sam 23 novembre 2024 - 08:11

Regard sur… Expérience de mort imminente

Expérience de mort imminente ou EMI (en anglais, imminent death experience ou IDE ou encore NDE, near death experience) est une expression désignant un ensemble de « visions » et de « sensations » exceptionnelles vécues par des individus confrontés à leur propre mort (mort clinique, coma avancé ou simple perception de leur mort imminente, que le danger soit réel ou simplement perçu comme tel).

Ces expériences correspondent à une caractérisation relativement récurrente et spécifique contenant notamment : la décorporation, la perception visuelle dans toutes les directions simultanément, la « sensation » d’avoir la capacité de « traverser » les obstacles physiques (les murs, la matière…), la vision complète de sa propre existence (revue de vie), la vision d’un tunnel, la rencontre avec des entités spirituelles ou des personnes proches décédées, la vision d’une lumière, un sentiment d’amour infini, de paix et de tranquillité, l’impression de posséder une connaissance omnisciente, l’impression qu’il n’y a plus d’écoulement du temps, l’impression d’une expérience ineffable et d’union avec des principes divins ou supranormaux.

Cependant, rares sont les EMI qui associent tous ces éléments et on observe une certaine variation inter-individuelle. De plus, une part importante d’EMI comporte des sensations négatives. D’autres EMI, définies en tant qu’EMI ultimes, durent plus longtemps et poursuivent le récit des EMI qui se terminent habituellement par la pénétration de l’expérienceur (ou Emiste) dans la lumière observée, pour cette fois-ci faire apercevoir une seconde lumière qui admettrait un caractère divin et qui présenterait à l’expérienceur le monde dans lequel nous sommes. Enfin, des états d’EMI peuvent survenir en dehors de toute réelle imminence de la mort.

L’EMI est un problème-carrefour où se croisent les interprétations transcendantales ou spiritualistes, avec les interprétations physiologiques ou psychologiques. Les EMI sont des expériences spontanées et (en l’état actuel des connaissances) imprévisibles. Elles n’ont jamais été reproduites expérimentalement dans leur intensité originelle.

D’autres expressions sont parfois utilisées, comme « expérience aux frontières de la mort », « expérience de mort approchée » (EMA), « expérience de mort-retour », ou l’expression anglaise : « near-death experience » (NDE).

https://youtu.be/MVG4kj9CUio

Antécédents historiques

Proclus, philosophe grec du ve siècle, rapporte la vision de Cléonyme qui raconte que son âme, « dégagée » de son corps, s’est élevée au point d’avoir une vision du monde en dessous d’elle :

« Cléonyme d’Athènes, … navré de douleur à la mort d’un de ses amis, perdit cœur, s’évanouit. Ayant été cru mort, il fut, le troisième jour, exposé selon la coutume. Or, comme sa mère l’embrassait…, elle perçut un léger souffle. Cléonyme reprend peu à peu ses sens, se réveille et raconte tout ce qu’il avait vu et entendu après qu’il avait été hors du corps. Il lui avait paru que son âme, au moment de la mort, s’était dégagée, comme de certains liens, du corps gisant à côté d’elle, s’était élevée vers les hauteurs et, ainsi élevée au-dessus du sol, avait vu sur la terre des lieux infiniment variés quant à l’aspect et aux couleurs, et des courants fluviaux invisibles aux humains. Elle était parvenue enfin à un certain espace consacré à Hestia [Vesta des Romains : divinité gardienne du foyer], que fréquentaient des Puissances démoniques sous la forme de femmes d’une beauté indescriptible… »

— Proclus, Commentaire sur La République de Platon, XVIe dissertation, 114, trad. A.-J. Festugière, Vrin, Vrin, 1970, t. III, p. 58-59

Grégoire de Tours, historien franc du vie siècle, rapporte le témoignage de Salvi qui après avoir été cru mort, se réveille en s’écriant :

« (…) O seigneur miséricordieux, qu’as tu fait de moi pour me permettre de revenir dans ce lieu ténébreux qui sert d’habitation au monde alors que ta miséricorde dans le ciel était pour moi préférable à la vie détestable de ce monde ? (…) Lorsqu’il y a quatre jours vous m’avez vu inanimé dans la cellule qui tremblait, j’étais appréhendé par deux anges et transporté dans les hauteurs des cieux en sorte que je m’imaginais avoir sous les pieds non seulement ce monde du siècle hideux, mais encore le ciel, la lune, les nuages et les étoiles. Ensuite par une porte plus brillante que cette lumière ,je fus introduit dans une demeure dont le pavé était brillant comme l’or et l’argent, la lumière ineffable, l’ampleur indescriptible. Une multitude des deux sexes la couvrait en sorte qu’on ne pouvait absolument pas se rendre compte de la profondeur ni du front de cette foule…Et j’entendis une voix qui disait “Que cet homme retourne dans le siècle parce qu’il est nécessaire à nos églises” On entendait seulement la voix car celui qui parlait, il était absolument impossible de le discerner. (…) Après avoir prononcé ces paroles à la stupeur de ceux qui étaient présents, le saint de Dieu recommença à parler avec des larmes dans les yeux : “Malheur à moi parce que j’ai osé révéler un tel mystère… »

— Grégoire de Tours, Histoire des Francs, Livre VII, Chapitre I

Origines du terme

L’expression de « mort imminente » a été proposée par le psychologue et épistémologue français Victor Egger en 1896 dans Le Moi des mourants à la suite de débats menés à la fin du xixe siècle entre philosophes et psychologues, relatifs aux récits d’alpinistes de la vision complète de leur existence lors de chutes. Ces débats ont été initiés par la publication en 1892 des Notizen über den Tod durch Absturz (« Notes sur la mort causée par une chute ») par le géologue suisse Albert Heim dans les Annales du Club alpin suisse. À la suite d’une expérience personnelle, lors d’une randonnée dans le Säntis avec un groupe d’alpinistes expérimentés, il a collecté et publié dans cette revue les sensations d’une trentaine d’autres alpinistes qui tous ont vécu une vision complète de leur existence associée à une sensation agréable de flottement et de calme infini.

« Toutes les pensées furent connectées entre elles et très claires. Elles ne furent aucunement brouillées, à la manière d’un rêve. Tout d’abord, j’ignorai quel pouvait être mon sort. […] Je pensai à enlever mes lunettes et à les jeter pour que les éclats de verre ne blessent pas mes yeux […] Je vis ensuite, à une certaine distance, se dérouler comme sur une scène ma vie entière. […] À travers une lumière céleste, tout paraissait radieux, tout était beau et sans douleur, sans peur et sans peine. […] La bataille était devenue amour. […] Une paix divine traversa mon âme comme une musique sublime. […] J’entendis ensuite le bruit sourd de l’impact annonçant la fin de ma chute. »

— Albert Heim

Dans les années 1960, des psychologues et des psychiatres nord-américains se sont intéressés à ces débats. Les Notizen über den Tod durch Absturz ont été traduites en anglais en 1972 par Russell Noyes et Roy Kletti sous le titre The Experience of Dying from Falls. Ils se sont alors intéressés à ce phénomène et ont cherché des cas similaires aux États-Unis, d’abord dans les clubs d’alpinisme, sans succès, puis parmi les accidentés de la route. La collecte suffisante de cas leur permet d’établir une hypothèse : « l’expérience s’apparente à un syndrome passager de dépersonnalisation, lorsque l’on est en danger de mort, on se scinde en un Moi en état d’alerte et en un Moi en état d’observation, rendu étranger à son propre corps, ce qui correspondrait à un mécanisme de protection de la psyché humaine ».

