jeu 31 octobre 2024 - 09:10

Peut-on avoir la foi sans croire ?

Article du site de la glif – Par Gérard Lefèvre

Discussion autour des concepts de « foi » et de « croyance ». Mais qu’est-ce que la foi d’un Franc-maçon ?

Dans le langage usuel « avoir la foi » et « croire » ou tout aussi bien « foi et croyance »sont très proche, sinon synonymes… En réalité, “foi” et “croyance” ne sont pas strictement synonymes. Voici les éléments qui distinguent les deux :

  1. Foi :

                  –    La foi est un concept plus large et peut s’appliquer à différents domaines, y compris la religion.

                  –    Elle implique une confiance profonde en quelque chose, souvent sans           preuve tangible.

                  –    La foi peut être personnelle et intime, et elle peut transcender les  limites de la raison.

                  –    Par exemple, avoir la foi en Dieu signifie croire en son existence et en sa providence, même sans preuves scientifiques.

  1. Croyance :

–         La croyance est plus spécifique et peut être liée à des idées, des doctrines ou des dogmes.

–    Elle peut être basée sur des éléments concrets, tels que des   enseignements religieux, des expériences personnelles ou des preuves historiques.

 –      Les croyances peuvent varier d’une personne à l’autre et sont souvent    influencées par la culture, l’éducation et l’environnement.

–     Par exemple, croire en la résurrection est une croyance spécifique dans le contexte chrétien.

 

Qu’est-ce que croire ?

Estimer comme vrai, être persuadé de la réalité.
Avoir foi dans une religion, une doctrine philosophique.
Estimer sincère une personne.
Accepter de façon immédiate une vérité révélée.
Contrairement au savoir, la croyance ne nécessite pas de preuves rationnelles.
Croire a donc un sens très vague de portée plus psychologique que logique.
Croire peut- être le contraire de douter ; cependant dans l’expression « je crois que… » toute proche de « je suppose »… s’insinue un doute, une incertitude que l’on ne trouve pas par exemple dans « je crois en… »

La croyance

La croyance est le fait d’attribuer une valeur de vérité à une proposition ou un énoncé, indépendamment des éléments de réalité confirmant ou infirmant cette proposition ou cet énoncé. En d’autres termes, c’est lorsque l’on croit en quelque chose sans nécessairement avoir de preuves tangibles pour étayer cette conviction. Par exemple, croire en l’existence de Dieu, aux fantômes ou à d’autres doctrines relève de la croyance.

Les croyances sont profondément ancrées et façonnent notre perception de nous-mêmes, des autres et du monde qui nous entoure. Elles sont influencées par diverses sources telles que l’éducation, les expériences personnelles, la culture et les influences sociales. 

Au sens large, la croyance peut être définie comme un état mental qui porte à donner son assentiment à une certaine représentation, ou à porter un jugement dont la vérité objective n’est pas garantie et qui n’est pas accompagné d’un sentiment subjectif de certitudeEn somme, la croyance est un concept complexe qui a été étudié par des philosophes, des épistémologues, des historiens, des anthropologues et des psychologues afin de comprendre son rôle dans le comportement des individus et des sociétés

La foi est un concept complexe qui a des significations variées selon les contextes philosophiques, religieux et spirituels. Voici quelques définitions pour mieux comprendre ce phénomène :

  1. Définition philosophique et spirituelle:

–         La foi (du latin fides, signifiant « confiance ») est l’adhésion ferme et entière à une idée, un concept ou un principe, qui apparaissent donc à l’esprit comme vrais et certains. La foi la plus courante est la foi religieuse, ou la foi en Dieu, qui implique ferveur et dévotion.

                –      La foi est une expérience intime, relevant du vécu intérieur. Elle ne   s’explique pas et surgit parfois sans prévenir.

Elle peut avoir deux origines :

              –    Origine extérieure: Influences telles que l’éducation, la culture ou la tradition, conduisant à une foi suggérée ou inculquée, souvent dogmatique.

–  Origine intérieure: Chemin personnel menant à un nouveau rapport au       monde et à soi-même, basé sur la connaissance de soi et le dépouillement.

La foi n’est pas une simple opinion, une philosophie ou une idéologie, elle se vit à un moment donné mais peut être questionnée et remise en cause, elle est active et dynamique.

Emerson Précise « la croyance consiste à accepter les affirmations de l’âme »

                          

     Ralph Waldo Emerson en 1857.

La croyance n’est pas une certitude pour tous. Il y a des certitudes mathématiques, scientifiques, rationnelles, morales même, issues de l’expérience et il y a les croyances spirituelles abstraites et incertaines.

