lun 21 avril 2025 - 04:04
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Découvrir le Soi, une alchimie spirituelle

à partir des enseignements de C.G. JUNG

Parmi les plus grands mystères que l’humanité ait jamais contemplés se trouve celui du Soi. Présent à la fois dans les traditions spirituelles anciennes et au cœur des théories psychologiques modernes, le Soi désigne ce principe fondamental, source et centre de notre être.

Carl Gustav Jung

Il est à la fois ce que nous sommes le plus profondément et ce que nous connaissons le moins. Son approche exige patience, rigueur et humilité, car découvrir le Soi, c’est se livrer à une véritable alchimie spirituelle : une transformation intérieure progressive, transmutant les ombres en lumière et le plomb de l’ego en l’or de la conscience.

I. Qu’est-ce que le Soi ? Définitions croisées entre spiritualité et psychologie

Le Soi est un terme complexe qui traverse les âges et les disciplines, prenant racine dans des approches aussi diverses que la sagesse orientale, l’hermétisme, la philosophie grecque ou la psychologie analytique.

Dans la tradition spirituelle, le Soi désigne la partie la plus essentielle de l’être humain : immuable, intemporelle et sacrée. Il est la flamme divine, l’étincelle de l’Absolu en nous. Le Vedanta le nomme Atman, identique en essence à Brahman, le Tout. Pour les mystiques chrétiens, il est l’image de Dieu en l’homme, ce noyau spirituel qu’il faut révéler par purification et prière. L’alchimie opérative, quant à elle, le symbolise par la pierre philosophale, aboutissement ultime du Grand Œuvre.

En psychologie analytique, Carl Gustav Jung définit le Soi comme « la totalité de la psyché », unifiant le conscient et l’inconscient, et orientant l’individu vers l’accomplissement de son être véritable. Il écrit ainsi :

« Le Soi est l’archétype de l’ordre, l’image de Dieu dans l’âme humaine. »

Dans ces deux dimensions – spirituelle et psychologique – le Soi n’est pas un objet que l’on possède, mais un état d’être vers lequel on chemine, une réalisation intérieure, fruit d’un long travail de transformation.

II. Les obstacles à la découverte du Soi : entre illusion et oubli

Si le Soi est ce que nous sommes le plus intimement, pourquoi semble-t-il si difficile à atteindre ? La réponse réside dans les voiles qui s’interposent entre nous et cette réalité profonde.

L’ego, le grand usurpateur

L’ego, nécessaire à notre fonctionnement social, devient un obstacle lorsqu’il prend toute la place. Il s’identifie aux rôles, aux masques, aux possessions et croyances, créant l’illusion d’un « moi » autonome et séparé. Le Soi, lui, ne cherche pas à dominer ou posséder, il est pur Présence.

Le poids du conditionnement

Famille, culture, éducation, médias… Dès l’enfance, nous sommes façonnés par des systèmes de pensée et des croyances limitantes. Ces schémas inconscients nous éloignent du contact direct avec notre essence. Jung écrivait à ce sujet :

« Ce que tu ne fais pas remonter à la conscience te revient sous forme de destin. »

Jung

La peur du vide

Découvrir le Soi implique souvent de traverser le désert intérieur, d’accepter l’effacement temporaire de ce que nous croyions être. Ce dépouillement effraie. Pourtant, c’est dans ce silence dépouillé que la vraie lumière surgit.

L’attachement au connu

Nous résistons au changement et préférons souvent la sécurité illusoire des habitudes, même si elles nous font souffrir. Or, accéder au Soi suppose de sortir des cadres habituels de la pensée pour embrasser l’inconnu.

La nature des oppositions : l’alchimie intérieure

L’obstacle majeur à la rencontre du Soi est la dualité. Nous sommes traversés par des forces opposées : lumière et ombre, raison et intuition, action et contemplation. L’alchimie spirituelle consiste précisément à réconcilier ces contraires, non par l’écrasement de l’un par l’autre, mais par leur intégration harmonieuse.

« La pierre philosophale, c’est l’union des opposés en un seul vase. »

(Dicton alchimique)
Allégorie alchimique extraite de l’Alchimie de Nicolas Flamel, par le Chevalier Denys Molinier (xviiie siècle) et représentant les énergies conscientes et inconscientes se combinant pour guérir la personnalité

Ainsi, découvrir le Soi, c’est cesser de fuir ses zones d’ombre, apprendre à aimer ses blessures, à reconnaître en chaque conflit intérieur l’occasion d’une synthèse supérieure. C’est transformer le plomb des passions en or de la sagesse, par un lent et humble travail sur soi.

IV. Outils pratiques pour lever les voiles et approcher le Soi

La quête du Soi n’est pas théorique : elle demande un engagement dans des pratiques concrètes, qui façonnent l’être au quotidien.

Le silence et l’écoute intérieure

Créer des espaces de silence permet de calmer le tumulte mental et d’écouter la voix discrète du Soi. La méditation, la prière contemplative ou la simple observation attentive de soi sont des portes d’accès.

Le questionnement profond

Crâne et vieux livres sur une table
Crâne posé sur 2 vieux livres sur une table ancienne. Un livre en premier plan avec ses pages ouvertes. Alchimie, recette, magie, grimoire

S’interroger sincèrement : Qui suis-je ? Qu’est-ce qui m’anime au plus profond ? Quels sont mes schémas récurrents ? Ce travail d’enquête intérieure éclaire les angles morts et libère des automatismes.

La transmutation des émotions

Accueillir ses émotions sans jugement, les observer et comprendre leur origine permet de les alchimiser. Derrière la colère peut se cacher une peur. Derrière la peur, un désir de protection. Derrière ce désir, un appel du Soi.

Le symbolisme et les archétypes

Les symboles universels – ceux que l’on retrouve dans les mythes, les rites, la franc-maçonnerie – sont des clefs précieuses pour dialoguer avec l’inconscient et ouvrir des passages vers le Soi.

L’action juste

La recherche du Soi ne se fait pas dans le retrait du monde, mais dans l’harmonisation de l’être intérieur et de l’agir extérieur. Vivre en cohérence, dans la simplicité, l’humilité et le service, affine la conscience et ancre le Soi dans le réel.

Alchimie laboratoire
Alchimie laboratoire

Conclusion

Découvrir le Soi, c’est accepter de mourir à ses illusions pour renaître à sa véritable nature. C’est un chemin de dépouillement, de réconciliation et d’unification intérieure. Tel l’alchimiste dans son laboratoire, l’initié œuvre patiemment à la transmutation de ses ténèbres en lumière, conscient que l’or qu’il cherche n’est autre que lui-même.

« Ce que tu cherches te cherche aussi. »

(Rumi)

Ainsi, l’alchimie spirituelle du Soi n’est pas un aboutissement, mais un processus vivant, un retour constant à l’Essence, une marche silencieuse et féconde vers le Centre, là où l’Être se sait un avec le Tout.

Olivier de LESPINATS
Extrait du futur ouvrage « Chemin du Soi au Moi »

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La municipalité d’Osorno a reconnu le travail de la Grande Loge Maçonnique

De notre cinfrère chilien osornoenlared.cl

Des mains du maire Jaime Bertin et des conseillers de la commune, le Grand Maître de la Grande Loge du Chili, Sebastián Jans Pérez, et le Grand Maître de la Grande Loge Symbolique du Paraguay, José Miguel Fernández Zacur, ont reçu la distinction d’Illustres Visiteurs d’Osorno, en reconnaissance de leurs contributions sociales et territoriales à la commune et à ses habitants.

Le maire Jaime Bertin a expliqué que la présence maçonnique dans notre région est forte, fondée sur les valeurs d’égalité et de fraternité, qui ont été fondamentales pour les progrès vers lesquels travaille également la municipalité, a-t-il déclaré.

Dans le même temps, le leader de la franc-maçonnerie au Chili a exprimé son honneur et sa gratitude pour cette reconnaissance, en particulier dans une ville accueillante qui, a-t-il dit, a appris à apprécier le travail altruiste de l’organisation qu’il représente.

Osorno – Chili

Pendant ce temps, le Grand Maître de la Grande Loge Symbolique du Paraguay, José Miguel Fernández Zacur, a expliqué que la Franc-Maçonnerie cherche à apporter des changements positifs dans la société à travers le comportement approprié de ses membres.

La mission de la Franc-Maçonnerie est basée sur la nécessité de contribuer à la croissance de la société sous des idéaux tels que la tolérance, la libre pensée, la liberté, l’égalité et la fraternité, en mettant l’accent sur les principes qui interdisent la ségrégation ou les discussions de nature politique partisane ou le sectarisme religieux, entre autres.

