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Allemagne : 245 ans du refuge de Lübeck « Zur Weltkugel »

De notre confrère allemand hl-live.de

Près de 100 francs-maçons se sont réunis à Lübeck pour célébrer dans un cadre festif le 245e anniversaire de la fondation de la Loge « Zur Weltkugel ». C’est l’une des trois loges de Lübeck qui se réunissent dans la maison de la loge au centre-ville.

Cette loge a été fondée le 20 avril 1779 en tant que filiale de la loge « Zum Fruchthorn » (aujourd’hui « Zum Füllhorn »), qui existe depuis sept ans et constitue depuis lors un élément indispensable de la vie sociale et caritative de Lübeck. Comme les autres loges maçonniques, le « Weltkugel » se considère comme une organisation engagée pour le bien commun, qui offre à ses 69 membres actuels la possibilité d’échanger des idées sur des sujets de vie et de santé en général lors de réunions régulières et dans le cadre d’un processus qui a été traditionnelle au fil des siècles sous divers formats pour maintenir sa pertinence sociale.

Pour cet anniversaire, les francs-maçons de Lübeck et d’autres villes d’Allemagne ainsi que du Danemark se sont réunis au Logenhaus de Lübeck, rue St.-Annen-Strasse, sous la direction du « Maître de la Chaire », Lennart Steen. La cérémonie a commémoré l’histoire fondatrice et mouvementée de la loge et des « frères » méritants – c’est ainsi que les francs-maçons s’appellent – ​​ont été honorés pour leur adhésion à long terme ou pour leurs services spéciaux rendus à la loge et à la franc-maçonnerie.

La soirée s’est terminée par une « table box », un dîner festif, dans une bonne ambiance et avec des conversations animées.

Il existe aujourd’hui trois loges maçonniques en activité à Lübeck, qui, outre les deux mentionnées ci-dessus, comprennent également la loge « Zur Weltbruderkette », fondée en 1953. Tous trois travaillent dans les locaux de la Lübeck Lodge House. Les personnes intéressées peuvent trouver les dates et contacts sur les sites Internet respectifs des loges.

« Le chant des Italiens » : un hymne maçonnique

Ce qui est communément appelé par son incipit, Fratelli d’Italia (Frères d’Italie), a pour titre original « Il Canto degli Italiani » (Le chant des Italiens). Une exégèse non superficielle du texte révèle clairement sa nature maçonnique et républicaine.

Avec la fraternelle autorisation du blog italien Delta6017.

Dans l’hymne, c’est avant tout l’unité de l’Italie qui est souhaitée, illustrée de manière détaillé par le rappel de moments historiques significatifs dans ses différentes régions, « des Alpes à la Sicile ». L’horizon dans lequel le texte se développe suggère que la « fusion » ne doit pas se traduire par un aplatissement qui oublie ou supprime le grand patrimoine des différentes réalités locales. Loin de là. C’est une union harmonieuse d’histoires, liées par un dénominateur commun, qui doit être rappelée et transmise.

Mazzini disait : « l’institution républicaine est la seule qui assure cet avenir » (La Giovine Italia, 1831). Goffredo Mameli, avec son hymne ouvertement républicain, soutient avec enthousiasme l’idée d’une telle forme institutionnelle. Publius Cornelius Scipio dit « Africanus », la Ligue lombarde, Francesco Ferrucci, Giovanni Battista Perasso dit « Balilla », c’est-à-dire les modèles d’action que Mameli énumère dans la quatrième strophe, sont certes des exemples de la lutte contre l’étranger, mais ils sont aussi un symbole de l’institution républicaine en lutte contre le gouvernement monarchique. En effet, parmi les gloires de Rome, rappelées avec une rhétorique vibrante comme l’exigeait l’esprit du temps, c’est le chef républicain Scipion « Africanus » (Scipio) qui est exalté, et non Jules César, Auguste ou tout autre empereur important.

D’un point de vue purement esthétique, l’hymne de Mameli présente des faiblesses évidentes, tant dans les paroles que dans la mélodie de Michele Novaro. Mais, malgré ses défauts artistiques, « Il Canto degli Italiani » réussit infailliblement à impliquer émotionnellement les auditeurs et à provoquer un sentiment de fierté d’appartenir à une nation qui découle d’une longue histoire commune et qui incite à surmonter les divisions et les oppositions. Giuseppe Verdi l’a bien compris qui, en 1864, l’a repris avec l’hymne national français La Marseillaise (écrit et mis en musique par Claude Joseph Rouget de Lisle) et l’hymne anglais God Save the Queen (d’Anonyme) dans son « Inno delle Nazioni » (hymne des nations). Aujourd’hui encore, plus de cent cinquante ans après sa naissance, avec la sincérité de ses intentions, son élan de jeunesse et l’émotion qu’il peut susciter, l’hymne de Mameli continue de toucher des cordes sensibles.

L’idéal fondamental qui animait le Risorgimento italien était la réalisation de l’unité de la patrie. Depuis la fin de l’Empire romain d’Occident, l’Italie avait été fragmentée en une myriade d’États plus ou moins grands, tantôt faibles et éphémères, tantôt puissants et durables, mais presque toujours désireux de défendre leurs intérêts particuliers ou de se livrer à de féroces luttes fratricides qui avaient affaibli l’idée même de nation et avaient inévitablement favorisé, quand elles ne l’avaient pas encouragé, l’occupation étrangère. En 1815, après la chute de Napoléon Ier, le Congrès de Vienne avait sanctionné la division du territoire italien en neuf États.

« Le Canto degli Italiani », dans sa version originale, contenait l’expression « Evviva l’Italia » (vive l’Italie) dans son premier couplet, un incipit banalement faible, caractérisé par un enthousiasme générique, stérile et étouffant. En revanche, l’expression « frères d’Italie » a pris une connotation très différente. Le terme « frères » est le nom que les francs-maçons se donnent entre eux, la fraternité étant, avec la liberté et l’égalité, le fondement éthique de la franc-maçonnerie. L’hymne est donc devenu une véritable proclamation exhortative qui a secoué les consciences de destinataires bien précis : les « frères » italiens de l’auteur.

L’hymne a été appelé par certains la « Marseillaise italienne ». Une association inappropriée, non seulement parce que La Marseillaise est un hymne de guerre composé pour fortifier les soldats français de l’armée du Rhin engagés dans la défense de la jeune république née de la révolution, mais surtout parce qu’il utilise le terme d’enfants – qui dans le langage courant signifie « fils » – et non celui de « frères ». La différence est fondamentale, car les enfants ont un statut qui les relie hiérarchiquement à un père et une mère qui les guident avec autorité, alors que le terme « frères » implique une union horizontale et égalitaire.
« Il Canto degli Italiani » a été qualifié d’hymne blasphématoire et antireligieux, alors qu’une analyse même superficielle du texte met en évidence la foi profonde de son auteur. La troisième strophe, en particulier, qui est la strophe centrale de tout l’hymne, est une synthèse de la vocation maçonnique et religieuse de son auteur. Le programme d’action que se fixent les francs-maçons est de s’unir et de s’aimer pour révéler au monde que les voies de Dieu sont l’union et l’amour universels.

L’hymne fait également référence à l’histoire religieuse européenne, en particulier aux événements des mouvements paupéristes du 13e siècle. À cette époque, le besoin de renouvellement du clergé, relâché, corrompu et sclérosé, se faisait fortement sentir. Il est devenu sourd aux besoins de survie de larges couches de la population qui souffrent de la misère, de la désolation et de l’abandon. Dans le nouveau climat spirituel, les pauvres deviennent des frères qui ont besoin d’autres frères pour leur venir en aide. Il s’agit d’une véritable révolution intérieure, aux répercussions sociales indéniables, où la métaphore des « frères » a l’énergie de dépasser les clivages sociaux et de rendre leur dignité aux pauvres. Il n’est plus le foudroyé de Dieu, porteur d’on ne sait quelles fautes, en tout cas l’icône du mal présent dans le monde aux prises avec un destin auquel il semble devoir se résigner. Il est simplement l’autre compris comme un prochain à aider, donc non pas un étranger mais un frère. Les exemples de la chevalerie, des cathares, de François d’Assise et de Pierre Valdo, dans leur diversité, sont peut-être les plus significatifs. Il est surprenant de constater la nécessité pour les mouvements spirituels d’aider leurs frères pauvres. Ce sont des frères qui se consacrent au soin d’autres frères. En ce sens, l’harmonie d’une famille est rétablie, non pas au sens naturel des liens biologiques, mais au sens spirituel, fortement imprégné d’idéalité. Le terme « frère » est typique du XIIIe siècle, bien que le mot latin frater ait acquis une connotation religieuse dès le IVe siècle.

Il est à noter que, tant dans la franc-maçonnerie que dans les mouvements paupéristes médiévaux, le terme qui les caractérise est celui de « frère » et « sœur » et non d’autres, tels que: ami, camarade, associé, collègue qui caractérisent l’engagement politique, les unions commerciales, les sociétés qui ont une fonction plus nettement matérielle et moins spirituelle. La franc-maçonnerie y a ses racines profondes, mais elle est aussi indubitablement liée aux Lumières européennes du 18e siècle Tous ceux qui, au nom de la raison éclairée, entendent combattre les ténèbres de l’ignorance et de la superstition sont reconnus comme des « frères » et s’apportent à ce titre une aide mutuelle et une assistance bienveillante. Une sorte de fraternité morale, de cosmopolitisme fraternel. Par essence, les francs-maçons visent à répandre « l’amour fraternel entre les hommes » dans le respect des croyances religieuses de chacun. La recherche de la vérité et de la fraternité doit en effet servir à réunir l’humanité en combattant l’ignorance et le fanatisme.

