Prendre un vent ! Cette expression est une expression familière francaise qui signifie « se faire ignorer, rejeter »… Un bref moment de vie, inattendu, brutal, blessant que nous ne souhaitons à personne !
Si, hèlas, vous avez vécu ce type d’expérience, à des fins de consolation ou de compassion, rattrapons le souvenir d’un sentiment cuisant en brillant par l’érudition et en parlant des vents !
Zeus tenant dans sa main un éclair du ciel
Connaissez-vous Eole ? Oui Eole ! Il est le plus connu des vents. Il a été choisi par Zeus lui même le Dieu de la mythologie grecque. A l’origine il aurait été un simple marin repéré par le Dieu du Panthéon depuis l’Olympe pour son habileté et son expérience en matière de navigation. Le roi aurait décidé de lui confier la garde des vents sur l’île d’Eolia. Afin de les retenir, Eole les tient enfermés dans des grottes dont ils ne peuvent sortir sans son aide.
Ainsi sous terre les vents mugissent, rugissent, et, dit on, s’ils pouvaient s’échapper de leur prison, ils réduiraient à l’état de poussière la Terre et le ciel tant leur impatience et leur fureur sont grandes !
Un CEO et son DRH en visite dans un service en restructuration et se réjouissant des profits à venir.
Sur une telle vision, Horace et Virgile, dans l’Eneïde, ont su nous apporter des précisions. Ainsi ont- ils identifié Eurus le vent d’Est et Norus le vent chaud du sud. D’après eux, le Norus sans pitié fit tournoyer trois navires et les jetât sur des rocs cachés, affleurant au milieu de la mer, sous la surface trompeuse. L’Eurus lui en précipitât trois autres de la haute mer sur les bas fonds, les broyant contre les écueils ou les enlisant dans les sables.
Trop forts les Aztèques ! Eux, surent reconnaitre le vent Ehecalt et mêmelereprésenter avec un masque à bec de canard ou quelquefois sous l’aspect d’un singe. Pour eux, Ehecalt symbolise pas moins que les quatre points cardinaux. Lors de la création du monde, Ehecatl a d’ailleurs attribué avec précision aux astres leur place dans le ciel. Il acommencé par souffler de toutes ses forces sur le soleil pour lui faire parcourir sa trajectoire d’est en ouest. Puis, quand le soleil eût disparu pour la première fois à l’horizon, la lune a beneficié de son aide pour commencer à son tour son périple dans le ciel. Mais nous ne pouvons vous en communiquer plus de peur de révéler des secrets cachés sur l’Univers !
Par contre, bien au Nord, dans la mythologie des peuples de la Scandinavie, le dieu du Vent et de la Mer s’appelle Njord. En Norvège et en Suède, le dieu Njord était vénéré par les anciens, très anciens et pour lui, ils accomplissaient de nombreux sacrifices. Njord est compté comme l’un des Vanes, une des deux grandes familles divines… Mais, on en convient toujours et raisonnablement : ce dieu garde le pouvoir de contrôler les éléments, en particulier la mer qu’il peut calmer afin d’aider les marins. Les bulletins météréologiques de part le monde quotidiennement données par les médias manifestent de ce souci de bien informer des caprices du vent les capitaines des gros cargos comme des canoës kayak légaux (ou clandestins) voyageant sur toutes les mers intercontinentales avec leurs « marchandises » !
Leçon de vie : soyons brefs ! Partout où vous irez sur la planète, que cela soit : à pied, en bateau, ou en avion, sachez nommer le vent… Mais restez droit si vous le prenez en pleine face… Par exemple, descendez de l’avion comme si de rien n’était ! Cela sera digne et bienséant !
Rappelons ici seulement quelques aspects de la méthode maçonnique mieux connue de nos lecteurs.
La Méthode Maçonnique : Une Approche Symbolique et Initiatique
La méthode maçonnique, développée au sein de la Franc-maçonnerie à partir du XVIIIe siècle, est une démarche initiatique et symbolique visant à l’amélioration morale et spirituelle de l’individu, ainsi qu’à la construction d’une société plus juste. Elle repose sur des rituels, des symboles et une réflexion collective.
La Franc-maçonnerie utilise des symboles et paraboles (équerre, compas, temple de Salomon) pour transmettre des enseignements philosophiques et éthiques. Ces symboles incitent à la réflexion personnelle et à l’interprétation.
La méthode maçonnique s’appuie sur des rituels d’initiation qui marquent les étapes de progression du maçon, de l’apprenti au maître. Ces rituels favorisent une transformation intérieure par l’expérience.
L’objectif de la méthode maçonnique est de « polir la pierre brute », c’est-à-dire de perfectionner l’individu à travers l’introspection, le dialogue et l’engagement social.
Malgré leurs contextes très différents, la scolastique et la méthode maçonnique présentent des similitudes intéressantes.
Bien que la scolastique et la méthode maçonnique opèrent dans des sphères distinctes – l’une académique et théologique, l’autre initiatique et philosophique –, elles partagent des traits fondamentaux : une aspiration à saisir des vérités profondes, une méthode structurée pour guider la réflexion, une valorisation du travail collectif et une capacité à conjuguer tradition et innovation. Ces similitudes révèlent une convergence inattendue entre deux démarches qui, à travers les siècles, ont cherché à éclairer l’esprit humain, chacune à sa manière, dans sa quête de sens et de perfection par leur volonté de structurer la pensée et de favoriser une compréhension profonde des principes fondamentaux.
Une quête commune de vérités fondamentales
La scolastique, florissante au Moyen Âge, vise à explorer et à comprendre les vérités théologiques et philosophiques, principalement dans le cadre de la foi chrétienne. À travers l’étude des textes sacrés, des écrits des Pères de l’Église et des philosophes antiques comme Aristote, les scolastiques cherchent à harmoniser la raison et la foi pour éclairer les mystères divins. De son côté, la méthode maçonnique, ancrée dans les traditions des loges depuis le XVIIIe siècle, poursuit une quête de vérités morales et philosophiques, avec un accent sur l’amélioration personnelle et la compréhension des valeurs universelles telles que la fraternité, la liberté et la justice. Bien que leurs objets diffèrent – théologique pour l’une, éthique et humaniste pour l’autre –, les deux démarches partagent une ambition commune : transcender les connaissances superficielles pour accéder à une compréhension plus profonde et universelle.
Des méthodes structurées pour guider la réflexion
La scolastique repose sur une méthode rigoureuse, centrée sur la logique et la dialectique. Les scolastiques, comme Thomas d’Aquin ou Duns Scot, utilisent des outils intellectuels tels que les distinctions conceptuelles, les syllogismes et les disputations pour analyser et résoudre les questions complexes. Ce processus structuré permet de clarifier les concepts et d’avancer dans la compréhension par un dialogue raisonné. De manière analogue, la méthode maçonnique s’appuie sur des rituels, des symboles et des degrés initiatiques pour guider la réflexion des membres. Les symboles maçonniques, tels que l’équerre, le compas ou le maillet, servent de supports à une méditation introspective et collective, incitant les francs-maçons à explorer des vérités morales à travers une progression ordonnée. Dans les deux cas, la réflexion est encadrée par un cadre méthodologique qui donne à la quête intellectuelle ou spirituelle une cohérence et une profondeur.
L’importance du collectif dans la recherche de la vérité
La scolastique s’épanouit dans le cadre des universités médiévales, où les débats collectifs, ou disputations, jouent un rôle central. Ces joutes intellectuelles, où les arguments sont présentés, défendus et critiqués, permettent de tester la robustesse des idées et d’affiner les positions. Ce travail collaboratif favorise une approche dynamique de la vérité, nourrie par l’échange et la confrontation des points de vue. De façon similaire, la franc-maçonnerie valorise le travail en loge, un espace où les membres se réunissent pour partager leurs idées, expériences et réflexions. Les discussions en loge, bien que moins formellement dialectiques, sont guidées par des principes de respect mutuel et d’écoute, favorisant une élaboration collective des valeurs et des enseignements maçonniques. Dans les deux contextes, la vérité n’est pas seulement une conquête individuelle, mais le fruit d’un effort partagé au sein d’une communauté de pensée.
Une tension entre tradition et innovation
Un autre point de convergence réside dans la manière dont ces deux approches articulent tradition et innovation. La scolastique, tout en s’appuyant sur des autorités établies (Écritures, Aristote, Augustin), encourage l’innovation intellectuelle par l’élaboration de nouvelles synthèses, comme en témoigne la Somme théologique de Thomas d’Aquin. De même, la franc-maçonnerie, bien qu’enracinée dans des rituels et des symboles hérités de traditions anciennes, invite ses membres à réinterpréter ces éléments à la lumière de leur propre expérience et du contexte contemporain. Cette tension entre respect de la tradition et ouverture à la nouveauté confère aux deux systèmes une dynamique d’évolution continue.
Cependant, les deux approches diffèrent sur plusieurs points essentiels.
La scolastique et la méthode maçonnique, bien qu’émanant de contextes philosophiques et historiques très différents, présentent des divergences marquées qui éclairent leurs approches respectives de la quête de vérité et de la réflexion humaine. La scolastique, profondément enracinée dans le christianisme médiéval, s’attache à défendre et à clarifier des vérités dogmatiques, tandis que la méthode maçonnique, non dogmatique et humaniste, valorise la liberté de pensée et la diversité des croyances. Ces différences fondamentales se manifestent non seulement dans leurs objectifs, mais aussi dans leurs méthodes et leurs finalités.
Une opposition entre dogme et liberté de croyance
La scolastique, développée dans les universités médiévales à partir du XIe siècle, est indissociable de la théologie chrétienne. Elle vise à approfondir la compréhension des dogmes de l’Église, tels que la nature de Dieu, la Trinité ou la rédemption, en s’appuyant sur les Écritures, les Pères de l’Église et les philosophes antiques, notamment Aristote. Des figures comme Thomas d’Aquin ou Anselme de Cantorbéry cherchent à harmoniser la foi et la raison pour défendre des vérités considérées comme universelles et immuables, dans un cadre strictement théologique.
À l’inverse, la méthode maçonnique, née au XVIIIe siècle dans le contexte des Lumières, rejette tout dogme unique. Elle se veut un espace de réflexion humaniste, où les membres, indépendamment de leurs convictions religieuses ou philosophiques, sont encouragés à explorer des vérités morales et éthiques dans un esprit de tolérance. Comme le souligne le terme « Gadlu » (Grand Architecte de l’Univers https://450.fm/2025/03/01/le-grand-architecte-de-lunivers-au-coeur-de-la-demarche-maconnique/), souvent utilisé dans la franc-maçonnerie, cette approche n’impose pas une conception spécifique de la divinité, mais laisse place à des interprétations variées, qu’elles soient théistes, déistes ou même agnostiques. Cette ouverture contraste fortement avec l’ancrage dogmatique de la scolastique.
Des méthodes distinctes : raison discursive vs symbolisme rituel
La scolastique privilégie une méthode rationnelle et discursive, fondée sur la logique aristotélicienne et la dialectique. Les scolastiques s’engagent dans des disputations, des débats structurés où les arguments sont soigneusement analysés, réfutés ou validés à travers des syllogismes et des distinctions conceptuelles. Cette approche rigoureuse vise à clarifier les concepts théologiques et à résoudre les apparentes contradictions entre foi et raison. Par exemple, la Somme théologique de Thomas d’Aquin illustre cette méthode par son organisation systématique et son recours à une argumentation rationnelle. En revanche, la méthode maçonnique repose sur des rituels et des symboles, tels que l’équerre, le compas ou les cérémonies initiatiques, qui invitent à une réflexion introspective et subjective. Ces symboles, loin d’imposer une interprétation unique, offrent une richesse de significations que chaque franc-maçon est libre d’explorer selon sa sensibilité et son expérience. Là où la scolastique cherche la précision et l’objectivité à travers le discours, la méthode maçonnique privilégie l’intuition et l’interprétation personnelle, favorisant une approche plus suggestive que directive.
