jeu 13 février 2025 - 19:02

Notre Frère Sam Braun : de la survie à la transmission auprès des générations futures

Sam Braun, né en 1927 à Paris et décédé en 2011, est une figure marquante de l’histoire contemporaine française. Rescapé de la Shoah, sa vie post-guerre fut dédiée à la transmission de son expérience et à l’engagement civique, notamment à travers la franc-maçonnerie. Cet article vise à explorer les différentes facettes de sa vie : son terrible parcours durant la Seconde Guerre mondiale, son engagement maçonnique et son œuvre littéraire pour les enfants.

Sam Braun était membre du Grand Orient de France (GODF). De retour à Paris, il devient médecin. En 1955, il est reçu à la respectable loge Pierre Brossolette à l’Orient de Paris. Ensuite, il fut membre de la respectable loge parisienne Les Inséparables du Progrès. Il a été inhumé en présence de représentants du GODF, du Droit Humain, de la Grande Loge de France et de la Grande Loge Féminine de France.

En 2011, la Commission des Droits de l’Homme et du Citoyen de la Grande Loge de France a organisé une journée du devoir de mémoire en son honneur.

Ces hommages témoignent de l’impact significatif de Sam Braun au sein de la franc-maçonnerie française.

Les Années Noires : La Shoah et la Résilience

Sam Braun vécut une jeunesse marquée par l’horreur de la Shoah. Arrêté en 1943 à l’âge de seize ans et demi avec sa famille à Clermont-Ferrand par la milice française, il fut déporté à Auschwitz via le convoi n°64. Sa survie dans l’enfer des camps de concentration, où il travailla comme terrassier à Buna-Auschwitz, témoigne d’une force de vie et d’une résilience remarquables. Malade, il survécut à la “marche de la mort” et fut libéré à Prague.

Le récit de Sam Braun est celui d’un homme qui a choisi le pardon comme moyen de vivre après avoir traversé l’innommable. Dans ses témoignages, il évoque souvent l’absence de haine envers ses bourreaux, insistant sur la nécessité du pardon pour continuer à vivre. Cette approche humaniste se retrouve dans son livre “Personne ne m’aurait cru alors je me suis tu”, publié par Albin Michel, où il raconte son expérience avec une sobriété et une force morale impressionnantes.

L’Engagement maçonnique

Après la guerre, Sam Braun se tourna vers la franc-maçonnerie, une institution qu’il considérait comme un moyen de poursuivre son engagement pour l’humanité, la justice et la mémoire. Devenu franc-maçon, il y trouva un cadre pour exprimer ses valeurs et continuer son travail de mémoire. La franc-maçonnerie, avec ses principes de fraternité, de liberté et d’égalité, résonnait avec son désir de voir une société où l’inhumanité qui l’avait frappé serait impossible.

Bien que les détails de son parcours maçonnique restent peu documentés publiquement en raison de la discrétion inhérente à la franc-maçonnerie, on sait que Sam Braun a utilisé cette plateforme pour promouvoir l’éducation, la tolérance et la mémoire de la Shoah. Son engagement reflétait sa conviction profonde que le souvenir des atrocités passées est essentiel pour éviter leur réitération.

Le Livre pour Enfants : Un Pont vers la Mémoire

Sam Braun a également mis son expérience et ses réflexions au service des plus jeunes à travers ses interventions dans les écoles et un livre destiné aux enfants. Bien que le titre exact de cet ouvrage ne soit pas clairement documenté dans les sources disponibles, son approche éducative et sa volonté de transmettre aux jeunes générations les leçons de l’histoire sont bien établies.

Il considérait ces échanges avec les enfants comme l’aboutissement de son parcours personnel, une manière de faire revivre sa famille disparue à travers la mémoire collective. En racontant son histoire, Sam Braun espérait non seulement éduquer mais aussi inspirer une génération à la paix et à la compréhension mutuelle.

L’Héritage de Sam Braun

L’héritage de Sam Braun dépasse largement le cadre de son témoignage personnel. Il est un exemple vivant de comment la survie peut se transformer en un message d’espoir et d’engagement pour l’humanité. Sa participation aux événements commémoratifs, ses engagements maçonniques et ses efforts pour éduquer les jeunes sur la Shoah lui donnent une place particulière dans l’histoire de la mémoire de l’Holocauste en France.