Le concept de fraternité inhérent à la franc-maçonnerie s’apparente à un « lien mystique fraternel ». Il est certain, au-delà des interprétations et des déviations historiques, que même dans ce cas le terme « frère » prend une connotation de type idéal et moral. La fraternité maçonnique se comprend donc comme une extension, une transfiguration du lien biologique et familial et s’élève à un mode de relation caractérisé par l’entraide jusqu’au dévouement de la vie. Si, à notre époque, la figure du frère biologique est ternie et risque de perdre de sa valeur, la figure idéale de la fraternité comprise comme un lien exemplaire demeure.

Il est intéressant de noter que dans les relations avec le Mal, avec Satan, le terme de frère n’est jamais utilisé, mais celui de fils-esclave, de soumis. Et ce, non seulement par ceux qui identifient Satan comme l’antagoniste, mais aussi par ses propres adeptes. En définitive, dans le satanisme, c’est le besoin de montrer une relation de soumission qui domine, alors que dans la fraternité, qui découle de la filiation divine commune qui n’asservit pas mais rend libre, la relation est égale. En ce sens, les enfants de Satan se distinguent des enfants de Dieu, les enfants des Ténèbres des enfants de la Lumière.

Mameli était franc-maçon, pas athée. Toutes les références religieuses et divines de l’hymne le prouvent. L’anticléricalisme maçonnique du XIXe siècle ne doit pas être confondu avec l’incroyance, qui ne voulait pas avoir et n’avait pas une connotation purement antireligieuse, mais avait une valeur idéologico-politique évidente. C’est la fin du pouvoir temporel des papes qui était l’objectif des francs-maçons et des libéraux irrédentistes, la fin d’un dogmatisme asservissant et non la fin du christianisme en tant que tel. Inversement, la croyance en l’inséparabilité de la nature du chef religieux et du souverain temporel attribuée par le catholicisme à la personne de l’évêque de Rome rendait blasphématoire l’objectif des patriotes italiens.

Il ne faut pas oublier qu’aujourd’hui encore, même dans l’étroitesse territoriale de son État, le pape est un monarque absolu. Si aujourd’hui le pape a gagné en autorité spirituelle et morale, même aux yeux des non-catholiques, il le doit à la perte de son importance en tant que monarque politique, en tant que chef d’un État en proie à des luttes de pouvoir temporelles. Paradoxalement, on peut dire que le 20 septembre 1870, jour de la prise de Rome par les « Bersaglieri » du général Alfonso La Marmora, lui aussi franc-maçon, a été une date faste non seulement pour l’Italie, mais aussi pour l’Église catholique, libérée du pouvoir temporel. Mais le chemin vers la libération des prétentions monopolistiques et dogmatiques sur la Vérité et l’affirmation de la liberté de la recherche spirituelle est encore long.

Extrait des archives du Delta6017.it (M. M.)

Se préparer aux enquêtes en franc-maçonnerie

Au café du coin ?

Il était une fois l’histoire de Bernard qui, pour donner un sens à sa vie, trouva belle l’idée d’entrer en franc-maçonnerie. Il écrivit donc un courrier, en ce sens, au Vénérable Maître d’œuvre d’une loge qui avait organisé une TBO un mois auparavant. Un RDV fut donc fixé par le VMO avec Bernard pour parler de tout, de rien, de la vie et de ses motivations. Il fut informé que 3 personnes, des enquêtrices en l’occurrence, seraient dépêchées pour le rencontrer, et ce pour encore mieux le connaître.

Mais lui, mise à part sa furtive participation à une tenue blanche et éventuellement quelques informations glanées, de ci de là, sur le Web (il faut toujours vérifier ses sources et se méfier de ce que l’on trouve sur le Net !), il n’y connaît rien à la franc-maçonnerie.

Dans cette société où les préjugés et l’apparence sont monnaie courante, il s’interroge alors et s’inquiète un peu de son image, des questions qui lui seront posées et tout autant du vide sidéral dans lequel il se sentirait propulsé s’il ne pouvait pas répondre. Mais… Il y a toujours un ami pour vous rassurer. Il y a toujours Jean-Claude prêt à lui apporter son soutien et lui donner courage pour cette première enquête… Au café du coin …

 « Écoute Bernard, je crois que toi et moi on a le même problème, c’est-à-dire qu’on peut pas vraiment tout miser sur notre physique, surtout toi. Alors si je peux me permettre de te donner un conseil, c’est : oublie que t’as aucune chance, fonce. On sait jamais, sur un malentendu ça peut marcher ! » (Jean-Claude Dusse – Les bronzés font du ski)

27 % des Français croient que les Illuminati sont parmi nous

« Si vous dites que les Illuminati n’existent pas, on vous répond que vous en êtes un vous-même ! »

De notre confrère geo.fr – Par FRANCISQUE OESCHGER

Christophe Bourseiller, historien et journaliste, a consacré deux livres au complotisme. Pour GEO Histoire, il revient sur les raisons de l’étonnante popularité du mythe des Illuminati.

Illuminati
Photo de la pyramide du billet de un dollar américain

27 % des Français croient que les Illuminati sont parmi nous et complotent en secret. Les jeunes sont particulièrement réceptifs à cette rumeur. Comment expliquer l’ampleur de ce phénomène ?

Les Illuminati ont toujours eu une réputation sans commune mesure avec leur importance réelle. Ils disparaissent pratiquement à la fin du XVIIIe siècle, même si on en retrouve un peu l’esprit au siècle suivant chez les carbonari italiens, obligés eux aussi de cultiver le secret pour échapper à la censure et à la répression.

Aujourd’hui, il n’y a plus de despotisme, du moins dans les pays démocratiques où règne la liberté d’expression. Les oppositions ont pignon sur rue. Les complotistes ont donc trouvé cet autre cheval de bataille, un complot mondial qui serait mené par la Trilatérale, le groupe Bilderberg, le Council on Foreign Relations… Comme il est difficile de soupçonner ces gens qui se réunissent au grand jour d’appartenir à une société secrète, ils les accusent d’être noyautés par les Illuminati qui tirent les ficelles dans l’ombre.

Les Illuminati constituaient-ils une organisation d’un genre unique ?

Non. Ils ne formaient qu’une société secrète parmi toutes celles qui se sont développées à l’époque au sein de la franc-maçonnerie, même s’ils tranchaient par la radicalité de leur discours jacobin, révolutionnaire, antimonarchique et anticlérical, on dirait aujourd’hui « d’extrême gauche ».

En revanche, la théorie du complot des Illuminati telle que l’a formulée Augustin Barruel peut être considérée comme la mère de tous les complotismes. Avec cette nuance que le complot avait alors pour but de détruire l’ordre social existant (le despotisme, les monarchies, l’Église) alors qu’aujourd’hui on lui prête le dessein de dominer le monde.

Quel est l’effet des sociétés secrètes sur notre imaginaire ?

Cartes de crédit avec la pyramide du dollar US
Cartes de crédit avec la pyramide du dollar US

Le complotisme est, qu’on le veuille ou non, un saut dans le merveilleux, une manière de sublimer, de réenchanter la politique. Alors que l’histoire nous déroute souvent par ses hasards, ses aléas, son absence de logi que, les complotistes prétendent, au contraire, expliquer ces phénomènes et leur donner une cohérence. Un discours qui plaît aux jeunes générations.

Pour les complotistes, il n’y a pas de hasard mais une force secrète et malfaisante qui agit dans l’ombre avec la complicité des grands médias. En bons paranoïaques, ils se considèrent comme des initiés qui voient et savent des choses qui échappent au commun des mortels. Et ne leur dites pas que les Illuminati n’existent pas : ils vous répondront, sans hésiter, que vous mentez parce que vous en êtes un vous-même !

« Le complotisme, anatomie d’une religion » de Christophe Bourseiller (Ed. du Cerf, 2021).

Cet article est extrait du GEO Histoire n°76Comment sont nées les grandes théories du complot de juillet-août 2024.

Saint-Jean-Pied-de-Port, au Pays Basque, accueille Patrice Bordage et sa « LIBERTÉ »… maçonnique ?

Par notre correspondante en Euskadi, Annie Grangeret

C’est à l’artiste peintre Patrice Bordage que nous devons cette magnifique exposition temporaire intitulée « LIBERTÉ ». Il explore la notion de liberté à travers un dialogue vibrant entre formes abstraites et couleurs audacieuses.

Patrice Bordage – Photo © Ariane Duplaceau

Inspirée par la célèbre maxime de Guillaume d’Orange (1533-1584), surtout connu pour son rôle crucial dans la révolte néerlandaise contre la domination espagnole conduisant à l’indépendance des Provinces-Unies « Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer »1, l’artiste nous invite à un voyage introspectif où chaque œuvre est une quête de lumière et d’émotion. Cette maxime, qui guide l’artiste depuis plus de 20 ans, traduit parfaitement l’essence de cette exposition.

Paul Éluard photographié par le Studio Harcourt en 1945

L’exposition s’articule autour du poème « LIBERTÉ »2 de Paul Éluard (1895-1952), écrit en 1942, qui résonne aujourd’hui avec une pertinence renouvelée. Ce poème a été une source d’inspiration majeure pour l’artiste, marquant chaque toile de cette quête de liberté, tant oppressée que triomphante. La résonance émotionnelle de ces œuvres est amplifiée par l’interprétation libre des enfants, qui, avec leur regard neuf et sans préjugés, ont contribué à enrichir la narration de cette exposition.

