jeu 25 avril 2024 - 11:04

Vers la confiance en vous : La règle des 3P : Puissance, Permission, Protection

(Extraits du livre de Gilbert Garibal : « Vers la confiance en vous » – Bien communiquer pour mieux vivre – Editions Numérilivre)

  1. Préjugés, illusions

Si, sous ses différentes formes, la peur est à même de miner la confiance en soi, les préjugés, ces idées toutes faites et le plus souvent défavorables – sous- tendues elles-mêmes par l’appréhension – ne manquent pas non plus d’être fortement déstabilisants à l’occasion.

Les préjugés sont d’autant plus “toxiques”, qu’ils prennent très tôt racine en nous. C’est à partir des paroles répétées de nos parents et éducateurs (formules, proverbes) que les premières opinions préconçues s’incrustent. Et les suivantes s’ancrent insidieusement, pendant notre adolescence, puis au fil de notre vie personnelle et professionnelle. Ils sont bien entendu fournis et entretenus, entre autres, par :

  • Notre entourage immédiat (famille, voisins, camarades, copains)
    • Nos options confessionnelles (formation religieuse, discours des églises)
    • Nos éventuelles superstitions (attachement aux signes, attitudes magiques)
    • Nos convictions politiques (ascendant des leaders choisis et écoutés)
    • Notre réceptivité aux pratiques prédictives (horoscopes, divination, etc)
    • Notre réseau relationnel (amis, collègues de travail, partenaires associatifs)
    • La pression médiatique quotidienne (presse écrite et parlée, publicité).

Certes, nous apprenons à nos dépens qu’aucun être humain ne détient la vérité, que chacun parle de soi et regarde le monde d’abord à travers son “prisme subjectif”, que les preuves des argumentations diverses font largement défaut…Mais les grands enfants que nous sommes, éprouvant – à côté de nos besoins fondamentaux – l’envie d’avoir confiance, de “tenir pour vrai”, sont sans cesse avides de sensations, d’évènements, de nouveautés, de promesses ! Et malgré les précédents déceptifs, la chose annoncée, dite et redite, imprimée, imagée, magnifiée ou discréditée, devient vite certitude ! Influencé de la sorte, je vais par exemple retenir du discours ambiant :

  • Que le travail sera désormais réservé aux seuls diplômés
    • Que mon signe du zodiaque est néfaste à vie;
    • Que les petits gros ou les grands maigres sont exposés à l’insomnie et à l’anxiété;
    • Que les nouvelles maladies du siècle sont une punition divine;
    • Que telle ethnie n’est pas intelligente et encore moins digne de confiance;
    • Que les métiers de pilote ou de policier ne sont pas faits pour les femmes etc.

Autant de jugements infondés et de généralisations gratuites, que j’intériorise et « digère mal », si j’ai la faiblesse de m’estimer concerné. Autant “d’attributions” qui, prises à mon compte, peuvent fragiliser ma personnalité, m’apeurer, m’engager dans l’auto dévalorisation et, au total, me faire perdre mes moyens.

Dans ce domaine des croyances, nos préjugés sont souvent accompagnés d’illusions. Je peux ainsi m’imaginer que j’ai une veine insolente au jeu…et perdre mon salaire du mois en une soirée au casino ! Je peux également penser à l’inverse, que je n’ai pas de chance dans mes relations et que je suis une proie facile, que personne ne m’aime…et faire en sorte d’excéder les autres par mon comportement plaintif !

Cette dernière option infantilisante va d’évidence alimenter en moi des sentiments de persécution et d’infériorité. “L’enfant perpétuel” (ainsi nommé par l’A.T.) que je suis resté va me conduire à rechercher sans cesse des “bons parents” dans la société. Et je m’expose alors dans ma quête, à connaître bien des déceptions !

Couper le cordon

Comment nous débarrasser de nos préjugés et illusions ? L’Analyse Transactionnelle qui les définit comme une fausse vision du monde gardée de l’enfance, nous conseille d’ôter nos lunettes déformantes, pour découvrir enfin la réalité.

De fait, il s’agit dans le cas des préjugés, à nous autoriser à penser par nous- mêmes et dans celui des illusions…à les perdre, c’est-à-dire de devenir conscients !

Deux façons de couper enfin le cordon ombilical.

2.   Moi, je…

Nous nous regardons dans la glace plusieurs fois par jour et nous ne nous voyons pas forcément tels que nous sommes, ni tels que les autres nous voient. Nous recevons une image à laquelle nous sommes habitués, que nous interprétons de façon tout à fait subjective, qui nous plaît ou non.

