Harahachibu : la clé japonaise de la longévité et de la modération : Le harahachibu, ou hara hachi bun me (腹八分目), est une philosophie de la modération alimentaire profondément ancrée dans la culture japonaise. Ce concept, qui signifie littéralement « le ventre à 80 % », préconise de ne manger qu’à 80 % de sa capacité pour préserver la santé et la longévité. Originaire de la région d’Okinawa, réputée pour son taux élevé de centenaires, cette règle met l’accent sur l’équilibre et la prévention des excès dans l’alimentation quotidienne.
Le harahachibu est bien plus qu’une simple diète. Cette approche implique une écoute attentive de son corps, visant à arrêter de manger avant de se sentir complètement rassasié. En se basant sur le principe que la sensation de satiété atteint son pic quelques minutes après la fin du repas, ce modèle limite les excès et favorise un état de légèreté et de bien-être. En outre, cette habitude aide à réduire le stress sur le système digestif, permettant de vivre en meilleure santé plus longtemps.
Exercice et bien-être
En français, cette règle pourrait être interprétée par des expressions telles que « la modération est la clé de la santé » ou encore « la modération est le médicament ». Ce principe s’applique également à la consommation de viande, par la locution hara mo mi no uchi (腹も身の内), qui prône la limitation des protéines animales pour favoriser la durabilité des ressources et respecter les traditions culinaires japonaises.
Les bienfaits du harahachibu sont corroborés par de nombreuses études scientifiques. Il est prouvé que la restriction calorique modérée, sans privation excessive, peut réduire les risques de maladies chroniques comme le diabète, l’hypertension et les maladies cardiovasculaires. Ce concept inspire également un mode de vie basé sur la pleine conscience : au lieu de consommer en excès, le harahachibu valorise le respect du corps et de ses besoins réels.
Aujourd’hui, le harahachibu est salué par les nutritionnistes et experts en santé pour son efficacité simple et durable. À l’ère de la consommation excessive, cette philosophie rappelle les vertus de la modération et de l’équilibre, inspirant ceux qui souhaitent adopter une alimentation en harmonie avec leur bien-être et leur longévité.
Banquette et Salle de restaurant avec couverts dressés, table de repas
Le harahachibu, principe japonais de modération alimentaire, et les valeurs de la Franc-maçonnerie, trouvent une résonance surprenante. Bien que venant de cultures et de traditions très différentes, ces deux philosophies partagent un objectif commun : la recherche de l’équilibre, de la maîtrise de soi et du respect des ressources, qu’elles soient physiques ou spirituelles.
Harahachibu, littéralement « ventre à 80 % », est une règle japonaise qui conseille de ne manger qu’à 80 % de sa capacité pour préserver santé et longévité. Cet acte de restriction consciente est, pour les Japonais, une façon d’honorer le corps et de vivre en harmonie avec ses besoins, sans céder aux excès. La Franc-maçonnerie, de son côté, encourage ses membres à cultiver la tempérance, une des vertus cardinales de l’Ordre. La tempérance, dans ce contexte, est un exercice de modération non seulement dans l’alimentation, mais dans tous les aspects de la vie – pensées, actions, relations – pour atteindre un équilibre durable.
Un Homme en train de méditer à la montagne
La philosophie du harahachibu invite aussi à la pleine conscience, similaire à la démarche maçonnique d’introspection. Chaque repas devient un acte réfléchi, tout comme chaque décision ou comportement d’un franc-maçon est pensé pour être en accord avec ses valeurs et son parcours spirituel. La modération du harahachibu enseigne également la responsabilité envers soi-même et son environnement, rappelant les engagements maçonniques envers le respect des ressources de la Terre et la maîtrise des désirs matériels.
Les deux approches partagent aussi une vision de transformation. Pour les pratiquants de harahachibu, l’habitude de ne manger qu’à 80 % nourrit l’esprit de maîtrise et de longévité. En Franc-maçonnerie, les rituels et enseignements symboliques permettent aux initiés de transformer leur esprit, en limitant l’égo et en renforçant le respect de l’autre. Dans les deux cas, il s’agit d’un voyage vers la sobriété intérieure, où le bien-être personnel se marie avec une forme de respect et d’équilibre plus global.
Ainsi, harahachibu et Franc-maçonnerie rappellent que l’accomplissement personnel ne passe pas par l’abondance, mais par la discipline et la reconnaissance de ses propres limites. Une alliance subtile de sobriété et d’éthique, visant non pas à restreindre l’individu, mais à lui offrir une plus grande liberté et harmonie intérieure.
Selon l’historien Roumain Ioan Bolovan : La franc-maçonnerie agit lorsque l’État ne peut ou ne veut pas le faire. Un sujet très discuté dans l’espace public et notamment sur Internet est celui lié à la franc-maçonnerie. Un sujet qui a rassemblé de nombreuses opinions contre, mais aussi pour. Certains la considèrent comme une organisation occulte qui gouvernerait le monde et qui influencerait ses destinées, d’autres la perçoivent telle qu’elle est, une organisation qui ne vise qu’à promouvoir le bien dans le monde.
L’historien Ioan Bolovan, professeur d’université, directeur de l’Institut d’Histoire « George Bariţiu » de l’Académie Roumaine a interagi et travaillé sur de nombreux projets développés en collaboration avec les francs-maçons et la Grande Loge Nationale de Roumanie (MLNR).
« Je dois commencer par une précision, pour qu’il n’y ait aucun doute : je ne suis membre d’aucune loge maçonnique, mais je ne suis pas non plus contre ces organisations de la société civile. Donc, je n’en suis pas membre, mais je n’ai jamais eu de réserves pour approcher, collaborer avec les gens, avec les institutions. Et avec M. Adrian Crivii, nous avons un projet très important pour notre histoire et notre identité – la promotion des héros d’Apuseni, où l’Association culturelle Simion Bărnuțiu s’est massivement impliquée, logistiquement, matériellement, humainement, dans la création d’un site Internet pour voir l’histoire de cette partie importante de la Roumanie.
Au printemps, j’ai coordonné à Bistrita, avec la Grande Loge Nationale de Roumanie, un projet très important pour la communauté, une récompense avant tout symbolique, mais aussi matérielle pour les élites de Bistrita, c’est-à-dire ceux qui sont soit nés à Bistrita, soit accomplis dans un plan scientifique, économique, culturel, artistique, civique et démocratique dans la communauté locale.Les derniers articles sur Cluj24
L’Institut d’histoire George Barițiu de l’Académie roumaine, que je dirige depuis 5 ans, est pleinement ouvert à la collaboration personnelle avec les personnes, avec les institutions de l’État roumain, avec les institutions de la société civile, car la société civile est extrêmement importante, elle C’est ce que disait Hegel, il y a plus de deux siècles, que dans la société, trois choses comptent : l’économie, la démocratie et la société civile. Or, les associations franc-maçonniques constituent une partie importante de la société civile, qui agit lorsque l’État ne peut ou ne veut pas résoudre un problème. De tant de projets caritatifs que je connais personnellement, dans lesquels les associations franc-maçonniques de Cluj avec lesquelles j’ai eu des contacts, celles de Bistriţa, ont résolu des situations limites, dramatiques, pour lesquelles l’État n’a pas trouvé de solutions. Pour envoyer se faire soigner à l’étranger, pour trouver d’autres moyens de tendre la main là où des dizaines de mains désespérées lui ont demandé de l’aide.
Ensuite, j’aime penser que nous partageons les mêmes valeurs. J’ai été invité à présenter une conférence également à Bistriţa, mais aussi à Cluj, sur le patrimoine culturel et historique, sur l’identité nationale. Le mécanisme démocratique qui gouverne cette partie de la société civile, qu’est la franc-maçonnerie, a les mêmes valeurs, partage les mêmes principes avec lesquels je ne peux être en désaccord. Ensuite, pour tous ceux qui ont encore des doutes sur mon affiliation ou non-affiliation, je pense que cette clarification est suffisamment complète pour justifier, d’une part, ma présence ici », a déclaré le Prof. Dr. Ioan Bolovan, à l’occasion de le lancement du livre « Izso Diamant si Industria Sârmei Câmpia Turzii Mémoires d’un entrepreneur franc-maçon (édition critique en roumain par Attila Varga et Adrian Crivii) », un livre publié par les maisons d’édition Argouanut/Mega et qui a été lancé au Transylvania International Book Festival (FICT).
Qu’est-ce que la franc-maçonnerie ?
Pour comprendre ce qu’est la franc-maçonnerie, nous présentons également quelques idées et extraits rendus publics par le MLNR.
« La franc-maçonnerie est l’une des plus anciennes sociétés fraternelles. Les données ci-dessous tenteront d’expliquer la manière dont la Franc-maçonnerie est pratiquée par la GRANDE LOGE NATIONALE DE ROUMANIE, la Grande Loge qui administre toutes les Loges régulières sur le territoire de la Roumanie. (…) La franc-maçonnerie ne peut en effet être définie en quelques phrases. La franc-maçonnerie est le plus souvent considérée comme un système de morale allégorique, illustré par des symboles. Il est vrai cependant que cela représente bien plus. On peut parler de la franc-maçonnerie comme d’un cours de morale, qui fait appel à l’allégorie et au symbole, mais, en plus de ce sens, la franc-maçonnerie est aussi une société organisée, une institution avec des règles clairement définies. (…)
Cultivant parmi ses membres les principes de responsabilité, de moralité et de vérité, la franc-maçonnerie encourage les francs-maçons à suivre dans la vie de tous les jours les leçons apprises lors des rituels allégoriques, rituels soigneusement préservés au fil des siècles.
(…)
La condition essentielle pour être accepté dans l’Ordre est la croyance en la Divinité – génériquement appelée le Grand Architecte de l’Univers – et en l’immortalité de l’âme. Depuis ses débuts, la franc-maçonnerie a suivi et suit systématiquement les trois grands principes, respectivement :
AMOUR FRATERNEL – tout vrai franc-maçon fera preuve de tolérance et de respect pour les opinions de ses semblables et se comportera en toutes circonstances avec bienveillance et compréhension envers chaque être humain.