Trois peintures, comme trois messages…

Acrylique sur toile, 30×30 Cathy Dronne- Un chancre attaque les couleurs de la République…alors Mariane pleure

Cette première œuvre, avec ses éclats de rouge, de blanc et de bleu, évoque une lutte intérieure. Les couleurs se heurtent et se mêlent, symbolisant le combat pour la liberté. Le rouge, vibrant et tumultueux, peut représenter le sacrifice et la passion. Le blanc, immaculé et pur, incarne l’espoir et la paix, tandis que le bleu profond symbolise la stabilité et la sérénité. La juxtaposition de ces couleurs crée une tension dynamique, reflétant la complexité de la liberté.

acrylique sur lin d’après le poème de P. Eluard « Liberté » – format F20 – 73x 60 – avril 2024

Dans la deuxième peinture, les teintes de bleu et de jaune suggèrent une dualité entre le calme et la perturbation. Le bleu domine, rappelant un ciel nocturne ou un océan infini, symbolisant la profondeur et l’infini. Le jaune, en contraste, éclate comme une lumière au milieu de l’obscurité, symbolisant l’espoir et la renaissance. Cette œuvre semble capturer un moment de transformation, où la lumière émerge du chaos.

La troisième et dernière œuvre, dominée par des nuances de rouge et d’orange, rappelle la mythique légende de « L’oiseau de feu » de Stravinsky. Les couleurs ardentes et les formes tourbillonnantes suggèrent une puissance brute et une énergie dynamique. Le rouge intense peut symboliser la force et la lutte, tandis que l’orange et le jaune évoquent la chaleur et la renaissance. Cette peinture, avec ses mouvements flamboyants, incarne la victoire de la lumière sur les ténèbres, la liberté triomphante.

Acrylique sur lin – F12 – 50×61 – janvier 2024

Pour mémoire, « L’Oiseau de feu » d’Igor Stravinsky, un ballet en deux tableaux, est fondé sur des légendes russes et raconte l’histoire magique de l’oiseau de feu qui aide le Tsarévitch Ivan à vaincre le sorcier maléfique Kastcheï l’Immortel. Le ballet, créé en 1910, est une œuvre emblématique du compositeur, marquant un tournant dans sa carrière et dans la musique du XXe siècle. Le maçon pour y voir un phénix, oiseau mythologique qui renaît de ses cendres, symbole puissant de régénération, d’immortalité et de transformation. Il représente la renaissance spirituelle, la régénération morale et le triomphe de l’âme sur les épreuves et les tribulations. Ce parallèle enrichit la compréhension de l’œuvre en la connectant à des thèmes universels de transformation, de renaissance et de triomphe sur les forces du mal. Pour un Franc-maçon, l’oiseau de feu devient alors non seulement un personnage de conte, mais aussi un puissant symbole d’élévation spirituelle et de persévérance.

Regard d’initié

Pour un fils de la lumière, cette exposition offre une réflexion profonde sur les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. Chaque œuvre, à travers ses couches de couleurs et ses formes abstraites, propose une méditation sur la lumière, un symbole central dans la maçonnerie. La lumière, dans ces toiles, est à la fois métaphorique et littérale, évoquant l’illumination de l’esprit et la quête de vérité.

Les relations intimes entre la lumière et les couleurs, ainsi que l’interaction entre l’œuvre et le spectateur, rappellent le chemin initiatique du Franc-maçon, où chaque étape est une découverte et une élévation spirituelle. La liberté, thème central de cette exposition, est également une valeur essentielle dans la maçonnerie, représentant l’émancipation de l’esprit et la quête de connaissance.

L’artiste invite chaque spectateur à se perdre dans ces toiles, à y trouver sa propre histoire, et à se laisser porter par les émotions que suscitent ces œuvres. C’est un appel à l’introspection, à la réflexion sur notre propre liberté et sur les forces qui nous oppressent ou nous libèrent.

« LIBERTÉ » est une célébration de la liberté sous toutes ses formes, un voyage visuel et émotionnel qui résonne profondément avec les valeurs maçonniques de lumière, de vérité et de liberté.

Explorant la notion de liberté à travers des œuvres abstraites vibrantes et inspirée par le poème « LIBERTÉ » de Paul Éluard, cette exposition est une invitation à la réflexion et à l’émotion. Chaque toile est une quête de lumière et de liberté, offrant aux visiteurs une expérience unique et introspective.

Venez découvrir ces œuvres inspirantes et laissez-vous porter par la magie des couleurs et des formes. Bon voyage dans cet univers de couleurs et de lumière.

Salle souterraine – Musée – Prison dite des Évêques

Musée – Prison dite des évêques

Au cœur de la vieille ville de Saint-Jean-Pied-de-Port, découvrez cette bâtisse à l’histoire si pittoresque et singulière. Encore aujourd’hui un voile d’ombre enveloppe cet édifice au nom évocateur. Cette appellation actuelle et récente associe deux réalités historiques distinctes, la présence d’Evêques de Bayonne durant le Grand Schisme d’Occident et la vocation pénitentiaire attestée dès le XVIIIe siècle. L’entrée s’ouvre sur un corps de garde suivi de cellules disciplinaires. Un escalier exigu permet d’accéder à une vaste salle voûtée médiévale.

1Pour un initié, notamment dans le contexte maçonnique, cette maxime résonne profondément avec les valeurs d’engagement, de persévérance et de quête de la vérité. Les Francs-maçons croient en une amélioration continue de soi-même et de la société, un processus qui exige souvent de persévérer sans garantie de succès immédiat.

Initiation et travail maçonnique

La maxime rappelle le parcours initiatique où l’aspirant doit s’engager dans une quête de connaissance et de lumière, même sans l’assurance de comprendre immédiatement les mystères qu’il explore.

Résilience et dévouement

La persévérance sans succès garantit, un principe fondamental dans la maçonnerie, reflète l’engagement à poursuivre la quête de perfection et de vérité, malgré les obstacles.

Action juste et nécessaire

La citation encourage à entreprendre des actions justes et nécessaires pour le bien commun, indépendamment des résultats escomptés, un principe souvent illustré par les travaux symboliques et les œuvres caritatives maçonniques.

Guillaume d’Orange, par ses actions et ses mots, incarne des valeurs d’action désintéressée et de persévérance. Sa maxime est un appel à l’engagement moral et à la résilience, des valeurs qui transcendent le temps et les contextes, trouvant une résonance particulière dans la philosophie maçonnique et au-delà.

2« Liberté » célèbre la liberté face à l’occupation allemande. Initialement intitulé « Une seule pensée », Paul Éluard, nom de plume d’Eugène Grindel, changea le titre pour « Liberté » après avoir réalisé que ce mot incarnait son aspiration la plus sublime. Le poème, publié clandestinement et diffusé par divers moyens, est une longue énumération des lieux, réels ou imaginaires, où le narrateur écrit le mot « liberté ». Il a inspiré de nombreuses œuvres artistiques et musicales, et continue d’être une source d’inspiration et de commémoration.

Informations Pratiques

« LIBERTÉ » de Patrice Bordage – Musée – Prison dites des Évêques, 41 rue de la citadelle – 64220 Saint-Jean-Pied-de-Port/Du 3 au 29 juillet 2024 – Horaires : Toute la semaine de 10h30 à 19h00. Pour un échange entre visiteurs et l’artiste : Tel 06 12 88 49 51. Généralement, Patrice Bordage est à la galerie vers 16h.

Bloc des sauveteurs : le carnaval hémopa reçoit le soutien du PRF et de la Franc-maçonnerie

De notre confère brésilien confirmanoticia.com.br – Par Karina Pinto

Dès le samedi avant le carnaval Hemopa à Altamira , dans le sud-ouest du Pará , était bondé. Un mouvement qui laisse l’équipe du centre de sang enthousiasmée et émue. 

« Dieu merci, c’est le carnaval et nous avons besoin d’avoir notre stock en faveur et aujourd’hui l’hémopa, Dieu merci, est plein. » , a déclaré José Nilton, directeur du Centre du Sang d’Altamira.

Le stock étant faible et ayant besoin de poches de sang, Hemopa a lancé la campagne du carnaval et, avec le soutien de la Police fédérale des routes et de la franc-maçonnerie, pour garantir des poches pour toute la région. Avec pour devise : au bloc des sauveteurs, donner du sang n’est qu’un plaisir, ils ont accueilli les donneurs avec le sourire aux lèvres et quiconque se rendait au centre de transfusion recevait même un t-shirt personnalisé.  

Maria Luiza et Rosa Maria ont assisté à la matinée de dons à Hemopa à Altamira – Photo : Adriano Machado/TV Vale do Xingu

La campagne du carnaval aide des personnes comme la petite Maria Luiza, cinq ans, qui a besoin de recevoir au moins une transfusion chaque mois. Maria Rosa, mère de la petite Maria Luiza, raconte que sa fille a reçu un diagnostic de drépanocytose peu après l’accouchement, lors d’un test au talon. 

« C’est très gratifiant parce que ma fille, pas seulement elle, mais aussi beaucoup d’autres personnes, est dans le besoin et nos cœurs sont pleins de joie et de gratitude pour toutes ces personnes qui prennent un peu de leur temps pour donner une goutte de sang et aider ainsi. beaucoup de monde, pour aider ma fille.