Les EMI sont mieux connues depuis le développement et l’amélioration des procédures de réanimation. Elles ont été popularisées avec les travaux du psychiatre Raymond Moody en 1975 sous le nom de Near Death Experience (NDE), reprenant l’expression de Victor Egger. L’impression de décorporation n’est cependant pas exclusive à l’EMI, elle était déjà présente dans diverses spiritualités, avec des témoignages de personnes rapportant être « sorties de leur corps » lors de méditation ou au moment de s’endormir (voir le « voyage astral » dans le monde paranormal).

En 2011, dans son article intitulé A Search for the Truth of Near Death Experiences, le Dr James Paul Pandarakalam souligne que « les travaux de recherche antérieure de Raymond Moody ont créé une grande controverse en thanatologie dont les conclusions ont été mises en avant par ses éditeurs sensationnalistes. Dans sa récente publication, il a déclaré nuls et non avenus ses travaux antérieurs sur les EMI et a tenté de récupérer sa crédibilité scientifique. »

Mort clinique

L’Ascension vers l’empyrée de Jérôme Bosch est associée par les chercheurs sur l’expérience de mort imminente aux aspects de la vision du tunnel

La mort clinique correspond à une brève période d’inconscience causée par un apport sanguin insuffisant au cerveau dû à une mauvaise circulation sanguine, à une insuffisance respiratoire, ou aux deux. On parle de mort clinique lorsque les tests cliniques effectués — et répétés plusieurs fois — pour vérifier la mort d’une personne montrent que, simultanément, le patient n’a plus d’activité musculaire spontanée, n’a plus de réflexe — pas de réaction à la douleur par exemple — et ne respire plus.

En fait, il n’existe pas de définition scientifique de la mort (passage de la vie à la mort), ni de la mort cérébrale. Il s’agit de définitions médico-légales (juridiques) dans le cadre d’un consensus socio-culturel. La mort cardio-respiratoire diagnostiquée par le médecin isolé a été supplantée par la mort cérébrale diagnostiquée par une équipe hospitalière avec plateau technique. Cette évolution s’est faite dans la perspective (pour les besoins de) de la transplantation. Mais le problème n’est pas résolu pour autant : les critères actuels de la mort cérébrale peuvent encore évoluer. Par exemple mort de structures particulières cérébrales (diagnostiquée par de nouveaux moyens techniques), ou tout au contraire retour à la mort cardio-respiratoire.

Fréquence des EMI

Plusieurs études ont traité de la fréquence des expériences de mort imminente. Ces études ont fait l’objet d’une méta-analyse en 2008 au sein de l’université de Liège. Selon cette méta-analyse, réalisée par Marie Thonnard et coll., la fréquence des EMI parmi les victimes d’arrêt cardiaque varie de 2 % à 12 %, les études étant menées sur des petits échantillons (moins de 100 personnes). L’étude de Pim van Lommel en 2001 rapporte que sur 344 patients interrogés, 62 (18 %) avaient certains souvenirs de la période d’inconscience et 41 d’entre eux (12 %) ont expérimenté une EMI de base. Parnia en 2001 en rapporte 6 % et Greyson en 2003 en rapporte 2 %. Par ailleurs, en 2011, une nouvelle étude réalisée par Vanessa Charland-Verville en rapporte 5 %24. La différence réside dans la méthodologie, van Lommel utilisant le questionnaire WCEI établi en 1980 alors que les trois autres utilisent un questionnaire plus nuancé, celui de Greyson établi en 1983. Selon la méta-analyse de Marie Thonnard et coll., la fréquence des EMI est inversement proportionnelle à l’âge, elle est plus élevée chez les personnes de moins de 60 ans; et inversement proportionnelle au déficit amnésique induit par la longueur de la post-réanimation cardio-respiratoire. La fréquence ainsi que la profondeur de l’EMI (voir échelle de Greyson) n’est par contre pas corrélée avec les facteurs tels que les substances pharmacologiques administrées, la durée du coma ou de l’arrêt cardiaque. Avoir expérimenté une EMI augmente la probabilité d’en expérimenter une nouvelle. Cependant, ce résultat peut également être induit par l’âge, en effet, les patients de ce groupe dans les différentes études sont majoritairement des personnes jeunes. En 2015, on estimait que 4 % de la population des pays développés avaient vécu une EMI, dont 13 millions de personnes aux États-Unis et 16 millions en Europe (2,5 en France).

Plusieurs effets de la profondeur des expériences de mort imminente sur la survie
La profondeur de l’expérience de mort imminente, définie par exemple par l’indice WCEI (Weighted core experience index) de Bruce Greyson (en) pour mesurer la « qualité » d’une EMI26 sous la forme d’une échelle de qualification des témoignages, est corrélée avec un risque de décès dans les 30 jours après l’arrêt cardiaque.

De l’autre côté, il existe des témoignages de guérisons hors-norme et non expliquées par le corps médical après une EMI. C’est le cas du patient numéro 10 de la recherche mené par Penny Sartori qui a retrouvé l’usage de sa main droite, auparavant immobile pour cause de paralysie cérébrale. Le documentaire de Pierre Barnérias en 2019 : Thanatos, l’ultime passage, mentionne le cas d’Anita Moorjani qui souffrait de plusieurs tumeurs a l’état avancé et en stade terminal. Après son EMI, les tumeurs auraient entièrement disparu en une semaine. Selon le médecin qui s’occupait de son traitement, la patiente a récupéré de façon remarquable mais le facteur principal serait la chimiothérapie qui a été initiée peu de temps avant l’expérience.

Expérience de mort imminente et expérience de mort partagée

L’expérience de mort partagée, d’après le livre du dr. Moody Témoins de la vie après la vie, a les mêmes caractéristiques que l’EMI et les mêmes diversités. La personne témoigne du départ de l’autre grâce à une communication entre consciences.

Le cas du Père Jean Derobert

Représentation du Paradis de Dante Alighieri par Gustave Doré

Le Père Jean Derobert est, depuis de longues années le fils spirituel du Padre Pio qui lui apporte sa protection. Pendant la Guerre d’Algérie, en août 1958, il est au service de santé des armées, lorsqu’un commando du F.L.N. attaque son village. Il est fusillé en même temps que cinq autres soldats français ; après une expérience de décorporation, il se voit couché au sol et ensanglanté, au milieu de ses camarades tués eux aussi. Commence ensuite une ascension vers un lieu céleste baigné d’une lumière bleutée merveilleuse, où il reconnaît des figures divines. Jean Derobert est finalement sorti indemne de cet épisode, portant dans ses vêtements les trous des balles qui lui ont traversé le corps.

