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30/09/24 : Conférence publique de Thierry Zaveroni, Grand Maître de la Grande Loge de France, à Barcelone (Catalogne, Espagne)

« Être Franc-maçon en GLDF aujourd’hui entre tradition et modernité », tel le thème de la conférence publique et gratuite organisée par la Grande Loge de France (GLDF) et présentée par son Grand Maître , le très respectable frère Thierry Zaveroni.

[NDLR : Thierry Zaveroni est le Grand Maître actuel de la Grande Loge de France (GLDF), une des principales obédiences maçonniques françaises. Centrée sur des valeurs humanistes et spirituelles, la GLDF pratique le Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA).

En tant que Grand Maître, Thierry Zaveroni occupe la plus haute fonction dans cette obédience, assurant la direction et la représentation de la Grande Loge, tant au niveau national qu’international. Il est engagé dans la diffusion des idées maçonniques au-delà des frontières françaises, cherchant à développer une compréhension internationale de la franc-maçonnerie telle qu’elle est pratiquée à la GLDF. La conférence, intitulée « Être Franc-maçon en GLDF Aujourd’hui : Entre Tradition et Modernité », reflète son engagement à équilibrer les enseignements historiques avec les besoins d’une société moderne, technologique et en évolution rapide.

Thierry Zaveroni, Grand Maître de la GLDF
Thierry Zaveroni, Grand Maître de la GLDF

La présence de la Grande Loge de France (GLDF) à Barcelone avec une conférence publique témoigne d’un lien historique et culturel fort entre la franc-maçonnerie française et catalane en général et écossaise en particulier. Barcelone, en tant que ville cosmopolite et ouverte sur le monde, accueille régulièrement des événements internationaux, et la GLDF y trouve un terrain favorable pour promouvoir ses valeurs.

Pour mémoire, la Grande Loge de France est une obédience maçonnique historique française et la plus ancienne et la plus importante dans la pratique de la Franc-maçonnerie traditionnelle, initiatique et spiritualiste. Elle est la continuatrice des premières Loges parisiennes de 1728, et de la première Grande Loge constituée à Paris en 1738.]

Infos pratiques

Conférence publique, gratuite et ouverte à tous

Lundi 30 septembre 2024 à 19h00

Institut Français de Barcelone 

Calle Moià 8, Barcelone – Espagne

Le site de la GLDF/Inscription obligatoire

« Indochine : Voyage initiatique et fraternité universelle à travers « Nos célébrations » et « Le Chant des cygnes »

Chers et fidèles lecteurs(trices), cette fois-ci, je vous propose une analyse – la mienne – maçonnique des chansons « Nos célébrations » et « Le Chant des cygnes » d’Indochine.

Bob Morane – Source nostalgie.be

Indochine, formé en 1981 par Nicola Sirkis et Dominique Nicolas, est l’un des groupes de rock français les plus emblématiques et durables. Le groupe connaît un succès rapide avec des titres comme « L’Aventurier » (1982), inspiré de Bob Morane, qui devient un hymne générationnel. Leur style mêle rock, new wave, et poésie, avec des thèmes souvent sombres, romantiques et engagés.

Dans les années 1980, Indochine enchaîne les succès avec des albums comme « Le Péril Jaune » (1983) et « » (1985), incluant des tubes comme « Trois nuits par semaine » et « Canary Bay ». Cependant, la popularité du groupe décline dans les années 1990.

Le renouveau survient dans les années 2000 avec l’album « Paradize » (2002), marqué par le méga-hit « J’ai demandé à la Lune », relançant leur carrière. Indochine enchaîne avec des albums à succès comme « Alice & June » (2005) et « La République des Météors » (2009), confirmant leur retour au sommet.

Dans les années 2010, albums comme « Black City Parade » (2013) et « 13 » (2017) renforcent leur statut d’icône du rock français, avec des concerts toujours plus spectaculaires et fédérateurs.

En 2020, avec leur compilation « Singles Collection (2001-2021) » et des morceaux comme « Nos célébrations », Indochine célèbre 40 ans de carrière, tout en restant un groupe incontournable et intergénérationnel.

Nous devons examiner ces œuvres à travers des symboles, des concepts philosophiques, et des valeurs qui sont souvent associés à la franc-maçonnerie.

Je vous livre donc quelques pistes de réflexion, en lien avec les thèmes principaux de la franc-maçonnerie, comme la quête de la lumière, le travail sur soi, et la fraternité humaine.

1. Indochine et l’esprit maçonnique

Indochine, à travers ses compositions et son imagerie, a souvent fait écho à des idéaux de liberté, de fraternité et de recherche spirituelle, qui sont aussi centraux dans la franc-maçonnerie. Le groupe s’est toujours distingué par des textes souvent poétiques, ouverts à l’interprétation, abordant des thématiques existentielles, humanistes et souvent critiques du pouvoir, tout en restant ancrés dans une vision optimiste du progrès humain.

Nos célébrations

Indochine - Source France-Rocks
Indochine – Source France-Rocks

Cette chanson, sortie en 2020, met en avant une notion de célébration collective à travers le temps, un concept qui peut être relié à la notion de « mémoire » et de « transmission » dans la franc-maçonnerie. La « célébration » dans ce contexte pourrait être interprétée comme une sorte de rituel initiatique, où le passé, le présent et l’avenir s’entrelacent pour renforcer la continuité d’un chemin spirituel ou moral.

Le voyage en train : dans le clip de « Nos célébrations », le voyage en train peut être vu comme une métaphore du voyage initiatique, une idée récurrente dans la symbolique maçonnique. Le train traverse différents paysages et événements historiques, suggérant un parcours personnel et collectif. Ce voyage représente la quête de la connaissance, un aspect fondamental dans la démarche maçonnique où l’individu cherche à comprendre le monde tout en se perfectionnant intérieurement.

Les événements marquants : le fait de revisiter des événements politiques et des références à l’histoire du groupe peut s’apparenter à la méthode maçonnique de « construire » sur les expériences passées pour mieux appréhender l’avenir. La franc-maçonnerie incite ses membres à examiner leur propre parcours, à en tirer des leçons pour atteindre une meilleure compréhension de soi et du monde.

Fraternité et célébration : le terme « célébration » renvoie ici à une notion de communauté. En franc-maçonnerie, la fraternité est un principe fondamental, et cette chanson semble exalter cette union fraternelle, non seulement entre les membres d’Indochine, mais aussi avec leurs fans. La franc-maçonnerie valorise le lien entre les êtres humains au-delà des divisions superficielles, ce que reflète le ton optimiste et fédérateur de la chanson.

Indochine – Nos célébrations (Clip officiel)

Le Chant des cygnes

Sortie en 2024, cette chanson traite également de thèmes qui peuvent être vus sous un prisme maçonnique.

The White Swan, GLDF, Londres

Le chant du cygne : en franc-maçonnerie, le cygne est souvent associé à la pureté, à la mort symbolique et à la renaissance. Dans la chanson, le « chant des cygnes » peut représenter une transition, un passage vers une nouvelle étape de vie, symbolisant une sorte de mort initiatique. Cette idée de transformation et de renouvellement est très présente dans les rites maçonniques, où chaque passage de degré est marqué par une symbolique de mort et de renaissance spirituelle. D’ailleurs, rappelons-nous que « The White Swan » est une loge de la Grande Loge de France à l’orient de Londres.

Le rôle des chœurs familiaux : les passages chantés par des membres de la famille de Nicola Sirkis, dont ses enfants, peuvent être interprétés comme une transmission intergénérationnelle, un autre concept fondamental en franc-maçonnerie. Le fait d’inclure ses proches dans l’œuvre fait écho à l’idée de perpétuer une tradition, un savoir ou une sagesse, valeurs très présentes dans les loges.

Adolescents et jeunes dans le clip : le fait de mettre en scène des jeunes chantant dans le clip vidéo renforce la notion de passage du savoir et d’héritage aux nouvelles générations. En maçonnerie, l’idée de préparer la jeunesse à devenir les constructeurs d’un monde meilleur est un thème récurrent, et cette mise en scène pourrait symboliser cette transmission d’un idéal ou d’une conscience collective.

Utilisation pour l’Euro 2024 : l’utilisation de cette chanson pour l’Euro 2024 reflète l’idée d’unification autour d’un événement commun, ce qui pourrait également rappeler les idéaux maçonniques de fraternité universelle. Le sport, tout comme la musique, est un moyen de fédérer les individus au-delà des différences culturelles et sociales.

Indochine – Le chant des cygnes (Clip officiel)

2. Les symboles de lumière et d’initiation dans les deux chansons :

La quête de lumière, un thème central en franc-maçonnerie, peut être perçue dans l’œuvre d’Indochine de manière générale. Dans ces deux chansons, il y a une idée sous-jacente de progression, de célébration du parcours accompli tout en préparant une étape suivante, symbolisant un chemin vers une meilleure compréhension de soi et du monde.

Dans « Nos célébrations », cette lumière pourrait être symbolisée par les moments de rétrospection et de réflexion sur le passé du groupe, tout en tournant leur regard vers l’avenir.

Dans « Le Chant des cygnes », cette lumière peut être celle de la jeunesse qui prend la relève, celle de la transmission d’idées et de valeurs à une nouvelle génération.

Et ma conclusion…

À travers « Nos célébrations » et « Le Chant des cygnes », Indochine semble refléter plusieurs concepts proches de la franc-maçonnerie : le voyage initiatique, la fraternité, la quête de lumière et de transformation. Les deux chansons montrent une progression symbolique, que ce soit à travers un voyage collectif ou un chant de transmission, et peuvent être interprétées comme une métaphore de la croissance spirituelle et morale, des valeurs chères à la franc-maçonnerie. Le groupe invite ainsi ses auditeurs à réfléchir sur leur propre parcours, tout en restant unis dans une fraternité universelle.

Indochine, le site.

Lieu symbolique : Le Pont Valentré de Cahors (Lot)

Le Pont Valentré de Cahors est un monument emblématique de l’architecture médiévale française.

Situé à Cahors, dans le département du Lot (région Occitanie), ville réputée pour son riche patrimoine historique, son cadre pittoresque, ses vins (notamment le fameux vin de Cahors), et ses monuments emblématiques – Cathédrale Saint-Étienne, Tour du Pape Jean XXII, Arènes de Divona notamment –, il est considéré comme l’un des plus beaux ponts fortifiés d’Europe. Son histoire est étroitement liée à la ville et à son rôle stratégique au Moyen Âge, tandis qu’une légende particulière y ajoute une touche mystérieuse.