En ce sens, le miroir reflète notre Moi physique et en même temps, à travers notre regard, pour nous seul, notre Moi psychique.

a)  Le Moi physique

Vous pouvez aimer vos yeux, votre nez, votre bouche, mais détester votre couleur de cheveux ou vous désoler de votre calvitie, au point d’en avoir quelque complexe. De la même manière, je peux être content de mon buste, mais trouver mes jambes trop maigres, trop fortes ou trop courtes. Et en éprouver de la gêne, voire de la honte.

Cette vision toute personnelle et auto-dévalorisante de nos particularités physiques – qui contraint certains à fuir les appareils photos et autres camescopes familiaux – n’est pas forcément partagée par notre entourage. Ces tâches de rousseur qui vous désolent ou cette voix que vous jugez nasillarde lorsque vous l’entendez au magnétophone sont pourtant des « plus » qui font votre charme aux yeux et aux oreilles de vos proches. Faites leur confiance…pour précisément avoir confiance en vous !

En revanche, le refus de vieillir peut vous conduire abusivement vers des salles de musculation ou à vous exténuer dans de trop longs “footings” dominicaux. Pour quelques grammes de moins et vite repris (ce n’est pas le sport qui fait maigrir, mais un régime alimentaire équilibré !) il n’est pas raisonnable de s’exposer à des accidents. De même, s’habiller aux rayons “jeune” avec des vêtements couleurs fluos, porter une casquette à la visière retournée ou une perruque, même en vrais cheveux, n’efface pas les années et ne trompe personne ! “Vivre avec son temps” veut dire vivre avec son âge, et « à l’aise dans son âge », qu’il convient tout simplement d’accepter.

b)  Le Moi psychique

Comme on peut tricher avec sa date de naissance – au prix de combien de contraintes et d’angoisses ! – il est possible de se fabriquer un personnage et ainsi de faire semblant d’être ce qu’on n’est pas.

Nous vivons à l’époque de l’image. Image télévisuelle, image publicitaire, image de marque, et partant image de soi. La vie professionnelle rime souvent avec “artificielle”, et oblige, dans certaines entreprises, à afficher une provenance (école, université, milieu social), un style (que n’a-t-on dit sur le costume trois pièces, l’attaché-case des cadres dynamiques et leur “GTI” vrombissante avec raquette de tennis sur la plage arrière ?!) un discours (un langage “branché” et “marketing” !), une disponibilité (il est encore bien vu de se montrer débordé et de rester au bureau jusqu’au vingt heures !)

La vie familiale n’est pas en reste avec les “comédies” que l’on y interprète. Du père qui transporte son statut de “patron” à la maison pour se faire respecter, à la mère qui veut ressembler à sa fille, lit les mêmes revues, parle et s’habille comme elle. Du grand-père qui se lance dans l’informatique et navigue sur l’Internet à la grand-mère qui va à la faculté pour conquérir un diplôme ! On ne peut que féliciter ces deux derniers de désirer parfaire encore leur « développement personnel » …mais déplorer leur démarche si au contraire d’une visée récréative, elle tend à rechercher quelque insigne social. Ou à entrer en concurrence effective avec leur descendance !

Il ne faut pas confondre autostimulation et compétition !

Du jeu au “je”

Quel intérêt de faire des choses pour, avant tout, “épater la galerie” ?! Le risque est aujourd’hui de ne surprendre personne et surtout, vêtu d’un costume d’emprunt, de se sentir en permanence mal dans sa peau ! Jouer un rôle social revient fréquemment à vouloir se montrer sûr de soi, performant, bref à s’affirmer “le meilleur” … et de fait à être constamment sur ses gardes, inquiet, calculateur, dans le doute. Que signifie “s’exprimer par soi-même”, sinon cesser de vivre dans la coquille des autres, comme le Bernard-L’hermite ?! Il s’agit de sortir du jeu…pour revenir dans le « je » !

3.   Droits, devoirs

Employer fermement le pronom personnel “JE” pour parler de vous ne relève pas de la vanité ou de quelque boursouflure de votre égo ! C’est la façon la plus claire de :

  • Vous exprimer en personne et en votre nom.
    • Vous définir par rapport à l’autre et du même coup le reconnaître.
    • Vous considérer vous-même, avec vos droits   et vos devoirs.

Ce dernier point est important car il dégage les notions essentielles :

  • De puissance j’ai / il a la capacité d’être, d’avoir, de faire… »)
    • De permission (« je / me /te donne l’autorisation de… »)
    • De protection (« je prévois, je me / te protège de… »)

Dans le cadre des thérapies comportementales qui ont fleuri au cours des années 1960/1980, les psychologues américains en ont fait un principe qu’ils nomment « la règle des 3P » – désignant ainsi les « garanties » à donner à leurs patients – mais qui est aussi applicable à nous-mêmes, par nous-mêmes.

LA PUISSANCE

L’homme porte en lui depuis des millénaires, les moyens de s’adapter à son milieu. Je peux ainsi exister, persuadé à juste titre de mes ressources innées et de mon potentiel énergétique, tant physique que mental.

