants maçonniques, suggère une convergence dans la quête de connaissances universelles. Bien que Gurdjieff critique les systèmes rigides, son rejet des institutions permanentes (« La Quatrième Voie n’a pas de formes définitives ni d’institutions ») contraste avec la structure maçonnique, mais reflète une volonté commune de dépasser le dogmatisme.

6. Les Danses Sacrées et les Rituels Maçonniques

Les danses sacrées de Gurdjieff, conçues comme des « textes en mouvement » portant des vérités spirituelles, partagent une affinité avec les rituels maçonniques, où chaque geste et parole est chargé de symbolisme. Les Mouvements, nécessitant une discipline collective et une présence totale, rappellent les processions et agencements rituels dans la loge, où l’ordre et l’harmonie sont essentiels. La musique, composée avec Thomas de Hartmann, joue un rôle similaire à celui des chants ou des hymnes maçonniques, qui élèvent l’âme et renforcent l’unité du groupe.

7. Absence de Preuves Directes mais Convergences Culturelles

Aucune source ne confirme que Gurdjieff ait été franc-maçon, et son enseignement, axé sur une pratique ésotérique indépendante, semble éloigné des structures formelles de la franc-maçonnerie. Cependant, son séjour à Constantinople en 1920-1921, où il s’intéresse aux danses soufies des derviches tourneurs, coïncide avec une ville historiquement liée à la franc-maçonnerie ottomane, suggérant une possible exposition indirecte. De plus, ses disciples, comme P.D. Ouspensky, qui fréquentait des cercles intellectuels ésotériques, auraient pu établir des ponts avec des maçons ou des sociétés secrètes similaires.

Héritage et Controverses

Gurdjieff reste une figure controversée, admirée par certains comme un maître charismatique ayant réintroduit des vérités anciennes en Occident, et critiqué par d’autres comme un charlatan manipulateur. Ses disciples, tels que P.D. Ouspensky, Jeanne de Salzmann et Thomas de Hartmann, ont perpétué son enseignement à travers des fondations comme la Gurdjieff Foundation, fondée en 1953 à New York. Ses idées ont influencé des artistes, écrivains et penseurs, de Katherine Mansfield à Aleister Crowley, bien que ce dernier ait eu une relation ambivalente avec lui.

Son legs littéraire, musical et chorégraphique continue d’inspirer, tout comme sa vision d’un homme capable de s’éveiller par un travail conscient. La franc-maçonnerie, bien qu’indépendante, partage avec Gurdjieff une quête universelle : celle de l’harmonie, de la vérité et de la transformation intérieure, reliant l’individu au cosmos à travers un effort soutenu et une fraternité spirituelle.

Pour conclure…

Un Pont entre l’Orient et l’OccidentGeorges Gurdjieff, par sa vie, son enseignement et sa méthode, incarne une synthèse des sagesses orientales et occidentales, une quête pour dépasser la condition humaine par l’éveil de la conscience. Sa Quatrième Voie, avec ses danses sacrées, son ennéagramme et son insistance sur le labeur conscient, offre une voie initiatique qui, bien que distincte, dialogue avec les principes de la franc-maçonnerie. Les deux traditions partagent une vision de l’homme comme un être inachevé, capable de s’élever par l’effort, le symbole et la fraternité. Si Gurdjieff n’a jamais été maçon, son œuvre résonne avec l’esprit maçonnique, invitant à construire un temple intérieur où l’amour, la discipline et la lumière s’entrelacent pour révéler la vérité universelle.

Sources :

  • Gurdjieff Foundation, www.gurdjieff.org.uk.[](https://www.gurdjieff.org.uk/life-and-work) (http://www.gurdjieff.org.uk.[](https://www.gurdjieff.org.uk/life-and-work))
  • Gurdjieff, G.I. Les Récits de Belzébuth à son petit-fils (1950).
  • Gurdjieff, G.I. Rencontres avec des hommes remarquables (1963).
  • Ouspensky, P.D. In Search of the Miraculous (1949).
  • Moore, James. Gurdjieff: The Anatomy of a Myth (1991).
  • De Hartmann, Thomas & Olga. Our Life with Mr. Gurdjieff (1992).
  • Bennett, John G. Gurdjieff: Making a New World (1973).
  • Wikipédia, « Georges Gurdjieff », fr.wikipedia.org.
  • Theosophy Wiki, « Georges Ivanovich Gurdjieff ».

Quel rôle la Franc-maçonnerie a-t-elle joué dans l’indépendance des pays d’Amérique latine

Article inspiré de bbc.com

La Franc-maçonnerie, avec son organisation secrète, ses idéaux philosophiques et son réseau transnational, a joué un rôle significatif dans les mouvements d’indépendance des pays d’Amérique latine au début du XIXe siècle. Bien que son impact ait été parfois exagéré par la mythologie maçonnique, elle a offert un espace de réflexion, de planification et de coordination pour les élites créoles qui cherchaient à renverser le joug colonial des empires espagnol, portugais, français et autres. Simón Bolívar, l’une des figures emblématiques de ces luttes, a été initié à la franc-maçonnerie, un fait qui a influencé sa vision et son action, bien que son engagement maçonnique semble avoir été plus symbolique que central.

Cet article explore le rôle de la franc-maçonnerie dans les indépendances latino-américaines, en s’appuyant sur l’article de BBC News Mundo, et examine comment l’affiliation de Bolívar a pu façonner son parcours de « Libertador ».