Ceux qui font partie de la loge maçonnique travaillent constamment sur l’idée d’exalter la vertu et la dignité des êtres humains, pour réaliser les avancées auxquelles les territoires aspirent et dont ils ont besoin.

Les nouveaux Visiteurs Illustres d’Osorno parcourent actuellement la région de Los Lagos, participant à diverses activités protocolaires, et continueront jusqu’au samedi prochain, 15 mars, dans le cadre de la première réunion de travail de la Confédération Maçonnique Sud-Américaine (COMASUD).

Ont également participé à la cérémonie de reconnaissance, qui s’est tenue dans la salle de l’Assemblée municipale d’Osorno, le sénateur Antonio Velásquez Chamorro de la République du Paraguay et les conseillers de la municipalité hôte, María Cecilia Ubilla, Francisco Razazi et Juan Carlos Velásquez.

Le Grand Prieuré Indépendant d’Occitanie : une Franc-maçonnerie chrétienne et traditionnelle au cœur du XXIe siècle

Depuis sa fondation le 2 juillet 1994 à Matha, en Charente-Maritime, le Grand Prieuré Indépendant d’Occitanie (G.P.I.O.) s’est imposé comme un pilier de la franc-maçonnerie régulière et traditionnelle en France. Installé selon les Anciens Usages sous la direction de neuf Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte et d’un Grand Maître Installateur, cet ordre maçonnique mêle héritage chevaleresque, spiritualité chrétienne et engagement humaniste. Trente ans après sa création, le G.P.I.O. continue de rayonner grâce à une pratique rigoureuse des rites Écossais Rectifié et de Stricte Observance, offrant une voie initiatique mixte et authentique dans un monde en constante mutation.

Une Naissance Ancrée dans la Tradition

Le G.P.I.O. doit son existence à la détermination de ses fondateurs, soutenus par des figures éminentes de la franc-maçonnerie française. Dès le jour de sa consécration, l’ordre a adopté le Rite Écossais Rectifié, un système maçonnique d’essence chrétienne codifié par Jean-Baptiste Willermoz en 1778 lors du Convent des Gaules. Ce rite, enrichi par une filiation spirituelle avec les idéaux chevaleresques médiévaux, s’est vu complété par la suite par le Rite de Stricte Observance, introduit après l’agrégation d’une loge travaillant selon ce système issu des réformes de 1764 à Altenberg.

L’histoire du G.P.I.O. s’est rapidement enrichie avec la création et l’agrégation de loges symboliques. Dès le 2 juillet 1994, la loge « Stella Rosaque » rejoint l’ordre, suivie par « Foulques de Matha » le 1er avril 1995 à l’Orient de Matha, puis « Jacques de Molay » le 8 juin 1995. Ces premières loges ont posé les bases d’une expansion progressive, marquée par la consécration d’autres ateliers au fil des années. Aujourd’hui, le G.P.I.O. regroupe un réseau de loges réunies sous l’égide de sa Grande Loge des Loges Réunies (G.L.L.R.), garantissant une continuité initiatique ininterrompue depuis trois décennies.

Deux Rites, Une Spiritualité Chrétienne

Le G.P.I.O. se distingue par sa double pratique des rites Écossais Rectifié (R.E.R.) et de Stricte Observance (R.S.O.), tous deux dits « rectifiés » en raison de leur volonté de revenir à une maçonnerie épurée et fidèle à ses origines spirituelles. Le Rite Écossais Rectifié, structuré autour des grades d’Apprenti, Compagnon, Maître et Maître Écossais de Saint-André, culmine avec l’ordre intérieur des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte. Le Rite de Stricte Observance, quant à lui, suit une progression similaire jusqu’au grade de Maître Écossais, avant de s’ouvrir à l’ordre des Chevaliers du Temple.

Ces deux rites, bien que distincts dans leurs origines – le R.E.R. étant une création française du XVIIIe siècle et le R.S.O. une reformulation allemande antérieure – partagent une essence commune : une franc-maçonnerie chrétienne qui invoque le Grand Architecte de l’Univers comme principe créateur. Les rituels, conservés dans leur forme originelle sans la moindre altération, datent respectivement de 1802 pour le R.E.R. et de 1764 pour le R.S.O. Cette fidélité aux textes fondateurs, scellés par les sceaux des Grands Chapitres, témoigne d’un refus de moderniser ou de réinterpréter les enseignements au prisme des idéaux contemporains. Comme le soulignent les statuts du G.P.I.O., cette rigueur garantit une « maçonnerie authentique » accessible aux seuls profanes de confession chrétienne.

Une Structure Initiatique Mixte et Régulière

Le G.P.I.O. se définit comme un ordre maçonnique mixte, accueillant aussi bien des frères que des sœurs, une particularité qui le distingue de nombreuses obédiences exclusivement masculines ou féminines. Cette mixité, inscrite dans l’article 11 des statuts, reflète une volonté d’égalité spirituelle au sein des loges, où « tous les francs-maçons sont placés sous le niveau de l’égalité la plus parfaite », seules les fonctions hiérarchiques différenciant les membres.

La progression initiatique repose sur quatre grades fondamentaux – Apprenti, Compagnon, Maître et Maître Écossais – qui confèrent la « plénitude des droits maçonniques ». Ces grades, dits « bleus » pour les trois premiers et « verts » pour le dernier, sont suivis par les ordres chevaleresques réservés aux membres les plus avancés. Le Grand Chapitre, composé de neuf Grands Dignitaires ayant atteint les plus hauts degrés des deux rites, supervise cette transmission initiatique, tandis que la Grande Loge des Loges Réunies administre les loges symboliques.

Une Doctrine Humaniste et Tolérante

Les statuts du G.P.I.O., riches de 24 articles, offrent un aperçu détaillé de ses valeurs et de son fonctionnement. L’ordre proclame son attachement à la religion chrétienne tout en s’inscrivant dans une laïcité maçonnique : aucune discussion politique ou religieuse n’est autorisée en loge, conformément à l’article 7. Cette neutralité vise à préserver l’harmonie entre les membres et à concentrer les travaux sur la quête spirituelle et la bienfaisance.

La bienfaisance, justement, est au cœur de la mission du G.P.I.O. L’article 18 en fait un « devoir premier » envers tous les hommes, sans distinction, tandis que l’article 4 insiste sur le respect des lois sociales, la soumission aux autorités légitimes et l’honneur du travail, qu’il soit intellectuel ou manuel. Cette éthique se double d’une exigence de tolérance : l’ordre n’impose « aucune limite à la recherche de la vérité » et reconnaît dans un esprit fraternel les maçons d’autres obédiences, tout en maintenant des critères stricts pour les visites de courtoisie.

Une Filiation Spirituelle, Pas Historique

Un aspect notable du G.P.I.O. est sa relation avec l’héritage templier. Les articles 2 et 3 des statuts précisent que l’ordre n’a « aucun intérêt à la restauration de l’Ordre des Templiers » ni à une « restauration effective » d’un système similaire. Il revendique toutefois une filiation spirituelle avec cet ordre médiéval, dans la lignée des idéaux chevaleresques qui imprègnent les rites rectifiés. Cette distinction, héritée de l’acte de renonciation de 1782 au Convent de Wilhelmsbad, souligne une volonté de se concentrer sur la dimension initiatique plutôt que sur une reconstitution historique.

Une Franc-Maçonnerie pour le XXIe Siècle

En 2025, le G.P.I.O. se présente comme une réponse aux aspirations spirituelles d’une époque marquée par la sécularisation et la quête de sens. Sa structure associative, déposée en préfecture de Niort le 11 janvier 2016, gère les aspects matériels de l’ordre – capitations, dons, aide aux membres dans le besoin – tandis que le Grand Chapitre et la G.L.L.R. assurent sa vitalité rituélique. Ouvert aux profanes partageant la foi en un principe créateur, le G.P.I.O. incarne une franc-maçonnerie « régulière, traditionnelle et mixte » qui, selon ses propres termes, « a toute sa place dans la franc-maçonnerie du XXIe siècle ».

Un Rayonnement par l’Exemple

Le G.P.I.O. ne se contente pas de préserver un héritage : il cherche à le faire vivre. Ses membres sont invités à promouvoir son renom par « l’exemple, la parole et l’écrit », tout en respectant le secret maçonnique. Cette mission, ancrée dans une morale de charité et d’humanité, fait écho au précepte central de l’ordre : « Aime ton prochain ». En cela, le Grand Prieuré Indépendant d’Occitanie se positionne comme un phare discret mais résolu, illuminant la voie d’une maçonnerie spirituelle et fraternelle dans un monde moderne.