Histoire du Pont Valentré

1. La construction

   – La construction du pont débute en 1308, sous l’impulsion des consuls de Cahors, qui souhaitaient renforcer les défenses de la ville et faciliter le commerce. Le pont permettait de traverser le Lot, une rivière stratégique pour le transport et le commerce. Il était également destiné à protéger la ville contre d’éventuelles invasions.

   – Le pont fut achevé après plus de 70 ans de travaux, en 1378. Ce long délai de construction est dû à plusieurs facteurs, notamment les difficultés techniques et les tensions politiques de l’époque, comme la Guerre de Cent Ans.

   – Le pont est constitué de trois tours fortifiées et de six arches, avec des systèmes de défense perfectionnés comme des mâchicoulis et des meurtrières. Il s’inscrit dans le style gothique, très présent dans l’architecture médiévale de la région.

2. la fonction stratégique :

   – Le Pont Valentré jouait un rôle crucial dans la défense de Cahors, car il constituait l’un des principaux accès à la ville, située sur une presqu’île. Il servait également de péage pour les marchands et les voyageurs.

   – Il n’a jamais été réellement assiégé, mais il a permis à la ville de se protéger efficacement pendant plusieurs siècles, notamment durant les troubles de la Guerre de Cent Ans et les conflits régionaux.

La légende du diable

Sous l’ombre imposante des arches du Pont Valentré, une histoire se chuchote depuis des siècles, teintée de mystère et d’une présence diabolique. Ce pont, édifié au cœur du Quercy, a toujours fasciné par sa majesté, mais derrière ses pierres grises se cache un récit aussi sombre que captivant : la légende du pacte entre un maître d’œuvre et le diable lui-même.

Nous sommes au début du XIVe siècle, et la ville de Cahors souhaite ériger un pont fortifié pour protéger ses habitants et affirmer son influence commerciale. Mais le projet se révèle fastidieux. Les travaux n’en finissent pas, les ouvriers s’épuisent, et la progression est lente, si lente que le maître d’œuvre, accablé par le fardeau de la tâche et la pression de ses commanditaires, sombre dans le désespoir. À la lueur d’une nuit sans étoiles, alors que l’angoisse envahit son âme, il fait un appel qui résonne dans les profondeurs de l’enfer.

C’est alors que le diable apparaît, dans toute sa sombre magnificence, offrant une solution aussi rapide que redoutable. Il propose de mettre à disposition ses légions infernales pour achever la construction du pont. Les ouvriers mortels, impuissants face aux délais et aux difficultés techniques, seront remplacés par des serviteurs démoniaques, capables de dresser les tours et de poser les arches à une vitesse surnaturelle. Mais, comme toujours avec les pactes diaboliques, il y a un prix à payer : le maître d’œuvre devra céder son âme à Satan une fois le pont achevé.

Dévoré par l’ambition, le maître d’œuvre accepte. Dès lors, les pierres volent, les murs s’élèvent, et ce qui semblait autrefois impossible devient réalité. Le pont prend forme, majestueux, surplombant les eaux du Lot, tandis que les murmures du diable s’élèvent dans le vent nocturne. La ville admire l’avancée fulgurante de l’ouvrage, ignorant les forces sombres qui œuvrent à sa construction.

Mais au fur et à mesure que la fin approche, l’homme comprend l’horreur de son pacte. Son âme, précieuse et immortelle, est promise aux ténèbres. Désespéré, il cherche une ruse pour échapper à son sort. Il doit trouver un moyen de tromper le Diable, cet être rusé et perfide. Et c’est là que, dans un éclair de génie, il imagine une tâche impossible à accomplir.

À l’aube du dernier jour, alors que le pont n’attend plus que la pose de la pierre finale, le maître d’œuvre convoque le Diable et lui lance un défi. « Si tu veux mon âme », lui dit-il, « apporte-moi de l’eau de la rivière, non pas dans tes mains, mais dans ce tamis. » Le Diable, trop sûr de lui, accepte sans réfléchir, pensant que cette épreuve n’est qu’une formalité. Mais bien vite, il se rend compte de l’impossible : un tamis ne peut retenir l’eau, qui s’échappe entre ses mailles à chaque tentative.

Diablotin descellant une pierre

Fou de rage, Satan comprend qu’il a été berné. Trompé par l’esprit humain, il ne pourra jamais réclamer l’âme qu’il convoitait tant. Mais il n’en reste pas moins le Diable, et sa vengeance est implacable. Chaque nuit, dans un élan de colère, il revient sur le pont et arrache la dernière pierre de la tour centrale, empêchant ainsi la construction de se terminer totalement.

Le pont reste debout, mais jamais tout à fait complet. Les habitants de Cahors commencent à raconter que l’ouvrage est hanté, qu’une force obscure empêche son achèvement. Et même après des siècles, lorsque l’architecte Paul Gout restaure le pont en 1879, il n’oublie pas de marquer l’emplacement de cette dernière pierre manquante avec une sculpture malicieuse : celle d’un diable tenant une pierre, témoin éternel de ce pacte rompu.

Ainsi, la légende du Pont Valentré s’inscrit dans la mémoire collective de la ville, comme une allégorie du combat entre l’homme et le Malin, un récit où l’ingéniosité humaine triomphe des forces obscures, mais où le Diable, bien qu’ayant perdu la bataille, veille toujours, prêt à rappeler à chacun que le prix d’un pacte avec lui n’est jamais anodin.

Borne au pied du Pont Valentré

Le Pont aujourd’hui

Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO au titre des Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, le Pont Valentré est aujourd’hui un site touristique incontournable. Il symbolise à la fois l’ingéniosité médiévale et le poids des légendes dans l’imaginaire collectif.

Le pont, avec ses trois majestueuses tours et son cadre pittoresque, continue d’inspirer fascination et admiration, attirant des visiteurs du monde entier, curieux d’en apprendre davantage sur son histoire et ses mystères.

Photos © Yonnel Ghernaouti YG

Le symbolisme du vendredi treize

Quel est le point commun entre le naufrage du Costa Concordia, les attentats de novembre 2015 et la mort de Jacques de Molay ? Oui, c’est bien cela, tous ces évènements eurent lieu un vendredi 13. Est-ce à dire pour autant que ce vendredi 13 est maudit ? C’est précisément ce que nous allons vérifier. Jetez le gros sel, rangez l’échelle et accrochez votre ceinture.

Un vendredi treize (ou vendredi 13) est un vendredi qui tombe le treizième jour du mois. Ce jour a pour particularité d’être associé à une superstition, présente dans certaines cultures, qui en fait un jour de malheur pour certains (paraskevidékatriaphobie) ou de chance pour d’autres. Dans d’autres cultures, ce jour reste anodin.

Il existe différentes raisons de la particularité du vendredi treize.

Vendredi 13 la Cène avec le Christ
Vendredi 13 la Cène avec le Christ – Crédit photo Pixabay

La plus connue est liée au christianisme dans la Bible, Jésus est exécuté un vendredi. La veille du soir, pour son dernier repas, la Cène, Jésus convie ses douze apôtres, ce qui fait treize participants. Judas est désigné comme le treizième, celui qui est en trop, le traître.

C’est aussi dans la mythologie nordique que l’on croise de nouveau ce nombre : au banquet d’Odin, à la mort de la divinité Balder. D’autres encore accentuent l’influence de la mythologie gréco-romaine, où le 13 vient rompre l’harmonie du nombre 12, symbole de perfection (12 signes du zodiaque, 12 dieux de l’Olympe…). On raconte que la peur du 13 trouve son origine durant l’Antiquité. Autrefois, le système duodécimal était en vigueur : 12 tribus d’Israël, 12 lunes dans l’année, 12 heures de jour, 12 heures de nuit, 12 travaux d’Hercule… le 13 pouvait donc porter malheur puisqu’il suivait ce 12 parfait et rompait ainsi l’harmonie.

Statistiques

Il existe au minimum un vendredi treize dans l’année, vu le fonctionnement du calendrier courant dit grégorien. Un et deux vendredi(s) treize dans l’année sont les fréquences d’occurrence les plus courantes. Cependant, trois vendredis 13 peuvent être dénombrés par an, si et seulement si le premier jour de l’année est un jeudi, pour une année non bissextile ou si le premier jour de l’année est un dimanche, pour une année bissextile.

De manière générale, dans le calendrier actuel, le 13 du mois tombe légèrement plus souvent un vendredi. En effet, un cycle grégorien dure 400 ans, et 400 ans = 146 097 jours (400 ans x 365 j/an = 146 000 jours, plus 97 jours correspondant aux 29 février des années bissextiles). En 400 ans, on a un nombre de semaines entières : 146 097 / 7 = 20 871 semaines, d’où la fin d’un cycle grégorien. Cependant, en 400 ans, on a 4 800 mois, et 4 800 n’étant pas divisible par 7, certains jours de la semaine tomberont plus souvent le 13 que les autres ; il s’avère que le vendredi est le plus concerné.

Voici la répartition exacte du treizième quantième du mois, sur les 7 jours de la semaine, pour un cycle grégorien complet (400 ans) :

Occurrence des différentes combinaisons entre jour de la semaine et 13e quantième
(sur un cycle grégorien de 400 ans)

Si le nombre de jours dans un cycle de 400 ans n’avait pas été un multiple de 7 jours, chaque cycle commencerait avec un jour de la semaine différent et le 13 apparaîtrait, sur un cycle de 2 800 ans (7×400 ans), aussi souvent pour chacun des jours de la semaine. Le nombre exact de jours d’un cycle étant basé uniquement sur des faits astronomiques, que 146 097 soit divisible par 7 est donc une pure coïncidence. En théorie, il serait tout de même possible que l’on eût profité de cette coïncidence pour favoriser les vendredis, mais il semble plus probable que personne en 1582 ne s’en soit soucié.

Occurrence des différentes combinaisons
entre jour de la semaine et quantième du mois
(sur un cycle grégorien de 400 ans)

Plus généralement, le tableau ci-dessous compare les nombres d’occurrences des différentes conjonctions entre les jours de la semaine et les quantièmes, pour un cycle grégorien complet (400 ans).

Ce cycle grégorien est invariable et se reproduira ainsi indéfiniment tant qu’il ne sera pas réformé, il a été déjà parcouru une fois, nous sommes au début de son 2e cycle. Ce cycle a été fixé (de lui-même) à son instauration, le 15 octobre 1582.

Il est possible que cette relation avec la fréquence inégale des jours de la semaine sur les jours du mois n’ait même pas été prise en compte, la réforme ayant eu d’autres impératifs. Il est à préciser que le calendrier grégorien actuel est lui-même une réforme de l’ancien calendrier julien, dans lequel le cycle était de 28 ans (7×4) et les jours équiprobables.