Des finalités divergentes : vérité universelle versus amélioration personnelle et sociétale
La scolastique s’inscrit dans une quête de vérités universelles, considérées comme absolues dans le cadre théologique chrétien. Son objectif est de construire un système cohérent de connaissances qui éclaire les mystères divins et renforce la doctrine de l’Église. Les scolastiques ne cherchent pas seulement à comprendre, mais à établir des vérités qui s’imposent comme des références pour la communauté des croyants. À l’opposé, la méthode maçonnique ne vise pas à établir une vérité absolue, mais à promouvoir l’amélioration personnelle et sociétale. À travers les rituels et les échanges en loge, les francs-maçons sont invités à travailler sur eux-mêmes – ce que l’on appelle « tailler sa pierre brute » – pour développer des vertus comme la tolérance, la fraternité et la justice. Cette démarche s’étend à une vision collective, visant à contribuer à une société plus harmonieuse et éclairée, en phase avec les idéaux des Lumières. Ainsi, tandis que la scolastique cherche à ériger un édifice intellectuel stable, la méthode maçonnique privilégie un processus dynamique et évolutif, centré sur l’individu et la communauté.
Une approche du collectif : débat académique vs fraternité initiatique
La scolastique et la méthode maçonnique, bien qu’elles valorisent toutes deux le travail collectif, le font de manière différente. Dans la scolastique, le collectif se manifeste dans les universités médiévales, où les débats publics et les disputations permettent de confronter les idées pour affiner la compréhension des vérités théologiques. Ce cadre est compétitif et académique, visant à établir une vérité partagée. Dans la franc-maçonnerie, le collectif prend la forme d’une fraternité initiatique, où les membres se réunissent en loge pour partager des expériences et des réflexions dans un esprit d’égalité et de respect mutuel.
La loge maçonnique n’est pas un lieu de débat visant à établir une vérité unique, mais un espace de dialogue où la diversité des perspectives est célébrée comme une richesse.
Chaque maçon parle de liberté, mais combien la pratiquent réellement ? À longueur de tenues, nous entendons vanter cette sacro-sainte liberté : le maçon libre, la loge libre, la parole libre… Des mots qui résonnent comme des mantras, des idéaux brandis avec ferveur, mais qui, à l’épreuve des faits, semblent souvent se dissoudre dans les méandres des conventions, des hiérarchies et des vanités humaines. Si, comme le disait notre Frère Winston Churchill, « je suis toujours prêt à apprendre, bien que je n’aime pas toujours qu’on me donne des leçons », force est de constater que peu de maçons accueillent avec humilité le miroir de leurs propres contradictions. Les idées qui suivent ne plairont pas à tous, et je m’en excuse d’emblée, mais le travail maçonnique n’est-il pas précisément celui de confronter ses turpitudes pour mieux s’en libérer ?
La liberté : un idéal exigeant
Diogène de Sinope: un homme cohérent!
Combien de maçons sont véritablement sur la voie de la liberté, celle qui exige le dépouillement de ses chaînes ? Combien, dans nos ateliers, incarnent l’esprit de Diogène de Sinope, ce philosophe cynique qui, par son détachement radical, incarnait une liberté absolue face aux conventions sociales et aux illusions du pouvoir ? La liberté maçonnique, celle que nous proclamons, n’est pas un simple mot d’ordre ; elle est une quête ardue, un chemin semé d’embûches où l’ego, les structures et les distinctions honorifiques viennent sans cesse entraver notre progression.
Pour comprendre cette quête, commençons par identifier nos chaînes. Elles prennent des formes multiples : les grades, les charges, les reconnaissances, les savoirs accumulés, tout ce qui, en loge, devient un critère de comparaison, un diabole – ce qui divise, sépare, oppose. À l’inverse du symbolum, qui rassemble et unit, ces éléments de différenciation nourrissent une dynamique perverse : celle de l’orgueil et de la vanité, ces poisons de l’âme qui éloignent le maçon de la véritable liberté. Car la liberté maçonnique n’est pas un état acquis par un titre ou une médaille ; elle est un processus, un travail incessant de dépouillement intérieur.
Grades ou degrés : une question de sens
Permettez-moi une digression sémantique, mais essentielle. Depuis longtemps, je m’efforce de bannir le mot « grade » de mon vocabulaire maçonnique. Ce terme, hérité d’une maçonnerie militaire et hiérarchique, évoque une récompense accordée à la soumission, à la conformité, à l’obéissance aveugle. Il est le reflet d’une structure où l’on gravit des échelons, non pas pour se rapprocher de la Lumière, mais pour s’élever au-dessus des autres. À l’opposé, le mot « degré » me semble infiniment plus juste. Il évoque une progression, une évolution dans l’espace et le temps, mue par les lois naturelles de l’univers. N’est-ce pas l’action du soleil qui fait monter les degrés du thermomètre ? De même, le maçon en quête de Lumière progresse par degrés, en harmonie avec les cycles de la nature et de la connaissance, sans chercher à dominer ou à se distinguer.
Dans nos loges, combien de fois voyons-nous des maçons se congratuler pour un grade obtenu, comme si celui-ci était une fin en soi ? Qui célèbre, en revanche, la chaleur du soleil qui fait réagir le mercure ? La véritable progression maçonnique ne se mesure pas à l’aune des décorations ou des titres, mais dans la capacité à se transformer, à polir sa pierre brute, à s’approcher humblement de l’harmonie universelle.
La vanité des charges et des décors
Cette logique s’étend aux charges obédientielles ou aux fonctions en loge. N’est-il pas paradoxal de féliciter un frère ou une sœur pour une élection à une charge, avant même que le travail ne soit accompli ? Dans le monde profane, personne ne reçoit un salaire avant d’avoir travaillé. Pourtant, dans nos ateliers, nous voyons trop souvent des maçons s’enorgueillir de leurs décors, de leurs tabliers richement ornés, comme si ces ornements étaient une fin en soi. Cette pratique, loin d’être un encouragement, frise la flatterie, alimentant l’orgueil de celui qui, pendant trois ans, portera ses insignes avec une satisfaction mal placée.
La seule reconnaissance légitime pour un officier de loge devrait intervenir à l’issue de son mandat, lorsque son travail aura contribué à l’harmonie de l’atelier, à l’élévation collective des frères et des sœurs. C’est là la véritable fierté maçonnique : celle qui naît du service désintéressé, de l’effort sincère pour faire progresser la loge sur la voie de l’Art Royal. Tout le reste n’est que vanité, un dévoiement de l’idéal maçonnique qui transforme l’atelier en un théâtre d’ego.
Fierté, Vanité, Orgueil : une distinction essentielle
Trop de maçons confondent la fierté, noble moteur du travail intérieur, avec la vanité et l’orgueil, ces vices qui gangrènent l’âme. La fierté est un sentiment intime, une satisfaction personnelle tirée d’un travail bien fait, d’une vérité approchée, d’une pierre polie avec soin. Elle n’a besoin d’aucune validation extérieure. La vanité, en revanche, est un besoin malsain d’être vu, admiré, reconnu par les autres. Quant à l’orgueil, il est le pire des maux : il pousse à nier, rabaisser ou écraser autrui pour se sentir supérieur. Ces deux vices sont des cancers pour le maçon en quête de liberté, car ils le rendent dépendant du regard d’autrui, prisonnier d’une validation extérieure qui le condamne à une servitude volontaire.
Pire encore, l’orgueilleux et le vaniteux deviennent à la fois otages et bourreaux de leurs propres chaînes. Croire qu’un gourou exerce un pouvoir absolu sur ses victimes est une erreur : il est lui-même prisonnier de son besoin de contrôle, tout comme le maçon qui se soumet aux hiérarchies, aux grades ou aux charges. Souvenons-nous de la réponse cinglante de Diogène à Alexandre le Grand, qui lui demandait ce qu’il pouvait faire pour lui : « Écarte-toi un peu du soleil ! » Cette injonction, d’une simplicité désarmante, est un appel à la liberté véritable : celle qui rejette les faux-semblants, les hiérarchies artificielles et les illusions du pouvoir.
Une maçonnerie étouffée par ses propres vices
Combien de maçons sont de véritables libres-penseurs, affranchis des structures, des médailles et des reconnaissances ? Notre maçonnerie souffre d’un mal profond, non pas extérieur, mais intérieur. Ce qui ronge l’Art Royal ne vient pas du monde profane, mais de nos propres faiblesses : l’orgueil, la vanité, la quête de pouvoir, le besoin de se distinguer. Chaque maçon connaît la formule rituelle qui nous enjoint de maîtriser nos passions, mais combien en saisissent les subtilités ? Combien savent en débusquer les effets insidieux dans leur propre cœur ?
Friedrich Nietzsche
Le maçon qui sacrifie sa liberté au profit de la sécurité, de la reconnaissance ou de l’orgueil fait un choix conscient. Il troque son âme contre une illusion de confort, cherchant un maître, une structure, une médaille pour se rassurer. Mais ce choix a un prix : il le condamne à pourchasser ceux qui incarnent une liberté authentique. Car l’être libre, par sa simple existence, devient un miroir insupportable pour celui qui a renoncé à sa propre liberté. Comme le disait Nietzsche, « celui qui ne peut commander à lui-même doit obéir ». Le maçon qui se soumet aux chaînes de l’orgueil ou de la vanité devient l’esclave de ses propres illusions, incapable de tolérer ceux qui osent marcher libres.
Vers une maçonnerie de la libération
La Liberté guidant le peuple. Eugène Delacroix
Alors, que faire ? La liberté maçonnique n’est pas un idéal abstrait, mais une pratique quotidienne. Elle exige de renoncer aux oripeaux de la vanité, aux mirages des grades et des charges. Elle demande de cultiver l’humilité, de se confronter à ses propres failles, de polir sans relâche la pierre brute de son ego. Elle invite chaque maçon à devenir un Diogène moderne, à rejeter les conventions inutiles et à chercher la Lumière dans la simplicité, la sincérité et le travail intérieur.
Nos loges doivent redevenir des ateliers de libération, des espaces où l’on apprend à se détacher des chaînes de l’ego, des hiérarchies et des illusions. Cela passe par un retour à l’essence de l’Art Royal : le travail collectif, l’écoute, le respect de l’autre, la quête d’une vérité toujours fuyante. Cela exige aussi de repenser nos pratiques : pourquoi glorifier les grades, les charges, les décorations ? Pourquoi ne pas célébrer, à la place, les progrès intérieurs, les efforts sincères, les petites victoires sur soi-même ?
La liberté comme horizon
Diogène le Cynique et Alexandre le Grand
La liberté maçonnique n’est pas un acquis, mais un horizon. Elle n’est pas un titre que l’on arbore, mais un chemin que l’on parcourt. Elle demande du courage, de l’humilité et une vigilance constante face aux séductions de l’orgueil et de la vanité. Comme Diogène, nous devons apprendre à dire « Écarte-toi du soleil ! » à tout ce qui nous détourne de la Lumière : les hiérarchies, les médailles, les flatteries. Car la véritable liberté, celle que nous chérissons dans nos rituels, ne se trouve pas dans la reconnaissance des autres, mais dans la conquête de soi.
Alors, maçons, combien d’entre nous sont prêts à emprunter ce chemin ? Combien sont prêts à abandonner les chaînes de l’ego pour embrasser la liberté véritable ? La réponse, comme toujours, se trouve dans le silence de notre cœur, là où la Lumière commence à poindre.
