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Les Rites initiatiques – Accademia

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L’ésotérisme et les rites d’initiation ont toujours accompagné l’humanité, depuis les premières civilisations jusqu’à nos jours. Ces pratiques secrètes et symboliques ont forgé des voies spirituelles, permettant aux individus d’accéder à des niveaux supérieurs de conscience et de compréhension de la réalité. Dans cette série d’émissions, je vous propose d’explorer les principaux mythes initiatiques qui ont traversé les âges et les cultures, en mettant en lumière leur rôle dans les traditions ésotériques.

Cycle – Les Rites ésotériques from Arcana TV on Vimeo.

Épisode 1 : La Catabase, « Le voyage aux enfers » ou la mort symbolique

Le premier épisode sera consacré au mythe de la Catabase, également appelé le voyage aux enfers ou la descente dans le monde souterrain. Ce mythe est omniprésent dans les traditions initiatiques à travers l’histoire, mais il prend une dimension particulière dans l’ésotérisme, où il devient le cœur du processus initiatique. La Catabase symbolise un rite de passage par lequel les novices doivent symboliquement mourir pour renaître. C’est un voyage intérieur profond où l’initié confronte ses propres ténèbres, pour en émerger transformé. Ce type de rituel de mort et de résurrection remonte aux pratiques chamaniques de la protohistoire et se retrouve dans les cultes à mystères de l’Antiquité, tels que les Mystères d’Éleusis ou d’Orphée. Même dans les sociétés secrètes modernes, comme la franc-maçonnerie, ce concept persiste sous une forme symbolique puissante. Dans cet épisode, nous étudierons les racines de ce mythe à travers les âges, en le reliant à des pratiques rituelles concrètes et à des expériences spirituelles intérieures.

Épisode 2 : L’Anabase, l’ascension divine et la réintégration spirituelle

Dans ce second épisode, nous explorerons le concept de l’Anabase, ou l’ascension divine, qui suit naturellement la Catabase. Si la chute (qu’elle soit celle de l’Homme ou des anges) représente une descente dans le monde matériel et obscur, l’Anabase symbolise le chemin de rédemption, de purification et de retour à l’état originel de pureté spirituelle. Ce processus de réintégration est central dans de nombreuses traditions ésotériques, qu’il s’agisse de la Kabbale, de l’Hermétisme ou de la Gnose. Nous plongerons dans ces enseignements pour comprendre comment les mystiques et les sages ont cherché à reconnecter l’humanité à sa source divine. Nous examinerons également les écrits de penseurs influents tels que Louis-Claude de Saint-Martin et Martinès de Pasqually, dont les travaux ont profondément marqué la pensée mystique et ésotérique moderne. Ce voyage ascensionnel, loin d’être une simple allégorie, représente un véritable cheminement spirituel que nous tenterons de décoder.

Épisode 3 : L’éveil mystique, la quête spirituelle ultime

Le dernier épisode nous conduira au cœur de la quête mystique ou spirituelle, un objectif central dans les traditions religieuses anciennes comme dans les nouvelles formes de spiritualité contemporaine. L’éveil mystique est la finalité de tout cheminement ésotérique : il représente l’union de l’âme humaine avec le divin, un état d’accomplissement spirituel absolu. Nous retrouverons cette notion dans des systèmes de croyance aussi variés que le soufisme, le bouddhisme, le christianisme mystique et le New Age. L’éveil est souvent décrit comme une expérience transcendante de l’unité cosmique, où toutes les distinctions entre le soi et l’univers s’effacent. Dans cet épisode, nous analyserons les différentes voies empruntées par ceux qui ont cherché à atteindre cet état d’illumination, que ce soit par la méditation, la prière, les rituels, ou même l’usage de techniques occultes. Nous verrons comment cet éveil spirituel est perçu comme l’aboutissement ultime du chemin initiatique, où l’initié devient un être pleinement éveillé, en communion avec le divin et avec lui-même.

Cette série d’émissions vous offrira un voyage à travers l’histoire et les traditions initiatiques de l’humanité, en dévoilant les mystères de la mort et de la renaissance symbolique, de l’ascension spirituelle et de l’éveil mystique. À travers ces trois épisodes, nous plongerons dans l’univers secret des rituels et des mythes ésotériques, à la découverte des enseignements profonds qu’ils recèlent pour ceux qui cherchent à comprendre les mystères de la vie et de l’âme.

Épicure était-il l’épicurien que l’on croit ?

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450 est très heureux de publier un texte de Magali Aimé, une personnalité éminente dans le domaine culturel et maçonnique.

Présentation du texte sur Épicure 

Le texte de Magali Aimé, « Et si Épicure était… », explore la pensée d’Épicure en mettant en lumière les malentendus fréquents autour de son hédonisme et de sa philosophie. En retraçant les origines de l’épicurisme, l’auteure expose les nuances entre hédonisme, épicurisme et eudémonisme, tout en déconstruisant la perception erronée d’Épicure comme un simple amateur de plaisirs matériels. L’essence du texte réside dans la description d’un Épicure philosophe de la modération et de la recherche d’un bonheur raisonné, en accord avec les désirs naturels et nécessaires, loin des excès souvent attribués à sa doctrine.

Le texte aborde des concepts philosophiques qui trouvent écho dans les valeurs maçonniques, notamment à travers l’idée de la quête de l’harmonie et de l’ataraxie (sérénité de l’âme), ainsi que les thèmes du labyrinthe initiatique qui résonnent avec l’expérience maçonnique. En utilisant des références symboliques et en faisant des parallèles avec des démarches initiatiques, ce texte trouve un lien pertinent avec la franc-maçonnerie, enrichissant la réflexion sur la philosophie et l’initiation.

L’approche pédagogique, l’équilibre entre histoire et réflexion philosophique, ainsi que l’application de ces concepts à une démarche de recherche de sens sont en harmonie avec les attentes d’un franc-maçon désireux de progresser dans la voie de la connaissance ésotérique. Ce texte permettrait aux lecteurs de 450.fm de découvrir ou redécouvrir Épicure sous un angle nouveau, tout en faisant des ponts vers les concepts maçonniques tels que le Devoir, la nature de l’être et la lumière intérieure.

Le texte de Magali Aimé

Hédonisme

Doctrine qui prend pour principe moral la recherche du plaisir et l’évitement de la souffrance.

Épicurisme

Doctrine, système philosophie antique ayant pour objectif principal l’atteinte du bonheur par la satisfaction des seuls désirs « naturels et nécessaires ». C’est une doctrine matérialiste et atomiste qui peut être soit qualifiée d’hédonisme raisonné, soit d’eudémonisme

Eudémonisme

Doctrine morale selon laquelle le but de l’action est le bonheur.

Différences

L’hédonisme : Pour l’atteidre, il suffit de jouir des plaisirs de la vie et de s’en épargner les souffrances.

L’épucurisme : atteindre la bonheur avec les seuls désirs et plaisirs nécessaires et naturels.

L’eudémonisme : C’est un bonheur porteur de sens, de raison d’être, de perspectives d’accomplissement.

COURANT

Morale qui se propose être la recherche du plaisir.

« La vie d’Épicure, comparée à celle d’autres hommes, nous apparaît, à cause de sa douceur et de sa modération, comme un mythe » dit Hérmarque.[1] Un de ses disciples.

La philosophie épicurienne, prônait des valeurs fondamentales et une méthodologie pour se « conformer à ce qu’il y a de meilleur, sans complaisance pour ses intérêts en se souvenant que les nobles pensées viennent du cœur ».

Mais qui était donc Épicure ? Ce philosophe qui a vécu de 341 à 270 av. J.-C. était-il le goinfre, inculte et luxurieux dont l’ont taxé ses contemporains?

Regardons comment Épicure va prôner l’Ataraxie, cet état d’âme serein ainsi que l’eudémonisme, doctrine qui vise le bonheur, sans jamais « se laisser égarer dans le labyrinthe de l’erreur. »

Un philosophe autodidacte que ce jeune garçon de 14 ans, né dans l’ile de Samos.Sa mère y pratiquait des cérémonies magiques, pour lesquelles il développa une haine bien ancrée ainsi que pour toute forme de superstition. Il connaîtra la domination macédonienne, la mort d’Alexandre, la disparition des cadres traditionnels. Tous ces bouleversements l’interpellent.

Il ira quérir des réponses auprès de ses professeurs. Aucune ne lui conviendra, pas plus que les discours et écrits des philosophes. Sa curiosité précoce l’orientera vers la philosophie en refusant de « se forger des idoles humaines ».

Des interrogations: d’où vient tout ce chaos dont parle Hésiode dans la Théogonie[2] ? D’où sortent toutes choses ? Comment accéder au bonheur sur cette terre ?

La pensée épicurienne, nous la découvrons au travers des échanges et des travaux développés dans le Jardin, situé à Athènes, où Épicure philosophait avec ses amis (306 av. J-C.). Ce lieu devient par métonymie « l’école du Jardin » et se distinguera de l’Académie de Platon et du lycée d’Aristote (vers 301av. J-C.) par la vie communautaire, solidaire et fraternelle qui allait bien au-delà de la transmission et du partage du savoir. La vie se devait d’y être frugale et d’une extrême simplicité. La politique en était bannie.