Son livre pour enfants, bien que moins connu, est un témoignage de son désir de rendre accessible l’histoire aux plus jeunes, non pas pour en faire des témoins de l’horreur, mais pour les éduquer à la vigilance, à l’empathie et à la lutte contre toutes formes de discrimination.

Sam Braun représente un pont entre le passé et l’avenir, un homme qui a transformé sa souffrance en un message de paix et de mémoire. Sa vie post-Shoah, marquée par l’engagement maçonnique et éducatif, montre comment on peut choisir de vivre après avoir survécu à l’indicible. Son récit continue d’inspirer et d’éduquer, rappelant à tous l’importance de la mémoire et de l’éducation dans la construction d’un monde plus juste et humain.

Sources :

“Rescapés de la Shoah” – rescapesdelashoah.org
“Le brouillard cachait au monde ce qui allait se passer” – Podcast France Culture
“Lectures sur la Shoah” – Neoprofs.org
“Liste de récits de rescapés de la Shoah” – Wikipédia

SAM BRAUN Présentation

  • Né en France à Paris en 1927. Décédé à Paris le 1er Juillet 2011.
  • Auteur d‘un livre intitulé « Personne ne m’aurait cru alors je me suis tu » (Ed. Albin Michel) une interprétation théâtrale a été tirée de cet ouvrage mise en scène et interprétée par Patrick Olivier.
  • Arrêté le 12 novembre 1943 à Clermont-Ferrand par la milice avec son père, sa mère et sa petite sœur de dix ans et demi. Il avait seize ans et demi.
  • Transféré à Drancy. puis embarqué dans le convoi N°64 où il y avait 999 personnes (femmes et enfants) pour Auschwitz le 7 décembre 1943.
  • Détenu et prisonnier à Buna-Auschwitz où il est terrassier. Malade, il est sauvé à la fin de la marche de la mort. Libéré à Prague.

Interview de Sam Braun sur « Rescapés de la Shoah »

Quand vous êtes vous senti vivant ?

Se sentir vivant ce n’est pas simplement avoir la liberté du corps. J’ai eu cette liberté du corps à ma libération mais se sentir libre c’est autre chose. Je ne me suis senti vraiment libre qu’à 78 ans, il y a cinq ans.

J’ai été arrêté le 12 novembre 1943. Depuis cette date, il m’arrive bien souvent les 12 novembre des choses exceptionnelles. Des affaires troublantes qui modifient ma vie. Depuis cette date je voulais occulter les 12 novembre, me coucher le 11 novembre au soir pour ne me réveiller que le 13 au matin.

Pendant 40 ans je n’ai parlé à personne (d’où le titre de son livre). Parfois je pleurais lorsque j’étais seul et revivais la séparation d’avec ma mère. Tous les 12 novembre étaient pour moi épouvantables.
Et il y a quatre ans, je me suis réveillé le 13 novembre sans m’être rendu compte que la veille était le 12 novembre, j’ai eu alors comme une espèce de révélation: je pouvais vivre enfin, enfin j’étais libre.

De même l’odeur de pain grillé m’était insoutenable car elle me rappelait un moment épouvantable que j’ai vécu dans les camps. Quand j’étais terrassier pour IG Farben en même temps que Primo Levi, qui, lui étant chimiste et travaillait au laboratoire de l’usine, un matin sur un brasero j’ai fait griller un morceau de pain et l’ai avalé goulument. Seulement ce pain était si mauvais que j’ai été terriblement malade après, durant quatre jours. Depuis, l’odeur même du pain grillé m’était insupportable.

Et il y a quatre ans ma femme a pris sa retraite et en prenant ensemble le petit déjeuner je me suis surpris à faire des toasts, à les beurrer et à m’en régaler … j’étais guéri et donc libre .

Quel fut votre premier acte quand vous avez été libéré ?

J’étais malade.

J’ai fait la marche de la mort. Le 18 janvier 1945, nous sommes partis d’Auschwitz. Ce fut effrayant car pour moi elle a duré près de quatre mois, jusqu’au début du mois de mai.

Je n’ai pratiquement pas mangé sauf l’herbe dans les champs où les SS nous faisaient arrêter lorsqu’ils étaient trop fatigués.. On était parfois « sur des trains » non pas « dans des trains » mais sur des trains, à l’air libre dans le froid.

Malgré l’horreur de cet exode fou j’étais persuadé de m’en sortir. L’espérance était telle que j’étais sûr de m’en tirer. Sauf vers la fin de ce convoi. J’étais épuisé et malade. Je pesais 35 kgs pour 1m77.

