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De la pierre aux clairières : la Franc-maçonnerie à ciel ouvert

Dans cette livraison estivale de La Chaîne d’Union, tout respire la continuité et la profondeur. Dès les premières pages, une architecture invisible relie les deux grandes lignes de force qui traversent la revue : la reconnaissance fraternelle envers un homme dont l’œuvre a marqué la Franc-maçonnerie contemporaine et la méditation collective sur le lien sacré qui unit l’initié au monde naturel. Ainsi se tisse un dialogue intime entre la pierre polie des bibliothèques et le bois bruissant des forêts, entre la mémoire consignée dans les archives et la mémoire vivante inscrite dans les cycles des saisons.

La Chaîne d'Union juillet 2025
La Chaîne d’Union juillet 2025

L’éditorial de Jacques Garat, « Les Francs-maçons et la nature », est bien plus qu’une introduction au dossier thématique. Il est un seuil, une porte symbolique. Le Temple maçonnique, écrit-il, n’est pas seulement clos sur ses colonnes et ses murailles : il est ouvert sur l’univers, sur la voûte céleste, sur ce que les Anciens nommaient la « grande architecture » du cosmos. Les signes du zodiaque, les quatre saisons, les éléments – terre, air, eau, feu – ne sont pas des abstractions : ils s’inscrivent dans l’expérience vécue de l’initié. La rose et l’olivier, la grenade et l’acacia, le cèdre et l’épi de blé ne sont pas de simples ornements, mais des vecteurs d’analogie, des ponts tendus entre le geste rituel et la totalité vivante de l’univers.

En cela, la Franc-maçonnerie du XVIIIᵉ siècle, portée par l’esprit des Lumières, investit le monde des jardins comme un espace d’expression de la pensée libre : on y voit éclore une autre forme de Loge, un atelier à ciel ouvert où l’on apprend à harmoniser l’art, la nature et la fraternité.

L’art des jardins à travers l’Europe au siècle des Lumières
L’art des jardins à travers l’Europe au siècle des Lumières

Le sommaire du dossier décline cette thématique en autant de stations initiatiques. Jean-Marc Schivo, fort de son remarquable ouvrage L’art des jardins à travers l’Europe au siècle des Lumières (Dervy, 2024), couronné du Prix Beaux Livres de l’Institut Maçonnique de France (IMF) 2025, conduit le lecteur dans les parcs et jardins où l’esthétique paysagère se fait méditation philosophique. Pierre Mollier nous introduit dans l’univers oublié des « Francs-jardiniers », société fraternelle née en Écosse au XVIIᵉ siècle, où le travail de la terre et l’inspiration biblique se mêlaient à une organisation mutualiste d’une grande modernité.

Laurent-Segalini
Laurent Segalini -Source 450.fm

Laurent Segalini, passeur de lumière et actuel directeur du musée de la franc-maçonnerie, est docteur en anthropologie historique. Dans deux contributions, il nous conduit sur les traces des « Bons Cousins Fendeurs », peuple du bois et des clairières dont l’histoire se déploie entre le XVIIᵉ et le XXᵉ siècle.

Les forêts françaises abritaient alors tout un monde de travailleurs organisés en petites communautés, structurées sur le modèle des confréries et soudées par des formes de solidarité aussi concrètes que symboliques. Des témoignages attestent de pratiques rituelles dès les années 1670, révélant un univers initiatique enraciné dans la vie forestière. Laurent Segalini redonne voix à cette tradition en livrant la transcription minutieuse du « Devoir des Bons Cousins Fendeurs » de 1751, accompagnée d’une introduction et de notes éclairantes. Ce cérémonial, destiné à la réception au grade de briquet – ce grade est ce que le grade d’Apprenti est à la Franc-Maçonnerie, porte d’entrée rituelle dans un univers où l’outil, le bois et la forêt sont chargés de symboles initiatiques – et de compagnon ainsi qu’à la grande maîtrise d’un Bon Cousin Fendeur, constitue à ce jour le plus ancien rituel connu d’organisation initiatique forestière.

Guy Penven prolonge cette exploration en ouvrant la réflexion vers les urgences écologiques et humanistes d’aujourd’hui, voyant dans ces traditions un modèle fécond pour repenser notre lien au vivant.

Et puis vient, en clôture du dossier, la voix singulière de Flavien Lavisse, « L’appel de la forêt ». Fondateur en Normandie d’une vente forestière dont il est le Cousin Maître, il nous parle de l’intérieur. Son texte n’est pas seulement un témoignage : c’est une véritable initiation par les sens et par l’imaginaire. Il commence par un exercice de projection : quitter le carré du Temple, franchir le seuil, s’enfoncer dans les sentiers de fougères. Il faut fermer les yeux, sentir sous ses pas la terre humide, entendre le bruissement des arbres et le chant lointain des oiseaux. La description est d’une précision charnelle : odeur de tourbe tiède, fumée qui se mêle au vent, chant du pinson, cri du geai, froissement des feuilles de hêtre. L’espace rituel se déploie alors : cercle de billots, feu central, outils posés sur une table de pierre, cabanes décorées d’objets simples – cruches, lanternes, tonnelets, carrosseries de lavandière. Chaque détail est une parcelle de mémoire.

Peu à peu, les figures humaines apparaissent : hommes et femmes en tabliers de cuir, sabots aux pieds, cordons de feuillage en bandoulière. Les appellations rituelles fusent : « Bon Cousin », « Bonne Cousine », « Bon Cousin Maître », « Duchêne », « Delorme ». Les mots, presque enfantins, semblent venir d’un temps où la fraternité se disait sans détour. Le vocabulaire surprend, amuse, désarme : il rappelle que certains rites, malgré leur apparente simplicité, portent une profondeur qui ne se livre qu’à ceux qui acceptent de se laisser toucher. Et soudain, tout se réorganise dans l’esprit du lecteur : le cercle devient carré, les fonctions se dessinent – autel des serments, officiers, circulation solaire. La forêt, elle aussi, devient Temple.

Cercle_forestier - Source 450.fm
Cercle forestier – Source 450.fm

Flavien Lavisse replace ensuite cette scène dans une histoire récente : la résurgence, dans les années 1990, des ventes forestières. Certaines sont exclusivement maçonniques, d’autres mêlent diverses formes d’initiation : compagnonnage, druidisme, voire ouverture aux profanes. Toutes partagent un refus des contraintes centralisatrices et une volonté de préserver l’autonomie. L’auteur insiste sur le caractère vivant, mouvant, de ces groupes : ils apparaissent, disparaissent, renaissent, toujours libres. Leurs rituels, hérités du XVIIIᵉ et du XIXᵉ siècle, relient les gestes du bûcheron, du fendeur, du charbonnier à une symbolique profonde : celle de la transformation de la matière brute, de l’alliance entre effort physique et édification intérieure.

La Chaîne d'Union juillet 2025
La Chaîne d’Union juillet 2025

Harmonisé à l’ensemble du numéro, cet article agit comme un miroir inversé du premier volet, l’hommage à Pierre Mollier. Là où l’hommage nous plonge dans les archives, les documents, les traces écrites de la mémoire, « L’appel de la forêt » nous ramène au geste, au souffle, à l’odeur de la terre et du bois. Là où la pierre conserve, le bois vit et change ; là où les bibliothèques rassemblent, la forêt disperse et renouvelle. Et pourtant, les deux sont indissociables : la mémoire qu’on lit et la mémoire qu’on pratique, l’histoire que l’on raconte et celle que l’on vit. Ce numéro de La Chaîne d’Union nous le rappelle : la Franc-Maçonnerie, pour rester vivante, doit tenir ensemble ses racines de pierre et ses branches de bois, ses archives et ses clairières, son passé consigné et ses rites vécus. Dans cette alliance, il y a non seulement un héritage, mais aussi une promesse.

La Chaîne d’Union – Les francs-maçons et la nature

Revue d’études maçonniques, philosophique et symbolique.

Grand Orient de France, N°113, juillet 2025, 96 pages, 13 €

Conform édition, le site https://www.conform-edit.com/produit/n113-les-francs-macons-et-la-nature/#info

Illustrations : © Yonnel Ghernaouti B.˙.C.˙.C.˙.

Franc-maçon ou membre de réseaux sociaux ?