AIDE – chaque franc-maçon apprend à pratiquer cette vertu, non seulement pour les membres de sa famille, mais aussi pour les membres de la société dans laquelle il vit, principe qui doit être suivi par des efforts individuels. Le sort des orphelins, des souffrants et des personnes âgées est une préoccupation permanente des membres de l’Ordre depuis l’Antiquité.
LA VÉRITÉ – constitue pour les francs-maçons la pierre de touche de leur formation, ce principe doit prévaloir en toute circonstance.
Les francs-maçons croient fermement que la transposition de ces trois principes dans la vie est le seul moyen d’atteindre les normes comportementales les plus élevées de la vie de chaque être humain.
La franc-maçonnerie n’est pas une société secrète, puisque chaque Grande Loge Régulière est une institution légalement constituée, officiellement reconnue et fonctionnant conformément à la législation de chaque pays.
La franc-maçonnerie est une société discrète et non secrète. Les seuls « secrets » cultivés dans l’Ordre sont ceux liés aux rituels et aux modes de reconnaissance entre Frères, ces « secrets » relevant plutôt de la tradition.
Les principes, symboles et coutumes spécifiques, ainsi que les objectifs de l’Ordre, sont publics, et si certains problèmes internes ne sont pas rendus publics, cette attitude fait partie de la normalité de l’attitude de toute association dans le traitement de ses affaires internes avec une dose de discrétion. Le statut de la Grande Loge nationale de Roumanie est public, étant inscrit au Registre national des personnes morales sans but patrimonial, et la Grande Loge nationale de Roumanie est reconnue par le gouvernement de Roumanie comme association d’utilité publique.
Cluj récompensé par le MLNR
Au moins ces dernières années, le MLNR s’est plus fortement ouvert à la société et mène de nombreux projets publics.
L’un des projets les plus célèbres est le FUTUR DE LA ROUMANIE – PROGRAMME NATIONAL DE CONFÉRENCES ET DE DÉBATS. Le projet se déroule au niveau national à travers une série de conférences animées par des conférenciers de renom, spécialistes incontestables dans leurs domaines d’activité professionnelle, domaines qui recoupent les thèmes abordés par chacun des grands thèmes du projet. Gala des PRIX M:.L:.N:.R:.
Un autre grand projet est le Gala des MLNR Awards, organisé en collaboration avec l’Académie roumaine, un projet qui vise à promouvoir et à récompenser l’esprit créatif, innovateur et inventif du peuple roumain dans des domaines vitaux pour notre destin collectif, tout en souhaitant également encourager les jeunes. de suivre cette voie, en leur offrant des repères précieux en ce sens.
Chaque année, le MLNR, lors d’une célébration organisée à l’Académie roumaine, décerne sept prix de 5.000 à 10.000 euros chacun, à des personnalités représentatives du domaine d’activité respectif.
Lors des huit éditions jusqu’à présent, les habitants de Cluj ont également été récompensés. Parmi eux, nous citons : Le Prix de Médecine « Carol Davila » a été décerné au Prof. Dr. Dafin Fior Mureşanu ; PRIX GRIGORE MOISIL – Académicien EMIL BURZO, qui a publié en 2013, comme auteur unique, aux prestigieuses Maisons d’édition SPRINGER dans le cadre du projet « Matière condensée. Propriétés magnétiques des composés inorganiques non métalliques à base d’éléments de transition », 2 volumes de 307, respectivement 490 pages, sous le titre « Tectosilicates » LANDOLT-BOERNSTEIN HANDBUCH ; PRIX CAROL DAVILA DE MÉDECINE – Lauréats : Mircea GRIGORESCU, Alexandru IRIMIE, Mircea BEURAN. Ouvrage : « Traité d’oncologie » ; PRIX NICOLAE TITULESCU POUR LA DIPLOMATIE ET LA SCIENCE POLITIQUE – -Prof. Univ. Dr. Vasile PUȘCAȘ Article : « Négociations de partenariats.
De nombreuses personnalités du monde et de la Roumanie étaient des francs-maçons. Nous en citons quelques-uns : René Descartes, Isaac Newton, Voltaire, Benjamin Franklin, Johann Wolfgang Goethe, Wolfgang Amadeus Mozart, Nicolae Bălcescu, Mihail Kogălniceanu, Alexandru Vaida Voevod, Sever Frentiu, Nicolae Titulescu, Bogdan Petriceicu Hasdeu, Vasile Alecsandri.
« Horloge ! Dieu sinistre, effrayant, impassible. Dont le doigt nous menace et nous dit « Souviens-toi ! (…) »
Rhôôô ! C’est systématique ! J’oublie à chaque changement d’heure qu’il va falloir avancer ou reculer d’une heure chaque montre et horloge selon que l’on est en automne ou au printemps ! Sauf le téléphone portable, qui se met automatiquement à l’heure, évidemment. Comme il est intelligent ! Mais changer d’heure, c’est comme faire faire un tour de manège à notre horloge biologique en sachant qu’il n’y a pas de pompon à décrocher si ce n’est la bousculade de notre rythme naturel…
C’est pour ça, que se lever trop tôt, peut être déception pour toute cette heure qu’on aurait pu mettre à profit à rêver ou, ce peut être culpabilité pour cette heure où on s’est prélassé au lieu de bien démarrer la journée… Qui comme on sait « appartient à ceux qui se lèvent tôt ! ». Tôt ou tard, il n’en demeure pas moins, qu’il est toujours temps de se lever et remettre les pendules à l’heure ! 😉
Le temps, que l’on appréhende en franc-maçonnerie de manière symbolique est à la fois cadre de référence tangible et à la fois concept. Il renvoie pour chaque initié à la progression spirituelle et l’évolution personnelle, entre autres…
Que le monde temporel des francs-maçons est fascinant ! Si nous nous repérons grâce au calendrier grégorien, de l’ère vulgaire, notre grande sagesse a inscrit notre système de datation dans la vraie lumière, que l’on ne voit pas pour le coup, comme une onde électromagnétique, puisque c’est une référence à la création du monde, 4000 ans avant J.C., c’est-à-dire à une époque où les horloges n’avaient pas encore été inventées et l’histoire était à peine écrite, sauf à considérer l’écriture cunéiforme des sumériens…
Ajoutons donc 4000 ans à notre année vulgaire. Dans ce cas, le samedi 26 octobre 2024 n’était pas le 26 octobre 2024 mais le 26e jour du 8e mois de l’année de vraie lumière 6024 ! Ah oui, si on ajoute 4000 ans, il faut aussi reculer le démarrage de l’année au 1er mars… Si, à cela, on considère le changement d’heure, qui a eu lieu dans la nuit du samedi au dimanche, il est à parier que certaines agapes aient été prolongées… Simple ! Le changement d’heure et les systèmes de datation tiennent évidemment compte du mouvement des astres (ah ?)… Respect pour les astrologues 🙂 Qu’il serait bon de savoir décrypter le ciel à midi ou à minuit… Sans téléphone portable !
La référence est bien la création du monde et nos rituels intègrent l’importance du temps symbolique, de midi à minuit, en loges bleues du moins et indépendamment de toute considération de changement d’heure, qui n’était d’ailleurs qu’initialement fixée dans les années 1970 (crises pétrolières obligent) que pour réguler les ressources énergétiques. Nous travaillons sans relâche, pour nous perfectionner, sur le chemin de la connaissance, de la lumière et de la vérité… Alors, même si on pense, en se tenant strictement à l’objet, que « même une pendule arrêtée donne l’heure exacte deux fois par jour », il suffit juste de changer les piles, la remettre à l’heure où changer de fuseau ! Et symboliquement être hors du temps où dans un temps sacré, hors et dans le monde à la fois, en changeant le regard…
« Vivre hors du monde tout en restant dans le temps, n’est pas à la portée de tout le monde ». Pierre DAC
Porter ses défunts, les garder près de soi, les orner ou les offrir aux vautours… autant de rituels qui nous semblent pour le moins insolites. Pourtant, comme les funérailles occidentales, ces pratiques visent un même but : donner du sens à ce dernier voyage.
Le respect dû aux défunts semble tenir de la loi sacrée, du devoir intemporel. Pas de société humaine sans rites funéraires, pourrait-on affirmer. Ils semblent répondre à deux impératifs. Le premier est sanitaire : éloigner la menace incarnée par la putréfaction d’un corps inanimé. Le second, spirituel. Ritualiser la mort permet de l’inscrire dans un récit, parfois religieux, qui la rend plus acceptable en lui donnant un sens.
Aussi immuables qu’ils paraissent, ces principes se traduisent de façons variées selon les cultures. Si la préservation du corps reste capitale dans les religions monothéistes, la destruction de l’enveloppe charnelle est au contraire indispensable dans les rites bouddhistes tibétains, par exemple, pour prolonger le cycle des réincarnations. Quant au besoin universel de perpétuer le lien avec les disparus, lui aussi nourrit des formes de dialogue très différentes. Les Torajas d’Indonésie ou certains Boliviens conservent ainsi leurs proches, en tout ou partie, à leurs côtés. Ces passerelles entre deux mondes peuvent s’emprunter dans la joie, comme au Mexique, voire dans la dérision, comme en Haïti, comme pour mieux se jouer, peut-être, de ce qui nous attend tous.
Haïti : le respect de l’irrévérence
Les 1er et 2 novembre, les Guédés réveillent les cimetières haïtiens. Incarnés par des adeptes du vaudou, ces esprits de la Mort et de la Résurrection ne font pas dans la discrétion. Poudrés de blanc, vêtus de noir et de violet, chevauchant parfois leurs serviteurs, ils multiplient les poses lubriques au son du rara, une musique traditionnelle, profèrent des obscénités et s’enduisent le corps de rhum pimenté.
Indonésie : une présence palpable
Sur l’île de Sulawesi, en Indonésie, le peuple Toraja, largement chrétien aujourd’hui, reste fidèle à une vieille pratique animiste. Le temps de pouvoir financer les funérailles d’un défunt, celui-ci reste à la maison, comme s’il faisait encore partie des vivants. Son corps, peu à peu momifié, est par la suite placé dans la cavité d’une falaise et régulièrement visité par ses proches. Lors du rituel Ma’nene, la dépouille est nettoyée, habillée et recoiffée.