Le Temple de La Chapelle-des-Pots (Charente-Maritime)
« Le Temple est le monde, et le monde est le Temple. Le Rite est ce qui les traverse. »
Un décor oublié, une sagesse silencieuse
Dans un petit village de Charente-Maritime, à La Chapelle-des-Pots, un ancien temple maçonnique reconstruit, accueillant la même loge « La Sincérité » depuis 1745 conserve des fresques symboliques d’une richesse exceptionnelle. Ces décors peints, typiques des premiers temps de la Franc-Maçonnerie française, proposent bien plus qu’un ornement : ils constituent une véritable carte initiatique, un chemin de transformation.
Au sein de cette configuration, chaque élément n’est pas seulement chargé de symbolisme : il est placé avec une intention précise, destinée à créer un espace sacré où l’homme, le cosmos et le divin dialoguent silencieusement.
Explorons ce langage visuel à la place de l’initié qui va cheminer dans ses dimensions symbolique, spirituelle et alchimique, avant de le mettre en mouvement par la dynamique rituelle du parcours initiatique.
À l’Occident : la manifestation du monde
L’Occident est le seuil. C’est là que l’initié entre — non comme spectateur, mais comme voyageur intérieur.
La Ruche d’or couronnée, posée sur une table de pierre, d’où s’échappent les abeilles, symboles de travail, d’ordre, de coopération. Le paysage verdoyant en arrière-plan figure la nature régénérée.
La sphère armillaire est un ancien instrument astronomique composé d’anneaux concentriques (appelés armilles), représentant les principaux cercles de la sphère céleste (équateur, écliptique, tropiques, méridiens, etc.).
À droite des colonnes : La Ruche couronnée, matrice vivante de la sagesse collective.
Placée face à la femme lunaire, la ruche ouverte, surmontée d’une couronne flamboyante, irradie une sagesse douce, fertile, invisible mais ordonnée. Elle incarne la société initiatique en ordre, non par autorité imposée, mais par harmonie intérieure. La couronne, ouverte et lumineuse, signifie que cette royauté n’est pas de domination mais de rayonnement spirituel.
Les abeilles en vol — messagères discrètes entre le visible et l’invisible — sont le reflet d’un travail sacré, silencieux, collectif. Elles illustrent la rigueur et la douceur, l’obéissance et la liberté, l’action juste au service de la communauté. Leur mouvement est à la fois ordonné et vivant, à l’image de la Loge idéale : un organisme intelligent plutôt qu’une structure rigide.
Face à la femme sous la Lune, la ruche exprime une polarité féminine, liée à la nourriture spirituelle, à l’intuition féconde, à la vie communautaire. Le lien avec la Lune suggère le rythme, le cycle, la régénération : la ruche est un ventre sacré, un sanctuaire matriciel d’où naît l’ordre du monde.
Placée à gauche des colonnes, elle figure l’origine du chemin initiatique, le point de départ incarné dans la matière organisée et vivante. Face à la sphère armillaire (côté droit), elle propose un équilibre : la sagesse du cœur face à la rigueur de l’intellect, la nature en ordre face au cosmos en rotation.
La ruche n’est pas un simple décor : elle est le modèle vivant d’une société éclairée, où chacun, à l’image de l’abeille, trouve sa place dans une œuvre commune, au service d’un bien supérieur. Elle est l’utopie incarnée — non rêvée, mais vécue, bâtie, offerte.
●À droite des colonnes : La Sphère armillaire, miroir du cosmos, clef de l’unité
Placée face à l’homme solaire, la sphère armillaire représente le cosmos ordonné, l’univers tel qu’il peut être compris et intégré par la conscience éveillée. Sous le regard du Soleil — principe de lumière et d’intellection — elle devient instrument d’alignement, pont entre le monde visible et les lois invisibles.
À sa gauche, la ruche couronnée, en vis-à-vis de la femme lunaire, symbolise l’ordre naturel et social, la sagesse collective, la fécondité de l’action. À sa droite, la sphère incarne l’ordre céleste, la contemplation, le savoir structurant. Ces deux pôles — ruche et sphère — ne s’opposent pas : ils sont complémentaires et articulés par les deux colonnes, blanche et rouge, symboles du passage initiatique, du dialogue des contraires.
Ce triptyque dessine une dynamique alchimique:
La ruchefigure la nigredo : matière première, confuse mais féconde ;
Les colonnessont l’albedo : purification, discernement, franchissement du seuil ;
La sphère, enfin, manifeste la rubedo : réintégration des principes, retour à l’unité lumineuse.
Le pavé mosaïque, au centre, accueille cette tension symbolique. Il est le lieu de l’Œuvre, de la transmutation. L’initié, marchant entre la ruche et la sphère, apprend à réconcilier la nature et le ciel, la société et le divin, l’action et la contemplation.
Ainsi, le monde devient Temple. La sphère, loin d’être un objet figé, devient le miroir de l’âme alchimique, celle qui, dans le silence et la lumière, épouse les lois du cosmos pour mieux servir l’humanité.
Le Passage entre les Colonnes et l’Enceinte sacrée
Temple de La Chapelle-des-Pots
Entre la ruche couronnée et la sphère armillaire, se dressent deux colonnes, Jakin (blanche, à gauche) et Boaz (rouge, à droite). Elles forment la porte symbolique du Temple, le seuil que l’initié franchit pour quitter le monde profane et entrer dans l’espace sacré.
Ces colonnes ne sont pas seulement des piliers architecturaux : elles représentent les forces complémentaires de l’univers. Jakin, associée à la ruche, à la femme et à la Lune, incarne le principe réceptif, passif, matriciel : la mémoire, la tradition, la fécondité. Boaz, du côté de la sphère et de l’homme solaire, incarne le principe actif, dynamique,structurant : la volonté, la puissance, l’élévation.
Au sommet de chaque colonne, une grenade ouverte dévoile ses grains : symbole de vie, d’unité dans la multiplicité, et de connaissance partagée. La grenade, dans la tradition maçonnique et biblique, évoque l’abondance spirituelle et la communion de l’ensemble des Frères et Sœurs dans la diversité de leurs travaux. C’est aussi un fruit d’immortalité, une promesse de régénération.
Fait rare et hautement significatif : c’est au pied même de ces deux colonnes que prend naissance une corde à 12 nœuds, qui serpente ensuite tout autour du Temple. Cette corde sacrée, souvent suspendue aux murs ou représentée en corniche, prend ici racine à la frontière entre les deux mondes, marquant que l’espace sacré est entièrement ceinturé, protégé et ordonné par les lois initiatiques. Les douze nœuds évoquent à la fois les douze mois de l’année, les douze signes zodiacaux, les douze tribus d’Israël ou encore les douze apôtres : autant d’images de la totalité cyclique, de l’ordre cosmique, et de l’alliance entre le divin et l’humain. Chaque nœud est un jalon sur le chemin, un point de rappel que la progression dans le Temple est une marche rythmée, ordonnée, harmonique.
Le passage entre ces colonnes est un rite de transformation. Il marque le point où le voyage commence, non dans l’espace, mais dans la conscience. L’initié entre dans un monde de symboles, où chaque forme devient enseignement. Il est désormais enveloppé par la corde des anciens, le lien sacré de la tradition qui entoure silencieusement les Travaux.
Les colonnes Jakin et Boaz sont ainsi les gardiennes de la voie initiatique, celles qui soutiennent le seuil entre l’ombre et la lumière, entre l’ignorance et la compréhension, entre le multiple et l’Un. Passer entre elles, c’est naître une seconde fois — et c’est sous le regard muet de la corde à 12 nœuds, qui veille depuis l’origine, que cette nouvelle naissance est scellée.
Le centre sacré : pavé mosaïque, colonnettes et lumière filtrée
Après avoir franchi le seuil des colonnes Jakin et Boaz, l’initié progresse jusqu’au centre du Temple, là où repose le pavé mosaïque — ou, selon le rite pratiqué, un tableau de loge placé sur ce pavé. Ce damier noir et blanc, emblème universel de la dualité du monde, représente la condition humaine : clair-obscur de l’existence, tension permanente entre le bien et le mal, la lumière et l’ombre, l’esprit et la matière.
Mais ce centre n’est pas chaos : il est ordonné. Autour du pavé se dressent trois colonnettes, chacune surmontée d’une lumière, symboles de la présence des Vertus essentielles (selon certaines traditions : Sagesse, Force, Beauté). Ces lumières guident l’initié, l’éclairent sans l’aveugler, le protègent sans l’enfermer. Elles font du centre non pas un lieu neutre, mais un sanctuaire de discernement et d’équilibre.
À sa droite, le mur du Midi — direction de la pleine lumière — est percé de trois fenêtres grillagées. Elles ne laissent pas entrer la lumière brute : elles la filtrent, la disciplinent. Elles évoquent l’idée que la vérité ne s’offre jamais dans l’éclat violent, mais dans la mesure, la gradation, l’enseignement progressif. Le grillage devient ainsi symbole de la maîtrise, du temps initiatique, de la protection de l’invisible.
Ce centre, lumineux mais mesuré, est le cœur opératif du Temple : c’est là que l’initié œuvre, contemple, reçoit, et devient à son tour lumière dans la lumière. : il est le cœur vivant de la Loge. Le point de bascule. Le lieu où l’homme, entrant profane, meurt à son ancienne vie pour renaître à la Lumière. Il est creuset alchimique, chambre d’échos spirituels, centre initiatique.
L’Orient : lieu de la synthèse, regard de l’Un
Au terme de sa progression, l’initié se tient face à l’Orient, source de la Lumière, direction du verbe fondateur et du principe d’éveil. Ce n’est plus un seuil à franchir, ni un centre à traverser, mais une vision à recevoir.
À sa gauche se tient la femme sous la Lune, bras droit levé portant une feuille verte, bras gauche appuyé sur une canne flamboyante et ondulée. Elle incarne la sagesse intuitive, la vie offerte, la connaissance vivante. Elle est la matrice du mystère, la gardienne des cycles, de l’ombre fertile, de la lumière réfléchie. Elle incarne la sagesse intuitive, la vie offerte, la connaissance vivante. Elle est la matrice du mystère, la gardienne des cycles, de l’ombre fertile, de la lumière réfléchie.
À sa droite,l’homme sous le Soleil, tenant de la main gauche un triangle suspendu à un fil à plomb, et levant de la main droite deux doigts à sa bouche, enseigne par le silence, lamaîtrise du verbe, l’alignement avec la loi céleste. À ses pieds, le sablier, rappel de l’urgence de l’œuvre et de la finitude assumée.
Ces deux personnages ne sont pas deux moitiés : ils sont deux polarités unies, deux archétypes complémentaires dans une lecture alchimique du Solve et Coagula. Ensemble, ils rappellent que tout travail initiatique est une réconciliation des contraires — raison et intuition, lumière du jour et clarté nocturne, feu et eau.
Entre ces deux polarités se trouve le plateau du Vénérable Maître, surélevé, point focal du Temple. Il est surmonté d’un triangle radiant, en son centre un œil ouvert : symbole de la présence du Principe, de l’Intelligence divine, du regard intérieur.
Face à cet Orient, l’initié ne reçoit pas une parole, mais un appel silencieux : incarner l’unité des contraires, devenir lui-même axe vivant entre la mémoire et la vision, entre l’intuition et la loi, entre le monde et le Divin. Il ne contemple plus : il est contemplé.
Le parcours circulaire de l’initié
Le Temple maçonnique n’est pas un simple lieu : il est un corps symbolique, un miroir du monde et une carte de l’âme. L’initié ne s’y déplace pas horizontalement, mais en spirale intérieure, porté par une dynamique sacrée.
Il entre par l’Occident, là où le monde s’ouvre dans sa dualité. À sa gauche, la ruche couronnée, vibrante et ouverte, entourée d’abeilles, figure la sagesse communautaire, le travail harmonieux, la fécondité sociale. Elle est matrice vivante, liée à la femme lunaire, intuition, offrande, gestation du Verbe. À sa droite, la sphère armillaire, représentation du cosmos structuré, miroir des lois célestes, répond à l’homme solaire, principe de mesure, silence et verticalité.