Phobie et superstition

La phobie du vendredi treize s’appelle la paraskevidékatriaphobie. Plus largement, la superstition liée au nombre 13 est la triskaïdékaphobie.

Toutefois, la crainte des triskaïdékaphobes envers le chiffre 13 est généralement aggravée lorsque le nombre s’associe au Vendredi, et fait preuve d’un surcroît d’attention envers le chiffre tabou ce jour-là. Ainsi, le superstitieux fera plus difficilement abstraction de sa peur lorsqu’il se retrouve à une tablée de treize personnes un vendredi plutôt que n’importe quel autre jour de la semaine.

Une superstition fait de cette date, dans certaines cultures, un jour de malheur ou au contraire un jour de chance.

Cette superstition est notamment exploitée par les sociétés de jeux d’argent telles que la Française des jeux, dont les jeux de type loterie proposent des gains (« cagnottes ») plus élevés lors de chaque vendredi 13.

Événements notables coïncidant avec la superstition

  • Dans le récit biblique de la création du monde, le vendredi, veille de chabbat, est le sixième jour, et donc aussi le treizième. Bien qu’il n’y ait pas d’indications de durées, il est coutume de dire que c’est au treizième jour qu’Adam et Ève croquèrent dans le fruit interdit et furent bannis du paradis (Genèse 1:26-31 rapproché de Genèse 3:1-8).
  • Dans la religion chrétienne, la Cène (le dernier repas du Christ) se déroule le soir du Jeudi saint, de sorte que Jésus semble avoir été arrêté dans la nuit du Vendredi, en compagnie de ses douze disciples (soit 13 personnes), dont Judas qui le trahit à cet instant.
  • C’est un vendredi 13 nissan, précédant le dimanche de la Résurrection, que selon l’évangile attribué à Jean et les sources hébraïques, a été crucifié Jésus de Nazareth. Toutefois, pour les évangiles synoptiques, Jésus est crucifié un vendredi 14 nissan, premier jour de la fête de Pessa’h (la Pâque juive).
  • Le vendredi 13 octobre 1307 (calendrier julien), le roi Philippe le Bel fait arrêter les membres de l’ordre du Temple (Templiers) dont Jacques de Molay leur grand maitre et les fait torturer afin qu’ils avouent des crimes qu’ils assurent ne pas avoir commis ; ceux qui reviennent sur leurs affirmations sont condamnés au bûcher. L’ordre du Temple est ainsi dissous, laissant tout le pouvoir au roi. Certains font démarrer la superstition de ce jour funeste qui vit chuter à jamais les plus grands financiers d’Europe, jour célébré dans les structures néo-templières tout comme le 18 mars 1314 (mort de Jacques de Molay). L’association du vendredi 13 à cet événement serait en fait une invention moderne, popularisée par la suite romanesque Les Rois maudits de Maurice Druon et reprise entre autres dans le roman Da Vinci Code de Dan Brown.
  • Le vendredi 13 décembre 1968 est rédigée l’Ato Institucional Número Cinco qui se substitue à la Constitution du 24 janvier 1967 et renforce la dictature militaire au Brésil.
  • Le vendredi 13 octobre 1972, le vol 571 Fuerza Aérea Uruguaya s’est écrasé dans les Andes. Les survivants n’ont été retrouvés que deux mois plus tard, après que deux d’entre eux ont donné l’alerte après dix jours de marche dans les conditions extrêmes de la haute montagne, sauvant ainsi le reste du groupe resté dans l’épave. Les opérations de recherche avaient été arrêtées huit jours après sa disparition.
  • Le vendredi 13 décembre 1985, la prestation catastrophique de Chantal Goya lors de l’émission Le Jeu de la vérité en direct de Lyon brise sa carrière.
  • Le vendredi 13 septembre 1996, le rappeur Tupac Amaru Shakur (ou 2pac, Makaveli) meurt assassiné dans les rues de Las Vegas.
  • Le vendredi 13 janvier 2012, vers 20 h, le navire de croisière Costa Concordia fait naufrage à l’entrée du port de l’île de Giglio, au large de la Toscane. Sur les 4 229 personnes à son bord ce soir-là, 32 morts sont à déplorer selon un bilan officiel.
  • Le vendredi 13 novembre 2015, une série d’attentats meurtriers se déroulent à Paris dans les 11e et 10e arrondissements, et à côté du Stade de France ; le bilan s’élève à 130 morts et 413 blessés, dont 99 dans un état d’extrême urgence. II s’agit de l’attentat le plus meurtrier en France depuis la Seconde Guerre mondiale, ainsi que du premier attentat suicide sur le territoire français.
  • Le vendredi 13 octobre 2023, un attentat au lycée Gambetta d’Arras fait un mort, le professeur de français Dominique Bernard, et deux blessés.

Naissances notables

Source Wikipedia

Déclinaison sur la Sagesse

Du Blog de la Glif – Gérard Lefèvre

La justice de l’intelligence est la sagesse. Le sage n’est pas celui qui sait beaucoup de choses, mais celui qui voit leur juste mesure. Heureux qui a trouvé la sagesse qui s’est procuré la raison !

Ancien testament, Proverbe 3.13 (Bible)
Bien sûr ! La sagesse peut être abordée de différentes manières, et il est essentiel de comprendre les nuances. Voici quelques perspectives sur la sagesse :

La sagesse divine :

Selon le monde, la sagesse est souvent associée à la raison humaine, à la tradition et à un savoir raisonné. En d’autres termes, elle est classique et prudente.

Cependant, la Bible nous dit que la sagesse du monde est en réalité une folie devant Dieu. Ce que le monde considère sage peut être tout à fait différent de ce que Dieu considère comme sage.

La sagesse divine s’appuie sur la Parole de Dieu, qui transcende la raison humaine. Elle peut sembler folle aux yeux du monde, mais elle est précieuse pour Dieu.

 Le G.A.D.L.U., la source et l’émanation du ciel et la plus humaine, terrestre, qui tend à réintégrer sa source, sachant que ce qui est en haut est ce qui est en bas.

 La dualité de la sagesse:

Lune et Soleil
Lune et Soleil

Parfois, nous cherchons à transcender la dualité en matière de sagesse. Cela signifie naviguer au-delà des extrêmes sans tomber dans l’ego ou prétendre être au-dessus de tout.

Trouver une sagesse intégrée implique d’accepter la Parole de Dieu avec un cœur d’enfant, sans trop nous appuyer sur la raison humaine.

En fin de compte, quiconque se dit « chrétien » doit comprendre que cette affirmation peut sembler folle aux yeux du monde, mais elle est essentielle pour notre marche spirituelle.

Sagesses orientales :

Derviche Tourneur
Derviche Tourneur

Est un concept riche et profond, forgé depuis des siècles par des hommes et des femmes illustres qui ont marqué leur temps. Ces héros de la sagesse, tels que Bouddha, Socrate, Confucius, Lao-Tseu et bien d’autres, ont incarné et vécu la sagesse. Ils ont traversé et surmonté les doutes, désespoirs, erreurs et pièges du corps et de l’âme. Dans toutes les cultures, de manière évidemment diverse, on a célébré leurs exploits, chanté leur gloire et repris leurs gestes et paroles.

Chez les philosophes grecs et dans la tradition orientale, la sagesse est l’idéal de la vie humaine. Elle se définit comme un état de réalisation qui s’appuie sur une connaissance de soi et du monde, s’accompagne d’un bonheur suprême et correspond à l’état de perfection le plus élevé que puisse atteindre l’humain et son esprit. Aristote a affirmé que « la sagesse ne peut être ni une science ni une technique », mais plutôt un savoir-vivre. 

Les sagesses orientales incluent des enseignements tels que le Taoïsme, le Bouddhisme, le Shintoïsme, le Zen, ainsi que les sagesses des grands sages comme Bouddha, Siddhârta, Gautama, Confucius, Lao Tseu, et bien d’autres.

En somme, la sagesse orientale est un trésor de connaissances et de pratiques qui inspirent et guident les individus vers une vie épanouissante et éclairée. 

Sagesse ancienne :

Buste de Platon. Marbre, copie romaine d’un original grec du dernier quart du IVe siècle av. J.-C.

La sagesse ancienne est un concept qui englobe à la fois la philosophie ésotérique, la mystique méditative et l’occultisme pratique. D’origine orientale, elle évoque une époque où les Maîtres instruisaient directement l’humanité, et où la relation entre Maître et disciple était sacrée. C’est aussi une tradition d’Israël dont l’origine remonte à Salomon (Proverbes) s’appuyant sur une observation concrète et binaire du bien et du mal entre sages et insensés.

Sagesse contestataire :

Le concept de sagesse contestataire se retrouve dans certains textes anciens, notamment dans les livres de sagesse.

Voici quelques éléments concernant ce sujet.:

1.    Livre de la Sagesse (ou Sagesse de Salomon en grec) : Ce livre fait partie de l’Ancien Testament dans l’Église catholique et certaines Églises orthodoxes. Il a été rédigé en grec et ne figure pas dans les bibles protestantes ni dans le canon des écritures hébraïques. Le Livre de la Sagesse aborde des thèmes tels que la sagesse, la vertu et la révélation divine. Il est lu comme un texte crypté traitant de la résurrection de la chair et de la création nouvelle.

2.    Livre de Job : Le plus célèbre des Livres de sagesse, il est unique dans la Bible par sa forme littéraire. Job, un homme juste, souffre et remet en question la doctrine traditionnelle sur la rétribution immédiate. Ses dialogues avec ses amis Eliphaz, Bildad et Sophar mettent en lumière la contestation de cette doctrine. Le livre ne propose pas de solution définitive, mais il a profondément influencé la réflexion sur la souffrance et la justice. En Franc-Maçonnerie on dit que du sein de la souffrance et de la mort naît le salut, le rôle de la souffrance est formateur et mène à la compassion.

Job réprimandé par ses amis. William Blake, 1805.

Sagesse mystique :

La sagesse mystique évoque un mélange d’inspiration spirituelle et de mystère. Elle nous invite à explorer des dimensions au-delà de notre compréhension rationnelle, à écouter notre intuition et à nous connecter à des forces supérieures.

Sagesse que l’homme peut atteindre parce que communiqué par dieu, par cette idée l’homme ne peut atteindre la sagesse seul sans son aide.

Voici quelques interprétations possibles :

Bouddha méditant
Bouddha en méditation

Figures spirituelles et philosophie : De Bouddha à Thérèse d’Avila, de Sénèque à Gandhi, des sages égyptiens aux lamas tibétains contemporains, les maîtres spirituels ont exploré des questions profondes telles que la souffrance, le bonheur, la méditation, l’amour et la liberté.

