De notre confrère radiofrance.fr
Le pape dans le viseur des complotistes

Le pape François est-il secrètement un franc-maçon, un agent du nouvel ordre mondial, ou même un pédocriminel ? Depuis son élection, le souverain pontife argentin, dont l’état de santé inquiète les fidèles du monde entier, est devenu une cible de choix pour les complotistes de tous bords.
Le pape François, hospitalisé depuis trois semaines pour une double pneumonie, cristallise toutes les inquiétudes, et est au centre des pires rumeurs et théories. Depuis son élection, le pape François est devenu une cible privilégiée des complotistes, des accusations de franc-maçonnerie aux allégations de pédocriminalité, en passant par son rôle supposé dans un nouvel ordre mondial.
Les positions progressistes du pape François sur des sujets tels que la désinformation et l’immigration lui valent l’hostilité des complotistes. Rudy Reichstadt souligne que le pape a “tout pour déplaire aux manipulateurs de l’info”, notamment en raison de sa dénonciation de la désinformation et de son soutien au fact-checking. Son ouverture envers les pauvres et les étrangers, symbolisée par son choix du nom de François en hommage à Saint-François d’Assise, est également mal perçue par les tenants du catholicisme identitaire.
Le fait que le pape François soit le premier pape jésuite de l’histoire réactive de vieilles légendes noires. Tristan Mendès France explique que la compagnie de Jésus est “poursuivie depuis des siècles par une légende noire qui leur attribue une soif insatiable de pouvoir”. Cette méfiance envers les jésuites, alimentée par leur engagement intellectuel et social jugé trop progressiste par certains, se retrouve même au sein de l’Église catholique.
Les papes précédents également ciblés
Le pape François n’est pas la seule figure papale à avoir suscité des théories du complot. La mort soudaine de Jean-Paul Ier, surnommé le “pape au sourire”, mort dans la nuit du 28 septembre 1978 d’un infarctus à l’âge de 65 ans, après seulement 33 jours de pontificat, a donné lieu à des rumeurs d’assassinat. De même, la tentative d’assassinat de Jean-Paul II en 1981 a engendré une multitude de versions contradictoires et de fantasmes complotistes.
Enfin, l’épisode souligne l’influence de la culture américaine protestante et de son anticatholicisme sur l’imaginaire complotiste. Rudy Reichstadt mentionne le succès de librairies comme Da Vinci Code et rappelle l’influence d’Hollywood. Il cite également l’ouvrage de Maria Monk, Awful Disclosures, qui a rencontré un écho puissant au 19e siècle en jouant sur la fibre antipapiste.
L’explication peut être assez simple: le vecteur le plus ancien du complitisme dans le monde occidentale est le catholisme. Ce qui historiquement a aboutit à une confrontation historique entre une partie de la maçonnerie universelle et catholicisme (excomunication des catholiques francs-maçons par bulle pontificale et anti-cléricalisme dans les loges maçonniques principalement sous domination francophile).
Une confrontation universelle qui trouve ses sources anciennes dans l’histoire de FRANCE, allant du XVIIéme siècle jusqu’au début du XXéme siécle.
Au XVIIéme siécle, il y eu la FRANCE des LUMIÈRES dont des figures illustres furent franc-maçonnes et l’ÉGLISE vu d’un mauvais oeil ses idées nouvelles émergeantes qui influencèrent malgrés tout le MONDE. A l’époque les idées des LUMIÈRES furent considéré par l’ÉGLISE comme allant à l’encontre de la doctrine canonique et donc de ses intérêts. Abbâtre la maçonnerie fut alors considéré comme une manière de mettre un terme à la diffusion des idées progressistes de l’époque et tout au moins d’en préserver les fidèles catholiques.
Puis fin XVIIIéme, il y eu la RÉVOLUTION FRANÇAISE, avec une remise en cause en cause encore plus forte de la dominance du catholicisme sur la société française, accompagné de l’abolition d’une des plus vieille monarchie catholique d’EUROPE, celle de la première fille de l’ÉGLISE.
La maçonnerie fuent avec exagération associée alors par l’ÉGLISE a la RÉVOLUTION. Il y avait bien des franc-maçons parmis les grands noms de la RÉVOLUTION, mais il y en avait aussi, dont l’appartenance était moins connue, parmis les grands noms des chefs royalistes contres-révolutionnaires.
L’appartenance la moins connue ou la plus ignorée était sans doute celle de Louis XVI, lui-même, et de ses deux frères qui régneront sur la FRANCE lors de la restauration, Louis XVIII et Charles XV.
