ven 04 octobre 2024 - 01:10

Une œuvre maçonnique méconnue : “Le Serment des Ancêtres” du peintre Guillaume Lethière

Par Jean Pierre Thomas

Hier, lundi 6 mai à 23h, la chaîne France 3 diffusait le dernier film de Claude Ribbe, essayiste, philosophe, historien et réalisateur bien connu, spécialiste, entre autres, d’Alexandre Dumas et du chevalier de Saint-Georges et inlassable militant de la reconnaissance de la culture antillaise et des souffrances que l’esclavage a fait subir pendant quatre siècles aux déportés africains. 

À travers « Le Serment des Ancêtres », vaste tableau peint par Guillaume Lethière (1760-1832) en 1822 et offert  par lui-même à la jeune république d’Haïti, dont il symbolisa la fondation, l’auteur, remontant le fil de l’histoire de cet artiste néo-classique, né en Guadeloupe et mort à Paris, après avoir été, sous l’Empire, directeur de l’Académie de France à Rome et, sous la Restauration, membre de l’Institut et professeur aux Beaux-Arts, trace, tout au long d’un peu moins d’une heure de documentaire, un superbe portrait d’une figure méconnue. Et sur laquelle dissertent un certain nombre de personnalités, dont celle de Frédéric Mitterrand dont ce fut la dernière apparition publique.

Guillaume Lethière par Julien-Léopold Boilly

Fils d’un riche homme de loi blanc et d’une esclave noire, reconnu sur le tard par son père, Guillaume Lethière, effectua, en effet, à la croisée des XVIIIe et XIXe siècle, le parcours traditionnel d’un peintre de son temps connu et reconnu par ses contemporains, sans que personne ne se doutât que, juridiquement, il était né esclave, d’autant que son ascendance noire ne se voyait pas sur son visage, jusqu’à ce que son mystère fut enfin dévoilé l’obligeant lui-même à accepter de reconnaître ce qu’il n’avait montré jusque-là, sur ses tableaux, que par des symboles très subtils. Mais, au-delà de la vie d’un peintre intéressant aujourd’hui les grands musées américains comme les collectionneurs, la franc-maçonnerie est ici bien présente, puisque Lethière, membre de la loge « Le Grand Sphynx », à l’orient de Paris demeura jusqu’au bout fidèle à l’Art Royal, tel qu’on le pratiquait de son temps.

Et justement, la figure tutélaire présidant la scène, au-dessus d’Alexandre Pétion et Jean-Jacques Dessaline prêts à l’accolade fraternelle sur l’autel des Serments, dans cette composition triangulaire, se situant entre le néo-classicisme et le romantisme, est-elle celle de Dieu ou du Grand Architecte de l’Univers ?

Le débat est ouvert. Un documentaire fort bien mené et passionnant, qu’il ne faut manquer sous aucun prétexte ! 

Pour nos frères et sœurs qui n’auraient pu le voir, nous vous invitons à le visionner en replay France 3 – émissions et séries en replay.

Cliquez sur l’image pour vous rendre sur le replay

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