La Franc-Maçonnerie : Un Terreau pour la Révolution

Une Arrivée Tardive mais Décisive

La Franc-maçonnerie, née en Europe au XVIIe siècle, ne s’implante en Amérique latine qu’au milieu du XVIIIe siècle, principalement dans les Caraïbes, sous l’influence des empires coloniaux britannique, français et hollandais. Les premières loges, comme celle des « Trois Vertus Théologales » fondée en 1808 à Cartagena de Indias (Colombie), étaient souvent éphémères, car considérées comme une menace par les autorités coloniales espagnoles, qui y voyaient une « nouvelle hérésie » associée aux idées révolutionnaires françaises. Dans le monde hispanique, la franc-maçonnerie était perçue comme un spectre incarnant les maux de l’empire, une idée qui persista jusqu’au XXe siècle sous Franco, qui dénonçait une prétendue « conspiration judéo-maçonnique communiste ».

Malgré cette répression, les loges maçonniques ont servi de modèle associatif secret pour les leaders créoles. Elles offraient un espace discret où les idées des Lumières – liberté, égalité, souveraineté populaire – pouvaient être débattues loin des regards coloniaux. Comme l’explique l’historien Felipe del Solar, spécialiste du sujet, la franc-maçonnerie a permis aux élites créoles de s’organiser et de structurer leurs aspirations indépendantistes, même si son rôle direct dans les révolutions reste nuancé.

Les Loges comme Foyers de Subversion

Les premières loges maçonniques en Amérique latine, établies dans des régions comme le Mexique, le Venezuela, l’Argentine et Cuba, ont attiré des figures clés des mouvements d’indépendance. Par exemple, Francisco de Miranda, précurseur de l’indépendance vénézuélienne, est crédité d’avoir introduit des patriotes latino-américains à la franc-maçonnerie lors de son séjour à Londres, où il fonda la « Gran Reunión Americana », une société révolutionnaire influencée par les structures maçonniques. Ces loges, bien que souvent non affiliées aux grandes obédiences européennes, adoptaient leurs rituels et leur symbolisme, offrant un cadre où les idéaux révolutionnaires pouvaient s’épanouir.

Benito Juárez et les libéraux ont renforcé l’État laïc, avec le soutien de la franc-maçonnerie. (Photo : Ministère de la Culture / INAH)

Au Mexique, Benito Juárez, franc-maçon avéré, s’appuya sur les principes maçonniques de laïcité et de rationalité pour élaborer des lois laïques qui marquèrent un tournant dans un pays profondément catholique. En Argentine, José de San Martín, bien que son affiliation maçonnique demeure débattue, participa à des cercles influencés par les idées maçonniques, notamment via la Loge Lautaro, une organisation quasi-maçonnique qui joua un rôle clé dans l’indépendance du Cône Sud. À Cuba, les loges maçonniques, initialement coloniales, prirent un caractère révolutionnaire à la fin du XIXe siècle, soutenant l’indépendance contre l’Espagne.

Cependant, l’historien Felipe del Solar nuance l’impact de la franc-maçonnerie, soulignant que son rôle a souvent été amplifié par une « mythologie maçonnique » postérieure. Lors des célébrations des centenaires des indépendances, les loges ont revendiqué l’appartenance de nombreux héros, mais les preuves documentaires confirment principalement l’initiation de figures comme Bolívar.

Simón Bolívar et la Franc-Maçonnerie

Une Initiation à Paris

Francisco de Miranda

Simón Bolívar, le « Libertador » du Venezuela, de la Colombie, de l’Équateur, du Pérou et de la Bolivie, fut initié à la franc-maçonnerie en 1803 dans la Loge de San Alejandro de Escocia à Paris, sous l’égide du Rite Écossais. Ce séjour en Europe, où il fréquenta les cercles intellectuels parisiens et fut influencé par les idées des Lumières, marqua un tournant dans sa pensée. Selon les archives, son initiation fut un acte formel, mais les preuves suggèrent qu’il ne participa pas activement aux activités maçonniques par la suite, son engagement se limitant à ce rite initial.

L’initiation de Bolívar coïncida avec une période de maturation idéologique. À Paris, il rencontra des figures comme Francisco de Miranda, qui l’introduisit aux réseaux maçonniques et révolutionnaires. Ces contacts, combinés à sa lecture de penseurs comme Rousseau et Voltaire, renforcèrent son aspiration à libérer l’Amérique latine du joug espagnol. La franc-maçonnerie, avec ses idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité, offrit à Bolívar un cadre philosophique pour structurer sa vision d’une Amérique unie et souveraine.

L’Influence de la Franc-Maçonnerie sur Bolívar

Bien que l’engagement maçonnique de Bolívar semble avoir été limité, l’influence de la franc-maçonnerie sur son action peut être analysée à plusieurs niveaux :

  • Un Réseau Transnational

Les loges maçonniques, présentes en Europe et en Amérique, constituaient un réseau permettant aux révolutionnaires de coordonner leurs efforts. Bolívar, en fréquentant des loges à Paris et à Londres, entra en contact avec des patriotes latino-américains et des sympathisants européens, facilitant l’échange d’idées et de stratégies. La « Gran Reunión Americana » de Miranda, influencée par la structure maçonnique, fut un espace clé pour planifier les premières tentatives d’indépendance.