Entre ces deux pôles, les colonnes Jakin et Boaz, blanche et rouge, surmontées de grenades ouvertes, forment le seuil de la séparation. Elles gardent la porte du mystère. Les franchir, c’est laisser derrière soi le profane, et entrer dans la voie des symboles.
C’est là aussi, à leurs pieds, que prend naissance un élément rare et fondamental : la corde à douze nœuds. Elle serpente discrètement le long des murs du Temple, comme un fil sacré liant le tout. Cette corde ne délimite pas l’espace : elle le consacre. Ses douze nœuds sont autant de rappels du cycle cosmique, des étapes de transformation, des signes de l’alliance entre le visible et l’invisible. Elle est mémoire des anciens, souffle de l’Éternel, cercle de lumière nouant la tradition aux pas de l’initié. Ce lien discret mais essentiel l’enveloppe et l’enseigne, comme un murmure de sagesse tressée dans la pierre.
Le centre du Temple s’offre alors : le pavé mosaïque, tissé de noir et de blanc, accueille le tableau de loge, image de l’Œuvre. Autour de lui, quatre colonnettes lumineuses, telles les sentinelles des vertus, éclairent sans aveugler. À sa droite, les trois fenêtres grillagées du Midifiltrent la lumière solaire : la vérité, ici, ne se donne que par initiation progressive.
Enfin, l’initié s’avance vers l’Orient. Là se dressent la femme sous la Lune et l’homme sous le Soleil, archétypes du Féminin et du Masculin réconciliés. Au centre, le plateau du Vénérable Maître, surmonté d’un triangle radiant, en son cœur l’Œil omniscient, lui révèle le but ultime : se reconnaître dans le regard du Principe.
Il est invité à se diriger vers l’Orient, vers la rencontre avec l’Homme solaire et la Femme lunaire, c’est-à-dire avec les principes de sa propre unité retrouvée. Là, il comprend :
que le temps est une matrice (sablier)
que le silence est une voie (gestuelle)
que la feuille verte est une promesse (vie renaissante)
que le feu intérieur est une flamme divine (canne flamboyante)
Son regard, ayant traversé la dualité du globe et de la ruche, se pose sur l’unité vivante de l’Orient. Il devient centre en mouvement, cercle devenu point, alchimiste de sa propre matière.
Ce parcours n’est pas linéaire. Il est circulaire et ascendant, comme une danse autour du centre. L’initié n’a pas simplement avancé : il a tourné autour de lui-même, découvert que l’entrée était sortie, que l’Orientétait déjà en lui. Ainsi s’accomplit l’Œuvre :par le mouvement du dehors vers le dedans, et du moi vers l’Un — sous l’œil discret mais constant de la corde sacrée, gardienne des cycles et du lien éternel.
Une lecture alchimique et universelle
Ce Temple, tel qu’il se présente dans sa richesse iconographique — ruche, sphère, colonnes, pavé, luminaires, Soleil et Lune, figures humaine, œil dans le triangle — n’est pas un édifice, mais une cosmogonie vivante, un microcosme qui reflète les lois éternelles de l’univers et les étapes de la transmutation intérieure.
Chaque élément y trouve place selon un axe vertical (du monde à Dieu) et un axe horizontal (du multiple à l’Un). C’est une alchimie spatiale, où le Temple devient athanor de l’âme.
Nigredo – La matière première et le monde séparé
Le parcours débute à l’Occident : l’initié est plongé dans le monde de la dualité, le pavé mosaïque n’est pas encore traversé. À gauche, la ruche couronnée, ouverte et peuplée d’abeilles, représente la matière vivante en fermentation : société humaine, instincts, désirs, mais déjà ordonnés par le travail collectif. À droite, la sphère armillaire, miroir du cosmos et de la géométrie divine, est encore extérieure à lui.
L’initié, comme le plomb de l’alchimiste, est dense, opaque, ignorant de sa propre lumière. C’est l’état de nigredo, la noirceur initiale, la phase de dissolution.
Albedo – La séparation, le passage, la lumière voilée
Les colonnes Jakin et Boaz, blanche et rouge, gardiennes du seuil, surmontées de grenades ouvertes, marquent le passage de la séparation à la conscience. Ce franchissement est l’acte de discernement, de séparation des contraires (solve), mais aussi de leur mise en dialogue.
C’est au pied même de ces colonnes que se manifeste un symbole discret mais essentiel : la corde à douze nœuds. Elle entoure le Temple dans un tracé invisible aux profanes, mais tangible pour l’initié. Cette corde, tressée comme un écho des temps antiques, noue les lois de la tradition à l’espace sacré. Ses douze nœuds sont autant d’étapes initiatiques, de passages lunaires et solaires, de mois, de signes et d’épreuves, où la matière du monde devient matière de l’âme. Elle agit comme un cercle protecteur et opératif : elle relie, ordonne, préserve. À travers elle, le Temple devient un tout organique, un champ vibratoire dans lequel l’initié évolue avec conscience.
Le pavé mosaïque devient lieu de polarité consciente. L’initié y marche en pleine lumière mais sous protection : les trois colonnettes lumineuses l’entourent, guides et gardiennes de son équilibre. À sa droite, les fenêtres grillagées du Midi diffusent une lumière disciplinée : la vérité ne brûle pas, elle enseigne, progressivement, comme le bain d’eau purificatrice de l’alchimie.
Rubedo – L’union, la vision, la transmutation
En s’approchant de l’Orient, l’initié entre dans la phase du rubedo : la lumière rouge de la transfiguration, l’union des contraires. Il rencontre les deux grandes figures :
La femme sous la Lune, sage, féconde, intuitive, portant une feuille verte (la vie) et une canne flamboyante (le feu intérieur maîtrisé).
L’homme sous le Soleil, vertical, mesuré, silencieux, tenant le triangle suspendu au fil à plomb (loi céleste) et gardant le sablier à ses pieds (conscience du temps).
Entre eux se dresse le plateau du Vénérable Maître, surmonté du triangle radiant à l’œil central : l’Œuvre est achevée, l’initié peut regarder dans l’Œil de l’Un, parce qu’il est devenu Un avec lui.
Un Temple universel
Ce Temple est alchimique, mais aussi universel : il parle à toutes les Traditions. La ruche rappelle la Terre-Mère, la sphère les sphères célestes de Pythagore, les colonnes le Temple de Salomon, le pavé les yin-yang taoïstes, l’œil le Nous d’Hermès, la lumière filtrée la Sophia chrétienne, la corde à douze nœuds le fil d’or de la Tradition Primordiale, le parcours entier la Voie de l’Unité.
Ainsi compris, ce Temple n’est pas celui d’une Obédience : c’est le Temple de l’Humanité, le sanctuaire du Cœur, le plan de la Grande Œuvre à accomplir en chacun de nous. Et la corde silencieuse qui en fait le tour rappelle, à chaque pas, que toute transformation véritable est un lien renoué — entre l’homme et le cosmos, entre la pierre brute et la lumière.
Conclusion : Un Temple comme matrice de l’Être
Ce Temple n’est pas une architecture figée, mais une cosmographie vivante, un miroir sacré dressé à l’image de l’homme et du monde. En ses colonnes, ses symboles, ses orientations et ses lumières, il déploie le langage universel de la transformation.
La ruche ouverte, féconde et communautaire, enseigne le sens du devoir et du lien fraternel. La sphère céleste, rigoureuse et cosmique, rappelle que l’esprit ne s’élève qu’en se mesurant aux lois éternelles. Les colonnes jumelles, blanches et rouges, ne ferment rien : elles ouvrent, elles posent une tension féconde. Le pavé mosaïque, au centre, accueille la lutte et la réconciliation des contraires, dans une lumière progressive. Et l’Orient, enfin, n’est pas un but extérieur mais un état d’éveil, où l’initié, devenu axe entre les mondes, se laisse regarder par l’Œil de l’Un.
Mais ce sanctuaire serait incomplet sans la corde à douze nœuds qui l’enlace en silence. Elle est le fil d’or de la mémoire, le cercle invisible qui relie chaque symbole, chaque pas, chaque silence. Chaque nœud, comme un battement d’éternité, marque une étape du devenir, un seuil franchi dans l’obscurité du travail intérieur. Elle ne limite pas : elle enrobe, elle enseigne, elle rappelle. Elle est la Tradition tressée dans l’espace, la vigilance initiatique qui veille, immobile et vivante, aux marges du visible.
Ce parcours, de l’Occident à l’Orient, du multiple à l’Un, de la matière à la conscience, retrace en silence le grand itinéraire de toute initiation authentique : celle qui ne prétend rien conquérir, mais qui transmute, éclaire, pacifie.
Ainsi, le Temple devient plus qu’un lieu : il est une échelle entre les mondes, un mandala vivant, une matrice de résurrection intérieure. Savoir y marcher, y respirer, y œuvrer, c’est déjà naître à nouveau. L’initiation n’est plus une idée : elle devient un corps en lumière, un cœur en offrande, une conscience en prière.
Et lorsque le Temple se tait, il ne disparaît pas : il se dresse alors en nous, avec ses piliers, son pavé, sa corde silencieuse et ses lumières — intérieur, éternel, inviolable.
« Il faut reconstruire le Temple à l’intérieur de soi. Il faut replacer la pierre au centre, y tracer le cercle, et faire danser la lumière sur les ombres. Alors seulement, le silence devient Verbe. »
Par Olivier de Lespinats
VM de la RL Saint-Jean de Saintonge « souchée dans ce temple »
Dédicace événement chez DETRAD : Éric Giacometti et Jacques Ravenne
Le vendredi 13 juin 2025, à partir de 17h30, la librairie DETRAD, située à Paris, accueillera une rencontre exceptionnelle avec Éric Giacometti et Jacques Ravenne, figures emblématiques du thriller maçonnique et historique. Cette séance de dédicace, organisée à l’occasion de la sortie de leurs nouveaux romans, Les Éveillées (Giacometti) et Les Ressuscités (Ravenne), promet d’attirer les amateurs de suspense et de mystères ésotériques.
L’événement DETRAD, s’inscrit dans le cadre d’une expérience littéraire unique, marquée par la complicité des deux auteurs et leur volonté de tisser des liens subtils entre leurs œuvres.
Une séparation pour mieux se retrouver
Eric Giacometti
Après vingt ans de collaboration fructueuse, ayant donné naissance à 22 romans, 7 adaptations en bande dessinée et 4 millions d’exemplaires vendus, Giacometti et Ravenne ont choisi de relever un nouveau défi. Pour la première fois, ils se séparent pour explorer chacun leur genre de prédilection :
Jacques Ravenne
le thriller contemporain pour Giacometti avec Les Éveillées, et l’enquête historique pour Ravenne avec Les Ressuscités. Cependant, cette séparation n’est qu’apparente. Comme le souligne la communication autour de l’événement, « se séparer pour mieux se retrouver » : les deux romans, publiés le 7 mai 2025 par les éditions JC Lattès, forment un diptyque en miroir, relié par des clins d’œil, des indices et un message dissimulé à découvrir par les lecteurs attentifs.
Les intrigues : un voyage entre ombre et lumière
Les Éveillées d’Éric Giacometti entraîne le lecteur au Mexique, sur le site archéologique de Teotihuacan, où un cardinal se trouve confronté au secret de l’Œil Soleil. À Paris, une jeune femme reçoit un appel mystérieux, murmure d’un nom étrange qui agit comme un code, bouleversant sa vie. De l’Amazonie à Rome, en passant par les fresques de Michel-Ange et les mystères de la chapelle Sixtine, Giacometti tisse une intrigue où science, traditions immémoriales et symboles oubliés s’entrelacent.
