Il se tient un peu comme un chêne centenaire, droit à son plateau, gardien des règles et de la loi, avec, peut-être pour certains un peu moins de souplesse ou encore, pour d’autres, un peu plus de rigidité… Ce qui revient au même. Il n’en demeure pas moins qu’au moment de conclure une tenue, il apparaît comme un prestidigitateur du verbe !
Au risque d’un endormissement certain, a fortiori si la parole circulant sur les colonnes s’est faite extensible, l’orateur doit pouvoir, tout en synthèse et clarté, trouver sa voix, un rythme, un style, un ton… Esprit indomptable, sachant mais empli d’humilité, on ne peut l’imaginer ouvrir la bouche pour asséner des vérités absolues dans un discours outrecuidant qui oscillerait alors entre grandiose et absurde…
Improvisation ? Maîtrisée ! Préparée ? En improvisant avec soin, nul doute que chaque mot résonnera comme une note « parfaite » si tant est que le discours ne soit pas… Trop long….
CLIPSAS : vers une dérive autoritaire ? Retour sur une assemblée générale sous tension
À la suite de notre article publié en mai dernier sur 450.fm (voir: Les dirigeants du CLIPSAS ne reconnaissent plus la liberté de la presse), où nous avions dénoncé l’entrave à la liberté de la presse par les dirigeants du CLIPSAS, de nouveaux éléments viennent renforcer l’idée que cette organisation fraternelle pourrait bien être en pleine dérive.
L’Assemblée Générale de 2024, qui s’est déroulée en Albanie, a laissé place à un climat de confusion et de mécontentement. Des décisions cruciales, prises dans des conditions discutables, sont aujourd’hui au cœur d’une controverse qui pourrait entacher la légitimité même du CLIPSAS. L’absence de budget formel, l’absence d’un vote sur le lieu de la prochaine AG, et la gestion pour le moins opaque de ces événements soulèvent des interrogations majeures. Pire encore, c’est l’intégrité du Grand Maître de la South Carolina Grand Lodge of Ancient Free & Accepted Masons, Rashad Muhammad, qui est remise en cause, ajoutant à la tempête que traverse le CLIPSAS.
Le contexte : une assemblée sous tension et une motion de confiance
Le point de départ de cette controverse réside dans la manière dont l’Assemblée Générale de 2024 s’est achevée. En effet, malgré une réunion formellement conclue, aucun lieu ni budget pour l’Assemblée Générale de 2025 n’avait été validé. Ce sont des points essentiels, selon l’article 8 du Règlement Général du CLIPSAS, qui exige qu’un budget prévisionnel détaillé soit présenté et voté avant d’engager toute organisation future. Or, seule une candidature de la South Carolina Grand Lodge of Ancient Free & Accepted Masons a été soumise, sans qu’aucun document budgétaire ne l’accompagne. Face à cette situation, le Bureau a choisi de soumettre une motion de confiance afin de pouvoir décider seul du lieu de la prochaine Assemblée, un acte qui contourne de fait les votes de l’ensemble des membres.
Cette décision, bien que soutenue par une majorité relative des Obédiences présentes, semble marquer une rupture avec les principes démocratiques du CLIPSAS. En effet, le Règlement Général ne permet pas une telle concentration de pouvoir entre les mains du Bureau. La motion de confiance, votée à la majorité, ne peut en aucun cas remplacer le processus collégial qui exige la validation formelle de toutes les décisions par les membres lors de l’Assemblée.
La candidature controversée de la Caroline du sud
Rashad Muhammad – Grand Maître de la South Carolina Grand Lodge of Ancient Free & Accepted Masons – Membre du CLIPSAS
L’autre point névralgique de cette situation réside dans la candidature de la South Carolina Grand Lodge of Ancient Free & Accepted Masons, dirigée par le controversé Rashad Muhammad. En 2011, celui-ci a été mis en cause dans une affaire judiciaire retentissante, accusé de trafic de cannabis d’une valeur de 2,2 millions de dollars【Source: Article 1 – Live5News.com et Article 2 – Live5news.com. Bien que le procès ait été suspendu suite à un mistrial (annulation du procès), il est essentiel d’expliquer ce que signifie réellement ce terme sur le plan juridique pour mieux comprendre les implications de cette situation pour le CLIPSAS. Avant d’aller plus loin, soulignons que le système américain reconnaît la présomption d’innocence, d’autant que la charge de la preuve repose toujours sur l’accusation.
Le « mistrial » : explication juridique
Un mistrial survient lorsqu’un procès ne peut être mené à terme en raison d’une erreur procédurale ou de circonstances exceptionnelles qui empêchent le jury d’arriver à une décision unanime. Cela peut se produire pour plusieurs raisons, comme des irrégularités dans la présentation des preuves, une mauvaise conduite de la part des jurés, ou l’impossibilité pour ces derniers de parvenir à un consensus. Contrairement à un acquittement, qui signifie que l’accusé est reconnu non coupable, un mistrial laisse la porte ouverte à la possibilité d’un nouveau procès. En d’autres termes, l’accusé n’est ni innocenté ni condamné, et l’affaire reste juridiquement non résolue【source: Cornell Law School】.
Dans le cas de Rashad Muhammad, son procès pour trafic de drogue a été annulé pour cause de mistrial, mais cela ne nous dit rien concernant les accusations portées contre lui. De plus, il n’y a eu aucune autre tentative de le juger à nouveau, laissant ainsi en suspens cette affaire judiciaire. Pour le CLIPSAS, une organisation qui s’enorgueillit de défendre des valeurs morales et éthiques élevées, le choix de confier l’organisation de la prochaine Assemblée Générale à une Obédience dirigée par une personnalité au passé judiciaire aussi trouble pose de sérieux problèmes d’image.
Une violation des procédures du Clipsas
En plus des questions soulevées par le passé de Rashad Muhammad, il est crucial de revenir sur les aspects procéduraux qui ont été ignorés lors de l’Assemblée Générale de 2024. En effet, la candidature de la South Carolina Grand Lodge of Ancient Free & Accepted Masons ne respectait pas les critères établis par le Règlement Général. Non seulement elle n’était pas accompagnée d’un budget, mais elle n’a pas non plus fait l’objet d’un vote en bonne et due forme. Or, l’article 8 du Règlement est clair : toute proposition pour organiser une Assemblée Générale doit inclure un budget prévisionnel,et ce dernier doit être soumis à l’approbation de tous les membres lors de l’Assemblée.
Le recours à une motion de confiance pour autoriser le Bureau à décider seul du lieu de la prochaine Assemblée constitue donc une entorse manifeste à ces règlements. Il convient dès lors de se demander si les décisions prises lors de cette Assemblée sont légales et valides.
Peut-on considérer que le Bureau du CLIPSAS a outrepassé ses prérogatives ?
L’ECOSOC ET LES IMPLICATIONS INTERNATIONALS
Une autre dimension importante à prendre en compte est la relation du CLIPSAS avec l’ECOSOC (Conseil économique et social des Nations Unies). Le CLIPSAS jouit d’une reconnaissance auprès de cette instance, qui impose des standards rigoureux en matière de transparence et d’intégrité.
Comment l’ECOSOC réagirait-il face à la nomination de Rashad Muhammad, un homme dont le passé judiciaire est empreint de soupçons, à la tête de l’organisation d’un événement aussi crucial ?
Cela pourrait nuire à la crédibilité internationale du CLIPSAS et remettre en question sa place au sein des organisations affiliées à l’ONU.
Questions juridiques et morales en suspens
En conclusion, les décisions prises lors de l’Assemblée Générale de 2024 ouvrent la voie à de nombreuses interrogations. Le Bureau du CLIPSAS s’est-il engagé dans une voie autoritaire, en s’octroyant des pouvoirs que seul l’ensemble des membres aurait dû valider ? Peut-on légitimement confier l’organisation d’une Assemblée à une Obédience dirigée par un Grand Maître dont l’affaire judiciaire reste en suspens ? Ces questions, tant juridiques que morales, méritent une réponse claire.
Dans notre article précédent, nous avions soulevé une question cruciale : « Quelle suite juridique ou fraternelle sera donnée à cette affaire ? ». Il semble aujourd’hui que la réponse soit sur le point d’éclater. Selon nos sources, plusieurs Obédiences envisagent de prendre des mesures légales contre le CLIPSAS pour contester la légitimité de l’Assemblée Générale qui s’est tenue en Albanie cette année. Une annonce officielle serait imminente, ce qui pourrait marquer un tournant décisif dans cette crise.
Le CLIPSAS, en tant qu’organisation fraternelle de premier plan, doit impérativement rétablir la transparence dans ses processus décisionnels. Il en va non seulement de la confiance de ses membres, mais aussi de sa crédibilité internationale.
Un point important à noter est de se demander comment le CLIPSAS a pu laisser cette obédience être admise au sein de cette institution, sachant les antécédents de certains de ses membres. Il est d’autant plus surprenant qu’en 2015, le président du CLIPSAS était déjà Louis DALY, aujourd’hui toujours en poste. Louis DALY, un ancien policier à la retraite, était un homme de loi. Comment, sous sa présidence, a-t-il pu ignorer qu’en 2011, soit quatre ans avant l’admission de l’obédience, Rashad Muhammad avait déjà été mis en cause dans une affaire de cette ampleur ?