  • Les Idéaux des Lumières

La franc-maçonnerie, porteuse des idéaux des Lumières, valorisait la raison, la laïcité et la souveraineté populaire. Ces principes se retrouvent dans les écrits et discours de Bolívar, notamment dans la Carta de Jamaica (1815), où il appelle à l’unité des nations latino-américaines et à la création de gouvernements républicains. Son rêve d’une Grande Colombie, bien que jamais pleinement réalisé, reflète l’idéal maçonnique d’une fraternité universelle transcendant les frontières.

  • Le Symbolisme et la Structure Organisationnelle

Les rituels maçonniques, avec leurs grades et leur symbolisme, offraient un modèle pour organiser des mouvements clandestins. Bolívar, en tant que leader militaire et politique, s’inspira peut-être de cette structure pour coordonner les campagnes d’indépendance, où la discrétion et la hiérarchie étaient essentielles. La Loge Lautaro, bien que distincte de la franc-maçonnerie officielle, adopta des pratiques similaires pour mobiliser les patriotes dans le Cône Sud, suggérant une influence indirecte des loges sur Bolívar et ses contemporains.

Cependant, comme le note Felipe del Solar, l’impact de la franc-maçonnerie sur Bolívar doit être relativisé. Son initiation semble avoir été un acte symbolique, motivé par son séjour en Europe et son immersion dans les cercles révolutionnaires, plutôt qu’une participation active à la vie maçonnique. Bolívar était avant tout un pragmatique, concentré sur l’action militaire et politique, et il n’existe aucune preuve qu’il ait cherché à établir des loges ou à promouvoir la franc-maçonnerie dans ses campagnes.

Le Rôle Plus Large de la Franc-Maçonnerie dans les Indépendances

Un Catalyseur Idéologique

La franc-maçonnerie a servi de catalyseur idéologique pour les indépendances latino-américaines en offrant un espace où les élites créoles pouvaient s’imprégner des idées révolutionnaires. Les loges, souvent établies dans des ports comme La Havane, Buenos Aires ou Caracas, étaient des points de rencontre pour les intellectuels, les marchands et les militaires. Elles permettaient de discuter des concepts de liberté et d’égalité dans un cadre protégé, loin de l’Inquisition espagnole, qui voyait dans la franc-maçonnerie une menace à l’ordre colonial.

Général Jose San Martin
Général José San Martin

Des figures comme José de San Martín, Bernardo O’Higgins (Chili) et Antonio Nariño (Colombie) sont souvent associées à la franc-maçonnerie, bien que les preuves soient parfois ténues. La Loge Lautaro, fondée à Londres et active en Argentine et au Chili, joua un rôle déterminant en coordonnant les efforts révolutionnaires, même si elle n’était pas strictement maçonnique. Cette organisation, inspirée par les structures secrètes des loges, illustre comment la franc-maçonnerie a fourni un modèle associatif pour les mouvements indépendantistes.

Une Mythologie Postérieure

Après les indépendances, la franc-maçonnerie a contribué à forger une mythologie autour des héros libérateurs, revendiquant l’appartenance de figures comme Bolívar, San Martín ou Miranda pour renforcer son prestige. Comme l’explique Felipe del Solar, « dans les centenaires des indépendances, la franc-maçonnerie s’est appropriée les héros, assurant que tous étaient maçons ». Cette réécriture historique a amplifié la perception de l’influence maçonnique, même si, dans la réalité, seuls quelques leaders, comme Bolívar et Juárez, ont des affiliations documentées.

Une Influence Variable selon les Pays

L’impact de la franc-maçonnerie variait selon les régions. Au Mexique, elle joua un rôle clé dans la promotion de la laïcité sous Juárez, tandis qu’à Cuba, elle devint un vecteur de l’indépendance à la fin du XIXe siècle. Dans les pays andins, comme le Venezuela et la Colombie, son influence fut plus indirecte, servant de réseau intellectuel plutôt que d’organisation révolutionnaire directe. En Amérique centrale et dans le Cône Sud, des loges comme la Loge Lautaro ont structuré les mouvements, mais leur caractère maçonnique était souvent dilué par des objectifs politiques immédiats.

Parallèles entre la Franc-Maçonnerie et les Fêtes Religieuses Égyptiennes

peinture égyptienne
décoration égyptienne

Pour enrichir le dialogue entre la franc-maçonnerie et les traditions anciennes, il est pertinent de noter que les rites maçonniques, notamment ceux d’inspiration égyptienne comme Misraïm et Memphis, puisent dans l’héritage symbolique de l’Égypte antique. Les fêtes religieuses égyptiennes, qui occupaient environ 105 jours par an, étaient des moments de communion avec le divin, visant à maintenir l’ordre cosmique (Maât). Ces célébrations, avec leurs processions, mystères et rituels, partagent des affinités avec les pratiques maçonniques, qui utilisent le symbolisme pour guider l’initié vers la lumière.

  • Le Symbolisme Initiatique

Les fêtes égyptiennes, comme les mystères d’Osiris, étaient des rituels initiatiques où les participants revivaient la mort et la renaissance du dieu, symbolisant la transformation intérieure. La franc-maçonnerie, avec ses grades (apprenti, compagnon, maître), propose un chemin similaire, où l’initié traverse des épreuves symboliques, comme le cabinet de réflexion, pour s’élever spirituellement. Le pilier djed, symbole égyptien de stabilité, trouve un écho dans les colonnes Jakin et Boaz, qui encadrent le temple maçonnique et représentent l’équilibre entre force et sagesse.