Ghana : des cercueils éloquents
Depuis les années 1950, une coquetterie funéraire rencontre un succès fou chez le peuple Ga, dans la région d’Accra, la capitale : opter pour un cercueil représentant son métier ou ses rêves inassouvis. Les aspirants au voyage passent ainsi l’éternité dans un avion, les éleveurs de volaille… dans un poulet géant. Chacun ses ailes.
Japon : à prendre avec des baguettes
Dans le rite bouddhiste, les proches du défunt organisent plusieurs cérémonies pour guider son âme vers l’au-delà. Après la crémation, ils saisissent ainsi ses os, des pieds jusqu’au crâne, avec des baguettes, et les placent deux par deux dans une urne. Celle-ci est conservée dans le foyer familial avant d’être déposée dans un caveau.
Mexique : la fête des morts
El Día de los Muertos le « jour des morts » mexicain, est un moment de joie ! Les familles se retrouvent sur la tombe d’un proche pour la décorer, y allumer un cierge et partager les plats préférés du défunt. Héritière de la fête aztèque de hueymiccalhuitl, cette cérémonie est classée au patrimoine immatériel de l’Unesco depuis 2003.
États-Unis : sur un air de jazz
À la Nouvelle-Orléans, en Louisiane, le jazz est de mise même pour faire son deuil. De la sortie de l’église au cimetière, le cortège funèbre est ainsi accompagné d’une fanfare. Les airs solennels laissent peu à peu la place aux rythmes entraînants, célébrant la vie du défunt. Et tout le monde peut se joindre à ces « Jazz Funerals » !
Bolivie : permission de sortie
Lunettes de soleil, bijoux clinquants et cigarette entre ce qu’il leur reste de dents… Chaque 8 novembre, les ñatitas sont de sortie : ces « petits nez plats », des crânes conservés chez les proches de leurs anciens propriétaires, sont apprêtés et promenés dans les rues jusqu’au cimetière, avant d’être sagement rangés jusqu’à l’année suivante.
Chine : une lueur d’espoir
Quinze jours après l’équinoxe de printemps, les Chinois prennent part au qingmingjie, la « fête de la Clarté et de la Lumière », instituée « Journée nationale du nettoyage des tombes » en 1935. Ils déposent alors des offrandes, brûlent de l’encens et de faux billets sur la sépulture de leurs ancêtres. Un moyen de s’attirer leur bienveillance en prouvant leur piété filiale.
Tibet : monter aux cieux
Selon un rituel bouddhiste local encore très respecté, trois jours après son décès, le défunt est déshabillé, drapé de blanc et conduit sur une « aire de découpage ». Là, au son des prières et dans les volutes de fumée de pin et de cyprès, le corps est découpé, enduit de farine, de thé et de lait de yak, puis abandonné aux vautours. Affranchie de son enveloppe terrestre, l’âme pourra prendre son envol.
Bénin : les morts, le retour
Malheur au profane qui oserait s’immiscer dans la cérémonie secrète de l’égoun. Ce rituel, pratiqué à l’origine par l’ethnie Yoruba, consiste à faire revenir l’esprit d’un défunt parmi les vivants lors de rendez-vous réguliers ou pour le consulter. L’égoun-goun, l’esprit du mort associé à un esprit de la nature, prend alors forme humaine et se déplace au son des tambours, dans une riche parure. Là encore, attention : le toucher est réputé fatal.
Chez les francs-maçons
Les rites funéraires maçonniques varient selon les obédiences et les loges, mais voici quelques éléments généralement présents dans les funérailles d’un franc-maçon :
La cérémonie est souvent appelée « Tenue funèbre » ou « Tenue blanche fermée ».
Les frères se réunissent en loge, vêtus de noir avec leurs décors maçonniques.
Le cercueil est placé au centre de la loge, recouvert d’un drap noir sur lequel sont disposés les symboles maçonniques du défunt (tablier, gants, etc.).
Des bougies sont allumées autour du cercueil, symbolisant la lumière maçonnique.
Le Vénérable Maître dirige la cérémonie, qui inclut généralement :
Des lectures de textes maçonniques
Des hommages au défunt
Des moments de silence
Des chants ou de la musique
Un rituel spécifique peut être effectué, comme la « chaîne d’union » où les frères forment un cercle autour du cercueil.
Des symboles particuliers peuvent être utilisés, comme le rameau d’acacia (symbole d’immortalité).
À la fin de la cérémonie, les frères défilent devant le cercueil pour un dernier adieu.
Certaines obédiences pratiquent le « dernier voyage », où le tablier et les gants du défunt sont symboliquement brûlés.
La cérémonie se termine souvent par une agape fraternelle en mémoire du défunt.
Il est important de noter que ces rites peuvent varier et que certains francs-maçons choisissent des funérailles civiles ou religieuses traditionnelles, avec ou sans éléments maçonniques.
De notre confrère europe1.fr – Par Stéphane Bern, édité par Alexis Patri
« Esprit, es-tu là » ? Dans un numéro de « Historiquement vôtre » consacré aux personnages célèbres férus de spiritisme, Stéphane Bern fait le récit de la vie de Victor Hugo, et plus particulièrement de son attrait célèbre pour la chose. Invité d’Europe 1, le médecin légiste et anthropologue, Philippe Charlier, l’aide à éclairer cette passion occulte de l’homme de lettres.
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Nous sommes au mois de septembre 1854 sur l’île de Jersey, au large de la Normandie. Au loin, le vent souffle et de grandes vagues s’écrasent sur les plages de sable désertiques. Dans une maison isolée, face à la mer, Victor Hugo et un petit groupe de proches sont réunis autour d’une table. Très concentrés, ils attendent qu’un esprit venu de l’au-delà se manifeste. Les secondes passent, lentement. Soudain, ils sentent quelque chose. Ou peut-être quelqu’un.
Des bruits, quelques coups. Un étrange dialogue. C’est la mort qui leur parle. « Les époux charmants envolés dans le fleuve pensent à vous. Ils vous aiment, ils vous voient, ils vous attendent et vous gardent votre place dans l’immense baiser. » « La mort » parle là de la fille de Victor Hugo et son mari disparus quelques années plus tôt. La séance est interrompue par une visite impromptue, mais on imagine sans peine le désarroi, sans doute l’effroi, du petit groupe après ce dialogue avec la mort elle-même. Pourtant, Victor Hugo est un habitué de ces pratiques occultes. Depuis son arrivée sur l’île de Jersey, il a pris l’habitude de communiquer avec l’au-delà.
Retour au début de l’histoire
Mais revenons aux origines. Dès son plus jeune âge, Victor Hugo témoigne un grand intérêt pour l’écriture. À 14 ans, il écrit dans son journal : « Je veux être Chateaubriand ou rien ». Victor Hugo écrit de la poésie, du théâtre mais surtout, en 1831, à seulement 30 ans, il publie son premier roman historique, Notre-Dame de Paris, qui fait de lui l’un des auteurs les plus connus de France.
Côté cœur, le 12 octobre 1822, Victor Hugo épouse Adèle Foucher, une amie d’enfance. Ils auront en tout cinq enfants. Pourtant, on ne peut pas dire que le couple soit heureux en ménage. Victor Hugo entame une relation amoureuse avec Juliette Drouet, une comédienne qui devient sa muse, sa compagne de l’ombre.
Pour elle, Victor Hugo compose de poignants poèmes. Il écrit aussi des pièces de théâtre. Cromwell et Hernani font de Victor Hugo l’un des chefs de fil du romantisme, un courant artistique qui prône la sensibilité et l’expression des sentiments dans la littérature.
Le temps de l’exil vers Jersey
En 1841, après s’être présenté plusieurs fois sans succès, Victor Hugo est enfin élu à l’Académie française. Hélas, sa joie est de courte durée. Sa fille adorée Léopoldine, âgée de 19 ans seulement, meurt noyée avec son époux dans un accident de barque. Victor Hugo est en voyage quand l’accident se produit et il apprend la nouvelle en lisant les journaux. Il ne se remettra jamais de cette terrible perte.
Est-ce d’ailleurs pour rétablir un contact avec sa fille disparue trop tôt que Victor Hugo se tourne vers les mystères de l’au-delà ? Oui, mais sans doute aussi par ennui. En 1851, le Président Louis-Napoléon Bonaparte organise un coup d’État pour devenir l’empereur Napoléon III. Victor Hugo, qui est son plus farouche opposant politique, s’exile avec sa famille. Direction l’île indépendante de Jersey, située entre la France et l’Angleterre.
Sur place, il n’y a pas grand-chose pour se divertir, si ce n’est d’étranges histoires de fantômes. « Jersey est un endroit où il y n’avait vraiment beaucoup d’activités, mises à part quelques promenades », explique le médecin légiste et anthropologue Philippe Charlier au micro de « Historiquement vôtre ». « C’est quand même un endroit où l’on embêtait sec. Le spiritisme pouvait être un moyen de tromper son ennui », poursuit-il.
On raconte donc que la maison où Victor Hugo réside est hantée. Sur la plage, les nuits de pleine lune, un décapité errerait inlassablement à la recherche du repos éternel. La Dame blanche, une jeune femme infanticide apparaîtrait aussi de temps en temps sur les rochers. Il y a là de quoi enflammer l’imagination de l’homme de lettres.
Le spectre de sa fille Léopoldine
Au début de son exil, une amie en visite, la poétesse Delphine de Girardin, lui parle d’une science nouvelle qui ferait parler les morts. Victor Hugo, un peu perplexe mais poussé par sa fille Adèle, accepte de se prêter au jeu. Victor Hugo, sa femme, ses enfants, et quelques amis prennent place autour d’une table ronde sur laquelle est posé un guéridon à trépied. Delphine de Girardin demande à deux participants de mettre leurs mains à plat sur la table. « Posez vos questions, la table répond en frappant un coup pour oui, deux coups pour non », explique Delphine de Girardin. Rien ne se passe, pourtant Delphine de Girardin persévère. « Les Esprits ne sont pas des chevaux de fiacre qui attendent patiemment le bourgeois, mais des êtres libres et volontaires qui ne viennent qu’à leur heure », déclare-t-elle.