La rédaction A contactÉ la direction du CLIPSAS ainsi que Rashad Muhammad en personne, afin d’obtenir plus d’information. À cette heure, nous n’avons reçu aucune réponse de leur part… Affaire à suivre.
Publié en 2024 dans la collection « À sa place et à son office » – une citation extraite du rituel du Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA) au 1er degré –, l’ouvrage Le Second Surveillant de Philippe Benhamou, dont l’auteur dirige également la collection, s’impose comme une référence pour les francs-maçons investis dans cette fonction symbolique et cruciale. Ce guide allie pragmatisme et inspiration, tout en étant fermement enraciné dans la tradition maçonnique, offrant ainsi une approche à la fois contemporaine et accessible.
Loin de se limiter à un simple manuel technique, cet ouvrage se présente comme un véritable outil de réflexion, permettant aux nouveaux élus d’embrasser non seulement les aspects pratiques, mais aussi les dimensions symboliques, spirituelles et fraternelles de leur fonction. Philippe Benhamou met en avant la diversité des rites au sein de la Franc-Maçonnerie, rendant ainsi son ouvrage universel, adapté à différentes obédiences. Il s’appuie principalement sur les grands rites francophones tels que le Rite Écossais Ancien et Accepté, le Rite Écossais Rectifié, le Rite Français et le Rite Émulation.
Le livre, structuré de manière flexible, invite le lecteur à explorer son contenu soit de manière linéaire, soit en fonction des besoins spécifiques liés aux responsabilités du Second Surveillant en loge. Cette approche, que l’auteur compare à un « buffet », permet une lecture interactive, guidée par des symboles qui signalent les pièges à éviter, les points essentiels à retenir et les concepts clés à approfondir.
Pour Philippe Benhamou, le rôle de Second Surveillant dépasse largement les simples tâches administratives. Il s’agit de veiller à la régularité des travaux, mais surtout de garantir une instruction de qualité pour les apprentis. Le Second Surveillant doit non seulement organiser et superviser les comités d’apprentis, mais aussi endosser le rôle de guide et de mentor, aidant les jeunes maçons à progresser et à comprendre les profondeurs symboliques des rituels maçonniques.
Philippe Benhamou met en garde contre les pièges inhérents à cette charge : gestion des apprentis, relations avec les autres membres de la loge, ou encore les risques de surinvestissement personnel. Il fait preuve d’une grande humilité en reconnaissant que l’ouvrage, malgré sa richesse, n’est pas exhaustif et laisse la porte ouverte à d’autres contributions pour compléter l’édifice de la connaissance maçonnique.
L’une des qualités majeures de cet ouvrage réside dans son accessibilité. Philippe Benhamou parvient à rendre simple et intelligible un rôle qui pourrait intimider les nouveaux élus. L’écriture est fluide, limpide, et dédramatise la prise de fonction, assurant aux lecteurs qu’ils disposent du temps et des ressources nécessaires pour se préparer efficacement. Les conseils pratiques sont nombreux, accompagnés d’exemples concrets et d’une réflexion symbolique toujours présente.
Philippe Benhamou aborde avec finesse la question de la mixité et de l’inclusivité. Bien que l’ouvrage soit rédigé au masculin pour des raisons de lisibilité, l’auteur reconnaît pleinement l’importance des sœurs dans la franc-maçonnerie et leur rôle dans cette fraternité partagée. Cet équilibre entre tradition et modernité est au cœur de l’approche de Philippe Benhamou, qui montre un profond respect pour la diversité des pratiques tout en maintenant une ligne directrice symbolique forte.
À travers une table des matières bien structurée, l’ouvrage offre une approche détaillée et analytique des différentes facettes de la fonction de Second Surveillant.
Philippe Benhamou précise d’emblée que cet ouvrage n’est pas un simple mémento, mais un guide de réflexion, enrichi par l’expérience de nombreux frères et sœurs ayant exercé cette fonction avant les nouveaux élus. Il souligne l’importance de ne pas voir cet ouvrage comme une vérité absolue, mais comme une contribution à la diversité des pratiques maçonniques.
L’introduction s’adresse aux nouveaux élus de manière rassurante et complice. Philippe Benhamou insiste sur le fait que le rôle de Second Surveillant, bien qu’essentiel, est abordable et que le lecteur dispose de temps pour se préparer à assumer ses responsabilités. Cette approche dédramatise la prise de fonction et offre un cadre propice à la réflexion.
Le chapitre « Le Second Surveillant à sa place et à son office » explore en détail les tâches et les responsabilités du Second Surveillant en loge. Il est celui qui veille au bon déroulement des travaux et à la régularité des présences. Mais plus encore, il assure la discipline et l’instruction des Apprentis, garantissant que les rituels se déroulent conformément aux règles du rite suivi par la loge.
Les qualités humaines et spirituelles que doit incarner le Second Surveillant sont mises en lumière dans le chapitre suivant intitulé « Nomination et qualification ». Des vertus telles que la bienveillance, l’humilité, la rigueur et la disponibilité sont nécessaires pour accomplir cette charge avec dignité. Philippe Benhamou met également en garde contre les excès de pouvoir, en particulier les risques de « devenir gourou » ou « devenir psy », qui sont des écueils à éviter dans la gestion des apprentis.
Le rôle symbolique du Second Surveillant est examiné en profondeur. Par sa position sur le plateau, il incarne la rigueur et la discipline tout en étant le guide des apprentis sur le chemin initiatique. L’auteur examine comment chaque rite interprète cette fonction, tout en conservant une base symbolique commune.
« Que fait le Second Surveillant en loge ? » offre une vision détaillée des tâches pratiques du Second Surveillant. Celui-ci veille à la régularité des présences, à l’ouverture correcte de la loge, et à ce que chaque cérémonie soit orchestrée avec précision. Il joue également un rôle important dans l’harmonie de la loge, en étant à l’écoute des Apprentis.
Mais avec « Le Second Surveillant en dehors de la loge », l’auteur rappelle ici que la fonction de Second Surveillant ne s’arrête pas aux portes du temple. En dehors des tenues, il continue à encadrer les Apprentis, organisant les comités et les accompagnant dans leur progression symbolique. Les comités d’Apprentis, souvent sources de tensions, sont des espaces où le Second Surveillant doit faire preuve de diplomatie et de rigueur.
« L’instruction des Apprentis » est le chapitre constituant le cœur symbolique du livre. Philippe Benhamou y explique le rôle du Second Surveillant en tant que pédagogue. Il s’agit non seulement d’enseigner des notions théoriques, mais surtout de guider les Apprentis sur le chemin de la transformation intérieure. Patience, empathie et fermeté sont les maîtres-mots de cette mission.
Nous apprécions particulièrement l’utilisation des pictogrammes dans cet ouvrage, car ils apportent une clarté immédiate et intuitive à la lecture. Ces symboles visuels permettent de capter rapidement l’attention du lecteur sur les points essentiels, les pièges à éviter et les concepts fondamentaux à retenir. Ils facilitent non seulement la compréhension, mais renforcent aussi la fluidité du texte en offrant une navigation visuelle agréable. Cela transforme l’ouvrage en un véritable guide pratique, adapté à une lecture à la fois approfondie et sélective.
De plus, les encadrés, notamment ceux intitulés « L’essentiel en quelques lignes », viennent renforcer l’aspect pédagogique de l’ouvrage. Ils synthétisent de manière concise les idées clés, ce qui permet de retenir rapidement les points les plus importants. Ce type de mise en forme, à la fois moderne et efficace, fait de cet ouvrage un outil de référence aussi bien pour les nouveaux élus que pour les francs-maçons plus expérimentés.
Le Second Surveillant est un ouvrage riche, alliant rigueur symbolique et souplesse pratique. Il offre des conseils avisés, sans jamais prétendre à une vérité absolue. L’auteur montre avec une grande clarté que cette fonction est une véritable école de vie, tant pour celui qui l’exerce que pour les Apprentis qu’il a sous sa responsabilité.
Philippe Benhamou, grâce à son style didactique, rend cet ouvrage accessible à tous les maçons, qu’ils soient novices ou expérimentés. Chaque chapitre est soigneusement construit pour répondre aux besoins des nouveaux élus tout en offrant une réflexion plus large sur le sens profond de la franc-maçonnerie.
Philippe Benhamou, la bio
Il est une figure éminente dans le domaine de l’écriture maçonnique. Avec un doctorat en intelligence artificielle, il combine l’approche analytique de la science avec une profonde sensibilité pour la tradition maçonnique. Membre de la Grande Loge de France depuis 1991, il est à l’origine de nombreux ouvrages qui tentent de rendre accessible à un large public les mystères et les subtilités de la franc-maçonnerie.