Premiers témoignages contemporains

Les premiers témoignages contemporains furent recueillis par le docteur Elisabeth Kübler-Ross qui préfaça le premier ouvrage du docteur Raymond Moody La Vie après la vie, publié en 1975. Après avoir repris conscience, certains patients font au Dr Moody un récit qui lui semble présenter des similitudes : décorporation, conviction d’être mort et cependant conscient mais dans un corps immatériel (ou corps astral), déplacement le long d’un tunnel, vision d’une lumière intense, rencontre avec des personnes décédées ou des « êtres de lumière », remémoration en accéléré de sa propre existence, prises de conscience, etc.

Dans la majorité des cas, l’expérience est jugée agréable et qualifiée de « lumineuse », avec une connotation mystique, au point que la personne éprouverait ensuite des difficultés pour revenir à la réalité matérielle du monde. 4 % des personnes décrivent cependant cette expérience comme effrayante ou désespérante. Certaines études menées dans des contextes différents contestent ce constat et montrent une grande variation du sentiment agréable/désagréable en fonction du milieu culturel et religieux.

Il est difficile quoi qu’il en soit d’établir la fréquence réelle des EMI dites « négatives » : le caractère traumatique de l’expérience, la culpabilité, la honte, ou la peur de passer pour fou empêchent sans doute un certain grand nombre de sujets de parler librement. Les spécialistes classent les EMI négatives en trois catégories : « infernales », « dénuées de sens » et « inversées ». Dans la première, l’expérienceur descend dans un monde souterrain à l’imagerie terrifiante et proche de nos représentations de l’enfer ; dans le second cas, il se retrouve au milieu d’un espace vide et infini, et l’angoisse qui l’étreint naît du sentiment que cet état va durer éternellement ; pour la dernière configuration, « la lumière est bien présente, mais elle est perçue comme agressive, comme venant prendre possession et comme quelque chose de répugnant ». Certaines EMI sont ambivalentes : elles commencent de façon négative avant de se transformer complètement : c’est le cas notamment de celle, célèbre mais controversée, du Dr Eben Alexander : « J’étais simplement… là, dans cet endroit où l’obscurité pulsait, martelait… J’ai continué à avancer et me suis retrouvé pénétrant dans un vide immense, totalement sombre, infiniment grand mais aussi infiniment réconfortant. »

Le docteur Jean-Jacques Charbonier et Annie Babu ont recueilli des témoignages d’EMI depuis 25 ans. À la suite de ces expériences le docteur émet l’hypothèse que le cerveau n’est pas à l’origine de la conscience, il n’est que le récepteur.

L’expérience type selon Moody

L’expérience « modèle » de mort imminente, selon Raymond Moody, se présente ainsi :

« Voici donc un homme qui meurt, et, tandis qu’il atteint le paroxysme de la détresse physique, il entend le médecin constater son décès. Il commence alors à percevoir un bruit désagréable, comme un fort timbre de sonnerie ou un bourdonnement, et dans le même temps il se sent emporté avec une grande rapidité à travers un obscur et long tunnel. Après quoi il se retrouve soudain hors de son corps physique, sans quitter toutefois son environnement immédiat ; il aperçoit son propre corps à distance, comme en spectateur. Il observe de ce point de vue privilégié les tentatives de réanimation dont son corps fait l’objet (…) Bientôt, d’autres événements se produisent : d’autres êtres s’avancent à sa rencontre, paraissant vouloir lui venir en aide ; il entrevoit les esprits de parents et d’amis décédés avant lui (…) Mais il constate alors qu’il lui faut revenir en arrière, que le temps de mourir n’est pas encore venu pour lui. À cet instant, il résiste, car il est désormais subjugué par le flux des événements de l’après vie et ne souhaite pas ce retour (…) Par la suite, lorsqu’il tente d’expliquer à son entourage ce qu’il a éprouvé entre-temps, il se heurte à différents obstacles. En premier lieu, il ne parvient pas à trouver des paroles humaines capables de décrire de façon adéquate cet épisode supraterrestre (…) Pourtant cette expérience marque profondément sa vie et bouleverse notamment toutes les idées qu’il s’était faites jusque-là à propos de la mort et de ses rapports avec la vie. »

— Raymond Moody, La vie après la vie, 1977, trad., Editions Robert Laffont, pp. 35 à 37.

Les quinze traits communs de l’expérience de mort imminente selon le point de vue du patient (Moody)

Le psychiatre Stanislav Grof, connu pour ses travaux sur les expériences sous LSD, comme l’un des fondateurs de la « psychologie transpersonnelle » et promoteur de la « respiration holotropique » déclare :

Stanislav Grof, né à Prague (Tchécoslovaquie) en 1931, est un psychiatre tchèque, pionnier dans la recherche des états modifiés de conscience.

« Un exemple intéressant d’expérience de sortie du corps véridique, en situation de mort imminente, est celui de Ted, un enseignant afro-américain de 26 ans, souffrant d’un cancer inopérable… L’équipe médicale s’était décidée à l’opérer… Nous apprîmes qu’au cours de l’opération, Ted avait eu deux arrêts cardiaques entraînant une mort clinique et qu’il avait dû être réanimé à deux reprises… Nous interrogeâmes Ted sur ce qu’il avait vécu… Sa conscience se trouvait en haut du plafond et il n’arrivait pas à revenir dans son corps… Il se mit à décrire avec précision ce que nous portions [comme vêtements] lors de notre précédente visite. Il ne faisait aucun doute qu’il avait perçu avec justesse les personnes présentes dans la pièce, alors que ses yeux étaient restés fermés. Il avait même remarqué à un moment des larmes couler sur les joues de Joan [Halifax]… [Il vit] une lumière brillante, [accompagnée] d’un sentiment de sacré et d’une profonde paix intérieure. Il voyait simultanément un film au plafond retraçant de façon très intense tout le mal qu’il avait fait dans sa vie. Devant ses yeux défilaient les visages de toutes les personnes qu’il avait tuées pendant la guerre, il ressentit la douleur et les souffrances de toutes les personnes auxquelles il avait fait du mal, tout au long de sa vie. »

Stanislav Grof, Quand l’impossible arrive, 2007, Guy Trédaniel éditeur, pp. 205-207.

Le concept de « mort partagée »

Il existe aussi ce que Raymond Moody appelle les « expériences de mort partagée » dans son dernier ouvrage intitulé Témoins de la vie après la vie.

Les expériences de mort partagée ressemblent aux expériences de mort imminente (décorporation, vision autoscopique, lumière mystique, sentiment exacerbé de bien-être, d’amour et de paix, etc.) Les expériences de mort partagée sont vécues par des gens en bonne santé physique et psychologique et qui se manifestent au moment ou après le décès d’un proche. Par exemple, ils se tiennent près du corps et se sentent transportés ailleurs, comme échappés de leur propre corps, immergés dans une intense lumière et « participent » dans la paix et l’amour au départ du proche (ou du patient) après avoir généralement visualisé à ses côtés le film de sa vie.