Les Ressuscités de Jacques Ravenne, quant à lui, plonge dans le Paris médiéval d’avril 1309. Dans l’ombre du Châtelet, où résonnent les cris des Templiers torturés, une relique mystérieuse attise les convoitises. Ravenne, maître de l’enquête historique, livre un roman documenté et captivant, où la vengeance du Temple se mêle aux secrets de la famille royale. Un rituel interdit, un objet symbole de puissance et des fidèles clandestins viennent enrichir cette fresque historique.
Les deux œuvres, bien que distinctes, partagent une ambition commune : révéler « un secret qui est… en vous », selon les mots de la campagne promotionnelle. Les lecteurs sont invités à résoudre une énigme, incarnée par « quatre piliers soutenant le pont entre l’ombre et la lumière ». Un oracle illustré, inspiré des livres, est même proposé comme lot à gagner pour ceux qui perceront le mystère.
Une rencontre incontournable à DETRAD
La librairie DETRAD, haut lieu de la culture maçonnique et ésotérique, offre un cadre idéal pour cette dédicace. Les fans pourront échanger avec les auteurs, faire signer leurs exemplaires et peut-être glaner des indices sur les liens entre Les Éveillées et Les Ressuscités. L’événement s’annonce comme un moment de partage, où la passion pour la littérature et les mystères se conjugue avec la complicité légendaire du duo Giacometti-Ravenne.
Un rendez-vous pour les curieux et les initiés
Que vous soyez un fidèle des enquêtes d’Antoine Marcas, le héros maçonnique créé par le duo, ou un nouveau venu attiré par ces récits envoûtants, cette dédicace est une occasion rare. Rendez-vous le 13 juin 2025 chez DETRAD pour plonger dans un univers où les secrets du passé éclairent les énigmes du présent. Comme le promettent les auteurs, « deux livres, deux lèvres, deux livres » : une expérience littéraire à ne pas manquer.
Je voudrais étudier, dans cet article, le mystère que recouvre la notion de Beauté, au cœur de notre pratique du Rite Ecossais Ancien et Accepté. Que signifie-t-elle ? Quel message porte-elle ? D’où vient-elle ? Qu’en ont fait les hommes, des temps les plus anciens de notre civilisation jusqu’aux époques modernes ? Et si l’on veut se tourner vers le futur, qu’annonce-t-elle ? Telles sont les questions sur lesquelles je vais m’appliquer à jeter quelques éclairages.
1 La Beauté au R.E.A.A.
Le Rite Ecossais Ancien et Accepté introduit dans nos tenues au premier degré la notion de Beauté de deux manières. Elle se présente, d’une part à l’ouverture du rite, lorsqu’on allume une flamme sur le troisième pilier, après les deux premières valeurs fondamentales de notre tradition : Sagesse et Force. Elle apparaît, au contraire en première position au moment de l’initiation, dès lors que le néophyte sollicite l’accès à la lumière auprès du second surveillant. Inutile de poser la question, comme pour l’œuf ou la poule, pour décider qui en a la prééminence du processus, le rite ou l’initiation? Question vaine et sans réponse ! Le rite suit une logique imparable qui part de la Sagesse, c’est-à-dire d’une intention pleinement réfléchie pour construire un bâtiment : « Que la sagesse préside à la construction de notre édifice ! » La réalisation appelle ensuite la mobilisation des énergies physiques, autrement dit de la Force, pour lui donner sa dimension concrète et sa solidité : « Que la Force le soutienne ! » Enfin, troisième qualité pour ce qui est de l’apparence : « Que la Beauté l’orne ! ». En d’autres termes la Beauté sous-entend beaucoup plus de choses que d’offrir un aspect plaisant aux yeux car la beauté, à un niveau supérieur, dans l’invisible, participe de l’harmonie et du plaisir à vivre en un endroit quelconque.
Si l’on considère tout d’abord le processus de l’initiation maçonnique, la Beauté constitue en effet le tout premier don de la transmission maçonnique. Pour comprendre cela il faut prendre de la hauteur, et considérer le sens profond de cette cérémonie, depuis le séjour dans le cabinet de réflexion jusqu’au moment de retrait du voile : nous apprenons que nous rejouons là notre vie en vue d’une seconde naissance selon les étapes consacrées : le temps passé dans le ventre maternel, la venue au monde proprement dite, puis, le temps de l’enfance qui suggère la beauté, celui de l’âge adulte à laquelle se rattache la notion de force, enfin l’âge mûr qui s’accompagne de la sagesse. Tel est le schéma fondamental de l’initiation dans laquelle le premier « voyage », dans le temple, donne tout son sens à la Beauté, en lien avec la première étape de la vie, c’est-à-dire la jeunesse.
2 La Beauté et le sacré
3 Piliers – Sagesse Force et Beauté
Cela dit, examinons de façon historique la notion de Beauté tout en restant dans une optique initiatique, en nous demandant ce que les hommes de notre temps ont fait de la Beauté. La tradition judéo-chrétienne, dans laquelle nous nous situons, repose sur deux cultures, la grecque et la juive. La première a modelé, via l’expansion romaine, tout l’espace européen jusqu’aux premiers siècles de notre ère, qui a progressivement évolué sous l’influence du christianisme, sans toutefois renier ses valeurs fondamentales, pour preuve le rapport à l’image. La culture grecque, nous le savons, a valorisé la beauté à travers l’image du corps humain, mais aussi du visage, dont nous avons hérité le souvenir dans la statuaire et la peinture. Les églises catholique et orthodoxe ont conservé cette tradition de représenter l’humain depuis les premiers temps de leur histoire, pour des motifs de valorisation de la création divine, ainsi que de pédagogie spirituelle. L’âge d’or de l’expression de la beauté dans le cadre du sacré se situe certainement dans la période de la fin du Moyen Âge jusqu’à la Renaissance, qui verra tout d’abord l’édification des cathédrales richement imagées, et puis l’art de la peinture et de la sculpture où s’illustrent les grandes figures d’artistes principalement en Italie parmi lesquelles on ne peut pas ne pas citer a minima, Michel-Ange et Léonard De Vinci. Le judaïsme, arguant du commandement de la Bible (Exode 20.4)
« Tu ne te feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. »
est resté délibérément étranger à cette démarche. Le protestantisme qui s’appuie sur le même argument adopte de bonne foi la même position. Idem la franc-maçonnerie, qui, pour des raisons historiques (rappelons le rôle du pasteur Anderson) se situent dans cette filiation et donc refusent toute représentation dans leurs temples (il y a parfois des exceptions comme j’ai pu l’observer !). Cependant la notion de Beauté est dument présente comme un des trois piliers de la franc-maçonnerie, de même que dans le judaïsme.
Deux exemples : la présence de tipheret au coeur-même de l’arbre des sephirot, dans la Kabbale, la tradition ésotérique du judaïsme. Il y a aussi un éloge de la Beauté de la bien-aimée, dans le cantique des cantiques. Par extension, posons donc la question : qu’en est-il dans les Evangiles ? Jésus était-il sensible à la beauté ? Et comment ? Mis à part un intérêt notable de ce dernier pour la sensualité concernant les personnages féminins dans le témoignage de Jean (la samaritaine, la femme adultère, Marie de Magdala), une phrase rapportée par Mathieu, introduit véritablement la notion de beauté dans la bouche de Jésus lorsqu’il dit : « Ne vous souciez pas de quoi vous vous vêtirez ! Observez les lis des champs…, Salomon n’a pas été vêtu avec plus de splendeur… » (MT 6.29) C’est ce dernier mot qui parle pour nous dire que la beauté participe du sacré auquel nous sommes tenus d’être attentifs…
3 La Beauté aux temps présents
Est-ce en pleine conscience de cette idée que Dostoïevski fait dire au prince Muichkine, le personnage central de L’idiot, cette phrase bien connue: « La beauté sauvera le monde ! » Le roman a été publié en 1869, à peine cinquante ans avant les horreurs indicibles survenues avec la révolution bolchévique. En réalité l’expression de la beauté a été mise à mal bien plus tôt, à l’ère moderne. Les révolutionnaires français ont martelé ce qui était à leur hauteur dans les édifices religieux, sous la Terreur. Et il n’est pas inapproprié de dire que des cohortes de jeunes gens ont été sacrifiées à plusieurs reprises au cours du XIXème siècle. Dans son inspiration poétique, Arthur Rimbaud a écrit ce vers fameux extrait de Une saison en enfer : « Un soir, j’ai assis la Beauté sur mes genoux, et je l’ai trouvée amère, et je l’ai injuriée … ». Le déni du sacré, et par là, de la beauté a atteint des sommets avec la guerre de 1914-18 qui a vu, côté français, 1,3 millions de morts et un nombre incalculable de gueules cassées. C’est aussi le moment où naissent le mouvement surréaliste et l’ « art moderne » qui, en tant que nouvelles expressions artistiques abandonnent toute prétention de servir la Beauté, selon les conceptions antérieures. André Breton, surnommé le « pape du surréalisme » termine Nadja, le charmant roman de son temps, par cette phrase, en gros caractères, phrase parfaitement transgressive : « La beauté sera frénétique, ou ne sera pas ! » Car telle est désormais la question qui va courir tout au long du XXème siècle jusqu’à aujourd’hui, comment exprimer le besoin de Beauté ? La réponse nous l’avons tous devant les yeux : la beauté s’exprime dans les réalisations technologiques d’usage quotidien, une casserole comme une automobile, ou alors la beauté sera survalorisée à travers le corps humain, féminin ou masculin, celui des mannequins et autres porteurs de leur image… ou encore à travers des réalisations complexes, au théâtre ou au cinéma dans lesquelles la forme prime sur le contenu, lorsqu’il existe… Mais entrons dans un musée d’art contemporain – cette réflexion n’est pas de moi – nous n’y trouverons pas un seul visage souriant, aucune figure exprimant la sérénité et la confiance dans le monde, seulement des visages grimaçants et des images de la déconstruction… Sans tomber dans le discours réactionnaire de ceux qui restent attachés au passé, force est de constater que la peinture classique, dont la Joconde est peut-être l’expression la plus achevée, avait conscience de l’idée de Beauté et de sa très haute valeur spirituelle. Aux yeux des tenants de la religion orthodoxe, cette exigence se retrouve toujours vivante dans le message des icones, porteuses d’une dimension d’intériorité et de spiritualité qui rejaillit sur ceux qui les vénèrent.
Conclusion
Réfléchir sur la notion de beauté c’est se demander pourquoi, la vraie beauté est-elle indispensable à l’être humain quelle que soit son époque? Pourquoi la beauté factice, le tape-à-l’œil, l’esthétique de frime ou de convention ne satisfait pas au-delà de quelques heures ou quelques semaines? La réponse est nécessairement initiatique et s’inscrit dans notre quête. Que venez-vous chercher en entrant en franc- maçonnerie ? « La Vérité et la Lumière ! » Dès lors, les trois piliers de notre Temple : Sagesse, Force et Beauté qui constituent nos fondamentaux, représentent d’un seul mouvement les trois aspirations à la liberté dans lesquels l’humanité cherche son salut, jusqu’au sacrifice ultime : la Sagesse ouvrant à la liberté de penser et à défendre sa foi, la Force évoquant les forces de vie sous toutes ses formes, et la Beauté l’admiration portée à la Création. A l’inverse dans les pays où dominent les fausses vérités, la brutalité institutionnelle et la laideur généralisée, la vie humaine ne peut que se dégrader et se détruire…
C’est bien la raison pour laquelle Dostoïevski dans son étonnante intuition prophétique fait prononcer au personnage de L’Idiot, cette phrase que je me plais à redire : « La beauté sauvera le monde ! »
Le franciscain Guillaume d’Ockham (vers 1285-1347) est l’une des figures majeures de la scolastique tardive, connu pour sa pensée novatrice et son rôle dans la transition vers la modernité intellectuelle. Sa philosophie, souvent associée au nominalisme, à la logique et au principe dit du « Rasoir d’Ockham», a profondément influencé la théologie, la métaphysique et l’épistémologie
Guillaume d’Ockham[1]est considéré comme le précurseur du nominalisme, critiquant les excès de la scolastique et prônant une séparation plus nette entre foi et raison.