Ses publications, souvent coécrites avec d’autres spécialistes ou enrichies par ses talents d’animateur radio, témoignent de son désir de diffuser les valeurs et les connaissances maçonniques. Parmi ses œuvres notables, on retrouve des essais sur les symboles maçonniques, des récits humoristiques ainsi que des manuels pour les néophytes. Son implication dans des revues spécialisées et son intérêt pour la vulgarisation scientifique se reflètent dans un style pédagogique et accessible, toujours empreint de respect pour la tradition.
Le Second Surveillant
Philippe Benhamou–Éditions Numérilivre, Coll. À sa place et à son office, 2024, 160 pages, 20 €
Du site lesalonbeige.fr (lire présentation en bas d’article)
Terres de Mission reçoit l’abbé Jean-Christophe Thibaut, prêtre du diocèse de Metz et spécialiste de l’ésotérisme et de l’occultisme, à propos de son dernier ouvrage : “Un regard chrétien sur l’agriculture biodynamique” (Artège). L’auteur rappelle en effet que l’agriculture biodynamique a été inventée par Rudolf Steiner, ancien théosophe et fondateur de la Société d’anthroposophie – et, si la plupart des utilisateurs de cette méthode ignorent tout de l’occultisme et s’intéressent à l’agriculture biodynamique pour d’excellentes raisons, il n’en reste pas moins que celle-ci demeure étroitement liée à ces origines douteuses.
Puis, Guillaume de Thieulloy propose quelques pistes de lecture : “La rose blanche” d’Henri Peter (Via Romana), “Les compagnons de Jéhu” d’Alexandre Dumas (La Ravinière), “Pour la sanctification du monde” de Georges Weigel (Artège) et “Face aux miracles” de Jacques Laurentie (Téqui).
Selon le site Conspiracy Watch :
Le Salon Beige (lesalonbeige.fr) est un site d’extrême droite à tendance catholique conservatrice, qui relaie fréquemment des contenus à caractère conspirationniste. Dans les années 2020, il fait partie des sites liés à la complosphère les plus fréquentés.
Apparu en 2004 et géré depuis 2010 par Guillaume de Thieulloy, le site se présente comme un « blog quotidien d’actualité » tenu par « des laïcs catholiques » qui entendent « travailler au Bien commun de la société en informant (leurs) lecteurs sur l’actualité, vue au regard de la doctrine sociale de l’Eglise ».
Ancien assistant de Jean-Claude Gaudin, Guillaume de Thieulloy dirige les éditions Muller, à l’origine de la publication des Mémoires de Jean-Marie Le Pen. Il est également responsable du journal Les 4 Vérités et de divers sites dont l’Observatoire de la Christianophobie et Nouvelles de France (ndf.fr).
Quel a été, en 1789, en 1792 et en 1793, le rôle exact de la Franc-Maçonnerie dans la Révolution française ? S’interroge en 1904 l’historien et essayiste Maurice Talmeyr. Rapportant que la Franc-Maçonnerie consiste, dans un premier en temps et en apparence, surtout en bals, en banquets et en démonstrations de bienfaisance, il explique qu’il s’agit d’une simple façade, les philosophes des Lumières, et en tête Voltaire, s’appliquant méthodiquement à « maçonniser » les hautes classes de la société afin de préparer la Révolution et le renversement du régime monarchique, tandis qu’en 1785, un congrès de la Franc-Maçonnerie prémédite l’assassinat du roi Louis XVI…
Les documents authentiques, émanant de la Maçonnerie elle-même, ne peuvent pas, on le comprend, ne pas être rares sur le rôle exact de la Franc-Maçonnerie dans la Révolution française, écrit Maurice Talmeyr. Une société secrète ne serait pas une société secrète, si elle ne prenait pas le plus grand soin de cacher tout ce qui peut renseigner sur elle, et les témoignages positifs, là où par principe on les supprime, ne peuvent nécessairement pas abonder.
Néanmoins, si le véritable témoignage nous fait souvent ainsi défaut, il n’en est pas de même de certains faits, singulièrement saisissants, et qui en arrivent, rapprochés les uns des autres, à produire une lumière presque aussi probante que la lumière même des documents. Or ces faits-là sont innombrables, et la démonstration qui en résulte, c’est qu’il n’est peut-être pas une seule des grandes journées de la Révolution qui n’ait pas été, plus ou moins longtemps à l’avance, machinée et répétée dans les Loges, comme on répète et comme on machine une pièce dans un théâtre…
Suivez donc avec un peu d’attention les faits qui vont vous être exposés, et vous verrez, comme de vos yeux, tout un grand pays violemment transformé, par la plus évidente des conspirations, en une immense et véritable Loge. Vous le verrez jeté par force dans toute une succession d’épreuves maçonniques graduées, dont les premières dissimulaient soigneusement le secret final, mais dont la dernière, dès le début, avait toujours dû être le meurtre du roi, pour aboutir au but suprême et caché, c’est-à-dire à la destruction de la nationalité elle-même !
Avant d’en arriver aux faits particuliers, nous constaterons d’abord un grand fait général, c’est que l’histoire de la Révolution a toujours joui, jusqu’ici, du privilège singulier d’être acceptée comme histoire, sans que personne, au fond, l’ait jamais expliquée. D’après les documents les moins niables, et contrairement à une légende audacieusement fabriquée, la nation française, comme masse populaire, en dehors d’une certaine noblesse, d’un certain clergé et d’une certaine bourgeoisie, était alors profondément catholique et royaliste.
Au moment même où on massacrait les prêtres, où l’on détruisait avec le plus de rage tout ce qui était de la Religion traditionnelle, on avait dû renoncer à interdire les processions dans Paris, où le peuple, comme l’établissent aujourd’hui les témoignages les plus précis, obligeait, en pleine Terreur, les patrouilles de sectionnaires à rendre dans la rue les honneurs au saint Sacrement.
Taine, dans La conquête jacobine, explique qu’alors, si un prêtre portant le viatique passe dans la rue, on voit la multitude « accourir de toutes parts pour se jeter à genoux, tous, hommes, femmes, jeunes et vieux, se précipitant en adoration ». Le jour où la châsse de Saint-Leu est portée en procession rue Saint-Martin, « tout le monde se prosterne : je n’ai pas vu, dit un spectateur attentif, un seul homme qui n’ait ôté son chapeau. Au corps de garde de la section Mauconseil, toute la force armée s’est mise sous les armes. » En même temps, « les citoyennes des Halles se concertaient pour savoir s’il n’y aurait pas moyen de tapisser. Dans la semaine qui suit, elles obligent le comité révolutionnaire de Saint-Eustache à autoriser une autre procession, et, cette fois encore, chacun s’agenouille ».
Quant au culte envers le prince, poursuit Talmeyr, il se prouve par les manifestations mêmes dirigées contre sa personne. Pendant deux ans, la Révolution se fait au cri de Vive le Roi ! Ensuite, la plupart même des hommes et des femmes d’émeute, soldés pour outrager le souverain, sont tout à coup ressaisis, en face de lui, de l’insurmontable amour de leur race, pour le descendant de ses monarques. Toute leur exaltation, en sa présence, tourne, comme en octobre 1789, en respect et en tendresse.
Que voit-on, au retour de Varennes, pendant que la famille royale prend son repas ? On voit le député révolutionnaire Barnave se tenant respectueusement debout derrière le roi, et le servant comme un valet de chambre ! Et ce sentiment catholique et royaliste, presque général à cette époque, se confirme, de façon certaine, par les chiffres mêmes des élections. Dès 1790, les ennemis de la Religion et de la Monarchie ne sont plus élus partout que par le dixième, puis par le quinzième, puis par le vingtième des électeurs. Taine constate, à Paris, aux assemblées primaires de 1791, un an déjà avant le 10 août, plus de soixante-quatorze mille abstenants sur quatre-vingt-un mille deux cents inscrits !
N’est-il pas rigoureusement vrai, en conséquence, que la Révolution, considérée comme mouvement national, ne peut pas s’expliquer ? On comprend une nation comme l’Amérique, chez qui la domination anglaise est impopulaire, et qui s’en débarrasse. On ne comprend pas une nation qui a la Religion et la Monarchie dans le sang, qui les veut, qui ne veut qu’elles, et qui les renverse avec fureur. Et cette Révolution-là est tellement inexplicable que tous les historiens, quels qu’ils soient, renoncent, en réalité, à l’expliquer, car les explications par la « fatalité », la « Providence », la « force des choses », le châtiment divin, ou l’ « anarchie spontanée », les seules qu’on nous ait encore données, ne sont pas des explications.
Plus loin, notre essayiste s’interroge : où en était, au dix-huitième siècle, la Franc-Maçonnerie en France ? Elle y daterait, exactement, d’après ses propres annuaires, de soixante-quatre ans avant la Révolution, de 1725, et ses deux premiers grands maîtres auraient été deux Anglais, lord Derwentwater, et lord Harnouester. Elle est ensuite présidée par un grand seigneur français, le duc d’Antin, puis par un prince du sang, Louis de Bourbon, comte de Clermont, puis, de 1771 à 1793, par le duc de Chartres, plus tard duc d’Orléans, et, plus tard encore, Philippe-Égalité (père de Louis-Philippe, roi des Français de 1830 à 1848).