Voici comment est exposé dans Témoins de la vie après la vie le récit modèle d’une telle expérience :

« Une femme appelée Jane est assise auprès de son mari, en phase terminale d’un cancer, après trente ans de vie commune. Il a perdu conscience et, d’après le médecin qui le soigne, sa mort est imminente. (…) Tandis qu’elle le regarde, une brume blanche s’élève et se dissipe dans l’air au-dessus de lui. (…) Soudain, la chambre s’éclaire et s’emplit d’une lumière blanche dans laquelle dansent des particules. Jane, qui se sent un peu étourdie, comprend tout à coup qu’elle a quitté son corps et qu’elle flotte non loin du plafond de la chambre. Elle se voit en bas, assise auprès du cadavre de son mari, ce qui lui parait bizarre car elle le sent en même temps non loin d’elle. Elle tourne la tête et le voit qui lui sourit (…). Le couple continue à planer tandis que des scènes de leur vie surgissent autour d’eux. Ils voyagent dans leur passé en voyant défiler ces fragments dont certains se présentent de façon panoramique ; (…). Parmi ces scènes, se trouvent des séquences dont Jane ne fait pas partie, des scènes de la vie de son mari. (…) Ensemble, ils se déplacent vers un coin de la chambre qui n’est plus à angle droit. Toute la pièce a changé de forme et semble continuer à se transformer (…). C’est peut-être dû à cette ouverture, à ce tube qui semble se dilater près du plafond, comme une porte vers un ailleurs. Jane et son mari y pénètrent (…) [et] débouchent dans un paysage édénique. Autour d’eux, tout n’est que beauté. (…) Jane et son mari marchent sur un sentier qui descend vers un cours d’eau. Comme ils s’en approchent, Jane se rend compte qu’elle ne peut pas aller plus loin. (…) Elle est heureuse pour son mari qui ne souffre plus et n’a plus de corps mortel. Elle prend congé de lui et, en un éclair, se retrouve dans son corps de chair et d’os, assise auprès de celui, inerte, de son mari(…) »

Sept caractéristiques selon Moody

Raymond Moody (né le 30 juin 1944 à Porterdale)

Plus succinctement, Raymond Moody analyse sept éléments constitutifs de ce phénomène :

  1. « Le changement de géométrie » : la pièce semble « se muer » en quelque chose d’autre, elle « s’étire et s’effondre en même temps, [dessinant comme] une géométrie alternative » dit un expérienceur mathématicien.
  2. « Une immersion dans une lumière mystique » : source de pureté, d’amour, de paix.
  3. « Une musique et des sons musicaux » accompagnent l’expérience.
  4. « Décorporation » de l’expérienceur et de la personne décédée.
  5. Ils revivent ensemble « le film du passé » du défunt : « Je me tenais devant ce qui ressemblait à un vaste écran avec mon mari qui venait de mourir et nous regardions sa vie se dérouler sous nos yeux. Certaines des choses que j’ai vues, je les ignorais complètement jusqu’alors »
  6. « Découverte d’un paysage irréel ou édénique »
  7. « La brume au moment de la mort » : celle-ci correspond à une espèce de fumée blanche qui s’échappe du corps défunt et prend parfois une forme humaine.
    Dans son livre Glimpses of Eternity, an investigation into shared death experiences coécrit avec Paul Perry et publié en 2010, Moody propose que les neurones miroirs du système empathique pourraient contenir la clé pour expliquer le mécanisme de transmission de l’expérience de mort partagée. Les neurones miroirs joueraient un rôle dans la cognition sociale, notamment dans les processus affectifs, tels que l’empathie.

À plus long terme, on note fréquemment un développement de l’empathie, la remise en cause des priorités et la modification du mode de vie. Quelques Répercussions sur la conduite de la vie (p. 102-107) :

« Leur vie avait gagné en profondeur »,
« Réfléchir sur des problèmes philosophiques »,
« J’avais brusquement mûri »,
« [avant] j’agissais sous le coup d’impulsions ; maintenant je réfléchis… tout passe par ma conscience »,
« J’ai été plus consciente de posséder un esprit qu’avant de posséder un corps »,
« Depuis lors, on m’a souvent fait remarquer que je produisais un effet calmant sur les gens »,
« Presque tous les témoignages mettent l’accent sur l’amour du prochain, unique et profond »,
« En outre… importance de la recherche de la connaissance »,
« En aucun cas elle ne leur a inspiré l’idée d’un salut instantané ou d’une infaillibilité morale ».

Les échelles d’EMI

Généralement, les cas avérés d’EMI sont considérés lorsqu’un patient a subi une mort clinique et a été ranimé avec succès. Leurs témoignages peuvent ensuite être comparés à une échelle EMI construite selon le modèle de Rasch, une approche mathématique simple utilisée dans le cadre de la théorie des réponses aux items, pour les normaliser et les investiguer objectivement.

Kenneth Ring a notamment construit l’indice WCEI (Weighted core experience index) pour mesurer la « qualité » de l’EMI et Bruce Greyson une échelle de qualification des témoignages.

L’indice WCEI comprend 10 items cotés par leur présence ou absence, les scores de 1 à 5 identifiant une expérience superficielle, de 6 ou plus une expérience de base et de 10 une NDE profonde. Les questions de ce questionnaires sont les suivantes :

  • le sentiment subjectif d’être mort ;
  • un sentiment de paix ;
  • la séparation du corps ;
  • l’entrée dans une région sombre ;
  • rencontrer une présence ou entendre une voix ;
  • examiner sa propre vie ;
  • voir ou être enveloppé dans la lumière ;
  • voir des couleurs magnifiques ;
  • entrer dans la lumière ;
  • rencontrer des esprits.

L’échelle de Greyson est une version révisée de l’indice WCEI. Il se base sur un questionnaire construit de façon à obtenir un résultat chiffré pour quantifier les expériences de mort imminente. Le questionnaire est réparti en quatre catégories (cognitive, affective, paranormale, et transcendantale), il comprend 16 items avec un choix possible de 3 réponses pour chaque item. Un score minimal de 7 sur 32 est évalué positif45,44.

Certaines techniques de méditation pourraient également provoquer des sensations que certains rapprochent de l’EMI sans toutefois les reproduire dans leur ensemble.

Beaucoup d’EMI apparaissent après un épisode crucial (exemple : lorsque le patient entend qu’il est déclaré mort par le médecin ou l’infirmière), ou lorsque la personne ressent l’impression d’être dans une situation fatale (exemple : juste avant un accident de voiture).

Selon des études épidémiologiques, les témoignages d’EMI seraient plus fréquents chez les sujets âgés de moins de 60 ans.

Que ces expériences de mort imminente soient ou non hallucinatoires, elles ont toujours un impact profond sur l’individu. Beaucoup de psychologues ont reconnu cet impact, sans préjuger de la nature objective de l’expérience décrite. Sans chercher nécessairement à discréditer les interprétations radicales, voire religieuses des EMI, les scientifiques se sont prudemment bornés à essayer de comprendre les mécanismes biologiques sous-jacents. La psychologue britannique Susan Blackmore s’est distinguée par un examen détaillé et non partisan des récits d’EMI, et par une critique exigeante des « théories » les plus populaires. Elle met en avant les défauts rédhibitoires de ces dernières et elle propose l’esquisse d’une interprétation qui fait des traits typiques de l’EMI des manifestations mentales d’un cerveau placé dans des conditions critiques (défaut d’oxygénation cérébrale, etc.).

