Nous annoncions dans nos colonnes de ce début de semaine la désignation et l’installation du nouveau Grand Maître de la GLNF, Yves Pennes, après un scrutin sans appel réunissant 97,09 % des suffrages des Frères présents sur son nom. La rédaction du Journal 450.fm a été reçue cette semaine pour son premier entretien accordé à la presse. Comme en témoignent les images, celui-ci s’est déroulé dans une atmosphère authentiquement fraternelle. Nous en livrons ci-après la teneur :
Parcours et Engagement MaçonniqueS
Yves Pennes, pouvez-vous nous parler de votre parcours maçonnique et de ce qui vous a motivé à rejoindre la GLNF et à vous y engager profondément ?
Bonjour, cela fait maintenant plus de 42 ans que je suis devenu Franc-maçon, dont 37 ans à la GLNF.
Je suis entré en FM, tout d’abord poussé par un parrain qui était le grand-père de mon meilleur ami, en ne connaissant rien à la Maçonnerie. Après quelques années, j’ai voulu rejoindre la GLNF car elle avait une orientation correspondant plus à ma personnalité. C’est une école de morale, comme de nombreuses obédiences, mais avec un enseignement plus spécifique orienté vers la spiritualité. Et, de plus, dans la Loge où j’ai été régularisé, j’ai trouvé une fraternité exceptionnelle.
C’est cet ensemble qui m’a fait m’engager pour pouvoir partager avec les autres ce que j’ai ressenti.
Élection et Mandat
Vous avez été élu officiellement Grand Maître, le week-end dernier, avec une majorité écrasante de 97,09% des voix. Quelles sont vos premières impressions et vos sentiments, après cette élection, et quels sont vos objectifs principaux pour votre mandat ?
Je crois avoir le record des voix favorables à une élection de Grand Maître à la GLNF.
C’est, d’abord, une fierté et, en même temps, je mesure l’enjeu et je dois être à la hauteur des espoirs que les Frères ont placés en moi.
Les messages reçus après mes propos lors de la Tenue de Grande Loge m’encouragent à développer les lignes annoncées : le travail en Loge sur le rituel, la progression philosophique, le tout empreint d’une grande fraternité.
Héritage de Jean-Pierre Rollet
Le Grand Maître sortant, Jean-Pierre Rollet, a laissé un héritage significatif. Comment comptez-vous bâtir sur ses réalisations et quelles sont les principales différences que vous apporterez à la fonction ?
Le travail réalisé par mon prédécesseur est énorme.
Il a mis en place un système de gestion dans tous les domaines qui touchent la vie de l’Obédience, le fameux REGIUS. Cela concerne la vie de chaque Loge, les finances, la gestion des biens immobiliers, la vie à l’international, les communications internes, le fichier des membres…
Mais surtout il a demandé aux spécialistes de chaque rite de créer des ouvrages, les plus complets possible, pour en expliquer les fondements à chaque degré ; il a ainsi fait réaliser des ouvrages pour les Surveillants de chaque rite, des ouvrages historiques, créant ainsi un corpus unique en son genre.
Il convient maintenant, après ce travail admirable, de le faire diffuser et de le mettre en pratique dans chaque Loge.
Projet pour la GLNF
Dans votre discours d’installation, vous avez mentionné trois axes essentiels : la réappropriation de vos rituels, la remobilisation de votre fraternité et la relance de votre quête initiale et spirituelle. Pouvez-vous développer ces points et expliquer comment vous envisagez de les mettre en œuvre ?
Notre entrée en Franc-Maçonnerie est motivée généralement par notre désir de fraternité et par notre engagement à travailler sur nous-mêmes. Il est important de garder toujours cette fraîcheur et de continuer à travailler en Loge, même si parfois le monde profane nous retient et nous empêche d’y venir.
Comme je le disais précédemment, la GLNF dispose d’un énorme corpus pour pouvoir travailler et je souhaite mobiliser les Grands Surveillants, y compris ceux des Provinces, pour communiquer ce savoir. Et, effectivement tout travail doit se faire avec beaucoup de bienveillance et de fraternité.
Unité et Harmonie
La GLNF a connu des périodes de tensions et de divisions par le passé. Comment entendez-vous maintenir et renforcer l’unité et l’harmonie au sein de l’obédience ?
Les périodes noires que la GLNF a connues depuis maintenant plus d’une douzaine d’années sont bien loin. Et une majorité de nos frères ne les a pas connues.
Notre règlement général a été modifié en profondeur pour éviter que cela ne revienne.
Cette « mini révolution » a éclaté parce que la direction centrale s’était écartée des Loges.
Sous mon mandat, au contraire, je serai très présent auprès des Frères, à leur écoute, et je demande de faire de même à tous les Frères qui sont dans mon collège.
Rôle de la Spiritualité
La spiritualité est un aspect central de la franc-maçonnerie à la GLNF. Comment voyez-vous le rôle de la spiritualité dans les activités de votre Obédience et comment allez-vous encourager les frères à approfondir leur quête spirituelle ?