Site officiel gpio-fm.org

Extrait des statuts :

ARTICLE 1 :

Le Grand Prieuré Indépendant d’Occitanie dont le sigle est G.P.I.O. et sa Grande Loge des Loges Réunies suffragante dont le sigle est G.L.L.R forment un Ordre maçonnique dans la tradition des Grands Ordres de Chevalerie médiévale.
Ils proclament l’existence d’un principe créateur sous le nom de Grand Architecte de l’Univers. Nul ne peut être reçu dans cet Ordre s’il n’est de religion chrétienne.

ARTICLE 2 :

Le Grand Prieuré Indépendant d’Occitanie faisant référence à l’acte de renonciation du 29 juillet 1782 déclare qu’il n’a aucun intérêt à la restauration de l’Ordre des Templiers mais établit avec lui une filiation spirituelle.

ARTICLE 3 :

Le Grand Prieuré Indépendant d’Occitanie déclare qu’il ne veut en aucune manière réaliser un système de restauration effective mais rompre toute espèce de liaison avec ce type de société s’il en existait une.

ARTICLE 4 :

Le Grand Prieuré Indépendant d’Occitanie déclare comme essentielle la soumission aux souverains ou chefs d’Etat, l’attachement à la religion chrétienne, l’observance exacte des lois sociales et l’accomplissement des devoirs de l’Etat où la providence a placé chaque individu. Le Grand Prieuré se doit de se distinguer par des effets de bienfaisance pour ses membres ainsi que pour tous ses concitoyens et considère le travail comme un devoir essentiel de l’homme honorant le travail intellectuel et manuel.

ARTICLE 5 :

Le Grand Prieuré Indépendant d’Occitanie constitué sous forme d’association est un Ordre maçonnique, initiatique et traditionnel dont l’essence repose sur l’invocation du Grand Architecte de l’Univers. Ses membres sont soumis aux règles traditionnelles de la Franc-maçonnerie régulière. Ils prêtent serment sur l’Equerre, le Compas et le Livre de la Loi sacrée, symbole de la plus haute spiritualité dont peuvent s’inspirer tous les maçons.

ARTICLE 6 :

Le Grand Prieuré Indépendant d’Occitanie n’impose aucune limite à la recherche de la vérité et exige de tous la pratique d’une véritable Tolérance.
Il donne l’entrée aux profanes qui sont en accord avec l’existence d’un principe créateur sous le nom de Grand Architecte de l’Univers.

ARTICLE 7 :

Le Grand Prieuré Indépendant d’Occitanie interdit dans ses Loges et en Chapitre toute discussion politique et religieuse.
Il n’est pas une religion et sa doctrine est toute entière basée sur ce beau précepte « Aime ton prochain ». Sa morale est basée sur le respect total de l’autre et a comme première vertu l’Humanité.

ARTICLE 8 :

Le Grand Prieuré Indépendant d’Occitanie considère que ses membres ont le devoir d’étendre à l’Humanité les liens fraternels qui unissent les maçons. Il recommande à ses membres la renommée du Grand Prieuré Indépendant d’Occitanie par l’exemple, la parole et l’écrit sous réserve de l’observance du secret maçonnique.

ARTICLE 9 :

Le Grand Prieuré Indépendant d’Occitanie travaille au moyen des symboles, signes, emblèmes dont la haute signification symbolique ne peut se révéler que par l’initiation. Il a le souci permanent du respect des traditions de la Franc-maçonnerie et de la pratique scrupuleuse des rituels et du symbolisme en tant que moyen d’accès au contenu initiatique des connaissances maçonniques.

ARTICLE 10 :

Les quatre premiers grades de la maçonnerie universelle donnent droit à la plénitude des droits maçonniques à savoir : Apprenti, Compagnon, Maître et Maître Ecossais.
ARTICLE 11 :
Le Grand Prieuré Indépendant d’Occitanie reçoit en son sein des Frères et des Sœurs.

ARTICLE 12 :

Le Grand Prieuré Indépendant d’Occitanie pratique deux rites dits rectifiés, à savoir le Rite de Stricte Observance (R.S.O.) et le Rite Ecossais Rectifié (R.E.R.).
Les rituels utilisés à tous les grades du Rite de Stricte Observance sont ceux des rituels de Stricte Observance revêtus du sceau du Grand Chapitre avec leurs tableaux, tapis de Loge et tables de travail.
Les rituels utilisés à tous les grades du Rite Ecossais Rectifié sont ceux du Régime Ecossais Rectifié de Jean-Baptiste Willermoz revêtus du sceau du Grand Chapitre avec ses tableaux et tapis.

ARTICLE 13 :

Au sein des réunions maçonniques, tous les francs-maçons sont placés sous le niveau de l’égalité la plus parfaite. Il n’existe entre eux d’autre distinction que celle de la hiérarchie des offices.

ARTICLE 14 :

Le Grand Prieuré Indépendant d’Occitanie se réfère aux « anciens devoirs », notamment au respect des traditions de la Franc-maçonnerie et à une pratique scrupuleuse des rituels et du symbolisme comme moyen d’accès au contenu initiatique de l’Ordre ainsi qu’à la Règle abrégée en neuf points approuvée au Convent de Wilhelmsbad de 1782.

ARTICLE 15 :

Le Grand Prieuré Indépendant d’Occitanie est représenté en France par le Grand Chapitre et sa Grande Loge des Loges Réunies.

ARTICLE 16 :

Aucun membre du Grand Prieuré ne peut participer à des réunions profanes paré de ses décors maçonniques sans autorisation. Toute transgression est soumise à un rappel des règles de l’Ordre.

ARTICLE 17 :

Tout membre du Grand Prieuré doit être de réputation parfaite, loyal et discret, doit cultiver l’amour de la patrie et considérer le travail comme le devoir primordial de l’être humain en l’honorant sous toutes ses formes. Par son comportement sage et digne il concourt au rayonnement du Grand Prieuré Indépendant d’Occitanie dans le respect du secret maçonnique et au rayonnement de la Franc-maçonnerie Universelle.

ARTICLE 18 :

Les membres du Grand Prieuré Indépendant d’Occitanie ont pour devoir premier l’exercice d’une Bienfaisance Active envers tous les hommes et se doivent conseil et instruction sur tout ce qui peut intéresser leur avancement spirituel.
Ils s’interdisent toute discussion politique ou religieuse lors de leurs travaux.
Ils se doivent aide et assistance fraternelle dans toutes les occasions à moins que cela ne soit contraire aux bonnes mœurs ou aux règles civiles. Ils doivent obéissance aux règles de l’Ordre d’une manière volontaire. Par leur exemple de charité, de tolérance, de discrétion et de bonté ils sont le reflet du Grand Prieuré Indépendant d’Occitanie.
Ils s’interdisent de plaider devant les tribunaux ordinaires contre un autre membre de l’Ordre avant d’avoir tenté la voie de la conciliation d’une manière maçonnique.
Les membres du Grand Prieuré Indépendant d’Occitanie sont tenus de participer aux diverses réunions et tenues.

ARTICLE 19 :

Le Grand Prieuré Indépendant d’Occitanie dans un souci de tolérance, admet de nos jours quelques visites de courtoisie dans ses Loges et son Chapitre. Elles sont réservées aux maçons par équivalence de grades. Ces visiteurs doivent appartenir à des Obédiences et Ordres reconnus par leur ancienneté et partageant des valeurs semblables.
Les membres du Grand Prieuré Indépendant d’Occitanie peuvent visiter par réciprocité ces Obédiences et Ordres dans les mêmes conditions. La double appartenance discrète est admise sans aucun engagement ni référence à un Ordre templier. Cependant il y a incompatibilité entre l’exercice d’une fonction au sein du Grand Prieuré Indépendant d’Occitanie avec une responsabilité similaire au sein d’une autre Obédience ou Ordre.

ARTICLE 20 :

Les garants d’amitié du Grand Prieuré Indépendant d’Occitanie sont à disposition des membres du Grand Prieuré Indépendant d’Occitanie de l’Ordre pour les conseiller et faciliter les échanges qui doivent, malgré tout, rester exceptionnels. Ils sont soumis à l’approbation du Grand Maître National et en son absence, du Grand Maître adjoint le plus ancien. Le Grand Chapitre en est informé en toutes circonstances.

ARTICLE 21 :

Le Grand Prieuré Indépendant d’Occitanie est placé sous l’autorité légale de l’association « Grand Prieuré Indépendant d’Occitanie » dont les statuts ont été déposés depuis le 11 janvier 2016 en Préfecture de NIORT (79).
L’adhésion au Grand Prieuré Indépendant d’Occitanie entraîne l’adhésion à l’association « Grand Prieuré Indépendant d’Occitanie » et la démission de l’un entraîne la démission de l’autre.

