lun 21 avril 2025 - 22:04
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Nos questions (un peu provoc’) à un Franc-maçon palois

De notre confrère larepubliquedespyrenees.fr

Ils sont environ 400 à Pau, un millier en Béarn. Trois siècles après la création des loges en France, héritières de leurs grandes sœurs anglaises, les francs-maçons suscitent toujours la curiosité, la suspicion, l’intérêt ou le dénigrement. Nous sommes allés à la rencontre d’un membre palois du Grand Orient de France, José Moreira, l’un des Grands Maîtres adjoints de cette obédience, dans le temple de la rue Lapouble à Pau. L’homme de 66 ans est franc-maçon depuis 1994. Il répond à nos questions (un peu provocantes).

3/05/25 : 2e Rencontres Égyptiennes de Paris de la GL-AMF

La Grande Loge de l’Alliance Maçonnique Française (GL-AMF) et sa Maison du Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm organisent les deuxièmes rencontres Egyptiennes en présence du Grand Maître de la GL-AMF, Pierre Lucet.

Le Cercle Georges Bogé de Lagrèze

La création du Cercle Georges Bogé de Lagrèze au sein de la Maison du Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm de la GL-AMF, répond à une demande croissante des Frères, celle de mieux appréhender l’histoire de leur rite, de leurs racines traditionnelles et de valoriser leur patrimoine initiatique et historique.

Compte tenu de la nature et des objectifs de ses travaux, le Cercle Georges Bogé de Lagrèze, reste ouvert, il pourra ainsi travailler avec des Frères et des Sœurs extérieurs ou des profanes reconnus pour la qualité de leurs travaux.

Programme des Rencontres Égyptiennes

Pour cette deuxième année les thèmes seront ceux des sciences traditionnelles, au travers du Tarot et de l’hermétisme. Nous aurons le plaisir d’aller à la rencontre de cet homme qui marquera l’occultisme et la Franc-maçonnerie égyptienne du XXe siècle : Robert Ambelain.

L’accueil de cette journée se fera entre 8h30 et 9h30 autour d’un café de bienvenue, puis :

9h30 – 10h00 : allocution du Grand Maître de l’Alliance, Pierre Lucet.

TAROT ET FRANC-MAÇONNERIE

10H30 – 12H00 :

Table ronde avec Pierre Treuil (astrologue, tarologue, écrivain et conférencier) et Francis Lemenier (imprimeur, éditeur, spécialiste des tarots de Papus, Wirth, et Falconnier).
Modérateur : Marc Jaillon (Député Assistant Grand-Maître de la Maison du Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm (GL-AMF).

12h00 – 13h00 : déjeuner libre.

ROBERT AMBELAIN

14H00 – 15H30 :

Serge Caillet, historien des sociétés initiatiques, fondateur de l’Institut Eleazar, auteur de nombreux ouvrages sur la Franc-maçonnerie égyptienne dont une très complète biographie de Robert Ambelain parue aux éditions de la Tarente.

HERMETISME ET FRANC-MAÇONNERIE

15H30 – 17H00 :

Axel Karol, Grand Maître de l’Ordre Maçonnique Traditionnel de Memphis-Misraïm et auteur de deux ouvrages sur la Franc-maçonnerie égyptienne au travers des Arcana Arcanorum et du Rite Féminin de Chevillon-Fructus.

La conclusion clôture de cette riche journée sera donnée par Jacques Galhardo, Assistant Grand Maître de la Maison du Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm de la Grande Loge de l’Alliance Maçonnique Française (GL-AMF)

ATTENTION : 80 places maximum

Septième degré du REAA Prévôt et Juge ou Maître Irlandais (Suite 2/3)

Septième degré du REAA Prévôt et Juge ou Maître Irlandais

Lire la partie 1/3 de cet article

De l’Apocalypse aux chrétiens de l’Église de Rome

Ce Tau, signe des justes dans l’Apocalypse, sera, chez les chrétiens, tracé sur leur front avec de la cendre à partir du XI°/ XII° siècle.
Ainsi sur cette figure gravée sur une des faces d’un pied de croix du XII° siècle, provenant de l’abbaye de Saint Bertin (aujourd’hui au musée de Saint Omer), on voit un prophète traçant le signe T sur le front d’un juste. On trouve la même chose sur un vitrail de Saint Denis.

Cette coutume demeure aujourd’hui encore dans quelques pays à majorité catholique, comme au Costa Rica et surtout aux Philippines, où l’on peint avec de la cendre noire épaisse une sorte de croix comme un +.
Et on la traçait encore sur ou avec de la cendre grise sur le front de certains chrétiens au Liban dans les années quatre-vingt-dix.

Le Tau grec serait-il le « To » de Tito ?

Le T grec, signe des Justes dans l’Apocalypse serait-il le « To » de Tito ?
Naturellement on sait qu’il est la transposition du T hébraïque, le Tav qui marque le front des Justes dans l’Ancien Testament, l’autre T de TiTo . ?

Le T hébraïque, Le Tav un X

Dans Ézéchiel IX, 4 cet épisode dramatique de l’Ancien Testament, alors qu’une partie des fils d’Israël se trouve en exil pour n’avoir pas suivi les directives de Yahvé, Ézéchiel est emporté par le char de ce dernier à Jérusalem et assiste là à la colère de son dieu, qui décide de punir tous ceux qui sont restés et ont cessé de suivre ses lois.
Seuls les Justes seront sauvés, c’est pourquoi il faudra qu’on puisse les reconnaître :
« Tu dessineras un Tav sur le front des hommes (ceux qui sont Justes) ».

Or le Tav qui est un T est aussi un mot qui signifie « signe », signe d’écriture et pour les kabbalistes. Il est « la marque » « le sceau divin ». Il est le nombre 400.
Il s’écrivait alors sous la forme d’un « X » (et encore à l’époque du Christ et donc ainsi du temps de Salomon et d’Hiram).

De nombreux chrétiens le confondront d’ailleurs allègrement avec le Tau grec puisqu’ils prononçaient le Tav : Tau !

Le T hébraïque le Tav serait-il le Ti de Tito ?

Quand nous français, parlons de la lettre T en grec, nous prononçons Té, les anglais Ti.
Pour les anglosaxons, qui nous transmirent les rituels, le Ti grec de valeur 300 pourrait bien être le Ti de Tito.
Le « To » de Tito serait alors le Tav hébraïque, que les maçons prononçaient – et même encore certains aujourd’hui- To comme Toto, l’écrivant TAU ayant confondu le V majuscule latin avec un U !

On pourrait évidemment imaginer l’inverse : Le Tau grec serait le To de Tito
En fait on devrait dire non le Ti et le To mais le Tau et le Taw…
Quoi qu’il en soit :

TiTo symbolise les deux T qui sont les signes du Juste dans l’Ancien et le Nouveau Testament.