Le train s’est arrêté un dans une gare. Les SS ont demandé dans toutes les langues aux malades de descendre. Je savais ce que cela voulait dire si je descendais. C’était la mort à coup sûr mais je n’en pouvais plus, je voulais que cela finisse. J’ai demandé aux autres de m’aider à descendre, ils m’ont quasiment jeté sur le quai. Je suis tombé sur les traverses et on était environ une centaine à être descendus.

C’est là que j’ai repris goût à la vie car les SS étaient en fait des résistants tchécoslovaques, et nous ont sauvés. Nous étions à Prague. J’étais libéré.

Des brancardiers sont venus nous chercher. J’étais un être humain, je n’étais plus un « rien » puisqu’on me montrait que je n’étais plus un « morceau » comme ils nous appelaient là-bas !

J’ai été hospitalisé dans une salle commune, j’étais sur un lit. Sur un lit ! Comment s’imaginer ce que représente un lit lorsque l’on a couché n’importe où durant quatre mois !

Qu’avez-vous fait la première année ?

J’ai essayé de me soigner. Mon frère et ma sœur ainés n’ont pas été arrêtés, ils m’ont retrouvé … On était très famille et une famille très tribale. Ils ont fait beaucoup pour moi c’est une tribu d’amour .

J’ai placé ma vie autour de l’amour ;

J’ai quatre enfants de deux mariages mais tout se passe dans l’amour. (A cet instant une de ses filles téléphone et il lui parle avec tendresse et délicatesse on sent un dialogue attentif et agréable, puis c’est un de ses fils et il lui parle de la même façon comme on parlerait avec les mots d’amour à un petit enfant).

Je suis revenu à Paris d’abord sur un brancard. Dans l’avion il y avait une infirmière française qui m’a dit qu’il y avait encore en France des tickets de rationnement. J’étais étonné ! Il y avait encore des tickets de rationnement alors que Paris était libéré !

Mais je n’avais pas de haine.

Vera mon infirmière à Prague m’a emmené un après midi, lorsque j’ai pu marcher, à petits pas, vers un parc où des prisonniers allemands travaillaient sous la surveillance d’un gardien. Ils déblayaient la place où il y avait eu des bombardements En me regardant, le gardien a enlevé sa ceinture et a fouetté les prisonniers comme s’il voulait me venger. Je n’ai pas pu assister à cela et je suis parti aussi vite que mes jambes pouvaient me porter.

Je n’avais pas l’esprit de vengeance.

Puis plus tard à Paris quand j’ai repensé à cette scène, un mauvais démon me disait à l’oreille « Chacun son tour » Je chassais alors de ma tête cette idée qui me fait horreur, car la souffrance de l’un ne rachète jamais celle de l’autre.

La première année quand je suis revenu à Clermont-Ferrand ce fut très difficile j’ai connu l’ivresse alcoolique. Je voulais « digérer » la vie de là-bas. Je ne parlais à personne de cela. Comme je n’avais pas d’argent, je faisais la manche pour picoler.

Une fois je suis même monté à Paris et j’ai vécu 8 jours en buvant. Je ne sais plus ce que j’ai fait.

Je voulais avec tout l’alcool que je buvais nettoyer tout ce qu’en silence je portais sur le dos, comme l’alcool à 90° nettoie une plaie purulente.

J’ai passé mes deux bacs en étant ivre … Les examinateurs ont du me les donner pour être sûrs de ne plus jamais me revoir !

Cette année là fut très pénible et mon frère qui probablement me comprenait bien, ne m’a jamais rien dit ni reproché. Au bout de cette année alors que j’étais ivre mort j’ai dit à un de mes très bons amis et avec lequel je suis toujours très lié « Demain j’arrête de boire, je commence ma médecine. » Et contrairement à toutes les promesses d’ivrogne je m’y suis tenu, car au fond je n’étais pas un alcoolique et ne buvais que pour les raisons que je vous ai indiquées.

J’avais franchi, avec l’alcool, une étape initiatique. Il fallait que je meure à une vie pour renaître à une autre.

Je n’ai jamais eu envie de me suicider.

J’étais pupille de la nation, je travaillais et mon frère qui avait repris le magasin de mon papa m’aidait comme il le pouvait.