Cette « école » tenait du divin, car située à l’orient, à l’image du Jardin d’Éden.

Contrairement à L’Académie et au Lycée[3], le Jardin accueillait hommes, femmes, personnages illustres, esclaves et courtisanes[4]. Accepter femmes, esclaves et étrangers, voilà qui nourrit la rumeur et fit du Jardin un lieu de débauche, alors qu’Épicure espérait tout simplement la liberté, la fraternité et l’égalité entre ses adeptes.

Les disciples du Jardin étaient liés par un contrat, résumé en 3 maximes :

  1. 1/. il existe un droit naturel en vertu duquel se reconnait ce qui est utile pour ne pas se faire tort mutuellement
  2. 2/. il n’y a ni dommage ni injustice, si aucun contrat n’a été conclu entre les deux parties
  3. 3/. il n’existe pas de justice en soi, mais relative au contrat.

Taxé de décadent négligeant le dionysiaque[5], Épicure attirera des regards bienveillants sur la fécondité de certaines de ses théories :

  • l’indifférence aux dieux.
  • la gratitude envers la nature
  • l’école du Jardin en tant que rêve d’une amitié constructrice et nécessaire.

Aristote[6], suivi par d’autres philosophes sur ce chemin, se heurta à des critiques concernant la doctrine de l’eudémonisme. Sénèque[7] en pessimiste disait « après le plaisir vient l’ennui, et après un premier élan, le bonheur se flétrit ».

Le bonheur vu par Épicure reste une approche conjoncturelle, personnelle, relative et contingente car « l’univers ne peut être admiré qu’en proportion de notre faiblesse ». Cette faiblesse nous met face au labyrinthe dont les chemins symbolisent l’essence de la vie. Attention aux méandres qui conduisent à des égarements.

La philosophie épicurienne tente d’éviter ces égarements par la connaissance de la nature, par les devoirs des adeptes entre eux, par le Devoir d’un vivre ensemble harmonieux et égalitaire.

Comment atteindre le bonheur pendant la vie sur la terre?

Tout d’abord, se référer au Tétrapharmakon[8] qui est un quadruple remède à appliquer:

  1. Les dieux ne sont pas à craindre
  2. La mort n’est pas à craindre
  3. Le bonheur est facile à atteindre
  4. La douleur facile à endurer

Puis, hiérarchiser les plaisirs:

  1. Les plaisirs naturels et nécessaires,
  2. Les plaisirs naturels et non nécessaires,
  3. Les plaisirs non naturels et non nécessaires.

Réfléchir enfin sur Trois thèmes fondamentaux:

  1. l’éthique 
  2. Le physique,
  3. Le canonique[9].

L’éthique, élément fondamental, s ‘appuyait sur la solidarité, l’attention et l’amitié, liens indispensables pour unir les disciples entre eux. Et surtout « écouter tous les humains avec attention et déférence », étant nécessaire et évident.  Pour Épicure, cette phrase était essentielle.

L’éthique, permet de parachever la connaissance de la nature. L’âme et le corps étant solidaires, nature, physique et éthique ne se dissocient pas et pour « entrer » en philosophie, tout comme pour entrer en Maçonnerie, il faut changer son mode de pensée « Le philosophe doit harmoniser ses pensées avec ses actes et ses représentations. (Maxime capitale XXV). Il est bon aussi d’accepter la formule de l’homme  d’Abdere[10], ce penseur présocratique qui dit que « L’homme est la mesure de toute chose : de celles qui sont, du fait qu’elles sont, de celles qui ne sont pas, du fait qu’elles ne sont pas.»  Accepter aussi un ascétisme raisonné, sachant qu’ « un raisonnement sobre chasse les opinions par lesquelles le trouble le  plus grand s’empare des âmes » (écrit Épicure à son ami Ménécé.)

Ces thèmes philosophiques, issus de l’éthique et de la physique, nous ramènent vers le labyrinthe, qui conduit notre cheminement vers le centre. Hésitation et errance restant les éléments fondateurs de la démarche initiatique à l’aide de nos propres ressources et de nos outils.

Le Maître maçon, redevenu apprenti une fois maître secret, devant ce nouveau labyrinthe de connaissances à découvrir, encore un autre chemin qui s’ouvre devant lui, dont un des Devoirs consiste à aller vers l’ÊTRE dans son universalisme.

Le physique expliqué à Hérodote[11] :

L’univers est infini, les corps sont formés d’une multitude d’atomes, les atomes se meuvent de tout éternité. C’est la déclinaison spontanée des atomes ou Clinamen qui permet leur rencontre, donc leur modification.

Pour Épicure l’atome porte trois propriétés :

1 Grandeur

2 Forme

3 Pesanteur

À partir de ces constatations, sans les déclinaisons des atomes, la nature n’aurait jamais rien pu créer. Une raison pour laquelle Épicure s’attache à démontrer la nécessité, l’évidence et le rôle des sensations.

Émanent de la physique des corps, les sensations sont fiables, seule une mauvaise interprétation conduit à une erreur de jugement. Nous savons que « Nos meilleures pensées viennent du cœur », le cœur n’est-il pas le centre de notre corps et de nos sensations ? D’où l’objectif de la recherche du centre, et de l’issue au sein du labyrinthe de la vie vers la lumière.

Réfléchir sur la privation de sensation, permet aussi de se libérer de la peur de la mort : « Prends l’habitude de penser que la mort n’est rien pour nous, car tout bien et tout mal résident dans la sensation: et que la mort est l’éradication de nos sensations. La mort n’existe ni pour les vivants ni pour les morts, puisqu’elle n’a rien à faire avec les premiers et que les seconds n’existent plus ». (Lettre à Ménécée).

«Le critère du Canon », gnoséologique[12], Canon au sens de mesure, de fil à plomb pour ne pas dévier de la règle du nécessaire et de l’évident. « Le devoir est pour nous aussi exigeant que la Nécessité »[13]

Le reste : passé, avenir, supputations de la raison, délires de l’imagination, illusions du désir étant vains et n’existant pas à proprement parler : Seul reste vrai l’individu dans ses sensations immédiates de plaisir et de déplaisir.

(L’ataraxie,) la sérénité de l’âme et (l’eudémonisme,) l’accession au bonheur se résument en quatre canons symétriques, faisant appel à la tempérance, la prudence, la force, la volonté et  la justice.

  1. Prenez le plaisir qui ne doit être suivi d’aucune peine.
  2. Fuyez la peine qui n’amène aucun plaisir.
  3. Prenez la peine qui vous délivre d’une peine plus grande, ou qui peut être suivi d’un grand plaisir.
  4. Fuyez le plaisir qui doit vous priver d’une jouissance plus grande ou vous causer plus de peine que de plaisir.

Une apparente simplicité pour « ne pas s’égarer dans le labyrinthe de l’erreur ». Labyrinthe symbolique que l’on retrouve chez Lewis Carroll, Kubrick, Kafka et bien d’autres, tous à la recherche de l’issue, du centre, du chemin, de la lumière, de l’équilibre au milieu des dédales jonchés d’erreurs à éviter.

Pourquoi croire que le bonheur dépend du toujours plus pour en avoir plus ?

Peut-être devrions-nous suivre le conseil de Michel Onfray[14] et construire à partir de soi des Jardins d’Épicure nomades en produisant le monde auquel on aspire et en évitant celui que l’on récuse.

Créer une ataraxie individuelle en veillant de ne pas s’égarer dans les dédales du labyrinthe, en « ne prenant pas les mots pour des idées », en appliquant les paroles du Zohar[15] « Le sens littéral de l’Écriture c’est l’enveloppe, et malheur à celui qui prend cette enveloppe pour l’Écriture même ».

            Accepter que « ce qu’un homme ne sait pas ou ce dont il n’a aucune idée, se promène dans la nuit à travers le labyrinthe de l’esprit », comme le dit Goethe. Une pensée qui doit nous inciter à accomplir « le Devoir parce qu’il est le Devoir » et chercher à travers les dédales du labyrinthe, les voies qui conduisent à l’ÊTRE universel et à la Vraie Lumière.


[1]1Maxime I. Ép., 36.

[2] La Théogonie : œuvre du poète grec Hésiode (VIIIe siècle av. J.-C.),qui joue un rôle fondateur dans l’élaboration de la mythologie grecque. Le terme « théogonie » vient du nom Θεός / theós qui signifie « dieu » et du verbe γεννάω / gennáô qui signifie « engendrer ». Il s’agit donc d’un récit de l’origine des dieux.

[3] L’Académie de Platon et le lycée d’Aristote.

[4] Dans Grèce Antique appelées Hétaïres

[5]  [5] Dionysiaque en opposition à L’apollinien qui prône ordre, méthode et stabilité. Selon Nietzsche, le dionysiaque correspond à une forme d’enthousiasme.

[6] Aristote (384-322av.J-C.), disciple de Platon, contemporain d’Épicure

[7] Sénèque, 1eS av. J-C. « De la vie heureuse »

[8] Tétrapharmakon: chez Epicure: quadruple remède. Pharmacon veut dire à la fois remède et poison: question de dosage, de circonstance, d’accointance, en un mot de Kairos.