« Lorsqu’il découvre cette technique de dialogue avec les morts, Victor Hugo ne pense qu’à entrer en contact avec sa fille Léopoldine », décrypte le spécialiste Philippe Charlier, pour qui il y avait donc une vraie attente de la part de l’homme de lettre.
Sous l’impulsion de Delphine de Girardin, l’assemblée renouvelle l’expérience les jours suivants. Cette fois, un esprit se manifeste. Il s’agit de Léopoldine. La fille de Victor Hugo morte noyée dix ans auparavant, cherche à communiquer avec ses parents. Sous le choc, sa mère reste sans voix. Tout le monde pleure. Victor Hugo en est désormais persuadé, les esprits existent. Il écrit : « Voilà qui est prodigieux ! Il n’y a rien à répondre à cela. Je me déclare convaincu. » Pendant les deux années qui suivent, la famille Hugo interroge longuement et presque quotidiennement les morts.
Ils invitent des amis ou des connaissances à participer, mais un certain nombre d’en eux reste sceptique. Le 14 septembre 1853, Juliette Drouet, la maîtresse de Victor Hugo, lui écrit ces mots : « Quant à vos diableries j’y vois pour l’avenir plus d’inconvénient que de plaisir […] ce passe-temps a quelque chose de dangereux pour la raison, s’il est sérieux […] et d’impie, pour peu qu’il s’y mêle la moindre supercherie. »
Des esprits 5 étoiles
Mais Victor Hugo y croit dur comme fer. Il devient un enragé de ces séances de spiritisme qui lui permettent de parler avec de célèbres visiteurs venus de l’au-delà. Le casting fait rêver. Jésus Christ se manifeste, ainsi que Molière, Dante, Mozart ou encore Machiavel. « On peut ajouter Mahomet et le Masque de fer », précise Philippe Charlier. « Ce ne sont que des personnages célèbres, car il faut se mettre à la hauteur de Victor Hugo. Pour lui parler, on ne peut pas être n’importe qui. »
Le grand dramaturge William Shakespeare dicte à Victor Hugo une pièce directement en Français car « la langue anglaise est inférieure à la langue française ». Le poète André Chénier, guillotiné sous la Révolution, revient pour terminer plusieurs œuvres inachevées. « Dans le style c’est du Victor Hugo. Mais le spiritisme a dopé sa créativité », analyse Philippe Charlier.
Lors de certaines séances il arrive que le guéridon, guidé par un revenant, dessine. L’un de ces dessins a été conservé, et il est particulièrement impressionnant. On y voit une tête de cadavre, aux yeux vides, coiffée d’un chapeau, le sourire grimaçant et surdimensionné. A chaque séance de spiritisme, Victor Hugo consigne ses conversations avec les esprits dans des cahiers. Le résultat est saisissant. Des questions métaphysiques sont soulevées : un châtiment attend-il les méchants dans l’au-delà ?
« Victor Hugo finit par se lasser »
Les sceptiques ne manqueront pas de soulever que les esprits sont souvent d’accord avec les apprentis médiums : ils n’ont pas l’air d’apprécier la politique de Napoléon III, ennemi juré de Victor Hugo, mais chantent la gloire de ce dernier. Ils lui demandent aussi de reprendre la rédaction de son fameux roman Les Misérables ou d’écrire un poème. Ce sera Ce que dit la bouche d’ombre, dont voici un vers : « Le spectre m’attendait ; l’être sombre et tranquille. Me prit par les cheveux dans sa main qui grandit ».
Au cours d’une réunion, Jules Allix, l’un des participants, devient quasiment fou, victime d’une crise de démence. Les séances de spiritisme s’espacent. Sans doute aussi Victor Hugo se lasse-t-il d’explorer le monde de l’au-delà. A son départ de l’île de Jersey en 1855, il ne convoque quasiment plus les esprits chez lui. « Au bout de deux ans d’exercice, et en voyant les effets secondaires, Victor Hugo finit par se lasser de l’exercice, il en fait le tour », résume Philippe Charlier.
Des récits des séances en partie disparus
Victor Hugo revient en France après la chute de Napoléon III en 1870. Il est accueilli triomphalement en héros de la République. Successivement élu à l’Assemblée nationale puis au Sénat, il meurt finalement le 22 mai 1885, à l’âge de 83 ans.
C’est alors que la passion de Victor Hugo pour l’au-delà refait surface. Dans son testament, l’écrivain lègue le compte-rendu de ses séances de spiritisme à la Bibliothèque Nationale de France afin qu’il soit publié sous le nom du Livre des tables. Mais l’exemplaire unique, rédigé à la main par Victor Hugo, disparaît. Depuis, une partie seulement du livre est réapparue et a été publiée. « Elle se lit presque comme un roman », selon Philippe Charlier. Quant aux pages manquantes, elles ne sont pas prêtes de nous livrer leurs secrets.
Le Kaizen : l’art de l’amélioration continue au quotidien : Cette philosophie de gestion japonaise, révolutionne le monde du travail par sa vision unique de l’amélioration continue. En fusionnant les termes « kai » (changement) et « zen » (meilleur), le concept de Kaizen encourage à rechercher quotidiennement de petites améliorations dans tous les aspects d’une organisation. Souvent traduit par « amélioration continue », Kaizen signifie littéralement « changer pour le mieux » et propose une approche à la fois concrète et évolutive du progrès.
Plus qu’une simple méthode, le Kaizen représente un état d’esprit collectif, où chaque membre de l’équipe participe activement à l’optimisation des processus. Il repose sur l’idée que chaque action, même minime, peut contribuer à un meilleur résultat global. C’est un modèle qui s’éloigne des révolutions brutales et des transformations coûteuses pour privilégier des ajustements réguliers, simples, et peu onéreux, s’intégrant dans la routine de chacun. Ce système est appliqué dans de nombreux secteurs, allant de la fabrication industrielle à la gestion d’équipes en entreprise, car il valorise les solutions pratiques, pensées en fonction des réalités du terrain.
Kaisen en japonais
L’une des clés du Kaizen est l’implication de tous, de la direction jusqu’aux collaborateurs de première ligne, dans un esprit de collaboration et de respect mutuel. Cette méthode favorise la responsabilisation de chaque employé, les incitant à observer leur environnement de travail et à proposer des idées d’améliorations. Il n’est pas rare de voir des entreprises adopter des rituels Kaizen, tels que des « kaizen meetings », des réunions où chaque membre partage ses observations et suggestions, ou encore des tableaux de suivi pour mesurer l’efficacité des changements apportés.
La force de Kaizen réside dans sa capacité à transformer la culture d’entreprise. En instaurant un processus d’évaluation et de révision permanents, il rend le changement moins intimidant et plus accessible. Ce processus progressif permet d’adapter rapidement les pratiques en fonction des évolutions du marché ou des besoins de l’entreprise, tout en limitant les résistances internes.
Au Japon, le Kaizen est aussi considéré comme une philosophie de vie : un engagement à toujours chercher à s’améliorer, que ce soit dans la vie professionnelle ou personnelle. Aujourd’hui, cette méthode inspire des millions de personnes à travers le monde à repenser leur façon d’aborder les défis quotidiens. En valorisant l’humain et en s’appuyant sur des démarches concrètes, Kaizen prouve que la performance durable naît de petites actions, répétées jour après jour, avec constance et détermination.
À première vue, le Kaizen japonais, philosophie d’amélioration continue, et la Franc-maçonnerie, ordre initiatique occidental, semblent appartenir à des univers bien distincts. Pourtant, les deux partagent une vision commune : l’idéal du progrès constant, personnel et collectif, pour tendre vers un idéal d’harmonie et de perfection.
Le Kaizen repose sur la réalisation de petits changements au quotidien, qui, ensemble, créent des progrès significatifs. Son principe est simple : chacun, à son niveau, peut apporter des améliorations pour contribuer au bien commun, que ce soit dans une entreprise ou dans la société. C’est une philosophie qui encourage la remise en question des pratiques établies et privilégie l’implication de tous les acteurs. Cette dynamique de progression et d’auto-évaluation résonne avec l’engagement des francs-maçons, qui, à travers leur travail en loge, visent à « tailler la pierre brute » — une métaphore pour se perfectionner sans cesse.
Dans la Franc-maçonnerie, l’apprentissage passe par des rituels et des échanges qui incitent à la réflexion personnelle, à la recherche de la vérité et à l’amélioration de soi. Comme le Kaizen, elle valorise une transformation progressive, centrée sur l’individu mais avec une portée collective. Les francs-maçons sont encouragés à réfléchir, à observer le monde qui les entoure, et à trouver des moyens d’améliorer non seulement eux-mêmes, mais aussi leur environnement, dans une démarche altruiste.
Les valeurs d’humilité, de travail collectif, de respect et de quête de sens, chères au Kaizen, sont également présentes dans les loges. Les deux systèmes prônent l’autodiscipline et la persévérance, en développant chez leurs membres une forme de vigilance envers leurs actions et leurs conséquences. Chaque décision et chaque pas vers l’amélioration continue sont perçus comme un moyen de contribuer au bien commun, de façon pragmatique pour le Kaizen, et symbolique pour la Franc-maçonnerie.
Enfin, ces deux pratiques partagent l’importance accordée au rituel et au symbole. Dans le Kaizen, les réunions régulières, les « cercles de qualité », et les tableaux d’améliorations sont des moments structurants de la vie professionnelle. De même, la Franc-maçonnerie utilise le rituel comme cadre de réflexion et de partage, donnant aux francs-maçons un espace pour aligner leurs idéaux avec leur pratique quotidienne.
Ainsi, bien que le Kaizen et la Franc-maçonnerie soient ancrés dans des cultures différentes, tous deux proposent une approche holistique où chaque individu est invité à devenir la meilleure version de lui-même. En s’appuyant sur des pratiques qui valorisent le progrès régulier et collectif, ces deux philosophies rappellent que l’amélioration de soi est un voyage constant, où chaque pas compte pour bâtir un monde meilleur.