Louis XVI. Peinture de Jean-Marie Ribou (1744-1817)
Comme en témoigne la liste de ses grands maîtres, la Franc-Maçonnerie, dans la période immédiatement antérieure à la Révolution, ne cesse pas de suivre, malgré ses crises, une marche ascendante rapide. Elle devient à la mode, finit par faire fureur et le Grand Orient en arrive à créer ces fameuses Loges d’adoption où les femmes étaient admises. Les récipiendaires femmes, nous apprend M. d’Alméras, auteur d’une histoire de Cagliostro, et qui ne semble l’ennemi ni de Cagliostro, ni des Loges, sont des « actrices, des danseuses, des bourgeoises ou des grandes dames sans préjugés ».
Alors, en résumé, la Franc-Maçonnerie, au moins en apparence, consiste surtout en bals, en banquets, en démonstrations de bienfaisance. En 1775, la duchesse de Bourbon recevait le titre de grande maîtresse de toutes les Loges d’adoption de France, le duc de Chartres l’installait lui-même dans ce pontificat féminin, au milieu de fêtes magnifiques, et on faisait une quête, à la fin du banquet, en faveur « des pères et mères retenus en prison pour n’avoir pas payé les mois de nourrice de leurs enfants ».
Telle est, pendant toute cette période, la façade de la Franc-Maçonnerie. Elle est à la fois somptueuse et amusante, avec la promesse d’un mystère, probablement inoffensif, et peut-être même agréable, à l’intérieur de la maison. Sous prétexte de philanthropie, on s’y divertit énormément. On s’y mêle entre gens de la bonne société et de la moins bonne, dans l’illusion d’une égalité sociale qui ne manque pas toujours de piment. On se donne la sensation d’une vie en double où l’on s’appelle de noms de guerre, en échangeant des mots de passe. On se procure le petit frisson d’attendre quelque chose de secret qui sera peut-être défendu.
On joue en grand, en un mot, à ces jeux innocents qui ne le sont pas toujours, et un prodigieux enjouement jette toute la société dans ce jeu-là. Les plus honnêtes gens s’en mettent, et Marie-Antoinette écrit, à cette époque, à Mme de Lamballe : « J’ai lu avec grand intérêt ce qui s’est fait dans les loges franc-maçonniques que vous avez présidées, et dont vous m’avez tant amusée. Je vois qu’on n’y fait pas que de jolies chansons, et qu’on y fait aussi du bien. »
N’existait-il donc, cependant, aucun motif de se méfier ? Si, et certains Etats, dès le milieu du dix-huitième siècle, chassaient assez rudement ces francs-maçons qui s’attachaient en France, avec une si extraordinaire activité, à amuser les Français, à les faire danser, à chatouiller leur frivolité. Le pape Clément XII, en outre, avait lancé contre eux une bulle assez suggestive, dans laquelle il les comparait « aux voleurs qui percent la maison ». On pouvait donc, dès ce moment-là, ne pas déjà voir dans les Loges de simples lieux d’amusements, comme la malheureuse Marie-Antoinette.
Une société « maçonnisée », c’est donc bien celle qui précède immédiatement la Révolution. Elle s’est « maçonnisée » pour s’amuser, mais elle s’est « maçonnisée ». C’est l’atmosphère en dehors de laquelle il ne faut pas même essayer de voir cette époque, sous peine de n’en rien voir de vrai. Et Talmeyr d’expliquer que le « maçonnisme », dès trente ou quarante ans avant 1789, est si bien déjà devenu l’ambiance générale, que les philosophes, en réalité, ne répandent pas simplement leur philosophie par leurs écrits, mais se conjurent maçonniquement pour la répandre, et dans le sens rigoureux du mot…
Ecoutez Voltaire dans sa correspondance : « Il faut, écrit-il, agir en conjurés, et non pas en zélés… Que les philosophes véritables fassent une confrérie comme les Francs-Maçons… Que les mystères de Mithra ne soient pas divulgués… Frappez, et cachez votre main… »
En 1789, entre les atrocités de la prise de la Bastille et celles des massacres d’octobre, un certain Leroy, lieutenant des chasses royales, s’écriait avec des sanglots, lors d’un dîner qui avait lieu chez d’Angevilliers, intendant des Bâtiments du Roi : « J’étais le secrétaire du Comité à qui vous devez cette Révolution et j’en mourrai de douleur et de remords !… Ce Comité se tenait chez le baron d’Holbach… Nos principaux membres étaient d’Alembert, Turgot, Condorcet, Diderot, La Harpe, et ce Lamoignon qui s’est tué dans son parc !… La plupart de ces livres que vous avez vus paraître depuis longtemps contre la religion, les mœurs et le gouvernement étaient notre ouvrage, et nous les envoyions à des colporteurs qui les recevaient pour rien, ou presque rien, et les vendaient aux plus bas prix… Voilà ce qui a changé ce peuple, et l’a conduit au point où vous le voyez aujourd’hui… Oui, j’en mourrai de douleur et de remords… »
Les lettres de Voltaire en date de mars 1763 confirment ces faits : « Pourquoi les adorateurs de la raison, écrivait-il alors à Helvetius, restent-ils dans le silence et dans la crainte ? Qui les empêcherait d’avoir chez eux une petite imprimerie et de donner des ouvrages utiles et courts dont leurs amis seraient les seuls dépositaires ? C’est ainsi qu’en ont usé ceux qui ont imprimé les dernières volontés de ce bon et honnête curé Meslier… » Et il ajoute : « On oppose ainsi, au Pédagogue chrétien et au Pensez-y bien, de petits livres philosophiques qu’on a soin de répandre partout adroitement. On ne les vend point, on les donne à des personnes affidées qui les distribuent à des jeunes gens et à des femmes… »
En réalité, poursuit Maurice Talmeyr, la conjuration philosophique n’avait que très peu perverti le peuple, et par une excellente raison, c’est que le peuple ne savait pas lire. Elle avait surtout empoisonné les hautes classes. Mais cette philosophie qui est une conjuration, et qui machine, dans le mystère, avec des masques et des trahisons, l’application de ses préceptes, n’est-elle pas, pour une époque, toute une caractéristique ?
Notre essayiste rapporte la tenue à Wilhelmsbad (Allemagne), en 1781, d’un grand congrès de la Franc-Maçonnerie universelle, où les délégations arrivaient en masse, de France, de Belgique, de Suède, d’Italie, d’Angleterre, d’Espagne, d’Amérique, de tous les points du globe ! Est-il exact, comme on l’a dit, qu’on ait arrêté, dix ans d’avance, dans cette tenue de Wilhemsbad, la mise à mort de Louis XVI et presque toute la Terreur ? On peut affirmer, dans tous les cas, que, trois ans plus tard, la mort du roi de Suède et celle de Louis XVI étaient décidées dans une tenue de Francfort, en 1785, comme l’atteste une lettre du cardinal Mathieu, archevêque de Besançon :
« Il y a dans mon pays, écrit le cardinal Mathieu, un détail que je puis vous donner comme certain. Il y eut à Francfort, en 1785, une assemblée de Francs-Maçons où furent convoqués deux hommes considérables de Besançon, qui faisaient partie de la Société, M. de Reymond, inspecteur des postes, et M. Maire de Bouligney, président du Parlement. Dans cette réunion le meurtre du roi de Suède et celui de Louis XVI furent résolus. MM. de Reymond et de Bouligney revinrent consternés, en se promettant de ne jamais remettre les pieds dans une Loge, et de se garder le secret. Le dernier survivant l’a dit à M. Bourgon… Vous avez pu en entendre parler ici, car il a laissé une grande réputation de probité, de droiture et de fermeté parmi nous. Je l’ai beaucoup connu, et pendant bien longtemps, car je suis à Besançon depuis quarante-deux ans. »
Ce qu’on sait aussi, et avec certitude, c’est que la réunion de Wilhemsbad avait un épilogue dans le genre des révélations désespérées du malheureux M. Leroy. Le comte de Virieu, sur qui les Illuministes avaient cru pouvoir compter, et qui avait fait partie de la délégation française, revenait terrifié du Congrès, déclarait quitter la secte, et disait au baron de Gilliers : « Je ne vous révélerai pas ce qui s’est passé ; ce que je puis seulement vous dire, c’est que tout ceci est autrement sérieux que vous ne pensez. La conspiration qui se trame est si bien ourdie qu’il sera pour ainsi dire impossible à la Monarchie et à l’Église d’y échapper. »
Enfin, c’est également encore à cette époque que l’écrivain Cazotte, qui avait appartenu aux Illuministes français (alliés à la Franc-Maçonnerie), faisait un soir, dans un dîner, cette soi-disant prophétie dont la réalisation devait, évidemment, comporter une part de coïncidence, mais qui était aussi, avant tout, comme celles de Cagliostro, et sans aucun doute possible, de l’information anticipée. Il disait aux convives qui s’en amusaient beaucoup, trois ou quatre ans avant 1789 :
« Vous, Monsieur Bailly, et vous, Monsieur de Malesherbes, vous mourrez sur l’échafaud… Vous, Madame, on vous conduira en charrette, les mains liées derrière le dos, à la place des exécutions. — Mais, Monsieur le prophète, lui répondait en riant la duchesse de Grammont, ne me laisserez-vous pas au moins un confesseur ? — Non, Madame, non, lui répondait Cazotte énigmatique, non, vous n’en aurez pas, et le dernier supplicié qui en aura un, ce sera le roi !… », rapporte Louis Blanc dans son Histoire de la Révolution française.