L’association « Grand Prieuré Indépendant d’Occitanie » gère les biens matériels de l’Ordre ; les capitations, bénéfices et autres dotations lui sont dévolus, ainsi que les aumônes destinées aux Frères et Sœurs malheureux et aux indigents.

ARTICLE 22 :

Le Grand Prieuré Indépendant d’Occitanie est un Ordre mixte et ne peut admettre dans son sein que des chrétiens.

ARTICLE 23 :

Le code des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte de 1778 est la référence légale et historique prise en compte par le Grand Prieuré Indépendant d’Occitanie en ce qui concerne le Rite Ecossais Rectifié.
Le Code de la Stricte Observance du 2 octobre 1762 est la référence légale et historique prise en compte par le Grand Prieuré Indépendant d’Occitanie en ce qui concerne le Rite de Stricte Observance.

ARTICLE 24 :

Le Grand Prieuré Indépendant d’Occitanie a pour but de maintenir et de rendre plus forte :
La Foi en Dieu (Sainte Trinité).
La Fidélité aux Principes du Régime Ecossais Rectifié.
La fidélité à la sainte Religion Chrétienne.
L’approfondissement de la spiritualité Chrétienne.
Le Perfectionnement Individuel par l’action que tout homme doit faire sur lui-même pour faire progresser ses facultés spirituelles.
L’exercice d’une Bienfaisance active et éclairée en tous instants envers tous les êtres vivants.

Franc-maçonnerie : dans la chambre noire de l’âme

De notre confrère expartibus.it

Il existe un endroit, aujourd’hui presque oublié à l’ère de la gratification instantanée, où le temps ralentit jusqu’à s’arrêter presque complètement : la chambre noire du photographe. J’y suis entré pour la première fois lorsque j’étais enfant, suivant un vieil ami de la famille qui pratiquait cet art avec un dévouement monastique.

Je me souviens encore de mon étonnement lorsque, après avoir fermé la lourde porte noire, je me suis retrouvé enveloppé dans une obscurité presque totale, interrompue seulement par une faible lumière rouge qui teintait tout d’une couleur irréelle, comme si nous étions entrés dans un autre monde.

Ne parlez pas, ne bougez pas trop, observez simplement.

il me l’a simplement dit.

Et c’est ce que j’ai fait.

Cette première expérience en chambre noire m’est revenue à l’esprit récemment, lors d’une séance de Lodge particulièrement intense.

J’ai soudain compris comment ce lieu, avec ses rituels minutieux et son atmosphère suspendue, était une métaphore parfaite de notre voyage initiatique.

Pensez-y : dans la chambre noire, une image latente – invisible – attend d’être révélée.

Elle est présente sur le film, mais nos yeux ne peuvent pas encore la percevoir.

Ce n’est que par un processus alchimique d’immersion dans des solutions spéciales que cette réalité cachée commence progressivement à se manifester. D’abord les ombres les plus sombres, puis les tons moyens, enfin les détails les plus fins.

N’est-ce pas là le reflet exact de notre travail sur la pierre brute ?

Nous aussi, nous portons en nous une image latente – celle de l’homme accompli, du temple intérieur – attendant le bon processus pour émerger du chaos primordial de notre nature non travaillée.

Le photographe dans la chambre noire travaille avec des gestes mesurés, presque rituels. Il connaît l’importance d’un timing exact et d’un dosage précis. Il sait que chaque étape a son moment et que chercher des raccourcis signifie compromettre irrémédiablement le résultat final.

La hâte est l’ennemie de la révélation.

J’ai connu des apprentis impatients qui, en tant que débutants dans la chambre noire, voulaient voir immédiatement l’image entièrement formée.

Mais la Lumière Maçonnique, comme cette faible lumière rouge, nous révèle les choses progressivement, afin que nos yeux spirituels puissent s’ajuster et discerner clairement.

Et puis il y a le silence.

Ce silence particulier de la chambre noire, plein d’attente et de concentration. Un silence qui n’est pas absence, mais plénitude.

Comme le silence de nos méditations, comme celui qui précède la parole dans le Temple.

Dans le bruit incessant du monde profane, nous avons oublié le pouvoir créateur du silence, sa capacité à nous faire percevoir les vibrations les plus subtiles de l’être.

Je me souviens d’un après-midi où ce vieil ami de la famille m’a montré comment imprimer une image. Je me souviens de la feuille de papier blanche plongée dans le bain de révélateur puis, comme par magie, de l’émergence progressive d’un visage. D’abord indistinct, puis de plus en plus défini.

C’était le portrait d’une vieille femme – sa mère, m’a-t-il dit – et son regard semblait se former devant mes yeux, surgissant de nulle part.

Il m’a expliqué :

Vous voyez, la patience est primordiale. Il faut savoir attendre que l’image se révèle en son temps.

Chaque photographie a son propre caractère, sa propre âme.

Certains apparaissent rapidement, d’autres prennent plus de temps.

Si vous essayez de précipiter le processus, vous ruinez tout.

Combien de fois, dans mon parcours maçonnique, ai-je dû apprendre et réapprendre cette leçon ! Notre œuvre est une œuvre d’attente patiente, de persévérance confiante.

Nous ne pouvons pas forcer la croissance spirituelle, pas plus qu’un photographe ne peut accélérer le développement d’une image sans compromettre la qualité.

Il y a enfin le dualisme intrinsèque de la photographie analogique : le négatif et le positif, l’inversion des valeurs tonales, la lumière devenant ombre et l’ombre devenant lumière.

N’est-ce pas là la quintessence de l’enseignement initiatique ? Ce qui paraît brillant au profane peut se révéler obscur dans la vérité ésotérique, et vice versa. Les contraires s’interpénètrent, les opposés se révèlent complémentaires.

La salle de réflexion, avec son obscurité à peine éclairée par une bougie, est notre chambre noire.

C’est le lieu où commence la transformation, où l’image latente de l’initié commence à se développer dans le silence et l’attente patiente.

C’est ici que nous comprenons pour la première fois que ce qui doit émerger est déjà présent en nous, même s’il est encore invisible à nos yeux impurs.

À l’ère de la photographie numérique, où l’image apparaît instantanément sur l’écran et peut être modifiée, altérée, supprimée d’un simple toucher, la chambre noire nous rappelle la valeur de l’attente, de l’irréversibilité des actions, du calme dans les gestes.

Une fois que la fixation a stabilisé l’image sur le papier, elle ne peut plus être modifiée. Il en va de même pour nos actions dans le monde : une fois accomplies, elles entrent dans le flux irréversible du temps.

En écrivant ces lignes, je me rends compte que la chambre noire, comme la franc-maçonnerie authentique, est devenue une rareté dans un monde qui privilégie la vitesse à la profondeur, l’apparence au fond, la quantité à la qualité.

Pourtant, c’est précisément dans ces espaces protégés de l’accélération frénétique du quotidien que nous pouvons encore trouver le temps de voir émerger la vérité qui est en nous.

Tout comme le photographe attend avec impatience que l’image apparaisse dans le bain de développement, le franc-maçon attend patiemment que la Lumière illumine progressivement les recoins les plus cachés de sa conscience.

Et dans les deux cas, la récompense de cette patience est l’émerveillement de la révélation – ce moment où l’invisible devient visible, où ce qui n’était que potentiel se manifeste dans toute sa beauté.

N’est-ce pas là la plus haute promesse de notre voyage initiatique ?

Olivier Hamant : face à une réflexion maçonnique poussive, il propose un regard différent

De notre confrère Thinkerview

Olivier Hamant, chercheur en biologie et biophysique à l’INRAE, directeur de l’Institut Michel-Serres, est un penseur interdisciplinaire qui s’inspire du vivant pour proposer des solutions aux crises contemporaines. Dans cette interview Thinkerview, il aborde son concept clé : la robustesse, qu’il oppose à la quête de performance omniprésente dans nos sociétés modernes. Peut-être que certains y verrons de nouvelles pistes pour nos réflexions maçonniques qui tournent en rond depuis quelques années.

Version courte de la video. La version longue est ci-dessous tout en bas

Thème central : La robustesse face à un monde fluctuant

Olivier Hamant

Hamant présente la robustesse comme un “outil” pour naviguer dans un monde de plus en plus instable, marqué par des crises écologiques, sociales et économiques. Contrairement à la performance (efficacité + efficience), qui vise l’optimisation à court terme, la robustesse privilégie l’adaptabilité et la résilience face aux imprévus. Il s’inspire des systèmes biologiques, notamment les plantes, qui sacrifient l’efficacité maximale pour garantir une capacité d’adaptation aux changements environnementaux.