L’étude de Pim van Lommel

Vue d’artiste d’une expérience de mort imminente. On y retrouve l’image du tunnel avec une lumière à son extrémité

La première étude clinique sur les expériences de mort imminente chez des patients en arrêt cardiaque a été réalisée par Sam Parnia (en) en février 200147, suivie en décembre 2001 par celle de Pim van Lommel, un cardiologue néerlandais, et son équipe (The Lancet, 2001)21. Sur 344 patients qui ont été réanimés avec succès après avoir souffert d’un arrêt cardiaque, 62 (18 %) ont exprimé un souvenir peropératoire et parmi ceux-ci, 41 (12 %) ont expérimenté une EMI « classique », qui inclut une expérience de sortie du corps. Selon van Lommel, les patients se souviennent des détails de leur état durant leur arrêt cardiaque bien qu’ils soient cliniquement mort avec une activité du cortex cérébral plate. Parmi les 62 patients qui ont exprimé un souvenir, 50 % ont rapporté une conscience d’être mort, 31 % se souviennent d’avancer dans un tunnel, tandis que 32 % décrivent la rencontre de personnes décédées. Par ailleurs, si les patients qui ont vécu une EMI signalent souvent un sentiment de paix et de bonheur, seulement 56 % des sujets de l’étude associent l’expérience avec de telles émotions positives. Aucun patient n’a rapporté une EMI pénible ou effrayante. De même, les personnes qui ne connaissent pas d’EMI après un arrêt cardiaque se désintéressent de la spiritualité, et leur peur de la mort a également diminué. Ces deux processus, comme la plupart des transformations psychologiques associés à une approche de la mort, se déroulera sur plusieurs années.

Van Lommel conclut que ses découvertes confortent la théorie que la conscience perdure malgré l’absence d’activité neuronale dans le cerveau. Van Lommel conjecture que la continuité de la conscience peut être réalisable si le cerveau agit comme un récepteur pour l’information générée par le souvenir et la conscience, qui existaient indépendamment du cerveau, de même que l’information radiophonique, la télévision et l’internet existent indépendamment des instruments qui reçoivent ces émissions.

Pim van Lommel et al. argumentent que, « avec une explication purement physiologique comme l’anoxie cérébrale pour l’expérience de mort imminente, la plupart des patients qui ont été cliniquement morts devraient en rapporter une. » Selon le chercheur Sam Parnia de l’Université de Southampton, « la mort commence lorsque le cœur cesse de battre, mais nous pouvons intervenir et ramener les gens à la vie, parfois même au bout de trois à quatre heures quand ils sont maintenus très froids. Il se pourrait qu’une proportion beaucoup plus élevée de gens aient des expériences de mort imminente, mais ne s’en souviennent pas. »

Les expériences de ce type sont en général très marquantes pour les sujets qui les vivent. Le retour à la conscience peut s’accompagner d’une certaine confusion entre l’EMI et la réalité et à une peur d’être considéré comme victime de maladie mentale.

Les conclusions de l’étude de Pim van Lommel, en faveur de l’hypothèse de la survie (c’est-à-dire que la conscience peut fonctionner totalement indépendamment du cerveau et, par conséquent, survivre à la mort de celui-ci), ont été critiquées par des mouvements sceptiques ainsi que par des neuroscientifiques qui estiment avoir une théorie claire du phénomène (voir ci-dessous les explications neuroscientifiques).

La vie après une EMI

Pim van Lommel en 2012.

Les travaux de Van Lommel, ainsi que d’autres études et enquêtes, ont conclu à de profonds changements dans la vie du rescapé. Celui-ci n’aurait plus peur de la mort et développerait plus de compassion et d’altruisme à l’égard de son environnement. Le bouleversement des valeurs serait parfois tel que l’expérienceur embrasserait une nouvelle carrière. C’est le cas de Jacques Baranowski, entraîneur de football devenu infirmier puis psychanalyste, ou de Vincent Lafargue, qui s’est tourné vers le sacerdoce après avoir été animateur radio et professeur de théâtre. De même, d’après certains récits, l’expérienceur peut revenir avec de nouvelles facultés, clairvoyance, télépathie ou prémonition, et devient médium ou guérisseur. De nombreux cas de cette espèce ont fait l’objet d’études scientifiques, notamment par le psychiatre américain Bruce Greyson ou la sociologue australienne Cherie Sutherland.

Dans certains cas, on le retrouve doué de dispositions dans le domaine intellectuel : Marie de Solemne, cascadeuse équestre et peu portée à l’étude et à la lecture, entreprend un cursus de psychologie et de philosophie, qui la mènera à soutenir une thèse d’État tandis que Tom Sawyer, simple mécanicien établi dans un garage de New York, se découvre une passion pour la science des quantas et s’assoit pour la première fois à l’âge mûr sur les bancs de l’université où il validera une licence en physique.

Pour autant, malgré des efforts louables pour enrichir une littérature scientifique encore trop rare, nombre de ces travaux, et notamment ceux de Pim van Lommel, sont vivement critiqués en raison de plusieurs biais concernant la sélection des individu ou le faible nombre d’individus étudiés ne permettant pas de généraliser les conclusions, l’absence de groupe de contrôle, l’interprétation des écarts statistiques, voire l’absence de commentaires sur des écarts statistiques significatifs allant à contre-courant des thèses défendues par leurs auteurs. Trop peu d’études fiables existent pour pouvoir affirmer un effet transformateur des EMI, d’autant plus que certains changements décrits ayant lieu dans un temps long, il est difficile d’affirmer que leur cause est effectivement l’EMI passée. En revanche certains effets sont facilement attribuables à l’EMI. Certains expérienceurs déclarent avoir vécu une EMI tellement agréable qu’ils en éprouvent des difficultés à apprécier leur vie d’après, ou leurs expériences paraissant tellement exceptionnelle, ils ressentent des difficultés pour en parler avec leur entourage, y compris parfois avec leurs proches.

Point de vue spirituel et des patients

Le cas de Pamela Reynolds

Cas de Pamela Reynolds

Contemporain, initialement rapporté par un médecin, repris dans les médias et critiqué, le cas de Pamela Reynolds est populaire. Cette américaine, alors âgée de 35 ans, a vécu en 1991 une EMI pendant une opération d’un anévrisme géant au tronc basilaire. Avoir un tel anévrisme est très délétère : il peut se rompre et saigner à tout moment, détruisant alors le tronc cérébral adjacent et causant la mort. Enlever un tel anévrisme géant est très délicat et sa localisation est également très difficile à approcher. Pour réaliser cette opération à hauts risques, le neurochirurgien Robert F. Spetzler (en) a utilisé la technique nommée « arrêt cardiaque hypothermique » (Deep hypothermic circulatory arrest (en)) dont il a l’expertise qui consiste à abaisser la température corporelle à 15,5 °C et à mettre en place une circulation sanguine extracorporelle55. Ceci permet d’enlever l’anévrisme sans perte de sang excessive aussi bien que de protéger les tissus cérébraux adjacents de dommages éventuels. De ce fait, Pamela Reynolds a été maintenue 45 minutes avec un électroencéphalogramme (EEG) plat, c’est-à-dire sans aucune activité électrique cérébrale détectable. L’opération proprement dite a duré près de 6 heures. La littérature paranormale affirme que l’EMI de Pamela Reynolds s’est déroulée durant cette période d’arrêt cardiaque hypothermique.