« Le divin Platon estime que l’âme céleste et immortelle meurt pour ainsi dire quand elle entre dans le corps mortel et terrestre, mais qu’elle revit quand elle en sort. Mais avant qu’elle quitte le corps par la loi de la nature, il est bon qu’elle en sorte par une certaine application à la méditation, lorsque la Philosophie, médecine des maladies humaines, purge et réveille au moyen de remèdes moraux, la petite âme ensevelie dans la boue pestifère des vices ».
Marsile Ficin.Grand humaniste de la renaissance (1433-1499)
La Franc-Maçonnerie, dans son imaginaire, se voit souvent l’héritière directe du siècle des Lumières, mais les historiens émettent quelques doutes sur ce « roman familial » : la participation de Maçons à ce mouvement est plus que limitée et les appartenances sociologiques de la Maçonnerie s’orientaient plutôt vers la noblesse, les hommes d’affaires, commerçants, certains ecclésiastiques, et des hommes attirés par cette nouveauté exotique venant du Royaume Uni (déjà !). L’attrait des banquets après les tenues et la mise à distance des femmes et du milieu familial y jouèrent aussi un rôle important ! Le sociologue et historien, Roger Priouret, évoque cette question avec bonheur (1). Les intellectuels philosophes, il faut le reconnaître, y étaient peu nombreux et les orientations politiques les plus « révolutionnaires » nourrissaient juste quelques sympathies pour une monarchie constitutionnelle « à l’anglaise » ! Nous retrouverons d’ailleurs durant la Révolution Française ce clivage dans les statistiques : le nombre d’exilés Maçons fut considérable (Servant d’ailleurs souvent dans les armées étrangères contre la Révolution et l’Empire !) alors que les Maçons révolutionnaires furent très rares et souvent suspectés et condamnés par la Révolution elle-même !
Un autre élément philosophique vient troubler le débat : on considère, souvent à tort, que le 18 em siècle joue un élément déterminent dans l’évolution des idées et que la Révolution est l’une de ses conséquences. En fait, cette évolution nous vient de plus loin : la Renaissance signe la fin d’un Moyen-Age chrétien en réintroduisant la philosophie antique en Europe, via le monde musulman, et la comparant à la théologie chrétienne qui était maître-d’oeuvre à penser de l’occident et ce, malgré des divisions internes qui menaçaient déjà l’édifice. La lecture des textes sacrés dans les langues d’origines, hébreu et grec notamment, va jouer un rôle fondamental dans la naissance de la Réforme protestante mais aussi donner naissance à tout un courant de « Libertinage érudit » qui va s’épanouir au 17e siècle. Courant proche de l’athéisme, qui va réintroduire la philosophie antique et s’en servir pour tenir à distance la théologie chrétienne. Les audaces des philosophes de cette époque rendent ternes celle du 18e siècle ! Il suffit pour s’en convaincre de lire, par exemple, les ouvrages de Gassendi, Théophile de Viau, Cyrano de Bergerac, Scaron, Ninon de Lenclos, Saint-Evremond (2).
Cette réhabilitation de la pensée antique va voir le jour en même temps que l’ « Humanisme » qui replace l’homme au centre du Cosmos et qui commence à prendre distance vis-à-vis de Dieu au profit d’un très important néo-platonisme. Souvent, et paradoxalement, ce sont des « hommes d’Eglise » qui seront à l’origine du mouvement. L’un des exemples les plus significatifs est sans doute celui de Marsile Ficin le toscan. Erwin Panofsky, grand spécialiste de l’art, en parlant du mouvement hérité de Marsile Ficin écrit (3) : « Ce qui rendit ce mouvement si irrésistible à tous les beaux esprits de la Renaissance, depuis les théologiens, les humanistes et les philosophes de la nature jusqu’aux hommes de mode et aux courtisans, est précisément ce qui déplaît aux historiens modernes de la science et de la philosophie qui limitent le concept de cette dernière à l’analyse de la connaissance et du connaissable, et celui de la première à l’analyse mathématique (ou à la précision) d’observations expérimentales : il a brouillé ou aboli toutes les barrières qui avaient maintenu les choses à part- mais aussi en ordre- durant le Moyen-Age, et qui devaient être érigées à nouveau, dans des conditions et avec des modifications dépendant de leur disparition temporaire, par Galilée, Descartes et Newton ».
I- UN DRÔLE DE PAROISSIEN !
« La philosophie use des instruments et dialectiques créés par ses propres mains pour découvrir le vrai dans la contemplation du réel, l’honnête par l’usage du réel et le bien dans l’un et l’autre. Aussi communique t-elle maints principes de contemplation, maints préceptes d’actions et maintes instructions communes aux deux, mais de cet ensemble, une chose me paraît essentielle que je vais souligner : la fin est autant supérieure aux réalités qui s’y réfèrent que le maître l’est aux serviteurs »
Marcile Ficin (Lettre à Giovanni Cavalcanti)
II- CHEMIN FAISANT AVEC PLATON, PLOTIN, JESUS CHRIST ET LE PRINCIPE !
« Comment se fait-il que rien ne soit plus obscur que la lumière, quand il n’y a pourtant rien de plus clair, puisqu’elle élucide et fait connaître clairement toutes choses ? »
Marsile Ficin
Statut de Platon assis en marbre blanc devant un chapiteau de Temple
Marsile Ficin est, dès sa jeunesse, fasciné par Platon. Son époque, parfaitement néo-platonicienne, ne fait que l’encourager dans ce sens. Il va y ajouter une parfaite connaissance de Plotin par la suite. Chez ce dernier, c’est le désir de l’unité est prioritaire : contempler signifie se chercher et se trouver sois-même dans l’être contemplé (ce qui sera développer par Emmanuel Levinas dans le miroir du visage de l’autre), mais nous devons aborder la contemplation à divers niveaux : du vivant le plus humble jusqu’à l’Intellect divin. Il écrit : « La contemplation part de la nature pour remonter à l’âme, puis de celle-ci vers l’Intellect, et les contemplations deviennent toujours plus appropriées à ceux qui contemplent, elles s’unifient à eux » (Traité 30 – 3, 8).
Chez Plotin, on s’élève en s’unifiant et en se purifiant de ce qui n’est pas soi. Pour Ficin, il est exact que la contemplation et l’élévation sont les meilleurs moyens d’accès à la pensée de Platon : parcourir à rebours les figures de l’être et de la vie conduisent à atteindre Dieu lui-même qui est l’accomplissement parfait et infini de la « Theoria », cette réalisation de soi-même à l’aide du cheminement qui est un pèlerinage vers sa vérité et la rencontre avec le Principe. On ne contemple qu’en se dénudant, en laissant tomber les liens qui nous rattachent au corps ou à toute forme de multiplicité. Alors que pour Plotin, la purification va de l’âme à l’Intellect jusqu’à l’UN, la purification ficinienne va de l’âme vers l’Ange, jusqu’à Dieu.
L’Ange, chez Ficin, n’a pas la même fonction que l’Intellect plotinien, car pour lui, Dieu crée directement l’âme sans en passer par l’Ange, alors que dans la procession plotinienne l’âme dérive de l’UN par la médiation de l’Intellect. La structure ternaire de Ficin est celle qui se rapproche le plus directement de la pensée initiale de Platon. Pour l’un et l’autre penseur, c’est dans le rapport au corps que se joue l’étape initiale qui rend la contemplation possible. Plotin évoquait déjà l’ « infection » du corps capable de contaminer l’âme et de lui barrer toute faculté d’élévation. Pour lui, et pour Ficin, c’est dans le rapport d’une âme affaiblie à son propre corps que croit le danger, lorsque la nature psychique se trouve altérée et rendue impuissante d’éprouver la joie véritable à laquelle elle est destinée à l’origine. L’âme, en premier lieu, doit dépouiller son objet de tout rapport à la matière.
Avec le philosophe musulman Averroès, Ficin soutient le paradoxe d’un corps non-matériel du ciel, intermédiaire entre les corps matériels et les réalités intemporelles. Mais c’est en dépassant le ciel lui-même que l’âme accède aux réalités incorporelles que sont l’âme et l’ange. Mais bientôt un nouveau paradoxe se pose : celui d’une lumière purement incorporelle et Ficin s’inscrit alors dans le néo-platoniste d’une « métaphysique de la lumière », où la lumière est forme et acte. Elle est une manifestation qui peut être aussi bien sensible que non-sensible de la densité intérieure de l’être. Selon Plotin, la réalité intelligible est la « vraie lumière » donc la lumière originelle d’où émane la lumière visible. Ficin propose de parcourir les différents états de la lumière jusqu’à atteindre la lumière invisible et infinie du Principe, ce qui est le cheminement chez Platon et Plotin. A ce stade, « On se voit soi-même illuminé et rempli de lumière intelligible, ou plutôt, on se voit comme la lumière elle-même, pure, sans pesanteur, légère, car on devient Dieu, où plutôt, on est Dieu » (Traité 9).
Cette vision panthéiste audacieuse de Plotin sera tenue prudemment à l’écart par Ficin (C’est l’époque ou Giordano Bruno et d’autres sont condamnés pour leurs pensées hérétiques !), néanmoins, il reprend et amplifie le thème platonicien de a continuité de la lumière qui guide l’âme de l’éclat sensible jusqu’à la splendeur intelligible. Il précise que cette unité cherchée et espérée n’est décelable qu’en Dieu qui serait « Souverain acte et souveraine puissance », et qu’en lui, « Il y a identité de la puissance et de l’acte, du pouvoir et de l’être ».Plotin va en conclure par l’absolue liberté du Principe, amenant celle de l’homme. Le destin si cher aux Grecs est relégué et l’idée de « libre arbitre » fait doucement son apparition. Plotin et Ficin se retrouvent encore dans la distribution des rôles respectifs de la volonté et de l’intellect dans l’appréhension du Principe, qui débouchait, dans la pensée médiévale, en une querelle des tenants de la supériorité de l’intellect dans la saisie du Principe (St. Thomas d’Aquin et l’école dominicaine), et ceux qui professaient la supériorité de la volonté (Duns Scot et les Franciscains). Pour Plotin, l’ivresse de l’amour du Principe est préférable à la saisie contemplative de l’intellect sobre et sûr de sa puissance. Ficin sera dans la même ligne de pensée quand il évoque la puissance de désirer Dieu : « La lumière de Dieu, parce qu’elle excède même les limites de l’intellect, est absolument inintelligible à l’intelligence humaine naturelle, mais on ne la croit et on ne l’aime que d’avantage et, chérie, elle paraît répandue comme une grâce » (Argument pour la théologie platonicienne. Chapitre X).