Très vite je me suis marié alors que j’étais en deuxième année de médecine. Je recherchais tellement une affection maternelle car j’étais charnellement lié à ma mère. Je n’ai jamais fait le deuil de mes parents.

J’ai rencontré une femme fort jolie, de 4 ans de moins que moi, j’en suis devenu amoureux et l’ai épousée. Nous avons eu deux enfants. Un fils né en 1952 et une fille née en 1957.

Nous sommes restés mariés une dizaine d’années, puis elle m’a quitté. C’est la vie !

J’ai rencontré mon épouse actuelle deux ans après et nous sommes ensemble depuis 45 ans. Nous avons eu deux enfants .Une fille et un garçon.

Mais avant tout cela imaginez-vous, en 1947 j’ai été appelé sous les drapeaux.. Quelle dérision . On m’a affecté à Compiègne au 27 ème R.I.

Avez-vous souffert dans cette nouvelle vie ?

Oui , comme tout individu normal, par exemple quand on casse la vitre de ma voiture, comme cela m’est arrivé une fois, je suis furieux.

Dans les petites choses de la vie je suis comme les autres, je les aborde avec autant d’émotions que les autres.
En revanche dans les grands évènements de la vie je les accepte avec sérénité et sans angoisse. Un jour j’ai été opéré à cœur ouvert eh bien je suis parti à l’hôpital, avec ma petite valise, en toute sérénité. Mon actuelle maladie est paralysante, je sais qu’un jour je serai complètement paralysé et probablement incontinent mais je suis serein et j’attends cette échéance avec calme. Ce que j’ai connu m’a appris à relativiser

Avez-vous un mot une phrase ,un chiffre qui vous aient marqué ?

Aucun chiffre , aucun mot, aucune phrase.

Mais ce que je retiens c’est l’absence .Je me suis évadé en quelque sorte, par l’imaginaire. A Auschwitz j’étais absent puisque ma pensée était ailleurs. Quand la faim me faisait souffrir, je pensais au hachis Parmentier que ma maman faisait si bien, je le savourais, en sentais le fumet et m’imaginer le manger soulageait ma faim. Je crois tellement à la force de la pensée.

Comment analysez- vous votre vie maintenant ?

J’ai réussi ma vie. Je crois que pendant ces 82 ans j’ai marché dans la vie, je n’ai pas marché à coté. J’ai encaissé des coups mais j’ai essayé de les positiver.
On n’est jamais indemne du pire.

Je suis ce que je suis à cause et grâce à Auschwitz. Il est vrai que si je suis devenu médecin, ce n’est pas neutre, ni par hasard.

Je n’ai jamais supporté la souffrance de l’autre sans réagir. La mienne j’en fais mon affaire.
je ne supporte pas la souffrance d’un enfant, elle me bouleverse et le plus grand crime des nazis, c’est d’avoir assassiné 1.500.000 enfants.
En ce qui me concerne je peux dire que le bourreau a perdu.

Il a voulu faire de moi un asocial et j’ai résisté car je suis pleinement dans la vie.

Vous vous dites athée, comment à la sortie de cette tourmente vous avez vécu cet athéisme ?

Je ne crois pas au Dieu de Michel Ange qui écarterait les nuages une fois par siècle et les refermerait très vite effaré de voir ce que les hommes ont fait de la Terre. En cette forme de Dieu là, je ne crois pas. Un jour j’ai lu Marguerite Yourcenar qui disait à peu près ceci « Il n’est pas possible que nous soyons le fruit du hasard » et aussi » Dieu est en nous , le plus prés de nos qualités et le plus loin de nos défauts et de nos tares »

Je crois que la vie a un projet . De quelle nature est ce projet ? Je n’en sais rien, mais ce que je crois savoir, c’est que les hommes passent leur vie à rechercher ailleurs ce qu’ils ont en eux-mêmes.

Le Messie que les Juifs attendent, je crois qu’il est en nous car le Messie c’est aider les autres, et cela nous pouvons tous le faire.

Ma vie est un empilement de vies qui toutes me semblent différentes, adolescent, déporté, médecin, cosmétologue. On a créé avec ma femme des produits de beauté. Puis j’ai été consultant pendant dix ans pour une société japonaise et après j’ai été un autre homme me consacrant uniquement au Travail de Mémoire. J’étais franc-maçon aussi.