Selon son récit, elle est sortie de son corps au moment de l’arrêt de l’EEG et elle a pu raconter en détail, après coup, toute l’opération à laquelle elle aurait assisté de l’extérieur : les anecdotes entre infirmières, les instruments chirurgicaux utilisés, puis une phase transcendante, le tunnel, la lumière. Elle est morte le 29 mai 2010, à l’âge de 53 ans, 19 ans après son opération.

L’expérience de mort imminente de Pamela Reynolds est considérée par certains comme une preuve de la réalité de la survie de la conscience après la mort, et de la vie après la mort. Ce récit d’EMI a gagné une popularité internationale énorme depuis sa publication en 1998 dans le livre Light and Death du cardiologue américain Michaël Sabom. Ce récit a été repris par Daniel Maurer dans Les Expériences de mort imminente. Les témoignages de Pamela Reynolds et de ses médecins ont donné lieu à un reportage diffusé mondialement.

Analyse du cas par des sceptiques

Dans le magazine Skeptic, organe de la Skeptics Society, l’anesthésiste G.M. Woerlee déclare que cette vidéo est « incroyablement trompeuse et inexacte ». Il s’étonne que les Drs Sabom et Spetzler aient pu coopérer à la création du contenu de cette vidéo qu’il qualifie encore d’« incroyablement imaginative ». Woerlee relève que le compte rendu « raisonnablement précis » de l’histoire de Pamela Reynolds dans le chapitre 5 de Light and Death, écrit par le Dr Sabom, révèle que c’est le mauvais fonctionnement de son corps qui est à l’origine de l’EMI. En confrontant le récit de Pamela Reynolds et le compte-rendu du protocole opératoire décrit dans le livre de Sabom, le Dr Woerlee conclut que l’EMI de Pamela Reynolds ne s’est pas déroulé durant la phase d’EEG plat induite par l’arrêt cardiaque hypothermique.

Au sujet du récit sur les détails de l’opération, le Dr Woerlee objecte que Pamela Reynolds devait nécessairement connaître de nombreux détails de son opération en raison d’une prescription légale déjà en vigueur en Arizona en 1991 qui contraignait le corps médical à obtenir par écrit le consentement éclairé du patient pour toute procédure potentiellement mortelle. Le chirurgien doit informer le patient sur la nature et le but de l’opération, les bénéfices attendus et les risques encourus. Pamela Reynolds était éveillée lorsqu’elle a été amenée en salle d’opération. Ainsi, elle aurait vu la préparation de la salle d’opération, les chariots sur lesquels se trouvaient les instruments couverts, les moniteurs d’anesthésie et de neurophysiologie, de nombreux membres du personnel, ainsi que de nombreux autres détails.

Dans le numéro d’automne 2011 du Journal of Near-Death Studies, Woerlee argumente le cas où les quatre perceptions auditives véridiques rapportés de Pamela Reynolds peuvent être expliquées par sa capacité à entendre durant les périodes d’attention consciente sous l’influence de la combinaison de médicaments utilisés pour l’anesthésie générale au cours de l’opération de son anévrisme géant de l’artère basilaire. En effet, depuis les années 1970 les études ont révélé que le cerveau des personnes sous anesthésie générale répondent aux sensations telles que le toucher, les mouvements, la lumière, les sons et la douleur, mais très peu de gens se souviennent de ces choses. C’est la qualité de l’anesthésie qui permettra d’inhiber ces souvenirs. De plus, la description du Dr Sabom relative au dispositif auriculaire destiné à vérifier l’intégrité du tronc cérébral révèle qu’il n’est pas familier de cette technique. Selon Sabom, Pamela ne pouvait pas entendre en raison de l’émission répétitive de cliquetis à 100 dB dans chacune de ses oreilles. L’analyse de cette technique de vérification de l’intégrité du tronc cérébral par le Dr Woerlee montre que la perception auditive reste possible. Woerlee démontre en se référent aux détails opératoires que Pamela Reynolds percevait deux sons différents émis dans chacune des oreilles, à droite un cliquetis à 11,3 clics par seconde émis à 95 dB et à gauche un son blanc à 40 dB. Les cliquetis occupaient au plus seulement 12,46 % de son audition et de la capacité de traitement du tronc cérébral. Cette durée lui laissait suffisamment de temps et de capacité neuronale pour percevoir d’autre sons. Concernant le son blanc émis à gauche, il n’empêche pas l’audition des sons supérieurs à 40 dB, ce qui est le cas des phénomènes auditifs qu’elle a perçus, le niveau sonore d’une conversation étant compris entre 60 et 70 dB, le niveau sonore de l’écoute de musique est compris entre 70 et 85 dB. Par conséquent, ni les cliquetis ni le son blanc avec les paramètres décrits n’inhibent la perception sonore par conduction aérienne ou osseuse (Reynolds décrit la perception sonore par conduction osseuse de la perceuse pneumatique qui a servi à préparer les quatre ouvertures nécessaires à la découpe de la boîte crânienne).

Le Journal of Near-Death Studies étant une revue à comité de lecture, les réponses des deux relecteurs, l’anesthésiste Stuart Hameroff et le philosophe mathématicien Chris Carter, ainsi que la réplique de Woerlee ont été colligées dans cette même édition. L’anesthésiste Stuart Hameroff, reconnait qu’il est possible que Pamela Reynolds ait expérimenté un éveil conscient durant l’anesthésie, cette complication d’anesthésie étant reconnue par la communauté scientifique. Il reconnaît également que le monitoring de la profondeur de l’anesthésie est imparfait. Il reconnaît enfin que « si on accepte que la technique du BAER est improprement utilisée, il est possible que Reynolds ait eu un éveil conscient durant l’anesthésie plutôt qu’une sortie du corps et une expérience de mort imminente. » Il souligne cependant que la technique du BAER (en anglais : Brain-stem auditory evoked response) sert de référence pour contrôler la profondeur d’une anesthésie et prévenir la possibilité de signes d’éveil. Concernant la conscience auditive en absence de support auditif physique, la question ne lui semble pas problématique car, selon lui, la conscience dans les conditions normales n’est pas comprise. Il se réfère aux travaux de Penrose et lui-même pour affirmer que « la conscience se situe au niveau de la géométrie de l’échelle de Plank dans le cerveau mais est capable d’une répartition non locale. »

Études survivalistes

Certains considèrent les EMI comme le précurseur d’un au-delà, affirmant que les EMI ne peuvent pas être entièrement expliquées par des causes physiologiques ou psychologiques, et que la conscience peut fonctionner indépendamment de l’activité cérébrale. Beaucoup de témoignages d’EMI semblent inclure des éléments qui, selon plusieurs théoriciens, ne peuvent s’expliquer que par une conscience désincarnée. Par exemple, dans un témoignage, une femme décrit avec précision un instrument chirurgical qu’elle n’avait pas vu auparavant et elle rapporte une conversation qui a eu lieu alors qu’elle était sous anesthésie générale. Dans un autre récit, issu d’une étude prospective néerlandaise sur les EMI, une infirmière a enlevé le dentier d’un patient inconscient atteint d’une crise cardiaque, et lorsqu’il recouvra ses esprits demanda à cette infirmière de le lui rendre. Il est difficile d’expliquer en des termes habituels comment un patient inconscient pourrait par la suite avoir reconnu l’infirmière.

docteur Michael Sabom

Le docteur Michael Sabom rapporte le cas d’une femme qui a subi une opération chirurgicale pour un anévrisme. La femme a signalé une expérience hors du corps qui continua alors qu’il y avait une absence totale d’activité EEG pendant une brève période.