  1. Définition théologique:

               – Dans un contexte religieux, la foi est la décision de faire confiance aux témoins qui nous parlent de Dieu et d’organiser notre vie en conséquence. Elle est libre et relève de la décision intime de chaque individu, même si Dieu lui-même apporte son aide.

La foi est étrangère à la raison. Où la foi pénètre, la raison s’en va.

Pasteur disait « quand on me parle de religion je ferme le tiroir de la science ».

Saint Augustin disait mieux « credo quia absurdum » Je crois parce ce que c’est absurde.

Ce qui écarte radicalement toute raison discursive et même le simple bon sens.

En somme, la foi est un phénomène mystérieux, à la fois personnel et universel, qui transcende les limites de la raison et de la certitude. Elle peut être source d’inspiration et de libération, mais comporte également des risques tels que l’erreur ou l’obscurantisme.

La question de la foi sans religion est complexe et suscite des réflexions variées. Permettez-moi de vous présenter quelques perspectives sur ce sujet.

La foi sans religion :

Il est possible d’avoir la foi sans nécessairement adhérer à une religion organisée. La foi est avant tout une relation personnelle avec Dieu ou une transcendance. Elle implique la reconnaissance de l’existence et de la présence de quelque chose de plus grand que nous.

Certains contemporains se considèrent comme croyants sans pratiquer activement une religion. Ils croient en Dieu ou en une force supérieure, mais ne fréquentent pas nécessairement un lieu de culte ou ne suivent pas de rituels religieux.

La foi peut exister indépendamment des structures religieuses et des dogmes. Elle se manifeste à travers la prière, la méditation, la confiance et la relation personnelle avec le divin.

La religion et la foi :

La religion, quant à elle, est un ensemble de textes, de rites, de règles et de coutumes par lesquels un groupe d’hommes exprime sa relation à Dieu. Par exemple, si vous êtes chrétien, vous allez à la messe le dimanche, vous essayez de vous conformer à l’Évangile et aux règles qui en découlent, et vous vous déclarez membre de l’Église.

La foi, en revanche, est cette relation personnelle avec Dieu, cette reconnaissance de son existence et de sa présence. Elle s’exprime à travers la pensée, la prière ou les actes.

Le dilemme :

Mentionner que l’adhésion à une religion peut altérer la foi. C’est un point de vue partagé par certains. Ils préfèrent vivre leur foi sans les contraintes institutionnelles de la religion.

Cependant, il y a un prix à payer. Si vous rejetez la religion, vous pourriez être contraint de vous inventer votre propre concept de Dieu ou de le réduire à une « entité » transcendante, ineffable, mais dont on ne peut rien dire. Cela peut conduire à une foi abstraite et déconnectée de la réalité.

Certains ont trouvé un équilibre en adhérant à une religion tout en maintenant une relation personnelle avec Dieu. Par exemple, dans le christianisme, Jésus est considéré comme le visage de Dieu, accessible à travers une communauté de croyants.

En fin de compte, la foi sans religion est une quête personnelle. Chacun doit trouver sa propre voie pour approcher Dieu, que ce soit à travers une religion organisée, une spiritualité personnelle ou une combinaison des deux. La question fondamentale reste : comment atteindre Dieu sans perdre de vue notre humanité et notre besoin de solidarité avec les autres.

Le Franc Maçon peut-il soulever des montagnes ?

“Je vous le dis en vérité, si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à cette montagne : ‘Transporte-toi d’ici là’, et elle s’y transporterait, et rien ne vous serait impossible.” (Matthieu 17,19)

Notre foi n’est pas religieuse, aveugle, impérative. Elle ne nous possède pas, nous la cultivons. Elle n’est pas un but mais un moyen.

Le Maçon qui cherche la vérité doit savoir douter, non par pyrrhonisme, par système, mais pour se remettre dialectiquement en cause, défendre ses idées ou les modifier dans le sens de la raison et du progrès.

Notre foi est adhésion volontaire aux valeurs que nous défendons à la perfectibilité de l’homme, à l’avènement d’une humanité meilleure et plus fraternelle.

Notre foi n’est pas aveugle, nous savons que tout ce qui est humain est fluctuant, versatile et pervers. Notre foi sera souvent sujette au doute au désespoir, mais persévérons par amour pour les hommes.

Notre foi est volonté d’arriver, volonté tenace malgré les découragements « passagers » car au fond de nous subsiste toujours cette petite flamme : la réalisation des rêves de paix et de bonheur entre les hommes, nos frères.

Est-ce une utopie, tout idéal n’est-il pas une utopie ?

GL 05/2024

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