  • L’Harmonie Cosmique

Les Égyptiens organisaient leurs fêtes pour soutenir la Maât, l’ordre universel, face au chaos (Isfet). La franc-maçonnerie, avec son concept du Grand Architecte de l’Univers, vise également à aligner l’initié avec un ordre cosmique. Le pavement mosaïque, avec ses carrés noirs et blancs, symbolise l’harmonie des opposés, un thème proche de la Maât. Les rituels maçonniques, rythmés et ordonnés, reflètent cette quête d’harmonie, tout comme les processions égyptiennes reliaient la communauté au divin.

  • La Fraternité et l’Égrégore

Les fêtes égyptiennes, comme celle de Bastet, réunissaient des foules dans une communion spirituelle, créant une énergie collective. Les tenues maçonniques, où les frères et sœurs forment un égrégore, reproduisent cette dynamique. Les agapes maçonniques, repas fraternels, évoquent les festins égyptiens, où la nourriture et la musique renforçaient les liens communautaires. Dans les deux cas, le collectif transcende l’individu, favorisant une unité spirituelle.

  • L’Héritage Hermétique

Les rites maçonniques égyptiens s’inspirent de l’hermétisme, qui lie les traditions égyptiennes à la franc-maçonnerie via Thot, dieu de la sagesse et du Verbe, assimilé à Hermès Trismégiste. Dans les fêtes égyptiennes, Thot jouait un rôle de gardien du temps et des archives, un rôle repris dans la franc-maçonnerie par le secrétaire de la loge. La maxime hermétique « ce qui est en haut est comme ce qui est en bas » relie les fêtes égyptiennes, qui unissaient le terrestre et le divin, aux rituels maçonniques, qui visent à harmoniser l’initié avec l’univers.

Une Influence Subtile mais Profonde

La Franc-maçonnerie a joué un rôle significatif dans les indépendances latino-américaines, non pas comme une force révolutionnaire directe, mais comme un terreau idéologique et organisationnel pour les élites créoles. Elle a offert un espace secret pour discuter des idées des Lumières et coordonner les efforts révolutionnaires, influençant des figures comme Simón Bolívar, dont l’initiation à Paris a renforcé sa vision d’une Amérique libre et unie. Cependant, comme le souligne Felipe del Solar, son impact a été amplifié par une mythologie postérieure, et seule l’affiliation de Bolívar est clairement documentée

Les parallèles avec les fêtes religieuses égyptiennes enrichissent cette réflexion. Les célébrations égyptiennes, occupant environ un tiers de l’année, étaient des rituels initiatiques visant à maintenir l’ordre cosmique, une mission que la franc-maçonnerie prolonge à travers ses rituels et son symbolisme. Entre les processions du Nil et les colonnes du temple maçonnique, entre la Maât et le GADLU, se dessine une quête intemporelle : celle de l’homme cherchant à s’élever, par la fraternité et la sagesse, vers un idéal d’harmonie et de lumière.


Sources :

  • World History Encyclopedia, « Fêtes dans l’Égypte ancienne ».
  • BBC News Mundo, « Qué papel jugó la masonería en la independencia de los países de América Latina (y cómo influyó que Bolívar fuera masón) », 5 juillet 2025.
  • Bunson, Margaret. Encyclopedia of Ancient Egypt.
  • Hérodote, Histoire, Livre II.
  • Bonardel, Françoise. L’hermétisme.
  • Gordon, Pierre. Le Mythe d’Hermès.
  • Lachaud, René. L’invisible présence, Les dieux de l’Égypte pharaonique Kybalion.

Adrian Dragomirescu nouveau Grand Maître de la Grande Loge Nationale de Roumanie

De notre confrère roumain bugetul.ro

La Franc-maçonnerie roumaine a élu son nouveau chef. Adrian Dragomirescu a été nommé Grand Maître de la Grande Loge Nationale de Roumanie pour la période 2025-2027. La cérémonie d’investiture a eu lieu au Palais Ghica à Bucarest. Tout a été décidé par vote secret ; la fonction suprême de la Franc-maçonnerie roumaine sera donc occupée par Adrian Dragomirescu. Son mandat sera de deux ans.

Qui est Adrian Dragomirescu ?

Le nouveau chef de la Franc-maçonnerie roumaine est Adrian Dragomirescu. Âgé de 70 ans, il est diplômé de la Faculté d’Électronique et de Télécommunications. En 1990, il a fondé une entreprise spécialisée dans la signalisation et fait partie de l’Ordre depuis 1996. « J’assume cette mission avec honneur et responsabilité. Je poursuivrai la tradition d’équilibre, de transparence et de fraternité qui caractérise la Grande Loge Nationale de Roumanie. Je crois en la force des valeurs qui nous unissent et en la capacité de construire ensemble, avec dignité et sagesse », a déclaré le nouveau Grand Maître.

La célébration au cours de laquelle Adrian Dragomirescu a été élu a également eu un moment remarquable : le 145e anniversaire de « l’Allumage des Lumières », l’acte fondateur de la Franc-Maçonnerie roumaine moderne, qui s’est tenu du 8 au 20 septembre 1880 sous la direction du colonel Constantin Moroiu.

Que fait la Grande Loge Nationale de Roumanie ? Cette organisation organise régulièrement des conférences, des galas d’excellence et d’autres initiatives visant à promouvoir les valeurs académiques, les réalisations artistiques et scientifiques, ainsi que les politiques publiques dans des secteurs tels que l’éducation, la protection de l’environnement et la lutte contre la toxicomanie.