  • Exemple implicite : Les plantes, avec leur faible rendement énergétique (par rapport à une machine), survivent à des sécheresses ou des tempêtes grâce à des mécanismes redondants et une absence d’optimalité absolue. Hamant transpose cela aux sociétés humaines : chercher la performance à tout prix (comme dans les projets d’Elon Musk, mentionné via #musk) conduit à des impasses, tandis que la robustesse offre une viabilité à long terme.

Structure du discours

  1. Introduction : Diagnostic d’un monde en crise
    Hamant commence probablement par un constat : notre obsession pour la performance – incarnée par des figures comme Elon Musk avec ses projets futuristes (colonisation de Mars) – est inadaptée à un monde “fluctuant”. Il critique cette logique qui ignore les limites des ressources et les chocs externes.
  2. Développement : Robustesse vs Performance
    • Définition de la robustesse : Un système robuste n’évite pas les crises mais les absorbe sans s’effondrer. Cela implique des marges de manœuvre, de la coopération et une acceptation de la “sous-optimalité”.
    • Critique de la performance : Hamant pourrait évoquer le paradoxe de Jevons (une meilleure efficacité augmente la consommation globale) ou des exemples comme les méga-projets technologiques qui fragilisent les écosystèmes.
    • Application sociétale : Il oppose la collaboration (succès individuels cumulés) à la coopération (objectif commun prioritaire), comme dans les réponses au quiz de fin.
  3. Une invitation à agir différemment
    Il appelle à un changement de paradigme : ralentir, coopérer, et construire des systèmes adaptables plutôt que performants. Les liens dans la description (RIC constituant, Extinction Rebellion) suggèrent qu’il encourage une action collective et citoyenne pour incarner cette robustesse.

Concepts clés décodés

  • Robustesse : Contrairement à la résilience (retour à l’état initial après un choc), la robustesse vise à prévenir ou supporter les fluctuations sans rupture. Hamant la présente comme une alternative pratique à la “secte de la performance” (expression qu’il a utilisée ailleurs).
  • Collaboration vs Coopération : La distinction dans le quiz montre une critique des approches individualistes (collaboration) au profit d’une solidarité orientée vers un but partagé (coopération).
  • Liberté libertarienne : Hamant semble rejeter l’idée d’une liberté absolue (comme celle prônée par certains libertariens ou Musk), qu’il associe à une augmentation de l’entropie, donc du chaos, nuisant à la stabilité collective.
  • Chine et population : La référence à la baisse démographique chinoise depuis 2022 pourrait illustrer un exemple de fluctuation imprévue, défiant les modèles de croissance linéaire.

Réponses au quiz : Une synthèse des idées

  1. Collaboration vs Coopération : Hamant valorise la coopération comme une clé de la robustesse, par opposition à la somme des égoïsmes individuels.
  2. Liberté libertarienne : Il dénonce une liberté sans limites comme un facteur de désordre, aligné avec sa critique de la performance débridée.
  3. Chine : La démographie chinoise illustre un monde imprévisible où les modèles performants (croissance perpétuelle) échouent.

Résumé du propos

Olivier Hamant propose une révolution conceptuelle : abandonner la performance, qui nous mène à l’effondrement, pour adopter la robustesse, inspirée du vivant. Dans un monde fluctuant, il prône la coopération, l’adaptabilité et un ralentissement stratégique, loin des rêves d’hyper-technologie de Musk ou des logiques libertariennes. Cette interview, qualifiée de “masterclass”, allie science, philosophie et appels à l’action, avec une humilité qui rend ses idées accessibles et percutantes.

Version longue de l’interview

Peut-on définir avec exactitude l’ADN de la Franc-maçonnerie ?

Depuis toutes ces années où je revêts le tablier, une question me taraude régulièrement. Chaque fois qu’un Frère ou une Sœur prend la parole pour définir la Franc-maçonnerie, je n’entends jamais deux fois la même version, ni la même définition quant à l’essence de cet art. Se pourrait-il que nous pratiquions tous des disciplines différentes ? Je suis donc parti en quête d’une définition commune, une qui ferait autorité et permettrait d’aborder cet art multicentenaire dans une langue partagée. Pour mener mon enquête, j’ai exploré les bibliothèques, les moteurs de recherche… j’ai même interrogé de vieux maçons. Une seule réponse m’a convaincue, et je vous invite à m’accompagner dans son exploration pour ouvrir un vrai débat : « Peut-on définir l’ADN de notre Franc-maçonnerie ? »

Une définition insaisissable ?

Logo Wikipedia

Interrogez Wikipédia sur la franc-maçonnerie, et voici ce que vous obtiendrez : « Le mot Franc-maçonnerie désigne un ensemble d’espaces de sociabilité sélectifs, formé de phénomènes historiques et sociaux très divers. Le recrutement des membres est fait par cooptation et pratique des Rites initiatiques se référant à un secret maçonnique et à l’art de bâtir. » Soyons honnêtes : après trois lectures, cette définition reste aussi claire qu’un brouillard matinal sur les bords de la Tamise. Elle illustre pourtant une réalité fondamentale : la franc-maçonnerie est un kaléidoscope de pratiques et de sensibilités, aussi variée que les individus qui la composent. Cet article, fruit de décennies d’observation et de pratique dans des loges à travers le monde, propose une définition éclairée et nuancée, tout en explorant les multiples facettes de cette voie initiatique.

Une voie initiatique aux formes diverses

La franc-maçonnerie est avant tout une voie initiatique, un cheminement personnel et collectif qui s’appuie sur des rites et des symboles pour élever l’individu vers une meilleure compréhension de soi et du monde. Mais cette définition, bien que centrale, ne suffit pas à capturer sa diversité. Demandez à un historien de la maçonnerie et il insistera sur ses origines, souvent datées de 1717 avec la création de la Grande Loge de Londres. Interrogez un frère féru de politique et il mettra en avant son rôle dans des combats comme la laïcité ou les droits humains, notamment en France où le Grand Orient a influencé des réformes sociales. Une sœur tournée vers les activités sociales vous parlera de bienveillance et de fraternité vécue au quotidien. Enfin, un maçon symboliste vous entraînera dans les méandres de l’ésotérisme, évoquant des concepts comme la lumière intérieure ou le Grand Architecte de l’Univers.

Pour illustrer cette diversité, comparons la franc-maçonnerie aux arts martiaux. Certains pratiquent le karaté pour se défendre, d’autres le tai-chi pour le bien-être, et d’autres encore le judo pour la compétition ou le loisir. Pourtant, toutes ces disciplines partagent le même nom générique : arts martiaux. De la même manière, la franc-maçonnerie regroupe une multitude de pratiques – symboliques, sociales, philosophiques – qui répondent à des attentes variées, mais convergent vers un même idéal : l’amélioration de l’individu et, par extension, de la société.

Ce que la Franc-maçonnerie n’est pas

Avant de préciser ce qu’est la franc-maçonnerie, clarifions ce qu’elle n’est pas, car les malentendus sont légion. Elle n’est ni un club de rencontres, ni un réseau d’affaires, ni une antichambre du pouvoir, malgré les fantasmes complotistes qui l’associent aux Illuminati ou à des cercles occultes. Elle n’est pas non plus un parti politique, bien que certains maçons s’engagent dans des causes publiques, comme la défense de la laïcité ou des droits des femmes. Ce n’est pas un think tank, un cercle de philosophie, un centre d’entraînement à la parole, une officine religieuse ou un cabinet de thérapie, même si elle peut emprunter des éléments à ces domaines. La franc-maçonnerie est autre chose, plus profonde et plus intime.

Voltaire

En France, elle compte environ 170 000 membres en 2025, un corps social vivant et évolutif, sans pouvoir centralisé. Née il y a quatre siècles, elle a traversé les époques, s’adaptant aux contextes historiques. Au XVIIIe siècle, elle était un espace de libre pensée face à l’absolutisme ; au XIXe siècle, elle a soutenu des idéaux républicains ; au XXe siècle, elle a résisté aux totalitarismes. Aujourd’hui, elle continue d’évoluer, parfois tiraillée entre tradition et modernité, comme le montrent les débats sur la mixité ou la transparence.

Les fondements de la Franc-maçonnerie

Entendons-nous bien : l’objectif est de saisir, de manière sémantique, l’ensemble des pratiques maçonniques françaises, loin du lieu commun insipide qu’offre la définition de Wikipédia. Il s’agit d’exposer en quelques mots l’essence profonde, de l’identité, qui rend la franc-maçonnique unique et incomparable. Cette approche englobe-t-elle toutes nos pratiques ? Retirez un seul mot : Est-ce encore de la Franc-maçonnerie ?