On remarquera au passage que la clef du nom Tito était déjà perdue à l’époque de Vuillaume (Première parution de son Tuileur 1830) puisqu’il met en note :
« Il y a tout lieu de croire que Tito est une corruption d’Achitob (hébreu ahhitob) frater bonitatis « Bon Frère » ! explication recopiée par tout le monde…
Regardons maintenant les anciens tableaux de loge pour voir les lettres qui y sont inscrites et voyons à quelles langues elles font références. Du chinois ? Même si, comme l’écrit Irène Mainguy, ce degré est un casse-tête chinois ?

Et gardons en mémoire que de nombreux rituels nous sont parvenus en anglais tels tous les degrés du Rite de Perfection par Franken.
En anglais, les consonnes suivantes se prononcent avec le son i : à partir du B : Bi, Ci, Di, Gi, Pi, Ti, Vi et Zi.

Donc ces huit sons écrits ne sont pas forcément des syllabes mais plutôt des consonnes initiales…Tout comme le Ti de Tito…
Tournons-nous donc vers les tableaux de loge parvenus jusqu’à nous pour voir quels caractères y sont inscrits et en quelle langue.

Les lettres sur les Tableaux de loge

Si sur tous les tableaux de loges parvenus jusqu’à nous, on retrouve les mêmes images concernant les objets symboliques du rituel :

La Cassette, la Clef d’or, la Balance, le Delta avec le G et le A entrelacés du Grand Architecte, l’Urne flamboyante avec le Cœur d’Hiram et les Sept Marches.
Il n’en est pas de même des lettres qui y sont inscrites. Elles varient selon les tableaux. On remarquera même que sur le premier tableau présenté en tête de l’article, il n’y a pas les deux T de Tito.

Et c’est là que continue le casse-tête chinois commencé avec les deux T de Tito.
Mais on a besoin de ces lettres pour éclairer les paroles du rituel.

Sur ce deuxième tableau de loge appelé Tableau de Maître Irlandais daté de 1711

C’est l’un des plus anciens parvenus jusqu’à nous, l’un des plus simples, l’un des plus faciles à interpréter. Nous remarquons :

À l’Orient : Deux lettres en caractères latins « L » à gauche et « K » à droite : du grec.

Là c’est du grec facile à trouver : Le « L » au-dessus de la clef est l’initiale de « Prévot » en grec Leitourgos.

Le « K » au-dessus de la balance est l’initiale du mot « Juge » en grec Kritès.
Le liturge est une sorte d’intendant, préposé à la direction des ouvriers ou de l’administration d’une armée ou d’un lieu. Il est donc normal qu’il possède la clef de l’endroit où se trouvent les plans d’un bâtiment important, ici le temple de Salomon.
Sous le L de Prévôt se trouve donc logiquement la clef d’or de la cassette où sont les plans tout comme la balance se trouve sous le K de Juge.

À l’Occident : du grec et de l’hébreu Un T à gauche et un X à droite.

Ils marquent la distinction entre le T grec et le T hébraïque :
À gauche la lettre T, Té pour nous, prononcée par les anglais Ti : Soit le Tau grec majuscule «  » qui se trace comme un T latin. Soit le Ti de Tito.
À droite le « X », le Tav dans son ancien graphisme soit le Tav prononcé Tau par les maçons. Soit le To de Tito.
Ainsi les deux T placés face à face à l’Occident, représentent les signes des justes : celui de gauche dans l’Apocalypse, celui de droite dans Ézéchiel.
Quant à l’alliance des deux T : 400 + 300, elle nous donne celle du quatre et du trois, du nombre de la matière et de celui du spirituel et donnant le sept.

Au centre du Tableau sous la cassette un IHS : de l’hébreu et du latin issu du grec

Les branches d’acacia, surmontant cet IHS, évoque le lieu où fut trouvé le corps d’Hiram. Quant au IHS il signifie, dit le rituel, Jéhova, Hiram et Stolkin. Soit le Yod de Jéhovah, le ‘Heith de Khiram et le S de Stolkin, mot qui est censé être de l’hébreu et être le nom de celui qui le premier retrouva le corps d’Hiram.

La réunion de ces trois noms fait très artificiel et ne trompe personne¸ d’autant que Khiram ne commence pas par un H latin ! Elle ne sert qu’à montrer que derrière Hiram se trouve le Christ ou que derrière le Christ se trouve Hiram.

Au Moyen Age, Hiram était vu comme le Christ à venir. Bède le Vénérable (VII° siècle en Northumbrie) et Walafried Strabo (en Allemagne IX° siècle) voyaient dans Hiram une préfiguration du Christ.

Hiram devenait alors Homo Jésus Rex Altissimus Mundi
On voit qu’on peut faire des allers et retours entre Hiram et Iésous.
Le monogramme trilitère hiramique est une transformation du monogramme bien connu qui est d’abord christique :

Il s’agit du JHS christique où l’on a remplacé la croix sur la barre du H par deux branches d’acacia afin de faire d’Hiram l’équivalent du Christ. L’acacia, symbole solaire de renaissance et d’immortalité, remplace la croix et nous pensons que les deux interprétations se superposent. Il ne s’agissait pas de déchristianiser les rituels, mais de montrer les correspondances entre Hiram et le Christ, au niveau symbolique.

Tout comme les deux T de Tito mettent en rapport l’Ancien et le Nouveau Testament.
Aussi il nous parait important de rappeler le sens du premier monogramme trilitère, celui d’origine. Sinon le grade de Rose Croix n’aurait plus raison d’être. Or les degrés se suivent tout en s’approfondissant. Revenons donc à l’origine.

Ce monogramme en latin IHS pouvait aussi s’écrire JHS ou YHS. -Ce dernier figurait ainsi sur l’étendard des templiers : la barre verticale du h s’élève au-dessus du Y et du S et est barré pour signifier une croix.

À l’origine il s’agissait uniquement des trois premières lettres du nom de Jésus en grec IHSOUS soit en majuscules et transposées maladroitement en latin, IHS mais il s’interprète aussi :
– Comme Jésus Sauveur :
Jésus Hominum Salvator « Jésus Sauveur des hommes » « Sauveur du monde »(Jean 4,42)

Comme Jésus Vainqueur :

In Hoc Signum « Par ce signe (la croix) » sous-entendu : Vinces « tu vaincras » comme on le trouvera plus tard sur différentes médailles comme celle représentée ci-dessous, où l’on voit l’inscription Vinces en toutes lettres. Datée de 1838 il s’agit de la médaille d’une Ligue de tempérance.

On la trouve aussi dans un ouvrage anonyme paru en 1876 à Londres décrivant les cérémonies de plusieurs Ordres maçonniques chevaleresques ; Il y est écrit que la devise en latin « In hoc signo vinces » fut adoptée par les croisés.
Jésus est ainsi Juge «“ le Fils de l’Homme ” apparaîtra sur les nuées du ciel avec puissance et grande gloire, pour juger les vivants et les morts.» (Mt 24, 30), Sauveur et Vainqueur, tout comme les Juges, Sauveurs et vainqueurs du Livre des Juges.

Sur ce troisième tableau (Collection Chevalier de la Barre)
En partant de l’Orient :

Sous le dais et de chaque côté de la cassette :
Un C à gauche face à un K à droite
On retrouve à droite le K de Kritès Juge. C’est donc du grec.
Le C à gauche doit donc être aussi du grec. Sachant que les juges du Livre des juges étaient également appelés « Sauveurs » on peut donc y voir le nom de Sauveur en grec soit Sôter.