Greyson affirme qu’« aucun modèle physiologique ou psychologique n’arrive à expliquer à lui seul toutes les caractéristiques communes des EMI. Le paradoxe d’une lucidité et d’une conscience accrues de son environnement et de soi ainsi que le processus de pensée logique qui apparaît dans une telle période d’altération et de confusion cérébrale soulève de singulières et troublantes questions à propos de notre compréhension actuelle de la conscience et de sa relation avec la fonction cérébrale. Cette capacité de sensations claires et ces processus complexes de perception pendant une période de mort clinique apparente contredisent l’idée que la conscience est localisée exclusivement dans le cerveau. »

Certaines recherches ont suggéré que les patients inconscients peuvent continuer à entendre des conversations, même si les appareils médicaux n’enregistrent aucune activité cérébrale. Les recherches menées à l’université de Sheffield conduisent à la conclusion que la libération d’adrénaline provoquée par des lésions tissulaires au cours de la chirurgie peuvent provoquer cela. Des résultats récents ont également montré que les personnes diagnostiquées dans un « état végétatif définitif » peuvent communiquer par l’intermédiaire de leurs pensées, ce qui fut détecté par IRMf.

La compréhension religieuse du phénomène

De nombreux aspects des récits d’expériences de mort imminente font état de phénomènes qu’on retrouve dans des textes sacrés, dans le mouvement spirite, le thème hindouiste du karma, de la réincarnation ou des phénomènes paranormaux.

Même si certains prétendent que ce sont des expériences de type EMI qui ont influencé la rédaction de textes religieux, la position scientifique est que le scénario des EMI serait plutôt une création du cerveau pour construire, à partir d’un ensemble de sensations, un récit cohérent avec les références culturelles du sujet. Ainsi dans l’aire d’influence chrétienne latine avec les récits dits de Voyages de l’âme du viie au xiiie siècle.

De plus, il a été constaté que les expériences de mort imminente chez les enfants (qui n’ont, en général, pas eu le temps de développer une croyance particulière) sont plus limitées (exemple : un garçon qui n’a fait que parler avec son frère, ou une fillette ayant eu une conversation avec sa mère).

Cependant, il n’y a pas plus d’EMI chez les croyants que chez les athées d’après les recherches du professeur Kenneth Ring.

On retrouve dans certains témoignages une certaine thématique du mouvement New Age, en particulier l’usage qui est fait de termes tel que « lumière », « amour », « énergie » et la notion de « voyage astral ».

Dans son ouvrage Le Livre tibétain de la vie et de la mort, Sogyal Rinpoché écrit que certains Occidentaux assimilent l’EMI aux descriptions du Bardo Thödol. Sogyal Rinpoché note que la question méritera une étude dépassant le cadre de son livre. Il aborde cependant la question en termes de similitudes et différences. Il note que l’expérience de sortie hors du corps de la NDE correspond à la description du Livre des Morts Tibétain. Il mentionne qu’au Tibet, les Tibétains sont familiers avec le phénomène de délok (dé lok, qui est revenu de la mort), une notion décrite par Françoise Pommaret dans son ouvrage Les Revenants de l’au-delà dans le monde tibétain. L’expérience des déloks correspond au Bardo Thödol et à une EMI.

Dans l’ouvrage Dormir, rêver, mourir : explorer la conscience avec le Dalaï-Lama, un débat est ouvert entre des scientifiques et le dalaï-lama, où ce dernier donne des arguments en faveur d’un état de rêve, et non d’une sortie hors du corps de l’esprit.

Pour Ajahn Brahm, les EMI démontrent une certaine indépendance entre la conscience et le corps (qu’il voit confirmée par l’expérience méditative de Dhyāna), sans qu’il soit pourtant possible d’affirmer que la conscience soit une entité transcendante ou immortelle (conformément à la doctrine d’anatman).

Explications et remises en cause scientifiques

Plusieurs scientifiques ont remis en cause les définitions réductionnistes et les méthodologies des publications et travaux les plus connus (Raymond Moody, Pim van Lommel, Michale Sabom…) qui, repris par des films, séries, romans… contribuent à diffuser auprès du grand public des confusions et des idées fausses. Parmi les biais repérés figurent notamment :

les problèmes de définition : les EMI ont souvent été liées à l’état de mort clinique par postulat sans fondement scientifique. Certains comme R. Moody ou M. Sabom ont aussi cherché à subordonner la définition des EMI à la présence de caractéristiques transcendantes ;
les problèmes méthodologiques : l’EMI n’ayant pas encore pu être reproduite expérimentalement, les études se fondent principalement sur la collecte de témoignages, parfois des années après les événements décrits, parfois aussi avec des embellissements narratifs manifestes.
Ces chercheurs ont notamment abouti à décorréler l’EMI de la mort clinique en montrant, par exemple, qu’une jeune recrue de la marine américaine avait vécu une EMI après avoir fait tomber une grenade dégoupillée… qui s’est heureusement révélée factice. Ainsi, Renaud Évrard affirme que, en matière d’EMI, la réalité psychique prime sur la réalité physique : « l’EMI se produit lorsqu’un individu pense faire face à sa mort imminente, ce qui, de façon contingente, peut coïncider ou non avec un danger réel ». Ils sont aussi parvenus à montrer que des EMI pouvaient avoir lieu sans comporter de caractéristiques transcendantes.

L’état des connaissances montre que les EMI sont un phénomène complexe et fréquent qui interroge sur le fonctionnement du corps et de l’esprit. Aussi, selon certains scientifiques, les EMI peuvent être expliquées, au moins partiellement, par des manifestations physiologiques et psychologiques.

Explication physiologique

Plusieurs neuroscientifiques expliquent les expériences de mort imminente par une altération de la conscience, celle-ci étant due à la perturbation de la biochimie cérébrale se produisant durant le processus de mort ou pouvant résulter d’une réponse psychologique à la perception de la menace de mort. Le cerveau est supposé être hypoactif pendant un arrêt cardiaque. Cependant la neurophysiologie au moment de l’arrêt cardiaque n’a pas été systématiquement étudiée chez les survivants d’un arrêt cardiaque, des indices laisseraient penser que ce n’est pas le cas au début de l’arrêt cardiaque, des poussées de l’activité électroencéphalographique (mesurée par l’index bispectral) ont été rapportées chez les humains subissant le don d’organes après décès cardiocirculatoire. Un modèle animal a été établi pour analyser l’état de conscience chez les mammifères lors des premières dizaines de secondes de la mort clinique. Les résultats expérimentaux permettent d’observer une augmentation généralisée et transitoire de l’activité cérébrale associée à une forte excitation cérébrale. Au début de la mort clinique, de nombreuses signatures électriques (mesurées par électroencéphalographie quantitative) déjà connues de la conscience dépassent les niveaux identifiés dans l’état de veille, ce qui suggère que le cerveau est capable d’une activité électrique organisée au cours de la phase précoce de mort clinique. Par ailleurs, on a montré que l’hypercapnie et l’hyperkaliémie sont des indicateurs pour la survenue des EMI lorsque ces taux atteignent un certain seuil. Les facteurs physiologiques qui peuvent être importants dans le déclenchement des EMI sont l’anoxie, la présence d’endorphines, de dopamine et de sérotonine. Ces facteurs peuvent induire une activité anormale du lobe temporal ou du système limbique. Le lobe temporal est probablement crucial dans les EMI de par sa sensibilité à l’anoxie dont les stimulations sont connues pour induire des hallucinations, des rétrospectives de la mémoire, et des expériences de sortie du corps.