Avec chaque don, un moment de gratitude et d’affection pour ceux qui ont pris une minute de leur temps pour contribuer à sauver des vies. Habituée à faire face à des situations d’urgence, la police a collaboré et a également donné du sang. 

L’inspecteur Gramelisch donne du sang – Photo: Karina Pinto/Confirma Notícia

« Nous avons profité de l’occasion pour pouvoir soutenir, et nous avons même invité d’autres personnes et la population à être ici pour nous soutenir. C’est rapide et extrêmement important, cela pourrait sauver une vie, n’est-ce pas, cela prend un peu de temps. » mais d’une grande importance pour les personnes qui en ont besoin. » , inspecteur Gramelisch, du PRF.  

Le renfort a fonctionné. Au moins 50 donateurs sont arrivés tôt, invités par la Loge capitulaire 519 d’Estrela da Amazônia. Rogério Cervalho, représentant de la Loge maçonnique, est arrivé tôt et était accompagné de son fils et de plusieurs jeunes. « Nous avons fait appel aux enfants et les enfants sont venus en masse, et aujourd’hui, grâce à Dieu, nous avons reçu plus de 50 donateurs pour pouvoir égayer cette campagne et comme on dit, faire le bien sans regarder qui », a-t-il déclaré. 

« Pour des gens comme DeMolay, nous pensons qu’il est très important d’aider les autres et d’être ici dans cette campagne pour aider ceux qui en ont vraiment besoin. » , déclaration de Pedro Carvalho, Maître DeMolay. 

« Pour quiconque souhaite faire un don pendant la semaine , le centre ouvre de 7 heures du matin jusqu’à 13 heures. Apportez simplement une pièce d’identité avec photo, passez notre sélection, faites un don, puis buvez notre café qu’Hemopa est toujours prêt à donner. » , José Nilton, directeur d’Hemopa Altamira. 

Le Moyen Âge dévoilé : Dieu sous tous ses visages

Cette note de lecture s’inscrit dans le cadre de nos vagabondages littéraires estivaux, nés des trouvailles fortuites dans les vide-greniers ensoleillés ou des redécouvertes au fond des bibliothèques de nos résidences secondaires et locations saisonnières.

Jacques Le Goff et Jean-Luc Pouthier nous guident à travers les lectures de l’ouvrage fascinant Le Dieu du Moyen Âge. Ensemble, ils dévoilent les multiples visages de la divinité médiévale, révélant une complexité divine bien au-delà du monothéisme officiel.

Dans la pénombre des siècles révolus, là où l’obscurité des temps médiévaux se mêle à l’éclatante lumière des cathédrales, se dresse la figure énigmatique et omniprésente de Dieu. Jacques Le Goff1, éminent historien et explorateur infatigable des âges anciens, nous entraîne dans un voyage érudit et fascinant à travers les dédales spirituels du Moyen Âge. Son ouvrage, Le Dieu du Moyen Âge, rédigé en collaboration avec Jean-Luc Pouthier2, se présente comme une symphonie intellectuelle, une danse élégante entre les mots et les idées, où chaque page résonne comme un écho des voix disparues des hommes et des femmes de cette époque.

Jacques Le Goff, avec une plume trempée dans l’encre de la sagacité, brosse le portrait d’un Dieu complexe, polymorphe, aux visages multiples et aux contours fluctuants. Officiellement monothéiste, le Dieu des chrétiens médiévaux se révèle, à l’usage, infiniment plus divers et fragmenté. Le grand historien s’aventure au-delà des dogmes et des doctrines, pénétrant l’âme des croyants du Moyen Âge. Il y découvre un panthéon implicite où cohabitent Dieu le Père, majestueux et redoutable, Dieu le Fils, souffrant et rédempteur, et le Saint-Esprit, insaisissable souffle divin. Mais plus surprenante encore est l’omniprésence de la Vierge Marie, figure féminine et maternelle, adjointe à cette trinité pour former une quadrité tacite, mais ô combien vénérée.

À travers des institutions politiques où le sacré et le profane s’entrelacent, des œuvres d’art aux couleurs éclatantes et aux symbolismes riches, des textes théologiques rédigés par des esprits fervents, et des pratiques quotidiennes empreintes de piété sincère, Jacques Le Goff traque les manifestations de ce Dieu pluriel. Chaque chapitre de cette quête se déploie comme une fresque où l’historien, tel un alchimiste, transmute les archives et les vestiges en récits vivants et vibrants.

Le dialogue avec Jean-Luc Pouthier, érudit et journaliste éclairé, ajoute une dimension de proximité et de clarté à cette exploration. Jean-Luc Pouthier, en digne interlocuteur, questionne, relance, et enrichit le discours de Le Goff, transformant cette lecture en une conversation vivante et animée. Leur échange, fluide et pénétrant, nous entraîne plus profondément dans les méandres des croyances et des superstitions médiévales, nous dévoilant une véritable histoire de Dieu, façonnée par les hommes et les femmes qui, chaque jour, cherchaient son visage à travers les voiles de l’incertitude et de la foi.

La première de couverture, ornée de « Le Trône de grâce de la Trinité » – détail, s’agissant d’un retable composé de quatre tableaux : Sainte Trinité, La Visitation, Saint Dominique, Saint Christophe – de Bartolo di Fredi, datant de 1387, n’est pas qu’un simple ornement. Elle est une porte ouverte sur l’univers symbolique et esthétique du Moyen Âge. La Trinité, dans toute sa splendeur mystique, invite le lecteur à contempler les mystères divins avec l’émerveillement et la dévotion des fidèles d’autrefois. Les couleurs chatoyantes et la composition harmonieuse de l’œuvre reflètent la richesse et la profondeur du contenu du livre, tout en soulignant la subtile harmonie entre le divin et l’humain.

En somme, Le Dieu du Moyen Âge n’est pas seulement une étude historique, c’est une immersion dans l’âme collective de l’Occident médiéval. Jacques Le Goff, avec la complicité éclairée de Jean-Luc Pouthier, nous offre une odyssée intellectuelle où chaque page est une étape vers la compréhension intime de ce Dieu qui, malgré sa prétendue unicité, se révèle être multiple et profondément humain. Ce livre est une invitation à écouter les murmures du passé, à percevoir les nuances de la foi médiévale, et à découvrir, au-delà des siècles, la persistance de la quête divine.

1Jacques Le Goff, une vie dédiée au Moyen Âge

Dans les premières lueurs de l’année 1924, un souffle nouveau anime la ville de Toulon. Jacques Le Goff naît, destiné à devenir l’un des plus grands historiens de son temps, un maître de la narration du passé. Son enfance, bercée par les récits de l’histoire, semble le prédestiner à une carrière où le passé se conjugue toujours au présent. À Paris, au lycée Louis-le-Grand, puis au lycée Thiers, le jeune Le Goff se forge une éducation rigoureuse, prélude à son entrée à l’École normale supérieure en 1945. Là, il brille, se distinguant par son érudition et sa soif insatiable de savoir.

L’agrégation d’histoire en poche en 1950, Le Goff arpente les chemins de l’Europe savante, étudiant à l’Université Charles de Prague et à l’Université d’Oxford. Ces voyages académiques enrichissent sa perspective, faisant de lui non seulement un historien, mais un véritable anthropologue du passé. De retour en France, il plonge dans l’univers médiéval avec une passion et une rigueur qui impressionnent ses pairs.

Dessin noir et blanc de Jacques Le Goff

Jacques Le Goff rejoint l’École pratique des hautes études en 1962, où il devient directeur d’études. Mais c’est à l’École des hautes études en sciences sociales qu’il laisse une empreinte indélébile, succédant à Fernand Braudel en 1972. Sous sa direction, l’EHESS devient un phare de la recherche historique, explorant les interstices de l’histoire sociale et culturelle. Jacques Le Goff redéfinit les contours du Moyen Âge, le dépouillant de ses clichés pour révéler une période d’une richesse insoupçonnée.

Avec des œuvres comme Pour un autre Moyen Âge et La Civilisation de l’Occident médiéval, Jacques Le Goff offre des perspectives nouvelles, intégrant l’anthropologie, la sociologie et l’économie à l’étude historique. Ses pages vibrent des vies des hommes et des femmes du passé, ses mots ressuscitent des siècles oubliés. Saint Louis, sa biographie magistrale du roi Louis IX, couronnée de nombreux prix, demeure une référence incontournable, un modèle de rigueur et de narration.

Jacques Le Goff ne se contente pas des salles de classe et des bibliothèques. Il porte l’histoire dans les foyers à travers des émissions de radio et de télévision, convaincu que la connaissance du passé est une clé pour comprendre le présent. Il parle avec une clarté et une passion qui rendent le Moyen Âge accessible à tous, faisant tomber les barrières entre l’érudition et le grand public.

Les distinctions pleuvent, le Grand Prix national de l’histoire en 1991, entre autres, mais c’est surtout le respect et l’admiration de ses contemporains qui couronnent sa carrière. Jusqu’à son dernier souffle en 2014, Jacques Le Goff reste un ardent défenseur de l’histoire, un penseur pour qui le passé est une matière vivante, vibrante, essentielle à notre compréhension du monde.

Ainsi, Jacques Le Goff traverse le siècle comme un pont entre les âges, un architecte du savoir qui a redonné vie au Moyen Âge. Son héritage est une constellation de connaissances, une invitation perpétuelle à plonger dans les profondeurs du temps, à écouter les murmures des siècles passés pour éclairer notre chemin présent.