L’apport le plus célèbre d’Ockham réside dans son nominalisme, une rupture avec le réalisme métaphysique défendu par des penseurs comme Thomas d’Aquin ou Duns Scot (voir l’article précédent). Le réalisme soutient que les universaux (comme « humanité » ou « justice ») existent réellement, soit comme des essences dans l’esprit de Dieu, soit comme des réalités indépendantes. Ockham, au contraire, affirme que les universaux ne sont que des concepts mentaux ou des termes linguistiques, sans existence propre en dehors des individus concrets.
En conséquences métaphysiques, pour Ockham, seule la réalité individuelle existe (les choses particulières, comme cet homme ou cet arbre). Les universaux sont des outils de pensée, des « noms » (nomina), qui permettent de regrouper des objets similaires mais n’ont pas de réalité ontologique. Cette position simplifie la métaphysique en éliminant les entités abstraites superflues.
Le nominalisme théologique d’Ockham met l’accent sur la toute-puissance divine. Si les universaux n’existent pas indépendamment, Dieu est entièrement libre de créer le monde selon sa volonté, sans être contraint par des essences préexistantes. Cela renforce l’idée que l’ordre du monde est contingent et dépend uniquement de la volonté divine.
Le « rasoir d’Ockham » est un principe méthodologique attribué à Guillaume d’Ockham, Le « rasoir d’Ockham » est un principe méthodologique attribué à Guillaume d’Ockham, « Pluralitas non est ponenda sine necessitate ». En d’autres termes, lorsqu’on explique un phénomène, il faut privilégier l’hypothèse la plus simple, celle qui fait appel au moins d’entités ou d’hypothèses possibles. C’est un principe de simplicité, principe d’économie ou principe de parcimonie. Il l’énonce comme un leitmotiv dans son texte Quaestiones et decisiones in quatuor libros Sententiarum cum centilogio theologico (p. 121, 123, 128, 135, 189, 262, 297).
Cependant, Le rasoir » ne prétend pas désigner quelle hypothèse est vraie, il indique seulement laquelle il vaut mieux considérer en premier.
Aristote le disait déjà : «Le plus limité, s’il est adéquat, est toujours préférable. En somme, il est inutile de chercher une explication compliquée quand une explication simple à partir de ce que nous connaissons déjà suffit à rendre compte d’un phénomène qui se manifeste à nos yeux. L’analogie du rasoir se réfère au fait de sabrer ou de couper de la théorie les variables ou concepts superflus qui introduisent toutes sortes de complications. C’est ce principe qui, au XVIe siècle, poussa Copernic à accorder foi à la théorie héliocentrique du système solaire. Il réfuta la théorie géocentrique dominante de l’époque sur la base que les orbites régulières et symétriques d’un modèle héliocentrique, attribué aux planètes, était plus séduisant.
Le rasoir d’Ockham sert d’argument dans les disputations concernant la nature de Dieu, immanente, transcendante ou inutile. Les créationnistes utilisent son principe en posant l’hypothèse que, après tout, un Dieu créateur de toutes choses est une explication beaucoup plus simple que l’évolution, processus particulièrement complexe. Ce principe vise à éliminer les concepts inutiles ou spéculatifs. Par exemple, dans un débat théologique ou scientifique, Ockham rejette les explications complexes impliquant des entités abstraites si une explication plus directe, basée sur des réalités observables, suffit.
Ockham opère une distinction plus nette que ses prédécesseurs entre la théologie et la philosophie. Pour lui, la théologie repose sur la foi et la révélation, tandis que la philosophie s’appuie sur la raison et l’expérience.
Cette séparation marque un tournant dans la scolastique, qui cherchait souvent à fusionner les deux.
Au point de vue théologique, Ockham soutient que certaines vérités, comme l’existence de Dieu ou la Trinité, ne peuvent être prouvées par la raison seule et relèvent de la foi. Il critique les tentatives de Thomas d’Aquin ou d’Anselme pour démontrer rationnellement des dogmes chrétiens.
Philosophiquement, Ockham développe une logique rigoureuse, notamment dans son Summa logicaeoù il analyse le langage et les propositions. Il y distingue les termes selon leur signification (connotation, dénotation) et pose les bases d’une logique formelle qui influencera la philosophie analytique moderne.
Selon lui, le Langage Mental joue un rôle fondamental dans sa philosophie, en particulier dans sa logique et sa sémantique. Il est considéré comme le sujet propre de la logique (scientia sermocinalis).
Ockham ne considère pas les langues conventionnelles comme l’anglais ou le français comme le sujet principal de la logique, mais plutôt ce qui les rend possibles en premier lieu : le Langage Mental. Ce dernier sert de base sémantique pour les langues parlées et écrites conventionnelles. Selon Guillaume d’Ockham, la réduction des catégories aristotéliciennes fait partie intégrante de son programme nominaliste visant à simplifier la métaphysique en éliminant les entités abstraites superflues. Ockham utilise principalement sa théorie sémantique, développée dans la Summa logicae, comme un « rasoir » pour atteindre cet objectif de réduction ontologique. Son approche s’appuie fortement sur l’analyse du Langage Mental, considéré comme le sujet propre de la logique, et sur les distinctions sémantiques qu’il établit, notamment entre termes absolus et connotatifs, et entre les différents types de supposition. Pour Ockham, la pensée est littéralement un langage – le Langage Mental. Les concepts sont les éléments de base de la pensée elle-même. L’acquisition de concepts se fait par l’interaction avec le monde. La psychologie cognitive peut être une science naturelle universelle, et Ockham la considère comme la fondation de la logique. Ockham distingue trois niveaux de langage : Écrit, Parlé et Mental, associés respectivement à l’écriture, la parole et la pensée. Les niveaux Écrit et Parlé sont conventionnellement corrélés aux concepts du Langage Mental (par subordination). En revanche, les concepts du Langage Mental sont naturellement corrélés aux choses du monde. Les concepts, en tant que vocabulaire de base du Langage Mental, sont naturellement liés aux choses dont ils sont les concepts. Ockham identifie cette relation naturelle avec la propriété sémantique de signification. Les concepts signifient naturellement leurs objets. Les mots parlés ou écrits, subordonnés à un concept donné, signifient ce que le concept signifie, mais de manière conventionnelle et dérivée, et non naturelle. Ils ne signifient pas le concept lui-même. Le Langage Mental explique ce qu’est la signification d’un terme conventionnel (être subordonné à un concept). Les termes des langues parlées ou écrites sont synonymes lorsqu’ils sont subordonnés au(x) même(s) concept(s) dans le Langage Mental. Un terme est équivoque s’il est subordonné à des concepts distincts en même temps.
Ce Langage Mental est universel dans sa structure pour tous les êtres pensants. Tout ce qui peut être pensé est exprimable dans le Langage Mental. Contrairement aux langues conventionnelles, le Langage Mental ne peut contenir d’ambiguïté.
Sa syntaxe (les règles grammaticales) est entièrement déterminée par sa sémantique ; il ne contient que les caractéristiques syntaxiques qui font une différence sémantique. Les expressions sont complètement articulées par rapport à leur structure logique. Cela rend le Langage Mental idéal pour la logique. La théorie de la supposition explique l’usage référentiel des termes dans les phrases. Ockham distingue la supposition personnelle (référant à ce que le terme signifie), la supposition matérielle (référant au terme lui-même en tant que signe concret ou mental) et la supposition simple (référant au concept – l’élément du Langage Mental – qua général). Le concept est un élément clé de cette théorie de la référence. Le Langage Mental est un outil central dans l’argumentation d’Ockham contre l’existence des universaux et de nombreuses entités abstraites. Selon Ockham, les universaux ne sont pas des réalités existant en dehors des individus concrets, mais seulement des concepts mentaux (ou des termes linguistiques). Le nominalisme théologique d’Ockham met l’accent sur la toute-puissance divine et la nature contingente du monde. L’analyse des termes dans le Langage Mental, en particulier la distinction entre termes absolus et connotatifs et la théorie de la supposition, permet à Ockham de réinterpréter des affirmations métaphysiques (comme « Le cheval est une espèce ») comme des affirmations méta-linguistiques portant sur les concepts dans le Langage Mental, plutôt que sur des entités abstraites dans le monde. Par exemple, « Le cheval est une espèce » est vraie parce que le terme ‘cheval’ a une supposition simple, référant au concept-de-cheval, et ‘espèce’ signifie des concepts généraux (concepts de seconde intention). Cette stratégie sémantique vise à éliminer les entités superflues de la métaphysique.
Son nominalisme, en insistant sur l’individualité, ouvre la voie à une conception plus moderne de la liberté et des droits individuels, bien qu’il ne formule pas explicitement ces notions.
Ockham s’engage également dans des débats politiques, notamment dans le conflit entre le pape Jean XXII et l’empereur Louis de Bavière.
Il défend une séparation entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel, critiquant l’ingérence de l’Église dans les affaires séculières. Dans ses écrits, comme le Dialogus, Ockham remet en question l’infaillibilité du pape et soutient que l’autorité ecclésiastique doit être limitée. Il prône un retour à la simplicité évangélique, influençant les idées de réforme.
Ockham valorise l’expérience comme source de connaissance. Contrairement aux scolastiques antérieurs, qui s’appuyaient fortement sur les autorités (Aristote, Augustin), il insiste sur l’observation et l’intuition directe des réalités individuelles. Ockham distingue la connaissance intuitive (perception directe d’un objet existant) de la connaissance abstraite (concepts généraux). Cette distinction préfigure les approches empiriques de la modernité. Il rejette l’idée que tout phénomène doit être expliqué par une cause finale (un but ou une intention). Cela ouvre la voie à une vision plus mécaniste du monde, influençant les prémices de la science moderne.
La pensée d’Ockham, bien que révolutionnaire, n’est pas sans critiques. Son nominalisme a été accusé de fragiliser la théologie en rendant l’ordre du monde trop contingent. Certains y voient un pas vers le scepticisme, car si les universaux ne sont que des noms, la connaissance générale devient moins certaine. De plus, son insistance sur la toute-puissance divine a parfois été interprétée comme un frein à l’autonomie de la raison.
Pour clore la présentation de la scolastique, disons très schématiquement que la scolastique a permis des avancées majeures dans la théologie, la philosophie, le droit et les sciences. Elle a jeté les bases de la méthode scientifique en valorisant la logique et l’analyse systématique. Ses débats sur la nature de la vérité, la morale ou la justice restent pertinents. Aujourd’hui, la néo-scolastique, notamment à travers le thomisme, continue d’influencer la pensée catholique et philosophique.
Ne vous impatientez pas, nous aborderons demain la comparaison entre la scolastique et la méthode maçonnique, mais vous avez déjà pu en dégager les convergences et les différences
[1] L’un des personnages du Nom de la rose le moine franciscain Guillaume de Baskerville, est, de l’aveu même d’Umberto Eco, une référence à Guillaume d’Ockham dont il partage le prénom.
Le 17 juin 2025, à 9h, le Temple La Fayette, 16 rue Cadet, siège du Grand Orient de France (GODF), accueillera une réunion exceptionnelle de la Section Permanente de la Chambre Suprême de Justice Maçonnique qui est composée de 3 personnes.
Alain Bauer, ancien Grand Maître du GODF (2000-2003), y sera déféré à la demande du Conseil de l’Ordre, présidé par Nicolas Pénin.