Le Tchier de Borée est un site situé dans le village de Borée, dans le département de l’Ardèche, au cœur des montagnes du Massif central, en France.
Borée, Le Béage, Les Estables et la Chartreuse de Bonnefoy, carte de Cassini.
Ce lieu est particulièrement symbolique et énigmatique, mêlant art, histoire, et légende. Le Tchier de Borée est constitué d’un ensemble de pierres dressées, formant un site mégalithique moderne, bien qu’il ne soit pas aussi ancien que les sites préhistoriques tels que ceux de Carnac en Bretagne.
En premier lieu, le village de Borée
C’est un charmant petit village situé dans le département de l’Ardèche, en région Auvergne-Rhône-Alpes, au cœur des montagnes du Massif central. Niché à environ 1 100 mètres d’altitude, au pied du mont Mézenc, il se trouve dans une région naturelle et préservée appelée le plateau ardéchois, célèbre pour ses paysages sauvages et sa nature intacte. Borée est un village typique des montagnes ardéchoises, marqué par une riche histoire locale, des traditions rurales, et une géographie unique.
L’origine du nom
Le nom du village, « Borée », est parfois associé à une origine latine. Certains le relient au mot Borea, qui signifie « vent du nord » en latin, en référence aux vents froids qui balayent souvent cette région montagneuse. Il est également possible que le nom soit lié à l’ancien gaulois ou au patois local, reflétant ainsi l’ancienneté et la richesse historique du lieu.
Son histoire
L’histoire de Borée est profondément enracinée dans la vie paysanne et pastorale, comme beaucoup de villages de montagne. Au cours des siècles, la communauté vivait principalement de l’agriculture et de l’élevage, notamment de l’élevage de moutons et de vaches, ainsi que de la culture de la pomme de terre et du seigle, adaptés aux conditions climatiques rudes. Comme de nombreux villages de cette région, Borée a connu un exode rural au cours du XIXᵉ et du XXᵉ siècle, entraînant une baisse démographique importante.
Son patrimoine
Le village est riche en patrimoine bâti traditionnel, typique des villages ardéchois. Vous y trouverez des maisons de pierre aux toits en lauzes, une architecture qui témoigne du climat montagnard, où les habitations devaient être robustes pour résister aux hivers froids et neigeux.
L’église de Borée, construite au XVIIIᵉ siècle, est l’un des monuments les plus emblématiques du village. De style roman, elle est dédiée à Saint-Pierre et Saint-Paul. Son clocher peigne et ses pierres apparentes ajoutent au charme de ce bâtiment historique.
Un autre site d’intérêt est le « Rocher de Borée« , une formation naturelle spectaculaire située à proximité du village, qui attire les amateurs de randonnée et les curieux des paysages naturels singuliers.
Les traditions et la culture locale
Le village de Borée a su conserver ses traditions et son patrimoine culturel malgré les transformations du monde rural. On y célèbre encore les fêtes agricoles et pastorales traditionnelles, comme la fête de la transhumance, qui marque le départ des troupeaux vers les pâturages d’été, un événement clé dans la vie montagnarde.
Sans oublier l’environnement naturel et les activités…
Entouré de montagnes et de paysages volcaniques, Borée est une destination prisée des amoureux de la nature. Les randonneurs y trouvent de nombreux sentiers qui offrent des panoramas sur le mont Mézenc, le plus haut sommet du Massif central, et les volcans environnants.
Mont Mézenc, la table d’orientation
Le mont Mézenc (1753 mètres) domine les alentours et est un lieu de prédilection pour les activités en plein air, telles que la randonnée, le ski de fond en hiver, et l’observation de la faune et de la flore. La région est également connue pour ses rivières et ses forêts, offrant un cadre idéal pour les promenades tranquilles et l’écotourisme.
… et ses légendes et mystères
Comme beaucoup de lieux en Ardèche, Borée est entouré de légendes locales. Les paysages mystérieux et les formations rocheuses, comme celles du Rocher de Borée, ont inspiré des récits où se mêlent histoire et imaginaire. Le village et ses environs sont parfois décrits comme des lieux empreints de mysticisme, renforcés par la présence du Tchier de Borée.
Borée est un petit village à la fois historique et dynamique, avec une nature sauvage et des traditions vivantes. Son environnement montagneux, son patrimoine culturel, et ses sites emblématiques en font un lieu unique à découvrir pour ceux qui cherchent à s’immerger dans l’histoire et la beauté des montagnes ardéchoises.
Le Tchier de Borée
Le Tchier de Borée est également l’une des principales attractions contemporaines du village. Cet ensemble de 70 pierres dressées est devenu un lieu symbolique et mystique pour les visiteurs, alliant art moderne et spiritualité en connexion avec la nature environnante.
L’origine et la création
Le Tchier de Borée a été créé en 1994 par deux artistes, Serge Boyer et Alain de Châtellus. Il ne s’agit pas d’un site mégalithique historique, mais plutôt d’une œuvre artistique contemporaine inspirée des anciennes traditions de pierres levées (ou menhirs). Le mot « Tchier » vient du patois local et signifie « tas de pierres » ou « cairn« , un type de monticule de pierres souvent érigé pour des raisons symboliques, comme des marqueurs de territoire ou des monuments funéraires.
La description du site
Le site est composé de 70 pierres dressées, chacune gravée de symboles ou de motifs variés qui évoquent différentes thématiques : l’univers, les cycles de la vie, les astres, et les éléments naturels. Ces pierres forment un cercle et sont alignées de manière à créer des correspondances avec des événements cosmiques, tels que les solstices et les équinoxes, un peu à la manière des cercles de pierre anciens.
Certaines pierres portent des inscriptions qui reprennent des symboles alchimiques, des signes zodiacaux, ou des représentations d’anciennes mythologies. Les gravures invitent les visiteurs à une contemplation philosophique ou spirituelle.
Les légendes et mystères… toujours vivants !
Même s’il s’agit d’un site relativement récent, le Tchier de Borée est empreint d’un certain mystère en raison des symboles gravés sur les pierres et de la résonance de ces motifs avec des thèmes mythologiques et ésotériques. Certaines légendes locales parlent de forces spirituelles présentes sur le site ou de l’influence des étoiles sur les pierres.
Les habitants et visiteurs évoquent parfois des phénomènes étranges liés à la disposition des pierres, comme des sensations énergétiques inhabituelles ou des alignements astrologiques précis. Le site serait aussi un lieu propice à la méditation et à la contemplation, attirant les curieux et les amateurs de mystères. Certains considèrent le Tchier comme un lieu de « pèlerinage » pour les personnes en quête d’énergie cosmique ou de bien-être spirituel.
Quid du symbolisme
Les pierres et leurs gravures ont un lien fort avec les éléments naturels, et beaucoup voient dans le Tchier de Borée une tentative de renouer avec les anciennes traditions païennes et les cultes de la Terre. Le site semble inviter les visiteurs à se reconnecter à la nature et aux forces cosmiques. Le Tchier représente un calendrier symbolique des saisons, des équinoxes et des solstices, jouant sur des alignements astronomiques similaires aux mégalithes anciens.
L’Ardèche, cette terre mystérieuse
L’Ardèche est souvent considérée comme une terre mystérieuse, imprégnée de légendes, de mythes et d’un patrimoine naturel et culturel riche. Située dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, l’Ardèche offre des paysages variés, allant des montagnes du Massif central aux vallées profondes, en passant par des gorges spectaculaires, des grottes anciennes, et des villages perchés. Ce territoire a de tout temps nourri l’imaginaire collectif, et voici pourquoi il est si souvent décrit comme une terre mystérieuse.
L’Ardèche est une terre de contes et légendes qui ont traversé les âges. Ces sites mégalithiques, qui parsèment le paysage ardéchois, sont souvent enveloppés d’histoires anciennes, parfois considérés comme des portes vers d’autres mondes ou des lieux où se concentrent des énergies particulières.
Situé au pied du mont Mézenc, dans une région sauvage et préservée, le Tchier de Borée offre aussi une vue imprenable sur les paysages environnants. Le cadre naturel amplifie le caractère mystique du lieu, renforçant le sentiment de connexion entre l’homme, la terre, et le ciel.
Le Tchier de Borée est un lieu qui mêle art, nature, symbolisme et spiritualité, offrant une expérience unique aux visiteurs. Sa nature contemporaine, combinée à l’influence des traditions mégalithiques anciennes, en fait un site à la fois moderne et ancré dans une quête intemporelle de sens et de mystère.