Le GM du GRAND ORIENT DE FRANCE, le prince Philippe d’ÉGALITÉ, prince de sang royal, vota la mort de son propre cousin Louis XVI, davantage motivé par des intrigues politiques que maçonnique et cet indigna jusqu’a Robespierre qui affirma n’avoir jamais vu de pareille forfaiture.
Puis ce GM en vain à démissionner de sa charge et à déjuger la maçonnerie, alors que le GRAND ORIENT s’attirait lui même la méfiance des dirigeants révolutionnaires du fait de la nature secrète de l’organisation. Celà ne l’empêchera pas d’être lui-même envoyé sur l’échafaud de la guillotine, un instrument d’exécution inventé quelques années plus tôt par deux francs-maçons afin d’exécuter rapidement les condamnés pour leur éviter trop de souffrance : Louis XVI qui aimait concevoir et bricoler à ses heures perdues et le docteur Guillotin. Les deux seront victimes de leur invention, durant la révolution.
Par ailleurs, le fils du GM Philippe d’Égalité, lui-même, franc-maçon et également prince de sang royal, échappa à la terreur, contrairement à son père, en s’exilant hors de FRANCE durant la période révolutionnaire. Ce fut le dernier Roi de FRANCE qui régna durant ce que les historiens ont appelé la monarchie de juillet, après que les Bourbons, dont le dernier monarche Charles X, franc-maçon et frère de Louis XVI, est été chassé du pouvoir à l’issue de la deuxième révolution française, qui cette fois-ci ne dure que trois jours.
Entre-temps, il y avait eu le Premier Empire de NAPOLÉON Ier, dont l’appartenance à la maçonnerie n’a jamais été prouvée, mais qui était issue d’une famille de maçon (son pére et plusieurs de ses frères étaient des initiés) et au sommet du pouvoir, son entourage était majoritairement peuplé de franc-maçons. Plus, ils érigea la GRAND ORIENT DE FRANCE en colonne vertébrale de son EMPIRE en mettant entièrement l”obédience au service de son pouvoir (il s’inspirait ici des liens qui unissait également la monarchie britannique et la GRANDE LOGE UNIE D’ANGLETERRE).
Or l’Empereur était un athé et un anticlicalisme convaincu, qui avait été robespierriste sous la RÉVOLUTION. il considérait l’ÉGLISE comme une nuisance à anéantir. Napoléon tient d’ailleurs le record d’enlévement de Pape, puisqu’il en a kidnapper deux au cours de sa vie pour les maintenir en détention en FRANCE : le premier lors de la campagne d’ITALIE, alors qu”il était un jeune général de la Révolution et le second, une fois Empereur. C’est aussi lui qui mis fin à la possession de l’île de Malte par l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem, qui y formait alors un État templier.
Napoléon eu deux obssesions dans sa vie : ROME et l’ANGLETERRE. Sa proximité avec la maçonnerie ne pouvait guére arrangé la vision de celle-ci par l’ÉGLISE, après les lumières et la révolution.
Puis après sa chute, il y eu la restauration monarchique, puis de la monarchie de juillet, qui eurent naturellement les faveurs du SAINT SIÉGE par rapport aux épisodes antérieurs connus en FRANCE, bien que l’ensemble des monarques de ces deux périodes étaient eux-mêmes des initiés qui accordèrent leurs protections aux loges maçonniques.
Mais malgré celà, les maçons étaient encore trés représenté dans les oppositions républicaines qui souhaitaient renverser les régimes monarchiques en place et rétablir la République, notamment parmis les leaders.
La troisième révolution française a mis un terme à la monarchie de juillet et a fondée la 2éme République, avec à sa tête un certain nombre de franç-maçon issue de l’opposition républicaine.