Cette audience, publique conformément à l’article 141, paragraphe 7, des principes fondamentaux de la justice maçonnique, permettra à tous les maîtres du GODF et des obédiences admettant la réciprocité d’y assister, s’ils sont munis de leur carte d’identité maçonnique. Compte tenu de la notoriété d’Alain Bauer et de cette première historique, le Temple La Fayette risque de se révéler trop exigu pour accueillir l’affluence attendue.
Un événement inédit dans l’histoire récente du GODF
16 rue Cadet Paris 9e – GODF
C’est la première fois en un demi-siècle qu’un ancien Grand Maître est traduit en justice maçonnique à l’initiative du Conseil de l’Ordre. Le précédent cas, celui de Jean-Philippe Hubsch, sanctionné par un blâme et une interdiction d’exercer des fonctions pour des irrégularités, avait été initié par des membres individuels, non par l’exécutif du GODF. L’affaire Bauer, membre influent de la loge Intersection à l’Orient de Paris, qui réunit des personnalités administratives, politiques et syndicales de premier plan, marque donc une rupture avec la protection dont ont pu bénéficier d’autres grands maîtres
Les motifs de la comparution
Le Conseil de l’Ordre s’appuie sur l’article 93 du Règlement Général, qui autorise la saisine en urgence de la Section Permanente pour suspendre un Franc-maçon à titre conservatoire en cas de faits graves. Huit motifs potentiels sont listés, parmi lesquels :
Violation de la Constitution ou du Règlement Général : rien n’indique qu’Alain Bauer relève de ce chef.
Usage indu de la qualité maçonnique : Bauer mentionne régulièrement son passé de Grand Maître sur son site personnel et sur LinkedIn, en contravention potentielle avec l’article 23, qui interdit de se prévaloir de fonctions électives après la fin d’un mandat. Cependant, d’autres anciens Grands Maîtres, comme Hubsch ou Trichard, n’ont jamais été poursuivis pour de telles pratiques qui ne présentent, qui plus est, aucun caractère d’urgence correspondant à la procédure .
Inconduite ou immoralité : les activités professionnelles d’Alain Bauer (criminologue, écrivain, journaliste) et son comportement public, marqué par une urbanité reconnue et une notoriété élevée sans aucun lien polémique, rendent ce motif improbable.
Atteinte à la laïcité : ce grief est particulièrement étranger à la cause, sachant que l’intéressé en est le chantre par excellence, à la fois dans ses analyses et ses conclusions.
Faux ou usage de faux : aucun élément, en l’espèce, ne donne la moindre matière à une telle accusation.
Poursuites judiciaires profanes : c’est ici que réside le cœur de l’affaire.
Alain Bauer est impliqué dans deux dossiers judiciaires qui traînent depuis des années mais qui sont arrivés en première instance
Le 30/09/24 : Affaire Proglio-EDF :
Poursuivi par le Parquet National Financier (PNF) pour une facture de 650 000 euros à EDF, il a été relaxé en première instance le 30 septembre 2024, tout comme Loïck Le Floch-Prigent et quelques autres consultants de haute volée dont certains avaient opté au préalable pour un plaider coupable comme son ami Stéphane Fouks.
Le 05/03/25 Affaire Caisse des dépôts et consignations
Il faut rappeller ici que la Caisse des dépôts et consignations gère 60% de l’argent issu du Livret A, du Livret de développement durable et solidaire et du Livret d’épargne populaire, que c’est la banque de la sécurité sociale et des organismes de logement social. Les souscripteurs de ces livrets plafonnés ne s’imaginaient pas que l’argent qu’ils y ont placé pouvait être détourné de leur objectif, à savoir l’intérêt général.
Alain Bauer, pourtant très au fait des procédures publiques, avait conclu des contrats sans mise en concurrence et sans publicité pour 925 000 euros alors que la CDC était dirigée, tout d’abord, par Augustin de Romanet puis par Jean-Pierre Jouyet.
De plus, alors qu’il était actionnaire des guides Champérard à 50% et qu’il était en relation d’affaires avec elle, la CDC avait acheté un nombre considérable d’exemplaires des éditions 2010 et 2011 de ce guide gastronomique et ce, pour 333 596 €, montant correspondant à plus de 10 000 exemplaires au prix public.
En première instance, il fut ainsi condamné à 12 mois de prison avec sursis et 375 000 € d’amende avec interdiction de participer à des marchés publics.
Alain Bauer a interjeté appel de cette décision, ce qui devrait rétablir à son profit le respect de la présomption d’innocence. Cette affaire, où il est jugé aux côtés de Xavier Raufer, criminologue aux positions souvent controversées, a profondément marqué Bauer, qui aurait tenté de se suicider (selon Nicolas Penin).
Il s’avère qu’Alain Bauer a coécrit des ouvrages avec Xavier Raufer. Si le premier est moins marqué à droite que le second, on relève aussi leurs liens communs avec la Chine (Université de Shudan). Dans ce tableau, la nomination d’Alain Bauer comme professeur au CNAM par décret du président de la République, Nicolas Sarkozy, pouvait suggérer une proximité idéologique avec l’ancien chef de l’Etat. Les questions de sécurité qui ont fait la réputation internationale d’Alain Bauer peuvent-elles lui être imputées à crime ?
Comportements visant à déstabiliser l’humain : ce dernier motif serait lunaire, en la circonstance…
Une relaxe contestée, une condamnation sans ambiguïté, un double appel : des questions en suspens
La relaxe dans l’affaire EDF, qualifiée de surprenante par certains observateurs, et la condamnation en première instance dans l’affaire CDC placent Alain Bauer sous le coup de deux appels judiciaires. Ces « poursuites devant la justice profane » pourraient justifier une suspension conservatoire jusqu’aux jugements définitifs, conformément au paragraphe 6 de l’article 93.
Mais d’autres interrogations émergent. Une suspension, seule sanction envisageable à ce stade, serait-elle un signal fort ou une mesure symbolique ? La Section permanente peut aussi débouter le conseil de l’Ordre en raison de la présomption d’innocence puisque l’appel est suspensif des sanctions ? Toutefois, une sanction maçonnique peut être prononcée car il suffit que les poursuites soient engagées et il n’est pas nécessaire que des condamnations définitives soient intervenues…
Alain Bauer se présentera-t-il devant la Section Permanente pour défendre sa cause ou choisira-t-il l’absence ?
Une audience sous haute tension
Cette comparution, publique et médiatisée, met en lumière les tensions internes au GODF et permettra de tester la rigueur de sa justice maçonnique.
Alors qu’Alain Bauer continue d’apparaître sur BFMTV et vient d’être recruté par Marianne pour une chronique mensuelle, l’issue incertaine de cette audience pourrait redéfinir sa place dans l’obédience et au-delà… Réponse le 17 juin 2025.
« Toute vérité passe par trois étapes : d’abord elle est ridiculisée, ensuite elle est violemment combattue, et enfin elle est acceptée comme une évidence »
offre un cadre pertinent pour analyser l’histoire et la perception de la Franc-maçonnerie. Cette organisation initiatique, souvent mal comprise, a traversé ces trois phases au fil des siècles, évoluant dans l’imaginaire collectif et dans sa place au sein des sociétés. Cet article explore comment la pensée de Schopenhauer éclaire l’évolution de la Franc-maçonnerie, de ses origines à nos jours.
Première étape : la ridiculisation
À ses débuts, au XVIIIe siècle, la Franc-maçonnerie, née dans les loges spéculatives d’Angleterre, était souvent perçue comme une curiosité exotique. Ses rituels, ses symboles (équerre, compas, tablier) et son caractère secret ont suscité moqueries et dérision. Les non-initiés, ignorant les véritables objectifs de la Maçonnerie – recherche de la vérité, perfectionnement personnel et fraternité universelle –, la caricaturaient comme un club d’érudits excentriques ou une société de divertissement élitiste. Dans la France prérévolutionnaire, par exemple, des pamphlets satiriques décrivaient les maçons comme des individus se livrant à des cérémonies absurdes, voire grotesques, dans des cercles fermés réservés à une élite autoproclamée.
Cette ridiculisation n’était pas seulement le fruit de l’incompréhension, mais aussi d’une méfiance envers une organisation qui prônait des idées progressistes, comme l’égalité entre ses membres, dans une société encore profondément hiérarchique. Les rites maçonniques, bien que sérieux pour les initiés, étaient souvent tournés en dérision par ceux qui y voyaient une parodie de la religion ou de l’autorité établie.
Deuxième étape : la violente opposition
Arthur Schopenhauer
La deuxième phase décrite par Schopenhauer, celle de l’opposition violente, a marqué l’histoire de la Franc-maçonnerie à plusieurs reprises. Dès la fin du XVIIIe siècle, avec l’essor des idéaux des Lumières, la Maçonnerie est devenue une cible pour les pouvoirs établis. Ses principes de liberté, d’égalité et de fraternité, ainsi que son rôle dans la diffusion des idées révolutionnaires, ont suscité la méfiance des monarchies et des institutions religieuses.
En 1738, le pape Clément XII interdit la Franc-maçonnerie par la bulle In Eminenti Apostolatus, la qualifiant de menace pour la foi catholique et l’ordre social. Cette condamnation, renouvelée par plusieurs papes, a entraîné des persécutions dans les pays catholiques, notamment en France, en Espagne et en Italie. Les maçons étaient accusés de comploter contre l’Église et l’État, alimentant des théories du complot qui persisteront jusqu’à nos jours.
Au XXe siècle, cette opposition a pris des formes encore plus extrêmes. Sous les régimes totalitaires, comme le nazisme en Allemagne ou le régime de Vichy en France, la Franc-maçonnerie a été violemment réprimée. Les loges furent dissoutes, leurs archives confisquées, et de nombreux maçons furent emprisonnés, déportés ou exécutés. Ces persécutions s’appuyaient sur l’idée que la Maçonnerie représentait une menace pour l’ordre autoritaire, en raison de ses valeurs humanistes et de son fonctionnement démocratique interne.
Même dans des contextes moins extrêmes, la Franc-maçonnerie a souvent été combattue par des accusations de favoritisme, de corruption ou d’influence occulte, notamment dans les sphères politiques et économiques. Ces critiques, parfois fondées sur des dérives réelles, ont souvent amplifié la méfiance envers une organisation perçue comme secrète et élitiste.
Troisième étape : l’acceptation comme évidence
La troisième étape de Schopenhauer, celle de l’acceptation, est plus nuancée dans le cas de la Franc-maçonnerie. Si elle n’a jamais atteint une acceptation universelle, elle est aujourd’hui reconnue dans de nombreux pays comme une institution légitime, bien que toujours entourée d’un certain mystère. Dans les démocraties modernes, comme en France, au Royaume-Uni ou aux États-Unis, la Franc-maçonnerie est souvent perçue comme une organisation philosophique et philanthropique, dont les valeurs – tolérance, liberté de conscience, recherche de la vérité – résonnent avec les principes des sociétés ouvertes.
En France, par exemple, certaines obédiences maçonniques jouent un rôle discret mais influent dans les débats sociétaux, notamment sur des questions comme la laïcité ou les droits humains. Les contributions historiques de maçons célèbres, tels que Voltaire, Benjamin Franklin ou encore Pierre Simon Laplace, ont aidé à légitimer la Maçonnerie comme un espace de réflexion intellectuelle et morale.
Cependant, cette acceptation reste partielle. Dans certaines régions du monde, notamment dans des pays à forte influence religieuse ou autoritaire, la Franc-maçonnerie demeure suspecte ou interdite. Même dans les pays où elle est tolérée, elle continue d’alimenter des fantasmes de complots, comme en témoigne la persistance de théories conspirationnistes sur les réseaux sociaux ou dans certains médias.