[9] 5Conforme aux règles de l’église, qui pose les règles de la grammaire, modèle de représentation mathématiques. Donc la canonique c’est être conforme aux règles.

[10] Protagoras d’Abdére, dit l’Homme d’Abdére, penseur présocratique, 490-420 av.J-C.

[11] Homonyme du philosophe. On n’en connaît pas ses origines.

[12] Gnoséologie, théorie de la connaissance

[13] Rituel du Maître secret. REAA.

[14]  [14] Michel Onfray, Contre-histoire de la philosophie. 2002-2003, Archipel Chrétien.

[15] Zohar, « le SeferHa Zohar » ou livre de la splendeur, ouvrage majeur de la kabbale juive rédigé en araméen. Exégèse ésotérique et mystique de la Torah ou Pentateuque.

Franc-maçonnerie : Secrets de défi contemporains

L’ouvrage de Magali Aimé explore avec une grande profondeur la question de l’engagement maçonnique à travers divers témoignages et enquêtes minutieusement recueillis. Dès l’introduction, l’auteure plante le décor : de nombreux francs-maçons quittent l’ordre, parfois au début de leur cheminement, d’autres après plusieurs décennies. Mais d’autres encore, après trente, quarante, voire cinquante ans, demeurent fidèles aux colonnes du Temple, affichant un bonheur certain d’être maçons. Ce paradoxe, entre démission et persévérance, forme le cœur de la réflexion menée dans cet ouvrage.

L’auteure aborde de manière sincère et éclairée les questions fondamentales qui jalonnent le parcours des maçons. Pourquoi certains décident-ils de partir alors que d’autres restent ? Comment la franc-maçonnerie peut-elle répondre aux attentes de ceux qui y voient un refuge spirituel, une quête de fraternité ou simplement un chemin de croissance personnelle ? Les réponses apportées, tant par les initiés que par l’auteure elle-même, sont nuancées et souvent marquées par une pointe d’ironie bienveillante, comme pour souligner que la franc-maçonnerie n’est pas une réponse simple aux grandes questions existentielles.

L’ouvrage reflète aussi une interrogation plus large sur la place de la franc-maçonnerie dans la société contemporaine. Magali Aimé souligne les tensions entre tradition et modernité, l’existence de rituels séculaires face à un monde en perpétuelle évolution. Les francs-maçons, tels qu’ils sont dépeints ici, cherchent non seulement à comprendre leur propre chemin, mais aussi à trouver une place dans une société où l’individualisme et la virtualisation des relations humaines semblent prendre le pas sur la solidarité et la fraternité.

Le texte est empreint d’une réflexion philosophique et spirituelle sur la démarche initiatique. Entrer en maçonnerie, nous dit l’auteure, est une décision qui nécessite de la patience, de la réflexion et un véritable engagement. Ce thème, qu’elle avait déjà abordé dans son ouvrage Entrer en maçonnerie : Quel profil ? (2013), se retrouve ici avec plus de profondeur encore. Magali Aimé y décrivait déjà l’initiation comme un acte non anodin, engageant le profane dans un cheminement parfois difficile, mais toujours enrichissant. L’auteure insistait sur l’importance de démystifier la franc-maçonnerie pour ceux qui en sont extérieurs, tout en mettant en lumière les responsabilités des maîtres face à la demande d’initiation.

Dans Premier surveillant, que faire avec les compagnons ? (2015), l’auteure poursuivait sa réflexion en s’intéressant à la transformation du Compagnon. L’accent y est mis sur la pédagogie maçonnique, les outils à mettre en œuvre pour guider le nouvel arrivant sur le chemin de la connaissance. Le rôle du premier surveillant est crucial, selon Magali Aimé, et elle le décrit avec une précision remarquable, expliquant les défis que représente l’accompagnement des Compagnons vers une transformation intérieure.

L’ouvrage Quelle musique en loge ? – La colonne d’harmonie » (2017) explore quant à lui un aspect plus subtil mais tout aussi essentiel du rituel maçonnique : la place de la musique. Aristote disait que la musique adoucissait les mœurs, mais Magali Aimé va plus loin en se demandant si elle peut aussi générer une véritable harmonie en loge, entre mélodie et silence, entre rituel et émotion. Ce livre témoigne de la capacité de l’auteure à s’intéresser aux détails qui enrichissent l’expérience maçonnique, et à les lier aux grands thèmes philosophiques.

Enfin, son dernier ouvrage, Intéresser les profanes, conserver les initiés ? – Défis du XXIe siècle (2024) – le huitième chez Dervy –, constitue une véritable enquête sur les défis auxquels la franc-maçonnerie doit faire face dans le monde contemporain. L’auteure y questionne non seulement les départs mais aussi les maintiens : pourquoi certains restent-ils fidèles à la franc-maçonnerie alors que d’autres décident de la quitter ? Ce livre, nourri de rencontres et d’interviews, éclaire les nombreuses problématiques internes et les mutations profondes que traverse l’institution au XXIe siècle.

L’auteure dépeint un paysage maçonnique en constante mutation, où l’enjeu central est de maintenir l’intérêt des initiés tout en attirant les profanes dans un monde de plus en plus déconnecté des valeurs traditionnelles et communautaires.

La conclusion de cet ouvrage se veut résolument tournée vers l’avenir. Magali Aimé souligne la nécessité pour la franc-maçonnerie de s’adapter sans pour autant renier ses fondements. Elle met en avant l’importance de redéfinir le discours maçonnique pour le rendre plus accessible et compréhensible à une nouvelle génération de profanes, tout en préservant l’essence initiatique et la richesse de ses rituels. La franc-maçonnerie doit ainsi réussir à allier tradition et modernité pour rester pertinente dans un monde où les repères spirituels et fraternels sont de plus en plus flous.

L’auteure en appelle à une franc-maçonnerie ouverte et vivante, capable de répondre aux défis du XXIe siècle tout en conservant l’attrait mystique et philosophique qui l’a toujours caractérisée. Elle invite les loges à réfléchir à des stratégies innovantes pour conserver leurs initiés tout en éveillant la curiosité des profanes, soulignant que c’est dans cette dualité que se joue l’avenir de l’ordre maçonnique.

Magali Aimé

Magali Aimé, à travers cette série d’ouvrages, se place comme une observatrice attentive et critique de la franc-maçonnerie, mêlant un regard moderne à une compréhension profonde des traditions. Née dans le sud de la France, elle a d’abord exploré le monde de la communication et du journalisme avant d’être initiée à la Grande Loge féminine de France il y a vingt-sept ans. En 2022, elle rejoignait l’Ordre Initiatique et Traditionnel de l’Art Royal (OITAR), fraternité de maçons libres et de loges souveraines. Son parcours atypique, qui l’a menée de Gault & Millau à la franc-maçonnerie, lui a permis d’aborder ces questions avec une expertise à la fois pratique et spirituelle. Depuis 2009, elle collabore avec les éditions Dervy, enrichissant la collection « Les outils maçonniques du XXIe siècle » avec des ouvrages pertinents, à la fois pédagogiques et profondément humains.

Intéresser les profanes, conserver les initiés ? – Défis du XXIe siècle 

Magali Aimé – Éd. Dervy, Coll. Les outils maçonniques du XXIe siècle, 2024, 110 pages 9,90 € – Format Kindle 6,99 €

23/11/24 : Salon du livre Maçonnique de Limoges (Haute-Vienne)

Le Salon du Livre Maçonnique de Limoges, événement incontournable de la culture maçonnique et ésotérique en Limousin, ouvrira ses portes le 23 novembre 2024. Cette édition rassemblera amateurs de littérature, chercheurs et passionnés de symbolisme autour d’une journée riche en conférences et échanges. Sous les voûtes de la Bibliothèque francophone multimédia (Bfm), des auteurs viendront partager leur vision de la franc-maçonnerie contemporaine, tout en dévoilant les arcanes de cette société initiatique qui continue de fasciner. Entre dédicaces, discussions et débats, ce salon sera un véritable carrefour de la pensée et de la tradition maçonnique.

Avec treize auteurs en dédicace, ce salon, sous l’égide du Grand Orient de France (GODF) est organisé par les neuf loges du Grand Orient de la Haute-Vienne.

Les conférences

Trois conférences majeures ponctueront la journée, abordant des thématiques centrales de la franc-maçonnerie moderne.

Francis Frankeski

– 10h30 : Foire aux questions sur la Franc-maçonnerie, par Francis Frankeski 

Francis Frankeski, auteur émérite et ancien Vénérable Maître, vous invite à plonger dans les mystères de la franc-maçonnerie à travers une série de questions ouvertes. Diplômé de Sciences-Po et sculpteur de formation, Francis Frankeski est reconnu pour ses travaux de vulgarisation de la pensée maçonnique. Son ouvrage Voltaire, secrets d’une initiation (Éditions Itinéraires) est devenu un incontournable pour ceux qui s’intéressent aux liens entre les Lumières et la maçonnerie. Ce moment d’échange vous permettra de comprendre les fondements de la franc-maçonnerie, ses symboles et sa philosophie.

