mar 29 juillet 2025 - 17:07

Les 3 Dumas : une dynastie de courage, de créativité et d’héritage… et 1 Franc-maçon

Le nom des Dumas résonne à travers l’histoire, incarnant une lignée exceptionnelle qui s’étend des champs de bataille révolutionnaires aux pages immortelles de la littérature française. Du général Thomas-Alexandre Dumas, héros militaire d’origine afro-caribéenne, à son fils Alexandre Dumas père, maître des romans d’aventure, et son petit-fils Alexandre Dumas fils, dramaturge de renom, cette famille a marqué la France par son talent, sa résilience et son influence.

Cet article, basé sur les sources fournies, explore en détail les vies, les réalisations et l’héritage de ces trois figures extraordinaires, tout en intégrant de manière exhaustive l’appartenance maçonnique du général Dumas.

Général Thomas-Alexandre Dumas : l’héros révolutionnaire et franc-maçon

Le général Alexandre Davy de La Pailleterie, vue d’artiste d’Olivier Pichat, après 1883.

Thomas-Alexandre Dumas naît le 25 mars 1762 à Jérémie, dans la colonie de Saint-Domingue (aujourd’hui Haïti). Fils d’un noble français, le marquis Alexandre-Antoine Davy de La Pailleterie, et d’une femme esclave, Marie-Cessette Dumas, il grandit dans un contexte colonial marqué par l’esclavage et les inégalités. Son père, fuyant des dettes en France, le reconnaît et l’affranchit, l’envoyant à Paris pour une éducation digne d’un gentilhomme, incluant l’escrime et l’équitation, disciplines dans lesquelles il excelle.

En 1786, Thomas-Alexandre s’engage comme simple soldat dans les Dragons de la Reine, adoptant le nom de sa mère, Dumas, en hommage à son héritage. Sa force physique, son habileté au sabre et son courage le propulsent rapidement dans les rangs de l’armée révolutionnaire. En 1793, il devient le premier général d’origine africaine de l’armée française, commandant la « Légion noire », une unité composée de soldats métis et d’anciens esclaves. Ses campagnes dans les Alpes, en Vendée, en Belgique, en Italie et en Égypte sont marquées par des exploits légendaires, notamment sa défense héroïque du pont de Klausen dans le Tyrol, où il gagne le surnom d’« Horatius Coclès du Tyrol » de la part de Napoléon Bonaparte.

Cependant, sa relation avec Bonaparte est complexe et conflictuelle. Selon l’ouvrage de Claude Ribbe, Le Général Dumas, né esclave, rival de Bonaparte et père d’Alexandre Dumas, Bonaparte perçoit Dumas comme un rival, tant pour son charisme que pour ses idéaux républicains et, probablement, son ascendance africaine. Lors de la campagne d’Égypte (1798-1801), Dumas s’oppose à Bonaparte, critiquant ses ambitions autocratiques.

Le général Thomas Alexandre Davy de la Pailleterie, père d’Alexandre Dumas.

Cette dissension conduit à son marginalisation. Capturé par les forces napolitaines, il endure deux ans d’emprisonnement dans des conditions inhumaines, retournant en France en 1801, affaibli, pour découvrir un pays sous la coupe de Bonaparte, qui a rétabli l’esclavage et exclu les officiers de couleur. Privé de pension et interdit de séjour à Paris, Dumas s’installe à Villers-Cotterêts, où il meurt en 1806, laissant sa femme, Marie-Louise Labouret, et leur fils, Alexandre.

Appartenance maçonnique

Un aspect fondamental de la vie de Thomas-Alexandre Dumas est son engagement dans la franc-maçonnerie, comme le souligne Claude Ribbe dans son ouvrage. La franc-maçonnerie, à l’époque de la Révolution française, est un espace de réflexion intellectuelle et d’engagement pour l’égalité et la liberté, des valeurs chères au général. Initié dans une loge maçonnique, probablement dans les années 1780 ou 1790, Dumas y trouve un réseau de soutien et d’idées progressistes. Ribbe note que cette appartenance renforce son attachement aux idéaux républicains et à la lutte contre l’oppression, y compris l’esclavage.

Napoléon et le légendaire général noir Thomas-Alexandre Dumas (sous-titrages français)

Ses liens maçonniques lui permettent également de tisser des relations avec d’autres figures influentes de l’époque, renforçant son rôle dans l’armée et la société. Cette affiliation, bien que discrète dans les récits historiques, est un élément clé pour comprendre son engagement humaniste et son opposition aux dérives autoritaires de Bonaparte. L’Association des Amis du Général Dumas, fondée par Ribbe, continue de promouvoir cet aspect de son héritage, notamment à travers l’érection d’un monument en son honneur à Paris en 2009.

Soutenu par sa femme dévouée et trois compagnons fidèles — que certains, comme Anatole France, associent aux figures d’Athos, Porthos et Aramis dans les romans de son fils —, Thomas-Alexandre Dumas incarne, selon les mots de France, « un chef-d’œuvre auquel rien ne peut être comparé ». Sa vie, marquée par un courage indomptable face aux préjugés raciaux, reste une inspiration.