Le S de Sôter en oncial est un « C » l’initiale donc de Sauveur.
Soit le C pour « Sauveur » à gauche et le K pour « Juge » à droite.

En dessous au centre :

Les deux T de Tito symbolisant le Tau grec et le Tav hébraïque cette fois les deux T sont en caractères latins. Ils encadrent : Le IHS avec un petit rameau d’acacia presque invisible.

À l’Occident

Du grec à nouveau :
À gauche un X, le Khi grec de (Initiale de Christos en majuscules)
À droite un C, le Sigma, le S grec, (Finale de Christos en onciale).
Remarquons que pour le moment nous ne voyons pas l’utilité de faire appel à du chinois…Nous pouvons alors passer aux mots du rituels et tenter de les décrypter.

Les mots du rituel

Lors de la réception à ce grade, le premier surveillant fait s’agenouiller le candidat, lui fait dire CIVI tout en posant son épée nue sur son épaule gauche. Il reste ainsi jusqu’à ce que le Trois fois illustre dise KI. Après quoi on lui fait faire sept voyages.
Et plus loin, à la fin de l’Instruction, on lit :
« Dans cette place sacrée, le candidat fut saisi d’admiration et, tombant sur les genoux, il prononça CIVI » Ce qui n’est pas tout à fait la même chose : Là il s’agenouille de lui-même et cela sans doute parce qu’il a vu -on peut le penser- le cœur d’Hiram qui dans une urne flamboyante apparaît comme dans une gloire de flammes ou de rayons.
Salomon le voyant prosterné lui répondit KI et lui donna une balance.

CIVI et KI

On en a fait des syllabes de langue chinoise !
Civi serait alors un mot en langue chinoise signifiant « je m’incline » ou « je m’agenouille » et Ki un mot signifiant «Levez-vous ».
Pourquoi pas ? et cela même si les mots au REAA du premier au trente-troisième degré sont en grec, en latin et en hébreu.
Mais on pourrait quand même, d’une part faire remarquer qu’aucune de ces syllabes n’apparaît sur les différents tableaux de loge et, d’autre part, rappeler que l’autre nom de ce degré est Maître Irlandais et non Maître chinois !

A suivre pour la dernière partie…

Le Dessin de Jissey : « L’Amour de soi »

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Notre Frère Jissey s’en prend non seulement à la vanité de certains (sans donner les noms des coupables), mais aussi probablement au manque d’humour dans la Franc-maçonnerire. Vous avouerez que la Loge n’est pas le premier endroit auquel on pense pour venir passer une soirée de détente et de rire. C’est à croire que l’humour est incompatible avec le travail sérieux. Remarquez, c’est un peu la même chose avec le cinéma. Avez-vous déjà vu un humoriste récompensé aux Césars ou aux Oscars ? Il faut être ennuyeux et sérieux pour avoir du crédit.

L’humour est mal considéré en Franc-maçonnerie, probablement car il risque de diluer la solennité des rituels et de fragiliser la crédibilité d’une institution historique face à ses détracteurs. L’austérité, associée à la sagesse et à l’autorité, devient un gage de légitimité. Pourtant, des signes d’ouverture émergent, suggérant qu’un humour mesuré pourrait revitaliser les loges, à condition de respecter leur essence.

15/03/25 : Académie maçonnique Paris : « Tout se joue-t-il le soir de l’initiation ? »

Ce samedi 15 mars à 10h30, l’Académie maçonnique Paris recevra, lors de son webinaire mensuel, pour une conférence intitulée :

« Tout se joue-t-il le soir de l’initiation ? »

LORENZO SOCCAVO

Membre de la Grande Loge de France, chercheur en littérature à Paris, associé à l’Institut Charles Cros, dernier ouvrage paru : Terres de fiction (Chaudfontaine, Belgique, Bozon2X éditions, 2024, 142 p.)

Ce webinaire est gracieusement accessible aux Sœurs et aux Frères de toutes Obédiences, titulaires du grade de Maître, sur inscription préalable : Cliquez ici

LORENZO SOCCAVO

Initié à Versailles, en 2001, à la Grande Loge de France, au Rite Écossais Ancien et Accepté, il est membre, depuis 2014, du Collège de la Loge d’étude et de recherche Jean Scot Érigène (travaillant au 3e degré), membre du comité de rédaction et auteur de sa revue Les Cahiers Jean Scot Érigène. Il a contribué aussi à Points de Vue Initiatiques et, tout dernièrement, à la Revue d’Histoire de la Franc-Maçonnerie (lancée cette année par la Commission d’Histoire pilotée par la Loge nationale de recherche Marquis de La Fayette dont il est le secrétaire).

Au plan profane, il est chercheur en littérature à Paris, associé à l’Institut Charles Cros. Son ouvrage le plus récent est un essai de littérature : Terres de fiction, où ses recherches portent sur le concept de « fictionaute » et le sentiment de “traversée du miroir” par les lectrices et lecteurs de romans.

La question qu’il se pose ce samedi taraude bien des initiés. Il nous donnera et étayera son point de vue, nous aidant ainsi à approfondir le sens de l’initiation depuis son choc initial.
Une version de cette conférence paraîtra dans Les Cahiers Jean Scot Erigène, nouvelle série, № 4, en avril 2025.

Le secrétaire général du Conseil islamique arabe confirme qu’il n’est pas Franc-maçon

De notre confrère CNN

Mohammed Ali al-Hussaini dément tout lien avec la franc-maçonnerie et ironise sur une candidature au Hezbollah

Beyrouth, 4 mars 2025 – Mohammed Ali al-Hussaini, secrétaire général du Conseil islamique arabe, a tenu à clarifier les choses face aux rumeurs persistantes sur son supposé appartenance à la Franc-maçonnerie. Dans une prise de parole relayée sur son compte X, il a fermement nié ces allégations, affirmant n’avoir « aucun lien, de près ou de loin » avec cette organisation souvent entourée de mystères et de controverses.

Interrogé également sur une éventuelle ambition de succéder à Hassan Nasrallah à la tête du Hezbollah, al-Hussaini a répondu avec une touche d’humour : « Je ne suis pas en lice pour ce poste, et je n’en ai ni l’envie ni l’intention. » Il a insisté sur le fait que son engagement se concentre exclusivement sur sa mission au sein du Conseil islamique arabe, visant à servir l’islam et les musulmans sans arrière-pensées politiques.

Le responsable n’a pas mâché ses mots contre ceux qui propagent ces rumeurs, les accusant de chercher à semer la division parmi les musulmans par jalousie ou calcul. « Ces calomnies visent à détourner l’attention des véritables enjeux qui touchent notre communauté », a-t-il dénoncé, avant d’appeler à l’unité face aux défis actuels.