Le site emblématique de la Commanderie des Templiers à Saint-Quentin-en-Yvelines se réinvente pour entrer dans l’ère numérique. Désormais appelée la Comm@nderie, cette ancienne commanderie historique devient un lieu d’innovation et de culture numérique, proposant des ateliers, des découvertes immersives et des activités pour les citoyens de tous âges. L’ouverture officielle aura lieu le 21 septembre, à l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine.
Un lieu dédié aux technologies numériques
La Comm@nderie offrira un large éventail d’activités tournées vers le numérique. Parmi les équipements phares, on trouvera une Micro-Folie, un Fablab équipé d’imprimantes 3D, d’une découpeuse laser, ainsi qu’une brodeuse numérique. Ces outils permettent d’explorer des projets créatifs, tels que la fabrication de t-shirts personnalisés, des impressions en 3D ou la création de contenu numérique.
La Micro-Folie, concept soutenu par la Villette, offre un accès à des chefs-d’œuvre des musées nationaux et internationaux. Ce dispositif numérique permet de zoomer sur les œuvres, d’interagir avec les détails, et même de jouer avec elles, offrant ainsi une expérience artistique inédite, impossible dans les musées traditionnels. Selon Éric Alain Junes, vice-président de SQY en charge de la culture : « Une Micro-Folie est un accès numérique aux chefs-d’œuvre des musées du monde entier. C’est une manière ludique et pédagogique de découvrir et de comprendre les œuvres. »
Formation et innovation pour tous
La Comm@nderie ne s’arrête pas à la création numérique. Elle propose aussi un vaste programme de formations sur des sujets aussi variés que l’environnement, l’emploi et le sport, avec des ateliers numériques adaptés à tous les âges. Le lieu accueillera prochainement un média-pôle pour former les enseignants, les élèves et les habitants de SQY. Un escape game numérique dans la chapelle et une salle dédiée au e-sport seront également installés, avec des tournois prévus pour 2025.
Laurence Dorée, chargée de mission sur le numérique à SQY, précise : « L’objectif de la Comm@nderie est de proposer des contenus variés, tout en offrant des formations qui aideront les citoyens à maîtriser les outils numériques. »
Un accès culturel et numérique pour tous
L’ambition de la Comm@nderie est de devenir un lieu central pour les habitants de Saint-Quentin-en-Yvelines, un espace où les citoyens peuvent se former aux technologies, découvrir des œuvres artistiques, et participer à des projets innovants. Cet endroit dédié au numérique sous toutes ses formes permettra aux visiteurs d’explorer et d’apprendre à travers des activités immersives et interactives, créant ainsi un lien unique entre histoire, culture et technologie.
L’ésotérisme et les rites d’initiation ont toujours accompagné l’humanité, depuis les premières civilisations jusqu’à nos jours. Ces pratiques secrètes et symboliques ont forgé des voies spirituelles, permettant aux individus d’accéder à des niveaux supérieurs de conscience et de compréhension de la réalité. Dans cette série d’émissions, je vous propose d’explorer les principaux mythes initiatiques qui ont traversé les âges et les cultures, en mettant en lumière leur rôle dans les traditions ésotériques.
Épisode 1 : La Catabase, « Le voyage aux enfers » ou la mort symbolique
Le premier épisode sera consacré au mythe de la Catabase, également appelé le voyage aux enfers ou la descente dans le monde souterrain. Ce mythe est omniprésent dans les traditions initiatiques à travers l’histoire, mais il prend une dimension particulière dans l’ésotérisme, où il devient le cœur du processus initiatique. La Catabase symbolise un rite de passage par lequel les novices doivent symboliquement mourir pour renaître. C’est un voyage intérieur profond où l’initié confronte ses propres ténèbres, pour en émerger transformé. Ce type de rituel de mort et de résurrection remonte aux pratiques chamaniques de la protohistoire et se retrouve dans les cultes à mystères de l’Antiquité, tels que les Mystères d’Éleusis ou d’Orphée. Même dans les sociétés secrètes modernes, comme la franc-maçonnerie, ce concept persiste sous une forme symbolique puissante. Dans cet épisode, nous étudierons les racines de ce mythe à travers les âges, en le reliant à des pratiques rituelles concrètes et à des expériences spirituelles intérieures.
Épisode 2 : L’Anabase, l’ascension divine et la réintégration spirituelle
Dans ce second épisode, nous explorerons le concept de l’Anabase, ou l’ascension divine, qui suit naturellement la Catabase. Si la chute (qu’elle soit celle de l’Homme ou des anges) représente une descente dans le monde matériel et obscur, l’Anabase symbolise le chemin de rédemption, de purification et de retour à l’état originel de pureté spirituelle. Ce processus de réintégration est central dans de nombreuses traditions ésotériques, qu’il s’agisse de la Kabbale, de l’Hermétisme ou de la Gnose. Nous plongerons dans ces enseignements pour comprendre comment les mystiques et les sages ont cherché à reconnecter l’humanité à sa source divine. Nous examinerons également les écrits de penseurs influents tels que Louis-Claude de Saint-Martin et Martinès de Pasqually, dont les travaux ont profondément marqué la pensée mystique et ésotérique moderne. Ce voyage ascensionnel, loin d’être une simple allégorie, représente un véritable cheminement spirituel que nous tenterons de décoder.
Épisode 3 : L’éveil mystique, la quête spirituelle ultime
Le dernier épisode nous conduira au cœur de la quête mystique ou spirituelle, un objectif central dans les traditions religieuses anciennes comme dans les nouvelles formes de spiritualité contemporaine. L’éveil mystique est la finalité de tout cheminement ésotérique : il représente l’union de l’âme humaine avec le divin, un état d’accomplissement spirituel absolu. Nous retrouverons cette notion dans des systèmes de croyance aussi variés que le soufisme, le bouddhisme, le christianisme mystique et le New Age. L’éveil est souvent décrit comme une expérience transcendante de l’unité cosmique, où toutes les distinctions entre le soi et l’univers s’effacent. Dans cet épisode, nous analyserons les différentes voies empruntées par ceux qui ont cherché à atteindre cet état d’illumination, que ce soit par la méditation, la prière, les rituels, ou même l’usage de techniques occultes. Nous verrons comment cet éveil spirituel est perçu comme l’aboutissement ultime du chemin initiatique, où l’initié devient un être pleinement éveillé, en communion avec le divin et avec lui-même.
Cette série d’émissions vous offrira un voyage à travers l’histoire et les traditions initiatiques de l’humanité, en dévoilant les mystères de la mort et de la renaissance symbolique, de l’ascension spirituelle et de l’éveil mystique. À travers ces trois épisodes, nous plongerons dans l’univers secret des rituels et des mythes ésotériques, à la découverte des enseignements profonds qu’ils recèlent pour ceux qui cherchent à comprendre les mystères de la vie et de l’âme.
450 est très heureux de publier un texte de Magali Aimé, une personnalité éminente dans le domaine culturel et maçonnique.
Présentation du texte sur Épicure
Le texte de Magali Aimé, « Et si Épicure était… », explore la pensée d’Épicure en mettant en lumière les malentendus fréquents autour de son hédonisme et de sa philosophie. En retraçant les origines de l’épicurisme, l’auteure expose les nuances entre hédonisme, épicurisme et eudémonisme, tout en déconstruisant la perception erronée d’Épicure comme un simple amateur de plaisirs matériels. L’essence du texte réside dans la description d’un Épicure philosophe de la modération et de la recherche d’un bonheur raisonné, en accord avec les désirs naturels et nécessaires, loin des excès souvent attribués à sa doctrine.
Le texte aborde des concepts philosophiques qui trouvent écho dans les valeurs maçonniques, notamment à travers l’idée de la quête de l’harmonie et de l’ataraxie (sérénité de l’âme), ainsi que les thèmes du labyrinthe initiatique qui résonnent avec l’expérience maçonnique. En utilisant des références symboliques et en faisant des parallèles avec des démarches initiatiques, ce texte trouve un lien pertinent avec la franc-maçonnerie, enrichissant la réflexion sur la philosophie et l’initiation.
L’approche pédagogique, l’équilibre entre histoire et réflexion philosophique, ainsi que l’application de ces concepts à une démarche de recherche de sens sont en harmonie avec les attentes d’un franc-maçon désireux de progresser dans la voie de la connaissance ésotérique. Ce texte permettrait aux lecteurs de 450.fm de découvrir ou redécouvrir Épicure sous un angle nouveau, tout en faisant des ponts vers les concepts maçonniques tels que le Devoir, la nature de l’être et la lumière intérieure.
Le texte de Magali Aimé
Hédonisme
Doctrine qui prend pour principe moral la recherche du plaisir et l’évitement de la souffrance.
Épicurisme
Doctrine, système philosophie antique ayant pour objectif principal l’atteinte du bonheur par la satisfaction des seuls désirs « naturels et nécessaires ». C’est une doctrine matérialiste et atomiste qui peut être soit qualifiée d’hédonisme raisonné, soit d’eudémonisme
Eudémonisme
Doctrine morale selon laquelle le but de l’action est le bonheur.