Pascal, penseur secouriste de l’esprit cartésien: je panse donc je suis…
Pour l’un comme pour l’autre, c’est la puissance du désir, purement passive et réceptive, qui permet l’accueil de l’Absolu. Par conséquent, Ficin ne se contente pas d’être un interlocuteur et un traducteur du néoplatonisme, il est lui-même un authentique philosophe néoplatonicien. Paradoxalement, il reste aussi un penseur chrétien convaincu. Pour lui, le platonisme est une sorte de propédeutique qui doit, selon le mot de Blaise Pascal « disposer au christianisme » (Pensées). La révélation chrétienne trouve dans la philosophie platonicienne une structure de pensée prête à accueillir ses dogmes, allant parfois jusqu’aux limites de l’hérésie : par exemple dans l’acceptation de la théorie platonicienne du « circuit perpétuel des âmes », c’est à dire la réincarnation. Pour Ficin, l’âme après la mort, monte du sensible vers l’intelligible, et au prochain cycle de réincarnation, descend prendre un nouveau corps. Eternelle image du mythe de la caverne ! L’ambition de Ficin est d’assimiler l’héritage platonicien, ou d’opérer des sélections, en fonction de l’orientation fondamentalement chrétienne de sa pensée. Il décrit Dieu comme « la raison du monde tout entier qui embrasse en elle-même toutes les raisons de toutes les parties du monde ». Dieu, chez lui, devient comme chez Plotin le « logos » du monde, l’ «Âme du monde ». Ficin tente de rapprocher Platon de St. Anselme, quand ce dernier écrit que Dieu est l’ « ens quo nihil majus cogitari possit », l’ « être que rien de plus grand ne peut être pensé » (Argument pour la théologie platonicienne. Chapitre II). S’il est vrai que Ficin « platonise » le christianisme, il tente aussi de christianiser le platonisme en irriguant sa présentation de la « contemplation platonicienne » de formules et de schémas conceptuels d’origine typiquement chrétienne.
Raphaël : Platon et Aristote devisant sur la politique ?
Cependant, le platonisme reste étranger à toute pensée humaniste que prône Ficin : pour Plotin, par exemple, l’homme n’a qu’une très modeste position dans la hiérarchie du réel. L’âme individuelle de l’homme est une âme déchue, largement inférieure à l’ « Âme du Tout » et des deux principes que sont l’Intellect et l’UN. Pour Ficin, au contraire, l’homme est « copula mundi », le « Lien du monde », en cela qu’il tient le milieu entre le corporel et le divin. Il ira encore plus loin dans sa pensée : l’homme n’est pleinement lui-même que s’il parvient à se déifier. Il écrit : « Tout l’effort de notre âme est de devenir Dieu. Un tel effort est aussi naturel aux hommes que le vol des oiseaux. Cet effort est dans tous les hommes et partout : il ne résulte donc pas de qualité contingente d’un homme en particulier » (Argument pour la théologie platonicienne. Chapitre XIV, 1). Si l’idée de l’ « humanitas » est appropriée à l’homme, ce n’est pas qu’elle enferme l’homme dans le narcissisme, mais parce que l’idée de l’humanité est déjà, en elle même une ouverture vers le divin. La déification de Platon et du platonisme va déboucher (sans doute sous l’influence du mythe de la caverne) sur une passion de ce qu’il en serait du concept de lumière.
III-MARSILE FICIN « FILS DE LA LUMIERE » OU PROPHETE DU « SIECLE DES LUMIERES » (« QUID SIT LUMEN ») ?
« C’est pourquoi la philosophie, pour la rendre intelligible en peu de mots, est l’ascension de l’esprit depuis les régions inférieures jusqu’aux régions supérieures, depuis les ténèbres jusqu’à la lumière, selon un mouvement dont le principe est un élan communiqué par l’intelligence divine, dont le milieu consiste en les facultés d’éducation dont nous avons parlé, dont la fin réside dans la possession du souverain bien et le fruit dans le droit gouvernement des hommes. »
Marcile Ficin (Lettre à Giovanni Cavalcanti)
Marsile Ficin peut-être considéré comme un véritable « amoureux de la lumière » et, à ce titre,intéresse les Franc-Maçons, que l’on partage ou non sa vision spirituelle. De son élève Pic de la Mirandole à Giordano Bruno, de Botticelli à Balthassar Castiglione, l’influence sans précédent de ses travaux qui reposent sur une haine de l’obscurité et une passion de la lumière (frisant parfois le paganisme !) en font l’une des plus importante figures du Quattrocento. Mais : « Quid sit lumen ? », qu’elle est donc l’essence de cette lumière ? La lumière, elle même, répond : « Moi, je suis esprit, je suis splendeur spirituelle. Et puisque c’est justement mon rôle que tu me demandes, c’est avec grand plaisir que je l’expose : la lumière est une émanation en quelque sorte spirituelle, soudaine et très étendue des corps dont elle n’altère pas la nature » (Quid sit lumen. Page 19). Pour Ficin, elle est l’émanation de la quantité, de la figure et du mouvement pour tous les corps. Vision aristotélicienne qui évoluera vers une direction platonicienne au fil du temps. Ficin, naturellement, va ramener la lumière à l’existence de Dieu, mais en se posant la question : si par hasard, la lumière est Dieu lui-même, puisque rien n’est plus obscur et plus lumineux à la fois, c’est que Dieu existe et qu’il est souverainement puissant, sage et bon ; mais rien n’est plus obscur que ce qu’est Dieu dans sa définition même. Ficin va interroger alors son intellect qui répond que Dieu est le père des lumières, chez qui n’existent ni changement qui l’éteindrait ou le ruinerait, ni ombre de variation qui le plongerait dans la nuit ou l’éclipserait. Dieu serait lumière « dans laquelle aucune ténèbre n’existe » (Saint Jean. Epitre, 1, 5). Dieu serait une lumière invisible, cause de chaque vérité et de toutes choses et perçoit ainsi clairement et véritablement chaque chose par soi.
Cependant, l’intellect nous avertit de ne pas nous élever soudainement vers cette contemplation, mais de monter par degrés pour n’être pas éblouis et le moins possible aveuglés par l’éclat de la lumière. Mais, l’intellect, dont l’objet est de chercher la lumière intelligible, la trouve partout en tout ce qui peut-être trouvé, car la lumière de chaque être est en même temps sa vérité. Ainsi, la vérité est lumière intérieure et la lumière une vérité se déployant au-dehors (). La raison possède, en fait, deux lumières : une lumière rationnelle et une raison lumineuse qu’il convient de trouver dans la lumière de toute raison qui est elle-même souveraine vérité, certitude et clarté. Dès lors, la lumière en Dieu devient le « Rire du ciel », selon la formule de Ficin, car « Quand les divinités sont joyeuses, les corps célestes, qui sont comme leurs yeux, rient et sont transportés de joie en resplendissant et en se mouvant ». Selon les Pythagoriciens, c’est au son du chant des joyeuses divinités que les sphères mènent les chœurs astraux qui produisent ainsi une merveilleuse harmonie en des mouvements très ordonnés et variés (), et en émanant de la joie des divinités, le rire du ciel, c’est à dire la lumière, réchauffe et transfigure toutes créatures. Voilà pourquoi tous les êtres vivants désirent le plaisir, parce qu’ils sont engendrés non seulement dans le plaisir terrestre, mais aussi par la joie céleste. Cette idée du plaisir (« Voluptas ») est propre au platonisme de Ficin : l’amour s’achève en plaisir parce qu’il est le dernier mouvement par lequel le lien qui nous relie à Dieu « revient à son auteur et l’unit à son oeuvre ». Point de départ de la génération pour les créatures, le plaisir doit-être dans le créateur lui-même la source de la génération. Dieu, créateur, ne peut se passer de ses créatures. Ficin pense qu’il en est même prisonnier !
Il convient de remarquer aussi que la lumière est autre chose que la chaleur : la chaleur du feu pénètre souvent là où ne passe pas l’éclat de la lumière, qui s’étend lui-même beaucoup plus vite et beaucoup plus loin que la chaleur. Il faut que chacun de nous prenne conscience que la chaleur existe par la lumière. Pour Ficin, cela veut dire que la chaleur affective humaine est obligatoirement éclairée par la connaissance lumineuse qui vient du Principe. La lumière est donc, en quelque sorte, plus spirituelle que corporelle. Dès lors, les âmes humaines sont les étincelles de la lumière infuse en eux, et le corps étant très différent de l’âme, la recouvre, comme lors d’une éclipse quand la lune entre en conjonction avec le soleil.