Les francs-maçons roumains tiennent à montrer qu’ils voient avec réalisme les défis du présent et contribuent activement à la construction d’un avenir fondé sur la connaissance, la solidarité et l’éthique.

Arad possède les plus beaux bâtiments historiques

Arad est l’une des villes possédant les plus beaux édifices maçonniques de Roumanie.

La Franc-Maçonnerie est une société discrète synonyme de mysticisme. Par définition, la Franc-maçonnerie est un ordre initiatique dont les membres sont unis par des idéaux moraux, spirituels et sociaux communs, par une initiation selon un rituel commun, par le serment prêté sur l’un des livres saints des grandes religions (la Bible, le Coran, le Dao de Jing, les Védas hindous, le Tripitaka bouddhiste ou d’autres écrits considérés comme sacrés) et, dans la plupart des branches, par la croyance en un « Pouvoir suprême » appelé le « Grand Architecte de l’Univers ».

En bref, la franc-maçonnerie est la plus grande organisation fraternelle caritative et une fraternité dédiée au développement spirituel de l’initié, a rapporté l’Association de tourisme alternatif, qui a organisé une visite des bâtiments maçonniques à Arad.

L’Expérience mystique selon C.G. Jung

Une Analyse de la voie de l’individuation et de la réalisation du Soi

Cet article reprend et résume la thèse de doctorat de Luc Beaubien, L’Expérience Mystique Selon C.G. Jung : La Voie de l’Individuation ou la Réalisation du Soi. Je rends ainsi hommage à la profondeur de l’analyse de Luc Beaubien et à la complexité de l’héritage de Jung, un penseur qui, par son exploration du Soi, invite à une rencontre avec le divin au-delà des dualités.

Cette étude examine comment Jung, à la fois scientifique rigoureux et esprit sensible au numineux, articule une vision du divin qui transcende les cadres traditionnels de la psychologie, de la théologie et de la philosophie.

Introduction : Le Fil Conducteur de la Question Mystique

L’introduction de la thèse pose une question fondamentale qui résonne tout au long de l’œuvre de Jung : est-il un homme de science, un psychologue, un philosophe ou un mystique ? Cette ambiguïté, loin d’être une faiblesse, est au cœur de sa contribution intellectuelle. Il y est souligné que la question du divin, et plus précisément du Soi, est omniprésente dans l’œuvre de Jung. Le Soi est défini comme « non seulement le centre, mais aussi la circonférence complète qui embrasse à la fois conscient et inconscient ; il est le centre de cette totalité comme le moi est le centre de la conscience » (Ma Vie, p. 462). Ce concept central de la psychologie analytique est exploré à travers la conjunctio oppositorum – la conjonction des opposés – une formule qui encapsule l’expérience de Dieu comme une synthèse des conflits psychiques.

Beaubien pose une question clé : l’individuation, en tant que voie universelle de connaissance de soi, peut-elle conduire à des états de conscience comparables à ceux décrits par les mystiques de diverses traditions spirituelles ?

Pour répondre, il distingue le savoir théorique de Jung, ancré dans une approche phénoménologique inspirée de Kant, de son vécu personnel, marqué par des expériences numineuses – ces rencontres avec une réalité transcendante qui inspirent crainte et fascination. Comme il l’écrit dans le Résumé I, « le témoignage personnel de C.G. Jung révèle davantage de profondeur concernant la question de Dieu que le savoir théorique dont ce dernier fait état » (p. 2). Cette distinction est l’originalité de la thèse, qui soutient que la richesse de la pensée de Jung réside dans l’interaction entre son empirisme rigoureux et son esprit mystique.

Jung lui-même souligne l’importance de rendre conscient l’inconscient pour enrichir la vie : « Plus la raison critique prédomine, plus la vie s’appauvrit ; mais plus nous sommes aptes à rendre conscient ce qui est inconscient et ce qui est mythe, plus est grande la quantité de vie que nous intégrons. La surestimation de la raison a ceci de commun avec un pouvoir d’état absolu : sous sa domination, l’individu dépérit » (Ma Vie, p. 344). Cette idée guide l’analyse de Beaubien, qui explore comment l’individuation, en réconciliant les opposés, ouvre la voie à une expérience mystique. La thèse souligne également la complexité du Soi, un concept difficile à circonscrire, mais essentiel pour comprendre les conflits intérieurs et les transformations psychologiques. Jung note que « le conflit intérieur étant toujours à l’origine des transformations psychologiques d’un individu, la réintégration des contraires devient, dans l’œuvre de Jung, son thème central » (p. 10).

L’introduction conclut en identifiant les sources principales utilisées par Beaubien, notamment Ma Vie, Le Divin dans l’Homme, Aion, Mysterium Conjunctionis, et divers articles des Cahiers Jungiens de Psychanalyse. Ces textes permettent de cerner la perspective de Jung sur le Soi et sa relation avec l’expérience mystique, un thème que la thèse explore à travers une méthodologie qui privilégie le vécu de Jung autant que ses théories.