De notre confrère italien expartibus.it – Par Rosmunda Cristiano

À la croisée des chemins entre ombre et lumière

La Franc-Maçonnerie, depuis ses origines opérationnelles et spéculatives, nourrit l’espoir d’une transformation interne et sociale fondée sur des principes essentiels : liberté, égalité, fraternité. Mais aujourd’hui, en Italie comme ailleurs, un fossé profond se creuse entre ceux qui incarnent véritablement ces valeurs et ceux qui, au contraire, se contentent d’assister à des rituels sans comprendre leur âme.

Pyramide avec énergie au sommet
Pyramide avec énergie au sommet

Le franc-maçon authentique agit en conscience : il ne recourt pas à la franc-maçonnerie pour le pouvoir ou la visibilité, mais plutôt pour travailler sur lui-même, cultiver sa propre pierre brute et contribuer au bien commun.

C’est la personne qui, selon les enseignements de nos anciens Maîtres, n’aspire pas à la Lumière pour s’en vanter, mais pour la mettre au service des autres, pour diriger avec humilité et pour offrir une écoute sincère. Lorsque Giovanni Becciolini, un frère tué pour sa foi maçonnique pendant le fascisme, a su être cohérent au point de ne pas trahir ses idéaux, il a rappelé que…

Les francs-maçons ne se plient pas.

Au contraire, le membre de la franc-maçonnerie est quelqu’un qui voit le tablier comme un ornement, et fréquenter le temple comme une opportunité sociale ou professionnelle. Ces « francs-maçons des réseaux sociaux » ignorent souvent le sens profond du chemin initiatique. Ils finissent souvent par s’adonner à des jeux de pouvoir mesquins, à l’exploitation des relations ou à la recherche de notoriété par le symbolisme.

Le véritable conflit n’est pas entre « ceux qui sont à l’intérieur » et « ceux qui sont à l’extérieur », mais entre ceux qui entrent dans le temple pour se régénérer et ceux qui entrent pour consommer. Comme l’a déclaré Julius Evola en critiquant la dérive maçonnique moderne :

Il est possible que les influences spirituelles se retirent et que seule une psyché en décomposition reste ouverte aux forces obscures.

Ettore Ferrari

Les vraies Loges ont des racines anciennes, des édifices symboliques construits sur la comparaison et la connaissance : le Maçon authentique ne se laisse pas emporter par les « modes du moment », il reste ferme dans son compas et son équerre.

Comme l’a écrit Ettore Ferrari :

La franc-maçonnerie est une école de liberté, d’expiation et de fraternité

La franc-maçonnerie est une école de liberté, d’expiation et de fraternité.

Cette école exige humilité, discipline intérieure et rigueur éthique. Le titre ne suffit pas ; il faut la substance. Le véritable franc-maçon ne se contente pas d’assister : il travaille, médite et construit. Et lorsque les loges sont ébranlées par des scandales ou des infiltrations criminelles, le franc-maçon authentique reste un spectateur critique, sans être complice.

L’Espérance espérant sortir de la boite de Pandore.

Le franc-maçon authentique ne recherche pas la visibilité, n’aspire pas au profit et ne transforme pas les symboles en ornements. Il vit les principes de Foi, d’Espérance et de Charité, à l’intérieur comme à l’extérieur de la Loge, dans sa vie quotidienne. Il trouve dans les vertus cardinales – Prudence, Force, Justice et Tempérance – la véritable mesure de ses actions. Lorsqu’il agit, il le fait avec vérité, sans ostentation.

Le membre, quant à lui, est présent, participe occasionnellement et cherche généralement à gagner en influence. Il est l’exemple même de celui qui utilise l’institution comme tremplin pour exercer un pouvoir profane. Il est motivé par son intérêt personnel et non par son avancement spirituel.

Comme le soutiennent les critiques maçonniques, la dégénérescence en « franc-maçonnerie déviante » survient lorsque l’objectif initial est remplacé par des objectifs privés.

Les vrais francs-maçons incarnent la rectitudo , l’intégrité morale que John Mackey décrit comme distinctive des vrais frères, liée à une science spirituelle plutôt qu’à un simple métier opérationnel. Les membres, en revanche, sont souvent des laïcs qui portent des tabliers, utilisent le langage mais ne s’intéressent pas au symbole.

Le plus grand danger ne réside pas dans l’aspiration, mais dans la transformation de la Loge en une échelle d’ascension. Lorsque la franc-maçonnerie devient un outil de conquête du pouvoir, elle se mêle à la politique, aux faveurs et parfois même à une complicité douteuse. L’erreur et l’incohérence, si elles sont tolérées, deviennent une habitude. Il en résulte une Loge qui se transforme en une cour profane, peuplée d’ambitions égoïstes plutôt que de réflexion initiatique.

Un vrai franc-maçon ne craint pas le jugement, mais le suscite. Il ne recherche pas la promotion, mais la croissance. Il ne recherche pas de disciples, mais des compagnons dans son cheminement vers la construction du Temple intérieur. Il agit par conviction, non par désir d’être vu. Seul le franc-maçon authentique construit des « temples intérieurs » capables d’apporter le changement. Le membre reste un visage anonyme, un numéro d’enregistrement avec des symboles, mais sans essence.

Comme le dit une phrase latine chère à la recherche maçonnique :

La vérité est inimitable, non

La vérité n’est pas l’ennemie de la vérité

bien que ceux qui confondent la Vérité avec la position sociale pensent souvent le contraire.

Cette distinction est importante car elle nous rappelle que la franc-maçonnerie n’est pas un club ou un titre sur papier. C’est un parcours initiatique qui exige un dévouement et une rigueur subjectifs. Et si des dizaines de membres restent confinés dans le rituel superficiel, rares sont ceux qui contribuent véritablement à la transformation de soi et du monde.

J’aime à penser que le vrai maçon est celui qui accueille l’acacia, celui qui, né de la graine de vérité, grandit dans la difficulté et s’épanouit dans la cohérence. Le membre de la franc-maçonnerie reste une pousse incertaine, peut-être colorée, mais fragile dans la tempête. Car, en fin de compte, la tâche du franc-maçon n’est pas de démontrer sa connaissance du langage ésotérique, mais de l’incarner ; il ne s’agit pas d’afficher des symboles, mais de les vivre. C’est pourquoi cette distinction est un avertissement, et non une mode.

Cet écrit n’est pas seulement une critique, mais un rappel à ceux qui ont choisi de devenir francs-maçons, non par commodité, mais pour la vérité. Une invitation à faire un examen de conscience, honnêtement, et à décider s’ils veulent rester dans l’ombre ou devenir une lumière vivante. Quand, au coucher du soleil de notre tablier, nous nous regarderons dans les yeux devant la Grande Lumière, quel sera le Maçon qui pourra affirmer :

Et vous êtes un vrai maçon ou vous êtes membre de la franc-maçonnerie ?

« La formation des légendes » d’Arnold Van Gennep : un voyage initiatique au cœur des mythes et de la Franc-maçonnerie

Plongeons dans l’univers captivant de « La Formation des Légendes » d’Arnold Van Gennep, un chef-d’œuvre ethnologique publié en 1929 par Ernest Flammarion. Ce livre, fruit de l’esprit brillant d’un pionnier de l’ethnographie et du folklore français, explore les origines, les transformations et les significations profondes des légendes à travers les cultures du globe. Disponible aujourd’hui grâce à l’initiative altruiste des Classiques des sciences sociales, cette œuvre de 326 pages, numérisée par Diane Brunet en 2013, offre une richesse intemporelle.

Mais au-delà de son analyse scientifique, elle tisse des liens subtils avec la franc-maçonnerie, où les légendes et les rituels jouent un rôle central. Cet article vous entraîne dans une odyssée fascinante, révélant comment les idées de Van Gennep éclairent les mystères des loges et leur quête de vérité.

Arnold Van Gennep : un éthnologue visionnaire

Arnold van Gennep en 1920.