L’esprit se réjouit de sa propre clarté et de celle du soleil ; l’âme, de la clarté de l’esprit et de l’intellect. Mais l’intellect est une lumière en soi totalement invisible en raison de sa subtilité et de son extrême abondance. Ficin écrit () : « Cette angélique et divine lumière aboutit alors sous la raisons dans les intelligences des hommes, mais reste supérieure à la fantaisie… Dans tous les intellects, la lumière est une vie exubérante, une vérité claire et certaine, une joie pleine » (Quid sit lumen. Page 35). En finalité, la lumière (Lumen) est l’ombre de Dieu, un signe divin (Numen), renvoyant l’image de Dieu dans ce temple qu’est le monde. De là sont nées la cause, la conservation et l’animation de toutes choses : « C’est par conséquent vers la vie, la vérité et la joie d’où elle est descendue que la lumière a exhaussé tous les êtres. En son absence tout semble mourir, mais en sa présence tout semble revivre » (Quid sit lumen. Pages 37 et 38). Pour Ficin, le Principe est un, en toutes choses et au-dessus de toutes choses. La lumière est une, en toutes choses et autour de toutes choses. Dans les créations de Dieu, la lumière est une certaine splendeur de la divine clarté. Ce qui est la définition néoplatonicienne de la beauté, et Ficin opère ainsi la double déduction de la Beauté et de l’Amour. Lux, Lumen, Splendor,, Claritas, tous les degrés d’illumination descendent de Dieu jusque dans la matière, engendrant, comme par irradiation, l’articulation de l’être même. La lumière est le lien et la structure de l’univers lui-même, « Lumen est vinculum universi ». Ce qu’on appelle « partout » n’est rien d’autre que la nature même des choses qui est Dieu, Père des Lumières dans la luminologie ficinienne qui est la théorie d’un homme qui se délivre de la mélancolie et de l’inquiétude. La lumière devient un espace ouvert aux circulations symboliques et aux incessantes métamorphoses des formes du désir : « Réjouissons-nous de la lumière sans laquelle nous ne pouvons jouir ni de nous ni de rien » (Ravissement de Paul au troisième ciel). Ficin arrive dès lors, dans la plénitude du « Nichts », du rien, de Maître Eckhart et des rhénans.
IV- EN MATIERE DE CONCLUSION
« Ô par trop admirable intelligence de l’Architecte céleste ! Ô sagesse éternelle sortie de la seule tête du souverain Jupiter ! Ô vérité et bonté infinie des choses ! Ô reine unique du monde tout entier ! Ô lumière véridique et bienveillance de l’intelligence ! Ô ardeur salutaire de la volonté ! Ô incendie bienfaiteur de notre coeur ! Illumine-nous, nous t’en prions, illumine et enflamme-nous au point que nous brûlions entièrement de l’amour de ta lumière, c’est-à-dire de ta vérité et de ta sagesse. Cela seul, ô Dieu tout-puissant, cela seul est connaître Dieu très véritablement, cela est vivre avec Dieu très joyeusement »
Marsile Ficin (Lettre à Giovanni Cavalcanti)
Si besoin en était, cet extrait d’une correspondance de Ficin à son unique ami Giovanni Cavalcanti résume sa pensée et nous ouvre les portes d’une réflexion maçonnique, au-delà d’une idéologie religieuse sous-jacente. Nous dégagerons quelques points essentiels qui nous concernent :
– La Renaissance, placée au centre de l’idéal humaniste, est une véritable résurrection de la place de l’homme au centre
du cosmos comme le prônait la philosophie antique qui avait relégué les dieux à des rôles utilitaires ou à la
représentation symbolique des forces de la nature. En idéalisant et privilégiant l’Antiquité, Ficin fait repasser la
philosophie avant la théologie ou la pensée magique ; ou du moins la met à égalité, ou concurrence,
qui avec la théologie. Spectaculaire révolution face à une Eglise qui se voulait détentrice de la vérité. Au point qu’aujourd’hui, dans le cursus des études de théologie, il serait impossible de ne pas y incorporer la philosophie.
NOTES
– (1) Priouret Roger : La Franc-Maçonnerie sous les lys. Editions Maison de Vic. 2010.
– (2) Leibacher-Ouvrard Lise : Libertinage et utopies sous le règne de Louis XIV. Genève-Paris. Librairie Droz. 1989.
– (3) Panofsky Erwin : La Renaissance et ses avant-courriers dans l’art d’Occident. Paris. Editions Flammarion. 1976. (Page 186).
– () Ceci est la définition de la lumière naturelle chez Saint-Augustin (De Magisto, XIII, 40) et chez Thomas d’Aquin (Somma theologica).
– () Chez les Pythagoriciens, la théorie veut que la vitesse et le déplacement des sphères, en fonction du Nombre qui régit toutes choses, engendrent une harmonie sonore, une « Musica mundana », une « Harmonie des sphères ». Ficin consacrera beaucoup d’importance à cette théorie, en particulier dans les fondements de sa médecine astrologique.
– Ficin Marcile : Quid
BIBLIOGRAPHIE
– Cassirer Ernst : Individu et cosmos dans la philosophie de la Renaissance. Paris. Editions de Minuit. 1983.
– Chastel André : Marsile Ficin et l’art. Genève. Editions Droz. 1954.
– Dagron Tristan : Marsile Ficin et les mystères platoniciens in « Les cahiers de l’humanisme ». Paris. Editions Les Belles Lettres. 2002.
– De Lagarde Georges : La naissance de l’esprit laïque. Au déclin du Moyen-Age. Tome II : Marsile de Padoue ou le premier théoricien de l’État Laïque. Paris. PUF. 1948.
– Plumb J. H. : Splendeurs de la Renaissance. Paris. Editions Hachette. 1961.
– Toussaint Serge : Humanismes, anti-humanismes. De Ficin à Heiddeger. Tome I. Paris. Editions Les Belles Lettres. 2008.
– Walker Daniel Pickering : La magie spirituelle et angélique de Ficin à Campanella. Paris. Editions Albin Michel. 1988. – Walker Daniel Pickering : La magie spirituelle et angélique de Ficin à Campanella. Paris. Editions Albin Michel. 1988.
De notre confrère italien agenparl.eu – Par Redazione
Leo Taroni est le nouveau Grand Maître du Grand Orient d’Italie : La décision de la Cour de Rome
En vertu du récent arrêt de la Cour de Rome, Leo Taroni a été reconnu comme le nouveau Grand Maître du Grand Orient d’Italie (GOI). La décision de justice intervient à un moment de grande tourmente pour l’institution maçonnique italienne historique, mettant fin à une controverse interne qui a déclenché un débat houleux parmi les membres et attiré l’attention du public.
La décision du tribunal
Le Tribunal de Rome a rendu une ordonnance qui a eu pour effet de suspendre la précédente proclamation d’Antonio Seminario comme Grand Maître et la nomination de son Conseil. Aux termes des conclusions de la Cour, des irrégularités sont apparues dans les critères électoraux adoptés par la Commission électorale nationale (CEN) et dans les procédures de gestion des votes.
La décision judiciaire a établi que l’interprétation des dispositions internes, notamment en ce qui concerne la validité du vote, n’était pas conforme aux règles fondatrices et constitutionnelles de l’État italien. Cette décision a conduit à la reconnaissance de Leo Taroni comme Grand Maître légitime, considérant que son élection résulte de l’application des principes de légalité qui régissent l’ordre juridique italien. La décision du Tribunal de Rome souligne également l’importance du strict respect des règles et statuts de l’association pour garantir la transparence et l’intégrité de sa direction.
Les questions liées au vote et à la validité de la procédure électorale
L’un des aspects centraux de l’arrêt concerne la validité des suffrages exprimés, notamment le traitement des autocollants antifraude apposés sur les bulletins de vote. La Cour a estimé que le fait de ne pas retirer ces autocollants ne constitue pas, tel qu’interprété à tort, un motif d’invalidation du vote. En effet, la responsabilité de la suppression de l’étiquette antifraude n’incombe pas aux électeurs, mais au bureau électoral qui gère la collecte et la vérification des bulletins de vote.
Cette interprétation, soutenue par le principe de faveur qui doit bénéficier à l’expression des suffrages, donne la priorité à la volonté exprimée par les électeurs, évitant ainsi que des irrégularités dans la gestion des opérations de vote ne compromettent le résultat final.
Avec Leo Taroni officiellement reconnu comme nouveau Grand Maître, le Grand Orient d’Italie entre dans une nouvelle phase de consolidation. Son leadership représente une promesse de transparence et de renouveau, dans le respect des traditions maçonniques et de la légalité. La décision du Tribunal de Rome marque un moment crucial pour l’institution, qui s’apprête désormais à s’aligner à nouveau sur ses valeurs fondatrices, en poursuivant son œuvre au profit de la communauté maçonnique et de la société italienne.
La nomination de Leo Taroni comme Grand Maître, à la suite de la rectification par la Cour de Rome, marque la fin d’une période d’incertitude pour le Grand Orient d’Italie. L’Obédience, sous la direction de Taroni, a désormais l’occasion de démontrer son engagement en faveur de la légalité et de la transparence, renforçant ainsi la confiance de ses membres et de la société dans la valeur et l’intégrité de l’institution qu’elle représente.
(Les « éditos » de Christian Roblin paraissent le 1er et le 15 de chaque mois.)
Même si, encore sous l’emprise de sourdes superstitions héritées de deux guerres mondiales et des mouvements convulsifs de la décolonisation, nous hésitions à croire à la fin de l’Histoire qu’au début des années 1990, nous promettait Francis Fukuyama[1], pour qui l’effondrement des pays socialistes d’obédience soviétique, s’il provoquait momentanément des troubles, n’en assurerait pas moins, de proche en proche et de manière définitive, la suprématie des démocraties libérales, nous n’imaginions pas que, dans une « économie globale » – les intérêts imbriqués encourageant à la raison et à la paix, comme autant de gages de futures béatitudes… –, des États de première importance, mondiale ou régionale, ouvriraient, à nos frontières, des crises et des conflits susceptibles de dégénérer à tout instant, l’hubris[2] de la puissance nourrissant l’élévation radicale et explosive de multiples irrationalités et tout cela, comme de tout temps, à la façon des tragédies grecques !
Pour autant, ce n’est pas qu’à la périphérie de l’Occident que l’on se met à danser sur des poudrières : dans nos pays également, des fractions de plus en plus nombreuses de nos concitoyens – qui n’étaient naguère encore que des factions – aspirent à se réfugier sous le bouclier de régimes autoritaires, tandis qu’elles menacent de pourfendre par le glaive tous ceux qui, défendant à hauts cris les minorités les plus diverses, n’en veulent pas moins dicter à tous leurs conditions. Submergeant, par ailleurs, l’appauvrissante banalité de nos consommations usuelles souffle ainsi, de toutes parts, un vent d’hystérie où chacun n’écoute plus que les discours allant dans son sens – la violence et la vulgarité de ses propres partisans paraissant paradoxalement rassurantes, en la circonstance[3]. Qui croit, désormais, aux vertus des débats argumentés, aux principes des majorités éclairées cherchant à concilier aussi les intérêts des adversaires s’étant loyalement battus pour leurs convictions et leurs programmes ?