Voici une proposition de définition concise :

« Regroupement d’individus dans un but initiatique. Celui-ci se caractérise par l’étude rituelle de la géométrie sacrée. »

Franck Fouqueray – Ma Franc-maçonnerie mise à nu (Éd. LOL)

Décomposons cette définition en quatre points essentiels :

  1. Regroupement d’individus: Aucun maçon ne peut travailler seul. La loge est le lieu de rencontre et de travail collectif, un espace où les membres se réunissent pour pratiquer leurs rites. Il n’existe aucun rite, dans aucun pays, où les maçons opèrent en solitaire.
  2. Initiatique : L’entrée en franc-maçonnerie passe toujours par une initiation (du moins dans la maçonnerie française, car l’anglaise est différente), un rituel symbolique qui marque le début du cheminement. Ce processus, souvent empreint de mystère, vise à provoquer une transformation intérieure, un passage des ténèbres à la lumière.
  3. Géométrie : La franc-maçonnerie s’appuie sur les principes géométriques hérités des bâtisseurs. Comme le fronton de l’Académie platonicienne le proclamait, « Nul n’entre ici s’il n’est géomètre » – non pas au sens littéral, mais dans l’idée d’harmonie et de justesse. Les symboles maçonniques, comme l’équerre (rectitude), le compas (mesure), le fil à plomb (verticalité) ou le niveau (égalité), sont des outils géométriques qui incarnent des valeurs universelles.
  4. Sacrée, mais non religieuse : Le « sacré » en franc-maçonnerie ne renvoie pas à une divinité spécifique, mais aux lois immuables et indiscutables qui animent l’univers – gravité, énergie, attraction, répulsion. Le fil à plomb symbolise la gravité, le soleil et la lune évoquent les forces d’attraction, la lumière représente l’énergie et la connaissance. Même si certaines obédiences, notamment anglo-saxonnes, intègrent des références religieuses, la franc-maçonnerie est fondamentalement laïque et universelle, héritière des mythes solaires et des traditions anciennes.

Ainsi, cette définition « Regroupement d’individus dans un but initiatique. Celui-ci se caractérise par l’étude rituelle de la géométrie sacrée. » permet de poser les bases d’une pratique commune à tous les maçons. Retirez un seul des 4 points ci-dessus et vous dénaturez l’Art Royal.

Pourquoi, la maçonnerie n’a rien à voir avec une religion ?

La Bataille Étymologique entre Lactance et Cicéron – « Religare » contre « Religere »

les 3 religions monothéistes

À l’aube de l’ère chrétienne, un débat captivant oppose deux figures latines majeures, Cicéron et Lactance, sur l’étymologie du mot « religion » (religio), révélant des visions contrastées de son essence. Cicéron, orateur et philosophe du Ier siècle avant J.-C., défend une origine tirée du verbe relegere, signifiant « relire attentivement » ou « rassembler avec soin ». Dans son œuvre De natura deorum (II, 28, 72), il propose que la religio romaine découle d’une attitude scrupuleuse envers les rites et les cultes, un respect minutieux des obligations cultuelles propre aux citoyens romains. Cette interprétation met l’accent sur une pratique réfléchie et individuelle, ancrée dans la conscience personnelle, loin de toute idée de soumission divine.

Des siècles plus tard, Lactance, rhéteur chrétien du IIIe-IVe siècle, conteste cette vision avec vigueur. Convertit au christianisme, il soutient dans ses Divinae institutiones que religio dérive de religare, « relier » ou « lier plus fort ». Pour lui, la religion est le lien sacré qui rattache l’âme humaine à Dieu, une conception alignée avec la théologie chrétienne naissante qui insiste sur une relation de dépendance et de piété envers une divinité unique. Lactance rejette l’étymologie cicéronienne, qu’il juge insuffisante pour capturer la profondeur spirituelle de la foi chrétienne, préférant une idée de connexion transcendante à celle d’un simple scrupule ritualiste.

Ce combat entre immanence et transcendance fait toujours rage. Les Sœurs et les Frères ne parviennent pas à s’accorder sur ce débat, loin d’être en harmonie.

Pour trancher cette affaire, il suffit d’observer une Loge maçonnique et la réponse coule de source. Si vous la comparez avec un quelconque édifice religieux qui arbore une iconographie, le doute n’est plus permis.

Le christianisme par exemple (mais les autres religions fonctionnent de la même manière) :

  • un animateur central et ordonateur de toutes choses.
  • des règles morales répondant à une organisation sociale qui régissent les rapports humains.
  • les actions des croyants sont sanctionnées par des récompenses ou des punitions.
  • les mythes et légendes tendent à se réifier pour transformer les fondateurs en personnages historiques.

La Franc-maçonnerie échappe à tout ce système

  • le GADLU est purement symbolique.
  • les règles morales sont remplacées par des lois universelles.
  • les actions sont sanctionnées par l’Univers dont le maçon est lui-même partie intégrante.
  • les mythes maçonniques restent purement initiatiques.

Le fondement de toute religion est de conduire le pratiquant, par la foi, à sa mise en conformité avec les codes édictés par les humains concepteurs de la religion concernée.

Le fondement de la franc-maçonnerie est de permettre au pratiquant de s’unifier avec les loi de notre univers au travers d’un langage symbolique. Il atteint ainsi l’unité par l’abolition des séparations, des comparaisons… c’est ce qu’il nomme rassembler ce qui est épars.

Une quête de sagesse et d’harmonie

Au cœur de la franc-maçonnerie se trouve une ambition : élever l’humain dans ses qualités intrinsèques de sagesse et l’encourager à vivre en harmonie avec lui-même, les autres et l’univers. Ce travail s’effectue d’abord sur soi. Le maçon « taille sa pierre brute » par l’étude des symboles. C’est une métaphore pour dire qu’il polit ses défauts, épure ses passions, et révèle ses vertus. En devenant sage et serein, il rayonne sur la société, influençant le monde par l’exemple plutôt que par une action directe. Comme le disait Gandhi, « Le bonheur, c’est lorsque ce que tu penses, ce que tu dis et ce que tu fais sont en harmonie. » La franc-maçonnerie aspire à cet état de recentrage permanent, symbolisé par des outils comme le fil à plomb, qui incarne le juste milieu.

Ce juste milieu n’a rien à voir avec une morale binaire de bien et de mal propre aux religions. Il s’agit de trouver la justesse – en soi et dans le monde – en s’interrogeant non pas sur le « pourquoi » des événements, mais sur le « que vais-je en faire ? » La franc-maçonnerie sert à se rapprocher de sa véritable essence, à répondre à l’injonction de Pindare : « Deviens ce que tu es. » Contrairement à une secte, qui impose un modèle uniforme souvent calqué sur un gourou, la franc-maçonnerie célèbre l’individualité. Elle n’impose ni dogme ni imitation, mais encourage chacun à cheminer vers sa propre sagesse.

Les rites, un langage symbolique

Le travail maçonnique s’effectue à travers des rites, pratiqués dans chaque loge selon des traditions spécifiques. Un rite est un cérémonial codifié, mêlant gestes, paroles, déplacements et une attitude mentale. Il s’appuie sur un rituel, un texte qui guide les membres dans leur pratique. Par exemple, le Rite Écossais Ancien et Accepté, le plus répandu en France, met l’accent sur une progression spirituelle à travers 33 degrés, tandis que le Rite Français, plus sobre, privilégie la réflexion philosophique et la laïcité. Ces rites, bien que différents, partagent un tronc commun : l’initiation, qui marque l’entrée dans la voie maçonnique.

La franc-maçonnerie ne se comprend pas intellectuellement ; elle se vit. Comme le souligne l’adage maçonnique « Connais-toi toi-même », elle agit comme une catharsis, un processus de purification intérieure. Les symboles – soleil, lune, équerre, compas – et les rituels imprègnent le corps et l’esprit, révélant des vérités profondes par l’expérience plutôt que par la théorie. Ce n’est pas un hasard si des millions de maçons, des quatre coins du globe, décrivent leur pratique comme un voyage sensoriel et spirituel.

Une quête intemporelle

La franc-maçonnerie est une voie initiatique pratiquée en loge, utilisant la géométrie sacrée pour guider ses membres vers la sagesse et l’harmonie. Elle est un cheminement personnel, collectif et universel, qui célèbre l’individualité tout en unissant les âmes par un idéal commun. Malgré ses dérives, elle reste une force de transformation, un miroir où chacun peut apprendre à se connaître et à rayonner. En ce 19 mars 2025, à la veille de l’équinoxe de printemps – symbole d’équilibre cher aux maçons –, elle continue d’évoluer, fidèle à sa mission : faire de l’humain un bâtisseur de lumière.