Jean-Luc Pouthier – Forum France Culture Histoire, en 2015

2Jean-Luc Pouthier, une vie dédiée à l’histoire religieuse

Jean-Luc Pouthier, historien et journaliste, est une figure incontournable dans le domaine de l’histoire religieuse contemporaine. Né dans un contexte où la religion joue un rôle central, Jean-Luc Pouthier développe dès son plus jeune âge une fascination pour les récits saints et les textes sacrés, nourrissant ainsi une carrière riche et diversifiée. Ses études le mènent à sillonner les chemins des grandes universités, où il forge une expertise inégalée en matière de christianisme et de ses multiples facettes à travers les âges.

Jean-Luc Pouthier commence sa carrière comme journaliste, apportant une rigueur académique à ses reportages. Son passage par Le Monde de la Bible marque un tournant décisif dans sa vie professionnelle. En tant que rédacteur en chef de cette publication prestigieuse, il éclaire les mystères des textes bibliques et met en lumière les influences réciproques entre la foi et l’histoire. Ses articles, toujours empreints d’une profonde érudition, captivent un large public, avide de comprendre les racines religieuses de notre civilisation.

Au-delà du journalisme, Jean-Luc Pouthier s’illustre par sa collaboration avec des figures éminentes de l’histoire. Son travail aux côtés de Jacques Le Goff sur « Le Dieu du Moyen Âge » témoigne de sa capacité à dialoguer avec les plus grands esprits de son temps, enrichissant le débat historique et apportant une dimension accessible et humaniste à des sujets souvent complexes.

Jean-Luc Pouthier ne se contente pas de scruter les archives et les manuscrits. Il parcourt le monde, participe à des colloques, donne des conférences, et engage des dialogues passionnés avec des chercheurs de toutes disciplines. Son engagement dans la diffusion du savoir va au-delà des frontières académiques. Il s’efforce de rendre l’histoire religieuse vivante et pertinente pour le grand public, convaincu que la compréhension des croyances et des pratiques passées est essentielle pour naviguer dans les complexités du monde moderne.

Son approche, toujours marquée par une grande clarté et une profonde empathie, lui permet de toucher un large éventail de lecteurs et d’auditeurs. Jean-Luc Pouthier sait que l’histoire religieuse n’est pas seulement une affaire de dates et de dogmes, mais aussi d’expériences humaines, de foi, de doutes et de quête de sens.

Aujourd’hui, Jean-Luc Pouthier continue de contribuer à l’histoire religieuse avec une passion intacte. Son œuvre, par sa profondeur et sa diversité, reste une source précieuse pour quiconque s’intéresse à la rencontre de la foi et de l’histoire. Par son travail, il nous rappelle que les questions spirituelles et les réponses que l’humanité y a apportées sont au cœur de notre identité culturelle et de notre compréhension du monde.

Le Dieu du Moyen Âge

entretiens avec Jean-Luc Pouthier

Jacques Le Goff – Le Grand livre du mois/Bayard, 2003, 100 pages, 14,90 €

Lieu symbolique : Montsaunès, le sanctuaire secret des Templiers

Les Templiers, arrivés en Midi-Pyrénées au début du XIIe siècle, ont rapidement établi des commanderies, des bases logistiques et économiques essentielles pour soutenir leurs activités militaires et spirituelles. Ces établissements servaient de centres d’exploitation agricole, de lieux de commerce et de refuges pour les pèlerins.

La région de Midi-Pyrénées abrite plusieurs commanderies templières, chacune jouant un rôle crucial dans le réseau de l’Ordre. Parmi les plus notables, nous trouvons la commanderie de Montsaunès, fondée vers 1140, l’une des plus importantes de la région.

Au cœur du Comminges, nichée entre les villages pittoresques de Salies-du-Salat, Saint-Martory et Saint-Lizier, se trouve une merveille cachée de l’architecture médiévale : l’église romane de Montsaunès. Ce joyau du XIIe siècle, construit par les Templiers, est non seulement un édifice religieux mais aussi un témoin privilégié de l’histoire et de l’art de cette époque.

Dès leur installation à Montsaunès, les Templiers, ces chevaliers mystiques aux desseins sacrés, s’emploient à fortifier leur position avec une ardeur inébranlable. Bien que le cartulaire de l’époque ne mentionne pas la construction d’un fort ni l’achat de matériaux, il témoigne en revanche de l’enrichissement constant de la préceptorie durant la seconde moitié du XIIe siècle. Vers la fin de ce siècle, les Templiers possèdent des terres à Bartère, Castans, Vidalets, Figarol, Sainte-Mayronne de la Pajole, à Saint-Martory, et bien d’autres lieux stratégiques, formant ainsi un réseau puissant de propriétés qui assurent leur prospérité et leur influence.

Notre-Dame de Montsaunès, ainsi nommée à l’origine, incarne un statut triple : chapelle de commanderie, église paroissiale et chapelle seigneuriale des comtes de Comminges. Ces derniers, reconnaissants et dévots, gratifient l’église de nombreux biens, et deux d’entre eux trouvent leur dernier repos dans des tombeaux majestueux au sein de la façade occidentale, aujourd’hui disparus. Le chrisme scellé sur l’extrados de cette façade témoigne de l’empreinte spirituelle indélébile laissée par ces nobles âmes.

Enrichis et bien installés, les Templiers se muent en seigneurs influents, rendant justice et percevant des redevances de leurs nombreuses possessions. Toutefois, en 1312, après un procès interminable, ils sont dépossédés de leurs biens, marquant la fin d’une ère.

Les chevaliers de Saint-Jean, héritiers de la commanderie de Montsaunès, entreprennent alors de grands travaux à la fin du XIVe siècle pour renforcer la sécurité du village. Raymond de Lescure, Grand Prieur de Toulouse, en concert avec les consuls, décide de la construction d’un fort pour protéger la population en cas de danger, acte officialisé le 11 février 1397 et confirmé par le chapitre provincial du Grand Prieuré de Toulouse.

L’église de Montsaunès, dédiée à Saint-Christophe, édifiée vers 1180, se dresse majestueusement avec sa nef rectangulaire divisée en quatre travées et son chœur semi-circulaire à l’intérieur, polygonal à l’extérieur. La façade occidentale et le portail nord, ornés de sculptures datées de 1190-1220, évoquent l’art et la dévotion des bâtisseurs de l’époque. Le portail ouest, surmonté d’un chrisme, présente un bandeau figuré où s’alignent cinquante-deux têtes humaines : au centre, les élus aux visages paisibles, et vers les extrémités, les damnés aux traits déformés par la terreur et la souffrance.

À l’intérieur, les murs étaient entièrement crépis et peints à fresco secco, illustrant des scènes figurées à l’ouest. Sous les arcades proches du chœur, apôtres et prophètes veillent, figés dans une éternité silencieuse. La voûte, véritable ciel terrestre, se pare de motifs géométriques : étoiles, rosaces, croix du Temple, damiers, chevrons, rubans et festons. Sur la première travée, une croix de procession peinte resplendit, illuminant l’espace sacré. Dans la quatrième travée, un faux jubé peint orne les murs gouttereaux, ajoutant une touche de mystère et de grandeur. À l’entrée de l’espace liturgique, les vestiges du chancel du XIIe siècle, avec son armoire et sa piscine eucharistique, demeurent comme des témoins silencieux d’un passé glorieux, où l’art et la foi se confondaient en une harmonie sacrée.

Ainsi, l’église des Templiers de Montsaunès, avec ses fresques et ses sculptures, raconte une histoire de pouvoir, de foi et de beauté, une symphonie visuelle et spirituelle qui résonne encore dans les pierres et les cœurs.

Sa façade austère contraste avec la richesse et la complexité de ses ornements. Le portail occidental, d’une finesse sculpturale exceptionnelle, présente des figures ciselées dans un calcaire blanc éclatant. Les chapiteaux, parmi les plus beaux de la région du Comminges, sont décorés de scènes du Nouveau Testament, notamment l’enfance de Jésus et la vie des apôtres, illustrant la crucifixion de Saint Pierre et la lapidation de Saint Étienne. Les arcs du portail sont ornés de masques sculptés représentant, au sommet, les élus aux visages sereins et en paix, en contraste frappant avec les faces grimaçantes des damnés aux extrémités.

Voûte

En pénétrant dans l’église, le visiteur est immédiatement saisi par la splendeur des fresques qui recouvrent les murs intérieurs. Ces peintures, datées de la fin du XIIIe et du début du XIVe siècle, sont un exemple remarquable de l’art médiéval. La voûte de l’église, constellée de rosaces et d’étoiles, évoque la voûte céleste, tandis que les murs de la nef sont décorés de prophètes et de saints confesseurs, abrités sous des arcades peintes avec une grande minutie. Les décors géométriques, les frises de damiers et les représentations symboliques, telles que la Pesée des âmes où un démon à tête de chien rappelle les traditions égyptiennes, ajoutent une dimension ésotérique et mystérieuse à l’ensemble.

Soleil
Lune

La commanderie templière de Montsaunès, jouissait d’une position stratégique sur les routes reliant Toulouse à Bayonne et les vallées pyrénéennes à la Catalogne et l’Aragon. Les Templiers, célèbres pour leur rôle protecteur des pèlerins et des marchands, avaient fortifié ce site pour en faire un refuge sûr et un centre de commerce et d’échanges. Grâce aux nombreuses donations de terres et de biens par les seigneurs locaux, la commanderie de Montsaunès devint rapidement l’une des plus importantes de la Haute-Garonne.