Jacques Carletto (dit Jissey)

– 14h00 : Le Franc-maçon est-il un original ?, par Jacques Carletto 

Jacques Carletto, directeur de collection aux Éditions Dervy, explorera avec finesse la question de l’originalité du franc-maçon dans la société moderne. Avec une carrière marquée par son rôle de Conseil en Communication et ses publications dans le domaine ésotérique, Jacques Carletto interroge la singularité du parcours initiatique et le regard que porte le monde sur les francs-maçons. Auteur d’une collection maçonnique influente et animateur de nombreuses interviews d’auteurs spirituels, Jacques Carletto vous invite à une réflexion sur la place du franc-maçon dans un XXIe siècle en quête de repères.

René Rampnoux

– 16h00 : Être franc-maçon en 2024, par René Rampnoux 

René Rampnoux, agrégé d’économie, essayiste et ancien Grand Maître adjoint du Grand Orient de France, abordera les enjeux de la franc-maçonnerie contemporaine. Auteur de plusieurs ouvrages philosophiques, dont Penser en Franc-maçon (Dervy, 2019) et Histoire de la pensée occidentale (Ellipses, 2023), René Rampnoux est une figure incontournable de la pensée maçonnique moderne. Son intervention questionnera la pertinence des valeurs maçonniques face aux défis d’un monde en pleine mutation. En tant que coordinateur d’ouvrages de référence pour les concours des IEP, René Rampnoux apportera une approche intellectuelle, articulée autour des interactions entre maçonnerie et philosophie.

Rencontres et dédicaces

En parallèle des conférences, les visiteurs auront l’opportunité de rencontrer les auteurs et de faire dédicacer leurs ouvrages. Cet espace de rencontre favorisera les échanges conviviaux, permettant d’approfondir les thématiques abordées lors des conférences.

Pourquoi participer ?

Le Salon du livre Maçonnique de Limoges est bien plus qu’un simple salon littéraire. Il s’agit d’une véritable immersion dans l’univers symbolique et spirituel de la franc-maçonnerie. C’est une chance unique de rencontrer des figures influentes de cet univers et de découvrir leurs ouvrages dans une atmosphère chaleureuse et ouverte. Que vous soyez néophyte ou érudit, ce salon est un lieu de partage et de découverte pour tous ceux qui s’intéressent à l’histoire, aux rites et aux mystères de cette société discrète.

Limoges : Une ville d’histoire et de créativité

Limoges, située en Nouvelle-Aquitaine, est la capitale historique du Limousin et la préfecture de la Haute-Vienne. Fondée vers l’an 10 avant notre ère sous le nom d’Augustoritum par les Romains, la ville a su traverser les siècles en se forgeant une identité unique. Connue dès le Moyen Âge pour ses éblouissants émaux, elle s’est également fait un nom mondial grâce à son industrie de la porcelaine, développée dès 1768 avec la découverte du kaolin.

La gare de LimogesBénédictins

En tant que « Ville d’art et d’histoire » et membre du réseau des « Villes créatives de l’UNESCO », Limoges brille dans les arts du feu, avec des ateliers prestigieux dédiés à la porcelaine, l’émail et les vitraux, mais aussi à l’innovation en céramique technique et industrielle. C’est également une ville dynamique sur le plan sportif, avec le Limoges CSP, plusieurs fois champion d’Europe de basket, et le Limoges Handball, en compétition au plus haut niveau national.

Riche de son patrimoine et de son histoire ouvrière, Limoges allie tradition et modernité. De ses racines gallo-romaines à son rayonnement culturel, la ville demeure un lieu d’innovation, de création et de convivialité, ancrée dans un cadre naturel préservé, au cœur des premiers contreforts du Massif Central.

La Bfm Centre-ville de Limoges

La Bfm Centre-ville de Limoges

La Bibliothèque francophone multimédia de Limoges, communément surnommée Bfm, a été inaugurée le 12 septembre 1998 à proximité de l’hôtel de ville, est la principale bibliothèque de la ville et du Limousin. Elle fait partie des douze bibliothèques municipales à vocation régionale (BMVR) en France. Située au 2 place Aimé-Césaire, elle propose une large collection couvrant des domaines tels que la francophonie, le patrimoine, la jeunesse, et les livres d’artistes, ainsi que des espaces dédiés aux jeux et à la recherche documentaire.

Ne manquez pas ce rendez-vous exceptionnel à Limoges, où tradition et modernité se rencontrent pour éclairer le chemin initiatique.

Infos pratiques

Salon du livre Maçonnique de Limoges – Entrée libre/Samedi 23 novembre 2024 de 10h à 18hBibliothèque francophone multimédia 2 Place Aimé Césaire 87000 LIMOGES

Accès : Voiture, Parking souterrain payant « Bibliothèque »/Contact : 05 55 45 96 00 | bfm@limoges.fr ; Bus, Lignes 1, 2, 4, 24, 32, 35, 36, 44 (arrêt Mairie)

Schibboleth, l’approche maçonnique des relations inter-communautaires !

Les rituels maçonniques fourmillent de mots empruntés aux récits bibliques. Schibboleth en est un exemple parmi d’autres. Des générations de francs-maçons et de franc-maçonnes se sont imprégnées d’une interprétation, somme toute assez simpliste, en le réduisant à un mot de passe permettant de prouver que celui ou celle qui l’utilisait était bien compagnon-ne. Et s’il y avait un autre sens, beaucoup plus conséquent ?

Mais tout d’abord reprenons le récit biblique :

C’est dans « Le Livre des Juges » qu’il est fait mention de Schibboleth. Nulle part ailleurs on le retrouve.

Rappelons que « Le Livre des Juges » fait partie de l’Ancien Testament ; il relate sur le mode légendaire la période, vers 1130 avant JC, où les tribus sémitiques étaient considérées comme irrespectueuses des commandements divins. Les « Juges » étaient des chefs militaires, héros des batailles avec les Cananéens, les Madianites et les Philistins. La référence à Schibboleth est mentionnée dans le 6ème vers du chapitre 12 consacré à l’histoire de Jephté. Jephté a été choisi comme « juge » des hommes de Galaad. Il devra affronter la Tribu d’Éphraïm comme le raconte le chapitre 12.

  1. Les hommes d’Ephraïm se rassemblèrent, partirent pour le nord, et dirent à Jephthé : Pourquoi es-tu allé combattre les fils d’Ammon sans nous avoir appelés à marcher avec toi ? Nous voulons incendier ta maison et te brûler avec elle.
  2. Jephthé leur répondit : Nous avons eu de grandes contestations, moi et mon peuple, avec les fils d’Ammon ; et quand je vous ai appelés, vous ne m’avez pas délivré de leurs mains.
  3. Voyant que tu ne venais pas à mon secours, j’ai exposé ma vie, et j’ai marché contre les fils d’Ammon. L’Eternel les a livrés entre mes mains. Pourquoi donc aujourd’hui montez-vous contre moi pour me faire la guerre ?
  4. Jephthé rassembla tous les hommes de Galaad, et livra bataille à Ephraïm. Les hommes de Galaad battirent Ephraïm, parce que les Ephraïmites disaient : Vous êtes des fugitifs d’Ephraïm ! Galaad est au milieu d’Ephraïm, au milieu de Manassé !
  5. Galaad s’empara des gués du Jourdain du côté d’Ephraïm. Et quand l’un des fuyards d’Ephraïm disait : Laissez-moi passer ! les hommes de Galaad lui demandaient : Es-tu Ephraïmite ? Il répondait : Non.
  6. Ils lui disaient alors : Hé bien, dis Schibboleth. Et il disait Sibboleth, car il ne pouvait pas bien prononcer. Sur quoi les hommes de Galaad le saisissaient, et l’égorgeaient près des gués du Jourdain. Il périt en ce temps-là quarante-deux mille hommes d’Ephraïm.

Comme le texte biblique le précise, le mot « Sibboleth » était utilisé par Les hommes de Galaad en raison de sa prononciation spécifique pour identifier les fuyards de la tribu d’Ephraïm qui étaient tentés de l’utiliser pour traverser le fleuve Jourdain et retourner dans leur tribu.

Sachant que ces tribus étaient toutes deux des tribus juives, il s’agit bien d’une guerre fratricide.

Dans l’histoire de l’humanité, cette technique d’identification d’un ennemi a été utilisée à plusieurs reprises, de sorte que « Sibboleth » (ou schibboleth) est aussi devenu un mot commun . Plusieurs schibboleths sont devenus célèbres ainsi en a-t-il été particulièrement en 1282 lors des « Vêpres siciliennes » à l’occasion de la révolte contre le Duc d’Anjou, avec l’utilisation d’un schiboleth sicilien, ciciri.

Schibboleth et franc-maçonnerie

Il semble que l’on voit apparaître la référence à Schibboleth dans les rituels maçonniques vers les années 1740. Il s’agit des rituels du 2ème degré, dans lesquels, Schibboleth devient le mot de passe des frères compagnons, utilisé en particulier pour s’assurer du grade du postulant avant de subir l’élévation au grade de maître. Cela concerne la quasi-totalité des rites maçonniques.