Source : Ma Franc-maçonnerie mise à nu – Par Franck Fouqueray (Editions LOL)

Autre article sur ce thème

15/04/25 : avec le Cercle Échange de Torcy – « La Franc-Maçonnerie et la Religion »

Les rituels font-ils références aux textes bibliques ? Pourquoi ? 

Qu’elle est la position de l’Église à l’égard de la Franc-maçonnerie ?

Le thème du quatrième rendez-vous que les membres  du Cercle de Torcy vous proposent, le 15 avril prochain, s’inspire d’extraits des textes des Cahiers Bleus  de la Grande Loge Indépendante de France, reconnus pour leur pertinence, leur qualité et leur intérêt.

Accueil à partir de 19h00 – Début de séance 19h30 précise.

Pour confirmer votre présence, veuillez envoyer un eMail à : cercletorcy@proton.me
Avec les informations suivantes : Nom + Prénom + Loge + Obédience + eMail

Le Cercle Échange de Torcy10 Rue de la Mare aux Marchais77200 TORCY

Le Myosotis : de la résistance Maçonnique à l’hommage militaire italien

De notre confrère nuovogiornalenazionale.com

Le 16 mars 2025, une décision historique a été prise par l’état-major de la Défense italienne : les soldats des forces armées pourront désormais porter un pin’s représentant une fleur de myosotis sur leur uniforme, en mémoire des morts de toutes les guerres et des missions de paix. Cette annonce, relayée par le Nuovo Giornale Nazionale, marque une étape significative dans l’évolution des symboles militaires italiens. Mais derrière cette petite fleur bleue, connue sous le nom de « ne m’oublie pas » (forget-me-not en anglais), se cache une histoire riche et dramatique, profondément enracinée dans l’univers de la franc-maçonnerie et dans les heures sombres du XXe siècle.

Une décision officielle aux accents symboliques

Dans une note officielle datée de mars 2025, l’état-major italien a décrété que « le myosotis est adopté comme symbole floral permanent, comme élément figuratif tangible se référant aux morts de toutes les guerres et missions de maintien de la paix, à porter lors des journées déjà établies en mémoire des défunts ». Les militaires sont ainsi autorisés à arborer un pin’s métallique, d’un diamètre maximal de 2,4 centimètres, sur le revers gauche de leur veste ou gilet, lors de dates précises : le 2 novembre (Commémoration des morts), le 4 novembre (Journée de l’unité nationale et des forces armées), le 11 novembre (Journée des anciens combattants) et le 12 novembre (Journée en mémoire des militaires et civils tombés lors des missions internationales de paix). Cette adoption n’est pas une obligation, mais un choix laissé à la discrétion de chaque soldat, qui devra toutefois se procurer lui-même cet insigne.

Grand Canal – Venise (Italie)

Cette initiative n’est pas sans précédent. Le 4 novembre 2024, lors de la Journée de l’unité nationale célébrée sur la place Saint-Marc à Venise, le président de la République italienne, Sergio Mattarella, et le ministre de la Défense, Guido Crosetto, ont été vus portant une broche en tissu représentant un myosotis. Cet événement semble avoir pavé la voie à la décision officielle de 2025, conférant à cette fleur une résonance institutionnelle et nationale.

Mais pourquoi le myosotis ? Si cette fleur évoque aujourd’hui un hommage universel aux disparus, son adoption par les forces armées italiennes résonne avec une histoire bien plus ancienne, née dans le creuset de la persécution et de la résistance maçonnique sous le régime nazi.

Le myosotis : un symbole maçonnique né dans l’ombre

Hitler et Musolini

L’histoire du myosotis dans la franc-maçonnerie remonte à une période tragique : les années 1930 en Allemagne. Lorsque Adolf Hitler accède au pouvoir en 1933, il ordonne la dissolution des loges maçonniques, considérées comme une menace pour l’idéologie nazie. À cette époque, environ 85 000 francs-maçons sont actifs en Allemagne. Sous la répression brutale du régime, près de 80 000 d’entre eux périssent, victimes des persécutions, des camps de concentration ou des exécutions sommaires. Seuls 5 000 frères, dont les noms n’étaient pas enregistrés dans les archives officielles des Grandes Loges, échappent à la traque.

Dans cet univers de clandestinité, ces survivants cherchent un moyen discret de se reconnaître entre eux, un signe qui témoigne de leur appartenance à l’ordre maçonnique sans attirer l’attention des autorités nazies. C’est ainsi que le myosotis, cette petite fleur bleue au cœur jaune, devient leur emblème secret. Facilement accessible dans la nature et d’apparence anodine, elle est portée à la boutonnière ou échangée comme un symbole de résistance et de fidélité à leurs idéaux. Le message implicite du « ne m’oublie pas » prend alors une double signification :

« ne pas oublier les frères tombés sous la répression, et ne pas renier les valeurs humanistes de la franc-maçonnerie face à l’oppression. »

De la clandestinité à la reconnaissance officielle

Myosotis

Après la chute du régime nazi et la fin de la Seconde Guerre mondiale, le myosotis conserve sa puissance symbolique au sein de la franc-maçonnerie allemande. En 1947, lors de la réouverture de la Grande Loge du Soleil à Bayreuth sous la direction du Passé Grand Maître Beyer, un insigne en forme de myosotis est officiellement adopté comme emblème de la première réunion annuelle des survivants. Cet acte marque la renaissance de l’ordre après des années de silence forcé. L’année suivante, en 1948, la Grande Loge Unie d’Allemagne, nouvellement constituée, fait du myosotis son emblème officiel lors de sa première réunion annuelle, en hommage aux milliers de frères qui ont poursuivi leur engagement dans l’ombre sous le nazisme.

En 1949, ce symbole dépasse les frontières allemandes. Lors de la Conférence des Grands Maîtres à Washington, D.C., chaque délégué reçoit une épingle de myosotis des mains de Theodor Vogel, Grand Maître de la Grande Loge Unie d’Allemagne. Ce geste consacre le myosotis comme un emblème universel de la franc-maçonnerie, un rappel de la résilience face à l’adversité et de la mémoire des persécutés.

Une convergence symbolique entre franc-maçonnerie et forces armées

« Pseudoscience in Naziland », essai de Willy Ley, paru dans le magazine de science-fiction Astounding, mai 1947. Illustration de B. Tiedeman.

L’adoption du myosotis par les forces armées italiennes en 2025 peut sembler surprenante à première vue, tant ce symbole est ancré dans l’histoire maçonnique. Pourtant, cette décision s’inscrit dans une logique de convergence symbolique. Comme les francs-maçons sous le nazisme, les soldats tombés au combat incarnent un sacrifice pour des idéaux plus grands qu’eux-mêmes : la liberté, la paix, la justice. Le « ne m’oublie pas » devient alors un pont entre ces deux univers, unissant la mémoire des résistants maçonniques à celle des militaires morts pour leur pays ou pour des missions internationales.

Cette réappropriation n’est pas dénuée de sens historique. L’Italie, bien que partenaire de l’Allemagne nazie pendant une partie de la Seconde Guerre mondiale, a elle-même connu des mouvements de résistance face au fascisme. En adoptant le myosotis, les forces armées italiennes pourraient ainsi rendre un hommage implicite à toutes les formes de courage face à l’oppression, qu’elles soient civiles ou militaires.

Le myosotis dans la culture et la symbolique universelle

Au-delà de son histoire maçonnique et militaire, le myosotis porte une signification universelle qui transcende les contextes. Dans le langage des fleurs, il est associé à la mémoire, à l’amour fidèle et au souvenir des absents. Cette symbolique en fait un choix naturel pour honorer les défunts, qu’il s’agisse de soldats ou de civils. Sa simplicité et sa discrétion contrastent avec sa profondeur émotionnelle, une qualité qui sied autant à la solennité militaire qu’à la spiritualité maçonnique.

Une adoption qui interroge et célèbre

L’intégration du myosotis dans l’uniforme des forces armées italiennes est à la fois un acte de mémoire et une célébration de la résilience humaine. Elle rappelle que les symboles, loin d’être figés, évoluent avec le temps et les circonstances, portant en eux les échos des luttes passées et les espoirs du présent.

Que ce soit dans les loges clandestines des années 1930 ou sur les revers des vestes militaires en 2025, le myosotis continue de murmurer son message éternel : « Ne m’oublie pas. »

FRANCE CULTURE : Grande Loge Féminine de France – Les femmes, la guerre et la Paix

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De notre confrère France Culture

Le 8 mars est officiellement, depuis 1977, la Journée internationale des Droits des Femmes. Mais la sauvegarde de ces droits doit être un combat de tous les jours. Surtout en période de troubles et en temps de guerre.