Cette sortie médiatique intervient dans un contexte tendu au Moyen-Orient, où les spéculations et les théories du complot, notamment autour de la franc-maçonnerie, trouvent souvent un écho amplifié. Mohammed Ali al-Hussaini, figure connue pour ses positions religieuses et son influence au Liban, semble déterminé à couper court aux polémiques pour recentrer le débat sur les priorités de la région.

Sautoir et Cordons maçonniques

Portes de l’alliance et de la transmission

Dans l’univers maçonnique, le sautoir et le cordon ne sont pas de simples ornements. Ils symbolisent l’alliance entre tradition et modernité, le lien sacré entre l’initié et la Connaissance, et servent d’insignes de fonction et de grade. Ces accessoires, portés avec fierté et humilité, sont de véritables vecteurs de la transmission initiatique. Comme le disait Carl Jung :

« Votre vision ne deviendra claire que lorsque vous regarderez dans votre propre cœur. »

Ce regard intérieur se reflète dans la beauté et la signification des sautoirs et cordons, qui marquent l’appartenance à une lignée de sagesse ancestrale.

Origine et évolution

Historiquement, le sautoir et le cordon trouvent leurs racines dans les traditions nobiliaires et dans le Compagnonnage. Les couleurs compagnonniques ne sont pas portées en sautoir.

Le sautoir maçonnique porte en pointe le bijou confirmant la fonction (Equerre pour le Vénérable, Niveau et Perpendiculaire pour les deux surveillants, etc.). Ils continuent d’être portés en tenue blanches ou fermées (à l’exclusion du tablier et des gants emblèmes du travail). En loge le sautoir ne dispense pas du port du Tablier.

Cordon de secrétaire
Cordon de secrétaire

À l’origine, dans la franc-maçonnerie anglaise, le sautoir était porté exclusivement par les Officiers, symbolisant un privilège réservé aux détenteurs de responsabilités.

En France, l’usage du cordon, issu des Ordres royaux – Saint-Esprit, Saint-Louis et Saint-Lazare, s’est généralisé pour montrer que tous les Maçons en fonction de leur grade et leurs responsabilités, qu’ils soient Officiers ou Maîtres, appartiennent à un ordre prestigieux et égalitaire.

« La grandeur de l’âme se mesure à sa capacité à transmettre la lumière. »

Ce lien historique confère à ces accessoires une dimension à la fois pratique et symbolique, servant à la fois d’instrument de distinction et de rappel de la mission de Transmission.

Symbolique du sautoir et du cordon

Le sautoir se présente généralement sous la forme d’un large ruban, souvent en tissu de couleur moiré avec ou non des liserés d’or, et peut être porté en collier. Les broderies variables reflètent les couleurs de l’obédience.

Le cordon, quant à lui, est le même ruban porté de l’épaule droite à la hanche gauche. Souvent nommé Echarpe, le cordon se différencie du Sautoir. Il symbolise une connexion diagonale entre le profane et le sacré.

« Les symboles sont les clés qui ouvrent la porte de l’invisible. »

Sautoir de l’Expert de la Loge Xavier Mina à Pampelune. EFE/Jésus Diges

Ces accessoires rappellent que l’initié doit toujours garder en mémoire l’alliance qu’il a conclue avec la Connaissance. Leur port, rendu obligatoire lors des tenues, incarne l’engagement personnel de chaque Maçon à œuvrer avec constance et humilité. Ils invitent également à se poser la question essentielle :

« Qu’est-ce que cet insigne signifie pour moi ? »

Ce questionnement, essentiel dans l’initiation, permet de transformer ces objets en vecteurs de méditation et de transformation.

Dimension spirituelle et mystique

Au-delà de leur rôle fonctionnel, le sautoir et le cordon maçonniques participent activement à la dimension spirituelle du travail en Loge.

« La véritable sagesse se trouve dans l’équilibre entre le visible et l’invisible. »

Cordon maçonnique
Cordon maçonnique,

Ils incarnent le chemin de la purification et de la transformation, rappelant à l’initié qu’il doit se défaire des attachements matériels pour embrasser pleinement la lumière. Par leur présence, ils suscitent en chacun le désir d’une introspection profonde et d’un engagement envers la Vérité qui se transmet de génération en génération.

Transmission et allégeance à la Tradition

Le sautoir et le cordon se posent comme des emblèmes d’alliance et de protection. Lors de la remise du tablier et de ces accessoires, le parrain ou le mentor rappelle à l’initié l’importance de leur usage : il s’agit non seulement de distinguer les grades, mais surtout de symboliser la continuité et la pérennité de la Transmission initiatique.

« Celui qui détient la Lumière se doit de la partager. »

En portant ces insignes, l’initié affirme son appartenance à une tradition millénaire et se rappelle qu’il est le dépositaire d’un savoir sacré qu’il se doit de faire fructifier et transmettre avec sagesse.

En conclusion

Le sautoir et le cordon maçonnique sont bien plus que de simples accessoires vestimentaires. Ils sont le reflet de l’engagement, de la transformation et de la quête incessante de la Connaissance qui caractérise la Franc-Maçonnerie.

« La véritable grandeur ne se mesure pas à ce que l’on possède, mais à la lumière que l’on partage. »

Ainsi, chaque fois qu’un Maçon revêt ces insignes, il renouvelle sa promesse de travailler, de s’élever et de transmettre la lumière intérieure, renforçant ainsi l’union sacrée qui lie les Frères et Sœurs de l’Ordre.

« Le Fil de Pénélope » et la Franc-maçonnerie – une trame ésotérique commune

Dans les rayons des librairies spécialisées ou les bibliothèques des initiés, Le Fil de Pénélope d’Emmanuel d’Hooghvorst trône comme une énigme. Ce recueil en deux tomes – le premier publié en 1996, le second en 1998, tous deux réédités par les Éditions Beya – n’est pas un roman d’aventures, mais une plongée dans l’hermétisme, l’alchimie et la quête spirituelle.

Emmanuel d’Hooghvorst

Son auteur, un baron belge érudit, y tisse une réflexion profonde sur les fables et les mystères de l’humanité. Et si cette œuvre semble éloignée des loges maçonniques, elle partage avec la franc-maçonnerie une trame commune : celle d’un savoir caché, d’un fil conducteur menant à la lumière. À l’heure où la franc-maçonnerie française, du GODF à la Grande Loge, fait face à des scandales (comme celui d’Alain Bauer, condamné le 4 mars 2025 selon Franceinfo) et à des fake news (Sudinfo.be, 4 mars 2025), explorer ces liens offre une perspective fascinante.

Emmanuel d’Hooghvorst : un hermétiste en quête de vérité

Né en 1914 à Anvers, Emmanuel d’Hooghvorst n’était pas un écrivain de salon. Fils d’une famille noble, il se forme aux humanités classiques avant de se passionner pour les langues anciennes – latin, grec, hébreu, araméen – et les traditions ésotériques. Sa rencontre avec Louis Cattiaux dans les années 1940, auteur du Message Retrouvé, marque un tournant : il y puise une vision où art, religion et science convergent vers une vérité universelle. Le Fil de Pénélope naît de cette quête, d’abord sous forme d’articles pour La Tourbe des Philosophes et Le Fil d’Ariane, puis en volumes réunis peu avant sa mort en 1999.