L’église romane de Montsaunès est le seul vestige subsistant de cette commanderie fortifiée, qui fut détruite pendant la Révolution. Ce bâtiment religieux est aujourd’hui reconnu comme le témoin le mieux préservé et le plus atypique de l’architecture templière sur le versant nord des Pyrénées. Son importance réside autant dans sa valeur historique que dans la qualité exceptionnelle de ses décors.

Outre les fresques et sculptures, l’église abrite également des éléments plus rares et énigmatiques. Par exemple, les masques sculptés sur l’arc du portail occidental sont uniques en leur genre, combinant des influences locales et des symbolismes templiers. À l’intérieur, les représentations géométriques et astrales suscitent fascination et curiosité, laissant entrevoir des interprétations multiples, souvent ésotériques.

L’église de Montsaunès est ouverte aux visiteurs sur demande auprès de la mairie, offrant une occasion précieuse de découvrir ce patrimoine exceptionnel. Chaque pierre, chaque fresque raconte une histoire, invitant à un voyage dans le temps, à l’époque où les chevaliers du Temple veillaient sur ces terres. En visitant ce lieu, on ne découvre pas seulement un monument, mais on plonge dans un passé riche de légendes et de mystères, où spiritualité et histoire se rencontrent.

Ainsi, l’église romane de Montsaunès, joyau mystique des Templiers demeure un trésor inestimable, un témoignage vivant de l’héritage des Templiers et de l’art médiéval, une invitation à la découverte et à la contemplation.

Les fresques murales de l’église de Montsaunès, témoins silencieux de l’art médiéval des XIe et XIIe siècles, se dévoilent comme des récits picturaux envoûtants, empreints de mysticisme et de dévotion. Leurs nuances subtiles et motifs élaborés murmurent des histoires anciennes, invitant le spectateur à plonger dans un monde où la spiritualité se mêle à l’esthétique.

La croix, trônant au cœur des fresques, émerge avec une solennité indéniable. Elle n’est pas qu’un simple symbole, mais un pont sacré reliant le terrestre au divin. La croix évoque la crucifixion du Christ, réminiscence de la rédemption et de l’espoir d’une vie éternelle. Sa présence omniprésente rassure et protège, rappelant aux fidèles la promesse d’un salut divin.

Les motifs géométriques ornent les murs avec une régularité hypnotique. Losanges et cercles dansent en une harmonie parfaite, chaque forme portant une signification cachée. Les losanges, symboles de la terre et du monde matériel, se mêlent aux cercles, incarnations de l’infini et de la perfection divine. Ces motifs, bien plus que de simples décorations, incarnent une philosophie cosmique, une vision où chaque ligne et chaque courbe s’intègrent dans un tout universel.

Au milieu de cette symphonie visuelle, les étoiles et rosaces scintillent avec une beauté céleste. Les étoiles, messagères des cieux, évoquent l’illumination divine et les âmes des dévots. Les rosaces, éclats de perfection gothique, symbolisent l’infini et la splendeur de la création divine. Elles captivent l’œil et l’esprit, invitant à la contemplation et à la méditation.

Les figures animales surgissent des fresques avec une vitalité mystérieuse. Chaque créature, qu’elle soit lion, cerf ou autre, transcende sa simple existence pour devenir un symbole sacré. Le lion, incarnation du Christ et de la force divine, et le cerf, âme en quête de Dieu, enrichissent la toile d’un bestiaire sacré, offrant des leçons visuelles et spirituelles aux fidèles.

Les éléments décoratifs, tels des bordures délicatement ciselées, encadrent les scènes principales, ajoutant une touche d’élégance et de richesse. Ils servent non seulement à embellir, mais aussi à souligner l’importance des images centrales, guidant ainsi le regard et l’esprit vers les récits sacrés.

Les couleurs vibrantes, bien plus que de simples pigments, sont porteuses de significations profondes. Le rouge, éclatant comme le sang du Christ, parle de sacrifice et de passion. Le bleu, serein comme le ciel, murmure des promesses de pureté et de divinité. Chaque teinte, choisie avec soin, renforce le message spirituel et esthétique des fresques.

Ainsi, les fresques de Montsaunès se révèlent comme une tapisserie vivante de symboles et de beauté. Elles transcendent le temps, parlant aux âmes modernes avec la même force qu’aux fidèles médiévaux, unissant passé et présent dans une communion spirituelle et artistique.

À 3 km de Montsaunès, dans le petit village de Mazères-sur-Salat, les Templiers possédaient également une petite chapelle dédiée à Sainte Matrone. Cette chapelle fut acquise à l’abbaye d’Alet (Aude). C’est une chapelle de style roman se présentant sous la forme d’une nef unique de plan rectangulaire, dont un des côtés se termine par une abside plus étroite terminée en cul-de-four. En dehors de la porte, seules quatre archères donnent un peu de lumière dans l’édifice.

Après avoir traversé l’épreuve des siècles, la chapelle est démantelée lors de la Révolution. En 1975, une association obtient le classement de l’édifice et en 1993, un important chantier de restauration permet de remettre la chapelle sous toit et de réparer les maçonneries les plus endommagées.

Sainte Matrone, martyre à Thessalonique vers l’an 304, est une figure de foi et de dévotion inébranlable. Servante chrétienne dans une famille juive de cette cité, elle pratiquait en secret son adoration du Christ. Sa maîtresse, découvrant son attachement à la divinité du Christ, Fils de David, réagit avec une extrême cruauté. Matrone subit de rudes flagellations, son corps martyrisé sous les coups de bâton infligés par sa maîtresse. Déterminée et pleine de foi, Matrone endura des tourments multiples, chaque coup renforçant sa résolution. Finalement, c’est dans ce déferlement de violence qu’elle trouva la délivrance. Sa vie terrestre se termina sous les coups, mais son âme rendue à Dieu resta pure et innocente, son dernier souffle étant une confession fervente du Christ.

Olivier

Ainsi, à Thessalonique en Macédoine, au début du IVe siècle, la figure de sainte Matrone émerge comme un témoignage poignant de la foi chrétienne. En dépit de la persécution et de la souffrance, elle resta fidèle à son Seigneur, offrant sa vie en un ultime acte de dévotion et de courage. Les écrits du martyrologe romain préservent la mémoire de cette sainte, dont le martyre continue d’inspirer par sa force et sa pureté.

La présence templière en Midi-Pyrénées, région riche en histoire et en légendes, s’étend sur plusieurs siècles, marquée par la construction de commanderies, d’églises et de fortifications. Cette présence témoigne de l’importance stratégique et religieuse de la région pour l’Ordre du Temple, fondé au début du XIIe siècle pour protéger les pèlerins se rendant en Terre Sainte et les territoires chrétiens d’Orient.

L’église de Montsaunès, abside

Photos © Yonnel Ghernaouti YG

Église située place des Templiers
En haut du clocher, point de coq…

Mais comment ne pas évoquer, ici et maintenant, le roman de Florence Ferrari Le chevalier du temple

Ce livre relate l’histoire d’une des neuf mille commanderies d’Occident. Elles ont été à l’origine d’une œuvre civilisatrice importante, défrichant, mettant en valeur et organisant le territoire, modernisant les conditions agricoles, tout en prévoyant des statuts libéraux et démocratiques s’agissant du Droit des Gens.

C’est à travers la vie quotidienne et les péripéties du commandeur de Montsaunès responsable temporel de la  « Maison », que l’on découvre celle des templiers.

 Nous suivrons également le parcours d’un jeune chevalier qui choisit de rentrer dans l’Ordre où l’abnégation, l’humilité et le renoncement sont les maîtres mots. Guillaume traversera beaucoup d’épreuves qui seront autant d’enseignements initiatiques visant à la transformation intérieure. Épris d’honneur, de pureté et d’absolu, il veut se perdre en Dieu mais, chargé d’escorter les pèlerins jusqu’à Compostelle, il s’éprend d’une jeune femme, Alissende, contre laquelle le destin semble s’acharner. Cet amour parviendra-t-il à remettre en cause la pérennité de ses engagements vis à vis du Temple ? Comprendra-t-il que la quête doit être un pèlerinage et non une errance ?

Florence Ferrari

« Auteur de romans historiques dans lesquels l’aventure, les intrigues, les rebondissements sont indissociables de la pédagogie… » (Midi-Libre),  écrivaine, poète et conférencière, titulaire d’une licence de droit public (option Histoire), membre d’honneur de l’association Histoire et Information, Florence Ferrari vit à Montpellier et donne habituellement des conférences sur le catharisme, les Templiers, l’Égypte ancienne.

Revenons sur la première de couverture représentant un adoubement, cette cérémonie par laquelle une personne est élevée au rang de chevalier

Il était une fois, dans un royaume lointain, une cérémonie empreinte de noblesse et de grandeur, magnifiquement capturée par l’artiste Edmund Blair Leighton en 1901. Sa toile, intitulée « The Accolade » ou « L’Adoubement », immortalise ce moment empreint de solennité et de beauté.

En un lieu sacré, baigné par une lumière dorée filtrant à travers des vitraux ornés, se tenait une scène d’une majesté inoubliable. L’atmosphère, empreinte de respect et d’admiration, semblait suspendue dans le temps, chaque murmure et chaque souffle d’air s’arrêtant pour ne pas troubler le moment sacré.