C’est à l’occasion de cette deuxième République que fut adopté la devise :”Liberté, Egalité, Fraternité”, inspiré d”une devise issue de Révolution de 1789 : “Liberté, Egalité, Fraternité ou la Mort”. La nouvelle devise fut adopté par une commission en bonne partie composé de Franc-maçons. Le GRAND ORIENT DE FRANCE adopta lui-même la devise quelque remps plus tard. Déjà l’hymne républicain LA MARSEILLAISE avait pour auteur un franc-maçon et le drapeau tricolore pour père le Marquis de LAFAYETTE, également franc-maçon, mais pourtant royaliste et qui tenta de sauver la vie de Louis XVI, jusqu’au dernier moment. Il échoua à cause de l’animosité que lui portait Marie-Antoinette qui n’avait guère confiance en lui. Louis XVI préféra écouter son épouse et refusa le secours de LAFAYETTE, peu de temps avant que son palais ne se fasse assaillir par la foule. LAFAYETTE sauva sa vie en prenant le chemin de l’exil. Il était royaliste, mais anti-absolutisme et souhaitait une monarchie constitutionnelle, doté d’un parlemen, comme une majorité de révolutionnaires au départ. Celà lui permis de jouer un grand rôle au début de la révolution. Il est ainsi l’auteur de la grande majorité des articles de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, qui rédigea avec un de ses amis, Benjamin Franklin, premier ambassadeur des ÉTATS UNIS en FRANCE, qu’il connaissait depuis la guerre d’indépendance américaine. FRANKLIN était aussi franc-maçon. Le texte fut proposé à l’assemblée nationale constituante en août 1789 et amendé par les parlementaires. Le préambule fut rédigé par une commission présidé par Mirabeau, un autre franç-maçon, également royaliste constitutionnaliste, qui joua double jeu sous la révolution. Favorable à l’abolition de l’absolutisme, il se tint cependant proche des éléments révolutionnaires les plus radicaux, tels les montagnards, pour mieux informer Louis XVI par une correspondance secrète de leurs projets. La déclaration des droits de l’homme bien que rédigé par des soutiens modérés de la cause royale, le partie des feuillants (allusion à la fleur de lys) ne convenu pas à Louis Louis XVI qui exerçà son droit de véto. Il aurait souhaité que l”on y rajoute une partie sur les devoirs du citoyen (on croirait entendre Macron). Il s’agit cependant du texte qui demeure dans l’actuelle constitution de la Véme République. Beaucoup de symboles de la République qui tiennent leurs paternités de francs-maçons.
Des lumières juqu’au XXéme siècle, en passant pas tous les tumultes politiques de la FRANCE du XIXéme siécle, il y a donc eu un affrontement en ÉGLISE et mouvements intellectuel progressiste, puis révolutionnaires et enfin républicains, où des françs-maçons se sont toujours retrouvé en ligne de mire. L’Église cherchant à jouer de son influence pour tenter de contrer les mouvements qui la mécontentait et ces mouvements se voyant bien remis en cause par l’Église, qui alors ont développé un discours de plus en plus anti-cléricalisme et qui aux yeux de l’Église s’est incarnée au travers la franc-maçonnerie. Pour les maçons de l’autre bord sans doute se faisait-il plus discrets sur leurs appartenance ou l’Église fermait-elle les yeux ?
Puis vint la rupture de 1905 : la loi de séparation entre l’Église et l’État… La large majorité des parlementaires françs-maçons, nomvreux à l’époque, était dans le camps des laïques et des républicains, hostile à l’Église, et même si la rapporteur de la loi Aristide Briand n’était pas initié, l’adoption de cette loi étant en grande partie le fruit de leurs propres combats et engagements. La rupture fut dés lors consommés entre la FRANCE et l’ÉGLISE, mais pas que… puisque cette loi engrangeant aussi un grand schisme dans l’histoire maçonnique.
Dans la foulée de l’adoption de cette loi et de l’abandon au GRAND ORIENT DE FRANCE de l’obligation pour ses membres de croire en DIEU, la GRANDE LOGE UNIE D’ANGLETERRE rompa officiellement ses relations avec la principale obédience française.
A ROME la loi de 1905 fut vécu comme un traumatisme aussi violent que le fut l’exécution de Louis XVI et la rancoeur à l’encontre des frans-maçons, considéré comme les principaux responsables, pour cette loi, comme pour tous le restes, ne pouvait qu’ériger cette fraternité en ennemi n°1 de l’Église, avec tous ce que celà pouvait générer de théories complotistes.
Les catholiques de 1905 reprochait à la loi du 9 décembre de vouloir détruire l’Église de FRANCE, qui existe toujours aujourd”hui. Mais d’autres idées ont courues… Avec une organisation aussi puissante et secrète que la maçonnerie, n’est-ce pas l’ÉGLISE toute entière qui est menacée, par l”infiltration de faux croyants qui monterait les échelons de l’ÉGLISE jusqu’au pontificat, pour pouvoir la diriger et la domiiner l’intérieur en l’éloignant de la SAINTE-DOCTRINE, comme un autre mythe, en des plus ancien, à imaginer qu’une femme serait parvenue à monter sur le trône de SAINT-PIERRE, la fameuse papesse JEANNE (une JEANNE-D’ARC vaticanaise).
Comme tous dirigeants le Pape peut avoir ses adversaires, y compris dans sa propre ÉGLISE. Il est aisé dans les milieux traditionnalistes, dès qu’un Pape parait à son tour “trop progressistes” d’être suspecté d’être un maçon infiltré de l’intérieur. Le SAINT-SIÈGE n’échappe pas à ses luttes de pouvoir et d’influence.
Mais l’histoire démontre que face aux grands évènements historiques, le positionnement des francs-maçons eux-mêmes, relève d’une plus grande complexité que ce qu’imagine les théories complotistes.