Philosophie et désir de sagesse : La philosophie elle-même est souvent considérée comme un désir de sagesse, une quête pour comprendre le monde et notre place en lui.

En somme, la sagesse mystique nous invite à transcender les limites de la raison et à explorer des vérités profondes qui vont au-delà de ce que nous pouvons percevoir avec nos sens ordinaires.

Sagesse aux origines du christianisme :

Prêtre dans son église
Prêtre dans son église son missel à la main

Avant même l’apparition du peuple d’Israël, des sages existaient dans l’ancien Orient, notamment en Égypte et en Babylonie. La Bible elle-même fait référence à ces sages. (Dans la Bible, les sages sont des figures importantes associées à la sagesse et à l’intelligence). Voici quelques références bibliques sur la sagesse :

Salomon : Le roi Salomon est réputé pour sa grande sagesse. Le livre des Proverbes lui est attribué, et il est dit que sa sagesse surpassait celle de tous les fils de l’Orient et des Égyptiens.

Les sages-femmes : Dans l’Exode, Chifra et Poua, les sages-femmes hébraïques, ont respecté Dieu en sauvant les bébés garçons malgré l’ordre du roi d’Égypte de les faire mourir.

Deux sages-femmes.

Les hommes sages de l’Est : Dans le récit de la naissance de Jésus, les mages venus d’Orient (parfois appelés les rois mages) étaient des hommes sages qui ont suivi l’étoile pour trouver l’Enfant Jésus.

Cependant, c’est dans le contexte du judaïsme hellénistique, en particulier à Alexandrie, que la sagesse mystique a joué un rôle crucial dans les origines du christianisme.

Quelques points sont à considérer :

Discrimination entre les ouvrages de sagesse mystique : Le rabbinisme et le christianisme ont adopté des approches différentes vis-à-vis des écrits exprimant la sagesse mystique. Les rabbins ont accepté certains livres (comme les Proverbes et Job) mais rejeté d’autres (comme Ben Sira et la Sagesse de Salomon). Cette distinction montre que pour les rabbins, la sagesse mystique conduisait directement au christianisme, qui est essentiellement une religion de salut par la connaissance.

Liens géographiques et doctrinaux : 

Les origines chrétiennes sont étroitement liées à la sagesse mystique, mais il ne faut pas réduire cela uniquement à l’hellénisme alexandrin. La diffusion du judaïsme hellénistique à travers le monde hellénisé a joué un rôle majeur. Les liens entre Alexandrie, Antioche et l’Asie Mineure étaient étroits, en particulier pour les juifs et les chrétiens.

Apocalypses et sagesse : 

Les apocalypses, souvent associées au christianisme primitif, sont en réalité une forme de littérature de sagesse. Elles révèlent des connaissances cachées, notamment sur l’avenir eschatologique (qui concerne l’étude des fins dernières de l’homme et du monde) et l’au-delà. Cependant, les Livres de sagesse restent exotériques, tandis que les apocalypses deviennent ésotériques et réservées à une élite.

En somme, l’aspect « sapiental (relatif à l’antique sagesse)» du christianisme s’est renforcé au fil du temps. Les Évangiles et les Épîtres sont plus proches des Livres de sagesse que des apocalypses, et cette dimension de la sagesse humaine a toujours été un enjeu dans l’histoire chrétienne.

Une fois acquise la sagesse présidera à la construction de notre édifice, avec la force comme soutien et pour résultat la beauté.

Ce ternaire génère l’équilibre, de l’homme, du Maçon qui s’est accompli sur cette terre en sachant que tout se fera ailleurs.

En Franc-Maçonnerie, les mots “Sage” et “Sagesse” sont fréquemment utilisés. La Sagesse est l’un des trois piliers, aux côtés de la Force et de la Beauté. Dans le rituel maçonnique, la Sagesse est associée au Volume de la loi sacrée, l’une des grandes lumières. Elle représente une valeur spirituelle, tandis que la Force est une vertu quasi opérative et la Beauté un idéal philosophique. Ensemble, ces trois piliers allient philosophie, spiritualité et action, formant une complémentarité parfaite. La Sagesse n’est pas seulement une vertu extérieure, mais aussi un savoir-vivre intérieur, discret et universellement admis. Bien qu’elle ne soit pas transmissible, elle se forge par l’expérience personnelle et réconcilie les individus autant que les peuples, dans un esprit de réciprocité

« Etes-vous franc Maçon ?

— Mes frères me reconnaissent comme tel. »

Etes-vous un sage ?

Je m’adapte à moi-même et à l’univers, on me dit que je suis dans cet état.

 

Pour parachever ce texte :

L’apôtre Paul écrit dans Corinthiens 1:18 que la folie apparente de Dieu est plus sage que la sagesse des hommes. En d’autres termes, ce que le monde considère comme sage peut être une folie aux yeux de Dieu, et vice versa. Si vous suivez la parole de Dieu plutôt que la sagesse humaine, vous êtes sages aux yeux de Dieu, même si le monde vous trouve fou.

Léon Bloy : Le révélateur des hypocrisies bourgeoises

Léon Bloy, écrivain et pamphlétaire français, a toujours fasciné par son style incisif, provocateur et sans compromis. Dans Exégèse des lieux communs, il dévoile un pamphlet où il s’attaque avec une rare virulence aux travers de la bourgeoisie, dénonçant sans relâche leur hypocrisie, leur esprit étriqué et leur conformité. Cet ouvrage, d’une densité et d’une audace intellectuelle rares, est une entreprise de démolition de ce que Léon Bloy appelle le « lieu commun », cette pensée banale, préfabriquée, creuse, qui façonne l’esprit de l’homme bourgeois, incapable selon lui de penser par lui-même.

Le titre Exégèse des lieux communs annonce d’emblée l’intention de l’auteur : disséquer ces expressions et idées préconçues, ces banalités, pour en révéler la vacuité. Exégèse fait ici référence à l’interprétation approfondie, souvent associée au domaine religieux ou philosophique, appliquée ironiquement par Léon Bloy à ce qu’il considère comme une matière pauvre : les lieux communs. Ainsi, l’auteur déploie son style caustique pour démontrer comment ces formules stéréotypées, répétées mécaniquement, forment l’essence même de la pensée bourgeoise.

Le texte de Léon Bloy est caractérisé par une verve particulièrement acérée. Il utilise une rhétorique intransigeante, mêlant sarcasme et prophétie apocalyptique, pour ébranler les certitudes de ses contemporains. Par exemple, il ne cesse de qualifier le bourgeois de figure pathétique, enfermée dans une prison de banalités et de superficialités. Pour lui, cette figure est une créature avide de sécurité et de confort, prête à tout pour maintenir l’illusion de sa respectabilité. L’auteur ne se contente pas d’une critique sociale de surface ; il plonge au cœur de la psychologie de cette classe, exposant ses peurs, ses hypocrisies et son manque d’âme.

Léon Bloy n’épargne personne : pour lui, toute la société est gangrenée par ces lieux communs, de la politique aux arts, en passant par la religion. Il attaque de façon féroce tout ce qui représente l’ordre établi, le statu quo, la tiédeur intellectuelle. Cette virulence, loin d’être gratuite, est animée par une vision mystique du monde. Bloy ne critique pas uniquement par désir de destruction, mais dans l’espoir d’une révélation, d’un bouleversement salvateur.

Au centre de ce réquisitoire, la figure du bourgeois est omniprésente. Ce dernier, pour Léon Bloy, est l’incarnation même de la médiocrité et de l’hypocrisie. Il rêve d’une société où cette classe, qu’il méprise tant, serait enfin réduite au silence, voire anéantie. Mais l’auteur reconnaît également la difficulté de cette tâche. L’extrait visible sur la couverture exprime ce rêve irréalisable d’un mutisme bourgeois : « Obtenir enfin le mutisme du Bourgeois, quel rêve ! »

Cette phrase résume à elle seule l’obsession de Léon Bloy pour cette figure de bourgeois : un être incapable de véritablement penser, de sortir des formules toutes faites, des lieux communs qui rythment sa vie. Pour l’auteur, l’incapacité de cette classe à saisir la profondeur des vérités spirituelles et existentielles en fait une cible idéale pour son écriture radicale et incendiaire. Le bourgeois, par sa nature même, est condamné à ne jamais comprendre Bloy, à rester enfermé dans la superficialité.

Cependant, Exégèse des lieux communs ne se limite pas à une simple critique sociale. Comme dans beaucoup des œuvres de Léon Bloy, on retrouve un sous-texte profondément religieux et mystique. Léon Bloy, fervent catholique et mystique, voit dans le bourgeoisisme une sorte de péché originel moderne, une trahison des idéaux chrétiens au profit du confort matériel et de la sécurité. Son œuvre s’apparente alors à une tentative de rédemption, d’éveil des consciences face à l’aveuglement spirituel de son époque.

Il utilise une rhétorique apocalyptique pour souligner cette dimension spirituelle. Le bourgeois n’est pas seulement coupable d’hypocrisie, il est coupable de trahir l’essence même de l’humanité, en refusant de voir au-delà de ses intérêts immédiats et de ses certitudes faciles. La critique du lieu commun devient ainsi une critique de l’âme humaine, de sa capacité à se détourner des vérités ultimes pour embrasser la médiocrité.

Léon Bloy, la bio

Léon Bloy, né en 1846 à Périgueux, plonge dès sa naissance dans un univers contrasté, pris entre l’influence d’un père franc-maçon et celle d’une mère fervente catholique. Cette dualité trouve une résolution en 1869, lorsqu’il est touché par la grâce de la conversion sous l’égide de Barbey d’Aurevilly, qui deviendra son mentor spirituel. Dès lors, Léon Bloy se lance sur un chemin littéraire semé d’embûches, avec la parution en 1884 de son premier ouvrage, Propos d’un entrepreneur de démolitions, qui annonce d’emblée son style mordant et incendiaire.

Léon Bloy à 19 ans (autoportrait au crayon)

Jusqu’à son dernier souffle, en 1917 à Bourg-la-Reine, Léon Bloy mène une existence rude, marquée par une pauvreté chronique, qu’il partage avec d’autres grands noms des lettres, eux-mêmes souvent aussi démunis que lui : Barbey d’Aurevilly, Villiers de l’Isle-Adam, Verlaine, ou encore Huysmans. En dépit de ces amitiés célèbres, Léon Bloy s’attache tout autant à se brouiller qu’à fraterniser, se plaisant à éreinter ceux qu’il appelait ses amis, à l’image de sa propre appellation de « mendiant ingrat », qu’il portait avec fierté.