Né en 1873 et décédé en 1957, Arnold Van Gennep fut un esprit curieux et érudit, titulaire d’un doctorat ès lettres et lauréat de l’Institut. Ethnologue et folkloriste de renom, il a marqué la science sociale avec des ouvrages comme Les Rites de Passage (1909), où il conceptualisa les phases universelles d’initiation – séparation, marge, agrégation. Dans La Formation des Légendes, il se penche sur la genèse des récits mythiques, analysant comment ils émergent des croyances, des traditions orales et des transformations culturelles. Ce travail, publié dans la collection Bibliothèque de philosophie contemporaine, reflète sa passion pour décoder les symboles et les récits qui façonnent l’identité humaine.

Numérisé avec soin par Diane Brunet, bénévole au Musée de La Pulperie à Chicoutimi, ce texte est accessible sur Classiques.uqac.ca, une initiative de Jean-Marie Tremblay. Cette préservation numérique rend hommage à Van Gennep, dont les idées continuent d’inspirer des disciplines variées, de l’anthropologie à la philosophie maçonnique.

Une exploration des légendes : du mythe à la réalité

Dans La Formation des Légendes, Van Gennep dissèque la manière dont les récits légendaires naissent et évoluent. Il examine des figures comme Noé (page 293), Ulysse (page 145), ou encore Roland (page 173), montrant comment ces héros traversent les cultures et les époques, enrichis par des apports locaux. Il identifie trois mécanismes clés : la transmission orale, l’adaptation aux contextes sociaux, et la cristallisation en symboles durables. Par exemple, il note que les légendes des Sibériens (pages 171-177) ou des Océaniens (page 291) reflètent des rites de passage similaires à ceux qu’il avait étudiés, suggérant une universalité des expériences humaines.

Ce voyage à travers les continents – de l’Australie (page 6) aux Slaves du Sud (page 213) – révèle une tapisserie de récits où chaque fil raconte une quête spirituelle ou morale. Van Gennep ne se contente pas de cataloguer ; il interroge la fonction des légendes comme miroirs des aspirations et des peurs collectives, une approche qui résonne avec la méthode symbolique de la franc-maçonnerie.

Liens avec la Franc-maçonnerie : des légendes comme rituel initiatique

La franc-maçonnerie, art de la mémoire et de la transmission, trouve dans La Formation des Légendes une source d’inspiration inattendue. Les loges s’appuient sur des récits mythiques – Hiram Abiff, Salomon, Noé – pour structurer leurs rituels et enseigner des valeurs morales. Van Gennep, en étudiant la dynamique des légendes, offre une clé pour comprendre ces récits comme des outils d’initiation. Par exemple, son analyse de Noé (page 293), figure associée aux Noachites en maçonnerie, éclaire le symbolisme du déluge comme une purification spirituelle, un thème central dans les grades symboliques.

De plus, les Rites de Passage de Van Gennep – séparation, marge, agrégation – trouvent un écho direct dans les cérémonies maçonniques. L’initiation, avec sa phase de retrait (séparation), ses épreuves (marge), et son intégration dans la fraternité (agrégation), suit ce schéma universel. Les légendes étudiées par Van Gennep, comme celle d’Orphée (page 122) ou de Perceval (page 250), reflètent ces étapes, offrant aux maçons un cadre pour interpréter leurs propres mythes. Ainsi, la loge devient un espace où les légendes, loin d’être de simples contes, se transforment en vecteurs de transformation intérieure.

Une méthode scientifique au service de la sagesse

Largillierre, Nicolas de (1656-10-10 – 1746-03-20), Portrait de Voltaire (1694-1778) en 1718, 1718. Huile sur toile. Musée Carnavalet, Histoire de Paris.

Van Gennep adopte une approche comparative, croisant les récits de cultures diverses – Persans (page 123), Nègres (page 203), Scandinaves (page 244) – pour dégager des schémas communs. Cette rigueur scientifique rappelle la quête maçonnique de vérité à travers la raison et l’observation. Dans les pages 280-289, il cite Axel Olrik et ses lois de la narration folklorique, une méthodologie qui pourrait inspirer les baldosages maçonniques, où chaque symbole est analysé pour révéler une leçon universelle.

De plus, son refus de se limiter aux interprétations religieuses (page 275) fait écho à la laïcité maçonnique, qui cherche une vérité philosophique au-delà des dogmes. Les références à des figures comme Voltaire (page 236) ou Rousseau (page 4), penseurs admirés dans les loges, renforcent ce pont entre ethnologie et maçonnerie, où la liberté de pensée prime.

Un appel à la modernité maçonnique

Van Gennep

En 2025, alors que la franc-maçonnerie fait face à des défis – déclin des effectifs, critiques d’immobilisme – La Formation des Légendes offre une leçon précieuse. Van Gennep montre que les légendes évoluent avec leur époque, s’adaptant aux besoins sociaux. Les loges pourraient s’en inspirer pour réinventer leurs rituels, intégrant des récits contemporains ou des arts modernes, comme le suggère le renouveau des salons maçonniques avec des performances artistiques.

Une odyssée intemporelle

La Formation des Légendes est bien plus qu’un traité ethnologique ; c’est une invitation à explorer les racines de l’âme humaine, un miroir où la franc-maçonnerie peut se reconnaître. Sous ce ciel d’août, alors que les étoiles guident les initiés, les idées de Van Gennep nous rappellent que les légendes, comme les loges, vivent par leur capacité à se transformer.

Que cette œuvre inspire les maçons à préserver leur héritage tout en osant un renouveau audacieux, pour que la lumière des mythes continue d’illuminer le chemin de la fraternité !

« Le Respect » : une lumière maçonnique pour transformer l’humanité

De notre confrère elnacional.com

Plongeons dans une exploration fascinante du respect, ce pilier intemporel célébré dans les rangs des Obreros de Hiram Abiff, une réflexion signée par Mario Múnera Muñoz, Passé Grand Maître. Cet article, publié sur El Nacional, nous invite à redécouvrir le respect non comme une simple politesse, mais comme une science vivante, une force spirituelle capable de guérir les blessures de l’humanité et de guider les francs-maçons vers une conscience supérieure. Préparez-vous à un voyage enrichissant, où philosophie, histoire et symbolisme maçonnique s’entrelacent pour illuminer nos cœurs et nos esprits !

Qu’est-ce que le Respect ? Une danse de la conscience

Imaginez une danse universelle où chaque pas, chaque geste, reflète une intention profonde. Tel est le respect selon Mario Múnera Muñoz :

« Agir et penser positivement envers les autres et envers nous-mêmes, se soucier de l’impact de nos actions, être inclusifs et accepter les différences. »

Gandhi

Cette définition, inspirée par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, élève le respect au rang d’une science, un art subtil qui exige confiance, empathie, compassion, intégrité et honnêteté. Dans un monde marqué par des siècles de conflits – des esclavages basés sur la couleur de peau aux génocides comme celui orchestré par Adolf Hitler contre les Juifs – le manque de respect a laissé des cicatrices profondes. Pourtant, cette réflexion nous rappelle que le respect peut être le remède, un pont vers une humanité réconciliée.

Mais le respect ne se limite pas à une attitude envers autrui. Il commence par soi-même. Comme le souligne l’auteur, un individu qui se respecte respecte naturellement l’espace d’autrui, s’exprime avec douceur et honnêteté, sans jugement ni domination. Cette idée résonne avec les enseignements des grands sages : Gandhi nous avertit que « la plus grande perte est celle du respect de soi », tandis que Dale Carnegie nous encourage à honorer les opinions d’autrui sans les dénigrer. Le respect devient ainsi une flamme intérieure qui éclaire nos relations et nos sociétés.

Une philosophie ancestrale au service de la paix

Buste d’Aristote

Plongeons dans l’histoire de la pensée pour comprendre cette vertu. Aristote, dans son Éthique à Nicomaque, liait le respect à la modération et à l’honneur, des vertus essentielles à la vie en communauté. Les stoïciens, comme Sénèque et Marc Aurèle, voyaient dans le respect une reconnaissance de la raison universelle qui unit tous les êtres humains. Immanuel Kant, dans sa Fondation de la mététique des mœurs, en fit le fondement de la moralité, insistant sur le fait que chaque personne doit être traitée comme une fin, jamais comme un moyen. Jean-Jacques Rousseau, quant à lui, le considérait comme le socle d’une société juste, où les libertades sont équilibrées par une solidarité active.