Le tome 1, sous-titré Ou la Clef des Fables, est une odyssée intellectuelle. D’Hooghvorst y décrypte des contes de Perrault (Cendrillon, Le Petit Poucet), des mythes grecs (l’Odyssée), ou encore des textes sacrés comme la Genèse, avec une conviction : derrière chaque récit se cache une leçon alchimique ou spirituelle. Pénélope, tissant et défaisant son ouvrage pour attendre Ulysse, devient une allégorie de l’âme patiente, cherchant la lumière dans l’obscurité du monde. Le tome 2, plus technique, plonge dans l’alchimie : commentaires de textes médiévaux, réflexions sur le Grand Œuvre, et une vision où la transmutation du plomb en or est aussi celle de l’homme en être éclairé.

Une œuvre ésotérique, mais pas maçonnique ?

À première vue, Le Fil de Pénélope ne parle pas de franc-maçonnerie. D’Hooghvorst, discret sur sa vie privée, n’a jamais revendiqué une appartenance aux loges. Pourtant, ses écrits vibrent d’échos maçonniques. La franc-maçonnerie spéculative, née au XVIIe siècle en Angleterre et formalisée en 1717, s’est nourrie de traditions alchimiques et hermétiques. Elias Ashmole, l’un des premiers maçons documentés, était un alchimiste fervent, tandis que les symboles maçonniques – équerre, compas, pierre brute – évoquent le « travail » sur soi, thème central chez d’Hooghvorst.

Dans le tome 1, l’idée d’un « fil » reliant les fables rappelle le cordon maçonnique, symbole d’unité et de progression initiatique. Pénélope, patiente et rusée, pourrait être une figure du maçon polissant sa pierre : un labeur constant pour atteindre la perfection. Le tome 2, avec son focus sur l’alchimie, renforce ce parallèle. Selon Le Figaro (27 mai 2024), l’alchimie a influencé les hauts grades du Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA), où la quête de la « lumière philosophale » rejoint celle de la « lumière maçonnique ». D’Hooghvorst, en citant des auteurs comme Basile Valentin ou Nicolas Flamel, s’inscrit dans cette lignée.

Pour écouter l’interprétation alchimique de la carte du tarot, La maison Dieu, telle que proposée par Emmanuel d’Hooghvorst dans son ouvrage Le fil de Pénélope :

La franc-maçonnerie et l’hermétisme : une histoire entrelacée

Série Gioviana. Cristofano dell’Altissimo, Portrait de Pico della Mirandola, vers 1552-1568.)

Pour comprendre ce lien, un détour historique s’impose. La franc-maçonnerie moderne, si elle se revendique aujourd’hui laïque au GODF ou spirituelle à la Grande Loge de France (GLDF), puise ses racines dans les guildes médiévales et les cercles ésotériques de la Renaissance. L’hermétisme, avec ses textes attribués à Hermès Trismégiste (le Corpus Hermeticum), a fasciné des penseurs comme Marsile Ficin ou Pic de la Mirandole, influençant les premiers maçons. Au XVIIIe siècle, des loges comme celles du Rite de Memphis-Misraïm intègrent explicitement des références alchimiques, tandis que le GODF, sous des figures comme Alain Bauer (2000-2003), explore des débats philosophiques proches de ceux de d’Hooghvorst.

L’analogie ne s’arrête pas là. Le « travail » maçonnique – réflexion en loge, rituels symboliques – fait écho au labeur alchimique de d’Hooghvorst : purifier, distiller, transformer. Dans Les Aphorismes du Nouveau-Monde, il écrit : « La lumière de nature est dans la pierre brute » – une phrase qui pourrait sortir d’une tenue du GODF. De même, son rejet de l’interprétation rationaliste au profit d’une lecture sensible rappelle la pédagogie maçonnique, où le symbole prime sur le dogme.

Une résonance contemporaine

Guillaume Trichard, ancien Grand Maître du GODF, plaidait en novembre 2024 pour une « démystification » (Sud Ouest, 26 novembre 2024) ; d’Hooghvorst, lui, propose une remystification, un retour aux sources ésotériques. Son « fil » pourrait être une réponse aux maçons déboussolés : chercher la lumière non dans les réseaux d’influence, mais dans la patience et la méditation.

Une œuvre initiatique pour maçons et profanes

Le Fil de Pénélope n’est pas un manuel maçonnique, mais il en partage l’esprit. Pour un frère de la GLDF, il pourrait enrichir les travaux en loge, notamment sur les grades alchimiques du REAA. Pour un profane, il offre une plongée dans un univers où les contes d’enfance deviennent des leçons de vie. Les Éditions Beya, qui rééditent l’œuvre, soulignent son universalité : « Une initiation par le texte », selon leur site.

Reste une question : d’Hooghvorst était-il maçon ? Rien ne le prouve. Sa discrétion, typique des hermétistes, laisse le doute. Mais son frère Charles, préfacier du tome 1, et son cercle proche gravitaient dans des milieux où la franc-maçonnerie belge (proche du GODF) était influente. Qu’il ait porté le tablier ou non, son œuvre tisse un pont entre l’alchimie et la maçonnerie, deux traditions unies par un même fil : celui de la quête de la lumière.

Conclusion : un fil à suivre

À l’heure où la franc-maçonnerie française oscille entre héritage et controverse, Le Fil de Pénélope invite à un retour aux fondamentaux. Emmanuel d’Hooghvorst, mort il y a 26 ans, n’imaginait sans doute pas que ses écrits résonneraient avec les défis de 2025. Pourtant, entre les scandales d’Alain Bauer et les rumeurs en ligne, son message – patience, symbolisme, transformation – offre une boussole. Pour les maçons comme pour les curieux, ce fil mérite d’être suivi, ne serait-ce que pour voir où il mène.


Sources :

  • Le Figaro, « La franc-maçonnerie sous Bauer », 27 mai 2024.
  • Éditions Beya, Le Fil de Pénélope, tomes 1 et 2, notices éditoriales.
  • Franceinfo, « Bauer condamné pour favoritisme », 5 mars 2025.
  • Sudinfo.be, « Fake news et franc-maçonnerie bruxelloise », 4 mars 2025.
  • Sud Ouest, « Trichard démystifie la franc-maçonnerie », 26 novembre 2024.

Place au spectacle

1

Debout et à l’ordre mes frères !

Cette fois, on quitte le monde profane, les métaux sont déposées à l’entrée du Temple.

A chaque nouvelle Tenue, je ne peux m’empêcher de faire un rapprochement avec les rituels qui sont propres à ma profession de saltimbanque.

En effet avant chaque représentation, avec l’aide de techniques et de méthodes personnelles je me mets en condition pour quitter le monde profane. Dans un instant je vais rentrer en représentation, je vais jouer, je vais travailler !

Je m’en remets à mon rituel qui va me guider tout au long du spectacle. Par expérience, je sais que je dois m’y tenir pour réaliser une nouvelle prouesse qui a pour but de faire découvrir, ce sur quoi j’ai travaillé durant des semaines voire des mois.