Sa vie amoureuse est à l’image de son caractère, tumultueuse et marquée par des tragédies. Sa liaison avec Anne-Marie Roulé, une prostituée sombrant dans la folie, l’inspirera pour créer le personnage de Véronique dans Le Désespéré. Sa deuxième compagne, Berthe Dumont, décède subitement, avant que Léon Bloy n’épouse Jeanne Malbech, fille d’un poète danois, à qui il impose une vie de privations extrêmes.

Plaque commémorative de Léon Bloy, rue Séguier, Périgueux (Dordogne)

Malgré cette existence misérable, la plume de Léon Bloy ne cesse de séduire. Il s’entoure de fidèles admirateurs, comme Jacques et Raïssa Maritain, le peintre Georges Rouault, ou encore le compositeur Georges Auric, formant un cercle de fervents disciples prêts à défendre son œuvre à tout prix, allant jusqu’à couvrir d’insultes quiconque oserait s’en prendre à leur prophète littéraire.

Sépulture_Léon_Bloy, Bourg-la-Reine (Hauts-de-Seine)

Léon Bloy laisse derrière lui une œuvre prolifique, oscillant entre roman, pamphlet et journal intime. Parmi ses textes les plus marquants, on trouve Le Désespéré (1886), Un brelan d’excommuniés (1889), Le Salut par les Juifs (1892), La Femme pauvre (1897), et Belluaires et porchers (1905). À partir de 1892, il entame aussi la publication de ses journaux intimes, livrant ses réflexions et ses tourments dans des recueils tels que Le Mendiant ingrat et Le pèlerin de l’absolu. À travers ces œuvres, Léon Bloy continue de hanter la littérature française, à la fois mystique visionnaire et polémiste virulent, traçant le sillon d’une pensée en quête d’absolu, refusant la tiédeur et l’indifférence.

Franz Kafka, en 1923

Il est important de noter que Léon Bloy s’éleva également contre l’antisémitisme, un engagement qui fut salué par Franz Kafka (1883-1924), écrivain austro-hongrois. Celui-ci, reconnu comme l’une des figures littéraires majeures du XXᵉ siècle, exprima son admiration pour cette prise de position courageuse.

Payot & Rivages, l’éditeur

Payot & Rivages est un éditeur prestigieux en France, né de la fusion des éditions Payot (fondées en 1912) et Rivages (créées en 1984). La maison est reconnue pour son engagement dans la publication de textes littéraires exigeants, ainsi que d’essais marquants sur la société et la psychologie. Avec des collections phares comme « Rivages/Noir » et « Petite Bibliothèque Rivages », l’éditeur met en avant des œuvres classiques et contemporaines, offrant ainsi un espace pour des auteurs iconoclastes tels que Léon Bloy. La collection Petite Bibliothèque Rivages, dirigée par Lidia Breda, se distingue par ses rééditions de textes majeurs de la littérature et des sciences humaines, souvent dans des formats accessibles à un large public.

En publiant Exégèse des lieux communs, Payot & Rivages poursuit cette démarche de faire redécouvrir au public contemporain des textes intemporels, empreints d’une force intellectuelle et d’une dimension critique toujours actuelle.

Exégèse des lieux communs est un livre profondément subversif. À travers cette œuvre, Léon Bloy met à nu la vacuité de la pensée bourgeoise, en la confrontant à une exigence spirituelle et intellectuelle rare. Il ne se contente pas de dénoncer la médiocrité ; il appelle à une transformation radicale, un réveil des consciences. Son écriture, radicale et sans concession, continue de fasciner, déranger, et interpeller le lecteur moderne. Dans une époque où le confort intellectuel semble prévaloir, la lecture de cet ouvrage nous rappelle la nécessité de remettre en question nos certitudes, de combattre les lieux communs pour retrouver une forme d’authenticité, tant sur le plan de la pensée que de la foi.

Exégèse des lieux communs  

Léon Bloy Rivages poche, Coll. Petit Bibliothèque, Tome 501, 2024, 416 pages, 10,50 €

Non, le bonheur n’est pas que dans le pré

Du blog de la Glif

Il est bien convenu que ce titre est quelque peu provocateur. Les malheurs du monde, les déchéances économiques et sociales de beaucoup, les maladies graves, non seulement celles apportées par la pandémie du moment, mais les pathologies en tous genres, charrient leurs lots de souffrances et de misères. Alors comment parler de bonheur et de malheur ?

Et pourtant, si l’on admet que le destin n’est pas tout à fait déterministe, que nous avons une marge de manœuvre même infime sur le cours de notre vie, et que l’exemple et les leçons de philosophes nous parlent encore, alors essayons de comprendre et d’agir pour éloigner autant que faire se peut le malheur et pour tenter de bâtir en nous un état de bonheur, même temporaire. Ce projet doit être à la portée de tous, puisque, heureux ou malheureux, volens nolens, nous persévérons toujours dans la poursuite de notre être, cela même peut-être sans nous en rendre compte. Voyons une approche de cette conception.

L’être tripartite.

L’être humain, comme d’ailleurs toutes les créatures dans la nature, vivantes ou apparemment inertes, est tripartite : chaque créature naturelle est composée d’un corps, d’une âme et d’un esprit, dans des proportions évidemment très différentes selon les règnes, animal (dont l’être humain), végétal ou minéral. Chacune de ces composantes répond à une fonction bien précise :

– Le corps est le système de prise de contact physique avec la nature qui nous environne ; et cela au moyen de nos cinq sens : la vue, l’ouïe, l’odorat, le toucher et le goût. Les informations qui lui parviennent sont reçues sous forme d’ondes (ou vibrations) : ondes visuelles, sonores, olfactives, tactiles, gustatives. Le corps est en quelque sorte un capteur vivant. Il fonctionne un peu comme un poste de radio qui capte des ondes électromagnétiques. Et comme en radio, si elles n’étaient pas détectées, converties et amplifiées en ondes sonores par un dispositif approprié, elles ne pourraient être entendues par nos oreilles et frapper notre esprit : c’est le rôle du cerveau. Appelons ce premier niveau de prise de connaissance de la nature : « connaissance sensible » ou « sensorielle », sensible non pas au sens émotionnel ou affectif, mais produite par nos cinq sens. Quelquefois, le corps est symboliquement représenté par le ventre, siège de douleurs quand il se dérègle.

L’âme est une sorte de système situé entre le corps et l’esprit. Dans sa fonction particulière, elle reçoit et convertit (et quelquefois amplifie) les ondes sensorielles en pulsions émotionnelles, c’est-à-dire en passions plus ou moins fortes. L’âme fonctionne donc comme un convertisseur émotionnel. Quelquefois, l’âme est symboliquement représentée par le cœur qui se met à battre plus ou moins rapidement selon l’intensité de l’émotion produite. Appelons ce deuxième niveau de prise de connaissance de la nature : « connaissance affective ou émotionnelle ».

L’esprit enfin est un moyen mystérieux, siège de la pensée, qui nous permet de produire de idées et de développer des raisonnements. Avec l’action de l’âme et du corps, les idées sont transformées en disposition de volonté (« volition ») et d’action, c’est-à-dire qu’elles se mettent en mouvement. On le désigne aussi sous les vocables « intellect » ou « entendement ». Appelons ce troisième niveau de prise de connaissance de la nature : « connaissance réfléchie ou rationnelle ».

L’esprit peut nous affranchir de la servitude et des limites du corps (limites sensorielles) et de celles de l’émotion (limites affectives), et donc de notre finitude, grâce au pouvoir de la pensée.

Les êtres humains qui savent se servir de cet outil qu’est l’esprit, et l’amener au degré le plus élevé possible, peuvent atteindre en outre un niveau ultime de prise de connaissance accessible à l’être : « la connaissance intuitive » ou « instinctuelle ». C’est ce quatrième mode de connaissance qui permet de comprendre ce que les sens et le raisonnement ne nous permettent pas de connaître ni de comprendre.

Quelquefois, l’esprit est symboliquement représenté par la tête.

Tous les êtres naturels sont dotés de ces trois fonctions, évidemment dans des proportions radicalement différentes dans l’échelle des règnes animal, végétal[1] et minéral, ce dernier évidemment à un degré proche de zéro, mais peut-être pas aussi peu aux frontières du minéral et du végétal (ex. les coraux, les éponges).

L’interaction tripartite.

Cette conception de la tripartition de l’être implique un constat important : ces trois fonctions ne sont pas indépendantes l’une de l’autre ; elle interagissent entre elles dans notre être intérieur … et elles sont soumises aussi à celles des autres, puisque nous n’existons comme êtres que sous forme de relation : nous sommes sensibles au regard que l’autre porte sur nous, à ce que l’on entend dire sur nous, nous réagissons au contact physique quand on nous touche ou quand on nous caresse, nous sommes sensibles aux odeurs qui nous parviennent, et au goût que nous ressentons quand, par exemple, nous dégustons un met ou quand quelqu’un nous embrasse. Et de fait, nous sommes remplis de joie ou d’horreur selon ce que l’extérieur nous donne à voir, des propos que nous entendons peuvent selon les cas nous rendre heureux ou malheureux, un effluve de parfum peut nous ravir, d’autres odeurs[2], nous repousser, un contact épidermique peut nous exciter de bonheur, un autre, provoquer en nous un réflexe de rejet, l’échange d’un baiser peut produire un ravissement ou un dégoût.

C’est dans l’âme que se produisent les affects et leur perception sous forme de sentiments. Car de même que les ondes sensorielles qui pénètrent dans notre corps sont neutres en elles-mêmes du point de vue de l’émotion, il en est de même de la transmission des signaux électriques venus du cerveau par les voies nerveuses. L’âme décode ces intrants et les transforme en émotions. Selon les cas, elles seront ressenties comme positives (bien-être) ou négatives (douleurs).

Les affects qui agitent notre âme et se répercutent sur notre corps peuvent être causés par un événement extérieur : un événement heureux peut donner au corps un certain éclat, une certaine apparence de bonne santé voire de rajeunissement et libérer l’esprit pour penser. À l’inverse un violent choc émotionnel, une contrariété douloureuse durable peuvent agir négativement sur le corps et provoquer en lui des souffrances voire des maladies et obscurcir l’esprit. Ce phénomène est connu sous le nom « d’effet psychosomatique ». Les affects peuvent aussi être provoqués de l’intérieur : un bon état de santé, un état d’âme heureux, des pensées réjouissantes, donnent naissance à des idées positives, ce qui nous fait même parfois oublier la présence de notre corps et les « petites misères » qu’il nous cause. L’esprit devient disponible pour des idées claires et distinctes. À l’inverse, un état de santé défectueux, des pensées attristantes, et voilà la « folle du logis » qui s’installe ; les « idées noires » qui se multiplient, se fractionnent, se contredisent, s’embrouillent, s’obscurcissent. La « déprime » est là. « On ne pense plus qu’à ça », « on se sent mal dans sa peau ».