Ces idées trouvent un écho puissant dans la franc-maçonnerie, où le respect est un principe sacré. Le symbole de la règle de vingt-quatre pougadas, représentant les heures du jour, nous rappelle d’utiliser notre temps pour la réflexion personnelle, le respect de soi et d’autrui, et l’exigence d’être respecté en retour. Comme le disait Martin Luther King Jr. :

« Nous avons appris à voler comme les oiseaux et à nager comme les poissons, mais pas à vivre ensemble comme des frères. »

Le respect, dans ce contexte, devient une quête initiatique, un chemin vers la fraternité universelle.

Le respect dans les traditions initiatiques : un appel à la transformation

Voltaire

Dans les traditions maçonniques, le respect transcende les conventions sociales pour devenir un principe spirituel. Voltaire, avec son célèbre

« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je défendrai jusqu’à la mort votre droit de le dire »

incarne cette ouverture d’esprit qui défie le dogmatisme. Pour les Obreros de Hiram Abiff, le respect n’est pas une simple courtoisie ; il est une attitude intérieure qui se cultive par la compassion – ce désir d’agir pour soulager la souffrance d’autrui, comme le définit l’ONU. Cette compassion, née de la reconnaissance des luttes humaines, pave la voie à la bonté, l’essence même de l’amour universel.

L’auteur nous invite à méditer sur des maximes intemporelles. Lao Tse nous enseigne que « quand tu es content d’être simplement toi, sans te comparer, le monde te respecte ». Jésus, dans l’Évangile de Matthieu (7:12), formule la règle d’or : « Ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas qu’on te fasse. » Ces paroles, partagées par Confucius et Bouddha, soulignent que le respect est un miroir : sans respect de soi, il est impossible d’honorer autrui. Cette idée, ancrée dans la philosophie stoïcienne et les mystères initiatiques, nous pousse à transcender les jugements pour embrasser une dignité commune.

Les enjeux modernes : un défi pour l’humanité

Dans notre monde contemporain, le respect est un défi majeur. Les préjugés basés sur la couleur, la religion, le statut ou la nationalité persistent, souvent alimentés par une quête de pouvoir ou de domination. Mario Múnera Muñoz souligne que l’ambition démesurée, y compris le désir de contrôler les autres, est l’antithèse du respect. Pourtant, une société qui cultive ce valeur – à travers l’éducation, la prévention du harcèlement, la création d’environnements de travail harmonieux – ouvre la voie à une coexistence pacifique et à un progrès sans limites.

Le respect, comme le souligne l’auteur, est mesurable dans nos relations avec nous-mêmes, avec les autres, avec les normes sociales et avec le monde qui nous entoure. C’est une conduite morale qui reconnaît la valeur intrinsèque de chaque individu, au-delà des critères matériels ou sociaux. Dans un contexte de diversité croissante et de conflits mondiaux, cette vertu devient un phare, un appel à la paix et à la solidarité.

Une leçon maçonnique pour aujourd’hui

Pour les francs-maçons, cette réflexion est une invitation à agir. Les Obreros de Hiram Abiff nous rappellent que le respect n’est pas statique ; il se vit, se pratique, se cultive. Dans les loges, où les baldosages noirs et blancs symbolisent la dualité de la vie, le respect devient un outil d’équilibre, un moyen de transcender les oppositions pour atteindre une harmonie supérieure. En 2025, alors que les défis sociaux et technologiques redéfinissent nos sociétés, cette leçon prend une urgence nouvelle :

Respecter, c’est reconnaître l’humanité en chacun, c’est ouvrir la voie à une conscience collective éveillée.

Que cette méditation nous inspire. Le respect, tel un fil d’or tissé par les sages de l’humanité, nous guide vers une fraternité véritable. Comme Hiram Abiff, symbole de résilience et de sagesse, laissons cette vertu façonner nos actions, illuminer nos temples intérieurs et transformer le monde, pas à pas, avec humilité et amour.

Autre article sur ce thème

La voie de la paix passe par la voix de la paix

3

(Les « éditos » de Christian Roblin paraissent le 1er et le 15 de chaque mois.)

Je voudrais faire suite ici à mon précédent édito. L’angoisse du vide – c’est-à-dire l’absence de confiance dans le vide, confiance qui vient simplement de son expérience ou de son rapprochement – crée un manque incomblable que le sujet s’efforce de remplir de réactions intempestives et d’activités diverses.

Ce désir d’avoir prise sur la réalité s’étourdit dans un appétit permanent de pouvoir, non point d’un pouvoir étudié et contrôlé afin de réaliser des projets bénéfiques à l’humanité, mais d’un pouvoir dicté par le vertige d’un égo qui se voudrait surpuissant, alors qu’il est souterrainement miné par son déni de la mort.

La conscience du vide, d’un vide qui accueille le principe du vivant – c’est-à-dire d’un vivant qui se transforme au cours de ses cycles successifs –, fait toute sa part à l’importance de la création, mais d’une création harmonieuse, fruit de l’écoute et du partage, gages de paix durable et d’évolution souhaitable.

Pour la plupart, nous avons conscience que nous devrions nous situer dans cette perspective mais nos pulsions, nos traumas, nos vanités, sans compter notre culture et notre éducation qui, dans l’exaltation de la réussite individuelle, visent à faire de nous des chefs, nous conduisent à vouloir imposer à notre environnement ce que nous croyons être nos volontés, dans une recherche insatiable de satisfactions égoïstes.

Si l’altruisme est, entend-on dire parfois, une forme d’égoïsme qui ne s’avoue pas, c’en est, du moins, une manifestation qui se concilie et se réconcilie avec les attentes légitimes des autres. Il ne s’agit pas ici de se faire le chantre d’un anarchisme comme a pu l’incarner, il y a un siècle et demi, le géographe Élisée Reclus, mais de prôner un esprit de responsabilité éclairé par la pluralité des intérêts légitimes, dans le souci de faire société ensemble, à condition, bien entendu, de le vouloir tous, ce à quoi l’école et d’autres activités sociales ou sportives contribuent par nature.

Il y a un idéal que nous pouvons invoquer ici et qui ne demande qu’à être nourri à nouveau. Certes, il ne nous élève pas au ciel comme des Vierges (n’oublions pas que nous sommes un 15 août !), mais il nous appelle quotidiennement à nous dépasser et ce, dans un cadre collectif toujours existant, qui n’en fut pas moins une longue conquête, conquête, d’ailleurs, loin d’être achevée : c’est la République, un bien commun à considérer avec autant de respect que de soin, dont on peut penser que nos Loges proposent, sous le rapport plus symbolique qu’analogique du microcosme au macrocosme, une sorte de modèle qui exemplarise les liens sociaux, tout en aidant aussi chacun, par la vertu de l’initiation, à plonger dans sa propre intériorité.

En ces temps troublés où tant de menaces planent voire déferlent, c’est ce bien commun républicain qui devrait faire socle et, au moins, nous inciter à nous garder des entraînements funestes et, pourquoi pas, à nous approprier ce verset de la Bible (Exode 23:2) dont le physicien et philosophe, également prix Nobel de Littérature, Bertrand Russell avait fait sa devise :

« Tu ne suivras point la multitude pour faire le mal. »

Rappel essentiel, s’il en est : pour accomplir réellement sa destinée au service des hommes, il ne suffit pas de faire le bien quand l’occasion s’en présente et cette occasion n’est pas rare si l’on exerce sa vigilance sur tous les plans ; il faut encore renoncer à faire le mal. Je dis bien “renoncer” car nous sommes prompts à réagir de la sorte, soit pour nous venger ou nous protéger, soit pour défendre ou promouvoir des intérêts. Ayons à l’esprit cette relation élémentaire d’homonymie :

La voie de la paix passe par la voix de la paix.

La Fondation GLNF déclenche son Fonds d’Urgence : un appel solidaire face aux incendies dévastateurs

Alors que les flammes continuent de ravager des régions françaises, un cri d’alarme résonne avec force : la Fondation de la Grande Loge Nationale Française (GLNF) a activé son Fonds d’Urgence pour soutenir les courageux membres du DIFF – Détachement Intervention Feux de Forêt – face aux incendies incontrôlables qui frappent l’Aude, l’Occitanie et la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA).

Initiée le samedi 9 août 2025 à 20h00 par Yves Pennes, Président de la Fondation GLNF, cette mobilisation urgente intervient dans un contexte de crise écologique et humaine sans précédent.