Première Partie : Dieu et l’Homme

I. L’Épistémologie

a) L’Empirisme

Jung se définit comme un empiriste, une position qu’il maintient tout au long de sa carrière. Un article du British Medical Journal (9 février 1952), approuvé par Jung, déclare : « Les faits d’abord et les théories ensuite, telle est la note dominante de l’œuvre de Jung. Il est un empiriste du début à la fin » (p. 16). Cette approche empirique est ancrée dans une méthode phénoménologique inspirée de Kant, qui se concentre sur l’observation des phénomènes psychiques sans recours à des spéculations métaphysiques. En 1940, Jung précise : « Encore qu’on m’ait souvent traité de philosophe, je suis un empiriste comme tel, et je m’en tiens au point de vue phénoménologique […] je traite ce sujet d’un point de vue purement empirique, me bornant à l’observation de phénomènes, et m’abstenant de toute considération métaphysique ou philosophique » (Psychologie et Religion, p. 14).

Cette méthode est particulièrement évidente dans son approche des phénomènes religieux, qu’il considère comme des expressions de la psyché humaine. Jung écrit : « En me proposant d’analyser la trinité, ce symbole central du christianisme, à partir de la psychologie, j’ai conscience de pénétrer dans un domaine apparemment très éloigné de celui où évolue le psychologue. Cependant, les religions sont à mon sens, tant par leur nature que par leurs doctrines, si proches de l’âme humaine que la psychologie n’a pas le droit de les ignorer » (Essais sur la Symbolique de l’Esprit, p. 150). Pour Jung, les images religieuses, comme la Trinité, sont des projections de l’inconscient collectif, contenant des archétypes – des modèles universels qui structurent l’expérience humaine. Cette perspective psychologique suscite des critiques, certains accusant Jung de « psychologisme », c’est-à-dire de réduire la religion à des phénomènes psychiques. Il répond à ces critiques en 1929 : « C’est pourquoi ma manière d’approcher ce problème, (religion) me vaut souvent le reproche de ‘psychologisme’. […] je dépouille les choses de leur aspect métaphysique pour en faire des objets de psychologie » (Commentaire sur le Mystère de la Fleur d’Or, p. 69–70).

b) La Théorie Psychique

La théorie de la psyché de Jung est fondamentale pour comprendre sa conception du Soi.

Il distingue le moi, défini comme « la seule partie du psychisme que nous connaissons et pouvons connaître puisque le reste est inconscient » (Cercle de Psychologie Analytique de Montréal, cité p. 14), du Soi, qui représente la totalité de la psyché, englobant à la fois le conscient et l’inconscient.

Jung commence sa carrière à l’hôpital psychiatrique de Burghölzli à Zurich en 1900, où il développe des expériences d’association verbale (1904–1905). Ces tests révèlent l’existence de complexes, qu’il décrit comme « des contenus psychiques qui se sont séparés de la conscience et qui mènent une existence autonome dans la sphère obscure de l’âme, d’où ils peuvent à tout moment entraver ou favoriser des activités conscientes » (Problèmes de l’Âme Moderne, p. 200). Les complexes, chargés d’émotion, sont des indicateurs de conflits psychiques non résolus, mais aussi des opportunités de croissance.

Le Soi, en tant qu’archétype de la complétude, orchestre l’intégration de ces complexes et d’autres contenus inconscients, comme l’anima (l’aspect féminin de la psyché masculine) et l’animus (l’aspect masculin de la psyché féminine). Jung souligne que « le moi n’étant que le centre du champ de la conscience, ne se confond pas avec la totalité de la psyché ; ce n’est qu’un complexe parmi d’autres » (p. 15). La relation entre le moi et le Soi est dynamique, le moi servant de pont vers les contenus inconscients. Comme le note Michel Cazenave, citant Maître Eckhart : « L’œil par lequel je vois Dieu est le même œil par lequel Dieu me voit : mon œil et l’œil de Dieu sont un seul œil, une seule vision, une seule connaissance, un seul amour » (cité p. 40). Cette idée illustre l’unité ultime entre le moi et le Soi, un thème central de l’individuation.

c) L’Inné et l’Acquis

Jung s’oppose au behaviorisme, qui réduit le psychisme à des comportements observables, en insistant sur l’importance de l’inconscient collectif et des archétypes innés. Il postule une interaction entre l’inné (les structures archétypales) et l’acquis (les expériences individuelles), enrichissant sa conception du Soi comme une instance supérieure transcendant le moi. Cette perspective permet à Jung de dépasser les approches réductionnistes de son époque, en reconnaissant la complexité du psychisme humain.

d) Jung et le Behaviorisme

Jung critique le behaviorisme pour son incapacité à rendre compte de la réalité psychique. Il soutient que le psychisme est une réalité irréductible, distincte du physique, bien qu’il n’exclue pas une interaction entre les deux. Cette position est cohérente avec son empirisme, qui privilégie l’observation des phénomènes psychiques sans présupposer leur nature ultime.

e) Conclusion

La première section conclut que l’épistémologie de Jung, bien qu’ancrée dans l’empirisme, est marquée par une ambiguïté. Sa méthode phénoménologique limite les assertions métaphysiques, mais ses expériences personnelles suggèrent une ouverture à une dimension transcendante. Beaubien note que « les vues théoriques de Jung ou encore sa perspective phénoménologique sur Dieu sont claires », mais « son point de vue sur Dieu nous livre d’autres secrets » (p. 17).

II. L’Individuation

L’individuation est le processus par lequel un individu devient un tout psychique, réconciliant le conscient et l’inconscient.

Jung décrit ce processus comme une « connaissance de soi » (p. 52), impliquant une confrontation avec l’inconscient à travers des expériences telles que les rêves, les visions et les synchronicités. Il introduit la notion de « fonction transcendante » (p. 71), un mécanisme psychique qui facilite l’intégration des opposés, permettant au moi de s’aligner avec le Soi.