Une vérité maçonnique en perpétuelle évolution
La Franc-maçonnerie incarne une quête de vérité qui, par sa nature initiatique, ne peut être pleinement révélée aux non-initiés. Cette opacité, essentielle à son fonctionnement, alimente à la fois la fascination et la méfiance. En appliquant la pensée de Schopenhauer, on peut voir que la « vérité » maçonnique – celle d’une démarche spirituelle et humaniste visant à améliorer l’individu et la société – a suivi un chemin semé d’embûches : moquée pour son apparente excentricité, combattue pour ses idées subversives, et progressivement acceptée, du moins en partie, comme un acteur légitime du paysage philosophique et social.
Pour les maçons eux-mêmes, cette maxime de Schopenhauer peut aussi s’appliquer à leur travail interne. Les idées nouvelles au sein d’une Loge, qu’il s’agisse d’une réforme des pratiques ou d’une réflexion audacieuse, passent souvent par ces trois étapes : elles sont d’abord ridiculisées par les tenants de la tradition, puis combattues par ceux qui craignent le changement, avant d’être intégrées comme une évidence dans l’évolution de la Loge.
La Franc-maçonnerie, par son histoire et ses valeurs, illustre parfaitement la dynamique décrite par Schopenhauer. Ridiculisée à ses débuts, violemment combattue par les forces conservatrices, elle a su, dans certains contextes, s’imposer comme une institution respectée, bien que jamais totalement exempte de critiques. Cette résilience témoigne de la force de ses idéaux et de sa capacité à s’adapter aux évolutions des sociétés tout en restant fidèle à sa mission : bâtir un monde plus juste et plus éclairé. Comme le souligne Schopenhauer, la vérité maçonnique, bien que parfois malmenée, continue de tracer son chemin vers une acceptation, sinon universelle, du moins significative.
Les Éditions du Doggerland dévoilent le premier numéro de COSMOS : Revue légendaire, une publication audacieuse et érudite qui se propose d’explorer les liens complexes entre ésotérisme, occultisme, complotisme et politique, avec pour thème inaugural « L’occultisme nazi : Histoire d’un fantasme et réalité d’une croyance ». Dirigée par Cédric Lévêque et Thibault Brice, cette revue, soutenue par un comité scientifique de renom composé de Stéphane François, Damien Karbovnik et Jean-Loïc Le Quellec, offre une plongée fascinante dans un sujet aussi sulfureux que méconnu.
À travers une série d’articles rigoureux et une démarche documentaire, COSMOS ambitionne de devenir une référence incontournable pour comprendre comment des imaginaires mystiques et conspirationnistes façonnent les idéologies politiques, en particulier celles de l’extrême droite.
Une ambition encyclopédique
Dès les premières pages, COSMOS affiche une ambition claire : offrir un panorama exhaustif des interactions entre ésotérisme, occultisme, complotisme et politique. Ce premier numéro, centré sur l’occultisme nazi, ne se contente pas d’explorer un phénomène historique marginal, mais s’interroge sur son influence durable dans les sous-cultures contemporaines et les mouvements extrémistes. Comme l’explique le comité éditorial dans son introduction, l’extrême droite est un paysage idéologique hétérogène, où des croyances ésotériques et occultes jouent un rôle dans la construction d’identités collectives et de projets politiques radicalisés. L’objectif n’est pas de valider ou de réfuter les phénomènes paranormaux, mais d’analyser leur impact social et politique avec une rigueur historique et sociologique.
Le choix de commencer par l’occultisme nazi n’est pas anodin. Ce mythe, popularisé dans les années 1960 par des ouvrages comme Le Matin des Magiciens de Louis Pauwels et Jacques Bergier, a imprégné la culture populaire, de la littérature de science-fiction (Le Maître du Haut Château de Philip K. Dick) au cinéma (Indiana Jones, Iron Sky). Pourtant, comme le souligne Ludovic Richer dans son article introductif, la réalité historique de l’occultisme nazi est bien plus nuancée que le fantasme véhiculé par la culture populaire. Si des figures comme Heinrich Himmler ou des institutions comme l’Ahnenerbe ont flirté avec des idées ésotériques, le Troisième Reich était avant tout une entreprise rationnelle, marquée par une logique froide et bureaucratique. COSMOS démêle ainsi le mythe de la réalité, tout en explorant comment ces récits continuent d’alimenter des imaginaires complotistes et extrémistes.
Un sommaire riche et varié
Le sommaire de ce premier numéro témoigne de la diversité des approches adoptées. Chaque article, rédigé par des spécialistes reconnus, explore un aspect spécifique du lien entre occultisme et nazisme, offrant un équilibre entre études historiques, analyses culturelles et réflexions critiques. Voici un aperçu des contributions majeures :
Occultisme et nazisme : Genèse d’un lien imaginaire (Ludovic Richer) Cet article pose les bases en définissant l’occultisme et en retraçant son histoire avant l’émergence du nazisme. Richer questionne la pertinence du terme « occultisme nazi », souvent galvaudé, et explore comment la culture populaire a amplifié ce mythe à travers des œuvres de fiction et le concept d’« occulture ».
Un fantasme historique : L’occultisme nazi (Stéphane François) Stéphane François, spécialiste de l’extrême droite et de l’ésotérisme, analyse la construction du mythe de l’occultisme nazi, en s’appuyant sur des travaux comme ceux de Nicholas Goodrick-Clarke. Il montre comment des cercles proto-nazis, comme l’ariosophie, ont intégré des éléments ésotériques, tout en relativisant leur influence réelle sur le régime nazi.
Par-delà les souffles du froid Borée : Notice sur les notions d’Hyperborée et de Thulé (Comité éditorial) Cet article explore les concepts mythiques d’Hyperborée et de Thulé, souvent associés à des récits ésotériques sur l’origine des peuples indo-européens. Ces notions, popularisées par des idéologues völkisch, ont nourri des visions racialistes et mystiques.
Le « Centre du Monde » : Des origines du Soleil noir à sa banalisation (Ricardo Parrera) Le symbole du Soleil noir, popularisé dans les milieux néonazis, est analysé ici dans ses origines ésotériques et sa diffusion dans la culture populaire, illustrant comment des symboles mystiques deviennent des marqueurs idéologiques.
Le nazi, les Cathares et le Graal : La naissance du mythe Otto Rahn (Cédric Lévêque) Cet article revient sur la figure d’Otto Rahn, qui a lié le mythe du Graal aux Cathares dans une tentative de réécrire l’histoire à des fins idéologiques. Lévêque explore comment ces récits ont été instrumentalisés par le régime nazi.
Karl Maria Wiligut : Un aliéné à l’état-major d’Heinrich Himmler (Christian Bouchet) Cette contribution examine le rôle de Karl Maria Wiligut, un occultiste influent au sein de la SS, dont les théories délirantes sur une proto-histoire aryenne ont marqué l’imaginaire nazi.
Carl Gustav Jung, Jakob Wilhelm Hauer et le kundalini yoga : Une rencontre en boucle (Jean-Loïc Le Quellec) Jean-Loïc Le Quellec explore les liens entre Carl Gustav Jung, le spécialiste des religions Jakob Wilhelm Hauer et les influences orientales dans l’ésotérisme nazi, révélant des connexions inattendues.
Hitler est la neuvième incarnation de Vishnu : La cyclologie nazifiante et nazifiée de Savitri Devi (Thibault Brice) Cet article analyse les théories de Savitri Devi, figure du néonazisme ésotérique, qui a tenté de relier le nazisme à des croyances hindouistes, illustrant le syncrétisme idéologique de l’extrême droite.
Les ovnis nazis, avatars d’un mythe complotiste (Antonio Dominguez Lena) Ce texte décrypte le mythe des ovnis nazis, un trope complotiste qui mêle science-fiction et révisionnisme historique, montrant comment ces récits continuent d’alimenter des théories conspirationnistes.
Paganisme, occultisme et néonazisme dans une subculture contemporaine : La scène Black Metal (Alexander Samuel) Alexander Samuel explore la scène Black Metal, où paganisme, occultisme et néonazisme se croisent dans une sous-culture complexe, marquée par des tensions entre radicalité politique et quête spirituelle.
Doctrine secrète : Jörg Lanz von Liebenfels et la théozoologie (Stéphane François et Alexander Samuel) Cette section propose une analyse et une traduction d’extraits de Théozoologie de Jörg Lanz von Liebenfels, un texte emblématique de l’ariosophie. François et Samuel décortiquent les théories racialistes et ésotériques de Lanz, qui mêlent pseudo-science, antisémitisme et visions mystiques délirantes.
Une démarche rigoureuse et inclusive
COSMOS se distingue par sa volonté d’adopter une approche pluridisciplinaire et inclusive. Les contributions, soumises à l’évaluation d’un comité scientifique, mêlent les perspectives d’historiens, de sociologues et d’acteurs ou anciens acteurs des milieux étudiés. Cette diversité permet d’offrir une vision nuancée, évitant les jugements hâtifs tout en maintenant une rigueur académique. La revue ne se contente pas de décrire des phénomènes historiques, mais s’interroge sur leur résonance contemporaine, notamment dans les sous-cultures et les mouvements complotistes.
Le choix d’inclure des auteurs aux profils variés, y compris ceux issus de milieux radicaux, est assumé comme une nécessité pour comprendre la complexité des phénomènes étudiés. Comme le souligne le comité éditorial, « pour accéder à une meilleure compréhension du phénomène, il nous paraît nécessaire de leur donner la parole, quels que soient par ailleurs leurs engagements militants ». Cette approche, bien que risquée, est encadrée par un processus de validation scientifique rigoureux, garantissant la crédibilité des analyses.
Un objet éditorial soigné
Au-delà de son contenu intellectuel, COSMOS se présente comme un objet éditorial de grande qualité. Publié par les Éditions du Doggerland, ce premier numéro, achevé d’imprimer en juin 2025 à Mérignac, bénéficie d’une mise en page soignée par Morgane Parisi et d’une direction artistique signée Cédric Lévêque, avec un logotype original réalisé par Alexandre Martien. Vendu au prix de 25 €, cet ouvrage de 274 pages, richement documenté, est conçu pour devenir une référence durable, avec l’ambition de constituer, à terme, une somme encyclopédique sur les liens entre ésotérisme et politique.
Une revue au service de la compréhension
COSMOS ne se contente pas de revisiter un passé trouble ; elle s’inscrit dans une démarche contemporaine, à une époque où les théories complotistes et les récits alternatifs gagnent du terrain dans un monde polarisé. En explorant l’occultisme nazi, la revue met en lumière les mécanismes par lesquels des croyances marginales peuvent nourrir des idéologies radicales, influençant des sous-cultures aussi variées que le Black Metal, les mouvements néo-païens ou les communautés New Age. Elle invite ainsi à une réflexion critique sur la manière dont les imaginaires mystiques continuent de façonner notre rapport au politique.
Ce premier numéro, dédié aux souscripteurs et aux contributeurs anonymes, témoigne de l’engagement des Éditions du Doggerland à produire un travail rigoureux et accessible, capable d’éclairer un public large tout en s’adressant aux spécialistes. En remerciant des figures comme Jean-Loïc Le Quellec, Stéphane François et Damien Karbovnik, ainsi que les médias et contributeurs techniques qui ont soutenu le projet, COSMOS s’affirme comme une entreprise collective, portée par une passion pour la connaissance et une volonté de décrypter les zones d’ombre de notre histoire.
COSMOS : Revue légendaire est bien plus qu’une simple publication académique. C’est une invitation à explorer les méandres de l’imaginaire humain, là où le mysticisme, la politique et la culture se rencontrent pour produire des récits à la fois fascinants et inquiétants. En abordant l’occultisme nazi avec rigueur et nuance, ce premier numéro pose les bases d’un projet ambitieux, promettant de futures explorations tout aussi captivantes. Pour les curieux, les chercheurs et les amateurs d’histoire, COSMOS est une lecture incontournable, disponible dès maintenant aux Éditions du Doggerland.