Cet article explore les détails de cette action fraternelle, les témoignages du terrain, et l’appel pressant à la solidarité citoyenne et entrepreneuriale pour équiper dignement ceux qui risquent leur vie au front.

Une réponse immédiate à une catastrophe sans précédent

Le samedi 9 août 2025, à 20h00, face à l’ampleur des incendies qui dévastent l’Aude et menacent de s’étendre à d’autres régions, Yves Pennes, Président de la Fondation GLNF, a pris une décision décisive : activer le Fonds d’Urgence. Ces feux, attisés par des vents changeants et une chaleur persistante, ont transformé des paysages en brasiers, mettant en péril des vies, des maisons et des écosystèmes. Dans un message empreint d’émotion et de devoir, Pennes déclare :

« Nos maisons brûlent. Ces femmes et ces hommes luttent avec courage pour protéger nos proches. Ce pourraient être nos propres maisons pour lesquelles ils risquent souvent leur vie. Nous ne pouvons pas regarder ailleurs. Nous devons faire levier : les soutenir maintenant est notre devoir. »

Ces mots traduisent l’urgence d’une situation où chaque minute compte pour sauver des vies et préserver des foyers.

Un soutien concret au DIFF

Dès l’activation du fonds, une première enveloppe de 15 000 € a été versée à l’association DIFF, une organisation de bénévoles dédiée à l’appui des pompiers dans les situations critiques. Ces fonds permettent de remplacer 15 combinaisons complètes, essentielles pour protéger les « soldats du feu » dans des conditions extrêmes. Chaque combinaison, comprenant veste et pantalon ignifugés, chaussures, cagoules, casques et gants, coûte 340 € après réduction fiscale de 66 % pour les particuliers (soit un don de 1 000 €). Cette initiative illustre la devise « À situation exceptionnelle, décisions exceptionnelles », soulignant l’engagement de la GLNF à agir avec rapidité et efficacité.

Témoignages du terrain : une mobilisation fraternelle

Joris M., un acteur clé du DIFF et lanceur d’alerte auprès de Yves Pennes, dresse un tableau alarmant de la situation sur le terrain. Il décrit un environnement sous haute tension : des vents imprévisibles, une chaleur accablante, et des départs de feu multiples qui compliquent les interventions. Les équipements, souvent usés jusqu’à la corde, exposent les bénévoles à des risques accrus :

« Dans les cas les plus héroïques, certains partent au feu avec des combinaisons usées et des outils défaillants. »

Avec 140 bénévoles mobilisés, le DIFF, habitué à intervenir mondialement, se trouve aujourd’hui confronté à une crise nationale presque ingérable. Le bilan humain s’alourdit, avec un pompier grièvement blessé ces derniers jours, renforçant l’urgence d’équiper ces héros au mieux.

L’Impact de votre don : une différence immédiate

Chaque contribution, même modeste, joue un rôle crucial. Un don de 1 000 € permet d’offrir une combinaison complète, protégeant un pompier des flammes et lui donnant une chance de revenir sain et sauf. Les fonds collectés via le Fonds d’Urgence sont exclusivement dédiés à l’achat d’équipements de protection et de matériel opérationnel, prioritairement pour le DIFF et les équipes engagées sur le terrain. La Fondation GLNF s’engage à une transparence totale : les donateurs recevront des mises à jour sur les achats réalisés et leur impact direct, renforçant la confiance dans cette cause vitale.

Un appel à l’action : chaque minute compte

La Fondation GLNF lance un appel pressant à la solidarité. Que vous soyez un particulier ou une entreprise, votre soutien peut faire la différence. Pour les particuliers, un don de 1 000 € est réduit à 340 € après déduction fiscale de 66 %, tandis que les entreprises bénéficient d’une réduction de 60 %. En quelques clics sur glnf.iraiser.eu/fonds-d-urgence/~mon-don, vous pouvez équiper un pompier supplémentaire et contribuer à sauver des vies. Les entreprises sont également invitées à mettre en place des dons dédiés ou un mécénat d’urgence, amplifiant l’effort collectif.

Un devoir maçonnique et humain

Grande Loge Nationale Francaise GLNF Siege social 12 rue Christine de Pisan Paris 17e Photo : Yonnel Ghernaouti
Grande Loge Nationale Francaise GLNF Siege social 12 rue Christine de Pisan Paris 17e Photo : Yonnel Ghernaouti

Cet engagement s’inscrit dans la mission humanitaire de la GLNF, qui transcende les frontières maçonniques pour embrasser une solidarité universelle. La Fondation, reconnue d’utilité publique, agit sans distinction de croyance, de race ou de sexe, en ligne avec la Déclaration universelle des droits de l’homme. Pour les maçons, cette action résonne avec les valeurs de fraternité et de service, un écho aux enseignements des rituels où l’aide aux autres est une quête sacrée. En soutenant le DIFF, la GLNF réaffirme que son rôle ne se limite pas aux temples, mais s’étend aux champs de bataille contre les éléments déchaînés.

Une lueur d’espoir dans la tourmente

Sous ce ciel d’août 2025, où la fumée obscurcit l’horizon, l’initiative de la Fondation GLNF brille comme une lueur d’espoir. Alors que les incendies continuent de menacer, chaque combinaison offerte, chaque outil fourni devient un bouclier contre le désastre. Que cet appel à la générosité inspire une vague de solidarité, unissant citoyens, entreprises et maçons dans un effort commun pour protéger nos terres et nos héros. Agissez maintenant : chaque don est un pas vers la victoire sur les flammes !

Noé et l’Initiation maçonnique

La figure de Noé resurgit comme une lumière guidant les francs-maçons dans leur quête intemporelle de vérité et de perfectionnement. Loin d’être une simple relique biblique, ce personnage, célébré dans l’Ancien Testament, incarne une leçon puissante sur la présence, la conscience et la transformation – des valeurs au cœur de l’initiation maçonnique.

À travers l’étude de Noé et des Sept Lois qui portent son nom, cet article explore pourquoi ce héros fascine les loges, tout en soulignant l’importance de ne pas se laisser enfermer par les habitudes ou les traditions figées. Préparez-vous à plonger dans une réflexion captivante, où l’histoire sacrée rencontre la philosophie maçonnique dans un élan de renouveau spirituel !

Le travail maçonnique : une opportunité, pas une obligation

Avant d’entrer dans le vif du sujet, clarifions une idée essentielle : le travail maçonnique n’est pas une contrainte, mais une chance offerte à chacun de se perfectionner, individuellement et collectivement. Il ne s’agit pas de briller par des discours pompeux ou des envolées littéraires, souvent creuses, mais de cultiver une parole sincère et un engagement profond. L’art de la rhétorique, l’une des sept sciences libérales des anciens, devient alors un outil précieux. Dans le temple, chaque parole doit éclairer, chaque mot doit refléter une pensée mûrie. Comme le dit un adage maçonnique : « Celui qui écrit construit un château, et celui qui lit y habite. » Écrire ou parler, c’est ériger des ponts vers la lumière, un devoir que les francs-maçons doivent honorer avec humilité et rigueur.

La liberté de pensée : le rempart contre l’esclavage

René Descartes

Parallèlement, la franc-maçonnerie se doit de défendre la liberté humaine, notamment la liberté de pensée et d’expression, des piliers qui garantissent la dignité de l’esprit. Dans un monde où exprimer une opinion devient un acte audacieux, ce combat prend une urgence nouvelle. Descartes l’a résumé avec génie : « La seule certitude est que je doute, et si je doute je pense, et si je pense alors j’existe. » Cette liberté, loin d’exiger un consensus, invite à des dialogues tolérants où la vérité – ou du moins sa version la plus lumineuse – émerge des échanges. Elle nous pousse à dépasser nos croyances, à accueillir la raison avec bienveillance, même sans promesse de victoire mutuelle. La gentillesse, si elle peut être sélective chez l’individu, trouve son épanouissement dans le collectif, où le pardon et la compréhension prévalent.