La défense des droits des femmes, où qu’elles se trouvent dans le monde, est un sujet particulièrement important pour La Grande Loge féminine de France, qui est très attentive à tout ce qui pourrait les faire régresser.

Pourquoi associer les droits des femmes à la guerre et à la paix ? Parce que les études montrent qu’en période de troubles et en temps de guerre, les femmes sont les premières victimes civiles. Pourtant elles ne sont que rarement associées aux processus de paix.

Il est temps de prendre conscience de cet état de fait et de comprendre que la Paix ne pourra pas se faire en excluant la moitié de l’Humanité.

Logo GLFF

Avec :
Liliane Mirville, Grande Maîtresse de la GLFF
Isabelle Henny, Présidente de la Commission nationale des Droits des Femmes de la GLFF

Franc-maçonnerie et Rugby

Un article de notre F∴ Gabriel DORIAN de la GLNF

L’existence d’une Loge formée d’hommes ayant un intérêt ou un passe-temps commun pour une thématique spécifique autre que maçonnique n’a rien d’extraordinaire ou d’insolite, notamment au sein de la Franc-Maçonnerie régulière anglo-saxonne. Ces Loges « d’intérêt spécial », comme elles sont ainsi dénommées, rassemblent des francs-maçons partageant une passion commune : le golf, la moto, les voitures anciennes, la gastronomie, le jardinage…, mais celles qui se sont certainement le plus développées sont les Loges dites « rugby » dans ce pays des « Anglois » qui ont inventé le rugby et ses règles, tout comme ils ont structuré la Franc-Maçonnerie.

"La ville et les francs-maçons : des hommes et des lieux" aux RdV de l’Histoire de Blois
“La ville et les francs-maçons : des hommes et des lieux” aux RdV de l’Histoire de Blois

Historiquement, l’existence d’une Loge d’intérêt spécial n’a rien de nouveau. N’oublions pas qu’au début de la Franc-Maçonnerie, bien souvent les Loges rassemblaient des personnes qui, au-delà de partager des idéaux similaires, exerçaient des professions communes ou voisines : avocats, banquiers, commerçants, marins ; il y avait aussi les Loges militaires et puis originellement…. la Franc-Maçonnerie n’est-elle pas issue des Loges regroupant des bâtisseurs ?

On peut ainsi considérer que ces Loges « rugby » n’ont rien d’iconoclaste, d’autant que les Britanniques ont un rapport au sport bien différent de celui issu de notre culture latine.

Rugby et Franc-Maçonnerie : avant tout la mise en exergue d’un état d’esprit
Tous ceux qui ont joué au rugby, mais aussi tous ceux qui, bien que n’ayant jamais pratiqué ce jeu, y trouvent une appétence, vous diront que ce qu’ils aiment dans ce sport est totalement en cohérence avec ce qu’ils vivent et retrouvent en Loge. Ils y trouvent plus que des similitudes dans la nature des valeurs. Parmi toutes les analogies qui pourraient être mises en exergue, deux semblent particulièrement se distinguer :

En premier lieu, une construction reposant sur des valeurs éducatives

Que ce soit sur un terrain de rugby ou bien en Loge, vous devez tout d’abord apprendre et connaître le cadre dans lequel vous allez évoluer. L’apprentissage progressif du rituel comme celui des règles du jeu, puis sa pratique inlassable (match après match, tenue après tenue) vous inculque une compréhension du système et des valeurs qui y sont prônées. Ainsi, si le Maçon, à travers les travaux symboliques, cherche à progresser sur le plan personnel et spirituel, il lui faudra se dépouiller de ses « ‘métaux ».

Par analogie, le rugbyman doit se dépasser dans l’effort et parfois la douleur pour faire « vivre le ballon ». Il n’y a pas de progression sans sacrifice, mais surtout sans engagement et implication. Chacun dans sa Loge ou dans son équipe est lié par la compréhension des principes fondamentaux de leur Institution respective et du respect des règles. Un comportement et une conduite exemplaire sont le meilleur moyen de faire vivre un idéal. L’ego s’efface au profit du collectif.

La transmission éducative par la pédagogie joue un rôle crucial dans les deux univers ; elle donne un but à chacun en le guidant sur son chemin de vie. Autant de valeurs essentielles pour renforcer la cohésion d’un groupe et l’esprit communautaire.

En second lieu, l’amitié qui se construit

Comme en rugby, la Franc-Maçonnerie fournit la base commune pour le développement d’une fraternité se concrétisant par une amitié sincère entre les membres, qui pour beaucoup durera toute la vie. Équipier de son équipe ou frère de la même Loge signifie quelque chose de particulier pour chaque personne qui s’inscrit dans cette démarche. Au-delà de l’acquisition de nouvelles connaissances ou du développement de son propre potentiel, le phénomène plus important qui se dégage de ces Loges « rugby » est le développement d’un certain état d’esprit de camaraderie :

tous ceux qui ont joué au rugby savent que les liens que vous avez noués sur le terrain de rugby et en dehors du terrain sont totalement indissolubles.

N’oublions pas que parmi les idéaux qui ont été à la base du développement de la Franc-Maçonnerie au XVIIIe siècle en Angleterre, la sociabilité a joué un rôle fondamental. Et surtout, comment ne pas établir un parallèle entre l‘agape qui après la tenue maçonnique célèbre le bonheur de la convivialité avec la « troisième mi-temps » du rugby, qui va être ce moment festif, où se retrouvent les joueurs des deux équipes, mais aussi les arbitres, l’encadrement, les bénévoles… une coutume, à l’instar de l’agape, très ancrée dans la traduction et la culture.

Cet état d’esprit de la camaraderie et du partage collectif se retrouve aussi dans toutes les manifestations qui sont organisées par ces Loges rugby : à l’occasion de rassemblement de Loges à vocation similaire ou pour participer à un événement, tel un match du tournoi des 6 nations. À chaque fois, ces occasions sont aussi le moment pour organiser des collectes de fonds pour les plus démunis ou ceux en difficulté physique ou matérielle.

La bienfaisance, basée sur le développement de la compassion, est très ancrée dans les principes de la Franc-Maçonnerie.

Il allait de soi que ces Loges rugby, où le concept de solidarité est un des fondements, se devait d’associer systématiquement tout événement à une action charitable.

Qu’en est-il en France ?

Grand Temple de la GLNF à Paris

À la GLNF, c’est en 2015 que l’idée d’une Loge « rugby » a été imaginée, et l’argument développé suffisamment convaincant pour que le Grand Maître de l’époque, Jean-Pierre Servel, accepte la formation d’une Loge mettant en avant un intérêt spécial pour le rugby et promouvant les valeurs nobles de ce sport, si proches de celles de la Franc-Maçonnerie.
C’est à Toulouse, avec une Loge au nom si évocateur de « Terre d’Ovalie », que va naître cette première Loge. Et puis, pour qui connaît un peu l’histoire du rugby et de ses clubs, il n’est point étonnant que la deuxième Loge soit ensuite consacrée à Toulon, en Province de Provence, avec les « les Enfants du muguet », en 2016. Se créera ensuite : « Webb Elis » à Nice, en 2017. C’est à partir de 2018, sous le mandat du Grand Maître Jean-Pierre Rollet, autant passionné par ce sport que son prédécesseur, et ancien joueur, que 8 autres Loges « rugby verront successivement le jour, aux noms évocateurs de « Brennus » à Paris en 2018, « Avernis » à Clermont-Ferrand en 2019, « Frères d’Ovalie » à Montpellier en 2021, « Force et Harmonie en Ovalie » à Versailles et « La Mandorle du Pré » à Tulle en 2022, « The Spirit of Black Mounain » à Castres en 2023, « Le Carré vert » à Lyon en 2024 et enfin « Notre Dame du rugby » à Bordeaux en 2024.

Pour qui connaît les racines rugbystiques, il n’est donc pas étonnant de retrouver ces Loges dans des villes où jouent des équipes renommées.

Et à ceux qui s’interrogeraient encore sur le bien-fondé de l’analogie rugby/Maçonnerie, force est de constater que dans ces Loges, leurs membres mettent en avant la dynamique remarquable du travail maçonnique qui y prévaut ; elles demeurent très attractives, même aux non-spécialistes de ce sport !

Pour en savoir plus sur les liens entre Franc-maçonnerie et rugby, ne pas hésiter à aller sur la page de la Fédération de rugby qui y est consacrée

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