Beaubien souligne que l’individuation n’est pas seulement psychologique, mais spirituelle. Elle peut conduire à des états de conscience mystiques, comparables à ceux décrits par les traditions chamaniques ou spirituelles. Jung relie l’individuation à l’« objectivité psychique » (p. 66), où les contenus de l’inconscient acquièrent une réalité autonome, et à l’« expérience chamanique » (p. 62), où l’individu entre en contact avec des forces transpersonnelles.

III. Le Parcours de Jung Depuis l’Enfance

La vie de Jung est marquée par des expériences numineuses dès l’enfance, qui façonnent sa compréhension du divin. Il écrit : « Je trouve que toutes mes pensées tournent autour de Dieu comme les planètes autour du soleil et qu’elles sont irrésistiblement attirées par lui comme les planètes par le soleil. Je ressentirais comme le plus gros des péchés de vouloir opposer une résistance à cette force » (Ma Vie, p. 17). Ces expériences, détaillées dans Ma Vie (p. 140–172), incluent des visions et des rêves qui révèlent un inconscient actif et autonome.

Sa thèse de médecine et son travail à l’hôpital psychiatrique de Burghölzli renforcent son intérêt pour l’inconscient, notamment à travers l’étude des psychoses et des névroses. Beaubien note que Jung distingue entre expériences mystiques et états psychotiques (p. 91), une distinction cruciale pour comprendre son approche du numineux. Ses recherches sur la psychopathologie, notamment sur la névrose et la psychose (p. 97), l’amènent à reconnaître que les expériences mystiques peuvent être mal interprétées comme pathologiques.

IV. Le Dieu de Jung

a) La Transcendance

Jung aborde la question de Dieu à travers les notions de transcendance et d’immanence. Il ne nie pas l’existence d’un Dieu transcendant, mais s’abstient d’en parler, préférant se concentrer sur les représentations psychiques. Il écrit : « Un archétype – dans la mesure où il est possible d’en constater empiriquement l’existence – est une imago. Une imago, c’est, comme la notion même l’indique, une image de quelque chose […] On trouve de Dieu des images innombrables, mais l’original, lui, est introuvable. Il est pour moi hors de doute que derrière nos images se cache l’original, mais il nous est inaccessible » (La Vie Symbolique, p. 161).

b) L’Immanence

Cependant, Beaubien conteste cette inaccessibilité, arguant que Jung, dans ses expériences personnelles, accède au divin « non par la tête mais par le cœur » (p. 28). Cette tension est illustrée par des déclarations comme celle de 1959, où Jung affirme dans une interview : « Je ne crois pas, je sais » (cité p. 29). Cette certitude transcende l’analyse phénoménologique, suggérant une connaissance intuitive du divin. Dans une lettre à Valentine Brooke (16 novembre 1959), il précise : « Lorsque je dis que je n’ai pas besoin de croire en Dieu parce que je ‘sais’, je veux dire par là que je sais ce qu’il en est de l’existence des images de Dieu » (Le Divin dans l’Homme, p. 137–138). Pourtant, il va plus loin : « Cette étrange force qui se manifeste pour ou contre mes mouvements conscients m’est bien connue. C’est pourquoi je dis : ‘Je la connais.’ Mais pourquoi devriez-vous appeler ce quelque chose ‘Dieu’ ? Je répondrais : ‘Pourquoi pas ?’ On l’a toujours appelé ‘Dieu’ » (Le Divin dans l’Homme, p. 137–138).

c) Théologiens, Philosophes et Psychologues

Jung critique les théologiens pour leur dépendance à la foi dogmatique, affirmant : « Je connais la réalité de l’expérience religieuse, et je connais des modèles psychologiques qui en permettent une compréhension limitée. […] Chaque confession revendique pour elle-même ce privilège [de la vérité], de là la désunion généralisée » (La Vie Symbolique, p. 189). Il privilégie l’expérience directe sur la croyance, une position qui le rapproche des mystiques.

Deuxième Partie : Dieu et le Mal

I. L’Orient et l’Ombre

Jung s’inspire des philosophies orientales – taoïsme, hindouisme et bouddhisme – pour développer sa notion de l’ombre, l’aspect inconscient de la psyché contenant les traits refoulés ou non reconnus. Le principe taoïste du yin et yang résonne avec sa conjunctio oppositorum. Jung écrit : « L’archétype de Dieu existe et l’image archétypale, c’est-à-dire ses différentes représentations à travers le temps et la diversité des cultures, sont des données psychiques » (La Vie Symbolique, p. 161). Beaubien explore comment Jung intègre ces perspectives pour comprendre l’ombre comme une composante essentielle du Soi.

Dans le taoïsme, Jung trouve une confirmation de l’unité des opposés (p. 126), tandis que l’hindouisme et le bouddhisme l’aident à conceptualiser la non-dualité (p. 133–138). Cependant, sa méthode phénoménologique limite ses conclusions à des observations psychiques, évitant les affirmations métaphysiques. Il note : « On ne peut rien savoir métaphysiquement, mais seulement psychologiquement. C’est pourquoi, je dépouille les choses de leur aspect métaphysique pour en faire des objets de psychologie » (Commentaire sur le Mystère de la Fleur d’Or, p. 69–70).