Alexandre Dumas père : le maître du roman d’aventure

Alexander Dumas père (1802-1870)

Né le 24 juillet 1802 à Villers-Cotterêts, Alexandre Dumas père hérite du tempérament audacieux de son père et le transforme en une carrière littéraire qui le consacre comme l’un des écrivains les plus populaires de France. Orphelin à quatre ans, il grandit dans des conditions modestes, mais son ambition le mène à Paris, où il travaille comme clerc avant de se consacrer à l’écriture.

Sa carrière débute au théâtre, avec des drames historiques à succès comme Henri III et sa cour (1829) et La Tour de Nesle (1832), qui l’inscrivent dans le mouvement romantique. Cependant, c’est dans le roman qu’il atteint l’immortalité littéraire. Ses œuvres phares, Les Trois Mousquetaires (1844), Le Comte de Monte-Cristo (1844-1846) et La Reine Margot (1845), captivent les lecteurs par leur mélange d’aventure, d’intrigue et de personnages mémorables.

Collaborant souvent avec Auguste Maquet, Dumas excelle dans l’art de tisser des récits palpitants, s’inspirant notamment de l’histoire de France et des exploits de son père, dont il romance la vie dans ses écrits.

Maison natale d’Alexandre Dumas à Villers-Cotterêts.

Malgré son succès, Dumas père doit affronter les préjugés raciaux liés à ses origines afro-caribéennes. Qualifié de « mulâtre » ou de « quarteron », il répond avec panache, revendiquant fièrement son ascendance. Sa vie personnelle est aussi romanesque que ses œuvres : père de plusieurs enfants, dont Alexandre Dumas fils, il mène une existence marquée par l’extravagance, les dettes et une générosité légendaire. Il construit le château de Monte-Cristo à Port-Marly, un symbole de sa réussite, mais ses dépenses le conduisent à la ruine. Exilé en Belgique puis en Russie, il revient en France, où il meurt en 1870 à Puys, près de Dieppe.

Son œuvre, traduite dans le monde entier, continue d’inspirer adaptations cinématographiques, théâtrales et télévisées. Dumas père, surnommé le « roi du feuilleton », a su capturer l’imaginaire collectif, faisant de ses récits un patrimoine universel.

Plaque au no 25 rue de l’Université (7e arrondissement de Paris), où il vit de 1829 à 1831

Alexandre Dumas fils : le dramaturge moraliste

Portrait d’Alexandre Dumas fils

Né le 27 juillet 1824 à Paris, Alexandre Dumas fils, fruit de la relation entre Dumas père et Catherine Labay, hérite du talent littéraire de son père, mais choisit une voie distincte, marquée par une sensibilité sociale et morale. Il grandit dans l’ombre de son père illustre, confronté aux défis d’être un fils illégitime dans une société rigide. Reconnu officiellement par son père en 1831, il poursuit des études au Collège royal de Bourbon, mais sa vie est marquée par les dettes paternelles et les préjugés liés à son statut.

Dumas fils se distingue dans le théâtre, où il explore les tensions sociales et les injustices. Son chef-d’œuvre, La Dame aux Camélias (1848, adapté en pièce en 1852), inspiré par sa relation avec Marie Duplessis, révolutionne le théâtre français. Cette œuvre, qui raconte l’histoire tragique d’une courtisane amoureuse, Marguerite Gautier, critique les hypocrisies de la société bourgeoise et inspire plus tard l’opéra La Traviata de Verdi. Parmi ses autres pièces notables figurent Le Fils naturel (1858) et Les Idées de Madame Aubray (1867), qui abordent des thèmes comme l’illégitimité et l’égalité des sexes.

Élu à l’Académie française en 1874, Dumas fils se positionne comme un moraliste, plaidant pour des réformes sociales, notamment en faveur des droits des femmes et des enfants illégitimes. Marié deux fois, il a deux filles, Colette et Jeannine, et mène une vie plus stable que celle de son père. Il meurt en 1895 à Marly-le-Roi, laissant un héritage théâtral qui influence encore le répertoire dramatique.

Tombe d’Alexandre Dumas (fils). Division 21 – Cimetière de Montmartre

Un héritage commun

Les trois Dumas incarnent des facettes différentes de l’excellence humaine : le courage militaire et maçonnique du général, l’imagination débordante du père, et la réflexion sociale du fils. Leur histoire, marquée par la lutte contre les préjugés raciaux et sociaux, illustre la résilience d’une famille qui a su transformer l’adversité en création. De la « Légion noire » à Monte-Cristo et La Dame aux Camélias, leur héritage continue de briller, unissant l’histoire, la littérature et la quête de justice dans un récit intemporel.

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Pierre d’Allergida
Pierre d’Allergida
Pierre d'Allergida, dont l'adhésion à la Franc-Maçonnerie remonte au début des années 1970, a occupé toutes les fonctions au sein de sa Respectable Loge Initialement attiré par les idéaux de fraternité, de liberté et d'égalité, il est aussi reconnu pour avoir modernisé les pratiques rituelles et encouragé le dialogue interconfessionnel. Il pratique le Rite Écossais Ancien et Accepté et en a gravi tous les degrés.

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