A titre d’exemple au Rite Ecossais Ancien et Accepté pratiqué au GODF, le mot Schibboleth apparaît dans le rituel d’instruction du compagnon :

Demande : Donnez-moi le Mot de Passe du Compagnon.

Réponse : S…

D. : Que signifie-t-il ?

R. : II signifie « épi » et il est représenté par un épi de blé à côté d’un cours d’eau, allusion à un épisode relaté par la Bible au Livre des Juges (XII-5-6).

Cet épisode, interprété symboliquement pourrait signifier qu’il ne suffit pas de connaître les mots maçonniques pour être des initiés véritables.

Il s’agit d’en pénétrer le sens profond car celui qui ne connaît que les mots, ne possède pas pour autant le Secret maçonnique. On peut voir aussi dans le Mot de Passe une allusion aux Mystères d’Eleusis où l’épi de blé était le symbole d’immortalité.

L’interprétation donnée dans cette instruction est naturellement sujette à caution : Faire référence au sens hébraïque du terme « Schibboleth » ne correspond pas à son utilisation biblique et vouloir les associer appartient à la pratique d’une dérive interprétative. De même, faire une extension de sens d’un mot de passe vers la différence existant entre l’utilisation d’un terme et la connaissance de son sens apparaît « artificiel » et convenu.

schibboleth, épis de blé, mystique et cabale au 16ème siècle

Quel contenu symbolique peut-on donner à cette utilisation du terme « Schibboleth » ?

Il faut tout d’abord rappeler ce que l’on pourrait appeler la logique de la démarche maçonnique. Dès les premiers pas de la franc-maçonnerie, un certain nombre de principes sont établis, puis d’autres apports sont apparus :

  • La franc-maçonnerie anglaise revendique une filiation biblique. Au XVIIème siècle, la Bible de référence en Angleterre est la KJV Bible (King James Version Bible – Version de la Bible du roi Jacques Ier). Cette filiation biblique se retrouve dans la symbolique du temple de Salomon.
  • Sur cette base, de nombreux apports extérieurs (en particulier l’occultisme, l’égyptophilie, la kabbale et la philosophie des lumières) ont enrichis les rituels et le contenu symbolique de la franc-maçonnerie en en faisant un syncrétisme ésotérique.
  • A la suite des événements historiques du XIXème siècle, un courant maçonnique libéral et progressif s’est constitué, en particulier en France, en créant une rupture avec la filiation anglaise.
  • Sociologiquement, la franc-maçonnerie anglo-saxonne peut être comprise comme une démarche de paix sociale fondée sur l’alliance d’une bourgeoisie ambitieuse à une aristocratie éclairée. Ce rapprochement s’est également opéré dans des pays républicains, en substituant l’aristocratie à la haute fonction publique.
  • Globalement, quelque soit la forme nationale de la dynamique maçonnique, on retrouve un désir de socialisation, bienveillance, de tolérance, de respect des institutions, de quête d’éthique et de philanthropie.

Cette logique maçonnique se retrouve dans les rituels maçonniques :

  • En instituant une dichotomie entre les trois premiers degrés et les autres, les rituels ont objectivement contribué à créer une hiérarchisation sociale intra-maçonnique héritière des divisions sociétales, mais acceptée sous couvert d’un « approfondissement » de la démarche initiatique.
  • Tous les rituels maçonniques ont conservé leur imprégnation biblique avec une référence théiste. Si la franc-maçonnerie libérale revendique la liberté de conscience dans l’interprétation symbolique, elle a continué d’utiliser les mêmes rituels que ceux pratiqués par la franc-maçonnerie anglo-saxonne.
  • Les rituels maçonniques mettent en exergue le travail sur soi, la recherche de la perfection éthique et l’engagement vers une certaine « béatitude ».

Cette logique maçonnique explique combien la référence à Schibboleth pourrait paraître incongrue si on en restait à l’interprétation simpliste d’un mot de passe destiné à protéger l’accès à un degré.

Pour que Schibboleth soit en cohérence avec la logique maçonnique, ce mot doit s’interpréter comme un enseignement et un avertissement !

De la même manière que Le Livre des Juges relate la désapprobation divine au laisser aller des tribus, l’utilisation de « Schibboleth » dans l’instruction des compagnons met l’accent sur le risque de la déliquescence de la Fraternité.

  • Frère compagnon (Sœur Compagnonne) voyez ce qu’il advint à ceux qui ont succombé à une guerre fratricide !
  • Frère compagnon (Sœur Compagnonne), en qualité de franc-maçon-ne, prenez garde de ne jamais vous laissez entraîner dans cette spirale d’égoïsme, de séparatisme et de sectarisme !
  • Frères et Sœurs, rappelez-vous ce que nos précurseurs francs-maçons anglais ont connu dans cette Angleterre du XVIème siècle avec la déchirure sociale causée par la guerre des sectes ce qui a motivé leur désir de voir la franc-maçonnerie contribuer à rétablir la paix sociale.

En intégrant cet enseignement et cet avertissement, par l’intermédiaire d’une réflexion sur ce que la Bible relate à propos de Schibboleth, le nouveau compagnon (la nouvelle compagnonne) peut prendre conscience d’une nouvelle dimension de son engagement initiatique : Veiller à la cohésion sociale par l’amour, la paix et le respect mutuel.

L’état du Monde d’aujourd’hui et des sociétés humaines qui le composent, montre combien cette réflexion est d’actualité.

Aujourd’hui, l’étranger est devenu l’ennemi , le gêneur, celui ou celle qui va nous faire perdre nos tradition ! On érige des murs pour le dissuader de venir sur nos terres !

La folie a fait place à la raison ! La guerre intercommunautaire s’impose !

On oublie que de tous temps, les êtres humains ont migré pour s’intégrer dans d’autres communautés !

On oublie que la mixité communautaire est la condition de la Paix !

Nous pouvons être fiers, nous francs-maçonnes et francs-maçons, d’avoir conservé, à travers ce mot de Schibboleth, l’enseignement que rien n’est pire que la guerre fratricide conséquence des divisions ethniques !

Qui dira à nos gouvernants que seule l’intégration et l’entente permettent de réguler les relations inter-communautaires ?

NB : On lira avec intérêt un article de Mariette Aklé intitulé « Les enjeux du schibboleth » paru dans la revue « Research in Psychoanalysis » 2018/1 (N° 25) ; il y est question de la situation libanaise mais on pourrait très bien transposer l’analyse pour de nombreuses situations de conflits interethniques.

Autres sources d’information sur Schibboleth :

Schibboleth ou la guerre fratricide, un article de notre sœur Solange

« Schibboleth – Le blé du ciel » par Philippe Langlet – Étude complète d’un mot de la franc-maçonnerie universelle – Éditions de La Hutte – BP 8 – 60123 Bonneuil-en-Valois.

Un site internet Schibboleth – Actualité de Freud –, « association internationale et inter-universitaire, propose des éléments pour penser notre époque et trouver comment y agir, grâce aux contributions d’intellectuels, universitaires, chercheurs, praticiens, auteurs et créateurs, artistes, spécialistes de référence issus de toutes les disciplines, la psychanalyse et la psychopathologie, le droit, l’histoire, la sociologie et l’anthropologie, la philosophie, l’analyse des images et des discours, les sciences politiques, économiques, sociales, et humaines et du vivant, la géopolitique, l’étude des cultures et des peuples, des idéologies, des religions, la littérature et les arts cinématographique et plastique, la médecine, les sciences et la bio-éthique… au cours de séminaires, conférences, publications et colloques ouverts à tous. »

« Le Schibboleth pour Paul Celan » par Jacques Derrida – Editions galilée – 1986

21/09/24 : « Les grands mystères de la franc-maçonnerie », en avant-première chez DETRAD

Ce samedi 21 septembre, à partir de 14 heures, venez chez DETRAD assister, en avant-première, à la présentation exclusive de l’ouvrage Les grands mystères de la franc-maçonnerie (Éd. Dervy, 2024), en librairie seulement le 26 septembre prochain.

L’événement littéraire de la rentrée maçonnique

Rendez-vous chez DETRAD pour une rencontre exceptionnelle avec les auteurs. Ce sera l’occasion d’acquérir l’ouvrage en avant-première et de le faire dédicacer, tout en discutant directement avec Jean-François Blondel et Yonnel Ghernaouti.

Le livre que les francs-maçons ne veulent que vous lisiez !

Les grands mystères de la franc-maçonnerie dévoile les arcanes secrets d’une des sociétés les plus mystérieuses de l’histoire. Ce livre est un guide indispensable pour ceux qui souhaitent comprendre l’histoire et l’influence de la franc-maçonnerie à travers les siècles. Il aborde :

– Les origines et l’évolution des pratiques maçonniques ;

– Les rituels d’initiation, tels que les mythes fondateurs du Temple de Salomon ;

– Des figures légendaires comme le Comte de Saint-Germain et Cagliostro ;

– L’interaction de la franc-maçonnerie avec l’ésotérisme, la religion et la politique ;

– Pourquoi elle continue de captiver malgré les controverses et la méfiance publique.