Qui était Noé ? Une figure au cœur de l’initiation

Mais pourquoi la franc-maçonnerie s’intéresse-t-elle à Noé ? Pour répondre, remontons aux origines. Noé, dont le nom hébreu signifie « repos » ou « soulagement », apparaît dans la dixième génération après Adam, fils de Lamec et petit-fils de Mathusalem. Selon la Genèse, il fut choisi par le Grand Architecte de l’Univers – Dieu dans la tradition judéo-chrétienne – pour construire une arche et sauver l’humanité d’un déluge annoncé. Cette histoire, narrée dans le Livre d’Hénoch, raconte comment Mathusalem, troublé par l’apparence surnaturelle de Noé – un « fils d’ange » selon certains – consulta Énoch. Ce dernier prédit un cataclysme pour punir les anges déchus ayant engendré des géants, et désigna Noé comme le sauveur de la création.

Pendant 40 jours et 40 nuits, les eaux purifièrent la terre, un mikvé rituel géant selon la Kabbale, lavant la corruption spirituelle des hommes. Noé, juste et dévoué, guida sa famille et les animaux vers un nouveau commencement. Mais au-delà du récit, que nous enseigne-t-il ? Était-ce sa piété ou sa nature hybride qui lui valut ce privilège ? Ces questions restent ouvertes, invitant à une réflexion sans fin.

Les 7 Lois de Noé : un code universel

Après le déluge, Noé devint l’ancêtre de l’humanité, et avec lui émergèrent les Sept Lois de Noé, un code moral universel transmis aux Noachites, terme maçonnique désignant les non-initiés respectueux de ces principes. Ces lois, simples mais profondes, sont :

  • Avodah Zarah : Ne pas pratiquer l’idolâtrie.
  • Birkat HaShem : Ne pas blasphémer.
  • Shefichat Damim : Ne pas tuer.
  • Gezel : Ne pas voler.
  • Gilui Arayot : Ne pas commettre d’immoralité sexuelle.
  • Ever Min Ha-Chai : Ne pas maltraiter les animaux (sauf pour la nourriture).
  • Dinim : Établir des lois justes et honnêtes.

Une huitième loi, implicite, encourage la charité et les actes de bonté. Ces préceptes, visant à instaurer une moralité universelle, résonnent avec les idéaux maçonniques de justice, d’éthique et de fraternité. Comme le souligne la Kabbale, le déluge fut une purification, ouvrant une nouvelle conscience spirituelle, un parallèle saisissant avec l’initiation maçonnique, où l’initié renaît à une vie éthico-philosophique.

Noé et la Franc-maçonnerie : un symbole de transformation

Pourquoi étudier Noé en loge ? La franc-maçonnerie, définie comme

« une science morale voilée par des allégories et illustrée par des symboles »

trouve en lui un miroir de ses valeurs. Sa construction de l’arche symbolise l’engagement et le dévouement, les eaux du déluge représentent la purification, et son rôle post-cataclysme incarne la tolérance et le développement spirituel. Cette initiation collective, comparée au mikvé, reflète le processus maçonnique : une alchimie intérieure qui transforme l’âme, bien au-delà de la « coquille » extérieure. Comme l’affirme un adage maçonnique :

« Il n’y a pas de chemin des ténèbres à la lumière sans engagement, dévouement, tolérance et purification préalable. »

Noé, prédicateur de justice, rappelle aux maçons leur devoir de combattre l’orgueil, la vanité et l’égoïsme, tout en soutenant les pauvres et les opprimés. Les Sept Lois de Noé, en exigeant des systèmes justes, s’alignent sur l’idéal maçonnique d’une société harmonieuse.

Une conscience vivante pour un avenir maçonnique

En 2025, alors que les défis modernes – technologie, pluralisme, crises sociales – redéfinissent la société, la franc-maçonnerie doit s’inspirer de Noé pour renaître. Cela signifie sortir des temples pour investir les places publiques, mêler les rituels à l’art contemporain, inviter des voix extérieures et créer des expériences interactives. Comme Noé a surmonté le déluge avec foi et action, les maçons doivent dépasser les habitudes pour habiter chaque instant avec conscience et rectitude, guidés par le fil à plomb symbolique.

Noé n’est pas qu’un personnage d’étude ; il est un appel à la transformation. En abandonnant le pilote automatique des traditions, la franc-maçonnerie peut redevenir une lumière vive, un espace où la vérité émerge du dialogue et où chaque frère ou sœur porte la responsabilité d’un renouveau éthique. Sous ce ciel d’août, que cette leçon résonne dans les loges : la vraie initiation est un acte de présence, un engagement à renaître sans cesse !

Un voyage maçonnique dans le sens profond de la construction et de la démolition

De notre confrère italien expartibus.it – Par Rosmunda Cristiano

Le proverbe napolitain « Chi fraveca e sfraveca nun perde tiempo » (Ceux qui font des erreurs n’ont pas de temps à perdre) détient une sagesse ancienne qui trouve un puissant écho dans les traditions maçonniques et ésotériques. Dans son apparente simplicité, ce dicton résume le sens du travail incessant, de l’engagement constant et de la valeur de l’expérience, même lorsqu’elle semble contrecarrée par un échec apparent ou par la nécessité de tout recommencer.

Un vrai Maçon sait que chaque acte, chaque tentative, chaque construction et même chaque destruction sont des étapes indispensables vers la croissance intérieure et la recherche de la Lumière. Rien n’est vraiment vain. Rien n’est du temps perdu.

La voie maçonnique repose sur le travail continu de sa propre pierre brute, qui représente l’être humain imparfait, avec ses passions, ses limites et ses vices. L’objectif de l’initié est de la transformer en une pierre cubique, symbole de perfection, d’équilibre et d’harmonie.

Mais quiconque travaille la pierre sait bien que, parfois, un faux pas oblige à tout recommencer. Ce processus de fravecatura et de non-fravecatura n’est pas un échec, mais plutôt un précieux apprentissage.

Comme l’enseigne la maçonnerie, c’est en sculptant, en commettant des erreurs et en corrigeant que la main s’affine et que l’esprit se purifie. Chaque fragment qui se détache de la pierre est une petite imperfection éliminée.

L’histoire d’Hiram Abif, l’architecte légendaire du Temple de Salomon, éclaire profondément ce thème. Hiram, maître sage et symbole de l’art de la maçonnerie, travailla avec dévouement à un projet grandiose, tout en sachant que sa vie serait menacée par ceux qui cherchaient à lui voler le secret de sa maîtrise. Lorsque ses trois compagnons l’attaquèrent, il garda le secret, restant fidèle à son serment jusqu’à sa mort.

Dans ce sacrifice, la légende nous enseigne que même ce qui semble être une destruction, la mort du Maître, est, en réalité, un passage vers un niveau supérieur de conscience. Fravecare – construire – et sfravecare – détruire – sont donc les deux faces d’une même médaille : celle de la perfection de l’Homme. Comme le montre l’art de la maçonnerie

Travail et silencetravail et silence.

colonnes

La patience dans la reconstruction après chaque erreur et la capacité de rester silencieux, d’observer et de méditer sur ses actions sont des qualités essentielles. Le Franc-maçon sait que chaque action est une brique posée dans le Temple intérieur. Même si un projet est interrompu, si une illusion s’effondre, ce n’est pas du temps perdu : l’expérience acquise devient le fondement de l’avenir. La Loge elle-même, avec sa forme rectangulaire orientée est-ouest, représente un chantier spirituel perpétuel. Chaque frère est à la fois architecte et ouvrier du Temple de l’Humanité.

Les piliers de Boaz et de Jakin, les trois Grandes Lumières et des outils tels que l’équerre et le compas : tous nous rappellent que le travail maçonnique est un processus dynamique. Il n’y a pas de point final définitif. Chaque séance rituelle est un acte de construction ; chaque méditation, un coup de ciseau. Chaque réflexion sur ses propres limites est une démolition d’obstacles intérieurs. Et, comme le dit une devise latine chère à la tradition :

De l’aspera à l’astra

C’est à travers les difficultés que nous atteignons les étoiles.

Le temps en tant qu’enseignant

Un maçon ne perd jamais de temps, car il sait qu’il est le premier Grand Architecte, le bâtisseur universel. Le rythme de la vie, tel le métronome d’un chantier sacré, nous guide pour respecter les étapes nécessaires de notre évolution.

Comme Hiram l’a dit à ses ouvriers :

Le Temple se construit un jour à la fois ; aucune brique ne peut être posée avant son heure.