Effectivement il y a deux grands courants dans les Grandes Obédiences, soit sociétaux et philosophiques, soit philosophiques et spirituels, avec bien sûr des degrés différents d’implication.
La GLNF est plus orientée vers la spiritualité. Nos travaux en Loge se font toujours avec le Volume de la Loi Sacrée ouvert et ce livre est la Bible.
Les travaux réalisés en Loge portent souvent sur des thèmes ayant trait à la spiritualité, il s’agit d’une quête d’espoir et de sens de la vie.
Les rituels ont un double langage. Un langage apparent, moral ou historique, et un langage caché, ésotérique et spirituel. C’est ce double langage qui m’a toujours plu dans les anciens rituels et que je souhaite faire découvrir aux frères qui ne le verraient pas, pour les aider à s’ouvrir à de nouveaux horizons.
Relations avec d’Autres Obédiences
La GLNF entretient des relations avec d’autres obédiences maçonniques. Quelles sont vos priorités en matière de coopération et de dialogue inter-obédientiel, et comment pensez-vous renforcer ces liens ?
La GLNF, depuis longtemps, entretient effectivement des relations amicales et administratives avec les principales obédiences françaises.
Nous échangeons sur de nombreux points administratifs, sur le mode d’administration de nos obédiences, sur les spécificités du fameux Règlement Général de Protection des Données (RGPD).
Et nous avons des conférences en commun, comme les « Entretiens Pic de la Mirandole » avec la GLDF et les « Rencontres Lafayette » avec le GODF.
Nous continuerons à nous fréquenter très fraternellement en dehors des Tenues.
Innovation et Tradition
À une époque où les technologies sont omniprésentes, comment équilibrez-vous innovation et modernisation, d’une part, et respect de la tradition maçonnique, d’autre part ? Quels changements ou transformations prévoyez-vous d’introduire, sans compromettre les principes fondamentaux de votre obédience ?
Vous posez là une double question : s’agit-il des travaux en Loge ou de communication ? Car, dans ces deux domaines, la modernisation avance à grands pas.
En ce qui concerne la communication, la GLNF, tout comme la Franc-maçonnerie en France, est confrontée à la difficulté suivante : doit-elle être dans la lumière, c’est-à-dire soumise à la critique ouverte de ceux qui nous reprochent d’être « dans le secret » et d’être des « affairistes » ?
Depuis quelques années, nous nous exposons notamment dans les réseaux sociaux, avec un certain succès, mais nous sommes prudents. D’ailleurs, si nous voulons nous ouvrir aux jeunes, comme c’est le cas dans de nombreux pays étrangers, c’est un pas à franchir.
En ce qui concerne le travail en Loge, il y a ce nouveau moyen de communication qu’est la visioconférence, qui réduit le contact et la fraternité ; elle est à utiliser avec beaucoup de modération. Le vrai danger est dans l’intelligence artificielle qui risque d’être utilisée par certains pour faire moins de travail de recherche et de réflexion, mais il est vrai que, pour la formation, c’est un outil formidable. Nous en sommes au début, à nous de nous adapter.
Engagement Sociétal
La GLNF a souvent été critiquée pour son manque d’engagement sur les sujets sociétaux. Comment allez-vous aborder ces questions et quel rôle voyez-vous pour la GLNF dans les débats et les actions sociales actuelles ?
Sur ce point, la réponse de la GLNF a toujours été la même. Nous cherchons à faire que chacun s’améliore, se construise et s’arme pour être un homme fort dans la société.
Cette force lui permettra, s’il le souhaite, d’agir grandement dans le monde social ; mais ce n’est pas le rôle de la GLNF.
Message à tous les Frères et à TOUTES LES Sœurs qui nous lisent
Enfin, quel message souhaitez-vous adresser à toute la communauté maçonnique ?
Le paysage maçonnique est très complet en France. Chaque Obédience peut offrir sa propre spécificité avec un accueil adapté à chacun. Nous sommes la seule obédience française régulière et reconnue dans le monde entier en raison des règles édictées en 1929 ; et il est bien spécifié dans ces « basic principles » que nous ne pouvons recevoir ni visiter des Loges non reconnues et nous continuerons à respecter ces règles.
Mais cela ne nous empêche pas de participer activement à de nombreuses « fraternelles » pour partager avec la communauté maçonnique française toute notre fraternité.
Voilà, une belle première interview de notre Grand Maître.
Elle va remettre du baume au cœur des frères.
« Trois axes essentiels : la réappropriation de vos rituels, la remobilisation de votre fraternité et la relance de votre quête initiale et spirituelle. »
Ces trois axes sont totalement en phase avec les attentes des frères.
Je me bats tous les jours sur les réseaux et dans la vie pour faire passer ces messages de fraternité, de bienveillance et surtout de veiller au bien de notre institution.
Je serais à nouveau dans mon rôle et continuerai cette communication, comme je l’ai toujours fait, pour démontrer qui nous sommes. Un nouveau « challenge », si cela en devait être un !
Bon week-end
Bravo Yves . La GLTSO est avec toi.