La privation d’oxygène, ou anoxie, est connue pour provoquer de nombreux symptômes de l’EMI. Ce processus fait intervenir les récepteurs NMDA. Ces récepteurs sont abondants au niveau des synapses du cortex des lobes temporaux et frontaux. Ces lobes sont impliqués dans des processus cognitifs tels que la pensée, la mémoire et la perception. Les récepteurs NMDA sont activés par le glutamate, un neurotransmetteur, mais si la libération de glutamate est trop élevée, comme lors d’une anoxie, elle peut entraîner la mort des neurones par un processus appelé « excitotoxicité ». Le cerveau possède des mécanismes de protection contre l’excitotoxicité due à l’anoxie. Afin d’inhiber l’excitotoxicité, un inhibiteur compétitif peut se fixer sur un site allostérie à proximité des récepteurs NMDA, l’encombrement stérique empêche physiquement l’accès du glutamate aux récepteur NMDA. Le blocage des récepteurs NMDA a pour effet secondaire de bloquer l’activité des neurones. Or, une diminution de l’activité des neurones du lobe temporal droit, plus particulièrement du gyrus angulaire, peut induire une expérience de sortie du corps (phénomène autoscopique). En effet, en 2002, Olaf Blanke, Stephanie Ortigue, Theodor Landis et Margitta Seeck, du département de neurologie de l’hôpital universitaire de Genève ont publié dans la revue Nature un article décrivant une expérience de décorporation provoquée par la stimulation électrique du gyrus angulaire chez une patiente épileptique. D’après Olaf Blanke et Christina Mohr les phénomènes autoscopiques comprennent les expériences de sortie du corps (OBE : Out of Body Experience), les hallucinations autoscopiques (dénommées aussi : autoscopie externe, deutéroscopie ou hallucination spéculaire), et l’héautoscopie.

Les expériences de sortie du corps sont définies comme une impression de voir son environnement, et donc souvent son corps physique, à partir d’un point extérieur à celui qu’un sujet occupe concrètement. Le point de vue extérieur le plus fréquemment cité est celui qui se situe au-dessus de son propre corps.
Notons au passage que, lorsque le phénomène d’expérience de sortie du corps a lieu pendant le sommeil, le corps dédoublé prend différentes dénominations suivant les auteurs : corps de rêve, défini par Frederik van Eeden, dont sa description ne peut être distinguée du double astral, mais qu’il considère comme un produit de son imagination, Moi corporel imaginaire définit par Frétigny et Virel, qui l’expliquent comme une expérience où le sujet projette deux corps imaginaires : un qui agit et un qui demeure immobile.
Les hallucinations autoscopiques sont définies comme la vision de soi-même à partir de son corps physique réel. Il n’y a pas en fait de phénomène de dédoublement au sens strict. Catherine Lemaire se pose la question de savoir pourquoi la vision est décrite comme étant semi-transparente dans les hallucinations autoscopiques alors qu’elle semble très concrète dans les expériences de sortie du corps. En tout état de cause, aux hallucinations autoscopiques semblent correspondre les phénomènes du doppelgänger et de la bilocation.
L’héautoscopie est une expérience intermédiaire entre l’OBE et l’hallucination autoscopique où le sujet ne sait pas toujours s’il est décorporé, ou si son point de vue se situe depuis son corps ou depuis son double.
Selon Susan Blackmore, l’anoxie serait également impliquée au niveau du cortex visuel en induisant la désinhibition corticale et serait ainsi à l’origine de la vision du tunnel. Le cortex visuel est organisé avec de nombreuses cellules dédiées à la vision au centre du champ visuel, et peu à la périphérie. L’excitation aléatoire produit un effet de lumière brillante au centre du champ visuel et un fondu vers l’obscurité en périphérie, en d’autres termes, un effet tunnel.

Par ailleurs, certains ont fait un rapprochement avec les irruptions de sommeil paradoxal dans l’état de veille constatées dans certaines pathologies. Il s’agit d’une activation du cortex occipital, régulée par plusieurs structures du tronc cérébral comme le noyau pedonculopontin, le tegmentum latéral, le raphé dorsal, le locus cœruleus (mécanisme cholinergique qui contrebalancerait la réaction d’alerte noradrénergique impliquant le locus cœruleus)[réf. nécessaire]. Kevin Nelson a poursuivi ses recherches et établi le rôle du tronc cérébral dans le déclenchement des phénomènes visuels d’EMI.

Explication psychologique

En 1976, le docteur en psychiatrie Russel Noyes Jr a émis l’hypothèse que les EMI consisteraient en une forme de dépersonnalisation, caractérisée par la perte du sens de la réalité et qui agirait comme défense contre une menace de mort. En 2020, Pascal Le Maléfan affirme la causalité psychique des EMI.

Les EMI peuvent également être expliquées en termes de dissociation, de réactivation des mémoires de la naissance et de régression.

En 2022, le psychologue clinicien et chercheur français Renaud Évrard plaide pour une approche par entretien micro-phénoménologique qui, principalement par la répétition et des questions en « comment » (plutôt qu’en « pourquoi ») centrées sur les dimensions sensorielles, permet de guider l’individu dans la fragmentation de son expérience en petits moments mis bout à bout, en se concentrant uniquement sur l’expérience elle-même et non sur son contexte de survenue. Cette méthode permettrait alors d’obtenir des témoignages plus fiables, précis et comparables entre eux.

Ce chercheur formule aussi un nouveau modèle de compréhension des EMI fondé sur la théorie des deux mémoires du philosophe français Henri Bergson et l’idée d’une disjonction temporaire de la conscience. Ainsi, lors d’une EMI, la conscience de l’individu serait séparée en deux consciences distinctes travaillant simultanément : l’une distanciant voire rassurant l’individu (revue de vie, visions, etc.) pendant un moment qui pourrait sinon donner lieu à un traumatisme sévère ; l’autre mobilisant toutes les ressources physiques de l’individu pour agir le plus rapidement et efficacement possible afin de survivre. Une fois la survie atteinte, les deux parties disjointes se rassembleraient pour rendre son unité à la conscience de l’individu.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Guillaume Schumacher
Guillaume Schumacher
Guillaume SCHUMACHER a été initié au GODF à l’Orient d’Épinal. Il participe également, quand il le peut, aux Imaginales Maçonnique & Ésotériques d'Épinal organisées aussi par son atelier. Avant d'être spéculatif, il était opératif. Aujourd'hui, il sert la nation dans le monde civil. Passionné de sport et de lecture ésotérique, il se veut humaniste avec un esprit libre et un esprit laïc.

Articles en relation avec ce sujet

Titre du document

Abonnez-vous à la Newsletter

DERNIERS ARTICLES