Cette vérité nous enseigne que chaque attente, chaque pause, chaque révision du projet est une partie essentielle de l’Œuvre.

Construire et démolir comme actes initiatiques

Dans l’ésotérisme maçonnique, construire signifie donner forme à l’énergie spirituelle, tandis que démolir signifie se débarrasser de ce qui entrave la croissance. Cette alternance de bris et de débris est au cœur même de l’Initiation. Il n’y a pas de progrès sans destruction du superflu.

C’est pourquoi le Franc-Maçon ne craint pas les erreurs et ne se laisse pas décourager par les événements inattendus :

Tempus omnia revelat

Le temps révèle tout.

Même ce qui apparaît aujourd’hui comme un échec sera compris demain comme une étape précieuse sur le chemin. « Qui se brise la langue et se brise la langue ne perd jamais son temps » n’est pas un simple proverbe populaire : c’est une synthèse parfaite de l’art maçonnique et de la voie initiatique. Chaque construction et chaque destruction, dans le monde et en nous-mêmes, sont des pas vers la Lumière.

Le Maçon, comme Hiram, est appelé à s’engager sans relâche, à se sculpter, à ne pas avoir peur de recommencer.

Car, comme le dit la tradition :

Dans le travail virtus

La vertu réside dans le travail acharné.

Et seuls ceux qui travaillent sur leur propre pierre intérieure peuvent aspirer à ériger un temple digne de la Gloire du Grand Architecte de l’Univers.

Sortir du Temple : la vraie rupture urgente

La Franc-maçonnerie s’enorgueillit de ses Temples. Elle en polit les colonnes, en dose la lumière, en règle l’ordonnancement comme on veille sur un trésor immémorial. Là, nous bâtissons des cathédrales intérieures, degré après degré, dans la lente patience de l’initiation. Mais le Temple n’est pas une destination. Il est un seuil. On y entre pour apprendre, on en sort pour bâtir.

Et si nous n’en sortons pas, il deviendra un mausolée : magnifique, mais mort !

Dans « Une rupture urgente : vers une Franc-maçonnerie vivante », le constat était clair : nous nous essoufflons à force de nous contempler dans un miroir poli par les ans. Les ajustements cosmétiques ne suffisent plus. Varier le thème d’une conférence, ajouter un stand, rallonger un programme ne changera pas le fond du problème. Il faut une rupture totale : franchir le seuil et aller là où la vie bat, là où nos valeurs peuvent rencontrer des visages qui ne franchiront jamais d’eux-mêmes la porte d’un Temple.

Car à quoi sert-il de travailler à la perfection de l’humanité si nous ne côtoyons plus l’humanité réelle – celle qui rit, qui s’émeut, qui lutte, qui se trompe, qui cherche ? Rester entre nous, c’est cultiver un entre-soi confortable mais stérile. C’est laisser se creuser les déserts maçonniques : ces vastes espaces où notre présence est inexistante, où notre voix ne porte pas, où notre idéal ne se manifeste jamais.

Or, il existe un moyen simple, concret, éprouvé, de réinvestir ces espaces oubliés : participer aux forums associatifs de septembre.
Véritable manifestation phare de la rentrée, le Forum des associations rythme la vie locale par un programme d’animations, de rencontres et de démonstrations qui attirent chaque année un public nombreux. Pendant cette journée dédiée au dynamisme associatif, les stands se succèdent comme autant de visages de la cité : clubs sportifs, chorales, associations d’aide aux devoirs, collectifs environnementaux, groupes de théâtre…

Toute la diversité humaine et culturelle d’un territoire s’y concentre, dans un même lieu, le temps d’un rendez-vous unique.

Le public vient avec un esprit ouvert, curieux, prêt à découvrir et à s’engager. C’est un moment privilégié où les liens se tissent naturellement, où les barrières tombent, où la conversation s’amorce sans formalisme. Pour la Franc-maçonnerie, c’est l’occasion idéale de se montrer, de témoigner, de dialoguer, et de rappeler, par sa présence, qu’elle participe pleinement à la vie de la Cité

C’est là que nous devons être !
Non pas pour « recruter », mais pour témoigner de notre existence et de notre utilité.
Non pas pour dévoiler nos rituels, mais pour montrer nos actions :

  • nos fondations et fonds de dotation, qui soutiennent l’éducation, la recherche, la solidarité ;
  • nos associations caritatives, engagées pour la santé, la mémoire, l’inclusion ;
  • nos cercles culturels et/ou littéraires, qui organisent des rencontres ouvertes à toutes et à tous. Et surtout aux jeunes !

Un stand maçonnique – ou celui de nos structures associées – ne serait pas un guichet d’adhésion, mais une porte ouverte symbolique. Avec des brochures claires, des visuels simples, des témoignages vivants. Avec des Frères et des Sœurs capables de traduire nos idéaux en mots universels, de parler de valeurs avant de parler de symboles.

Certains craindront qu’une telle présence ne « banalise » la Franc-maçonnerie. C’est l’inverse qui se produira. Dans un désert, la moindre source devient précieuse. Dans un paysage public où nous sommes invisibles, notre simple apparition deviendra un événement. Non pour faire du prosélytisme – ce n’est pas notre vocation – mais pour rappeler que nous sommes partie prenante de la communauté humaine et que nous travaillons, avec d’autres, à son amélioration.

Les rares obédiences qui se sont risquées à cet exercice – souvent féminines, plus audacieuses en communication – en ont tiré des bénéfices tangibles :

  • des rencontres inattendues avec des personnes qui n’auraient jamais franchi le seuil d’un salon maçonnique ;
  • des invitations à intervenir dans des écoles, des associations laïques, des festivals locaux ;
  • une image plus claire, moins sujette aux fantasmes et aux caricatures.

Un forum associatif est une agora moderne : gratuite, régulière, institutionnalisée, où toutes les forces vives d’un territoire se présentent côte à côte. Refuser d’y être, c’est abandonner le terrain à d’autres discours – y compris ceux qui déforment le nôtre.

JEP 2025 - ministère de la Culture
JEP 2025 – ministère de la Culture

Et pourquoi ne pas aller plus loin, dans ce même mois de septembre ?

Quelques jours après les forums associatifs se tiennent les Journées européennes du patrimoine, dont le thème 2025 est « Patrimoine architectural ». L’occasion est parfaite pour inviter les curieux de nature à découvrir non seulement nos bâtiments – parfois des joyaux d’architecture et d’histoire – mais aussi le sens profond que nous donnons à ce patrimoine. Une manière de montrer que nos Temples ne sont pas des forteresses fermées, mais des espaces symboliques inscrits dans l’histoire, porteurs de savoir-faire artistiques, techniques et spirituels.

Ainsi, septembre pourrait devenir le mois où la Franc-maçonnerie sort vraiment de ses murs : d’abord sur les places publiques, au contact direct de la vie locale, puis en ouvrant ses portes aux visiteurs dans un contexte patrimonial, culturel et symbolique. Deux rendez-vous complémentaires, deux occasions de renouer avec notre vocation : éclairer, transmettre, bâtir.

La rupture urgente dont nous parlons depuis des années n’est pas un slogan. C’est un choix vital.

Car une lumière qui ne sort pas du Temple finit toujours par s’éteindre dans sa propre fumée.

Salons maçonniques de Lyon et de Bordeaux : « L’heure du grand remplacement ! »

Octobre 2025 s’annonce comme un tournant décisif pour la Franc-maçonnerie française, avec deux événements qui promettent de faire vibrer les amateurs d’ésotérisme et de réflexion philosophique. Le 4 octobre, à Villeurbanne, les Rencontres Culturelles Maçonniques Lyonnaises (RCML) déploieront leur charme discret : une journée intense, imprégnée d’atelier symbolique, où la lumière des initiations côtoie les débats sur la loi de 1905, ponctuée d’échanges avec quelques profanes curieux et d’un succulent mâchon lyonnais pour clore cette célébration fraternelle.

Bordeaux, pont Jacques Chaban-Delmas (source Wikimedia Commons).
Bordeaux, pont Jacques Chaban-Delmas (source Wikimedia Commons)

Puis, les 18 et 19 octobre, à Pessac, la Biennale Culturelle et Maçonnique de Bordeaux (BCMB) lèvera le rideau sur deux jours d’effervescence : des tables rondes sur le « vivre ensemble », des artistes en résidence, des élus passionnés, une librairie bien garnie et une convivialité débordante. Sur le papier, Lyon mise sur l’intimité, Bordeaux sur l’ampleur pluridisciplinaire – une danse de contrastes qui semble prometteuse.