Sur une estrade de marbre blanc, au cœur de cette salle grandiose, une noble dame se tenait droite et majestueuse. Elle était vêtue d’une robe immaculée, richement brodée d’or et d’argent, et sa chevelure dorée, couronnée de gemmes précieuses, tombait en cascades harmonieuses, ajoutant une aura de pureté et de grâce à sa silhouette. Dans ses mains délicates mais assurées, elle tenait une épée d’une beauté exceptionnelle, dont la lame scintillait sous la lumière, reflet de sa puissance et de son autorité.

À ses pieds, agenouillé en signe de dévotion et de loyauté, un chevalier en armure. Son heaume posé à côté de lui révélait un visage empreint de courage et de détermination. Vêtu de son haubert étincelant et d’une tunique rouge brodée d’emblèmes noirs, il se tenait dans une attitude de profonde révérence, prêt à recevoir l’honneur ultime. Le silence pesant, empli d’une intensité presque palpable, rendait chaque détail plus vibrant, chaque geste plus significatif.

Le moment fatidique arriva. La noble dame leva l’épée, la maintenant un instant au-dessus de l’épaule du chevalier, comme pour bénir son avenir et sceller son destin. Puis, avec une grâce mesurée et un mouvement empreint de solennité, elle abaissa l’épée sur son épaule droite, puis sur la gauche, en prononçant des paroles de bénédiction et d’allégeance. Chaque mot résonnait comme une promesse de bravoure et d’honneur, chaque mouvement était empreint de dignité et de gravité.

Autour d’eux, les nobles et les chevaliers, témoins silencieux de cette cérémonie, observaient avec une dévotion palpable. Leurs regards étaient fixés sur cette scène, absorbant chaque instant, chaque détail, comme une leçon de noblesse et de vertu. Les anciens, aux barbes blanchies par le temps, se souvenaient de leur propre adoubement, tandis que les jeunes écuyers rêvaient du jour où ils seraient à la place de ce chevalier.

La cérémonie s’acheva, laissant dans l’air une aura de sacralité et de grandeur. Le chevalier, désormais adoubé, se releva, ses yeux brillants de fierté et de détermination. Il avait été choisi, il avait été béni, et il porterait désormais le titre de chevalier avec honneur et courage. La noble dame lui sourit avec bienveillance, ses yeux exprimant une sagesse et une grâce infinies.

Ainsi, Edmund Blair Leighton, à travers son œuvre réalisée en 1901, nous offre une vision intemporelle de l’adoubement, rite ancien et sacré, symbole éternel de la chevalerie et de la noblesse d’âme. Dans ce geste simple mais solennel, se reflètent des siècles de tradition, de bravoure et d’honneur, rappelant à tous les présents la grandeur et la beauté de l’esprit chevaleresque.

19-20/10/24 : 4e Salon du Livre Maçonnique de Nantes

Le 4e Salon du Livre Maçonnique s’ouvrira les 19 et 20 octobre 2024 à Carquefou (Loire-Atlantique, en région Pays de la Loire), dans un cadre empreint d’histoire et de symbolisme.

Ceral 44

Ce rendez-vous incontournable pour les passionnés de littérature maçonnique et les curieux de toutes horizons est organisé par le CERAL 44, une association interobédientielle nantaise dédiée à la promotion et à la découverte des trésors littéraires maçonniques.

Enluminure Jean-Luc Leguay

Un événement riche en découvertes

Le salon, se tenant à l’adresse symbolique de l’Impasse du Tertre1, promet deux journées de rencontres, de conférences et de débats autour de thèmes aussi variés que profonds. Les visiteurs pourront s’immerger dans l’univers de la franc-maçonnerie à travers les œuvres littéraires et les discussions animées par des intervenants de renom.

Programme et conférences

Sylvain Zeghni, Grand Maître National du DROIT HUMAIN

La programmation de cette édition met en lumière des personnalités éminentes qui partageront leurs réflexions et leurs recherches sur des sujets captivants. La thématique est « De l’Initiation au sacré ». Parmi les moments forts, citons la conférence de Rémi Boyer (GLTSO) sur l’initiation chevaleresque à travers la figure de Perceval, et celle de Frédéric Vincent (GLCS) sur l’explosion du sacré dans la pop culture. Le débat entre Marie-Françoise Blanchet (GLFF) et Sylvain Zeghni (Grand Maître National du DROIT HUMAIN) promet d’explorer les défis contemporains de la franc-maçonnerie face aux réalités sociales et politiques actuelles.

Rencontres et échanges

Outre les conférences, le salon offre une opportunité unique de rencontrer les auteurs lors de séances de dédicaces, de découvrir des éditeurs spécialisés et de dialoguer avec les représentants des différentes obédiences maçonniques. Ces échanges enrichissants sont autant d’occasions de pénétrer les arcanes de la pensée maçonnique et de mieux comprendre ses valeurs et ses pratiques.

Accessibilité et convivialité

Le Salon du Livre Maçonnique de Nantes se distingue par son ouverture à tous les publics. L’entrée libre et gratuite permet à chacun de participer librement aux diverses activités proposées, dans un esprit de curiosité et de partage. Des espaces de convivialité, avec restauration sur place, favorisent les rencontres informelles et les discussions passionnées autour d’un café ou d’un repas léger.

Une édition à ne pas manquer !

Le 4e Salon du Livre Maçonnique de Nantes s’annonce comme une célébration vibrante de la culture et de la connaissance maçonnique. Que vous soyez membre d’une loge, amateur de symbolisme ou simplement curieux, cet événement est une invitation à plonger dans un univers fascinant et à découvrir les nombreuses facettes de la Franc-Maçonnerie.

Infos pratiques

Entrée libre et gratuite

4e Salon du Livre Maçonnique « Le Tertre » – Samedi 19 et Dimanche 20 octobre 2024, de 10 h à 18 h – 2, Impasse du Tertre – NANTES/CARQUEFOU

Pour plus d’informations et pour confirmer votre présence, vous pouvez contacter l’équipe organisatrice ICI.

Le programme

1Symboliquement, un tertre est souvent associé à des notions de hauteur et de vue dégagée. Il peut représenter un lieu de rassemblement ou de réflexion, un point de repère ou un endroit sacré. Dans la culture celtique et bretonne, les tertres pouvaient être des sites de sépulture ou des lieux cérémoniels, marquant des endroits élevés et significatifs dans le paysage.

Le cri de révolte de Edward Sexby : Une lecture maçonnique de « Tuer n’est pas assassiner »

« Qui peut lire ce livre et penser qu’un tyran doit vivre ? » écrivait Edward Sexby…

L’été est souvent une période de lectures diversifiées, où l’on alterne entre les œuvres légères et les textes plus profonds, aptes à susciter la réflexion et à nourrir l’esprit. Tuer n’est pas assassiner d’Edward Sexby se situe résolument dans cette seconde catégorie.

Malgré sa brièveté, ce pamphlet historique offre une densité de pensée et une intensité émotionnelle qui en font un choix idéal pour ceux qui souhaitent profiter de leur temps libre pour plonger dans des réflexions politiques et philosophiques intenses.

Sa lecture permet de redécouvrir les tumultes de l’Angleterre du XVIIe siècle tout en offrant des perspectives sur des questions éternelles de pouvoir, de justice et de légitimité.

Dans l’œuvre d’Edward Sexby, Tuer n’est pas assassiner, se dessine une fresque poignante et désabusée de la révolte et de la justice face à la tyrannie. Ce pamphlet, rédigé avec une passion indomptable et une logique implacable, transcende son époque pour résonner à travers les siècles, rappelant à chaque génération que la lutte contre l’oppression est à la fois éternelle et nécessaire.

Jacques Carpentier de Marigny

L’auteur, soldat et niveleur, incarne la voix des désabusés et des trahis de la révolution anglaise, celle qui porta Oliver Cromwell (1599-1658) au pouvoir. Edward Sexby, sous le pseudonyme de William Allen, dévoile dans ce court mais incisif texte, une analyse profonde de la légitimité du pouvoir et du droit à la rébellion. La traduction fluide de Jacques Carpentier de Marigny parvient à capturer l’essence furieuse et désenchantée de l’original, offrant aux lecteurs français une fenêtre claire sur les tumultes de l’Angleterre du XVIIe siècle.

Comprendre le contexte historique du XVIIe siècle

C’est essentiel pour saisir pourquoi la franc-maçonnerie, souvent désignée comme le « Centre de l’Union », a émergé au XVIIIe siècle. Le XVIIe siècle fut une période de turbulences politiques, sociales et religieuses en Europe, marquée par des guerres civiles, des révolutions et des transformations profondes des structures de pouvoir.

Oliver Cromwell par Samuel Cooper

L’Angleterre, en particulier, connut des bouleversements significatifs. La Guerre civile anglaise (1642-1651) opposa les forces royalistes fidèles au roi Charles Ier aux parlementaires dirigés par Olivier Cromwell. Cette guerre aboutit à l’exécution de Charles Ier en 1649 et à l’établissement d’un gouvernement républicain sous la direction de Cromwell, qui devint lord-protecteur en 1653. Cependant, ce régime républicain, loin d’apporter stabilité et démocratie, se transforma rapidement en une dictature militaire, avec Cromwell exerçant un pouvoir autoritaire jusqu’à sa mort en 1658. Son régime, bien qu’il ait tenté de moderniser le pays, se caractérisait par la répression des opposants, la censure et un contrôle rigide sur la société.