« il y a de nombreuses similitudes entre une tenue et un spectacle. La tenue est en quelque sorte un spectacle en elle-même. »

Elle est un spectacle interactif, car quasiment tout le monde peut prendre la parole et ainsi y participer. Le spectacle a presque toujours lieu, mais ne peut débuter que s’il y a un minimum de personnes, de « gradés ». Il est exigé un nombre minimum garanti de personnes pour commencer, sachant que dans le cas d’une tenue « les acteurs » sont aussi les spectateurs.

La grande différence réside tout de même, dans le cas ou je me produis sur scène comme en “One man show”. Dans ce cas il me faut au moins un spectateur sinon il n’y aura pas de spectacle, il n’y a pas de public minimum garanti pour démarrer un spectacle “dans le monde profane”.

Un autre point commun avec la tenue, est sans doute le moment où l’on va lire la Planche. Le moment de solitude face à un public, confronté au regard des autres.

« SUR SCÈNE, durant SON ONE MAN SHOW, même combat, il faut convaincre et gagner la confiance du public ».

Il y a bien d’autres similitudes que l’on pourrait développer dans le rapprochement entre le déroulement d’une tenue avec la représentation d’un spectacle, mais je laisse le soin au Grand René de vous livrer ses expériences en cliquant sur le lien de la vidéo ci-dessous :

L’énigme des maîtres -9- Renversements

Pour lire l’épisode précédent : ici

Au musée national de Prague

– Il y a quelque chose de grave qui est arrivé ! S’écria Alexander en voyant les voitures au quadrillage jaune et bleu de la Policie, alignées stratégiquement autour du musée.

Le clignotement bleu intermittent des lumières d’urgence jette des ombres inquiétantes sur les murs, créant une atmosphère tendue. Des faisceaux de lumière blanche balayent les façades historiques, révélant une scène d’activité fébrile.

Des policiers en arme sortent des véhicules, leurs radios crépitant avec des instructions rapides et précises. Certains érigent des barricades temporaires pour sécuriser la zone, tandis que d’autres établissent un périmètre de sécurité, gardant les badauds à distance.

Au milieu de l’agitation, un petit groupe de neuf personnes en combinaisons blanches, portant des boîtes d’équipement et des appareils sophistiqués, se frayent un chemin à travers la foule pour pénétrer dans le musée.

– Amélie ? pensa aussitôt Alexander envahi d’une chaleur d’angoisse en se précipitant vers le musée suivi de Guido et d’Archibald.

– Nos archives ? dirent en cœur Archibald et Guido

Un agent de sécurité, ayant compris qu’ils étaient des étrangers, leur demanda en anglais de ne pas s’approcher. La carte professionnelle que Guido montra leur servit de laisser-passer.

Elle était là dans le hall du musée, discutant avec le chef de la police locale qui s’était déplacé en personne.

– Justement les voilà, lui dit-elle, en apercevant les trois amis, cela vous évitera de les faire chercher. Ils m’avaient prévenue hier après-midi qu’un risque de vol pouvait avoir lieu, comme je vous l’ai expliqué avant qu’ils n’arrivent.

Se tournant vers Guido elle l’informa

– On a retrouvé ce matin le corps sans vie du conservateur Jakub Novák dans son bureau. D’après les premiers éléments de l’enquête, il aurait été torturé cette nuit, pour lui faire avouer le code d’entrée et comment désactiver les alarmes de l’entrepôt où une tentative de vol a eu lieu.

Ce fut un choc intense, un sentiment de stupeur où l’esprit refuse de croire à la réalité de l’horrible situation. Une tristesse écrasante accabla Archibald et Guido. Ils entendirent à peine ce que disait le chef de la police

– Il a dû céder à ses tortionnaires. Mais les voleurs qui étaient plusieurs, on en est sûr, n’ont pas pu entrer dans l’entrepôt. Un des gardes de jour est revenu cette nuit pour une raison inconnue. Il a dû les surprendre tandis qu’ils essayaient le code. Il a fait usage de son arme. Heureusement pour la collection, cela a déclenché une alarme générale, mais malheureusement pour lui, il a été tué dans la fusillade.

– Nous étions les seuls à en connaître la formule choisie ensemble ; heureusement que je n’étais pas là, murmura Amélie avec un tendre regard de soulagement vers Alexander.

– Cela a mis en fuite les cambrioleurs, un ou plusieurs ont été blessés aux vues du sang traçant le chemin de leur échappée compléta le chef de la police. La police technique est sur les lieux, on en saura davantage bientôt. Et maintenant, nous avons affaire pour organiser la recherche des assassins. Cher collègue, Monsieur Lhermitt, je vous prie de me suivre, nous allons commencer par le bureau de ce pauvre conservateur.

– Archibald, venez avec moi, nous ne serons pas de trop de deux pour nous soutenir.

Amélie se rapprocha alors d’Alexander et s’adressa à lui ; ce qu’aperçut Archibald qui n’entendit pas ce qu’Amélie raconta à Alexander. Guido lui avait déjà mis une main affectueuse sur l’épaule, le conduisant vers le bureau du conservateur qui les attendait. S’adressant à Alexander sans se retourner, il lui dit d’un ton bienveillant mais ferme

– Ce soir, nous t’attendrons pour le dîner.

– Cher Alexander, j’ai besoin de ton aide. J’allais vous solliciter tous les trois, mais monsieur Lhermitt est retenu par les autorités sans pouvoir se soustraire et Lord Archibald l’a suivi.

Amélie, d’un ait contrit venait de rompre le silence affligé dans lequel Alexander se tenait encore.

Elle lui expliqua.

– Avant de venir à Prague, j’ai reçu un mot de Jakub Novák me demandant de retrouver un dossier dans une bibliothèque avec cette signature tfpiksf. Je ne sais pas pourquoi je n’en n’ai rien dit à la police. Mais, je crains que cela soit en rapport avec ce qui s’est passé cette nuit, je ne suis pas rassurée de le faire seule.

Alexander remarqua, aussitôt,  les sept lettres sur le mot que lui montrait Amélie. À son air entendu, Amélie comprit qu’il pourrait l’aider et sans douter d’Alexander, Amélie lui demanda

– Tu as reconnu la signature, n’est-ce pas ?

– C’est vrai, j’ai vu au musée de Vienne une médaille à l’effigie de Dante réalisée par Pisanello. Les médailles de ce grand artiste étaient censées assurer l’immortalité de la personne représentée, la finesse du portrait de l’avers exprimait l’individualité et le caractère du personnage. Au revers de la médaille qui représente Dante, on peut lire notre suite de lettres mais inversée : « f.s.k.i.p.f.t. ». Certains pensent que ces initiales peuvent être celles des sept vertus cardinales et théologales chères à Pisanello et à Dante : Fides, Spes, Kharitas, Justitia, Prudentia, Fortitudo, Temperantia.

L’anomalie orthographique sur le K (Caritas ne s’écrit pas Karitas en latin), est vraisemblablement issue de la septante où  la « Grâce » se lit χάρις, Kháris, en grec ancien et qui sera traduite par le mot caritas dans la vulgate latine.