A ne pas confondre avec « le pouvoir », la puissance d’une personne se mesure à sa capacité à ne pas se sentir « victime » de situations, à prendre ses RESPONSABILITÉS et à agir avec AUTONOMIE, plutôt que dans le cadre de relations symbiotiques (dépendance). S’il y a un manque de puissance chez une personne, elle sera moins capable d’assumer PERMISSION et PROTECTION envers elle-même et son entourage.

Cette puissance peut être aussi acquise, par imitation (père ou/et mère, substituts parentaux ou modèles sociaux, « solides », sûrs d’eux et « apporteurs de solutions aux problèmes quotidiens).

C’est souvent la reproduction de ce vécu sécurisant pendant l’enfance qui donne confiance en soi et assurance à l’adulte (l’assertivité, en langage moderne).

LA PERMISSION

Exister, c’est me donner sans réserve aucune, les principaux droits fondamentaux suivants qui me permettent, dans la ligne même des Droits de l’Homme, d’affirmer que (tout en reconnaissant ces possibilités aux autres) J’AI LE DROIT DE :

  • Vivre, penser, parler par moi-même, en mon nom et en fonction de mes options;
  • Réussir mes entreprises et de faire des erreurs, de prendre mon temps;
  • D’avoir mes avis, d’en changer, de ne pas tenir compte de ceux des autres;
  • D’exprimer mes émotions et sentiments, d’être respecté et d’exiger ce respect;
  • D’agir en toute liberté tout en respectant celle des autres;
  • De ne pas plaire, de ne pas être d’accord et de le dire, d’aimer, de ne pas aimer;
  • De dire non, de refuser, de ne pas me justifier, de garder mon libre-arbitre;
  • De demander, d’exiger éventuellement, d’insister si besoin, de recevoir;
  • De reconnaître mes talents, de les valoriser, de m’offrir de bonnes choses;
  • De vivre pleinement ma sexualité en reconnaissant celle des autres;
  • De gérer ma vie sans me laisser imposer des contraintes irrecevables;
  • D’exprimer mes désirs, mes intuitions, ma curiosité, sans hésitation;
  • D’apprendre, de réfléchir, avec mes propres méthodes et à mon rythme
  • De prendre des initiatives, de les tester, d’avoir des limites, de les faire accepter;
  • D’avoir mes valeurs et mon système de référence, sans qu’ils nuisent à autrui;
  • De ne pas être bridé dans mes aspirations, d’évoluer, de m’épanouir, de “grandir”;
  • D’avoir des qualités et des défauts;
  • De choisir mes amis, mais aussi d’interrompre mes relations;
  • De ne pas prendre autrui en charge, sauf assister les personnes en danger.

LA PROTECTION

Les droits entrainent des devoirs et réciproquement. Si J’AI LE DROIT de m’affirmer, J’AI LE DEVOIR de veiller sur moi, de protéger ma vie, ma santé, autrement dit de me sécuriser, au même titre que je dois secourir les autres. Il est important pour moi de me libérer des injonctions impératives « empoisonnantes » éventuellement conservées de l’enfance (ex : n’existe pas, ne grandis pas, n’agis pas, ne réussis pas, etc.).

En revanche, il est évidemment recommandé de mettre en pratique tous les « tuyaux » utiles, reçus ou acquis pendant la même période ! En termes de transmission, il convient de saluer les parents ou éducateurs qui vous ont encouragé à savoir conduire, nager, danser ! Et d’être reconnaissant à ce chef scout qui vous a conseillé d’avoir toujours sur vous un couteau suisse et une lampe électrique ! N’oubliez pas, entre beaucoup d’autres, de telles « consignes de vie » : elles constituent autant de savoir-faire et d’outils qui, sans bruit, confortent la maîtrise de soi.

Responsable, pas coupable

Etre adulte ne signifie pas s’imposer en force, mais faire valoir et respecter ses idées dans son milieu d’évolution, toujours avec courtoisie. Se montrer déterminé et responsable donne une assurance aux antipodes même de toute mauvaise conscience.

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Gilbert Garibal
Gilbert Garibal
Gilbert Garibal, docteur en philosophie, psychosociologue et ancien psychanalyste en milieu hospitalier, est spécialisé dans l'écriture d'ouvrages pratiques sur le développement personnel, les faits de société et la franc-maçonnerie ( parus, entre autres, chez Marabout, Hachette, De Vecchi, Dangles, Dervy, Grancher, Numérilivre, Cosmogone), Il a écrit une trentaine d’ouvrages dont une quinzaine sur la franc-maçonnerie. Ses deux livres maçonniques récents sont : Une traversée de l’Art Royal ( Numérilivre - 2022) et La Franc-maçonnerie, une école de vie à découvrir (Cosmogone-2023).

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