Différences
L’hédonisme : Pour l’atteidre, il suffit de jouir des plaisirs de la vie et de s’en épargner les souffrances.
L’épucurisme : atteindre la bonheur avec les seuls désirs et plaisirs nécessaires et naturels.
L’eudémonisme : C’est un bonheur porteur de sens, de raison d’être, de perspectives d’accomplissement.
COURANT
Morale qui se propose être la recherche du plaisir.
« La vie d’Épicure, comparée à celle d’autres hommes, nous apparaît, à cause de sa douceur et de sa modération, comme un mythe » dit Hérmarque.[1] Un de ses disciples.
La philosophie épicurienne, prônait des valeurs fondamentales et une méthodologie pour se « conformer à ce qu’il y a de meilleur, sans complaisance pour ses intérêts en se souvenant que les nobles pensées viennent du cœur ».
Mais qui était donc Épicure ? Ce philosophe qui a vécu de 341 à 270 av. J.-C. était-il le goinfre, inculte et luxurieux dont l’ont taxé ses contemporains?
Regardons comment Épicure va prôner l’Ataraxie, cet état d’âme serein ainsi que l’eudémonisme, doctrine qui vise le bonheur, sans jamais « se laisser égarer dans le labyrinthe de l’erreur. »
Un philosophe autodidacte quece jeune garçon de 14 ans, né dans l’ile de Samos.Sa mère y pratiquait des cérémonies magiques, pour lesquelles il développa une haine bien ancrée ainsi que pour toute forme de superstition. Il connaîtra la domination macédonienne, la mort d’Alexandre, la disparition des cadres traditionnels. Tous ces bouleversements l’interpellent.
Il ira quérir des réponses auprès de ses professeurs. Aucune ne lui conviendra, pas plus que les discours et écrits des philosophes. Sa curiosité précoce l’orientera vers la philosophie en refusant de « se forger des idoles humaines ».
Des interrogations: d’où vient tout ce chaos dont parle Hésiode dans la Théogonie[2] ? D’où sortent toutes choses ? Comment accéder au bonheur sur cette terre ?
La pensée épicurienne, nous la découvrons au travers des échanges et des travaux développés dans le Jardin, situé à Athènes, où Épicure philosophait avec ses amis (306 av. J-C.). Ce lieu devient par métonymie « l’école du Jardin » et se distinguera de l’Académie de Platon et du lycée d’Aristote (vers 301av. J-C.) par la vie communautaire, solidaire et fraternelle qui allait bien au-delà de la transmission et du partage du savoir. La vie se devait d’y être frugale et d’une extrême simplicité. La politique en était bannie.
Cette « école » tenait du divin, car située à l’orient, à l’image du Jardin d’Éden.
Contrairement à L’Académie et au Lycée[3], le Jardin accueillait hommes, femmes, personnages illustres, esclaves et courtisanes[4]. Accepter femmes, esclaves et étrangers, voilà qui nourrit la rumeur et fit du Jardin un lieu de débauche, alors qu’Épicure espérait tout simplement la liberté, la fraternité et l’égalité entre ses adeptes.
Les disciples du Jardin étaient liés par un contrat, résumé en 3 maximes :
1/. il existe un droit naturel en vertu duquel se reconnait ce qui est utile pour ne pas se faire tort mutuellement
2/. il n’y a ni dommage ni injustice, si aucun contrat n’a été conclu entre les deux parties
3/. il n’existe pas de justice en soi, mais relative au contrat.
Taxé de décadent négligeant le dionysiaque[5], Épicure attirera des regards bienveillants sur la fécondité de certaines de ses théories :
l’indifférence aux dieux.
la gratitude envers la nature
l’école du Jardin en tant que rêve d’une amitié constructrice et nécessaire.
Aristote[6], suivi par d’autres philosophes sur ce chemin, se heurta à des critiques concernant la doctrine de l’eudémonisme. Sénèque[7] en pessimiste disait « après le plaisir vient l’ennui, et après un premier élan, le bonheur se flétrit ».
Le bonheur vu par Épicure reste une approche conjoncturelle, personnelle, relative et contingente car « l’univers ne peut être admiré qu’en proportion de notre faiblesse ». Cette faiblesse nous met face au labyrinthe dont les chemins symbolisent l’essence de la vie. Attention aux méandres qui conduisent à des égarements.
La philosophie épicurienne tente d’éviter ces égarements par la connaissance de la nature, par les devoirs des adeptes entre eux, par le Devoir d’un vivre ensemble harmonieux et égalitaire.
Comment atteindre le bonheur pendant la vie sur la terre?
Tout d’abord, se référer au Tétrapharmakon[8] qui est un quadruple remède à appliquer:
L’éthique, élément fondamental, s ‘appuyait sur la solidarité, l’attention et l’amitié, liens indispensables pour unir les disciples entre eux. Et surtout « écouter tous les humains avec attention et déférence », étant nécessaire et évident. Pour Épicure, cette phrase était essentielle.
L’éthique, permet de parachever la connaissance de la nature. L’âme et le corps étant solidaires, nature, physique et éthique ne se dissocient pas et pour « entrer » en philosophie, tout comme pour entrer en Maçonnerie, il faut changer son mode de pensée « Le philosophe doit harmoniser ses pensées avec ses actes et ses représentations. (Maxime capitale XXV). Il est bon aussi d’accepter la formule de l’homme d’Abdere[10], ce penseur présocratique qui dit que « L’homme est la mesure de toute chose : de celles qui sont, du fait qu’elles sont, de celles qui ne sont pas, du fait qu’elles ne sont pas.» Accepter aussi un ascétisme raisonné, sachant qu’ « un raisonnement sobre chasse les opinions par lesquelles le trouble le plus grand s’empare des âmes » (écrit Épicure à son ami Ménécé.)
Ces thèmes philosophiques, issus de l’éthique et de la physique, nous ramènent vers le labyrinthe, qui conduit notre cheminement vers le centre. Hésitation et errance restant les éléments fondateurs de la démarche initiatique à l’aide de nos propres ressources et de nos outils.
Le Maître maçon, redevenu apprenti une fois maître secret, devant ce nouveau labyrinthe de connaissances à découvrir, encore un autre chemin qui s’ouvre devant lui, dont un des Devoirs consiste à aller vers l’ÊTRE dans son universalisme.
L’univers est infini, les corps sont formés d’une multitude d’atomes, les atomes se meuvent de tout éternité. C’est la déclinaison spontanée des atomes ou Clinamen qui permet leur rencontre, donc leur modification.
Pour Épicure l’atome porte trois propriétés :
1 Grandeur
2 Forme
3 Pesanteur
À partir de ces constatations, sans les déclinaisons des atomes, la nature n’aurait jamais rien pu créer. Une raison pour laquelle Épicure s’attache à démontrer la nécessité, l’évidence et le rôle des sensations.
Émanent de la physique des corps, les sensations sont fiables, seule une mauvaise interprétation conduit à une erreur de jugement. Nous savons que « Nos meilleures pensées viennent du cœur », le cœur n’est-il pas le centre de notre corps et de nos sensations ? D’où l’objectif de la recherche du centre, et de l’issue au sein du labyrinthe de la vie vers la lumière.
Réfléchir sur la privation de sensation, permet aussi de se libérer de la peur de la mort : « Prends l’habitude de penser que la mort n’est rien pour nous, car tout bien et tout mal résident dans la sensation: et que la mort est l’éradication de nos sensations. La mort n’existe ni pour les vivants ni pour les morts, puisqu’elle n’a rien à faire avec les premiers et que les seconds n’existent plus ». (Lettre à Ménécée).
«Le critère du Canon », gnoséologique[12], Canon au sens de mesure, de fil à plomb pour ne pas dévier de la règle du nécessaire et de l’évident. « Le devoir est pour nous aussi exigeant que la Nécessité »[13]
Le reste : passé, avenir, supputations de la raison, délires de l’imagination, illusions du désir étant vains et n’existant pas à proprement parler : Seul reste vrai l’individu dans ses sensations immédiates de plaisir et de déplaisir.
(L’ataraxie,) la sérénité de l’âme et (l’eudémonisme,) l’accession au bonheur se résument en quatre canons symétriques, faisant appel à la tempérance, la prudence, la force, la volonté et la justice.
Prenez le plaisir qui ne doit être suivi d’aucune peine.
Fuyez la peine qui n’amène aucun plaisir.
Prenez la peine qui vous délivre d’une peine plus grande, ou qui peut être suivi d’un grand plaisir.
Fuyez le plaisir qui doit vous priver d’une jouissance plus grande ou vous causer plus de peine que de plaisir.
Une apparente simplicité pour « ne pas s’égarer dans le labyrinthe de l’erreur ». Labyrinthe symbolique que l’on retrouve chez Lewis Carroll, Kubrick, Kafka et bien d’autres, tous à la recherche de l’issue, du centre, du chemin, de la lumière, de l’équilibre au milieu des dédales jonchés d’erreurs à éviter.