Ces lettres signifient « Fidei Sanctae Kadosh Imperialis Principatus Frater Templarius ». En qualifiant Dante de Frère Templier, Saint de la Foi, cette médaille est non seulement une preuve supplémentaire de la relation étroite qui unissait Dante aux Templiers, mais elle sous-entend aussi que les Fidèles d’Amour furent sans doute les vrais et seuls gardiens des valeurs morales et spirituelles de l’Ordre du Temple, après sa dissolution officielle, en 1312[1]. D’ailleurs Dante aurait assisté à l’exécution de Jacques de Molay et de Geoffroy de Charnay, le 18 mars 1314.

– Alors, nous devons retrouver un dossier dans une bibliothèque en rapport avec Dante, mais où ? ajouta Amélie.

– Cette signature est trop connue pour n’être que l’évocation de Dante. Peut-être dans l’inversion y a-t-il une autre indication ?

– Inverse, inverse, inverse ne cessait de dire Amélie comme essayant de faire surgir un sens au mot.

– Et si ce mot « inverse », puisque nous sommes à Prague, devait être exprimé dans la langue du pays, celle du conservateur ? proposa Alexander tout en pianotant « inverse » sur le logiciel de traduction en tchèque de son portable.

– Voilà : Obrácený ! Cela te dit-il quelque chose ?

Amélie en oublia ses craintes dans l’enthousiasme de cette révélation.

– Oui, c’est certainement cela. Il y a un manoir abandonné, sur la Collinede Petřín, qui porte ce nom. Je m’en souviens, j’ai vu dans le journal local une annonce de sa mise en vente.

Obrácený

Le vieux manoir d’Obrácený se dresse fièrement sur le flan de la colline, une relique du passé, ses pierres séculaires racontant des siècles d’histoires mystérieuses. Les tours gothiques aux gargouilles sculptées semblaient surveiller silencieusement les secrets du manoir depuis des générations. Les jardins qui l’entourent, envahis par la végétation sauvage dissimulent des statues émergeant parfois des buissons, un étang stagnant reflète la lueur du matin. Les allées pavées, presque effacées, témoignent de l’état d’abandon du lieu. 

La façade du manoir est une toile délavée par le temps, des vignes grimpantes s’enroulent autour des colonnes de pierre.

L’accès, étonnamment, n’était pas gardé. La porte éventrée leur permit d’y pénétrer

Les fenêtres, aux vitraux jadis colorés, sont maintenant ternes et fissurées, créant des motifs intrigants de lumière et d’ombre à l’intérieur. Les rayons du jour traversaient, çà et là, des toiles d’araignée dessinant de rosaces de leurs ombres labyrinthiques sur les murs.

 Les faisceaux de lumière de leurs téléphones portables révèlent des tapisseries défraîchies qui, racontant des histoires oubliées de gloire et de tragédie, ornent les murs sur lesquels des portraits de figures nobles, aux yeux scrutateurs, semblent observer chaque pas des visiteurs. 

Ce fut facile de trouver la bibliothèque, joyau du manoir, un sanctuaire de savoir. Des étagères en bois massif s’élevaient du sol au plafond, recouvertes de volumes poussiéreux et de parchemins jaunis. Des globes terrestres anciens, des télescopes antiques et des artefacts énigmatiques étaient dispersés entre les étagères, créant une atmosphère d’érudition oubliée. 

– On dirait que personne n’est venu ici depuis des lustres, dit Amélie avec la banalité d’une évidence, tout en poussant des piles de livres pour en révéler d’autres à la recherche d’un indice identifiant l’étagère où trouver le dossier.

– Attends Amélie. Regarde il y a des nombres gravés sur le bord des étagères. Et d’un doigt qu’il fit glisser pour enlever la poussière qui les dissimulait, Alexander révéla des chiffres gravés.

En raisonnant, Alexander poursuivit.

– Dante se sert souvent du chiffre 9 comme chiffre sacré, symbolisme de la trinité : esprit, âme, corps, chacun ayant trois aspects et trois principes. Ce chiffre, également très symbolique pour les Templiers, rappelle les 9 fondateurs traditionnels de l’Ordre, ainsi que les 9 provinces du Temple d’Occident. Nous devrions chercher l’étagère 9.

C’est dans cette bibliothèque oubliée, sur l’étagère 9, couverte de toiles d’araignée et des piles de livres anciens, qu’Amélie trouva des œuvres de Dante : des éditions anciennes de la Divine Comédie ; de la Vita Nuova oùDante exprime son amour pour Béatrice, fille de Folco Portinari et épouse de Simone dei Bardi; son traité en latin De Monarchia ;  celui sur l’usage de la langue vernaculaire italienne De Vulgari Eloquentia et Épîtres où Dante écrivit plusieurs lettres politiques et poétiques.

Mais aussi, à côté des dossiers contenant des lettres jaunies, des parchemins vieillis, et des esquisses cryptiques, il y avait deux grands carnets dévoilant des illustrations détaillées accompagnées d’explications codées, des équations alchimiques, et des correspondances astronomiques.

En s’en saisissant Alexander reconnut les deux carnets disparus de la Collection de Byrom dont lui avait parlé Archibald.

Là, il tomba aussi sur un dossier renfermant des lettres de correspondances entre des personnages liés aux portraits ; les archives de Jacub Novàk pensa-t-il.

Sans plus attendre, comprenant l’importance de la découverte, il demande à Amélie de mettre les deux carnets et le dossier dans son cabas fourre-tout Neverfull qu’elle portait en bandoulière.

Le soleil était redescendu de son zénith dans le ciel de Prague tandis qu’Amélie et Alexander quittaient le manoir, le cœur battant à tout rompre. Les précieux documents dérobés à la bibliothèque oubliée pesaient lourd dans le sac qu’Alexander, par courtoisie, portait contre lui.

Mais à peine eurent-ils franchi le portail que trois silhouettes surgirent de l’ombre, les encerclant comme des prédateurs, des hommes vêtus de survêtements noirs, des cagoules dissimulant leur visage, une aura de menace mortelle émanant de leur présence.

– Donnez-nous les dossiers, gronda une voix gutturale, un poignard scintillant dans la lumière.

Alexander serra davantage les documents contre lui, un refus déterminé dans son regard.

Le combat fut bref et brutal. Alexander se battit avec courage, mais il était seul contre trois. La douleur explosa dans son épaule quand une lame l’entailla et il lâcha le sac tout en essayant de le retenir par une des brides. Il vit Amélie se baisser, tentant de le rattraper au moment où un nouveau coup, qui lui était destiné, dévia sur la nuque de la jeune femme, provoquant une profonde estafilade ce qui la fit s’évanouir.

Alors qu’ils étaient sur le point d’être submergés, avant même que les assaillants puissent ramasser la besace, une voix tonitruante retentit :

– Lâchez-les !

Un homme jaillit, un semi-automatique en main dont il fit usage devant le danger mortel des deux amis. C’était Parker, le chauffeur de Lord Archibald qui, inquiet pour Alexander,  lui avait demandé par téléphone de les suivre discrètement. Son intervention fut salvatrice. Les trois agresseurs, surpris et blessés, s’enfuirent à bord d’une camionnette qui les attendait un peu à l’écart.