II. Le Christianisme et l’Ombre

Jung critique le christianisme pour son incapacité à intégrer l’ombre, notamment le problème du mal. Dans Réponse à Job (1952), il analyse le Livre de Job pour montrer que Dieu possède une nature ambivalente, englobant le bien et le mal. Il écrit : « Ce que certains appellent l’instinct ou l’intuition n’est rien d’autre que Dieu. Dieu est cette voix en nous qui nous dit ce qu’il faut faire et ne pas faire. En d’autres termes, notre conscience » (Jung Parle, p. 196–197). Cette vision transcende le monothéisme chrétien, qui sépare le divin du mal.

Jung explore également la synchronicité, un principe d’ordre acausal reliant les événements psychiques et physiques. Il relie ce concept à l’« archétype de l’Unité » (p. 216), suggérant une réalité unifiée au-delà des dualités. Beaubien note que Jung reste ambivalent sur la question du mal, hésitant à affirmer un dépassement complet de l’ombre dans ses écrits théoriques.

Troisième Partie : Le Dieu Mystique

I. L’Individuation

Dans cette partie, Beaubien examine l’individuation comme une voie mystique, conduisant à la transcendance des opposés. Jung décrit l’individuation comme « le fait de devenir un tout, comprenant par définition la totalité du phénomène humain et la totalité de l’énigme de la nature » (Correspondance, 1958–1961, p. 228–229). Ce processus implique une réconciliation du moi avec le Soi, aboutissant à un état de non-dualité.

Beaubien compare les écrits tardifs de Jung à ceux des mystiques. Jung écrit : « Ma maladie eut encore d’autres retentissements : ils consistèrent, pourrais-je dire, en une acceptation de l’être, en un ‘oui’ inconditionnel à ce qui est, sans objection subjective, en une acceptation des conditions de l’existence, comme je les vois, comme je les comprends ; acceptation de mon être, simplement comme il est » (Ma Vie, p. 340). Cette acceptation évoque les perspectives non duelles de Lao Tseu, qui dit : « Tous les êtres sont clairs, moi seul suis trouble » (Ma Vie, p. 408), et de Maître Eckhart, qui insiste sur l’amour de Dieu sans constructions mentales.

a) L’Individuation et la Vision Mystique

Jung relie l’individuation à une vision mystique, où les opposés sont réconciliés dans « l’union mystique » ou conjunctio oppositorum (Ma Vie, p. 384). Cette vision transcende la psychologie analytique traditionnelle, s’approchant des expériences décrites par les mystiques.

b) L’Individuation et la Liberté

L’individuation offre une liberté psychique et spirituelle, permettant à l’individu de se détacher des projections et des attachements. Jung note : « Nos relations sont faites de désirs et d’exigences : on attend quelque chose de l’autre, ce par quoi cet autre et soi-même perdent leur liberté. La connaissance objective se situe au-delà des intrications affectives, elle semble être le mystère central » (Ma Vie, p. 339).

c) L’Individuation et la Connaissance de Soi

La connaissance de soi, au cœur de l’individuation, est un processus de confrontation avec l’inconscient. Jung écrit : « La pensée que nous devons porter personnellement le poids d’une telle responsabilité et d’une telle culpabilité est intolérable. […] Car la source du mal réside, comme l’expérience le montre, dans l’homme » (Présent et Avenir, p. 92–93). Cette reconnaissance du mal en soi conduit à l’amour et au pardon, un thème commun aux mystiques.

II. Conclusions

Conclusion I : Dieu Est-il Immanent ou Transcendant ?

Beaubien conclut que Jung croit en la transcendance, mais met l’accent sur l’immanence du divin, accessible à travers l’individuation. Jung ne rejette pas un Dieu transcendant, mais se concentre sur les images psychiques et les expériences personnelles. Il écrit : « Il est important que nous ayons un secret et l’intuition de quelque chose d’inconnaissable » (Ma Vie, p. 405).

Conclusion II : Dieu Est-il au-delà du Bien et du Mal ?

Jung dépasse la vision chrétienne d’un Dieu uniquement bon, proposant un Dieu qui englobe les opposés. Beaubien note que Jung manifeste une réserve quant au dépassement complet de l’ombre, mais ses pensées tardives suggèrent une réconciliation plus profonde.

Conclusion III : Dieu Est-il Celui de l’Expérience Mystique ?

Dans ses dernières années, Jung transcende la phénoménologie pour embrasser une expérience mystique. Il décrit une expérience intemporelle : « On recule devant l’emploi du mot ‘éternel’ ; pourtant je ne peux décrire ce que j’ai vécu que comme la béatitude d’un état intemporel, dans lequel passé, présent, avenir ne font plus qu’un » (Ma Vie, p. 338). Cette expérience, hors du temps et du moi, reflète l’union mystique.

Jung insiste également sur l’individualité :

« N’imiter personne, telle était ma devise » (Ma Vie, p. 108), et « j’ai évité toutes rencontres avec les saints personnages […] je devais me contenter de ma propre vérité » (Ma Vie, p. 316).

Ces propos s’alignent avec des mystiques comme Jiddu Krishnamurti, qui soutient que « la vérité est une terre sans sentier » (cité p. 324).

En somme, la pensée de Jung, telle qu’analysée par Beaubien, partage avec la Franc-maçonnerie une vision de la transformation intérieure, de l’unité des opposés et de la quête d’une vérité spirituelle personnelle. Si Jung n’était pas maçon, son exploration du Soi et de l’individuation reflète les idéaux maçonniques de perfectionnement, d’autonomie et d’harmonie universelle, offrant une passerelle entre la psychologie analytique et les traditions initiatiques.