Pourquoi croire que le bonheur dépend du toujours plus pour en avoir plus ?
Peut-être devrions-nous suivre le conseil de Michel Onfray[14] et construire à partir de soi des Jardins d’Épicure nomades en produisant le monde auquel on aspire et en évitant celui que l’on récuse.
Créer une ataraxie individuelle en veillant de ne pas s’égarer dans les dédales du labyrinthe, en « ne prenant pas les mots pour des idées », en appliquant les paroles du Zohar[15]« Le sens littéral de l’Écriture c’est l’enveloppe, et malheur à celui qui prend cette enveloppe pour l’Écriture même ».
Accepter que « ce qu’un homme ne sait pas ou ce dont il n’a aucune idée, se promène dans la nuit à travers le labyrinthe de l’esprit », comme le dit Goethe. Une pensée qui doit nous inciter à accomplir « le Devoir parce qu’il est le Devoir » et chercher à travers les dédales du labyrinthe, les voies qui conduisent à l’ÊTRE universel et à la Vraie Lumière.
[2] La Théogonie : œuvre du poète grec Hésiode (VIIIe siècle av. J.-C.),qui joue un rôle fondateur dans l’élaboration de la mythologie grecque. Le terme « théogonie » vient du nom Θεός / theós qui signifie « dieu » et du verbe γεννάω / gennáô qui signifie « engendrer ». Il s’agit donc d’un récit de l’origine des dieux.
[5] [5] Dionysiaque en opposition à L’apollinien qui prône ordre, méthode et stabilité. Selon Nietzsche, le dionysiaque correspond à une forme d’enthousiasme.
[6] Aristote (384-322av.J-C.), disciple de Platon, contemporain d’Épicure
[8] Tétrapharmakon: chez Epicure: quadruple remède. Pharmacon veut dire à la fois remède et poison: question de dosage, de circonstance, d’accointance, en un mot de Kairos.
[9] 5Conforme aux règles de l’église, qui pose les règles de la grammaire, modèle de représentation mathématiques. Donc la canonique c’est être conforme aux règles.
[10] Protagoras d’Abdére, dit l’Homme d’Abdére, penseur présocratique, 490-420 av.J-C.
[11] Homonyme du philosophe. On n’en connaît pas ses origines.
[14] [14] Michel Onfray, Contre-histoire de la philosophie. 2002-2003, Archipel Chrétien.
[15] Zohar, « le SeferHa Zohar » ou livre de la splendeur, ouvrage majeur de la kabbale juive rédigé en araméen. Exégèse ésotérique et mystique de la Torah ou Pentateuque.
L’ouvrage de Magali Aimé explore avec une grande profondeur la question de l’engagement maçonnique à travers divers témoignages et enquêtes minutieusement recueillis. Dès l’introduction, l’auteure plante le décor : de nombreux francs-maçons quittent l’ordre, parfois au début de leur cheminement, d’autres après plusieurs décennies. Mais d’autres encore, après trente, quarante, voire cinquante ans, demeurent fidèles aux colonnes du Temple, affichant un bonheur certain d’être maçons. Ce paradoxe, entre démission et persévérance, forme le cœur de la réflexion menée dans cet ouvrage.
L’auteure aborde de manière sincère et éclairée les questions fondamentales qui jalonnent le parcours des maçons. Pourquoi certains décident-ils de partir alors que d’autres restent ? Comment la franc-maçonnerie peut-elle répondre aux attentes de ceux qui y voient un refuge spirituel, une quête de fraternité ou simplement un chemin de croissance personnelle ? Les réponses apportées, tant par les initiés que par l’auteure elle-même, sont nuancées et souvent marquées par une pointe d’ironie bienveillante, comme pour souligner que la franc-maçonnerie n’est pas une réponse simple aux grandes questions existentielles.
L’ouvrage reflète aussi une interrogation plus large sur la place de la franc-maçonnerie dans la société contemporaine. Magali Aimé souligne les tensions entre tradition et modernité, l’existence de rituels séculaires face à un monde en perpétuelle évolution. Les francs-maçons, tels qu’ils sont dépeints ici, cherchent non seulement à comprendre leur propre chemin, mais aussi à trouver une place dans une société où l’individualisme et la virtualisation des relations humaines semblent prendre le pas sur la solidarité et la fraternité.
Le texte est empreint d’une réflexion philosophique et spirituelle sur la démarche initiatique. Entrer en maçonnerie, nous dit l’auteure, est une décision qui nécessite de la patience, de la réflexion et un véritable engagement. Ce thème, qu’elle avait déjà abordé dans son ouvrage Entrer en maçonnerie : Quel profil ? (2013), se retrouve ici avec plus de profondeur encore. Magali Aimé y décrivait déjà l’initiation comme un acte non anodin, engageant le profane dans un cheminement parfois difficile, mais toujours enrichissant. L’auteure insistait sur l’importance de démystifier la franc-maçonnerie pour ceux qui en sont extérieurs, tout en mettant en lumière les responsabilités des maîtres face à la demande d’initiation.
Dans Premier surveillant, que faire avec les compagnons ? (2015), l’auteure poursuivait sa réflexion en s’intéressant à la transformation du Compagnon. L’accent y est mis sur la pédagogie maçonnique, les outils à mettre en œuvre pour guider le nouvel arrivant sur le chemin de la connaissance. Le rôle du premier surveillant est crucial, selon Magali Aimé, et elle le décrit avec une précision remarquable, expliquant les défis que représente l’accompagnement des Compagnons vers une transformation intérieure.
L’ouvrage Quelle musique en loge ? – La colonne d’harmonie » (2017) explore quant à lui un aspect plus subtil mais tout aussi essentiel du rituel maçonnique : la place de la musique. Aristote disait que la musique adoucissait les mœurs, mais Magali Aimé va plus loin en se demandant si elle peut aussi générer une véritable harmonie en loge, entre mélodie et silence, entre rituel et émotion. Ce livre témoigne de la capacité de l’auteure à s’intéresser aux détails qui enrichissent l’expérience maçonnique, et à les lier aux grands thèmes philosophiques.
Enfin, son dernier ouvrage, Intéresser les profanes, conserver les initiés ? – Défis du XXIe siècle (2024) – le huitième chez Dervy –, constitue une véritable enquête sur les défis auxquels la franc-maçonnerie doit faire face dans le monde contemporain. L’auteure y questionne non seulement les départs mais aussi les maintiens : pourquoi certains restent-ils fidèles à la franc-maçonnerie alors que d’autres décident de la quitter ? Ce livre, nourri de rencontres et d’interviews, éclaire les nombreuses problématiques internes et les mutations profondes que traverse l’institution au XXIe siècle.
L’auteure dépeint un paysage maçonnique en constante mutation, où l’enjeu central est de maintenir l’intérêt des initiés tout en attirant les profanes dans un monde de plus en plus déconnecté des valeurs traditionnelles et communautaires.
La conclusion de cet ouvrage se veut résolument tournée vers l’avenir. Magali Aimé souligne la nécessité pour la franc-maçonnerie de s’adapter sans pour autant renier ses fondements. Elle met en avant l’importance de redéfinir le discours maçonnique pour le rendre plus accessible et compréhensible à une nouvelle génération de profanes, tout en préservant l’essence initiatique et la richesse de ses rituels. La franc-maçonnerie doit ainsi réussir à allier tradition et modernité pour rester pertinente dans un monde où les repères spirituels et fraternels sont de plus en plus flous.
L’auteure en appelle à une franc-maçonnerie ouverte et vivante, capable de répondre aux défis du XXIe siècle tout en conservant l’attrait mystique et philosophique qui l’a toujours caractérisée. Elle invite les loges à réfléchir à des stratégies innovantes pour conserver leurs initiés tout en éveillant la curiosité des profanes, soulignant que c’est dans cette dualité que se joue l’avenir de l’ordre maçonnique.
Magali Aimé
Magali Aimé, à travers cette série d’ouvrages, se place comme une observatrice attentive et critique de la franc-maçonnerie, mêlant un regard moderne à une compréhension profonde des traditions. Née dans le sud de la France, elle a d’abord exploré le monde de la communication et du journalisme avant d’être initiée à la Grande Loge féminine de France il y a vingt-sept ans. En 2022, elle rejoignait l’Ordre Initiatique et Traditionnel de l’Art Royal (OITAR), fraternité de maçons libres et de loges souveraines. Son parcours atypique, qui l’a menée de Gault & Millau à la franc-maçonnerie, lui a permis d’aborder ces questions avec une expertise à la fois pratique et spirituelle. Depuis 2009, elle collabore avec les éditions Dervy, enrichissant la collection « Les outils maçonniques du XXIe siècle » avec des ouvrages pertinents, à la fois pédagogiques et profondément humains.
Intéresser les profanes, conserver les initiés ? – Défis du XXIe siècle
Magali Aimé –Éd. Dervy, Coll. Les outils maçonniques du XXIe siècle, 2024, 110 pages 9,90 € – Format Kindle 6,99 €