Mais ma dernière vie et que je considère comme étant l’aboutissement de mon parcours est celle que j’ai avec mes interventions auprès des enfants. Quand je leur dis ce qui s’est passé et qu’ils me remercient, je leur réponds qu’ils n’ont pas à me remercier car grâce à eux je fait revivre mon Papa , ma Maman et ma petite sœur.

Comment considérez-vous votre vie maintenant ?

Si j’avais le choix je ne sais pas si je recommencerai cette vie. J’ai vécu des moments exaltants même là-bas.

Je me souviens lors du voyage de la fin quand nous nous sommes arrêtés dans une gare. Des femmes nous regardaient éberluées de nous voir dans cet état. Les wagons étaient à ciel ouvert et plus tard nous sommes passés sous trois passerelles, noires de monde. Et là des hommes nous ont jeté du pain alors qu’ils crevaient de faim eux aussi. C’était admirable et dramatique : les SS prenant conscience qu’on nous jetait du pain se sont mis à tirer sur tous ces gens avec leurs mitraillettes et, sous les balles ils continuaient à nous jeter du pain. Je n’ai pas vu une personne reculer et s’enfuir.

Peut-on désespérer de l’homme quand on vit cela ?
Je suis maintenant en parfait accord avec moi-même .
Je pense comme Sartre.

« On ne te demande pas ce qu’on t’a fait mais ce que tu as fait avec ce qu’on t’a fait »

Quel message pouvez-vous et voulez-vous laisser aux jeunes ?

Le message fondateur est qu’ils considèrent la vie comme le plus beau des cadeaux.

Il ne faut pas avoir peur de la mort car elle fait partie de la vie. Si je devais croire en quelque chose, j’inclinerais plutôt vers le bouddhisme, la théorie de la réincarnation apportant des réponses à mes questionnements. L’espérance est là : puisque sa vie est belle, on doit respecter la vie de l’autre.

J’adhère complètement à ce qu’a dit Gandhi sur la vengeance :

« Si tu rends œil pour œil , le monde deviendra aveugle »

Je suis juif et sans être religieux, je me sens complètement juif car j’appartiens à cette culture

Quand j’explique la Shoah aux jeunes je la classe dans la barbarie en lui reconnaissant, bien sûr, des particularités qui en font toute la différence avec les autres actes de barbarie.

La Shoah est une barbarie de bureau et d’Etat. C’est un génocide programmé avec toute une administration qui l’a conçu, organisé et réalisé mais c’est un génocide même si, comme tous les génocides elle a des spécificités.
Il faut travailler sur la mémoire pour préparer l’avenir.

Quand je pense à moi je dis que je suis ni un héros ni une victime. Je suis un être comme les autres à qui il est arrivé un évènement exceptionnel.

On doit enseigner la Shoah aux enfants mais graduellement ;

En CM2 on doit enseigner les Justes, ceux qui ont sauvé les autres, comme les Juifs pourchassés par une idéologie d’exclusion

En troisième de collège la Shoah est au programme de la deuxième guerre mondiale.

En terminale on doit étudier, outre la deuxième guerre mondiale qui devrait être remise au programme et en plus, par le professeur de philosophie ! Les processus génocidaires ? Comment un être ordinaire peut-il devenir un bourreau ?

Et le Pardon ?

Pour le Pardon je dois dire que s’il y a des choses impardonnables, ce sont elles qu’il faut pardonner car que serait le pardon si on ne pardonnait que le pardonnable ? (Jacques Derrida)

le Pardon est un cadeau que l’on fait à soi-même et, avec Jacques Derrida je dirai aussi : que « Le sens du pardon est de n’avoir aucun sens ».

Enfin il faut « Pardonner pour vivre » comme un être humain normal et ordinaire

2 Commentaires

  1. Le souvenir d une rencontre avec un homme merveilleux dans sa bienveillance et dans son écoute… Souvenir inaltérable dans ma mémoire.
    Merci de cet article

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Charles-Albert Delatour
Charles-Albert Delatour
Ancien consultant dans le domaine de la santé, Charles-Albert Delatour, reconnu pour sa bienveillance et son dévouement envers les autres, exerce aujourd’hui en tant que cadre de santé au sein d'un grand hôpital régional. Passionné par l'histoire des organisations secrètes, il est juriste de formation et titulaire d’un Master en droit de l'Université de Bordeaux. Il a été initié dans une grande obédience il y a plus de trente ans et maçonne aujourd'hui au Rite Français philosophique, dernier Rite Français né au Grand Orient de France.

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