Nous voyons donc clairement comment les interactions se produisent entre le corps, l’âme et l’esprit pour créer du bonheur ou instiller du malheur.

Et les animaux ?

Un regard en passant sur le règne animal. Lorsque nous développons une pensée, nous mettons en agitation nos neurones, lesquels provoquent des vibrations, que nous ne sentons pas à notre échelle, mais que les animaux, qui ont conservé des traces de matériau ferromagnétique, reçoivent instantanément. Un chien, un chat, un grand fauve, d’autres encore, « lisent » dans nos pensées par ce moyen de captation. Ils décryptent nos intentions, bonnes ou mauvaises, à leur égard. C’est pour eux un moyen de connaissance et de défense, que l’on nomme « instinct » ou « sixième sens ». Les vétérinaires qui se sont penchés sur ce sujet le savent.

Qui pourra alors continuer à affirmer que les animaux n’ont pas d’esprit ? Et qui pourra dire qu’ils n’ont pas d’âme quand ils crient de douleur lorsque nous leur infligeons de la souffrance ?

Qu’est-ce que la « réalité » ?

Si nous savons le mobiliser, l’esprit peut nous permettre de franchir, par la pensée, cette minuscule fraction de la nature que nos sens, notre âme et notre esprit limités nous donnent à connaître, et que nous appelons « réalité ».

Or l’esprit nous permet, par sa puissance particulière, de nous évader vers des cimes abstraites dans cet « au-delà de la réalité » que nos yeux de chair et la prison de nos passions entravent pour les atteindre. Dans les cas rares de passage de l’esprit de la puissance à l’acte, l’interaction de l’esprit avec le corps et l’âme s’affaiblit fortement pour prendre, temporairement, un peu de son autonomie. Les lévitations des moines bouddhistes (mais pas seulement eux), les expériences de télékinésie, les visions des mystiques, l’impression méditative de se sentir plus léger que l’air, certains martyrs chrétiens[3], le renoncement prôné par Maître Eckhart, etc. relèvent de ce détachement (ou « lâcher-prise ») de l’esprit de ses attaches avec l’âme et le corps.

Nous entrevoyons alors la face cachée de la nature, nous apercevons, l’espace d’un instant, pourquoi les choses sont comme elles sont et non pas autrement, et les causes en vue de quoi elles sont faites. Nous avons entrevu, en quelque sorte, un bout de « réalité augmentée », pour oublier aussitôt la vision que la connaissance intuitive nous a permis d’approcher dans un éclair fugace.

En conclusion.

4 enfants riants au pied d'un arbre
4 enfants riants au pied d’un arbre

L’être humain est une complexité globale où se mélangent en s’y interagissant sensations, émotions et pensées. Agir sur l’une des composantes corps, âme et esprit provoque des répercussions sur les autres, et cela dans des boucles de rétroaction à effets multiples. Le bonheur réside dans la capacité de chaque être de se maîtriser autant que faire se peut. Ainsi nous pouvons agir sur l’une pour qu’elle agisse sous forme de relation de cause à effet sur les autres « dans le bon sens ». Nous pouvons alors espérer limiter les facteurs de tristesse et de souffrance (affects négatifs) et maximiser ceux qui génèrent de la joie et du bien-être (affects positifs).

C’est peut-être cela « vivre pour le bonheur ». Et cela peut se cultiver, chacun selon ses moyens et ses voies de spiritualité.

[1] Cf. le remarquable ouvrage de Peter Wohlleben : « La vie secrète des arbres » [2] Pensons, par exemple, à l’expression : « Je ne peux pas le sentir ». [3] Par exemple celui de Saint-André, tel que la Légende Dorée nous le rapporte.

« Caché, secret, inconnu… connaissances occultes », la revue « Traits-d’Union » appelle à contributions

Le site Fabula nous apprend ceci :

« Les sciences occultes connaissent un regain d’intérêt significatif ces dernières années. Popularisées par les réseaux sociaux et transformées en objets de consommation de masse, comme en témoigne l’essor des jeux de tarot et des manuels de divination, des traditions anciennes comme l’astrologie, la tarologie ou l’alchimie sont revisitées par un public en quête de sens et de spiritualité. Si l’occulte désigne ce qui est caché, secret, inaccessible à la perception ordinaire, il semble alors pertinent de questionner la nature et le statut même de ces pratiques.

L’occulte englobe des pratiques et des systèmes de croyance visant à révéler des vérités ou des réalités invisibles, tout en étant lié aux savoirs non occultes par des relations complexes, dont l’élucidation demeure souvent délicate (Doering-Manteuffel 2019). Il se distingue de l’ésotérisme, qui « fournit le cadre conceptuel dans lequel peut se développer, sous certaines conditions historiques, l’occultisme, comme un ensemble de pratiques » (Maillard 2002), et implique une transmission de savoirs réservée à un cercle restreint d’initié·es. D’autres notions connexes peuvent également émerger : l’étrange et le bizarre, qui renvoient à des réalités déviant des normes établies et défiant la compréhension naturelle, le paranormal, en marge de la normalité mais néanmoins en lien avec elle, ou le surnaturel, qui concerne des phénomènes transcendant les lois naturelles.

Le numéro 15 de la Revue Traits d’Union se propose d’explorer et de situer les pratiques dites occultes et les modes de pensée qui les sous-tendent, dans une perspective à la fois synchronique et diachronique. Il s’agit de considérer l’occulte comme un objet historiquement construit, déterminé par un contexte socioculturel spécifique, auquel il offre en retour une grille de lecture. Sans opposer de manière rigide sciences occultes et sciences dites exactes ou du vivant, il est essentiel d’interroger l’occulte comme système ou moyen de connaissance, en analysant la manière dont ces savoirs se développent et la fonction qu’ils remplissent dans les sociétés qui les adoptent (Maillard 2002).

Cet appel s’adresse tout particulièrement à de jeunes chercheur•ses (masterant•es, doctorant•es ou docteur•es non titulaires). Les contributions issues de toutes les branches des sciences humaines et sociales sont les bienvenues. Les approches comparatives, les études de cas contemporains ou historiques, ainsi que les réflexions théoriques sur la nature même de l’occulte sont particulièrement encouragées. Les propositions pourront s’inscrire dans les axes suivants, sans s’y limiter.

L’occulte et la marge

L’occulte est intrinsèquement lié à la notion de marge : il est l’autre de la science légitime, un savoir progressivement délégitimé par la première révolution scientifique. Dans quelle mesure cette marginalité s’est-elle manifestée au fil du temps, notamment du point de vue sociologique? Il est intéressant de noter la popularité actuelle des pratiques occultes au sein des groupes marginalisés, tels que la communauté LGBTQIA+, pour qui ces systèmes de croyances, par opposition aux religions traditionnelles souvent empreintes de queerphobie, apparaissent plus inclusifs et ouverts à la diversité de genre et/ou de sexualité.

Les croyances occultes répondent ainsi à un besoin de sens, de résistance et d’empouvoirement, et il n’est pas anodin que certains courants féministes se réclament de la sorcellerie ou du paganisme. On pourra dès lors s’interroger sur les voies prises par cette réappropriation, croisant tradition, hybridation et réinvention, tout en prenant en compte les risques de dérives sectaires, entre emprise mentale et impérialisme culturel masqué (Luca 2008), ainsi que la manière dont ces pratiques, susceptibles d’attirer une mouvance anti-science, peuvent recouper des discours politiques liés à l’extrême droite.

Sciences occultes et création artistique : usages thématiques et méthodologiques

L’occulte, tout comme l’art, repose sur une manière de regarder le monde. Tous deux, par ailleurs, fonctionnent selon un mode symbolique. Il n’est donc pas surprenant que les sciences occultes aient fortement intéressé les artistes. Tandis que de nombreuses œuvres représentent l’occulte (les sorcières de Goya ou de Füssli, ou encore le Livre des tables de Victor Hugo), les sciences occultes sont parfois intégrées comme principe méthodologique dans le processus créatif. Ainsi, Nerval incorpore des éléments ésotériques et mystiques dans son écriture (Illouz 2010), tandis que Calvino, dans Le Château des destins croisés, utilise le tarot comme dispositif narratif structurant, créant des récits à partir des cartes tirées. Ces emprunts ne se limitent pas à la littérature : on peut penser à la Flûte enchantée, imprégnée de symbolisme maçonnique.

La photographie et le cinéma, qui offrent un accès à l’invisible (Fauchereau 2011, Malval 2023), méritent une attention particulière, car la technique qui les sous-tend a été largement investie par les pratiques occultes. À la fin du XIXe siècle, certains photographes y ont par exemple vu un moyen de prouver l’existence des esprits. Dans le panorama contemporain, David Lynch se distingue comme un cinéaste ayant exploité les ressources de l’occulte pour conduire le public au-delà – ou en-deçà – du réel.

Critique de et par l’occultisme

Il est intéressant de noter que l’occulte a également pu servir de méthode d’interprétation des textes. Jean Richer, par exemple, propose une lecture des Chimères de Nerval fondée sur le tarot (1990). Cela soulève alors la question de la valeur épistémologique de l’occultisme. À une vision critique, comme celle de Quentin Meillassoux (2006), qui déplore que le paradigme kantien ait contribué à la dissolution de la connaissance rationnelle, ouvrant ainsi la porte « au retour du religieux » et à une « forme d’obscurantisme contemporain », s’oppose le constat qu’il s’agit d’un champ d’étude fécond, d’un moyen de comprendre l’Autre.

L’anthropologue Ernesto de Martino (1963 et 2022) a ainsi examiné en profondeur la « démonologie » et les pratiques magiques des populations rurales du Sud de l’Italie, en tant qu’actes fondateurs de culture. Son approche permet de dépasser la séparation entre le monde populaire et le monde savant, tout en révélant les dynamiques de pouvoir cachées et les rapports entre l’hégémonie des classes dominantes et les dimensions subalternes, selon les termes d’Antonio Gramsci.