Ce contexte de luttes pour le pouvoir, de renversements politiques et de quête de nouveaux systèmes de gouvernement a profondément marqué les esprits. Les idéaux de liberté, d’égalité et de justice furent au cœur des débats, et de nombreux penseurs et activistes cherchaient des moyens de restructurer la société sur des bases plus équitables et morales. C’est dans cette atmosphère de quête de réformes et de stabilité que la franc-maçonnerie a commencé à prendre forme.

signature d’Oliver Cromwell

Au début du XVIIIe siècle, la franc-maçonnerie moderne, telle que nous la connaissons, commença à se structurer officiellement. En 1717, quatre loges maçonniques de Londres se réunirent pour former la première Grande Loge de Londres et de Westminster, marquant le début de la franc-maçonnerie spéculative. Cette nouvelle forme de franc-maçonnerie, distincte de ses origines opératives, se voulait un « centre de l’union », un espace où des hommes de différentes croyances, classes sociales et opinions politiques pouvaient se rencontrer en harmonie et travailler ensemble à l’amélioration de l’humanité.

Caricature hollandaise représentant Oliver Cromwell en monarque

L’apparition de la franc-maçonnerie à cette époque peut être vue comme une réponse aux divisions et aux conflits du siècle précédent. Elle offrait un cadre structuré et symbolique où les idées de fraternité, de tolérance et de progrès pouvaient être cultivées. La franc-maçonnerie se proposait de transcender les clivages sociaux et politiques en mettant l’accent sur des valeurs universelles et humanistes.

De plus, la franc-maçonnerie s’inspirait des Lumières, un mouvement intellectuel qui prônait la raison, la science et l’amélioration de la condition humaine. Les loges maçonniques devinrent des lieux de discussion et de diffusion des idées éclairées, jouant un rôle crucial dans la propagation des idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité qui culmineraient plus tard dans les révolutions américaine et française.

Ainsi, en comprenant le contexte tumultueux du XVIIe siècle, on peut mieux appréhender pourquoi la franc-maçonnerie a émergé au XVIIIe siècle comme un centre de l’union. Elle représentait une aspiration à l’unité et à la reconstruction sociale sur des bases plus justes et éclairées, en réponse aux excès et aux injustices du passé.

À qui s’adresse Edward Sexby ?

L’auteur s’adresse directement aux soldats et officiers, ceux-là mêmes qui avaient rêvé de liberté et se retrouvent désormais les instruments d’une tyrannie qu’ils avaient combattu. Il s’adresse aussi au peuple, le souverain véritable de la République, avec une série d’arguments qui frappent par leur rigueur et leur pertinence : Cromwell est-il un tyran ? Oui, car il a usurpé le pouvoir par la force et trahi la cause de la révolution. Est-il légitime de tuer un tyran ? Oui, car la justice humaine ne peut se soumettre à une injustice divine. Ce meurtre est-il nécessaire à la République ? Absolument, car la survie de la liberté dépend de l’élimination de ceux qui la menacent.

 
Portrait posthume de Nicolas Machiavel, détail – Santi di Tito,
Étienne de La Boétie

L’ouvrage, au-delà de son contexte historique, se place dans une tradition littéraire de critique de la domination, rejoignant les œuvres de Machiavel et de La Boétie (relire analyse du Discours de la servitude volontaire). La puissance de son argumentation et la clarté de son propos en ont fait un texte de référence, réédité à maintes reprises pour dénoncer d’autres tyrannies, d’autres usurpations. Chaque réédition est un rappel de la pertinence intemporelle du combat contre l’oppression, qu’elle prenne le visage de Cromwell, de Robespierre, de Lénine, ou d’autres figures du pouvoir illégitime.

La traduction de Jacques Carpentier de Marigny, frondeur et pamphlétaire, ajoute une dimension supplémentaire à cette œuvre. Elle montre que la dénonciation de la tyrannie et la lutte pour la justice transcendent les frontières et les époques. Carpentier de Marigny, en exil et en rébellion contre le Cardinal Mazarin, voit dans l’œuvre de Edward Sexby une justification de sa propre lutte, appliquant les arguments contre Cromwell à son propre adversaire.

En somme, Tuer n’est pas assassiner est une lecture indispensable pour quiconque s’interroge sur la nature du pouvoir, la légitimité de l’autorité et le droit à la rébellion. C’est une œuvre qui résonne profondément avec l’esprit des révolutionnaires de tous les temps, rappelant que la quête de justice et de liberté ne s’achève jamais, mais se renouvelle constamment face aux nouveaux visages de la tyrannie. Edward Sexby nous invite, avec une audace et une conviction inébranlables, à ne jamais cesser de lutter pour un monde plus juste et plus libre.

Alors, Tuer n’est pas assassiner toujours d’actualité ?

En abordant la pertinence actuelle de cet ouvrage, force est de constater que l’ouvrage demeure d’une actualité frappante. Les thèmes abordés par Edward Sexby, notamment la légitimité de l’autorité, le droit à la rébellion et la dénonciation de la tyrannie, trouvent encore aujourd’hui une résonance particulière. Dans un monde où les abus de pouvoir et les gouvernements autoritaires ne sont pas rares, les arguments de Edward Sexby sur la nécessité de résister à l’oppression continuent d’inspirer et de provoquer la réflexion. Le pamphlet offre une perspective historique qui éclaire les débats contemporains sur la démocratie, les droits humains et les responsabilités citoyennes face à l’injustice.

Pour un franc-maçon, la lecture et l’interprétation de Tuer n’est pas assassiner revêtent une dimension particulière. La franc-maçonnerie, fondée sur des principes de liberté, d’égalité et de fraternité, encourage ses membres à rechercher la vérité, à défendre la justice et à lutter contre la tyrannie. Dans ce contexte, l’œuvre de Edward Sexby peut être perçue comme une illustration historique de ces idéaux maçonniques. Un franc-maçon pourrait voir dans ce pamphlet un appel à la vigilance et à l’action contre toute forme de despotisme, une exhortation à ne jamais se résigner face à l’injustice.

La démarche de Edward Sexby, consistant à s’adresser directement au peuple et aux soldats, peut être interprétée par un franc-maçon comme un acte de courage moral et de fidélité à des principes supérieurs. De plus, la fraternité et la solidarité entre les révolutionnaires, évoquées par Edward Sexby, résonnent avec les valeurs maçonniques de soutien mutuel et de cohésion communautaire. Enfin, la question centrale de la légitimité de l’autorité et du droit à la révolte peut susciter des débats enrichissants au sein des loges maçonniques, où les membres sont encouragés à explorer et à discuter des idées philosophiques et politiques.

Ainsi, Tuer n’est pas assassiner d’Edward Edward Sexby, en plus d’être une lecture captivante et stimulante pour l’été, reste un texte d’une actualité indéniable. Pour les francs-maçons, il offre une source précieuse de réflexion sur les valeurs de liberté et de justice, et sur le rôle que chaque individu peut jouer dans la lutte contre la tyrannie et pour la préservation de la démocratie.

« Idem velle, ac idem nolle », soit « Les mêmes désirs et les mêmes répugnances ». Cette citation de Salluste est la devise des éditions Allia.

Les Éditions Allia

Nées en 1982 sous l’impulsion de Gérard Berréby, elles se distinguent comme une maison d’édition française ancrée au cœur de Paris (IVe arr.), au 16 rue Charlemagne. Leur nom, emprunté avec une certaine malice à un fabricant de toilettes et d’urinoirs, présage déjà d’une audace et d’un esprit non conformiste. Les débuts furent modestes, avec seulement une dizaine de titres publiés en six ans. C’est en 1988 que la maison prend véritablement son envol, marquée par la publication de « Histoire de ma fuite » de Casanova, une œuvre emblématique qui amorce une nouvelle ère pour Allia.

Drapeau du Commonwealth d’Angleterre – Ordonnance du 12 avril 1654

Au fil des ans, les Éditions Allia se sont forgé une identité forte, traversée par un thème récurrent : la révolte. Qu’il s’agisse des révolutions politiques portées par Karl Marx ou Boris Souvarine, des avant-gardes artistiques du début du XXe siècle avec Dada, Michel Larionov ou Raoul Hausmann, ou encore de l’Internationale situationniste incarnée par Guy Debord, Michèle Bernstein et Ralph Rumney, la maison d’édition ne cesse de s’affirmer comme un bastion de la pensée contestataire et avant-gardiste. La musique, et en particulier l’esthétique du rock, trouve également sa place dans ce panthéon éditorial avec des auteurs comme Nick Tosches et Nik Cohn, tandis que les dystopies contemporaines sont explorées par des plumes telles que Bruce Bégout, Mike Davis, Michel Bounan et Francesco Masci. En 2002, l’œuvre Rapport sur moi de Grégoire Bouillier reçoit le prestigieux prix de Flore, consolidant la réputation d’Allia dans le paysage littéraire.

Portrait de Comwell, c. 1649

Aujourd’hui, le catalogue des Éditions Allia compte plus de 1000 titres. Chaque ouvrage se distingue par une esthétique singulière, avec des couvertures soignées, un papier de qualité et une rigueur typographique exemplaire. Ces caractéristiques ne sont pas de simples choix esthétiques, mais un reflet de l’engagement de la maison pour l’excellence et l’originalité éditoriale. En célébrant la révolte sous toutes ses formes, Allia continue de défier les conventions, invitant ses lecteurs à une réflexion profonde et souvent subversive sur le monde qui les entoure.

Tuer n’est pas assassiner

Edward Sexby – Traduit de l’anglais par Jacques Carpentier de Marigny

Éditions Alia, 2024, 80 pages, 7 €

Pièce de monnaie d’Oliver Cromwell, 1656