Mais derrière ces affiches alléchantes se cache une réalité bien moins reluisante : ces salons, malgré leur faste apparent, tournent à vide. Ils attirent les initiés fidèles, quelques amis curieux, mais laissent la société

– cette vaste foule qui échappe aux cercles maçonniques – à l’écart, comme spectatrice d’un spectacle qui ne lui parle plus. Et si l’on creuse un peu, une vérité s’impose : le modèle du salon maçonnique du livre, tel qu’on le connaît, est essoufflé, à bout de souffle, condamné à tourner en rond dans un décor d’un autre temps. Accrochez-vous, car cette plongée dans les coulisses de ces événements pourrait bien changer votre regard sur l’avenir de la Franc-maçonnerie !

Un rituel qui se répète : Le plafond de verre maçonnique

Imaginez la scène : des stands alignés comme des sentinelles, des conférences qui s’enchaînent dans un ballet bien rodé, des questions-réponses où les mêmes voix s’élèvent, familières aux habitués. C’est le décor classique des salons maçonniques, un théâtre confortable où les initiés se retrouvent pour célébrer leur héritage, feuilleter des ouvrages ésotériques et trinquer à la fraternité. À Lyon, l’ambiance sera chaleureuse, presque familiale, avec ce mâchon lyonnais qui scelle la journée dans une odeur de saucisson et de vin. À Bordeaux, la 6e biennale offrira un éventail plus large : artistes, élus, débats citoyens, une vitrine qui semble ouverte au monde. Mais en réalité, ce monde reste à la porte.

Pourquoi ? Parce que ces salons ne parlent qu’à ceux qui maîtrisent déjà le code. Les profanes, ceux qui pourraient apporter un souffle nouveau, se heurtent à un langage codé, des références initiatiques qui les laissent perplexes, et une atmosphère qui, malgré les portes ouvertes, respire le « club fermé ». À Lyon, les échanges avec les non-initiés seront timides, limités à quelques curieux attirés par l’aura mystérieuse. À Bordeaux, les tables rondes, aussi nobles soient-elles, risquent de n’attirer qu’un public déjà convaincu, incapable de franchir le seuil symbolique qui sépare l’intérieur de l’extérieur. Résultat : ces événements deviennent des miroirs où les maçons se contemplent, se rassurent, mais ne s’ouvrent plus vraiment au-delà de leur cercle.

Le modèle du salon maçonnique : Une machine à bout de souffle

René Guénon

Il faut remonter dans le temps pour comprendre ce déclin. Le salon maçonnique du livre, dans ses grandes heures – disons il y a trente ou quarante ans –, était une révolution. À une époque où le livre régnait en maître sur la diffusion des idées, ces événements attiraient par la promesse d’érudition : conférences avec des penseurs comme René Guénon ou Jules Boucher, dédicaces d’ouvrages rares, débats sur les mystères de l’initiation. C’était une vitrine éclatante, un pont entre la Franc-maçonnerie et une société avide de savoir.

Mais aujourd’hui ? Le décor n’a pas bougé : stands poussiéreux, conférences en série, rituels convenus. La magie s’est éteinte, remplacée par une routine qui lasse même les plus dévoués.

Prenons Lyon – 16e Salon Lyonnais du Livre Maçonnique tout de même cette année ! – : une journée dense, oui, mais où l’on risque de revoir les mêmes visages, les mêmes thèmes ressassés sur la loi de 1905 ou les symboles du temple. Bordeaux, avec sa biennale ambitieuse, promet plus, mais retombe dans le piège du format classique : des tables rondes qui parlent de « vivre ensemble » sans jamais sortir des sentiers battus, une librairie qui attire les initiés mais laisse les néophytes indifférents. Ce modèle, conçu pour une époque d’imprimés et de conférences statiques, ne répond plus aux attentes d’une société connectée, avide d’expériences immersives et d’interactions en temps réel. Le salon maçonnique, tel qu’il existe, est une relique d’un âge d’or révolu, un bateau qui vogue encore, mais dont les voiles sont en lambeaux.

Une autocontemplation qui nous éloigne du monde

Conférence publique

La vérité est brutale : ces salons sont devenus des autoportraits. On y invite des profanes, on se félicite d’« ouvrir au public », mais en réalité, on les enferme dans un cadre qui ne leur parle pas. Le langage maçonnique, avec ses termes comme « colonne » ou « chaîne d’union », reste un mystère pour ceux qui n’ont pas franchi les portes d’une loge. L’ambiance, même festive, exhale une aura de club privé, où l’on se congratule entre initiés sans jamais vraiment tendre la main dehors. À Bordeaux, les artistes et élus pourraient être une ouverture, mais si le débat reste confiné à des experts maçonniques, le public extérieur risque de n’y voir qu’un écho de ses propres préjugés.

Ce repli sur soi est un danger mortel. Plus nous nous rassurons dans notre bulle, plus nous nous coupons de la Cité, cette société vibrante qui pourrait pourtant enrichir notre réflexion. Les salons actuels ne sont plus des fenêtres sur le monde ; ce sont des miroirs où nous nous admirons, persuadés que notre reflet suffit à nous rendre visibles. Mais hors des murs de Villeurbanne ou de Pessac, le monde continue de tourner, indifférent à nos rituels figés.

Une rupture urgente : vers une Franc-maçonnerie vivante

Face à cet essoufflement, une révolution s’impose. Pas de simples réformes cosmétiques – ajouter une conférence ou un stand supplémentaire ne suffira pas. Il faut oser une rupture totale, un saut dans l’inconnu pour faire vivre la Franc-maçonnerie dans l’espace public, là où bat le pouls de la société. Voici cinq pistes qui pourraient ranimer la flamme :

  • Quitter les salles closes pour les lieux de vie : Imaginez des événements en plein air, sur les places de Lyon ou dans les friches industrielles de Bordeaux, où les symboles maçonniques s’animent sous un ciel ouvert, accessibles à tous.
  • Mélanger les arts et les rituels : Pourquoi ne pas fusionner les tenues avec des performances de musique live, du théâtre immersif, de la danse contemporaine ou du street art ? Une loge qui vibre au rythme d’un DJ set pourrait captiver une nouvelle génération.
  • Ouvrir le dialogue avec des voix extérieures : Inviter des poètes, des activistes, des scientifiques – pas seulement nos auteurs maçonniques – pour des échanges spontanés, où les idées fusent sans filet.
  • Créer des expériences interactives : Transformez les visiteurs en acteurs ! Des ateliers où l’on construit un symbole, des débats participatifs où chacun vote en temps réel, des jeux immersifs qui font ressentir les valeurs maçonniques.
  • Proposer des expériences fortes : Organiser des marches symboliques dans la ville, des méditations collectives en public, des performances qui traduisent l’initiation en émotions brutes, avant même les mots.
Oubliettes (Crédit : Laurent Ridel)

Avec trois siècles d’histoire derrière nous, la Franc-maçonnerie risque de n’avoir plus que trois décennies d’oubli devant elle si elle persiste sur cette voie. Le temps presse, et les salons actuels, aussi précieux soient-ils pour les initiés, ne sont qu’un pansement sur une blessure plus profonde. Le livre et la conférence ont encore leur place, mais ils doivent s’intégrer dans une dramaturgie plus vaste, un spectacle vivant qui attire, surprend et transforme.

Un appel à l’audace

La Franc-maçonnerie ne doit plus se contenter de se dire : elle doit se montrer, s’immerger dans la Cité, prendre des risques. L’ouverture ne se mesure pas au nombre de portes entrouvertes lors d’un salon, mais aux pas que nous faisons dehors, vers un public qui ne nous attend pas forcément. Sinon, nos salons continueront de tourner en rond, comme des carrousels déserts, jusqu’à ce que même les initiés les délaissent. Octobre 2025 pourrait être le moment de tout changer :

Lyon et Bordeaux, au lieu d’être des échos du passé, pourraient devenir les étincelles d’un renouveau.

À nous de jouer – ou de disparaître dans l’ombre de notre propre histoire !