Arrêtons-nous, un instant, sur cette notion d’adversaires qui désigne littéralement ceux qui sont tournés les uns vers les autres voire les uns contre les autres, comme les « versants opposés[4] » d’une vallée où serpenterait un cours d’eau républicain : si jamais il existait une démocratie digne de ce nom dont les citoyens fussent pleinement conscients de l’inévitable pluralité des opinions – du reste, avouons-le, assez souvent versatiles – et pussent, par conséquent, assumer, sans trouble persistant de l’humeur, le règlement raisonnable de leurs différences sinon de leurs différends, nous célèbrerions avec enthousiasme la beauté de tels adversaires, appelés dès l’origine à se connaître et à se respecter. « En revanche », si l’on peut dire, quand ils enveniment leurs discordes, d’autres périls les guettent et, par un funeste glissement, c’est justement… l’adversité, c’est-à-dire une hostilité engendrant le malheur, ces maudits « sorts contraires » dont l’Histoire regorge. Plus on s’écarte des régulations consenties et réversibles, plus les coopérations possibles se volatilisent, plus s’évanouissent les perspectives de coexistence durable. Bientôt s’alourdit un climat de dictature ou se répandent des ferments de guerre civile. Prenons garde à ces dérives ! Est-ce bien ce que nous voulons ? Oui, la démocratie est un idéal et, en cela, une utopie[5], c’est-à-dire un lieu parfait mais inexistant qui vaut par la direction qu’il donne et par l’ardente modération qu’il réclame, car, au souvenir des périodes où certains prétendirent en réaliser intégralement les conceptions les plus fastueuses, ce fut, soit à toute petite échelle, soit dans le triomphe d’immenses carnages…
En toute hypothèse, il semble se confirmer chaque jour davantage que le seul calme que l’on veuille, désormais, rechercher ne doive plus s’imposer que par la contrainte et la brutalité[6], les procès en sorcellerie déferlant déjà, d’un côté comme de l’autre, sur ceux qui, dans le fracas des idéologies, ne renoncent pas pour autant à ériger le contraste et la nuance en prismes transversaux et précis de toute vérité humaine, dévoilant ainsi le monde dans ses clartés et ses ombres, dans l’alternance indéfinie du pavé mosaïque… Sous les règnes respectifs de leurs couleurs crues – à tous les sens du terme –, une seule chose réunit les frères ennemis : celui qui doute est un traître.
Aussi bien, nous autres, francs-maçons qui, après avoir révéré la mémoire de tant de victimes de crimes et d’injustices, entonnons, malgré tout, dans nos temples, des hymnes d’espérance, nous pouvons paraître aujourd’hui d’un autre temps. Certains, d’un bord extrême comme de l’autre, tout en s’exaspérant mutuellement, se liguent pour faire croire que nous sommes largement dépassés (nous remâcherions des références de longue date périmées), alors que – et c’est une certitude – le temps viendra où se révèlera, par la force des choses, combien nous sommes des hommes et des femmes d’avenir. Certes, même si nous passons envers et contre tout pour d’incorrigibles optimistes, nous n’avons jamais été les messagers de la fin de l’Histoire car, en initiés, c’est-à-dire en adeptes fidèles d’un éternel début, nous savons bien que l’humanité connaît des vicissitudes : nous avons traversé les âges avec elle ; nous mesurons, chaque fois, en effet, que son rétablissement a un prix et, qu’au bout du compte, ce prix ne peut se payer à son tour qu’en humanité – c’est-à-dire en emportant dans son sillage les fragilités inhérentes à sa nature… qui continuent donc d’appeler à l’effort et à la vigilance !
Alors, sur les décombres de toutes sortes d’illusions ravageuses (dans la mesure où celles-ci se seront donné libre cours), avec d’autres esprits de bonne volonté, il nous faudra bien, en commun, reconstruire une fois encore le présent, en en cultivant attentivement non seulement une image mais plus encore une réalité fraternelles. Pourquoi tant de nos semblables qui, au fond de leur conscience ou dans le secret de leur cœur, ne sauraient l’ignorer, s’obstinent-ils à rejeter le sens profond que la langue a donné aux mots ? Ce n’est jamais un hasard quand il arrive que le vocabulaire de tous les jours contienne sa propre dimension spirituelle. Par de sobres sortilèges, il nous incite alors à méditer sur la voie que nous devrions suivre. En l’occurrence, dans ses racines consanguines, le présent conjure la haine et la guerre : avec une transparence confondante où une réjouissante innocence le dispute à une haute sagesse, présent ne signifie-t-il pas aussi cadeau ?
[1] Francis Fukuyama, The End of History and the Last Man. New York : The Free Press, 1992, 446 p. ; trad. française Denis-Armand Canal, La Fin de l’histoire et le dernier homme. Nouvelle éd. précédée d’un entretien avec Hubert Védrine. Paris : Flammarion (coll. : Champs Essai), 2018, 656 p. Une grande polémique s’ensuivit et l’on peut lire en français, à ce sujet : Susan George, « Comment la pensée devint unique », Le Monde diplomatique, août 1996, pp. 16-17, où apparaît notamment de quelle façon quatre bénéficiaires du fonds Olin eurent tôt fait de lancer un vaste débat dans les pages du New York Times, du Washington Post et de Time.
[2] Du grec ancien ὕβρις, húbris (« excès »), l’hubris, que l’on traduit aussi par « démesure », désigne une outrance dans le comportement inspirée par l’orgueil, qu’il s’agisse d’une violence ou d’une arrogance qui transgressaient, dans l’Antiquité grecque, la condition des mortels, leur méritant, à ce titre, une terrible punition des Dieux. Et c’est en raison de ce rappel mythologique et de sa portée singulière que la notion est le plus souvent reprise telle quelle, le mot s’écrivant aussi hybris ou ubris.
[3] Cet édito a été rédigé à l’approche du 1er novembre 2024, soit quelques jours avant le scrutin présidentiel décisif qui doit se tenir aux États-Unis, le 5 novembre, un jour seulement avant celui de Tunisie qui se déroule dans un fiévreux contexte de répression et de verrouillage politiques et quelques jours après les élections législatives de Géorgie qui ont eu lieu le 26 octobre 2024, avec des soupçons de fraudes massives de la part de la majorité pro-russe qui s’efforce de conserver le pouvoir coûte que coûte. Modeste consolation, en Moldavie, avec le succès limité du référendum du 20 octobre, concernant l’inscription dans la constitution de l’objectif d’adhésion du pays à l’Union européenne, où le « oui » l’a emporté à une courte majorité avec 50,38 % des suffrages, sur fond d’accusations d’ingérences et d’achats de vote visant également la Russie, cette consultation ayant été organisée en même temps que le premier tour de l’élection présidentielle, demeurant donc pendante jusqu’à son second tour, le 3 novembre…
[4] Adversaire dérive du latin advertō, is, ere : « tourner vers ou contre », tandis que versant, dont l’image renvoie ici aux surfaces inclinées du relief, provient du latin versare, fréquentatif de vertere, qui prend ainsi le sens de « tourner souvent » et, au figuré, de « tourner et retourner ».
[5] Utopie est la francisation du latin utopia, mot forgé, en 1516, par Thomas More, à partir du grec ancien, en jouant sur la translittération du préfixe « u- » qui peut s’entendre comme équivalent de εὖeu- (« bon ») tout comme de οὐ ou- (négation du radical qui suit). Ainsi, construit avec τόπος, tópos (« lieu »), l’utopie désigne, à la fois, un lieu « idéal » et un lieu « inexistant »… qui, dans sa perfection, ne se trouve donc nulle part. Le célèbre humaniste anglais, en donnant ce nom à une île et en en faisant le titre éponyme de son ouvrage initialement paru en latin, utilise cet artifice littéraire aussi bien pour décrire les vices de la société de son temps que pour inciter son lecteur à transformer l’ordre des choses.
[6] Je ne saurais exclure qu’une actualité, de toutes parts, pour le moins préoccupante n’ait provoqué le « présent » morceau de bravoure. Puisse le lecteur m’en excuser !
Dans les collines brumeuses de Roumanie, une nouvelle ère de la sorcellerie émerge, mêlant traditions séculaires et technologies modernes. À la tête de ce mouvement, Mihaela Minca, autoproclamée sorcière la plus puissante du pays, dirige une entreprise familiale qui redéfinit les contours de cet art ancestral.
Pour Mihaela, la sorcellerie n’est pas un simple métier, mais une vocation qui coule dans ses veines. Héritière d’une lignée de sorcières remontant à plusieurs générations, elle perpétue cette tradition avec ses filles Cassandra et Anna, ainsi que sa belle-fille Larissa.
Leur offre est aussi variée qu’intrigante : des charmes d’amour aux malédictions, en passant par des rituels de protection.
Pentacle avec pierres magiques
Ce qui distingue leur pratique, c’est leur capacité à toucher une clientèle mondiale grâce à Internet. Les demandes affluent des quatre coins du globe, témoignant d’un intérêt croissant pour ces pratiques ésotériques. Au sein de leur communauté rom, cette famille incarne une forme unique de pouvoir féminin. Dans une culture traditionnellement dominée par les hommes, ces femmes s’imposent comme des figures d’autorité et d’indépendance économique.
Leur succès soulève des questions fascinantes sur la place de la spiritualité et du mysticisme dans notre société moderne. Comment ces pratiques ancestrales s’adaptent-elles à l’ère numérique ? Quel est l’attrait de la sorcellerie pour une clientèle internationale souvent éloignée de ces traditions ? L’histoire de Mihaela Minca et de sa famille illustre parfaitement la rencontre entre l’ancien et le moderne, le local et le global.
Elle nous rappelle que, même à l’ère de la technologie, le besoin de magie et de mystère reste profondément ancré dans l’âme humaine.