Accessible à toutes et à tous, l’ouvrage offre une perspective érudite et documentée sur l’Art Royal

Jean-François Blondel et Yonnel Ghernaouti offrent une perspective érudite et documentée sur la franc-maçonnerie, tout en démystifiant des croyances populaires souvent erronées. Ils explorent comment cette société initiatique a influencé le monde moderne, mais surtout, ils éclairent les raisons pour lesquelles elle demeure un sujet de fascination inépuisable.

Librairie DETRAD, rue Cadet, Paris IXe.
Librairie DETRAD, rue Cadet, Paris IXe.

L’ouvrage offre non seulement une plongée dans l’histoire, mais il met aussi en lumière les connexions profondes entre la franc-maçonnerie et d’autres sphères comme l’art, la spiritualité et les mouvements politiques. Il s’agit d’une lecture incontournable pour les passionnés d’histoire, de sociétés secrètes et de spiritualité.

Ne manquez pas cette occasion unique de découvrir Les grands mystères de la franc-maçonnerie, un ouvrage qui promet de dévoiler des secrets ancestraux et d’éclairer les mystères d’une société qui, depuis des siècles, inspire fascination et interrogation.

Un ouvrage dédicacé reste toujours un cadeau idéal ! Avec DETRAD, vous pouvez aussi bénéficier du service « Dédicace en ligne ».

Infos pratiques

Librairie DETRAD 18 Rue Cadet, 75009 Paris/Le samedi, ouvert de 11h à 13h et de 14h à 19h – Tél 01 47 70 38 32/DETRAD, le site.

Cent ans de Fraternité : Histoire et renaissance de la franc-maçonnerie finlandaise

L’année 2024 marque le centenaire de la Grande Loge de Finlande dite « régulière et de tradition », une institution qui incarne à la fois l’héritage historique et les valeurs de la franc-maçonnerie dans le pays. Cette occasion spéciale offre une opportunité de revenir sur les étapes marquantes d’une organisation qui, malgré les interruptions, les persécutions et les conflits, a su renaître et prospérer. Le livre Les 100 ans d’histoire de la franc-maçonnerie finlandaise, qui sera publié en septembre 2024, constitue un jalon essentiel dans la documentation et la compréhension de ce mouvement intellectuel et philanthropique en Finlande.

Flag of Finland

Les premières fondations : Des débuts mouvementés

L’histoire de la franc-maçonnerie en Finlande commence en 1756, lorsque la Svenska Frimurare Orden, la loge suédoise, établit la loge « St Augustin », qui opérait entre Stockholm et Turku, avant de s’installer à Helsinki. À cette époque, la Finlande faisait encore partie du Royaume de Suède. Cependant, l’annexion de la Finlande par l’Empire russe en 1809 interrompit brusquement les activités maçonniques dans le pays. L’empereur Alexandre Ier interdira formellement la franc-maçonnerie en 1822, une décision qui mettra fin à toute activité maçonnique en Finlande pendant près d’un siècle.

Coat of arms of Finland

Durant cette période d’interdiction, quelques Finlandais, notamment des capitaines de marine, continuèrent d’adhérer à des loges étrangères lors de leurs déplacements, notamment en Suède, en France et aux États-Unis. Ces contacts avec des loges étrangères auront un rôle clé dans la renaissance de la franc-maçonnerie finlandaise.

Renaissance et indépendance

La renaissance de la franc-maçonnerie en Finlande coïncide avec l’indépendance du pays en 1917. Au début des années 1920, des Finlandais ayant émigré aux États-Unis et devenus francs-maçons initièrent les démarches pour rétablir la franc-maçonnerie dans leur patrie. Les efforts diplomatiques avec la Grande Loge de l’État de New York aboutissent en 1922 avec la fondation de la loge « Suomi » 1 à l’orient d’Helsinki, suivie rapidement par d’autres loges à Tampere et Turku.

La création de ces trois premières loges a permis, dès 1924, de fonder la Grande Loge de Finlande. Le premier Grand Maître, Axel Solitander, prend les rênes d’une organisation qui allait bientôt compter parmi ses membres des personnalités éminentes, dont le compositeur Jean Sibelius, qui composera la musique maçonnique rituelle.

Les défis des années 1930 : persécutions et propagande

Le développement de la franc-maçonnerie en Finlande dans les années 1930 est ralenti par les influences du national-socialisme et la montée d’une propagande antimaçonnique virulente. Des publications comme Tapparamies ou Siniristi cherchent à discréditer les francs-maçons, les accusant de diverses conspirations, allant même jusqu’à les impliquer dans l’affaire Tattarisuo, un épisode méconnu mais fascinant de l’histoire finlandaise, qui mêle sorcellerie, occultisme et intrigues policières.

La franc-maçonnerie finlandaise subit aussi les pressions de l’extrême droite locale, qui appelle à son interdiction. Malgré cette vague d’hostilité, les francs-maçons finlandais réagissent en restant discrets, tout en publiant quelques ouvrages défendant leurs principes.

La Seconde Guerre mondiale et la suspension des activités

La Guerre d’Hiver (1939-1940) et la Guerre de Continuation (1941-1944) forcent la Grande Loge de Finlande à suspendre ses activités. Le Premier ministre Risto Ryti, lui-même franc-maçon, suggère cette mesure en raison de l’alliance temporaire de la Finlande avec l’Allemagne nazie, où la franc-maçonnerie était violemment persécutée. Les activités maçonniques ne reprendront qu’en 1945, après la guerre, avec environ 200 membres encore actifs.

Expansion et internationalisation

Les décennies qui suivent la guerre voient la franc-maçonnerie finlandaise se renforcer et s’étendre. Des loges sont créées dans de nouvelles villes comme Lahti, Kuopio et Pori, et la fondation Humanitas est créée en 1950 pour soutenir les activités de recherche et de bienfaisance. Les années 1960 et 1970 marquent une période de forte croissance, nécessitant une restructuration de l’organisation et la création de nouveaux districts pour mieux encadrer les loges locales.

À partir des années 1980, la franc-maçonnerie finlandaise commence à s’ouvrir davantage au public et aux médias. Des conventions maçonniques sont organisées, avec un accent mis sur la transparence et l’interaction avec le grand public, rompant ainsi avec la discrétion qui avait caractérisé les décennies précédentes.

L’internationalisation : Une fraternité en évolution

Les années 1990 sont marquées par l’internationalisation croissante de la franc-maçonnerie finlandaise. Un des événements majeurs de cette période est la contribution des francs-maçons finlandais à la renaissance de la franc-maçonnerie en Estonie, après la chute du rideau de fer. En 1999, la Grande Loge d’Estonie est officiellement fondée avec l’aide de la Grande Loge de Finlande.

Les années 2000 et 2010 voient la création de loges finlandaises en Suède et l’organisation de conférences internationales à l’Université de Tampere sur des thèmes liés à l’ésotérisme et aux Lumières. Ce tournant vers l’international montre la volonté des francs-maçons finlandais de participer activement au dialogue maçonnique global.

Un siècle de bienfaisance et de fraternité

Aujourd’hui, avec plus de 7400 membres répartis dans 180 loges à travers le pays et quelques loges en Suède, la Grande Loge de Finlande continue de jouer un rôle important dans la société. En 2024, elle célèbre un siècle d’histoire marqué par des périodes de résilience, d’ouverture et de contribution à la société. Le livre de Samu Nyström, qui sortira à l’occasion de ce centenaire, apportera un éclairage inédit sur cette longue histoire, en ouvrant pour la première fois les archives maçonniques au grand public.

En dépit des épreuves, la franc-maçonnerie finlandaise a su s’adapter et évoluer, tout en restant fidèle à ses principes d’universalité et de fraternité. Ce centenaire est non seulement une célébration d’une riche histoire, mais aussi une opportunité pour l’organisation de se projeter vers l’avenir, en renforçant ses valeurs de bienfaisance et de recherche intellectuelle.

Quel est le rite pratiqué au sein de la Grande Loge de Finlande

Selon le Masonic World Guide (Lewis Masonic, 1984) de Kent Henderson, les frères pratiquent le rite américain Web form.

Toutefois, un certain nombre pratiquent aussi le Rite suédois. Ce rite, qui se distingue par son caractère profondément chrétien et ses fondements symboliques élaborés, est aujourd’hui pratiqué non seulement en Suède, mais aussi en Finlande, notamment dans les villes côtières où la communauté suédophone est bien présente.

Origines et spécificités du Rite suédois

Le Rite suédois trouve ses origines au XVIIIe siècle, principalement sous l’influence de Carl Friedrich Eckleff, qui en a structuré la base vers 1759. Il se distingue des autres rites maçonniques par sa forte orientation chrétienne. Contrairement aux systèmes maçonniques plus répandus, comme le Rite écossais ancien et accepté, qui sont ouverts à des hommes de toutes croyances, le Rite suédois exige de ses membres qu’ils soient chrétiens, et même spécifiquement baptisés dans la foi chrétienne. Ce caractère chrétien est explicitement lié à la nature spirituelle et morale de la franc-maçonnerie telle qu’elle est pratiquée dans ce système.