Ces réflexions invitent à examiner le statut et la valeur des connaissances issues des sciences occultes et la manière dont se structure l’opposition entre ces sciences et les sciences dites exactes ou du vivant. Elles soulèvent également la question de la distinction entre croyance et connaissance : celle-ci repose-t-elle sur des présupposés idéologiques ou sur une forme d’ethnocentrisme qui délégitimerait d’autres façons de comprendre le monde ? Dès lors, en quoi l’occulte peut-il enrichir nos recherches contemporaines ? Peut-il offrir de nouvelles perspectives sur nos objets d’étude et sur la nature même de la connaissance (Gral 2023) ? Quelles sont les précautions à adopter face à ces modalités de savoir ?

Modalités de contribution

Les propositions de contribution, rédigées en français en 700 mots maximum, doivent être adressées à l’adresse contact@revuetraitsdunion.org au format .doc, .docx, ou .odt, au plus tard le 25 octobre 2024.

Elles seront accompagnées d’une courte bibliographie indicative. Le colloque aura lieu en format hybride (visioconférence et présentiel) à la Maison de la Recherche de l’Université Sorbonne Nouvelle (4 rue des Irlandais, 75005 Paris), le 10 et 11 janvier 2025. Les interventions dureront 20 minutes. Les articles correspondants seront attendus pour le 17 février 2025. Merci de joindre aux propositions une courte bio-bibliographie de quelques lignes maximum (avec notamment votre statut, votre université et votre laboratoire de rattachement).

Une riche bibliographie est donnée. »

« Caché, secret, inconnu ? Statuts, valeurs et esthétiques des connaissances occultes », la revue Traits-d’Union appelle donc à contributions. À vos plumes !

Tout renseignement : Fabula, le site

Revue Traits-d’Union

Mon curé chez les musulmans : un voyage vers la fraternité interreligieuse

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À l’occasion du voyage du pape François en Indonésie, le symbole est puissant. Le 5 septembre, le chef de l’Église catholique et le grand imam de Djakarta ont emprunté ensemble, avant son ouverture au public, le tunnel Silaturahmi, ou « tunnel de l’amitié », un passage souterrain qui relie deux lieux de culte emblématiques : l’immense mosquée Istiqlal et la cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption. Ce tunnel de trente mètres, encore fermé aux fidèles, symbolise un pont entre deux univers religieux, un geste d’ouverture vers la paix et la compréhension mutuelle.

2014 Pastoral Visit of Pope Francis to Korea..

Dans le silence profond de ce passage, le pape François et l’imam ont entamé un bref pèlerinage, une démarche spirituelle où deux grandes traditions religieuses se sont rejointes pour dialoguer en liberté. Le bois et le marbre qui ornent le tunnel, ainsi que les bas-reliefs en cuivre des sculpteurs indonésiens Sunaryo et Aditya Novali, accentuent la solennité du lieu. Les sculptures, représentant une poignée de mains fraternelle entre deux hommes de confession différente, confèrent à cet espace une dimension mystique rare, invitant à la méditation et à la prière.

Grande mosquée Istiqlal
Cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption

Ce tunnel ne se veut pas uniquement un lieu de passage physique, mais aussi un espace de réflexion. Il incarne la possibilité d’une rencontre réelle entre deux spiritualités qui, malgré leurs différences, partagent un objectif commun : la paix et la fraternité. Ce moment, empreint de respect et d’humilité, reflète l’engagement du pape François à promouvoir le dialogue interreligieux, particulièrement avec le monde musulman. L’image de ces deux leaders spirituels, unis dans un lieu encore vierge de tout visiteur, transcende la simple coexistence pour devenir un symbole d’espérance dans un monde marqué par les divisions religieuses.

Tunnel Silaturahmi – Source Asdep KIP Setwapres.webp

Dans cette ère de tensions et de méfiance, le tunnel Silaturahmi rappelle que, même dans le silence, des gestes simples peuvent porter des messages de réconciliation et d’unité.

Dialogue ouvert avec les musulmans

Le pape François a effectivement marqué son pontificat par une insistance forte sur le dialogue interreligieux, notamment avec les musulmans, comme en témoigne la Déclaration sur la fraternité humaine signée le 4 février 2019 à Abou Dhabi avec le grand imam d’Al-Azhar, Ahmed al-Tayeb.

Cet accord est une pierre angulaire du dialogue islamo-chrétien contemporain, prônant la fraternité entre tous les peuples, l’importance du respect mutuel, et dénonçant l’utilisation des religions pour justifier la violence. Il vise à établir un cadre de collaboration pour la paix et la solidarité, indépendamment des croyances religieuses.

Dialogue ouvert avec les juifs

Dans ce contexte, l’Église catholique a également maintenu un dialogue ouvert avec le judaïsme, en reconnaissance de ses racines partagées avec le christianisme. L’œuvre de rapprochement avec les juifs, qui a été entamée après le Concile Vatican II avec la déclaration Nostra Aetate en 1965, s’est intensifiée sous le pontificat de François. Ce dialogue vise à renforcer la compréhension mutuelle et à condamner l’antisémitisme.

Dialogue ouvert avec les orthodoxes soutenant Vladimir Vladimirovitch Poutine, « ancien » officier du KGB et président de la fédération de Russie

Владимир Путин, 2024

En ce qui concerne les relations avec l’orthodoxie, le pape François a gardé une position diplomatique dans le contexte de la guerre en Ukraine, en évitant une condamnation directe des prêtres orthodoxes qui soutiennent l’effort de guerre russe. Cela s’explique en partie par le fait que le pape tente de maintenir des canaux de communication ouverts avec l’Église orthodoxe russe pour favoriser une réconciliation à long terme. À ce titre, sur France Inter, écoutez « L’église orthodoxe au service de Vladimir Poutine ? »

Dialogue toujours fermé avec les francs-maçons

Cependant, en dépit de ces efforts de dialogue avec les autres traditions religieuses, l’Église catholique continue d’entretenir une relation très différente avec la franc-maçonnerie. Bien que les francs-maçons croient en un Grand Architecte de l’Univers (GADLU), souvent identifié comme une forme de divinité ou de principe supérieur, cette conception diffère de celle de Dieu dans le christianisme. Pour l’Église catholique, la croyance en un Dieu révélé à travers Jésus-Christ et la tradition biblique est incompatible avec la vision déiste ou symbolique souvent adoptée par la franc-maçonnerie.

Pourquoi ?

Parce que certaines branches de la franc-maçonnerie ont historiquement pris des positions anticatholiques, notamment en Europe, ce qui aurait renforcé la méfiance entre les deux institutions.

Parce que l’Église perçoit cette dernière comme adhérant à des principes contraires à ses enseignements fondamentaux. Sans doute, mais pas que !

Le dialogue du pape François avec les francs-maçons reste effectivement extraordinairement fermé, contrairement à son ouverture vers d’autres groupes religieux comme les musulmans, les juifs ou les orthodoxes. Plusieurs facteurs historiques, doctrinaux et personnels peuvent expliquer cette absence de dialogue.

 1. L’enseignement traditionnel de l’Église catholique sur la franc-maçonnerie 

Clément XII

L’opposition de l’Église catholique à la franc-maçonnerie remonte à plusieurs siècles, et cette position reste inchangée à ce jour. En 1738, le pape Clément XII a publié la bulle In Eminenti Apostolatus Specula, qui condamne la franc-maçonnerie, la jugeant incompatible avec la foi catholique. Cette condamnation a été réitérée à de nombreuses reprises par ses successeurs. Le Code de droit canonique de 1983, qui est en vigueur aujourd’hui, affirme que l’adhésion des catholiques à la franc-maçonnerie est interdite, sous peine d’excommunication.

La principale divergence réside dans les conceptions théologiques et philosophiques de la franc-maçonnerie et de l’Église catholique. La franc-maçonnerie est souvent associée à une vision relativiste des croyances religieuses, prônant l’idée que toutes les religions sont égales et qu’aucune n’a le monopole de la vérité. Ce relativisme moral et religieux entre en conflit avec la doctrine catholique, qui affirme la vérité absolue du message de l’Évangile. Par ailleurs, bien que les francs-maçons reconnaissent l’existence d’un Grand Architecte de l’Univers (GADLU) qui est Dieu, cette notion est perçue par l’Église comme déiste ou symbolique, sans rapport direct avec la révélation chrétienne du Dieu trinitaire.

Basílica San José de Flores

 2. Le passé du pape François en Argentine 

Le passé de François en Argentine peut également éclairer cette question. Avant de devenir pape, Jorge Mario Bergoglio a exercé pendant de nombreuses années comme archevêque de Buenos Aires, une position dans laquelle il a été confronté à divers groupes religieux et politiques, mais aussi à la franc-maçonnerie. En Argentine, la franc-maçonnerie a joué un rôle significatif dans les cercles politiques et sociaux, et a parfois été perçue comme hostile à l’Église catholique. Dans ce contexte, les relations entre l’Église et la franc-maçonnerie en Argentine ont été tendues, ce qui pourrait avoir influencé la position de François.

Signé François

Bien que François soit reconnu pour sa capacité à établir des ponts et à dialoguer avec des groupes divers, il est probable que son expérience en Argentine, où il a été témoin de l’influence de la franc-maçonnerie sur la société et la politique, a renforcé son attachement à la position traditionnelle de l’Église. De plus, dans la culture sud-américaine, la franc-maçonnerie a souvent été perçue comme une force laïque et anticléricale, renforçant ainsi les suspicions mutuelles.

Monogramme Compagnie de Jésus

3. Éducation religieuse et formation jésuite 

L’éducation religieuse du pape François, en tant que membre de la Compagnie de Jésus (les jésuites), joue également un rôle central dans sa vision du monde. Les jésuites sont connus pour leur rigueur intellectuelle et leur engagement envers l’enseignement traditionnel de l’Église. La formation théologique rigoureuse que François a reçue le pousse à défendre les positions doctrinales fondamentales de l’Église, notamment en matière de moralité, de vérité et de foi. Cela explique pourquoi, même s’il est ouvert au dialogue avec d’autres religions, il reste attaché aux principes de l’Église concernant la franc-maçonnerie.

Blason pape François

 4. L’aspect spirituel et pastoral du pontificat de François 

Le pontificat de François est marqué par un accent mis sur la fraternité humaine et la solidarité, notamment à travers le dialogue avec les autres religions monothéistes (l’islam et le judaïsme) et les Églises chrétiennes séparées (orthodoxes, protestantes). Cependant, ce dialogue est toujours centré sur une reconnaissance de Dieu et des vérités morales fondamentales, issues de la révélation divine. Les francs-maçons, avec leur approche plus philosophique ou symbolique de Dieu et leur relativisme moral, sont donc perçus comme étant à l’opposé de cette vision.