Le sang d’Alexander coulait sur la manche de son costume, résultat de la profonde entaille qui l’avait atteint. Amélie gisait inconsciente sur le sol.

– Vite Parker, aidez-moi, seul je n’y arriverai pas.

Parker souleva Amélie comme une jeune mariée et la déposa à l’arrière de la voiture, sans précaution pour les sièges de cuir clair de la limousine. Avant de monter dans le véhicule, Alexander, de son bras valide ramassa la précieuse sacoche pour la rapporter à ses amis.

– à l’hôpital ! Vite mon ami ! Et Alexander, à son tour, en se sentant en sécurité, perdit connaissance sous l’effet de la baisse d’adrénaline.

Le manoir et ses mystères étaient derrière eux, mais l’énigme ne faisait que se renforcer.

Au Globe Hôtel

Alexander, reprenant ses esprits, se retrouva sur un lit à l’hôtel.

– Amélie ? Fut sa première pensée. À côté de lui, assis dans un fauteuil, Guido semblait l’avoir veillé.

– Ne t’inquiète pas, tout va pour le mieux. Elle est dans une chambre.

– à l’hôpital ?

– Non, ici à l’hôtel. Après vous avoir récupérés, Parker a téléphoné à Archibald qui a jugé nécessaire de vous ramener ici où il a fait venir un discret médecin de ses amis. Inutile d’alerter les autorités à qui il faudrait donner des explications de votre présence au manoir d’Obrácený et de ce que vous y avez fait.

Au fait, les documents rapportés méritaient bien une véritable épreuve et tu l’as bien passée avec seulement quelques gouttes de sang. Tu seras fier de ta cicatrice qui te rappellera ton aventure d’aujourd’hui.

Guido pouvait maintenant plaisanter, une façon de mettre à distance l’angoisse qu’il avait eue en découvrant son ami et Amélie ramenés par le fidèle Parker.

– Je te résume, poursuivit Guido. Tu as été ramené inconscient, déposé dans cette chambre où tu t’es endormi pendant plusieurs heures sous l’effet du sédatif que l’on t’a administré pour recoudre ta plaie.

Cela nous a laissé peu de temps pour survoler  les lettres que tu as rapportées mais de premier abord ce sont des récits de rencontres secrètes dans différents pays et à différentes époques. Ces échanges évoquent aussi des connaissances ésotériques que les membres partageaient, dévoilant des observations astronomiques, et discutant de rituels alchimiques.

Les doigts joints, symbole récurrent, sont fréquemment évoqués dans ces lettres. Ils semblent être un code partagé entre ces érudits, une clé pour déchiffrer des vérités profondes et des mystères cachés dans l’ombre des connaissances interdites.

Cela confirme que les portraits énigmatiques ne sont pas simplement des représentations individuelles, mais des pièces d’un puzzle qui raconte une histoire plus vaste de quête spirituelle, de transmission de sagesse et d’unité. Bien que l’histoire occulte soit souvent imprégnée de mystère et de légende, plusieurs personnages historiques réels ont participé à la vie ésotérique de Prague au fil des siècles. Tu verras, il y a même un jeu de piste à suivre.

Archibald les rejoignit, abrégeant la narration de Guido, ils décidèrent de rendre visite à Amélie dans la chambre où elle reposait.

Le corridor qui desservait les chambres était décoré de somptueux bouquets de fleurs posés sur des consoles. Alexander en retira un altier lys blanc pour l’offrir à Amélie en entrant dans la chambre.

Elle semblait remise, juste un peu lasse, un bandage autour du cou, installée près de la fenêtre sur un confortable fauteuil dont le revêtement jaune et blanc en tissu doux rappela à Alexander leur nuit délicieuse.

– Chère enfant, commença Archibald étonnamment affectueux, nous sommes heureux de vous voir en si bonne forme. Vous nous avez sincèrement inquiétés. Je dois vous avouer que lorsque vous avez appris le but de la mission de Guido, vous avez eu une réaction qui m’a alerté. À l’évidence cela venait de ce que vous aviez des informations qui vous ont soit contrariée soit inquiétée.

Les derniers événements montrent à l’évidence que votre vie est en danger et que vous en connaissez la raison.

– Oui j’ai peur, une sombre prémonition me préoccupe. En effet, j’ai commencé à en dévoiler quelques informations à Alexander. Je pense qu’il est temps de vous faire savoir que je suis membre d’une confrérie pour le moins discrète Les Fidèles d’Amour, je m’en étais ouverte à mon ami Jakub Novák qui a été assassiné. L’exposition en était une manifestation qui sous couvert de cette culture, voulait montrer à un grand public quelques uns de nos membres fondateurs, des érudits explorant les connaissances de leur époque pour y apporter des réponses sur le sens des rapports de l’homme avec lui-même, les autres et le cosmos. Ayant compris, avec le but de votre visite au musée que m’a donné Guido, que leurs œuvres étaient menacées, je me suis  sentie moi-même menacée et, depuis, avec la mort du conservateur et avec l’attaque à laquelle nous avons pu nous échapper, ma prémonition s’avère devenir réalité.

– Pour le moment rassurez-vous, nous sommes près de vous dit paternellement Archibald.

– La soirée est avancée. Reposez-vous, vous pouvez dormir tranquillement, vous n’avez plus rien à craindre, mes services sont alertés, ils feront ce qu’il faut pour protéger l’hôtel et demain nous aviserons.

Prenant tendrement la main d’Amélie, se penchant pour l’embrasser, Alexander lui murmura en souriant à la mièvrerie des mots qu’il prononça

– Je serais, si tu l’acceptes, ton chevalier fidèle et courageux pour te protéger.

Guido et Archibald comprirent par cet ostensible baiser à Amélie qu’Alexander voulait l’associer au groupe et qu’il faudrait qu’elle soit, aussi, mise au courant de leurs intentions.

Ils choisirent d’attendre un jour et une nuit avant de repartir de Prague pour qu’Amélie se remette un peu mieux.

Dans cet intervalle de temps, elle leur parla de son affiliation aux Fidèles d’amour. Parce que cette société avait les mêmes idéaux, mettre l’esprit humain et l’intellect au-dessus des religions, avec l’ambition de créer une ecclesia par l’union d’hommes de bien, ils s’accordèrent pour qu’elle fût instruite des événements depuis la découverte des photos dans la galerie.

Presque rien ne lui fut caché, hormis que le comte et même Guido appartenaient à Mensura, ce qu’avait compris Alexander. Ce fut un pacte confiant de confidentialités qui scella le groupe.

Le voyage, maintenant des quatre dans la voiture conduite par Parker, les ramena à la résidence d’Eaton square, choisie par le comte Archibald parce qu’elle était suffisamment grande et confortable pour accueillir les hôtes qui allaient travailler ensemble au dépouillement des lettres, trésor des archives de M caché par Jakub Novák. 

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[1] Selon René Guénon.