Le Rite suédois se compose de dix degrés

Chacun avec une signification symbolique et spirituelle profonde, répartis en trois classes principales :

1. Les trois premiers degrés bleus. Ces degrés correspondent aux grades de base de la franc-maçonnerie universelle : apprenti, compagnon et maître ;

2. Les grades intermédiaires (4e à 6e degrés). Ces degrés constituent une transition vers les aspects plus ésotériques et chrétiens de la franc-maçonnerie. Ils introduisent le membre à des enseignements plus mystiques et à une compréhension plus profonde des symboles maçonniques.

3. Les hauts grades (7e à 10e degrés). Ces degrés sont réservés à une élite au sein de la franc-maçonnerie suédoise. Ils sont hautement rituels et sont centrés sur une recherche spirituelle chrétienne plus intense. Le 10e degré est le plus élevé et est uniquement conféré aux membres du Conseil suprême de l’Ordre.

Le Rite suédois en Finlande

Nous l’avons dit, la franc-maçonnerie suédoise en Finlande a une histoire qui remonte à 1756, lorsque la loge « St Augustin » a été fondée à Helsinki sous l’égide de la Svenska Frimurare Orden. Cette loge a été l’une des premières à introduire le Rite suédois en Finlande, à une époque où le pays faisait encore partie du Royaume de Suède. Cependant, les activités maçonniques finlandaises sous ce rite furent interrompues pendant plus d’un siècle après l’annexion de la Finlande par l’Empire russe en 1809.

Un modèle unique de maçonnerie chrétienne

L’un des aspects remarquables du Rite suédois est son insistance sur la foi chrétienne comme fondement de la progression maçonnique. Chaque degré est conçu pour approfondir la compréhension de la spiritualité chrétienne et des valeurs éthiques associées à la franc-maçonnerie, telles que la charité, l’intégrité et la fraternité. Cette orientation chrétienne se reflète dans les rituels, les symboles et les enseignements, qui puisent largement dans la tradition chrétienne et mystique occidentale.

Le Rite suédois a une structure hiérarchique rigide et ses rituels sont entourés d’un grand mystère – les rituels ne circulant pas du tout. Les loges sont dirigées par des membres ayant atteint les hauts grades, et les cérémonies sont réputées pour leur solennité et leur complexité. En Finlande, les loges qui pratiquent ce rite attirent des membres principalement issus de la communauté suédophone, ce qui en fait une composante importante de la franc-maçonnerie biculturelle du pays.

Le rôle de la charité et de la bienfaisance

Comme d’autres rites maçonniques, le Rite suédois accorde une grande importance à la charité et à l’aide aux plus démunis. En Finlande, la Granatenhjelms Stiftelse, fondée en 1913, reste active en tant qu’association pour la gestion des activités financières liées à la franc-maçonnerie suédoise, jouant un rôle essentiel dans le soutien caritatif et l’aide sociale.

En conclusion

Le Rite suédois incarne une forme particulière de franc-maçonnerie en Finlande, alliant tradition chrétienne, spiritualité et engagement envers la fraternité. Sa présence continue dans les régions côtières et son influence sur la culture maçonnique suédophone soulignent son rôle historique et contemporain dans la société finlandaise. Alors que la Grande Loge de Finlande célèbre son centenaire, le Rite suédois rappelle que la franc-maçonnerie finlandaise est le produit d’une riche tradition biculturelle, à la croisée des mondes suédois et finlandais, et ancrée dans des valeurs partagées de fraternité et de bienfaisance.

Pour mémoire, en juillet 1928, la Grande Loge de Finlande a demandé à la Grande Loge Nationale Indépendante et Régulière pour la France et les Colonies Françaises (GLNIR), créée le 5 novembre 1913, d’être reconnue comme régulière. Depuis 1929, la notion de « régularité maçonnique » est définie par la Grande Loge Unie d’Angleterre (GLUA) dans ses Basic Principles. La GLNIR, qui prit le nom de Grande Loge Nationale Française (GLNF) en 1948, a reconnu la Grande Loge de Finlande en octobre 1928.

Secrets mystiques de l’échiquier : Un voyage vers la connaissance cachée

Dans cet ouvrage intitulé Le jeu d’échecs et le mat – Perspective spirituelle et symbolique, Jean Poyard explore avec une rare profondeur la dimension mystique et symbolique du jeu d’échecs, dépassant ainsi le cadre d’un simple manuel ou d’une étude tactique. L’œuvre se positionne comme un pont entre le tangible et l’intangible, entre l’intellect et la spiritualité, dans une quête de la connaissance et de l’éveil.

Chers lecteurs(trices), ensemble, nous allons entamer un voyage initiatique sur les 64 cases de l’échiquier, où chaque mouvement dévoile un secret de l’âme et chaque coup résonne comme une étape vers la lumière et la sagesse éternelle.

Le jeu d’échecs, tel que présenté ici, est bien plus qu’un simple loisir ou exercice intellectuel : il devient une métaphore du chemin initiatique de l’Homme vers la sagesse et la compréhension ultime de soi et de l’univers. L’ouvrage rappelle que les échecs, tout comme le tarot ou le Yi King, sont de ces « livres muets » qui stimulent la conscience et l’intelligence humaine depuis des temps immémoriaux. Ils sont des portes ouvertes vers une compréhension plus profonde des lois cosmiques, des mathématiques pythagoriciennes et des carrés magiques, des éléments centraux pour appréhender l’origine mystérieuse du jeu.

Jean Poyard nous invite à décrypter ce jeu millénaire comme un condensé des lois spirituelles, mettant en scène la lutte éternelle entre les forces de lumière et celles de l’ignorance. Ce combat échiquéen devient alors le miroir de la lutte intérieure de chaque homme dans sa quête pour transcender la matière et l’illusion. En cela, chaque partie jouée devient un symbole de l’engagement dans ce chemin d’éveil de la Conscience, où le Mat représente la mort de l’ignorance et l’avènement de la connaissance véritable.

L’ouvrage s’étend également sur l’origine énigmatique des échecs, explorant ses racines dans les civilisations anciennes telles que l’Égypte, la Grèce, l’Inde, en passant par la Perse et l’Islam, avant de s’épanouir dans la chrétienté médiévale et la Renaissance. Cette trajectoire historique révèle la transmission universelle et intemporelle de la connaissance spirituelle à travers ce jeu, que l’ONU a symboliquement reconnu en consacrant une journée mondiale dédiée à sa célébration chaque 20 juillet.

Le parcours initiatique décrit par Jean Poyard est ponctué de réflexions sur des thèmes aussi vastes que la science des nombres, l’aléa symbolisé par les dés, ou encore la volonté de l’homme de maîtriser son destin à travers les échecs. Il nous rappelle que, contrairement aux jeux de hasard, les échecs exigent non seulement de la stratégie, mais aussi une volonté de domination de soi et des circonstances. C’est un véritable apprentissage de la discipline de l’esprit, où la victoire ultime n’est pas celle d’un roi renversé, mais celle de la conscience qui s’élève.

L’échiquier devient alors un sanctuaire sacré, où chaque coup, chaque mouvement, chaque pièce trouve une correspondance dans la structure même de l’univers et dans le cheminement de l’âme. Loin d’être figé dans un simple quadrillage de noir et blanc, il devient l’illustration dynamique de la dualité et de l’unité, du jeu cosmique entre l’ombre et la lumière, entre la matière et l’esprit.

Cette analyse s’approfondit encore lorsqu’on aborde les différents chapitres du livre, où l’auteur explore les correspondances symboliques entre les pièces du jeu et des concepts spirituels ou philosophiques. Les figures de Palamède, du roi et du cavalier de Troie, ou encore la recherche du chaînon manquant, sont autant de clés interprétatives qui permettent de révéler les enseignements cachés dans chaque partie jouée.

Enfin, l’ouvrage traite de la relation entre les échecs et le Graal, symboles jumeaux de la quête spirituelle ultime, où l’homme, tel un chevalier des temps modernes, se met en quête non d’un trophée matériel, mais d’une sagesse intérieure qui transcende les limites du monde physique. Cette quête rejoint la grande tradition des mystères chrétiens, pythagoriciens et ésotériques, où le jeu d’échecs prend une dimension cosmique et initiatique.

Jean Poyard, la bio

Jean Poyard, érudit passionné par la spiritualité des jeux et, en particulier, du jeu d’échecs, mène depuis plus de trente ans des recherches sur ce thème. Il est également l’auteur d’un autre ouvrage majeur : Le Graal, queste christique et templière, de Chrétien de Troyes à l’Évangile selon saint Jean, qui aborde des thèmes similaires à travers le prisme des traditions chrétiennes et templières. Ses recherches, ancrées dans une tradition gnostique chrétienne, l’ont mené à donner de nombreuses conférences, partageant ainsi son savoir et sa compréhension des mystères spirituels. Jean Poyard continue de s’affirmer comme une voix incontournable pour quiconque souhaite explorer le lien profond entre spiritualité, symbolisme et jeux.

Le jeu d’échecs et le mat – Perspective spirituelle et symbolique

Jean Poyard Éditions Dervy, 2024, 480 pages, 24,90 €

Photos © Yonnel Ghernaouti YG

La Laïcité Tunisienne (par Jean-Pierre Zana)

Je suis né à Sfax, dans le Sahel Tunisien et j’ai grandi avec mes amis musulmans, chrétiens, orthodoxes et juifs sans problèmes. Nos grands-mères partageaient les gâteaux lors de fêtes religieuses avec tous nos amis. Nous allions dans les églises, les mosquées et les synagogues où nos grands-pères demandaient que l’on soit « sages ».