En somme, bien que François, locataire de la maison du Vatican, ait brisé de nombreuses barrières en cherchant à promouvoir le dialogue interreligieux, sa réticence à dialoguer avec la franc-maçonnerie s’inscrit dans la continuité de la doctrine catholique. Son éducation religieuse, son expérience en Argentine et sa formation jésuite jouent un rôle important dans sa fidélité à la position historique de l’Église. Pour François, le dialogue doit être fondé sur une reconnaissance commune de la vérité divine, ce qui demeure un obstacle fondamental avec la franc-maçonnerie.

Reconnaissons aussi que, depuis de très nombreuses années et sur toute la surface de la Terre, l’Église catholique apostolique et romaine a d’autres chats à fouetter, notamment avec l’affaire de l’abbé Pierre de Maillard, accusé d’abus sexuels sur plusieurs femmes.

L’Abbé Pierre (1912-2007), Studio Harcourt, Paris

Ce scandale, qui fait écho à un Me Too au sein de l’institution, met en lumière des abus de pouvoir graves. Malgré les efforts du pape François pour réformer l’Église et renforcer la lutte contre les abus, comme le sommet de 2019 sur la protection des mineurs, ces initiatives sont jugées insuffisantes par beaucoup. L’Église fait face à une pression croissante pour être plus transparente et répondre plus efficacement aux victimes, tout en gérant cette crise qui ébranle sa crédibilité.

La légende hollywoodienne qui a presque fait renoncer Leonardo DiCaprio à être acteur : « Je pensais que c’était comme la franc-maçonnerie »

De notre confrère revistamonet.globo.com – Par Mettre Giovana Abrantes

Une théorie du complot sur l’industrie est ce qui a presque poussé Leo à abandonner sa carrière de superstar hollywoodienne. Hollywood ne serait pas le même sans Leonardo DiCaprio. Pour ceux qui l’ont vu superficiellement, Leo n’était qu’un jeune nom parmi d’autres à émerger dans une industrie qui, au début des années 1990, surgissait de nombreux nouveaux arrivants de tous types. 

Parmi d’autres comme Brad Pitt, Matt Damon, Jude Law et autres, DiCaprio pourrait être juste un beau blond parmi d’autres sur un tapis rouge – mais, bien sûr, ce n’était pas si simple. Dès sa première apparition, dans « One Man Awakening », DiCaprio a montré qu’il n’était pas venu pour générer des clics et des flashs, mais pour agir d’une manière que très peu de gens savaient faire à son âge.

Mais même au début, quand j’étais enfant, le rêve de devenir une superstar du cinéma semblait lointain, pratiquement irréalisable. La raison ? Pour n’importe qui, des raisons raisonnables seraient le manque de ressources, la compétitivité, l’incertitude du succès… mais pour Leo, la situation était différente : dans sa tête d’enfant, il ne deviendrait jamais un acteur à succès à Hollywood parce qu’il était sûr que le L’industrie fonctionnait selon les stéréotypes de la franc-maçonnerie, où seuls ceux qui étaient invités pouvaient entrer.

Acteur Leonardo DiCaprio — Photo : Getty Images
Acteur Leonardo DiCaprio — Photo : Getty Images

En 2004, au milieu de plusieurs interviews qu’il réalisait pour promouvoir son nouveau film, le drame de Martin Scorsese « The Aviator », Leonardo DiCaprio a clarifié le fantasme de son enfance qui lui faisait penser qu’entrer à Hollywood était aussi difficile que d’arriver au Pays des Merveilles.

« Je vivais à Hollywood et, ironiquement, je ne savais pas qu’on pouvait sortir, trouver un agent, passer des auditions et essayer de devenir acteur. Je pensais que c’était ce genre de chose maçonnique, de lignée, dont il fallait faire partie. jusqu’à mes 13 ans. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé ce qu’il fallait faire et c’est la seule chose que je suis sûr de vouloir faire pour le reste de ma vie », a-t-il déclaré au Guardian.

Leonardo DiCaprio dans « The Aviator » — Photo : Divulgation
Leonardo DiCaprio dans « The Aviator » — Photo : Divulgation

Heureusement, DiCaprio n’a pas abandonné jusqu’à ce qu’il réalise que la théorie du complot sur l’industrie du divertissement n’était que cela, une théorie, de l’imagination. Bien sûr, les médias ont beaucoup aidé. De nombreuses émissions de télévision et même des films présentaient une vision similaire à celle que DiCaprio imaginait à propos d’Hollywood et de l’organisation maçonnique elle-même – qui, en fait, n’est qu’un corps restreint, rempli de membres liés par le sang ou par l’amitié et provenant de plusieurs générations. .

Mais à mi-chemin, c’est-à-dire vivant déjà à Los Angeles, au cœur de l’industrie, il n’a pas été trop difficile de passer au stade des auditions. C’est donc en 1993 que le blond a la chance d’abandonner sa carrière d’acteur de publicités télévisées et de rejoindre le vrai cinéma. Aux côtés de Robert De Niro, DiCaprio a montré qu’il était là pour rester. Il a réalisé une belle prestation, même à 17 ans.

Robert De Niro et Leonardo DiCaprio ont joué ensemble dans "One Man's Awakening" en 1993 — Photo : reproduction
Robert De Niro et Leonardo DiCaprio ont joué ensemble dans « One Man’s Awakening » en 1993 — Photo : reproduction

Dès lors, les succès se succèdent. Je veux dire, le garçon, si jeune, a réussi à surprendre De Niro lui-même, au point de le recommander à Martin Scorsese – avec qui il travaillera plusieurs années plus tard. Le cinéaste a précisé, dans une interview, que ce genre de chose, venant de son meilleur ami, était rare.

« C’était un commentaire désinvolte. Mais avec lui, quelque chose comme ça, une recommandation à ce moment-là, je pense qu’au début des années 1990, ce n’était pas quelque chose de désinvolte. Il parlait avec désinvolture, mais c’était quelque chose dont il parlait rarement. Il donnait rarement des recommandations », a-t-il commenté. le directeur.

Martin Scorsese et Leonardo DiCaprio sur le tournage de « The Departed » — Photo : Divulgation
Martin Scorsese et Leonardo DiCaprio sur le tournage de « The Departed » — Photo : Divulgation

DiCaprio a déjà montré qu’il était une personne spéciale. Et il l’a réaffirmé l’année même de la sortie de son premier film. En 1993, il réussit à éclipser, dans un film, l’une des plus grandes idoles de l’époque. Dans « Gilbert Grape : Dreamer’s Apprentice », Leo jouait le frère cadet du personnage de Depp (qui était le protagoniste de l’intrigue) ; un garçon handicapé qui, bien que cela ne soit pas explicite dans le film, souffrait très probablement d’un degré avancé d’autisme. Même s’il n’avait pas cette condition, la jeune star s’est montrée très convaincante.

Leonardo DiCaprio dans une scène du film « Gilbert Grape - L'apprenti rêveur » — Photo : reproduction
Leonardo DiCaprio dans une scène du film « Gilbert Grape – L’apprenti rêveur » — Photo : reproduction

Ce n’est donc pas un hasard si Leonardo DiCaprio, à 19 ans, a obtenu sa toute première nomination aux Oscars. Il n’a pas remporté le prix – celui qui a reçu la statuette était Tommy Lee Jones dans « The Fugitive », mais il a fini par gagner une ultra notoriété parmi les producteurs et réalisateurs de la bulle à succès de Los Angeles. De là, il enchaîne plusieurs projets : de « Roméo + Juliette » de Baz Luhrmann, il aboutit au plus grand de toute sa carrière et qui le propulse au rang de l’un des plus grands noms de l’histoire, « Titanic ».

Vous connaissez peut-être déjà la saga du succès du film de James Cameron. C’est une histoire ancienne et bien connue de tous. Mais, par-dessus tout, l’important ici est de se rappeler que DiCaprio n’a réussi à être ce qu’il est aujourd’hui que parce qu’il a fini par dire non à Paul Thomas Anderson et oui au réalisateur à succès.

Leonardo DiCaprio dans Titanic (1997) — Photo : Divulgation
Leonardo DiCaprio dans Titanic (1997) — Photo : Divulgation

Depuis James Cameron, Leo s’est lancé dans un nombre croissant de partenariats avec des réalisateurs à succès. Parmi eux, bien sûr, Martin Scorsese, avec qui il a travaillé six fois. Il a commencé dans « Gangs of New York », puis dans « The Aviator » – lorsqu’il a reçu sa deuxième nomination aux Oscars et se retrouve maintenant, en 2023, avec « Killers of the Flower Moon ».

Leonardo DiCaprio et Lily Gladstone dans « Killers of the Flower Moon » — Photo : reproduction
Leonardo DiCaprio et Lily Gladstone dans « Killers of the Flower Moon » — Photo : reproduction

En parlant d’Oscar, c’est une autre question. Quiconque suit la carrière du jeune homme sait que le premier et unique Oscar en 2016 a été douloureux et douloureux. Il y a eu cinq nominations jusqu’à ce que « The Revenant » gagne. Tous ceux qui ont assisté à cette soirée de remise des prix se souviennent qu’entendre le nom de Leonardo DiCaprio a généré une agitation et une célébration aussi grande qu’une victoire en finale d’un championnat sportif. Parmi les invités de la soirée ou dans les maisons d’innombrables spectateurs, ce fut une véritable fête.

Leonardo DiCaprio dans « The Revenant » — Photo : Divulgation
Leonardo DiCaprio dans « The Revenant » — Photo : Divulgation

Aujourd’hui, à presque cinquante ans, l’homme appartient à l’histoire pure. Avec une vie très réservée (en dehors des blagues et des rumeurs évidentes sur sa vie amoureuse), on se souvient toujours de Leo pour son talent unique et sa capacité à incarner pratiquement n’importe quel personnage : du gentil menteur au maître du déguisement en passant par le raciste. agriculteur, il sait exactement ce qui le fait briller.

Leonardo DiCaprio dans « Arrête-moi si tu peux » — Photo : reproduction
Leonardo DiCaprio dans « Arrête-moi si tu peux » — Photo : reproduction
Leonardo DiCaprio dans 'Django Unchained' — Photo : Divulgation
Leonardo DiCaprio dans ‘Django Unchained’ — Photo : Divulgation

C’est une vraie star de cinéma. Et tout cela parce que, heureusement, il a démystifié la folle théorie du complot concernant l’endroit qui est aujourd’hui sa maison.

Souvenez-vous du moment historique où Leonardo DiCaprio a remporté l’Oscar du meilleur acteur en 2016 pour le drame « The Revenant ».