En 1960, avec Christian et Raouf nous étions assis sur le port de Sfax où les militaires embarquaient dans les bateaux et nous étions tristes. Bourguiba est devenu président et lors des manifestations, les ouvriers de mon père nous raccompagnaient chez nous pour ne pas être pris en otage.

Nous avons vécu une vraie laïcité où nous vivions ensemble avec nos différences, mais le respect des uns et des autres.

J’ai retrouvé un document dont l’insigne montre la laïcité, un régiment qui s’est engagé en 1914 et en 1939-1945. Beaucoup de tunisiens musulmans, chrétiens et juifs se sont engagés avec l’armée des Etats-Unis pour rejoindre l’armée Française en Italie et remonter jusqu’à Berlin.

4e régiment de tirailleurs tunisiens

Le 4e RTT est créé le 14 décembre 1884 en Tunisie sous l’appellation de 4e RTA. Il sert sans interruption jusqu’au 31 mai 1962, date à laquelle il est dissous en Algérie, où il avait été rapatrié en septembre 1958, suite à l’indépendance de la Tunisie.

L’écriture arabe se traduit par  » sous la garde (ou sous la protection) d’Allah ( في حفظ الله’)

Le 4ème régiment des tirailleurs tunisiens était un régiment d’infanterie de l’Armée Française en activité entre 1884 et 1956 ; c’est le régiment les plus décoré de l’Armée Française.

Un notable musulman vient de dire publiquement : « Écoute-moi, France amie. Te souviens-tu de ces turcos à la calotte rouge, véritable et interminable champ de coquelicots, qui, le regard enflammé, scrutaient à travers le créneau de la tranchée les gestes du Boche ?

Les revois-tu bondissant par-dessus le parapet, semblables à des lions et sautant chez le voisin pour l’anéantir ? Les revois-tu tombant à mi-chemin, encourageant dans leur agonie, lente ou rapide, les camarades des autres vagues qui poursuivaient le même but et tombaient à leur tour ?

Te souviens-tu quand, plus tard, en bataillons ardents, coude à coude avec leurs vaillants frères français, ils s’élançaient, en des 
luttes homériques, sus au Teuton ?

Fauchés par la mitraille, ils avançaient quand même ; aveuglés par les gaz délétères, ils marchaient sans souci du danger ; broyés par les marmites, ils couraient à la victoire, bousculant l’ennemi et lui faisant mordre la poussière, atteignant enfin l’adversaire et le taillant en pièces. Oh ! les beaux hommes ! Les braves gens ! Comme leur héroïsme cadrait bien avec celui des incomparables poilus de France.

« Écoute-moi, France aimée. Connais-tu les noms, l’origine de ces héros qui, d’une façon obscure, sont morts pour toi, oui, pour toi, sans autre souci que celui d’immoler leur jeunesse pour que toi, bienfaitrice de l’univers, champion de la civilisation, tu puisses vivre ? Et ce, sans récompense autre que celle, posthume, de la reconnaissance ? Peu importe leurs noms, pourvu que leur mémoire soit éternelle. Ils savaient, ces soldats magnifiques, que leur trépas, consenti pour ta juste cause, n’était pas un sacrifice inutile. Ils songeaient, avant de pénétrer dans l’au-delà, que tu serais compatissante à la douleur des leurs, laissés à l’arrière. Ils étaient sûrs que tu pleurerais leur mort au même titre que celle de tes propres enfants. Et c’était pour eux une sorte de pieuse joie de mourir ainsi à l’ombre de ton fier drapeau, ce drapeau qui a réalisé tant de conquêtes, non seulement par le sabre, mais aussi grâce aux principes d’humanité que tu as sue, depuis des siècles, inculquer aux peuples placés sous ta tutelle. »

Ses rangs ne sont formés que de fils de la douce Tunisie, encadrés par des Français et quelques Algériens de choix. Il serait impossible, même dans un long ouvrage, de retracer 
tous les traits d’héroïsme qui foisonnent dans l’histoire de ces tirailleurs, mais aujourd’hui chacun sait ce que signifient les mots « Attaque et Défense », « Tenir et Vaincre », chacun sait ce qu’ils coûtent, et la simple énumération de ces attaques et de ces défenses suffira pour légitimer l’orgueil avec lequel les tirailleurs du 4e régiment de marche portent leur fourragère aux couleurs de la Légion d’honneur. 

Nous sommes à Verdun, le 24 octobre 2016, officiers français et étrangers rangés sous les couleurs de nombreux pays et une pluie battante pour célébrer le centenaire de la reprise du fort de Douaumont. Ciel triste, ambiance nostalgique, émotions fortes : lectures et projections d’images rappellent tant la violence des combats que les actions héroïques, spécialement des troupes venues d’outre-mer. Un long moment, l’accent est mis sur la contribution considérable des tirailleurs tunisiens dans cette terrible bataille. En tant qu’officier tunisien, cela éveille en moi de forts sentiments d’appartenance et de fierté.

« Sous La Garde d’Allah » et durant 72 ans (en activité entre 1884 et 1956), le 4è régiment de tirailleurs tunisiens fut l’un des régiments les plus décorés de l’armée française. Mobilisé par la République, il connut d’abord la trop célèbre horreur des tranchées avant de se couvrir de gloire face à la barbarie nazie. Toujours et en tous lieux, sur les différents fronts et champs de bataille, les tirailleurs tunisiens firent preuve d’une profonde loyauté, d’une immense ardeur au combat et d’un remarquable esprit de sacrifice.

Dépassant les postures bien compréhensibles de la période de l’indépendance et remettant à leur place certains reflexes idéologiques parfois encore vivaces mais aussi décalés que compassés, n’est-il pas temps de mettre les actes glorieux de ces hommes au premier rang de la liste des exemples à suivre en matière de courage, d’esprit de camaraderie et d’audace ?

Combien il serait utile à la Tunisie moderne de se remémorer les durs et étroits sentiers parcourus par les hommes du 4è régiment de tirailleurs tunisiens et leurs frères d’armes. Cela représente un héritage inestimable, destiné à enrichir et soutenir les générations actuelle et futures dans les combats de toutes sortes.

Il est temps de décomplexer notre vision historique et que la Tunisie se réconcilie avec son passé et avec son histoire militaire en particulier, en rendant hommage à ses « anciens », saluant leur héroïsme durant les deux guerres mondiales.

Ahmed Ben Abdallah
Officier stagiaire de la promotion Gallois, 24è promotion de l’École de guerre. Issu de l’Académie militaire Fondouk Jedid en Tunisie, le LTC Ahmed Ben Abdallah a participé́ à de nombreux déploiements et opérations. Avant de re- joindre la 24è promotion de l’École de guerre (2016-2017), il était commandant du Centre d’excellence EOD tunisien (CEET).

Les femmes Tunisiennes

Nos grands-mères quand elles faisaient le ménage ou la lessive s’habillaient comme ces femmes tunisiennes. Mais quand elles sortaient, elles s’habillaient autrement.

Lors d’un mariage, ou quand il faisait chaud avec sirocco elles utilisaient le Sefseri un voile traditionnel féminin porté en Tunisie.

Les femmes tunisiennes d’Antan, participaient à des Miss locales et mondiales dans les années 60 à 80.

Les femmes tunisiennes portaient des vêtements occidentaux sauf dans les années 90, les femmes tunisiennes ont perdu leur liberté.

La Tunisie a défendu pendant longtemps la Laïcité, mais malheureusement les pays riches du Moyen Orient Islamiques politiques ont imposé le voile qui n’est pas religieux. L’Imane Kahina Bahloul, première femme imam de France a publié « mon Islam, ma liberté ». Sur France Inter mais aussi sur le monde et sur YOUTUBE. Elle a demandé d’arrêter de faire du voile un symbole de l’Islam. L’essor des idéologies islamistes, accompagné d’un processus de réislamisation de la société ayant pour ambition de donner un fondement religieux à l’organisation politique et sociale, fonde son projet sociétal sur une dichotomie entre les genres. Celle-ci se traduit par une normativité sociale dont l’objectif premier est le contrôle du corps de la femme, source de tentations et de désordre social.

En conclusion regardez les photos ci-dessous et engagez-vous dans le débat.

La Fête des Tabliers est enfin de retour !

Le Samedi 5 Octobre de 10h30 à 18h, c’est le retour de la journée conviviale et fraternelle grâce à des activités aussi diverses que variées : 

  • Tracez la méridienne.
  • Le Temple, apprenez à le tracer…
  • Aperçu des principaux rites.
  • Présentation de l’ITEM et du Salon Maçonnique de Toulouse

Mais aussi :

… et bien d’autres choses encore …

Pétanque avec des pierres cubiques.

Tailler une pierre brute avec une petite cuillère.

Baby-Foot maçonnique.

Chasse au Trésor Maçonnique.

Sans oublier notre légendaire Chaîne d’Union.

100% FRATERNITÉ !

Attention, ce matin (18/09) il ne restait que 85 places disponibles